L`aménagement du temps de travail
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L`aménagement du temps de travail
Brochure L’aménagement du temps de travail 7 Brochure no 7 Editeur: Société suisse des employés de commerce Hans-Huber-Strasse 4 Case postale 1853 8027 Zurich Téléphone 044 283 45 45 Téléfax 044 283 45 65 E-mail [email protected] La reproduction, même partielle, n’est possible qu’avec l’autorisation de la SEC Suisse. Prix de vente: CHF 15.–, sous réserve de modifications. Avantpropos Chère lectrice, cher lecteur, Le monde du travail est en profonde mutation. La mondialisation de l’économie, les changements structurels consécutifs aux évolutions techniques et à la rationalisation, ainsi qu’une pression concurrentielle toujours plus marquée influent sur la conception du travail rémunéré et sur la notion du temps à lui consacrer. De plus, le taux de chômage relance les débats sur la durée du travail et sur l’aménagement des horaires qui est de plus en plus souhaité. L’aménagement du temps de travail offre des opportunités mais comporte aussi des risques tant pour les salarié(e)s que pour les entreprises. Les premiers espèrent obtenir une marge de manœuvre accrue dans la structuration de leurs activités ainsi qu’une meilleure adéquation entre les exigences du monde du travail et celles découlant de la vie de famille. Les entreprises espèrent exploiter ainsi leurs moyens de production avec une plus grande efficacité à compenser les fluctuations de la demande. On décèle aussi dans la volonté d’aménager le temps de travail un moyen de contribuer à réduire le chômage. Mais des risques réels peuvent apparaître lorsque les partenaires sociaux rechignent à collaborer sur les questions d’aménagement des horaires. Dans ce cas, cela peut précariser les conditions de travail comme c’est le cas avec le travail sur appel. En publiant la présente brochure, la Société suisse des employés de commerce souhaite notamment garantir que l’aménagement des horaires ne soit pas défini unilatéralement par les entreprises. Cette brochure concrétise aussi les exigences et les objectifs que la Société suisse des employés de commerce a élaborés en 1996 dans le cadre de sa politique en faveur des employé(e)s et de sa politique en faveur de l’égalité: • réduction de la durée du travail dans le but qu’elle ait un effet direct sur l’emploi, • promotion de modèles d’horaires favorisant les notions d’égalité et de préservation de la vie familiale, • participation des employé(e)s à l’élaboration de nouveaux modèles de temps de travail, • possibilité de travail à temps partiel à tous les niveaux hiérarchiques. Nous vous renvoyons aussi à la brochure no 5 «Travail à temps partiel». Nous vous souhaitons une lecture instructive et constructive. Susanne Erdös Secrétaire centrale, SEC Suisse 3 Introduction Activité lucrative et autres formes de travail Rétrospective sur la durée et la répartition du travail 4 5 5 6 Activité lucrative: faits et tendances actuels Economie nationale: essor du secteur tertiaire, avec davantage de femmes et de postes à temps partiel Evolution de l’emploi, ou du chômage, en Suisse Horaires de travail contractuels et effectifs Réglementation sur le temps de travail en Suisse 10 10 14 16 21 Considérations générales sur les nouveaux modèles de temps de travail Mutations économiques dans les entreprises Les modèles de temps de travail en tant qu’instruments susceptibles d’éviter le chômage Nouvelles priorités et autres choix de vie De bonnes raisons pour une meilleure redistribution du temps de travail Résistances contre la réduction et l’assouplissement des horaires Bases juridiques 24 24 24 28 31 32 33 Tour d’horizon de différents modèles d’horaires de travail Horaire de travail mobile (HTM) Horaire de travail annualisé Horaire libre ou variable Système d’éléments modulaires Système de fourchettes Horaire de travail modulé en fonction de la charge de travail (HTMCT) Travail à temps partiel (TTP) Job-sharing (partage des postes) Horaire en tandem Répartition variable du temps de travail au cours de différentes périodes de l’existence Congé sabbatique (congé de longue durée) Retraite progressive et retraite à la carte 34 34 35 36 37 37 37 38 40 42 42 43 44 Application du principe de l’aménagement du temps de travail Conditions préalables à son application Objectifs Exemples appliqués 46 46 48 51 Partager les postes: chances accrues pour femmes et cadres Critères de partage des postes Potentiel des femmes en terme d’emploi Potentiel de travail à temps partiel des cadres 54 54 55 57 Tendances dans l’organisation du temps de travail 59 Bibliographie 60 Société suisse des employés de commerce Une association forte offrant de nombreux avantages Publications de la SEC Suisse en matière d’emploi 62 62 65 Impressum 66 Introduction Activité lucrative et autres formes de travail Le travail remplit plusieurs fonctions. Il structure le temps, donne à l’individu son identité et son statut, favorise le développement personnel, stimule les contacts sociaux et assure un revenu à celui qui l’exerce. Le travail peut se classer en cinq catégories: le travail lucratif, les tâches familiales, les loisirs créatifs, les activités de perfectionnement et le bénévolat social. • C’est le travail lucratif qui occupe la place la plus importante dans l’ensemble du budget «temps» d’un ménage. Il procure de l’argent (fonction de revenu) et de la considération (statut social et identitaire). • Les tâches familiales et éducatives se situent en deuxième position. En terme d’économie publique, elles constituent une plus-value qui se chiffre par milliards et influent directement sur la qualité de vie. • Les loisirs créatifs permettent de réaliser des économies et de se délasser. • Les activités de perfectionnement stimulent le travail lucratif. • Le bénévolat social apporte son soutien à la communauté (aide au voisinage, etc.). On entend par travail lucratif les activités pour lesquelles on perçoit une contre-prestation financière (salaire, traitement). Le sociologue Ralf Dahrendorf attribue cinq fonctions au travail lucratif. Elles découlent directement des conditions cadres du marché du travail: 1. Le travail est la principale source de revenu. 