LA BANALISATION DES COMPORTEMENTS SEXISTES DANS LES

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LA BANALISATION DES COMPORTEMENTS SEXISTES DANS LES
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LA BANALISATION DES COMPORTEMENTS
SEXISTES DANS LES ETABLISSEMENTS
SCOLAIRES
Ont participé aux travaux du groupe:
Adrien Kidiri, (coordonnateur), Cpe, LP Val de Bièvre (Gentilly)
Maryse Rohrbach, Cpe, Collège jean Charcot (Fresnes)
Jean-Michel Gouézou, Cpe, Collège Henri Wallon (Ivry/Seine)
Sylvestre Roth, Cpe, Collège Henri Wallon (Ivry/Seine)
Lucien Regoli, Cpe, Collège Dorval (Orly)
Hélène Gillet, Cpe, Collège Molière, (Ivry/Seine)
Introduction
La question des discriminations se pose avec acuité dans les sociétés contemporaines.
Parfois corrélée à la thématique des droits de l’Homme, elle constitue une préoccupation
majeure tant pour les pouvoirs publics1 que pour celles et ceux qui, au quotidien, ont la charge
d’éduquer et de former la jeune génération. Les faits discriminants voire les situations
discriminatoires dont font échos les médias viennent souvent rappeler une réalité dont la
diversité et la complexité soulèvent de nombreuses interrogations.
Que faut-il, en effet, entendre par discrimination ? La question est d’importance car
sous ce vocable se déclinent aussi bien le racisme et la xénophobie que l’homophobie, le
sexisme ou tout acte visant à isoler et à traiter différemment certains individus ou un groupe
d’individus par rapport à d’autres. On voit, à travers cette définition, que les grands maux qui
ont précipité le monde dans la barbarie, au siècle dernier, n’ont pas tous disparu. Dès lors, tout
travail tendant (même modestement) à contribuer à l’instauration d’une cohésion sociale se
justifie. Mais avant de tendre vers une telle finalité, il a fallu répondre à d’autres questions
sans lesquelles toute réflexion sur les discriminations serait vaine. En effet, qu’est-ce qui
engendre ces discriminations ? Quels sont les modes opératoires des facteurs discriminants ?
Comment appréhender la complexité de la question des discriminations sans tomber dans
l’ordinaire d’une comptabilité des faits discriminatoires ? Face à l’étendue des questions et
face à la complexité de la thématique, la sagesse a conduit les membres du groupe à faire
preuve de modestie. Comment pourrait-il en être autrement? L'
efficacité, en la matière, est à
ce prix.
Depuis le lancement du dispositif le 5 octobre 2004 au lycée Gutenberg à Créteil, trois
séances de travail ont été consacrées à ce thème. Les membres de l'
équipe se sont d'
abord
réunis au LP Val de Bièvre à Gentilly où ils ont réfléchi à la manière d'
appréhender la
thématique retenue et à la méthodologie à mettre en œuvre. Chaque participant s'
étant
exprimé sur ces deux points, il a été décidé, d'
un commun accord, de centrer les débats sur la
question de la banalisation des comportements sexistes. Cette question préoccupe la plupart
des collègues car, selon les observations, la banalisation de ces comportements, tend à devenir
un phénomène récurrent dans nos établissements. Comment expliquer une telle situation?
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J. Chirac, Président de la République, « Discours relatif au respect du principe de laïcité dans la République »
in Guide républicain, Ed. Delagrave/Cndp, Paris, 2004 p. 9-10
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Cette question a été abordée en deux temps. Il a d'
abord paru important de prendre conscience
de l'
existence du phénomène à travers ses manifestations. Ensuite, de s'
interroger sur les
causes de sa banalisation pour enfin tenter de définir des modes de prise en charge
susceptibles d'
améliorer le comportement des élèves au regard de la banalisation du sexisme.
