LA BANALISATION DES COMPORTEMENTS SEXISTES DANS LES
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LA BANALISATION DES COMPORTEMENTS SEXISTES DANS LES
1 LA BANALISATION DES COMPORTEMENTS SEXISTES DANS LES ETABLISSEMENTS SCOLAIRES Ont participé aux travaux du groupe: Adrien Kidiri, (coordonnateur), Cpe, LP Val de Bièvre (Gentilly) Maryse Rohrbach, Cpe, Collège jean Charcot (Fresnes) Jean-Michel Gouézou, Cpe, Collège Henri Wallon (Ivry/Seine) Sylvestre Roth, Cpe, Collège Henri Wallon (Ivry/Seine) Lucien Regoli, Cpe, Collège Dorval (Orly) Hélène Gillet, Cpe, Collège Molière, (Ivry/Seine) Introduction La question des discriminations se pose avec acuité dans les sociétés contemporaines. Parfois corrélée à la thématique des droits de l’Homme, elle constitue une préoccupation majeure tant pour les pouvoirs publics1 que pour celles et ceux qui, au quotidien, ont la charge d’éduquer et de former la jeune génération. Les faits discriminants voire les situations discriminatoires dont font échos les médias viennent souvent rappeler une réalité dont la diversité et la complexité soulèvent de nombreuses interrogations. Que faut-il, en effet, entendre par discrimination ? La question est d’importance car sous ce vocable se déclinent aussi bien le racisme et la xénophobie que l’homophobie, le sexisme ou tout acte visant à isoler et à traiter différemment certains individus ou un groupe d’individus par rapport à d’autres. On voit, à travers cette définition, que les grands maux qui ont précipité le monde dans la barbarie, au siècle dernier, n’ont pas tous disparu. Dès lors, tout travail tendant (même modestement) à contribuer à l’instauration d’une cohésion sociale se justifie. Mais avant de tendre vers une telle finalité, il a fallu répondre à d’autres questions sans lesquelles toute réflexion sur les discriminations serait vaine. En effet, qu’est-ce qui engendre ces discriminations ? Quels sont les modes opératoires des facteurs discriminants ? Comment appréhender la complexité de la question des discriminations sans tomber dans l’ordinaire d’une comptabilité des faits discriminatoires ? Face à l’étendue des questions et face à la complexité de la thématique, la sagesse a conduit les membres du groupe à faire preuve de modestie. Comment pourrait-il en être autrement? L' efficacité, en la matière, est à ce prix. Depuis le lancement du dispositif le 5 octobre 2004 au lycée Gutenberg à Créteil, trois séances de travail ont été consacrées à ce thème. Les membres de l' équipe se sont d' abord réunis au LP Val de Bièvre à Gentilly où ils ont réfléchi à la manière d' appréhender la thématique retenue et à la méthodologie à mettre en œuvre. Chaque participant s' étant exprimé sur ces deux points, il a été décidé, d' un commun accord, de centrer les débats sur la question de la banalisation des comportements sexistes. Cette question préoccupe la plupart des collègues car, selon les observations, la banalisation de ces comportements, tend à devenir un phénomène récurrent dans nos établissements. Comment expliquer une telle situation? 1 J. Chirac, Président de la République, « Discours relatif au respect du principe de laïcité dans la République » in Guide républicain, Ed. Delagrave/Cndp, Paris, 2004 p. 9-10 2 Cette question a été abordée en deux temps. Il a d' abord paru important de prendre conscience de l' existence du phénomène à travers ses manifestations. Ensuite, de s' interroger sur les causes de sa banalisation pour enfin tenter de définir des modes de prise en charge susceptibles d' améliorer le comportement des élèves au regard de la banalisation du sexisme. Au collège Jean Charcot à Fresnes, l' équipe a consacré ses travaux à l' examen et à l' analyse de cas de comportements sexistes relevés dans les établissements. Cette séance a donné lieu à des échanges constructifs de point de vue et de pratiques professionnelles. La mutualisation des expériences vécues a conduit les participants à poser les prémices d' actions à conduire (ou susceptibles d' être conduites) dans le cadre d' une lutte contre la banalisation des comportements sexistes. L' idée de sensibiliser les élèves au phénomène et aux problèmes que celui-ci pose ainsi que celle d' établir des partenariats internes (avec les acteurs de l' établissement) et externes (avec les municipalités, les associations agrées de quartiers) ont été retenues comme faisant partie des actions fondamentales. Les participants au groupe de travail se sont retrouvés le 12 mai 2005 au collège Henri Wallon à Ivry/Seine pour parachever leurs travaux. Outre l' élaboration du plan de la présente production, des pistes de réflexions et d' actions ont été dégagées et pourraient nourrir des travaux futurs. I. Banalisation des comportements sexistes: état des lieux La banalisation des comportements sexistes pose de plus en plus problème au sein de nos différents établissements. 