2. Le travail donne accès aux prestations sociales, y compris à l’assistance en cas de maladie ou de vieillesse. 3. Le travail contribue à l’estime de soi et à la considération de la part d’autrui. 4. Le travail favorise les contacts sociaux. 5. Le travail est le principal instrument de contrôle social. La définition du travail en tant qu’activité lucrative – activité rémunérée – est issue du monde de l’économie. Elle reflète l’attitude de la société qui lie étroitement la valeur personnelle et le sens de la vie à la forme d’activité. En revanche, cette définition n’intègre pas l’expérience personnelle (mères, pères, parents, partenaires, etc.) acquise au travers des soins prodigués aux enfants, personnes âgées ou malades, qui représentent pourtant des activités exigeantes en temps et en efforts. 5 Pour certaines personnes, le travail dépasse la notion de ressource lucrative. C’est pour cette raison que l’on voit émerger de nouveaux modèles de temps de travail. Mais faisons d’abord un petit retour en arrière… Rétrospective sur la durée et la répartition du travail 1 Travail et industrialisation A l’époque préindustrielle, la durée du travail était très variable. Il ne visait pas seulement à couvrir ses besoins matériels, mais suivait l’évolution du niveau des commandes et le temps nécessaire pour accomplir les travaux. Il laissait une large place aux activités personnelles et aux habitudes culturelles et religieuses. A l’époque préindustrielle, la journée de travail de l’artisan dépendait de l’importance des tâches à effectuer et du rythme personnel. Travail et loisirs n’étaient pas strictement délimités; la durée et l’intensité du travail variaient notablement. On n’avait pas l’habitude de constituer des stocks et l’on ne produisait pas à l’avance pour un marché dont on ne connaissait pas les exigences. La quantité de travail dépendait donc du volume des commandes. Il y avait ainsi alternance de journées de travail interminables, du lever au coucher du soleil, et de jours chômés pendant lesquels on ne gagnait rien. La durée annuelle de travail était nettement plus courte à cette époque qu’à l’ère industrielle qui suivit: les recherches historiques ont fait apparaître que l’on ne travaillait guère plus de 180 jours par an. Cette situation se modifia avec l’industrialisation. L’émergence des fabriques détruisit les repères temporels traditionnels de la société. Sur le plan culturel, l’instauration d’une toute nouvelle structuration chronologique qui découpla le temps de toutes ses composantes culturelles et religieuses et en fit la référence de tous les processus de travail constitua l’une des plus importantes retombées de l’industrialisation. La devise se résumait désormais en une phrase: «Le temps, c’est de l’argent». On élabora des directives très strictes et introduisit des contrôles. Des surveillants furent chargés d’inculquer aux ouvriers et ouvrières des fabriques les nouvelles règles basées sur le temps. Le travail devint monotone et répétitif; les gestes s’adaptèrent à la cadence des machines. Les conditions qui étaient de mise dans les usines étaient catastrophiques. Soucieux de rentabiliser au maximum les installations entraînées par des machines à vapeur, les employeurs accrurent la durée de la journée de travail. Les machines qui ne s’arrêtaient jamais étaient très rentables. Les patrons introduisirent le travail de nuit et du dimanche pour maximiser leurs bénéfices. La durée moyenne du travail s’allongea. 1 6 D’après: Holenweger, Toni/Conrad, Hanspeter (éd.): Arbeit & Zeit. Neue Arbeitszeitmodelle aus der Praxis. Kontrast, Zurich 1998, pp. 51–57. Rares étaient les ouvrières et ouvriers qui protestèrent car ils n’étaient pas organisés et manquaient d’expérience en matière de luttes des classes. Par ailleurs, la surabondance de main-d’œuvre freina pendant longtemps les chances de réussite de leurs revendications. Ce n’est qu’à partir de la seconde moitié du 19e siècle que les conditions de travail de la classe ouvrière commencèrent à s’améliorer. Leur lutte porta alors essentiellement sur la réduction des heures de travail. Evolution de la durée légale maximum du travail en Suisse 1848 Semaine de 78 heures Première loi cantonale sur les fabriques: introduction de la journée de 13 heures à Glaris. 1864 Semaine de 72 heures Introduction de la journée de travail de 12 heures dans la loi sur les fabriques du canton de Glaris. 1877 Semaine de 66 heures Première loi fédérale sur les fabriques, avec effet de signal dans toute l’Europe. Pour la première fois, un «contrat type de travail» prévoit que toutes les fabriques doivent introduire la journée de travail de 11 heures. 1889 Au congrès de la Deuxième Internationale, on exige pour la première fois la journée de travail de 8 heures. 1905 Journée de travail de 9 heures le samedi La loi fédérale sur les fabriques est modifiée: la journée de travail est ramenée de 11 à 9 heures le samedi. 1914 Semaine de 59 heures La loi fédérale sur les fabriques est à nouveau modifiée: on ne travaille plus le samedi après-midi. 1918 Lors de la grève générale, on formule l’exigence de la semaine de 48 heures. 1919 Semaine de 48 heures Introduction de la semaine de 48 heures dans la loi sur les fabriques. 