Au collège Jean Charcot à Fresnes, l'
équipe a consacré ses travaux à l'
examen et à
l'
analyse de cas de comportements sexistes relevés dans les établissements. Cette séance a
donné lieu à des échanges constructifs de point de vue et de pratiques professionnelles. La
mutualisation des expériences vécues a conduit les participants à poser les prémices d'
actions
à conduire (ou susceptibles d'
être conduites) dans le cadre d'
une lutte contre la banalisation
des comportements sexistes. L'
idée de sensibiliser les élèves au phénomène et aux problèmes
que celui-ci pose ainsi que celle d'
établir des partenariats internes (avec les acteurs de
l'
établissement) et externes (avec les municipalités, les associations agrées de quartiers) ont
été retenues comme faisant partie des actions fondamentales.
Les participants au groupe de travail se sont retrouvés le 12 mai 2005 au collège Henri
Wallon à Ivry/Seine pour parachever leurs travaux. Outre l'
élaboration du plan de la présente
production, des pistes de réflexions et d'
actions ont été dégagées et pourraient nourrir des
travaux futurs.
I.
Banalisation des comportements sexistes: état des
lieux
La banalisation des comportements sexistes pose de plus en plus problème au sein de nos
différents établissements.
1. Le comportement sexiste et ses manifestations
Le comportement sexiste est un phénomène qui existe chez les élèves. Il s'
exprime
cependant de façon diffuse d'
où la difficulté que l'
on rencontre lorsqu'
il est question de
l'
appréhender.
Par rapport à la question du racisme il a été constaté qu'
aucun élève n'
accepte d'
être
traité de "raciste". En revanche, le comportement observé chez certains adolescents relève
indubitablement de la xénophobie, cette hostilité vis à vis de l'
étranger qui tend à faire de ce
dernier le bouc émissaire, responsable de tous les maux de la société contemporaine.
a) Langue et langage des jeunes, vecteurs de discriminations sexistes
Le sexisme s'
exprime surtout entre des personnes de même sexe et souvent à travers
des insultes: "Pédé", "Putain", "fils de pute", "nique ta mère" (avec parfois allusion aux
grands-parents pour donner à cette insulte un caractère atavique).
La violence verbale dont les élèves n'
ont pas toujours conscience constitue souvent un
espace de banalisation du sexisme. Toutefois, les insultes ne débouchent pas toujours sur des
violences physiques. Il a été observé un registre de langage utilisé par les élèves dont l'
analyse
met en lumière des aspects sexistes et discriminants. Les exemples ci-dessous en témoignent:
"Putain" est employé pour marquer le point et signifier par ailleurs que l'
interlocuteur
en face est sans valeur voire non existant. Il est souvent suivi d'
un long silence ou d'
une
déclaration telle que "Je ne parle plus", "Je ne dis plus rien" etc.
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"Vas-y" est utilisé pour marquer une pause équivalente à la virgule ou pour
encourager la poursuite de l'
action entreprise.
Exemple1 "Je n'
ai pas dit ça vas-y c'
est toi qui m'
as traité vas-y alors j'
ai répondu!"
Exemple 2 "Il m'
a cherché et c'
est moi qui est (sic) puni? Vas-y
Exemple 3: "Mon carnet vas-y pourquoi?
L'
élève ne semble pas comprendre que l'
expression "vas-y" qu'
il utilise pour
s'
adresser à son professeur relève du tutoiement; que ce tutoiement peut faire qu'
on le
considère comme un élève irrespectueux.
Autre registre de langage discriminant qui fait directement allusion aux origines
ethniques des personnes:
Black / Beur/ Céfrans
Black = con
Beur= nul
Céfrans = meuf c'
est à dire femme (avec l'
idée que la femme est hypocrite et méprisable).
Ce langage construit sur un mode de violence verbale, comportementale et /ou
corporelle traduit parfois une forme de possession dans laquelle les garçons considèrent les
filles comme leurs choses.
