Lancelot du Lac - TRAN-B-300: Technologie de l`information

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Lancelot du Lac - TRAN-B-300: Technologie de l`information
Lancelot du Lac
Anne-Marie Cadot-Colin
448 pages
5,50 €
n°1319
Niveau : 5e/4e/3e
Réalisé par Pierre COLIN
PRÉSENTATION
Le roman
Adapté d’une œuvre originale du XIIIe siècle, le roman de Lancelot du Lac reflète la société
féodale de l’époque. Il se situe dans le légendaire royaume de Bretagne du roi Arthur.
Quand le royaume de son père tombe aux mains de ses ennemis, le jeune Lancelot n’est
encore qu’un enfant en bas âge. Pour le sauver, la fée Viviane l’enlève et l’élève secrètement
dans son étrange domaine, situé sous un lac. À l’âge de dix-huit ans, elle le conduit à la cour
du roi Arthur pour qu’il devienne chevalier. Le jeune homme s’éprend éperdument de la
reine Guenièvre, pour l’amour de qui il deviendra le meilleur chevalier du monde. Devenu
chevalier de la Table Ronde, il s’illustre dans bien des exploits, sauvant à plusieurs reprises le
royaume d’Arthur et la vie même de la reine. Mais cet amour met en péril la cour du roi : la
découverte du secret disloquera la fraternité des chevaliers de la Table Ronde et signera la
fin du monde arthurien.
L’intérêt de l’étude
L’accès à des œuvres littéraires authentiques du Moyen Âge est particulièrement
recommandé pour des élèves de cinquième. Cette adaptation des onze volumes du grand
roman en prose du XIIIe siècle ne pouvait se faire sans de nombreux allègements.
Cependant, elle respecte totalement le caractère et le sens de l’œuvre. Elle donne accès à un
univers mental différent : les héros vivent leur amour et leur foi religieuse tout autrement
que le lecteur moderne.
Conseils de lecture
L’œuvre convient à la lecture cursive. La longueur du roman nécessite cependant une aide,
pour orienter et soutenir l’attention du jeune lecteur : un découpage du roman est possible,
avec pour chaque étape une orientation de recherche.
- Première partie : L’éducation d’un chevalier, Lancelot
- Deuxième et troisième parties : Lancelot et Guenièvre
- Troisième et quatrième parties : Le roi Arthur, un souverain imparfait
- Cinquième à septième partie : Le merveilleux celtique
Quelle que soit la démarche adoptée (étude linéaire ou thématique), ces fiches se proposent
d’offrir une synthèse sur ces thèmes majeurs.
1
I. L’éducation d’un chevalier, Lancelot
Les chapitres clés :
• Première partie : chapitres 3 & 5
Objectifs :
Montrer que l’éducation d’un jeune noble ne peut se faire que dans une société
hiérarchisée.
2 Montrer qu’il s’agit d’une éducation complète : physique, morale.
3 Montrer le système de valeurs auquel cette éducation se réfère : le rôle de la
chevalerie dans la société.
1
Pistes de réflexion :
1) a) Quelles sont les occupations de Lancelot ?
La chasse, les jeux…
b) La société : Lancelot est-il élevé seul ?
La Dame du Lac a un entourage noble. Elle procure à Lancelot de jeunes compagnons
nobles, notamment ses cousins Lionel et Bohort.
c) La hiérarchie : Qui exerce l’autorité ?
Ordinairement le maître et subsidiairement la Dame du Lac. Lancelot, âgé d’une douzaine
d’années, a dépassé son maître en jugement et vertu morale. La Dame du Lac lui donne
raison et lui accorde d’être son propre maître.
2)
a) L’entraînement physique : En quoi la chasse est-elle une préparation au
combat guerrier ?
Endurance, maniement des chevaux, des armes…
b) Les qualités morales : Étudiez le portrait moral de Lancelot.
Douceur, amabilité, générosité, respect…
c) La générosité*, vertu majeure : Étudiez les deux rencontres de Lancelot
à la chasse : quelle qualité mettent-elles en valeur ?
Sa générosité n’est pas comprise par le maître, un clerc qui n’a pas le même système de
valeurs que les nobles. La Dame du Lac, elle, le reconnaît : « Votre cœur est bien celui d’un
fils de roi. »
*Le Moyen Âge appelle cette vertu « largesse » : c’est la qualité fondamentale demandée aux nobles
et aux rois.
3) Le discours de la Dame du Lac (I, 5) :
a) Recherchez dans le texte les différentes pièces de l’armement du
chevalier.