1964 Loi sur le travail (loi fédérale sur le travail dans l’industrie, l’artisanat et le commerce). Elargissement du champ d’application de la loi, dispositions échelonnées selon les branches (45 ou 50 heures hebdomadaires). 1998 Révision de la loi sur le travail (en vigueur dès le 1.1.2000) Adaptations à l’impératif de l’égalité et libéralisation partielle avec nouvelles dispositions de protection des travailleurs. 7 En Suisse, plus de 60 ans s’écoulèrent entre la première législation cantonale de 1848, qui prévoyait une limite maximale de 78 heures hebdomadaires de travail, et la semaine de 59 heures inscrite dans la loi fédérale sur les fabriques de 1914. Ce n’est que cinq ans plus tard, après les bouleversements de la Première guerre mondiale et sous la pression de la grève générale, que la loi sur les fabriques retrancha 11 heures à la durée du travail hebdomadaire. Il fallut encore attendre 50 ans pour qu’elle se réduise de trois heures supplémentaires. Depuis 1964, la durée légale maximale de la semaine de travail est de 45 heures pour les salarié(e)s des entreprises industrielles ainsi que pour le personnel de bureau, technique et les autres employé(e)s, y compris le personnel de vente des grandes entreprises du commerce de détail. Elle est de 50 heures pour tous les autres salarié(e)s. En 1958, le peuple rejeta l’initiative de l’Alliance des indépendants en faveur de la semaine de 44 heures; en 1976, l’initiative du POCH pour la semaine de 40 heures connut le même sort. Une première tentative visant à libéraliser la loi sur le travail de 1964, ou tout au moins à en atténuer les dispositions relatives à la protection des salariés, échoua sous la pression des syndicats. En 1998, la version remaniée – loi sur le travail révisée – fut adoptée sans grande difficulté par le peuple. Une initiative populaire «pour une durée du travail réduite» lancée par l’Union syndicale suisse (USS) fut rejetée par le peuple le 3 mars 2002. L’initiative demandait que l’horaire de travail maximal ne dépasse pas 1872 heures par année, ce qui correspondait à une semaine de travail de 36 heures. Aller vers la normalisation – et retour? La lutte pour l’amélioration des horaires de travail ne se limita pas à essayer d’en réduire la durée. Patrons et ouvriers cherchaient aussi à normaliser les horaires en visant à ce que la durée de la journée, de la semaine et de l’année de travail soit aussi uniforme que possible pour tous les salarié(e)s. Même si les entreprises et les syndicats se sont livrés des luttes acharnées à propos de la durée du travail, ils étaient largement d’accord sur la question de sa normalisation. L’émergence de l’ère industrielle bouleversa la culture du travail par rapport à celle qui régnait au Moyen Age. Cette évolution fut marquée par différentes phases: • La normalisation engendra une réduction du temps de travail et une bipolarisation entre travail et loisirs. La durée du travail et le temps libre sont réglementés et soustraites à la décision personnelle des salarié(e)s. • En raison de la réduction des horaires et de leur normativation ainsi que sous la pression d’exigences accrues et d’impératifs de délais qui en découlèrent, les cadences de travail ne cessent de s’accroître. 8 • En raison de l’accroissement des coûts de la production ainsi que de l’informatisation et de l’essor des services, on adopte le travail en équipes et de nuit, et prolonge les heures d’ouverture des entreprises. La notion de durée normale du travail s’effrite. Les dispositions uniformes normatives disparaissent. Qui accomplit le travail lucratif? Durant toute cette phase d’évolution, la notion de travail et du temps à lui consacrer a fortement changé. Mais c’est surtout la répartition de ses différentes formes qui s’est modifiée. Au début de l’industrialisation, le travail rétribué reposait – par exemple dans les ateliers de tissage à domicile installés à la campagne – sur une collaboration de tous les membres de la famille. Dans les premières fabriques du 19e siècle, ce n’était pas seulement les hommes qui travaillaient, mais aussi les femmes et les enfants. Avec l’amélioration du niveau de vie, on vit apparaître de nouvelles formes de répartition du travail qui détermina les conditions de la société bien au-delà de la Seconde guerre mondiale. Elles perdurèrent jusque dans les années 60 et même au-delà: les hommes se consacraient au travail lucratif alors que les femmes mariées, avec ou sans enfants, effectuaient les tâches ménagères. Seules les jeunes filles ou les célibataires travaillaient à l’extérieur pour subvenir à leurs besoins. Ce n’est qu’à partir des années 60 que les femmes s’intégrèrent peu à peu au monde du travail indépendamment de leur état civil. Mais leur participation croissante au travail lucratif n’entraîna nullement une égalité automatique au niveau des salaires et des opportunités de carrière. Et cette égalité – en faveur de laquelle la SEC Suisse s’engage depuis longtemps – n’est toujours pas entièrement acquise. 