1. Le comportement sexiste et ses manifestations Le comportement sexiste est un phénomène qui existe chez les élèves. Il s' exprime cependant de façon diffuse d' où la difficulté que l' on rencontre lorsqu' il est question de l' appréhender. Par rapport à la question du racisme il a été constaté qu' aucun élève n' accepte d' être traité de "raciste". En revanche, le comportement observé chez certains adolescents relève indubitablement de la xénophobie, cette hostilité vis à vis de l' étranger qui tend à faire de ce dernier le bouc émissaire, responsable de tous les maux de la société contemporaine. a) Langue et langage des jeunes, vecteurs de discriminations sexistes Le sexisme s' exprime surtout entre des personnes de même sexe et souvent à travers des insultes: "Pédé", "Putain", "fils de pute", "nique ta mère" (avec parfois allusion aux grands-parents pour donner à cette insulte un caractère atavique). La violence verbale dont les élèves n' ont pas toujours conscience constitue souvent un espace de banalisation du sexisme. Toutefois, les insultes ne débouchent pas toujours sur des violences physiques. Il a été observé un registre de langage utilisé par les élèves dont l' analyse met en lumière des aspects sexistes et discriminants. Les exemples ci-dessous en témoignent: "Putain" est employé pour marquer le point et signifier par ailleurs que l' interlocuteur en face est sans valeur voire non existant. Il est souvent suivi d' un long silence ou d' une déclaration telle que "Je ne parle plus", "Je ne dis plus rien" etc. 3 "Vas-y" est utilisé pour marquer une pause équivalente à la virgule ou pour encourager la poursuite de l' action entreprise. Exemple1 "Je n' ai pas dit ça vas-y c' est toi qui m' as traité vas-y alors j' ai répondu!" Exemple 2 "Il m' a cherché et c' est moi qui est (sic) puni? Vas-y Exemple 3: "Mon carnet vas-y pourquoi? L' élève ne semble pas comprendre que l' expression "vas-y" qu' il utilise pour s' adresser à son professeur relève du tutoiement; que ce tutoiement peut faire qu' on le considère comme un élève irrespectueux. Autre registre de langage discriminant qui fait directement allusion aux origines ethniques des personnes: Black / Beur/ Céfrans Black = con Beur= nul Céfrans = meuf c' est à dire femme (avec l' idée que la femme est hypocrite et méprisable). Ce langage construit sur un mode de violence verbale, comportementale et /ou corporelle traduit parfois une forme de possession dans laquelle les garçons considèrent les filles comme leurs choses. On a remarqué, surtout chez les garçons, un surinvestissement du champ de la violence verbale. Chez les filles, les insultes à caractère sexiste débouchent beaucoup plus facilement sur la violence physique. D' une manière générale la provocation qui conduit à la violence physique s' opère en deux temps: Une phase plus ou moins longue au cours de laquelle s' installe une espèce de duel entre les protagonistes. Une phase assez brève où les insultes (sexistes et autres) ne suffisent plus qui marque le passage à la violence physique. Quoi qu' il en soit, Il semble se dessiner chez les jeunes une hiérarchie des insultes. Certaines, en effet, entraînent plus rapidement que d' autres une violence physique. C' est par exemple le cas de "Nique ta mère". Les insultes sont souvent connectées à des situations familiales problématiques. Par ailleurs les jeunes utilisent ces insultes comme un élément de reconnaissance parmi les pairs de la même manière que la façon de s' habiller. Ceci reste valable autant pour les garçons que pour les filles. Néanmoins les filles y occupent une place particulière comme semblent le confirmer les observations faites dans les établissements. b) Echanges autour de quelques exemples observés de comportements sexistes Les filles sont aussi violentes que les garçons mais ce n' est pas le même type de violence. Une bagarre entre un garçon et une fille n' a pas la même signification que celle opposant deux jeunes de même sexe. Lors d' un accrochage entre un garçon et une fille, on entend souvent la fille dire "Ce n'est pas parce que je suis une fille que je