On a remarqué, surtout chez les garçons, un surinvestissement du champ de la
violence verbale. Chez les filles, les insultes à caractère sexiste débouchent beaucoup plus
facilement sur la violence physique. D'
une manière générale la provocation qui conduit à la
violence physique s'
opère en deux temps:
Une phase plus ou moins longue au cours de laquelle s'
installe une espèce de duel
entre les protagonistes.
Une phase assez brève où les insultes (sexistes et autres) ne suffisent plus qui
marque le passage à la violence physique.
Quoi qu'
il en soit, Il semble se dessiner chez les jeunes une hiérarchie des insultes.
Certaines, en effet, entraînent plus rapidement que d'
autres une violence physique. C'
est par
exemple le cas de "Nique ta mère". Les insultes sont souvent connectées à des situations
familiales problématiques. Par ailleurs les jeunes utilisent ces insultes comme un élément de
reconnaissance parmi les pairs de la même manière que la façon de s'
habiller. Ceci reste
valable autant pour les garçons que pour les filles. Néanmoins les filles y occupent une place
particulière comme semblent le confirmer les observations faites dans les établissements.
b) Echanges autour de quelques exemples observés de comportements sexistes
Les filles sont aussi violentes que les garçons mais ce n'
est pas le même type de violence. Une
bagarre entre un garçon et une fille n'
a pas la même signification que celle opposant deux
jeunes de même sexe. Lors d'
un accrochage entre un garçon et une fille, on entend souvent la
fille dire "Ce n'est pas parce que je suis une fille que je vais me laisser faire" Un tel discours
révèle le caractère discriminant d'
un statut que le système social tend à attribuer à la femme.
C'
est, semble-t-il, contre ce statut d'
infériorité ancré dans la conscience collective que cette
fille réagit de manière inconsciente. Elle utilise ici la violence pour résister et s'
affirmer.
Souvent, dans les familles où l'
autorité parentale est défaillante du fait de l'
absence de
l'
un des parents ou de la place de relégation occupée par la femme, le frère se positionne (ou
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est positionné d'
emblée) en chef de fratrie. C'
est lui qui vient défendre sa sœur à l'
occasion
d'
une bagarre. Le cas présenté et analysé d'
une élève de collège (Jean Charcot) en témoigne.
Le recul de la femme dans la prise en charge de la famille de cette élève a laissé une place
vacante que le garçon cherche à occuper. Il convient à ce niveau de travailler sur l'
égalité des
droits entre garçons et filles.
A l'
inverse de la situation précédente, il y a des comportements qui montrent que
même à l'
école les élèves n'
ont pas toujours le sentiment d'
être dans une classe mixte. Ils
réclament des activités mixtes comme si dans leurs représentations, il y a une école pour les
fille et une autre pour les garçons ou plus exactement des activités féminines et des activités
masculines. La demande de la part des élèves d'
un collège de créer un club mixte d'
athlétisme
alors que l'
établissement est mixte relèverait de cet esprit. Donner suite à une telle demande
sans un travail préalable d'
explication pourrait contribuer à renforcer les idées préconçues, les
"clichés".
La relation fille/garçon n'
est pas vécue de la même manière. C'
est ce qui ressort d'
un
projet d’action en cours de réalisation au collège Henri Wallon. Ce projet concernant les
«relations entre garçons et filles » a montré que les garçons semblent davantage avoir vécu
les débats comme quelque chose d'
extérieur à eux-mêmes tandis que les filles ont le sentiment
d'
être oppressées par les garçons du fait qu'
elles soient des filles.
Le projet est conçu pour, entre autres, offrir aux garçons et aux filles un espace de
dialogue (encadré par les adultes); espace dans lequel le respect, la tolérance, l'
égalité entre
les individus restent les maîtres mots. La préoccupation en la matière est double.