9 Activité lucrative: faits et tendances actuels Economie nationale: essor du secteur tertiaire, avec davantage de femmes et de postes à temps partiel De la société industrielle à la société de services L’économie suisse poursuit sa mue en direction d’une société de services. Aujourd’hui, quelque 70 % des personnes actives travaillent dans le secteur tertiaire, alors qu’elles ne représentaient qu’à peine 40 % en 1960. De 47 % qu’elle était en 1960, la proportion de personnes employées dans le secteur secondaire (industriel) atteint aujourd’hui environ 25 %. On peut l’attribuer aux progrès techniques (nouveaux procédés, nouveaux produits, informatique, etc.) ainsi qu’au développement de la mondialisation (globalisation); phénomènes qui ont contribué à voir émerger de nouveaux marchés et sites de production (notamment avec la délocalisation dans des pays à bas salaires). Evolution de l’effectif des personnes actives * par secteur (1960–2002) Personnes (en milliers) 5000 Personnes actives total 4000 Secteur tertiaire (services) 3000 2000 Secteur secondaire (industrie et artisanat) 1000 Secteur primaire (agriculture) 0 1960 Année 1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 * Selon la définition du Bureau international du travail, est active une personne qui exerce une activité professionnelle au moins une heure par semaine. Cette définition est appliquée en Suisse depuis 1991. Précédemment, la durée minimale du travail était de six heures par semaine. Source: OFS, Annuaire statistique 2003 10 Dans le secteur tertiaire également, on a assisté – et l’on assiste encore – à de profonds changements: depuis les années 60, les domaines de la santé et social, de même que celui de la formation, ont énormément gagné en importance. Le secteur financier (banques, assurances et divers autres acteurs) ainsi que les services proches des entreprises, tels que l’informatique, les fiduciaires ou le conseil, ont également beaucoup évolué, connaissant des phases alternées de forte progression et de régression. En revanche, les parts à l’emploi dans l’hôtellerie et le commerce de détail ont diminué. L’évolution vers une société de services n’est toutefois pas achevée; de nombreux signes laissent à penser que les secteurs secondaire et primaire perdront encore de l’importance. Proportion croissante de femmes Depuis les années 60 environ, les femmes participent toujours plus à la vie active. Sur l’ensemble de la population féminine (dans la tranche d’âge de 0 à 99 ans et plus), la part des femmes actives (taux d’activité brut) a passé de 33 % en 1960 à près de 50 % actuellement. Durant cette même période, le pourcentage des hommes actifs a diminué de 66 % à 63 %. Ce phénomène est notamment dû à l’allongement des périodes de formation et aux mises à la retraite anticipée. Taux d’activité brut selon le sexe (1960–2002) Personnes actives en % de la population résidante permanente 70% 60% Taux d'activité total Taux d'activité hommes 50% Taux d'activité femmes 40% 30% 1960 Année 1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 A noter: pour 1961–1970, il n’y a pas de données distinguant les femmes et les hommes (interpolation). * Le taux d’activité brut exprime la proportion de personnes actives par rapport à la population résidante permanente (0–99+ ans). Selon la définition du Bureau international du travail, est active une personne qui exerce une activité professionnelle au moins une heure par semaine. Cette définition est appliquée en Suisse depuis 1991. Précédemment, la durée minimale du travail était de six heures par semaine. Source: OFS, Annuaire statistique 2003 11 Le taux d’activité net (proportion des femmes actives entre 15 et 64 ans par rapport à l’ensemble des femmes de ce groupe d’âge) atteint aujourd’hui 70 %. Cela signifie qu’au sein de ce groupe d’âge, sept femmes sur dix exercent une activité lucrative. Pour ce qui est des hommes, ce taux atteint 87,5 % 2. La population, l’économie et même les «philosophies» varient pourtant d’une région à l’autre. Ces différences se répercutent inévitablement sur le niveau de participation au travail lucratif 3. Ainsi, en Suisse, le taux d’activité des hommes et des femmes est souvent supérieur aux valeurs enregistrées dans les pays de l’Union européenne. Seuls les Pays-Bas, la Grande-Bretagne et les pays nordiques font apparaître des valeurs analogues 4. Si de plus en plus de femmes exercent effectivement une activité lucrative, cette ressource en main-d’œuvre n’est de loin pas pleinement exploitée. Le graphique ci-dessous permet de bien le visualiser: en 2001, les hommes représentaient encore 57,3 % des personnes actives. Mais les 6340 millions d’heures effectuées ne correspondaient pas à cette répartition. 64 % du travail fourni l’était par les hommes et le 36 % par les femmes. Cela provient du fait que les femmes occupent beaucoup plus fréquemment des postes à temps partiel que les hommes. Part des hommes et des femmes à la population active et au volume de travail (2001) Personnes actives 57,3 % Volume de travail effectif 0% 42,7 % 36,0 % 64,0 % 20 % Hommes 40 % 60% 80% 100% Femmes Source: OFS, Indicateurs du marché du travail 2002 Plein temps et temps partiel 5 En 2001, sur 3,75 millions de personnes actives (à l’exception des personnes en apprentissage, des frontalières et frontaliers, des travailleuses et travailleurs saisonniers, etc.), 2 3 4 5 12 Office fédéral de la statistique (OFS): Communiqué de presse concernant le recensement fédéral 2000 (population active). Neuchâtel, 6.6.2003. Ainsi, la Suisse allemande enregistre des valeurs un peu plus élevées pour les hommes et les femmes que la région lémanique, alors que les valeurs du Tessin sont inférieures à la moyenne. Office fédéral de la statistique (OFS): Annuaire statistique suisse. Editions NZZ, Zurich 2003, p. 168. Sur le modèle de: Strub, Silvia: Le travail à temps partiel en Suisse: étude axée sur la répartition du travail à temps partiel entre femmes et hommes et sur la situation familiale des personnes actives occupées. Bureau d’études de politique du travail et de politique sociale (BASS). Berne 2003. Strub définit tout emploi à moins de 100 % comme travail à temps partiel. Les statistiques officielles (OFS, seco), en revanche, considèrent l’emploi entre 90 et 100 % comme travail à plein temps. 1,25 million de personnes étaient occupées à temps partiel, dont les quatre cinquièmes étaient des femmes. 