La Gazette de l`UIA Pages 3bis et 3ter

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La Gazette de l`UIA Pages 3bis et 3ter
ANNEE
2015
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N°35
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« Si le monde m’était dansé »
Le 30 mars dernier, les murs du ville fermée, entourée d’un mur,
conservatoire de Melun abritaient d’où l’on ne sort pas et où l’on
une bien originale et passionnante n’entre pas facilement non plus.
L’hôtesse balinaise de MarieAude Ravet vivait pourtant en
dehors de Tenganan. Adolecente,
elle faisait le mur et tomba
enceinte. Elle fut mariée à
l’homme qu’elle aimait mais dut
quitter le village. Comme les
filles doivent se marier par ordre
d’âge, elle condamnait aussi sa
sœur ainée au célibat. Mais celleci put un jour adopter un petit
orphelin et, depuis, la jeune
femme a le droit de venir passer
quelques heures de temps en
conférence, celle de la danseuse temps avec sa famille, mais plus
Marie-Aude Ravet, ici en costume de porter le costume traditionnel
ni de dormir sur place. Quant aux
mongol (photo DC.)
Il y a quelques années, elle rendit danses balinaises, elles sont assez
les clefs de son appartement, mit sportives : orteils dressés, doigts
ses affaires dans une valise et se tendus, dos cambré, jambes
lança dans un périple de quatre pliées. Marie-Aude Ravet choisit
ans qui devait lui faire traverser de nous présenter une danse de
vingt-cinq pays. Pour gagner sa bienvenue.
vie, elle donnait des cours de En l’Inde, la conférencière vécut,
danse orientale. Sur place, elle au Rajasthan, au sein de la
apprenait la langue de chaque communauté Kalbeliya qui a
pays, ainsi que la culture et les longtemps vécu du dressage des
serpents, suite à la malédiction du
danses locales.
La conférence mettait en lumière dieu Shiva. Plus récemment, la
trois destinations : Bali, l’Inde et communauté s’est tournée vers la
la Mongolie. Chaque partie danse. Les femmes imitent donc
dansée de la conférence était les mouvements des cobras,
particulièrement
précédée d’un diaporama et technique
d’extraits
filmés
présentant impressionnante. Le récit se
chaque pays tel qu’il apparut concentra sur deux femmes, Sua
d’abord à la voyageuse : des Devi Kalbeliya, rendue célèbre
couleurs, des paysages, des par le film Latcho Drom, et sa
visages, des sons, de la musique fille Malika. Malika a dix-sept
ans, sait lire et écrire, tient le rôle
et de la danse.
d’institutrice dans son village et
De Bali, elle choisit de nous est une danseuse exceptionnelle.
parler d’une jeune trentenaire et Marie-Aude Ravet la voit comme
de sa famille. La jeune Bali-Aga un symbole de libération des
(population originelle de Bali) Kalbeliya, un espoir, la fin des
venait de Tenganan, ville qui se moqueries de l’administration
divise en deux parties : une face à une communauté largement
ceinture commerçante où les analphabète. Bref, une très belle
touristes achètent des tissus et une et émouvante histoire.
Dernière
destination :
la
Mongolie. Au terme d’un récit
très humoristique narrant les
aménités du temps mongol (avec
une amplitude de températures
entre -50 et + 50°C) et de sa
gastronomie (ah, les joies du gras
de mouton !), elle nous parle de
ce peuple de nomades qui cherche
le contact permanent avec le
monde invisible grâce aux
chamanes. Les danses s’inspirent
du mouvement des chevaux ou
des activités quotidiennes telles
que la chasse ou la fabrication du
feutre. Hommes et femmes
dansent, chassent, cuisinent.
Leurs activités étant sensiblement
les mêmes, leurs danses sont
similaires. Par ailleurs, pour un
homme, savoir danser est signe de
virilité.
Trois destinations, trois costumes,
trois danses, trois voyages sans
bouger de nos confortables
fauteuils
du
conservatoire
melunais.
Une
très
belle
conférence, pleine de tendresse,
d’émotion et d’affection pour les
personnes rencontrées par la
conférencière. Nous sommes
donc repartis en espérant que, sur
les vingt-deux autres destinations
de ce voyage de quatre ans,
Marie-Aude Ravet pourra bâtir
quelques autres conférences et
nous rendre à nouveau visite dans
les années à venir.
