Le progrès du moteur est-il le moteur du progrès ? « Le progrès du

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Le progrès du moteur est-il le moteur du progrès ? « Le progrès du
Le progrès du moteur est-il le moteur du progrès ?
« Le progrès du moteur est-il le moteur du progrès ?
Si seulement j'étais un être supérieur.
J'ai déjà créé le ciel et la terre. Lorsque j'ai souhaité que la lumière soit, la
lumière fut. Puis redoublant d'imagination et de poésie, voici que je façonne
le firmament, dessine les continents, illumine le soleil, la lune et les étoiles,
donne vie aux poissons et aux oiseaux, puis à tous les petits bestiaux et
bestioles de la Terre. Je pourrais me reposer, mais je m'ennuie. Que créer
d'autre ? Quelque chose qui serait le moteur de mon existence, quelque chose
de merveilleux, qui soit l'accomplissement de mon œuvre ?
Ca y est ! L'inspiration me vient enfin ! Je vais accoucher de ma plus grande
réussite : L'Homme !
Mon moteur ! Il apprendra à survivre sans carapace, sans fourrure, sans ailes,
sans griffes, petit animal parmi d'impressionnantes créatures. L'homme, mon
moteur, progressera, et sera ainsi le moteur de l'accomplissement de mon
univers.
Voici que pour faire fructifier la terre, et sillonner les océans, mon motor,
celui qui remue, redouble de génie et invente son propre moteur…
Peu puissants d'abord, ils utilisent les forces naturelles, en tirant profit de la
pression ou de la gravité. Et voilà que cet illustre James Watt créé le moteur à
vapeur ! Quel progrès n'est-ce pas merveilleux ! L'on créa même cette petite
boîte roulante au sein de laquelle un nouveau moteur, à combustion, cette fois
ci, fut inséré ! Quel progrès ! La vision du temps et de l'espace se modifie.
Des kilomètres se parcourent maintenant en quelques heures, l'on sillonne le
monde, avide d’aventure, de découverte et de connaissances !
Maintenant, l'homme a un besoin croissant de puissance, le moteur à réaction
naît. Avion, fusée, c'est maintenant la conquête de l'espace ! N'est-ce pas plus
ingénieux que de construire une tour de Babel ?
Avions militaires, missiles, c'est maintenant la conquête du pouvoir. Au péril
de millions de vies. Des guerres mondiales éclatent, des massacres se
perpètrent. Et moi je regarde, impuissant. Je suis trop vieux maintenant.
Eux qui inventèrent le moteur, un si bel engin, pouvant soulager leurs peines,
rendre leur labeur plus agréable, nourrir les affamés, soigner les malades, un
si bel engin pouvant les transporter au-delà des limites, des frontières du
monde et de l'Univers, eux qui ont fait progresser le moteur, pour que le
moteur lui même serve le progrès, sont maintenant asservis sous le joug de la
régression.
Si un jour, au cours d'un quelconque concours, un sujet tel que le progrès du
moteur est-il le moteur du progrès venait à paraître, je citerais Jacques
Stenberg qui affirmait que ces moteurs ont « fait de l'homme un crétin à
roulettes et de la planète un garage criblé d'autoroutes ! »
Si un jour, au cours d'un tel concours, par le plus grand des hasards, le moteur
devenait sujet, je me demande s'il pourrait être moteur de réussite...
Je pense que j'oublierais quelques instants ce moteur mécanique, pour me
tourner vers le moteur de recherche. Cet ami des causes désespérées qui me
dirait que l'important c'est de participer !
Et puis dans un élan de réflexion, et parce que dix minutes c'est long, bien que
les moteurs permettent maintenant de parcourir une distance immense en si
peu de temps, je me tournerais vers une autre signification.
Le moteur, plus qu'un organe permettant l'obtention d'une énergie mécanique,
n'est-il pas non plus la personne qui gouverne, qui régit, qui est à l'origine de
quelque chose, qui anime l'activité de cette chose ?
L'homme n'est-il pas dans cette mesure le moteur du moteur ?
Et si l'homme progressait, dans son cœur, dans son esprit, dans cette quête de
l'humanité, si l'homme devenait de plus en plus humain, alors il ne pourrait
que faire fructifier le progrès de la science.
Il pourrait utiliser son moteur qui a tant évolué vers des desseins encore plus
fabuleux !
Je pense aux aveugles, qui pourraient saisir toutes les nuances colorées de la
vie, au lieu d'être bloqués dans une sombre nuit éternelle, aux muets, qui
pourraient s'armer de leur propre voix, sans plus jamais rester enfermer dans
la prison du silence. N'est ce pas là, la plus grande des entreprises que de
mettre le progrès au service d'une noble cause ?
L'homme, en progressant vers sa destinée, ne devient-il pas le moteur d'un
vrai, d'un grand progrès, dont il a toujours rêvé pour atteindre les plus hauts
cieux ?
Oui c'est ce que je dirais. Et j'irais même encore plus loin. Le rêve, entre
autres, n'est-il pas le moteur de l'homme ?
En effet, le moteur, dans son sens le plus abstrait, n'est-il pas la cause d'une
action, le motif déterminant, la volonté qui anime l'esprit pour permettre
l'évolution de l'humanité, de la civilisation vers un but idéal ?
Si par exemple, deux femmes devaient un jour discourir devant un jury pour
plaider la cause des moteurs, bien que sur la réserve, manquant de tomber en
panne sèche à chaque kilomètre parcouru, leur volonté, moteur de l'homme,
les aura alors, quoi qu'il en soit, menées au progrès. Elles auront défié leurs
propres personnes, et le hasard de la destinée.
Or au-delà de l'art qu'est l'éloquence, tous les autres arts, la musique, la
peinture, la poésie, ne sont-ils pas des moteurs ? Des moteurs qui, en
progressant, en se développant, en continuant d'exister, font vibrer le cœur de
l'homme et sont eux-mêmes le moteur d'un progrès bien plus grand encore,
celui de l'Humanité.
Je me souviens de ce jour où j'ai terminé mon œuvre, je n'ai prononcé que
quelques mots : Moteur ça tourne ! La vie se réveille, voyons de quelle
manière elle va progresser… »
Françoy de Montmirail
François A. & Godefroy A.

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