60 % des femmes actives travaillent à temps partiel alors que cette proportion n’est que de 12 % environ en ce qui concerne les hommes. Nombre de personnes actives avec postes à temps partiel/à plein temps (2001) Hommes 250000 Femmes 1 830 000 1000000 660 000 0,5 mio. 0 1,0 mio. Temps partiel 1,5 mio. 2,0 mio. 2,5 mio. Plein temps Source: Strub 2003 Les femmes travaillant à temps partiel sont nettement plus nombreuses en chiffres absolus et relatifs. Les emplois à 50 % semblent être la forme la plus fréquente d’occupation à temps partiel pour les deux sexes. Nombre de personnes actives selon le taux d’activité (2001) Personnes 2,0 mio. 1830000 1,5 mio. 1,0 mio. 660000 0,5 mio. 170 000 53 000 219 000 44 000 276 000 63 000 167 000 41 000 166000 51000 0 mio. 0 – 19 % 20 – 39 % 40 – 59 % 60 – 79 % 80–99% 100% Taux d'activité Femmes Hommes Source: Strub 2003 L’importance du travail à temps partiel diffère selon les branches et les professions. Dans le secteur bancaire et des assurances, mais aussi en partie dans l’industrie et l’artisanat, la part des femmes occupées à temps partiel atteint 40 %; dans ceux de la santé 13 et social, les taux culminent à 70 % et même plus. Les hommes occupés à temps partiel travaillent surtout dans l’enseignement, la santé et le social, ainsi que dans d’autres services; ils sont moins répandus dans l’industrie et les activités transformatrices. On constate souvent une certaine dicotomie entre le travail à temps partiel et la position professionnelle des personnes actives. Les hommes sont rarement occupés à temps partiel dans les postes à responsabilités alors que les femmes le sont davantage. A tort ou à raison, on pense que les postes dirigeants exigent une plus grande disponibilité. Ainsi, on trouve moins de personnes travaillant selon un horaire réduit dans les postes à responsabilités. Le travail à temps partiel en plein essor Depuis le début des années 90, la proportion des femmes actives a continué d’augmenter et le travail à temps partiel des femmes s’est également renforcé. Cette évolution a été favorisée par l’essor de la société de services et par l’acceptation plus large des postes à temps partiel. Au cours de la période considérée, la part du travail à temps partiel est passée de 50 % à 60 %. Chez les hommes, le taux d’activité a légèrement baissé alors que, simultanément, la proportion du temps partiel par rapport au plein temps augmentait légèrement. Malgré la faiblesse de la conjoncture économique actuelle (2003), le nombre de femmes occupées à plein temps et à temps partiel tend à progresser; en revanche, le nombre d’hommes travaillant à temps partiel recule, tendance notamment due à la multiplication des retraites anticipées 6. En Suisse, le travail à temps partiel est principalement exercé par les femmes. La répartition dominante des rôles les empêche souvent de travailler à plein temps. En outre, les postes à temps partiel proposés s’adressent surtout aux fonctions figurant au bas de la hiérarchie. Revendication de la SEC Suisse: Le travail à temps partiel doit être attrayant tant pour les femmes que pour les hommes. Il doit être structuré en conséquence, et être proposé aussi pour des postes hautement qualifiés et pour des fonctions d’encadrement. Evolution de l’emploi, ou du chômage, en Suisse Dans le débat relatif à la durée du temps de travail et ses divers modèles, la situation réelle du marché de l’emploi détient un rôle déterminant. Après la Seconde guerre mondiale, contrairement à d’autres pays, la Suisse a longtemps été épargnée par le chômage. Si le fléchissement de la croissance déclenché par la crise du pétrole de 6 14 Source: Strub 2003, p. 10. 1973/74 a engendré d’importantes suppressions d’emplois, elle a laissé relativement peu de traces dans les statistiques du chômage. Il en a été de même pour les crises intervenues dans la première moitié des années 80. En revanche, la longue période de fléchissement économique des années 90 a généré, en Suisse également, un taux de chômage encore jamais atteint jusqu’ici, à l’instar du nombre des personnes en quête d’emploi. Dans cette crise, des causes conjoncturelles et structurelles se sont superposées (mondialisation, progrès technique, etc.). Evolution du chômage (1960–2003) Chômeuses/chômeurs (moyenne annuelle) 200000 150000 100000 50000 0 1960 Année 1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 A partir de 2000, sur la base du recensement de la population 2000; pour 2003, prévision. Sources: OFS, seco En mars 1997, le chômage atteignit un record historique. Quelque 200 000 personnes étaient inscrites auprès des offices régionaux de placement. Dans la crise des années 90, le secteur tertiaire fut également fortement touché par le chômage. Avec la reprise amorcée vers la fin 1997, le chiffre des personnes officiellement inscrites au chômage retomba à moins de 60 000 en juin 2001, alors que plusieurs secteurs du marché du travail enregistraient à nouveau un manque de personnel. La crise de l’automne 2001 confirmait ainsi qu’en temps de crise, des créneaux créateurs de valeur au sein du secteur tertiaire et occupant des personnes dotées de qualifications très élevées, pouvaient aussi être concernés par les compressions d’emplois et le chômage. La fin abrupte du boom de la nouvelle économie, le fléchissement mondial des marchés financiers et la désécurisation après les attentats de New York et leurs conséquences (guerres en Afghanistan et en Irak) ont non seulement ralenti la demande 15 Chômeurs/chômeuses Taux de chômage Moyenne annuelle 2001 2002 Juillet 2003 Moyenne annuelle en % 2001 2002 Juillet 2003 Total 67 197 100 504 Secteur 1 674 869 Secteur 2 13 989 22 784 Secteur 3 45 290 65 081 • Commerce 9 807 14 647 • Banques 1 447 2 708 • Assurances 574 915 • Conseils, planification informatique 7 275 12 505 Pas d’information 7 244 11 770 141 699 1 014 31 295 93 844 21 764 4 872 1 675 1,7 0,5 1,3 2,1 1,9 1,0 0,9 2,5 0,6 2,1 3,0 2,8 1,9 1,5 