2
b) Pour quel usage ces armes sont-elles données au chevalier ?
La défense de la Sainte Église et du peuple.
Pourquoi ceux-ci ont-ils besoin de la chevalerie ?
Parce qu’ils n’ont pas le droit de porter les armes et doivent donc être protégés contre les
violents.
c) Quelles sont les vertus morales nécessaires au chevalier ?
Ce sont la force, le courage et la sévérité contre « les violents et les déloyaux » ;
la bonté et la compassion pour les « bonnes gens ».
d) Quelle conception de la société* est reflétée par le texte ?
En contre partie de la protection et de la sécurité que lui assure le chevalier, le peuple
doit l’entretenir et lui être soumis (comme le cheval à son cavalier).
• Dans l’imaginaire médiéval, la société est divisée en trois ordres : ceux qui
combattent (la chevalerie), ceux qui prient (le clergé) et ceux qui travaillent (le
peuple). Le dernier ordre est subordonné aux deux premiers.
II. Lancelot et Guenièvre
Les
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chapitres clés :
Première partie : chapitre 6 (p.58-59 ; p.64-67)
Deuxième partie : chapitre 5
Troisième partie : chapitre 2, 7, 8 et 9
Objectifs :
1) Montrer la peinture de l’amour et de ses effets.
2) Dégager les éléments clés de l’amour courtois* :
a) un amour que l’amant doit mériter par ses exploits chevaleresques
b) une relation adultère qui nécessite le secret
c) une relation inégalitaire où la dame domine l’amant
* L’amour courtois (« fine amor » au Moyen Âge) calque la relation amoureuse sur la relation
vassalique : la dame est la suzeraine de l’amant vassal. Elle est en position de supériorité dans la
relation amoureuse (dame vient du latin domina = celle qui commande). L’amant doit mériter ses
faveurs par ses exploits chevaleresques et son comportement moral irréprochable : dévouement,
soumission et fidélité. L’amour ne peut exister au sein du mariage, union avantageuse destinée à
produire des enfants. La « fine amor » sera donc une relation adultère soumise au secret.
Pistes de réflexion :
1)
a) La peinture de l’amour : Recherchez les effets physiques de l’amour
naissant sur Lancelot.
Rôle du regard, du toucher… (première entrevue avec Guenièvre)
3
b) Quelles sont les scènes où l’on voit Lancelot devenir pareil à un simple
d’esprit sous le coup de l’amour ?
Scène de la Douloureuse Garde (II, 5), scène de combat (III, 2).
Quels sont les autres passages dans le roman qui montrent Lancelot en
extase et privé de raison à la pensée ou à la vue de la reine ?
Lorsqu’il est sur la trace des ravisseurs de la reine (VI) : il manque de se jeter par la
fenêtre (VI, 2) ; il tombe en extase devant le peigne (VI, 3).
c) Quels sont les passages qui montrent l’amour comme une maladie, une
souffrance ?
Dans la tente de Galehaut (fin de III, 6) ; quand il est en Sorelois, séparé de la reine
(début de III, 8). Cette souffrance, qui le prive de tout moyen, rendra obligatoire
l’intervention de Galehaut dans ses amours.
Quel est, dans le roman, le point culminant de la souffrance d’amour de
Lancelot ?
La folie (V, 14) quand il croit avoir été rejeté par la reine.
2)
a) Un amour qui se mérite : recherchez les différents exploits qui rendent
Lancelot digne de l’amour de la reine.
La Dame de Nohaut, la Douloureuse Garde, la guerre contre Galehaut, la Roche aux
Saxons.
b) Un amour adultère secret : quelles sont les précautions prises par
Guenièvre lors de l’entrevue de la prairie aux arbrisseaux ?
Présence de plusieurs témoins, recommandation de silence : « notre amour deviendrait
chose laide et vulgaire ».
De quels complices leur amour disposera-t-il ?
Rôle de Galehaut, de la Dame de Malehaut.
c) La dame : quels sont les éléments qui mettent Guenièvre en position de
supériorité ?
Son rang social, son âge, son expérience…
Montrez que Guenièvre dirige la relation amoureuse
Lors du premier baiser (III, 7) et lorsqu’elle se donne à Lancelot (III, 9).
Quel est l’objet qui symbolise la perfection de leur amour ?
L’écu fêlé, puis ressoudé (III, 8).
