Steve Albini

Transcription

Steve Albini
Portrait
Steve Albini
"De la pureté"
Publié le 12/01/2016
MUSIQUE
Dans le rock dit "indépendant", depuis le milieu des années 1980,
enregistrer avec Albini est à la fois un sésame et une épreuve.
Sa discographie, en tant que musicien comme en tant que producteur,
est un modèle d'intransigeance.
Ses groupes Big Black, Rapeman et Shellac sont un condensé de rock
abrasif hardcore.
Shellac, Squirrel Song (extrait de 1000 Hurts , 2000) :
En termes de ventes, c'est
comme producteur (même s'il
refuse le titre) qu'il réalise ses
meilleurs scores : Pixies,
Nirvana , Jimmy Page & Robert
Plant... Mais du côté de ces
groupes porteurs et de leurs
labels, ce "son Albini" qui ne
concède rien au mainstream au contraire - peut
être synonyme de tassement.
Pourtant, cette intransigeance
attire les musiciens, quitte à
vendre moins de disques (du
moins provisoirement).
"Une grande partie de mon
travail d'ingénieur du son, explique-t-il, a été de faire coïncider
l'expérience de l'écoute d'un disque avec le souvenir sensoriel que j'en
avais au moment où ça se passait". Ce naturalisme esthétique, non
dénué d'ambiguïtés, "servait de repoussoir à un monde dans lequel
les disques de rock étaient de plus en plus "fabriqués" plutôt
qu'enregistrés, péniblement assemblés à grands coûts sur de longues
périodes de temps, avec des timbales fantômes partout" (in Greg
Milner, Perfecting Sound Forever )
Pixies, Where is my Mind? (extrait de Surfer Rosa , 1987) :
C'est qu'outre la spontanéité, Albini privilégie une certaine forme de
productivisme plus ou moins égalitaire à un investissement (logistique
et financier) sur de gros projets phares. Selon Clément Tuffreau
("Steve Albini - De la pureté" Melting-Pop, la pop music et son
contraire ), "il s'est fixé une ligne de conduite hyper rigide : il serait
un worker, un ouvrier ; il refuserait le poste de producteur pour rester
un "simple" technicien, ingénieur du son ou engineer".
Jimmy Page & Robert Plant, Please read the letter (extrait de Walking
into Clarksdale , 1998) :
En entrant à l' Electrical Audio,
son studio, Il n'y aura donc pas
de différence de traitement
entre des stars comme Jimmy
Page & Robert Plant, PJ Harvey
ou Nirvana, et des
musiciens peu connus des
médias comme The Ex, Fugazi,
ou les français de Sloy. La
constance de l'engagement
(non exclusif bien entendu) de
Steve Albini auprès
d'eux témoigne cependant de
leur importance à ses yeux :
plus de vingt ans dans le cas
du duo industriel Whitehouse.
The Ex, Towns of Stone (extrait
de Dizzy Spells , 2003) :
Steve Albini serait donc le"
défenseur d'une mythologie
presque réactionnaire de la
musique rock, avec à l'appui (et
en cohérence) tout la panoplie
de "vrai" rocker underground ou "punk", brut, "authentique", le disque
vinyle et l'ampli-guitare à lampes au son super-analogique (...) Les
disques qu'il a produits sont souvent des monuments de sécheresse
agressive, de brutalité nue, de rock brut, rêche" (Clément Tuffreau,
ibid.)
Mais pas seulement. La
préférence marquée d'Albini
pour des formes de rock
hardcore privilégiant l'efficacité
du trio basse-guitare-batterie
ne doit pas masquer son goût
pour des sonorités
radicalement différentes, ou
s'éloignant de cette base. Des
subtilités acoustiques de Joanna
Newsom au post-rock de Tortoise
ou Godspeed You! Black Emperor
, en passant par les bizzareries
cubistes de Gastr del Sol et la
pop rèche de Wedding Present,
The Auteurs ou Electrelane, sa discographie témoigne d'une volonté :
celle d'arracher au nivellement esthétique et éthique du mainstream
l'essentiel de ce qui compte, pour lui, dans le rock - ou les musiques
issues du rock - d'aujourd'hui.
Electrelane, Bells (extrait de Axes , 2005) :
Cette sensibilité ouverte, chevillée à une certaine radicalité éthique,
Steve Albini la partage avec de nombreux musiciens de sa ville,
Chicago.
C'est ce qui lui vaut de figurer aux côtés des jazzmen free Ken
Vandermark et Nate Wooley, ou du guitariste post-rock David Grubbs,
également artiste sonore, dans le beau film documentaire d'Augusto
Contento Parallax Sounds, réalisé en 2012.
Auteur
:
Claude-Marin Herbert
CC BY-SA 3.0 FR
Tags
:
Sélection de références
rock
Perfecting sound forever
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les problématiques de l'authenticité et de la perfection musicale.
Derrière cette évolution, se dévoile la contribution d'hommes
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, Steve Albini, King Tubby, Neil Young...
Bpi, Niveau 3, 780.62 MIL
Take one : les producteurs du rock
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Castor astral, 2012
Ce document retrace l'histoire du rock à travers les portraits d'une
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A la Bpi, Niveau 3, 780.62 DUP
Steve Albini, le problème est résolu
Frontman et figure emblématique de Shellac, un des groupes les plus
authentiques du circuit, mais également producteur d'une ribambelle
d'albums (cultes pour certains), Steve Albini a forcément une opinion
assez tranchée au sujet de la musique et de son business.
Discours prononcé lors de la conférence Face The Music à Melbourne,
Australie, le 15 novembre 2014 – Retranscription écrite de The Guardian
le 17 novembre 2014, traduite ici en français par Matthieu Choquet pour
Mowno.com
- Autres photos disponibles sur mixwiththemasters.com
, séminaires en production musicale ayant lieu en France
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