3,6 0,7 2,9 4,3 4,2 3,5 2,8 17 454 15 546 3,6 … 6,2 … 8,7 … Source: seco en biens industriels, mais également mis sous pression le secteur financier et ses domaines apparentés (conseils, informatique) alors qu’il venait de connaître une croissance rapide. A fin juillet 2003 7, tous secteurs confondus, on dénombrait quelque 142 000 chômeuses et chômeurs (46 % de femmes, 54 % d’hommes), ce qui induisit un taux de chômage de 3,6 % 8. Pour illustrer la situation régnant plus particulièrement dans le secteur financier, les banques et les assurances subirent de fortes compressions d’emplois lors de la crise des années 90: Cette période fut suivie d’un essor tout aussi marqué. Dans ces deux secteurs, le taux de chômage était toutefois demeuré sensiblement plus bas (50 % et plus) que dans le reste de l’économie. A mi 2003, le taux de chômage enregistré dans le secteur bancaire atteignit quasiment le même niveau que dans les autres secteurs. La différence s’amenuisa sensiblement dans les assurances. Il est difficile de prévoir l’évolution du marché du travail; diverses analyses ne laissent guère présager une amélioration avant 2005. Elément essentiel cependant: les périodes de chômage croissant conduisent généralement à relancer le débat sur une meilleure répartition du travail et sur sa durée (cf. pp. 31s.). Horaires de travail contractuels et effectifs Bien que le travail à temps partiel gagne constamment en importance, les postes à plein temps demeurent la référence sur laquelle les autres modèles se basent dans une plus 7 8 16 DFE/seco: La vie économique. Revue de politique économique. 9/2003, p. 99. Ou, selon le mode de calcul en usage jusque-là, fondé sur les chiffres du recensement de 1990, 3,9 %. Etant donné que, depuis 1990, la population active (base de la répartition) a augmenté, il en résulte, si on utilise les données du recensement de 2000, un taux plus faible de 3,6 %. Les chiffres des différentes branches, en revanche, se fondent encore sur la base de 1990. ou moins large mesure. A cet égard, il est intéressant d’analyser comment les horaires de travail types définis dans les contrats individuels ou les conventions collectives de travail des entreprises se sont développés sur le plan global et selon les branches. Horaires de travail contractuels L’évolution des horaires de travail est résumée dans l’introduction (cf. pp. 6ss) de la législation. Horaires de travail contractuels (1960–2002) Heures hebdomadaires contractuelles * 50 45 40 35 30 25 20 15 10 5 0 1960 Année 1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 * 1960–1972: heures payées (y c. heures supplémentaires); secteur secondaire seulement. 1972–1983: heures de travail normales; 3 secteurs (secteurs primaire et tertiaire couverts en partie seulement). Dès 1984: heures de travail normales dans les secteurs secondaire et tertiaire ainsi que dans la culture maraîchère et la sylviculture. Source: OFS, Indicateurs du marché du travail 2002 Entre 1960 et le début des années 90, la durée hebdomadaire du travail est passée de 46,2 à 42,2 heures. Depuis, et jusqu’en 2001, le temps de travail moyen effectué ou convenu contratuellement a encore légèrement diminué pour atteindre 41,7 heures. Dans le secteur des services, on travaille actuellement en moyenne 41,8 heures par semaine, dans le secteur industriel 41,5 et dans le secteur primaire 43,1. Si l’on fait abstraction de ces valeurs moyennes, la situation est encore plus hétérogène. La fourchette des heures de travail réglementées dans les conventions collectives de travail (CCT) s’étend de 39 heures aux Chemins de fer fédéraux (CFF) à 46 heures dans le secteur des transports. Des CCT importantes comme celles de l’industrie des machines, la chimie bâloise ou l’industrie horlogère prévoient la semaine de 40 heures, alors que chez les leaders du commerce de détail, Migros et Coop, on travaille 41 heures, et 42 heures 30 dans les banques et les assurances (état mi-2003). 17 CCT avec horaires de travail les plus courts (heures hebdomadaires) CCT avec horaires de travail les plus longs (heures hebdomadaires) Service public SBB Swisscom Administrations cantonales 39 40 Les horaires sont divers; en règle générale, semaine de 42 heures. Industrie Chimie bâloise Industrie des machines Industrie horlogère 40 40 40 Brasseries Industrie des produits en béton Papier et cellulose 41–45 42 42 Artisanat Plâtriers/peintres Technique des bâtiments Construction métallique 40 Transports routiers généralement 46 40 Industrie du bois Suisse 42,25 40,5 (dès 2004: 40) Hôtellerie et restauration, vente, produits alimentaires Coop Migros Hôtellerie et restauration 41 41 41 Bouchers Boulangers pâtissiers 43 42 Secteur financier Assurances Banques 42,5 42,5 Source: work, 12.9.2003 En comparaison internationale, le nombre d’heures de travail accomplies au sein des entreprises suisses demeure relativement élevé. Dans l’UE, la semaine de travail moyenne équivaut à 38,6 heures. Toutefois, les horaires de travail usuels prévus dans les entreprises ne correspondent pas toujours aux heures de travail effectuées réellement par les salarié(e)s. 18 Horaires de travail effectifs Pour calculer les heures de travail réelles – ou, par déduction, effectuées par chaque travailleur –, on tient compte du temps de travail annuel normal en déduisant les absences annuelles 9 pour raison de santé, service militaire, chômage partiel, changement d’emploi et autres raisons personnelles ou familiales. Il faut par contre inclure les heures supplémentaires. On obtient ainsi respectivement le volume de travail annuel effectif et celui de chaque employé. En 2001, les personnes actives appartenant à la population résidante permanente (c’est-à-dire sans les travailleuses et travailleurs saisonniers, frontaliers, etc.) ont