vais me laisser faire" Un tel discours révèle le caractère discriminant d' un statut que le système social tend à attribuer à la femme. C' est, semble-t-il, contre ce statut d' infériorité ancré dans la conscience collective que cette fille réagit de manière inconsciente. Elle utilise ici la violence pour résister et s' affirmer. Souvent, dans les familles où l' autorité parentale est défaillante du fait de l' absence de l' un des parents ou de la place de relégation occupée par la femme, le frère se positionne (ou 4 est positionné d' emblée) en chef de fratrie. C' est lui qui vient défendre sa sœur à l' occasion d' une bagarre. Le cas présenté et analysé d' une élève de collège (Jean Charcot) en témoigne. Le recul de la femme dans la prise en charge de la famille de cette élève a laissé une place vacante que le garçon cherche à occuper. Il convient à ce niveau de travailler sur l' égalité des droits entre garçons et filles. A l' inverse de la situation précédente, il y a des comportements qui montrent que même à l' école les élèves n' ont pas toujours le sentiment d' être dans une classe mixte. Ils réclament des activités mixtes comme si dans leurs représentations, il y a une école pour les fille et une autre pour les garçons ou plus exactement des activités féminines et des activités masculines. La demande de la part des élèves d' un collège de créer un club mixte d' athlétisme alors que l' établissement est mixte relèverait de cet esprit. Donner suite à une telle demande sans un travail préalable d' explication pourrait contribuer à renforcer les idées préconçues, les "clichés". La relation fille/garçon n' est pas vécue de la même manière. C' est ce qui ressort d' un projet d’action en cours de réalisation au collège Henri Wallon. Ce projet concernant les «relations entre garçons et filles » a montré que les garçons semblent davantage avoir vécu les débats comme quelque chose d' extérieur à eux-mêmes tandis que les filles ont le sentiment d' être oppressées par les garçons du fait qu' elles soient des filles. Le projet est conçu pour, entre autres, offrir aux garçons et aux filles un espace de dialogue (encadré par les adultes); espace dans lequel le respect, la tolérance, l' égalité entre les individus restent les maîtres mots. La préoccupation en la matière est double. D' une part, il s' agit, dans le cadre d' une telle action, de veiller à ce qu’aucun adulte ne puisse cautionner même involontairement de tels comportements. D’autre part, il importe de faire prendre conscience aux élèves de leur gravité. En somme, il faut réussir à faire réagir la majorité silencieuse et à sortir du discours de la victimisation des filles. Celles-ci doivent apprendre à réagir face aux comportements sexistes. Elles ne doivent pas les considérer comme des faits naturels. Au collège Jean Charcot (Fresnes), prévaut le sentiment de non mixité mais les filles jouent plus facilement au professeur. La parité a été imposée lors des élections des délégués élèves et la classe de neige pourrait être utilisée pour socialiser les élèves et les sensibiliser à la question de la mixité. Au collège Dorval (Orly) en revanche, il existe chez les élèves un réel sentiment d' appartenance à un groupe mixte. Mais ceci n' exclue pas la manifestation de comportements sexistes de la part de certains élèves. Au LP Val de Bièvre, la question de la mixité ne se pose pas compte tenu du confinement spatial. Mais le rapport garçon/fille pose peu de problèmes par rapport aux relations entre les filles. Chez celles-ci la propension de passer rapidement à la bagarre après des propos souvent homophobes est grande. L' homosexualité chez les élèves existe. Il s' agit pour eux soit de s' afficher c' est à dire de se positionner comme "différents" des autres avec, souvent, l' intention de susciter la réaction des adultes soit simplement de tester les limites (surtout dans les relations entre les filles). L' élève qualifié (souvent à tort) d' homosexuel devient très vite la risée de ses camarades et peut vivre un véritable calvaire. Le cas d' un élève de collège que ses camarades ont traité de "Pédé" et marginalisé a été évoqué. La prise en charge de cet élève par la vie scolaire et les actions conduites par l' équipe éducative ont permis de lui redonner confiance et de le remettre au travail. Sur cette question de l' homosexualité, les membres de l' équipe s' accordent pour souligner que les élèves, à cet âge jeune, sont dans la construction. Il convient, par 5 conséquent, de se saisir de toutes les situations rencontrées pour mener avec les élèves un véritable travail de réflexion autour du thème de l'égalité entre les individus quelles que soient leur origine et leur appartenance. 