III Le roi Arthur : un souverain imparfait
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•
chapitres clés :
Première partie, chapitre 6
Troisième partie, chapitres 1, 3, 9
Quatrième partie
Septième partie
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Objectifs :
1) Découvrir le personnage légendaire du roi Arthur*, déjà familier au public
médiéval.
2) Découvrir quel est l’idéal médiéval du bon souverain**.
3) Découvrir le personnage complexe du roman, avec ses faiblesses.
* Le roi Arthur : à sa source, un personnage historique, chef de guerre celte de la fin du Ve siècle. À la
tête des guerriers bretons (terme employé à l’époque pour les Celtes), il remporte au mont Badon une
grande victoire sur les Saxons, envahisseurs germaniques des îles Britanniques, alors peuplées de
Celtes. Au Moyen Âge, sa légende est déjà constituée autour de trois grandes directions : un roi
guerrier, un roi chasseur, un roi « droiturier » (qui fait respecter le droit, la justice).
** Au Moyen Âge, un « bon souverain » n’exerce pas un pouvoir absolu : il gouverne conseillé par ses
vassaux, qu’il doit consulter pour tous les actes importants, en particulier la justice. Ceux-ci lui doivent
aide et assistance, notamment à la guerre, et ils attendent en retour ses largesses.
Pistes de réflexion :
1) a) Un roi guerrier : recherchez les épisodes du roman qui montrent que le
roi Arthur est un grand guerrier, qui combat personnellement.
La guerre contre Galehaut (III), la guerre contre les Saxons (III,9) et la guerre contre
Lancelot ( VII, 3), puis contre l’usurpateur Mordret (VII, 4).
b) Un roi chasseur : dans quels épisodes voit-on le roi Arthur à la chasse ?
Quand il se fait capturer par la fausse Guenièvre (IV, 2), quand il rencontre l’ermite (IV,
4), quand il se retrouve au château de Morgane (VII, 1).
c) Un roi droiturier : Recherchez dans l’épisode de la fausse Guenièvre, ce
qui prouve son souci de respecter la procédure (IV, 3 & 4).
2)
a) Le roi et son entourage : Comment le roi Arthur a-t-il su attacher les
meilleurs chevaliers à sa cour ?
En créant la Table Ronde*, un compagnonnage guerrier.
* La Table Ronde a été instituée sur les conseils de l’enchanteur Merlin. Pourquoi une table ronde ?
Les longues tables de l’époque, avec des places plus ou moins honorifiques, étaient le reflet de la
société féodale réelle, fortement hiérarchisée. La Table Ronde est donc une société idéale, car elle
supprime les préséances, et permet de placer les chevaliers dans une égalité parfaite. Dans les
romans arthuriens, elle fonctionne comme le centre du monde : c’est d’elle que les chevaliers partent
à la recherche d’exploits, qui leur permettront de prouver leur valeur et d’augmenter la gloire du roi.
C’est vers elle qu’ils reviennent conter leurs aventures.
b) Le roi généreux : Montrez la générosité de l’accueil du roi à Lancelot. (I,
6)
Arthur a-t-il toujours été suffisamment généreux pour s’assurer la fidélité
de ses hommes ?
Non. Ses difficultés lors de l’attaque de son royaume par Galehaut le prouvent : le
discours du prudhomme vise à lui faire améliorer sa conduite. Le maître mot est la largesse
bien conçue (III, 3).
c) Le suzerain toujours loyal envers ses vassaux :Arthur n’a-t-il pas commis
une grande faute à l’égard d’un de ses vassaux ?
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Il a failli à ses devoirs, en ne portant pas secours au roi Ban de Bénoïc, son vassal. C’est
ce qui motive les reproches du prudhomme et la lourde pénitence publique qu’il doit faire
(III, 3).
Comment Lancelot a-t-il réagi à cette « trahison » à l’égard de son père ?
Il sauve le royaume d’Arthur, par les armes d’abord, puis par la réconciliation avec
Galehaut par la suite. Cela met en valeur sa générosité et sa grandeur d’âme.
3) Un personnage humain, complexe :
a) Ses faiblesses : À quelles occasions le roi Arthur se montre-t-il infidèle à
son épouse ?
Avec l’enchanteresse Gamile, à la Roche aux Saxons (III, 9) et surtout avec la fausse
Guenièvre (IV). Le premier épisode vient à point pour donner une justification à l’adultère de
Guenièvre avec Lancelot. Le second épisode est bien plus grave : en manipulant le conseil
des barons dans une parodie de justice, Arthur porte gravement atteinte à son image de roi
droiturier. C’est ce qui explique la nécessité d’une intervention divine pour le remettre dans
le droit chemin. (IV, 4)
b) Un personnage déchiré : Quels sont les sentiments qui l’habitent quand
les amours de Lancelot et de la reine sont dévoilés ?