D'
une part, il s'
agit, dans le cadre d'
une telle action, de veiller à ce qu’aucun adulte ne
puisse cautionner même involontairement de tels comportements.
D’autre part, il importe de faire prendre conscience aux élèves de leur gravité. En
somme, il faut réussir à faire réagir la majorité silencieuse et à sortir du discours de la
victimisation des filles. Celles-ci doivent apprendre à réagir face aux comportements sexistes.
Elles ne doivent pas les considérer comme des faits naturels.
Au collège Jean Charcot (Fresnes), prévaut le sentiment de non mixité mais les filles
jouent plus facilement au professeur. La parité a été imposée lors des élections des délégués
élèves et la classe de neige pourrait être utilisée pour socialiser les élèves et les sensibiliser à
la question de la mixité.
Au collège Dorval (Orly) en revanche, il existe chez les élèves un réel sentiment
d'
appartenance à un groupe mixte. Mais ceci n'
exclue pas la manifestation de comportements
sexistes de la part de certains élèves.
Au LP Val de Bièvre, la question de la mixité ne se pose pas compte tenu du
confinement spatial. Mais le rapport garçon/fille pose peu de problèmes par rapport aux
relations entre les filles. Chez celles-ci la propension de passer rapidement à la bagarre après
des propos souvent homophobes est grande.
L'
homosexualité chez les élèves existe. Il s'
agit pour eux soit de s'
afficher c'
est à dire
de se positionner comme "différents" des autres avec, souvent, l'
intention de susciter la
réaction des adultes soit simplement de tester les limites (surtout dans les relations entre les
filles). L'
élève qualifié (souvent à tort) d'
homosexuel devient très vite la risée de ses
camarades et peut vivre un véritable calvaire.
Le cas d'
un élève de collège que ses camarades ont traité de "Pédé" et marginalisé a
été évoqué. La prise en charge de cet élève par la vie scolaire et les actions conduites par
l'
équipe éducative ont permis de lui redonner confiance et de le remettre au travail.
Sur cette question de l'
homosexualité, les membres de l'
équipe s'
accordent pour
souligner que les élèves, à cet âge jeune, sont dans la construction. Il convient, par
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conséquent, de se saisir de toutes les situations rencontrées pour mener avec les élèves un
véritable travail de réflexion autour du thème de l'égalité entre les individus quelles que
soient leur origine et leur appartenance.
2. Les principales causes de la banalisation des comportements sexistes
Les causes de cette banalisation des comportements sexistes sont multiples. Souvent,
elles dépassent le cadre de l'
école, s'
enracinant au cœur même de la société. Deux facteurs
apparaissent cependant essentiels : l’omniprésence de ce que l’on peut appeler une « sousculture cité » qui véhicule ces idées sexistes ainsi que la pression du groupe des pairs,
notamment celle qui relève du phénomène des bandes. Cette "sous culture" que l'
on peut
qualifier de "machiste" tend à se développer dans les quartiers les plus défavorisés. La femme
y est souvent perçue comme un bien de consommation parmi tant d'
autres. Elle n'
a
généralement pas voix au chapitre. Des situations socio-économiques difficiles, des pratiques
et des représentations sociales propres à certaines cultures (d'
origine) favorisent la montée en
puissance de ces idées sexistes
Nous avons choisi de poser comme postulat le caractère « quotidien » sexué des
discriminations plutôt qu’exclusivement sexuel. Cette hypothèse de travail s’appuie sur nos
constats et notamment sur des idées reçues largement développées par les élèves eux mêmes
soit lors de rencontres soit dans leur comportement :
"les filles sont moins…que"
"les garçons sont plus que"
"les tâches Xx sont pour les filles"»
"les garçons sont plutôt scientifiques"
"les records c’est pour les garçons "
"le rangement pour les filles".
L’ancrage de ces idées reçues nous est apparu partout, dans la diversité de nos établissements.