2. Les principales causes de la banalisation des comportements sexistes Les causes de cette banalisation des comportements sexistes sont multiples. Souvent, elles dépassent le cadre de l' école, s' enracinant au cœur même de la société. Deux facteurs apparaissent cependant essentiels : l’omniprésence de ce que l’on peut appeler une « sousculture cité » qui véhicule ces idées sexistes ainsi que la pression du groupe des pairs, notamment celle qui relève du phénomène des bandes. Cette "sous culture" que l' on peut qualifier de "machiste" tend à se développer dans les quartiers les plus défavorisés. La femme y est souvent perçue comme un bien de consommation parmi tant d' autres. Elle n' a généralement pas voix au chapitre. Des situations socio-économiques difficiles, des pratiques et des représentations sociales propres à certaines cultures (d' origine) favorisent la montée en puissance de ces idées sexistes Nous avons choisi de poser comme postulat le caractère « quotidien » sexué des discriminations plutôt qu’exclusivement sexuel. Cette hypothèse de travail s’appuie sur nos constats et notamment sur des idées reçues largement développées par les élèves eux mêmes soit lors de rencontres soit dans leur comportement : "les filles sont moins…que" "les garçons sont plus que" "les tâches Xx sont pour les filles"» "les garçons sont plutôt scientifiques" "les records c’est pour les garçons " "le rangement pour les filles". L’ancrage de ces idées reçues nous est apparu partout, dans la diversité de nos établissements. A partir de là, nous avons regardé ce qui dans les différents niveaux au collège pouvait être travaillé avec les élèves pour chercher à traiter les discriminations pressenties, avec l’objectif si ce n’est de les éradiquer pour le moins de conduire les élèves à s’interroger pour modifier leur propre comportement ou agir sur celui des autres. Les idées reçues constituent souvent l' une des principales causes de discrimination chez les élèves. Bien plus que les résistances du milieu familial, ces idées reçues et les pressions des pairs restent les principaux obstacles qui se dressent face à toute action de sensibilisation contre le sexisme et sa banalisation. II. Des pistes de réflexion et d’action Ces obstacles invitent les praticiens à faire preuve de prudence et d' ingéniosité dans les actions qu' ils souhaitent mettre en œuvre. D’où peut-être la nécessité de réfléchir à un médium de communication décalé avec les élèves afin d’éviter un effet de transmission verticale et moraliste pouvant parfois avoir des conséquences inattendues voire inefficaces. Sur une question aussi complexe qu' est la lutte contre le sexisme, question qui dépasse largement le cadre scolaire, les modes de prise en charge des comportements sexistes sont variés. Toutefois, un travail conjuguant des actions menées en interne et d' autres conduites à 6 l' extérieur de l' établissement reste indispensable. Ce travail doit être guidé selon deux principes fondamentaux: la cohérence et la continuité. La cohérence des actions et des discours des adultes sur les questions de discriminations (sexisme, xénophobie, homophobie) demeure un paramètre incontournable. Il y a dans ce domaine à réfléchir sur des « formations », des initiatives adaptées en leur direction, des partenariats à développer en direction des enseignants, des surveillants mais aussi des personnels ATOSS et de tous les adultes intervenants dans les établissements. La continuité des actions dans le cursus des élèves reste tout aussi essentielle dès lors qu' elle établit un fil conducteur dans leur formation à la lutte contre les discriminations. En effet, étant donné qu' il s' agit ici de problème relevant de la vie quotidienne, l' action doit se décliner tout au long de la scolarité afin d' éviter une entreprise discontinue voire décousue dont les effets nuiraient gravement à l' émergence, chez les élèves, d' une prise de conscience durable. La réflexion engagée s’est plutôt centrée sur le collège mais elle peut être étendue au lycée. Il est proposé de faire de chaque étape et de chaque niveau de classe une occasion de travailler avec les élèves, en cherchant, le cas échéant, à s’appuyer sur les contenus d’enseignements (instruction .civique, SVT, IDD…) et sur des actions