C’est la colère, le désir de vengeance. Il veut venger de façon cruelle son honneur bafoué
(la reine condamnée au bûcher). Mais dans toute la guerre qui l’opposera à Lancelot, il
admirera sa générosité et continuera à l’aimer.
IV Le merveilleux celtique
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chapitres clés :
Première partie : 2, 3, et 4
Cinquième partie : 7, 8, 11 et 13
Septième partie : fin du chapitre 4
Objectifs :
1 Identifier et étudier les êtres féériques, leur nature et leurs pouvoirs.
2 Découvrir en quoi le monde ainsi décrit est typiquement celtique.
3 Découvrir un grand mythe celtique : le retour du roi.
Pistes de réflexion :
1) a) Les deux fées : Quelles sont les deux principales figures féminines
douées de pouvoirs magiques ?
Principalement la fée Viviane, appelée la Dame du Lac, et Morgane, la sœur du roi Arthur.
Une figure secondaire toutefois (III, 9) : l’enchanteresse Gamile, qui a séduit le roi par ses
charmes magiques. Noter aussi que la Dame du Lac est aidée d’une fée secondaire : Saraïde.
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b) En quoi sont-elles différentes ?
L’une représente la bonne fée, Viviane, qui va sauver Lancelot et l’éduquer. La seconde,
Morgane, tente par tous les moyens de corrompre le chevalier et de l’insister à trahir la
reine, par jalousie pour celle-ci.
c) D’où tiennent-elles leurs pouvoirs ?
Toutes les deux ont étudié la magie ; elles sont expertes en enchantements (sciences
occultes appelées au Moyen Âge « nigromance »). Toutes deux tiennent leur savoir de
l’enchanteur Merlin (p.18 et p.249). Les connaissances magiques semblent pouvoir s’acquérir
auprès d’un maître ou dans des livres. En dehors de cela, elles sont dépeintes comme des
êtres humains*, dont elles ont les sentiments et les émotions.
*Cette conception de la fée est typique du XIIIe siècle où s’opère un travail de rationalisation : les fées
sont des êtres humains ayant étudié la magie. Dans les textes plus anciens (XII°), plus proches des
légendes celtiques originelles, les fées sont des êtres surnaturels, hérités de la mythologie celtique et
d’une essence radicalement différente : elles tiennent leurs pouvoirs de leur nature même.
d) Rechercher des exemples des charmes magiques utilisés par ces deux
fées.
I, 4 : Saraïde donne aux enfants des couronnes de fleurs et des chaînes d’or, chargées de
les protéger ; elle les transforme en lévriers.
V, 8 et 11, le Val sans Retour : Morgane endort Lancelot par un oreiller bourré d’herbes
magiques. Puis grâce à un vin empoisonné, elle lui procure des rêves qui lui font croire à
l’infidélité de la reine.
2) Le merveilleux celtique* :
*Les Celtes ont peuplé l’Europe à partir du XVe siècle avant Jésus Christ. Dans l’actuelle France, les
Gaulois, peuple celte, ont été vaincus, puis colonisés par les Romains (I° avant J.C.), puis par des
peuples germaniques, dont les Francs (V° après J.C.). La Grande-Bretagne, peuplée elle aussi de
Celtes (Irlandais, Gallois, Ecossais…) a aussi subi les invasions germaniques à partir du VIe siècle
(Angles et Saxons).
La mythologie celtique a survécu sous forme de légendes malgré la christianisation de ces peuples. Au
Moyen Âge, ce fonds légendaire est encore très vivant. Au XIIe siècle, les romanciers vont y puiser
leur inspiration, écrivant ce qu’on appelle à l’époque des romans « bretons ». Le premier d’entre eux
est Chrétien de Troyes.
a) Quels sont les lieux habités par les fées ?
Le domaine du Lac et le Val sans Retour.
En quoi ces lieux sont-ils magiques ?
Le domaine du Lac est une pure illusion (p.18) : il a l’apparence d’un lac pour ceux qui
viennent de l’extérieur (la mère de Lancelot voit la Dame du Lac sauter dans l’eau avec son
bébé). À l’intérieur du domaine, tout se passe comme dans le monde réel : Lancelot va
chasser dans la forêt où il fait diverses rencontres.