A partir de là, nous avons regardé ce qui dans les différents niveaux au collège pouvait être
travaillé avec les élèves pour chercher à traiter les discriminations pressenties, avec l’objectif
si ce n’est de les éradiquer pour le moins de conduire les élèves à s’interroger pour modifier
leur propre comportement ou agir sur celui des autres. Les idées reçues constituent souvent
l'
une des principales causes de discrimination chez les élèves.
Bien plus que les résistances du milieu familial, ces idées reçues et les pressions des pairs
restent les principaux obstacles qui se dressent face à toute action de sensibilisation contre le
sexisme et sa banalisation.
II. Des pistes de réflexion et d’action
Ces obstacles invitent les praticiens à faire preuve de prudence et d'
ingéniosité dans les
actions qu'
ils souhaitent mettre en œuvre. D’où peut-être la nécessité de réfléchir à un
médium de communication décalé avec les élèves afin d’éviter un effet de transmission
verticale et moraliste pouvant parfois avoir des conséquences inattendues voire inefficaces.
Sur une question aussi complexe qu'
est la lutte contre le sexisme, question qui dépasse
largement le cadre scolaire, les modes de prise en charge des comportements sexistes sont
variés. Toutefois, un travail conjuguant des actions menées en interne et d'
autres conduites à
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l'
extérieur de l'
établissement reste indispensable. Ce travail doit être guidé selon deux
principes fondamentaux: la cohérence et la continuité.
La cohérence des actions et des discours des adultes sur les questions de
discriminations (sexisme, xénophobie, homophobie) demeure un paramètre incontournable. Il
y a dans ce domaine à réfléchir sur des « formations », des initiatives adaptées en leur
direction, des partenariats à développer en direction des enseignants, des surveillants mais
aussi des personnels ATOSS et de tous les adultes intervenants dans les établissements.
La continuité des actions dans le cursus des élèves reste tout aussi essentielle dès lors
qu'
elle établit un fil conducteur dans leur formation à la lutte contre les discriminations. En
effet, étant donné qu'
il s'
agit ici de problème relevant de la vie quotidienne, l'
action doit se
décliner tout au long de la scolarité afin d'
éviter une entreprise discontinue voire décousue
dont les effets nuiraient gravement à l'
émergence, chez les élèves, d'
une prise de conscience
durable. La réflexion engagée s’est plutôt centrée sur le collège mais elle peut être étendue au
lycée. Il est proposé de faire de chaque étape et de chaque niveau de classe une occasion de
travailler avec les élèves, en cherchant, le cas échéant, à s’appuyer sur les contenus
d’enseignements (instruction .civique, SVT, IDD…) et sur des actions pédagogiques
organisées dans les différents niveaux (sorties, voyages…).
Sachant que ces actions créent des situations de vie collective très différentes pour les
élèves (les séjours au ski ou les séjours linguistiques font se côtoyer les élèves, dans le cadre
éducatif du collège, dans des situations très particulières), leur mise en œuvre ne peut qu'
être
encouragée.
Il est par ailleurs conseillé de trouver des relais à l'
extérieur de l'
établissement, dans le
cadre d'
un partenariat avec des associations agrées qui interviennent dans les quartiers ou avec
les municipalités. Ceci permettrait à l'
action éducative de trouver un prolongement hors de
l'
établissement et une efficacité certaine. Le comité d'
éducation à la santé et à la citoyenneté
(CESC) offre, de ce point de vue, un cadre approprié pour y conduire des actions concertées
de sensibilisation.
En interne, dans le cadre des missions des CPE, il existe des champs d’intervention
tout à fait conformes. Il est possible de travailler sur le Règlement Intérieur (et les textes de
loi) pour faire prendre conscience à l'
élève des sanctions qu'
il encoure en tenant des propos ou
en adoptant des comportements discriminatoires. Le travail sur la langue et le langage est une
autre possibilité qui peut être envisagée. Il peut se faire en concertation avec l'
élève et les
adultes de l'
établissement (Notamment le professeur de français). L'
élève est
systématiquement repris lorsqu'
il est pris en usant de mots discriminants ou d'
expressions
détournées de leur sens initial.