pédagogiques organisées dans les différents niveaux (sorties, voyages…). Sachant que ces actions créent des situations de vie collective très différentes pour les élèves (les séjours au ski ou les séjours linguistiques font se côtoyer les élèves, dans le cadre éducatif du collège, dans des situations très particulières), leur mise en œuvre ne peut qu' être encouragée. Il est par ailleurs conseillé de trouver des relais à l' extérieur de l' établissement, dans le cadre d' un partenariat avec des associations agrées qui interviennent dans les quartiers ou avec les municipalités. Ceci permettrait à l' action éducative de trouver un prolongement hors de l' établissement et une efficacité certaine. Le comité d' éducation à la santé et à la citoyenneté (CESC) offre, de ce point de vue, un cadre approprié pour y conduire des actions concertées de sensibilisation. En interne, dans le cadre des missions des CPE, il existe des champs d’intervention tout à fait conformes. Il est possible de travailler sur le Règlement Intérieur (et les textes de loi) pour faire prendre conscience à l' élève des sanctions qu' il encoure en tenant des propos ou en adoptant des comportements discriminatoires. Le travail sur la langue et le langage est une autre possibilité qui peut être envisagée. Il peut se faire en concertation avec l' élève et les adultes de l' établissement (Notamment le professeur de français). L' élève est systématiquement repris lorsqu' il est pris en usant de mots discriminants ou d' expressions détournées de leur sens initial. Les élections des délégués offrent une autre possibilité à explorer. Bien que le texte de leur organisation ne donne aucune précision mais comme le veut aujourd’hui la loi de la République, n’y aurait-il pas pertinence à intégrer, dans ces élections, l’idée de parité? Il ne s' agit pas d' une parité qui viendrait réparer une quelconque discrimination des filles mais d' une parité touchant aussi bien les filles que les garçons victimes de comportements discriminatoires. Le lycée pourrait être le lieu d’approfondissement de ce type de travail, approfondissement visant à donner du sens aux comportements attendus en matière de lutte contre les discriminations. Le travail pourrait porter sur des thématiques précises telles que l’homosexualité, les origines du racisme, ou la place des femmes dans la société. Mais le plus important, semble-t-il, est la mise en cohérence de ces différentes actions. Le groupe suggère la mise en place d' un dispositif qui proposerait des thèmes à aborder avec les élèves en fonction de leur âge et de leur niveau d' étude. Il s' agit de travailler, en amont, en 7 sensibilisant les élèves dès l' école maternelle avec la possibilité de suivi dans les autres classes. A titre d' exemple, il pourrait être mis en œuvre des actions selon le schéma suivant: 6èm : Thème : La libération de la parole 5 : Thème: la connaissance de l’autre, la vie quotidienne 4ème : Thème: la découverte de la sexualité ème 3 : Thème: la place des élèves filles et garçons en lien avec l'orientation et ses représentations ème III. Les modes de prise en charge des comportements sexistes La lutte contre la banalisation du sexisme, tout comme celle contre la banalisation de la xénophobie et d’autres discriminations, reste un travail quotidien dans nos établissements. Compte tenu de la diversité des situations, il n’existe pas de solutions miracles. Toutefois, certains axes peuvent être privilégiés afin de sensibiliser les élèves à ces questions. Le dispositif présenté ci-dessous est simplement une possibilité parmi tant d’autre d’agir dans le domaine de la lutte contre les discriminations (notamment celui des relations entre garçons et filles). Avant toute action sur la question des comportements sexistes, il est primordial de bien reprendre et mettre au clair dès le début de l’année avec tous les adultes les comportements discriminants à ne pas laisser passer. Nous avons vu plus haut que les problèmes liés aux relations entre filles et garçons relèvent, pour l' essentiel, des problèmes de vie quotidienne, même s’il est vrai qu’il y a une cristallisation en lien avec la sexualité. Il paraît donc primordial d’agir le plus tôt possible; les problèmes relationnels entre filles et garçons apparaissant pour partie dès l’école primaire. Au niveau du collège, il est nécessaire de décliner cette problématique des relations garçons/filles à tous les niveaux, avec des actions liées à l’âge des élèves. a) Tableau de caractérisation