Delphine CINGAL
Etudiante UIA
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Ces textes qui ont marqué l’Histoire de France
Le choix
de
ce
cours
intéresse
autant
les passionnés d’histoire que les étudiants curieux de découvrir un
patrimoine culturel de textes essentiels dont certains sont toujours d’actualité. Le premier
cours commence par un rappel
historique chronologique de la
succession des rois de France qui
détenaient alors tous les pouvoirs. De la Chrétienté médiévale
à l’émergence d’un État de droit,
puis de la Renaissance à l’Absolutisme. Chaque étape au cours
des siècles est importante et, Isabelle Dumielle notre professeur
revenue à sa passion première
pour l’histoire, nous amène progressivement à comprendre l’intérêt de ce retour en arrière.
Au 9e siècle après la séparation
de l’empire carolingien entre les
héritiers de Charlemagne, l’autorité royale faiblit. D’autant plus
que les invasions barbares créent
l’insécurité et provoquent le repli
des populations auprès des seigneurs locaux qui assurent leur
protection. Disposant, par délégation royale, du droit de justice,
ils gagnent en puissance. C’est à
cette époque qu’apparaît la féodalité, un système fondé sur la
fidélité et l’obéissance du guerrier à son seigneur en échange
d’une terre. Cette délégation du
pouvoir royal et le système pyramidal qui s’instaure avec l’éclatement du nombre de propriétés
affaiblissent considérablement
l’autorité du roi.
C’est Hugues Capet qui redressera la situation, créant l’hérédité
de la fonction en associant son
fils au pouvoir. Il est aussi question de Philippe II (Philippe Auguste) et de la victoire de Bouvines, puis de Louis IX qui s’appuie sur des hommes de loi pour
gouverner.
Les écoles monastiques se développent au 12e siècle puis sont
regroupées en universités. Le roi
en confie l’organisation et le
contrôle à l’Église ce qui permet
au pape de déclarer en 1231 que
l’université relève exclusivement
du Saint-Siège. Seuls les clercs
parlent le latin, la langue de l’enseignement. La faculté des arts,
la première (incluant sept arts)
dure sept années. Ensuite les étudiants peuvent se spécialiser entre théologie, droit canon, droit
civil ou médecine.
Parce que l’université est sous le
contrôle direct du Saint-Siège, le
pape a le pouvoir de censurer
l’enseignement, ce que contestent les humanistes dont l’influence croît à partir du règne de
François 1er.
Le jeune roi, auréolé de la victoire de Marignan, 1515, soutient
les humanistes, tel Guillaume
Budé, qui prônent une nouvelle
conception de l’étude à partir des
textes originaux. Ainsi se mettent-ils à traduire les textes anciens et à étudier la philologie.
Lettre de Guillaume Budé au roi
François 1er pour la fondation de
Collège royal de France (1529).
« Vous avez dit que l’on fonderait une demeure magnifique
pour toutes sortes de sciences et
pour l’étude des langues, … …,
dans lequel il sera permis à ceux
qui étudient les belles-lettres de
faire une partie de leurs études,
… : ce sera comme un sanctuaire
consacré à Minerve et aux Muses. »
Voici comment petit à petit, nous
sont expliquées et servies l’origine et l’étude de la langue française. Puis de la conservation des
publications depuis 1537 avec le
dépôt légal, qui existe toujours
pour tout nouveau livre publié.
« Comme depuis notre avènement à la couronne, nous avons
singulièrement sur toutes autres
choses désiré la restauration des
bonnes lettres, qui par long intervalle de temps ont été absentes … … Voulons et ordonnons
que nul libraire ou imprimeur de
notre royaume puisse vendre
aucun livre imprimé hors de notre royaume de quelque qualité,
quantité ou discipline qu’il soit,
que d’abord il n’en baille la
communication au garde de notre dite librairie. » François 1er.
Lettre patente pour l’institution
du dépôt légal.
Et puis l’Ordonnance sur le fait
de la justice, dite ordonnance de
Villers-Cotterêts
de
1539 :
« nous voulons dorénavant que
tous arrêts, ensemble toutes autres procédures, soit de nos
cours souveraines et autres subalternes et inférieures, soit de
registres enquêtes, contrats,
commissions, sentences, testaments, et autres quelconques actes et exploits de justice, ou qui
en dépendent, soient prononcés,
enregistrés et délivrés aux parties en langage maternel français et non autrement. »
Si en 1539 François 1er légifère
pour développer la langue française, c’est l’ébauche d’un étatcivil pour le contrôle des populations et instituer une langue commune, au détriment du latin et
des langues régionales.
À l’heure de la modernité et de la
mondialisation, ne serait-on pas
tenté de s’y référer régulièrement
afin d’éviter l’anglicisation de
contrats et pratiques, notamment
dans le domaine professionnel de
certaines grandes entreprises internationales qui obligent l’utilisation de l’anglais dans leurs sociétés ? Ici c’est l’étudiante et
romancière qui s’interroge et
s’inquiète.
Gisèle MEUNIER-PIQUET
Etudiante UIA
3TER

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