Les élections des délégués offrent une autre possibilité à explorer. Bien que le texte de
leur organisation ne donne aucune précision mais comme le veut aujourd’hui la loi de la
République, n’y aurait-il pas pertinence à intégrer, dans ces élections, l’idée de parité? Il ne
s'
agit pas d'
une parité qui viendrait réparer une quelconque discrimination des filles mais
d'
une parité touchant aussi bien les filles que les garçons victimes de comportements
discriminatoires. Le lycée pourrait être le lieu d’approfondissement de ce type de travail,
approfondissement visant à donner du sens aux comportements attendus en matière de lutte
contre les discriminations. Le travail pourrait porter sur des thématiques précises telles que
l’homosexualité, les origines du racisme, ou la place des femmes dans la société.
Mais le plus important, semble-t-il, est la mise en cohérence de ces différentes actions.
Le groupe suggère la mise en place d'
un dispositif qui proposerait des thèmes à aborder avec
les élèves en fonction de leur âge et de leur niveau d'
étude. Il s'
agit de travailler, en amont, en
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sensibilisant les élèves dès l'
école maternelle avec la possibilité de suivi dans les autres
classes. A titre d'
exemple, il pourrait être mis en œuvre des actions selon le schéma suivant:
6èm : Thème : La libération de la parole
5 : Thème: la connaissance de l’autre, la vie quotidienne
4ème : Thème: la découverte de la sexualité
ème
3 : Thème: la place des élèves filles et garçons en lien avec l'orientation et ses
représentations
ème
III. Les modes de prise en charge des comportements
sexistes
La lutte contre la banalisation du sexisme, tout comme celle contre la banalisation de
la xénophobie et d’autres discriminations, reste un travail quotidien dans nos établissements.
Compte tenu de la diversité des situations, il n’existe pas de solutions miracles. Toutefois,
certains axes peuvent être privilégiés afin de sensibiliser les élèves à ces questions.
Le dispositif présenté ci-dessous est simplement une possibilité parmi tant d’autre d’agir dans
le domaine de la lutte contre les discriminations (notamment celui des relations entre garçons
et filles).
Avant toute action sur la question des comportements sexistes, il est primordial de
bien reprendre et mettre au clair dès le début de l’année avec tous les adultes les
comportements discriminants à ne pas laisser passer.
Nous avons vu plus haut que les problèmes liés aux relations entre filles et garçons
relèvent, pour l'
essentiel, des problèmes de vie quotidienne, même s’il est vrai qu’il y a une
cristallisation en lien avec la sexualité. Il paraît donc primordial d’agir le plus tôt possible; les
problèmes relationnels entre filles et garçons apparaissant pour partie dès l’école primaire.
Au niveau du collège, il est nécessaire de décliner cette problématique des relations
garçons/filles à tous les niveaux, avec des actions liées à l’âge des élèves.
a) Tableau de caractérisation des problèmes et des pistes d’action
Registre
Langue/Langage
Constat
Le langage des élèves est souvent :
Vecteur de discriminations :
ex : insultes (« Pédé », « Nique
ta mère », « Meuf »…
L’utilisation assez fréquente de
certaines expressions affectées
de nouvelles valeurs : ex :
Putain pour marquer le point et
vas-y pour la virgule. Ces
expressions
sont
parfois
interprétées
comme
une
provocation et peuvent ouvrir
les hostilités entre deux élèves
voire plus. En effet, les
Actions
Reprendre
systématiquement
l’élève
qui tient ce langage : lui
montrer en s’appuyant, le
cas échéant, sur le règlement
intérieur, que les insultes
sont
interdites
dans
l’établissement et appliquer
les punitions ou sanctions
prévues.