effectué 6340 millions d’heures de travail. Entre 2000 et 2001, le volume des heures de travail effectuées a légèrement diminué (-0,5 %), bien que le nombre des personnes occupées avait augmenté de 1,2 % durant la même période. La réduction du volume de travail s’explique par une légère diminution de la semaine de travail type de 41,8 à 41,7 heures et par l’augmentation des absences qui, en 2001, ont représenté une moyenne de 86 heures par employé. Ainsi, le temps de travail annuel effectué par personne active à plein temps a été de 1937 heures; celui des personnes actives à temps partiel compris entre 50 et 89 % a atteint 1195 heures en moyenne alors que celui des personnes travaillant à moins de 50 % a été de 444 heures. En 2001 également, chaque personne employée (à plein temps) a en outre effectué environ 40 heures supplémentaires, soit une heure par semaine et par personne. Heures supplémentaires Au premier abord, il peut paraître paradoxal que des heures supplémentaires soient effectuées non seulement en période de plein emploi, mais aussi lorsque la conjoncture se détériore. Les raisons en sont évidentes: dans un contexte incertain, nombreuses sont les d’entreprises qui s’efforcent de réduire le coût de la main-d’œuvre, donc les emplois. Elles exercent une pression croissante sur les salarié(e)s pour qu’ils compensent le manque de main-d’œuvre et absorbent les pointes éventuelles en effectuant des heures supplémentaires. La statistique définit les heures supplémentaires comme étant des heures de travail, payées ou non, effectuées en plus de l’horaire de travail normal et non compensées par des congés correspondants durant l’année. En 2001, les personnes actives domiciliées en permanence en Suisse ont effectué au total 164 millions d’heures supplémentaires non compensées. Si on divisait ce volume par le temps de travail effectif des personnes actives à plein temps, cela correspondrait à environ 85 000 postes à plein temps. 9 Les vacances et jours fériés ainsi que les absences consécutives à la flexibilisation du temps de travail ne sont pas considérés comme des absences. Cf. Office fédéral de la statistique (OFS), Indicateurs du marché du travail 2002. Neuchâtel 2003, p. 33. 19 Heures supplémentaires des salarié(e)s et équivalent en emplois à plein temps (1997–2001) Volume annuel des heures supplémentaires en millions d'heures Volume annuel des heures supplémentaires converti en emplois à plein temps * 180 100 000 163 160 163 164 164 152 82096 82085 83193 84541 1998 1999 2000 2001 80 000 77 286 140 120 60 000 100 80 40 000 60 40 20 000 20 0 0 1997 1998 1999 2000 2001 1997 * L’équivalent est calculé en divisant les heures supplémentaires par le temps de travail effectif des personnes occupées à plein temps. Source: OFS, ESPA-News 8/2003 Les 40 heures supplémentaires prises en compte – une heure par semaine et par personne – représentent une valeur moyenne qui diffère fortement d’un secteur et d’une entreprise à l’autre. Il ressort des statistiques qu’avec 72 heures supplémentaires par personne, le secteur bancaire et des assurances détient la plame, suivi par l’enseignement, avec 51 heures. Quant au secteur «immobilier, informatique, recherche et développement», il totalise 41,5 heures supplémentaires. Les enquêtes démontrent aussi que les heures supplémentaires sont effectuées surtout par les personnes occupant des fonctions dirigeantes et d’encadrement. Suivant les secteurs et entreprises, les simples collaborateurs ou les personnes accomplissant des travaux répétitifs ou des activités auxiliaires sont pourtant également touchées. En temps de crise, nombreuses sont les entreprises qui réduisent autant que faire se peut leurs effectifs et ne peuvent fonctionner que parce que leurs employé(e)s effectuent de nombreuses heures supplémentaires. Ainsi, les personnes actives sont souvent surchargées, alors que le nombre des chômeuses et chômeurs s’accroît. La SEC Suisse condamne ce mouvement; au lieu d’exiger autant d’heures supplémentaires, elle demande que l’on crée plutôt davantage d’emplois. A moyen et à long terme, cela se révèlerait aussi bénéfique pour les entreprises. 20 Réglementation sur le temps de travail en Suisse En Suisse, les salarié(e)s bénéficient très souvent d’une certaine souplesse dans l’aménagement de leur temps de travail. Pourtant, selon l’Enquête suisse sur la population active (ESPA) 10, environ 57 % d’entre eux travaillent selon des horaires fixes et contraignants. De telles exigeances sont cependant plus fréquentes pour les femmes que pour les hommes. Ces dernières sont en effet sous-représentées dans les modèles d’horaires flexibles, jouissant plus rarement d’horaires variables, avec ou sans heures bloquées, ou d’horaires de travail annualisés. Modèles d’horaire de travail en Suisse (2003) Salarié(e)s uniquement (sans les apprenti(e)s) (en milliers) 2000 56,7 % 1500 1000 17,5 % 500 10,9% 8,2 % 6,7% 0 Début et fin du travail à heures fixes (horaire fixe) Hommes Base hebdom./ Base hebdom./ mens. mens. avec heures bloquées sans heures bloquées (horaire mobile avec heures bloquées) Base annuelle Autres modèles Femmes Source: OFS, ESPA 2003 En 2003, quelque 220 000 hommes et 210 000 femmes, soit au total 14 % des salarié(e)s, travaillaient en équipes, une des formes d’horaires fixes de travail. Jours de travail En incluant également les travailleuses et travailleurs indépendants (et les membres de la famille collaborant à l’entreprise), environ 69 % de l’ensemble des personnes actives 10 Office fédéral de la statistique: Enquête suisse sur la population active (ESPA). Neuchâtel 2003. 