Octobre 2009 - Lumière sur un homme de l\`ombre (

PORTRAIT
N° 191 Octobre 09
NOM : Chaveyriat
PRÉNOM : Michel
NÉ : en 1944
à Bourg-en-Bresse
FAMILLE : trois enfants,
deux filles et un garçon
PASSION : son métier,
les chevaux, l’éducation
canine et la ferraille
VISION DE
BOURG-EN-BRESSE :
Pour rien au monde,
il n’irait habiter ailleurs.
“Tout est fait pour que les
gens soient heureux. On a
tout à portée de main”.
© B. Dutheil
Lumière sur un homme
de l’ombre
Régisseur au Théâtre de Bourg pendant 43 ans, Michel Chaveyriat a pris sa retraite
cet été. Homme de l’ombre, il a vécu son métier avec passion. Il compte, à son actif,
environ 1 300 spectacles et des dizaines de rencontres.
Je vais enfin
voir des
spectacles
en entier !”
© DR
Michel Chaveyriat
(à droite) en 1975.
Il a été régisseur au
Théâtre de Bourg
pendant 43 ans.
J
eudi 25 juin 2009 au Théâtre.
C’est la première fois que
Michel Chaveyrait monte sur
scène, rideaux ouverts, face à une
salle comble qui l’attend. Le maire
Jean-François Debat va lui remettre
la médaille Art et Culture de la Ville
de Bourg. En ce jour de présentation
de la saison théâtrale 2009-2010,
Michel Chaveyriat tremble. “Ça
m’a tellement bloqué que je n’arrivais pas à dire un mot !”. Le voici
sous les projecteurs, lui qui, pendant
43 a n s, a vé cu à
l’abri des regards en
tant que régisseur du
Théâtre de Bourg.
Aujourd’hui, l’heure
de la retraite a sonné.
Imagine-t-on que derrière chaque spectacle
- 1 300 environ - ,
cet homme a tiré les
ficelles, planté les
décors, posé les projecteurs, démonté,
remonté la scène…
“Si c’était à refaire,
je le referais, mais en
commençant encore
plus jeune !”. Michel
a 22 ans quand il rentre à la mairie.
“C’était le 1er mai 1966” se souvientil. En poche, un CAP de serrurier,
un CAP de soudeur, et déjà neuf ans
de métier. Son rêve depuis toujours :
travailler la ferraille. A la mairie, il
devient l’homme qui sait tout faire.
“J’ai attaqué au Théâtre comme
machiniste, mais pas en continu”. Ils
sont une équipe de 12 sous les commandes de Robert Moreteau. Michel
prend du galon, devient éclairagiste,
puis, avec l’arrivée de Dominique
Ferrier dans les années 70, chef électricien. Le théâtre devient associatif,
l’équipe se resserre, Michel ne quitte
plus la scène.
AUTOGRAPHES
“On commençait le lundi, on finissait le dimanche et on recommençait”. 1 heure du matin, 3 heures,
5 heures… Les nuits se terminaient
à point d’heure. “Certes, la famille
en prend un coup”. Michel est passionné. “Un très beau travail, jamais
la même chose. Ce qui me plaisait,
c’était à la fois le côté technique et le
contact avec les artistes” soulignet-il. Une vie dans l’ombre sous le
regard des grands. Annie Cordy,
Jean Marais, Bernard Blier, Vincent
Lagaf, Tino Rossi, Sylvie Vartan,
Johnny Hallyday…
Dans une malle, Michel a cumulé
les autographes. Autant de souvenirs toujours aussi présents.
“Jean Marais, après le spectacle, il
nous regardait démonter la scène.
Ensuite, il nous invitait à boire
le champagne à la Brasserie du
théâtre”. Jean-Louis Trintignant
est plus réservé. “Il fait partie des
grands, mais il est d’une timidité
profonde. Avant le spectacle, il
venait sur le plateau et il fallait qu’on
discute avec lui”. Bernard Blier,
lui, ne voulait voir personne sur le
plateau. Quant à Lagaf, “c’était le
comique du début à la fin”.
Aujourd’hui, le rideau est tombé.
Michel Chaveyriat appréhende.
Depuis le 19 août dernier, jour de sa
retraite, il est déjà passé 5 à 6 fois au
Théâtre. “J’ai un petit pincement au
cœur, je suis devenu le badaud…”.
Cet hiver, il ira aux spectacles. Il
s’assoira à l’abri des regards. “Je
vais enfin voir des spectacles en
entier !”.
Une consolation pour cet homme
de l’ombre.
w w w. b o u r g e n b r e s s e . f r I C ’e s t à B o u r g I p a g e 15