des problèmes et des pistes d’action Registre Langue/Langage Constat Le langage des élèves est souvent : Vecteur de discriminations : ex : insultes (« Pédé », « Nique ta mère », « Meuf »… L’utilisation assez fréquente de certaines expressions affectées de nouvelles valeurs : ex : Putain pour marquer le point et vas-y pour la virgule. Ces expressions sont parfois interprétées comme une provocation et peuvent ouvrir les hostilités entre deux élèves voire plus. En effet, les Actions Reprendre systématiquement l’élève qui tient ce langage : lui montrer en s’appuyant, le cas échéant, sur le règlement intérieur, que les insultes sont interdites dans l’établissement et appliquer les punitions ou sanctions prévues. Travailler avec l’élève sur la langue et le langage (éventuellement avec le professeur de français). 8 altercations commencent bien souvent par une sorte de « jeu ». Comportement L’élève méprise son camarade. La violence s’installe entre eux, qu’elle soit physique, verbale ou psychologique (cf. harcèlement moral). Relation avec autrui L’élève affiche une attitude discriminante vis à vis du camarade du sexe opposé. Il l’empêche, par exemple, de donner son avis au prétexte qu’il ou elle est un garçon ou une fille et que son avis ne compte pas ou très peu. L’élève transfère parfois à l’école un comportement sexiste qu’il a connu dans sa famille ou dans son entourage. Cela suppose que tous les personnels interviennent systématiquement en cas de transgression Dans le cadre de la formation des délégués ou en Heure de Vie de Classe, on peut aborder des thèmes tels que l’égalité entre les individus, le respect des personnes, le comportement discriminant et la loi… Ne jamais omettre de prendre en charge les victimes Il est important d’établir des partenariats avec des associations capables de prendre le relais des actions éducatives mises en place à l’école. (CESC) Informer et sensibiliser par tous les moyens l' ensemble des personnels de l’établissement afin que chacun puisse réagir vite face à ce type de comportements. Encourager la parité lors des élections des délégués élèves b) Exemple de dispositif à mettre en place au collège Classe 6ème 5ème 4ème Actions possibles Prise de Parole / Interview en classe entière ou garçons et filles séparés. Prendre appui sur l’expérience de ces relations vécues depuis l’arrivée au collège pour élaborer un diagnostic de ces relations. Commencer à aborder les questions relatives à la sexualité. En effet, on remarque bien souvent que les élèves ne peuvent aborder ces questions dans le cadre familial et affichent une Dispositifs institutionnels à utiliser Heures de Vie de Classe ou d’accompagnement Enseignement d’Education Civique (la mixité est au programme en classe de 5ème) Heures de Vie de Classe Prendre appui sur le programme de SVT, qui inclut les questions de sexualité Eventuellement, les visites 9 méconnaissance matière. 3ème importante en la Continuer à aborder les questions relatives à la sexualité Aborder la question de la place des filles dans l’orientation, afin de casser les préjugés tenaces au planning familial organisées par le pôle médico-social. La classe de 3ème, avec ses nombreux moments consacrés à l’orientation et à la construction d’un projet professionnel est un moment idéal pour cela. conclusion Au terme de ce travail, les membres de l' équipe ont retenu trois points majeurs La lutte contre la banalisation du sexisme, de la xénophobie et d' autres discriminations reste, dans nos établissements, un travail quotidien de première importance Compte tenu de la diversité des situations et de leur complexité, il n' existe pas de solutions miracles. Toute action au niveau de l' établissement, pour être efficace, doit être menée en concertation avec tous les acteurs concernés. A l' école, la lutte contre les discriminations devrait être repensée de manière à couvrir l' ensemble du cursus de l' élève. Un registre proposant des thèmes à aborder en fonction des cycles pourrait être mis à la disposition des établissements. Il s' agit d' établir une cohérence entre une sensibilisation précoce (dès la maternelle) au problème des discriminations et un travail de suivi qui doit se poursuivre tout au long de la scolarité de l' élève. Loin d' épuiser le sujet, les membres du groupe espèrent que ce travail, aussi modeste soit-il, pourra servir de point d' appui pour d' autres entreprises éducatives, alimenter des réflexions futures ou susciter des actions en direction des élèves.