Travailler avec l’élève sur
la langue et le langage
(éventuellement avec le
professeur de français).
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altercations commencent bien
souvent par une sorte de
« jeu ».
Comportement
L’élève méprise son camarade. La
violence s’installe entre eux,
qu’elle soit physique, verbale ou
psychologique (cf. harcèlement
moral).
Relation avec autrui
L’élève affiche une attitude
discriminante vis à vis du
camarade du sexe opposé.
Il l’empêche, par exemple, de
donner son avis au prétexte qu’il
ou elle est un garçon ou une fille et
que son avis ne compte pas ou très
peu.
L’élève transfère parfois à l’école
un comportement sexiste qu’il a
connu dans sa famille ou dans son
entourage.
Cela suppose que tous les
personnels
interviennent
systématiquement en cas de
transgression
Dans le cadre de la
formation des délégués ou
en Heure de Vie de Classe,
on peut aborder des thèmes
tels que l’égalité entre les
individus, le respect des
personnes,
le
comportement
discriminant et la loi…
Ne jamais omettre de
prendre en charge les
victimes
Il est important d’établir des
partenariats
avec
des
associations capables de
prendre le relais des actions
éducatives mises en place à
l’école. (CESC)
Informer et sensibiliser
par tous les moyens
l'
ensemble des personnels
de l’établissement afin
que chacun puisse réagir
vite face à ce type de
comportements.
Encourager la parité lors des
élections
des
délégués
élèves
b) Exemple de dispositif à mettre en place au collège
Classe
6ème
5ème
4ème
Actions possibles
Prise de Parole / Interview en classe
entière ou garçons et filles séparés.
Prendre appui sur l’expérience de ces
relations vécues depuis l’arrivée au
collège pour élaborer un diagnostic de
ces relations.
Commencer à aborder les questions
relatives à la sexualité. En effet, on
remarque bien souvent que les élèves
ne peuvent aborder ces questions dans
le cadre familial et affichent une
Dispositifs institutionnels à
utiliser
Heures de Vie de Classe
ou d’accompagnement
Enseignement d’Education
Civique (la mixité est au
programme en classe de
5ème)
Heures de Vie de Classe
Prendre appui sur le
programme de SVT, qui
inclut les questions de
sexualité
Eventuellement, les visites
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méconnaissance
matière.
3ème
importante
en
la
Continuer à aborder les questions
relatives à la sexualité
Aborder la question de la place des
filles dans l’orientation, afin de
casser les préjugés tenaces
au
planning
familial
organisées par le pôle
médico-social.
La classe de 3ème, avec ses
nombreux
moments
consacrés à l’orientation et
à la construction d’un
projet professionnel est un
moment idéal pour cela.
conclusion
Au terme de ce travail, les membres de l'
équipe ont retenu trois points majeurs
La lutte contre la banalisation du sexisme, de la xénophobie et d'
autres
discriminations reste, dans nos établissements, un travail quotidien de première
importance
Compte tenu de la diversité des situations et de leur complexité, il n'
existe pas de
solutions miracles. Toute action au niveau de l'
établissement, pour être efficace,
doit être menée en concertation avec tous les acteurs concernés.
A l'
école, la lutte contre les discriminations devrait être repensée de manière à
couvrir l'
ensemble du cursus de l'
élève. Un registre proposant des thèmes à aborder
en fonction des cycles pourrait être mis à la disposition des établissements. Il s'
agit
d'
établir une cohérence entre une sensibilisation précoce (dès la maternelle) au
problème des discriminations et un travail de suivi qui doit se poursuivre tout au
long de la scolarité de l'
élève. Loin d'
épuiser le sujet, les membres du groupe
espèrent que ce travail, aussi modeste soit-il, pourra servir de point d'
appui pour
d'
autres entreprises éducatives, alimenter des réflexions futures ou susciter des
actions en direction des élèves.