Le Val sans Retour est entouré par une muraille d’air qui le rend invisible (p.251) : une
« brume épaisse ». On peut manifestement y entrer (253 chevaliers emprisonnés), mais il
est impossible d’en sortir sans avoir vaincu le sortilège. Le Val sans Retour disparaîtra après
cette victoire : les chevaliers délivrés se retrouvent « au milieu du val » (p.260).
b) À quel autre moment un lac joue-t-il un rôle important ?
Le roi Arthur mourant fait jeter son épée* dans un lac par Girflet (VII, 4) : une main
surgit , brandit l’épée et disparaît avec elle dans les flots.
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*Escalibur, l’épée légendaire du roi Arthur, est manifestement un talisman venant de l’Autre
Monde. Au moment de sa mort, le roi doit la restituer à celui qui la lui a donnée : l’être
mystérieux qui habite sous le lac.
c) Dans ces épisodes, lequel des quatre éléments joue un rôle important ?
L’eau* joue un rôle essentiel comme élément de passage, l’air est plus rarement utilisé.
*La mythologie celtique, ainsi que les légendes qui en dérivent, accordait un rôle essentiel à l’élément
aquatique, qui servait de frontière entre le monde des humains et le monde féerique, peuplé d’êtres
surnaturels, divinités ou fées. Passer la mer, franchir une rivière, avoir accès à un lac ou à une
fontaine, tous ces actes pouvaient conduire vers l’Autre Monde le héros destiné à l’aventure.
3) Un grand mythe celtique : le retour du roi :
a) Quel est l’autre élément aquatique qui intervient dans la scène où le roi
Arthur est mourant ?
Il s’agit de la mer* : le roi Arthur monte dans la nef conduite par Morgane et les fées,
appelées ici « belles dames ».
*Il s’agit ici d’une représentation caractéristique de la mythologie celtique : l’Autre Monde se présente
comme une île fortunée peuplée de fées (là aussi, un monde au-delà de l’eau). Cette île est souvent
nommée Avalon, c'est-à-dire l’île aux pommiers. Les lieux paradisiaques sont fréquemment
représentés comme plantés d’arbres (cf. le jardin d’Eden dans la Bible).
b) Voit-on le roi Arthur mourir ?
Il est représenté mourant, mais on ne le voit pas mourir*.
*Au Moyen Âge, les peuples celtiques croyaient encore pour certains au retour du roi Arthur. Le roi
n’était pas véritablement mort ; il avait été emmené dans l’île d’Avalon par les fées, connues pour
leurs pouvoirs de guérisseuses. C’est la croyance d’un peuple humilié par l’histoire : les Bretons,
vaincus par les envahisseurs saxons, trouvaient là une raison d’espérer en un avenir meilleur. Le roi
Arthur reviendrait restaurer l’ancien royaume de Bretagne.
Pour en savoir plus sur Lancelot
Cet ouvrage est l’adaptation du Lancelot en prose, véritable roman-fleuve du XIIIe
siècle : l’histoire de Lancelot s’étale sur 9 volumes, suivie de La Quête du Saint-Graal et
conclue par La Mort du roi Arthur. C’est un roman anonyme, écrit vers 1220-1230,
probablement par plusieurs auteurs, mais avec un maître d’œuvre unique, assurant la
cohérence de l’ouvrage.
Le titre de Lancelot en prose, donné actuellement à ce roman, a pour but de le
distinguer de celui en vers écrit au XIIe siècle par Chrétien de Troyes : Lancelot ou Le
Chevalier de la Charrette. Ce dernier ne traitait que d’un épisode de l’histoire de Lancelot :
l’enlèvement de la reine (VI). L’auteur du XIIIe a eu en effet l’ambition de rassembler dans
une seule somme romanesque deux des histoires contées précédemment par Chrétien : celle
de Lancelot, dans Le Chevalier de la Charrette, et celle du Graal, traitée dans Le Conte du
Graal.
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Ce roman se distingue à son époque par l’emploi de la prose, préférée au vers. Les
romans étaient en effet composés en vers depuis l’apparition du genre, au XIIe siècle, et ils
continueront souvent de l’être jusqu’au XIVe. Mais, au début du XIIIe, certains auteurs font le
choix de la prose, jusque là utilisée pour écrire l’histoire. Ils ont probablement voulu donner
plus de crédibilité à leurs récits : l’histoire de la vie de Lancelot s’inscrivait ainsi dans une
chronique globale du royaume arthurien.
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