21 travaillent de manière réglementée du lundi au vendredi, les hommes plus fréquemment que les femmes. Ce pourcentage s’avère le même pour ce qui est des personnes travaillant – selon un horaire réglementé – aussi le samedi et le dimanche. Le travail limité au week-end demeure à raison de 70 % l’apanage des femmes qui sont également plus fortement représentées que les hommes dans les autres modèles. Types d’horaires hebdomadaires (2003) Salarié(e)s et indépendant(e)s, y c. membres de la famille (en milliers) 3000 68,7% 2500 2000 1500 1000 21,9 % 500 8,4 % 1,0 % 0 Lundi à vendredi Le week-end uniquement (Sa/Di) Hommes Femmes Les jours ouvrables et le week-end (horaire réglementé) Autres modèles Source: OFS, ESPA 2003 Périodes de travail Selon l’ESPA, environ 61 % des personnes actives – indépendantes inclues – travaillent uniquement le jour. Il s’agit plus fréquemment d’hommes que de femmes. On constate aussi que 15 % de la population active travaille durant la journée selon un horaire réparti sur sept jours, les femmes étant plus nombreuses que les hommes dans cette catégorie. Par ailleurs, 11 % d’entre elles travaillent durant des périodes réglementées qui peuvent englober le soir ou la nuit et 10 % d’entre elles sont assujetties à d’autres modèles. Ces deux dernières catégories concernent en majorité des hommes. En revanche, ce sont surtout les femmes qui travaillent uniquement le soir ou la nuit. 22 Types d’horaires quotidiens (2003) Salarié(e)s et indépendant(e)s, y c. membres de la famille (en milliers) 2500 61,2% 2000 1500 1000 15,4 % 500 11,1 % 9,9 % 2,4 % 0 La journée uniquement, Lu–Ve Hommes La nuit ou le soir La journée La journée uniquement uniquement, et le soir Lu–Ve, Sa ou Di ou la nuit (horaire réglementé) Autres modèles Femmes Source: OFS, ESPA 2003 Les formes de travail atypiques Selon l’ESPA 2003, environ 185 000 personnes, soit 6 % des salarié(e)s, pratiquent le travail sur appel. Seules 42 % d’entre elles reçoivent une garantie minimale d’heures de travail. Dans cette catégorie, la part des femmes est nettement plus importante. La différence est encore plus marquée pour ce qui est du travail sur appel sans garantie de durée minimale. Selon l’ESPA 2003, environ 115 000 personnes pratiquent un travail minimal, soit des périodes de travail totalisant moins de 6 heures hebdomadaires. 83 % sont effectuées par des femmes, pour la plupart entre 25 et 54 ans, avec ou sans enfants. Chez les hommes, cette forme de travail n’est présente que chez les très jeunes – sans doute pour des raisons de formation – ainsi que chez les travailleurs proches de la retraite ou retraités. Quelque 230 000 personnes cumulent plusieurs activités, dont 42 % d’hommes et 58 % de femmes, en majorité âgées entre 25 et 54 ans. 23 Considérations générales sur les nouveaux modèles de temps de travail Mutations économiques dans les entreprises Ces dernières années, les investissements ont été considérables, tant dans l’industrie que dans le secteur tertiaire. Le déploiement des nouvelles technologies a en particulier engendré des frais élevés. De ce fait, les entreprises ont ainsi tout intérêt à prolonger les journées de travail de manière à accroître la rentabilité des outils de production ainsi que la productivité de la main-d’œuvre. Pour les entreprises, il devient en outre toujours plus important d’être à disposition de la clientèle au moment voulu. En raison de l’accroissement de la pression concurrentielle, du comportement plus critique de la clientèle et de la fluctuation de sa fidélité, les entreprises doivent plus que jamais respecter les délais. Les entreprises ont intérêt à ce que les horaires coïncident avec les périodes d’ouverture et la disponibilité de la clientèle. Dans le secteur des services, la capacité concurrentielle des entreprises s’améliore si elles offrent un service 24 heures sur 24. On touche ici à l’épineuse question des heures d’ouverture des magasins. De manière générale, la SEC Suisse ne peut considérer la libéralisation des horaires de travail de manière positive que si on améliore parallèlement la protection des employé(e)s. La libéralisation doit donc impliquer un horaire de travail aménagé en fonction des souhaits des salarié(e)s, et le travail du soir doit s’effectuer sur une base volontaire. Dans le cadre de tels modèles, il faut en outre offrir des postes qualifiés à temps partiel. La SEC Suisse rejette en revanche le travail sur appel. Les modèles de temps de travail en tant qu’instruments susceptibles d’éviter le chômage Remarques générales Le chômage peut être d’origine conjoncturelle ou structurelle. La question est de savoir si les conditions cadres et les réglementations institutionnelles contribuent à générer 24 du chômage. Le risque semble faible: quasiment toutes les études menées au niveau international montrent qu’en Suisse, le marché du travail est bien adapté aux besoins des entreprises. Logiquement, on peut se demander si des modèles de temps de travail novateurs ne pourraient pas compenser, ou tout au moins atténuer, les fluctuations de l’emploi et les restructurations. Actuellement, les propositions se traduisent par des réductions générales des horaires définis par la législation, des accords différenciés entre partenaires sociaux selon les branches ou les entreprises – voie suivie par la SEC Suisse – ou encore, ce qui est souvent prôné sans beaucoup de réflexion, par une politique du laisser-faire misant exclusivement sur la libéralisation du marché et sur la recherche de la croissance (quantitative). Réduction générale du temps de travail Pour réduire le chômage, on est en droit de se demander dans quelle mesure l’énorme volume des heures supplémentaires effectuées pourrait déboucher sur une meilleure répartition du travail. Une telle question doit être abordée non seulement sur un plan théorique mais aussi dans la réalité. Il semblerait alors logique de songer à une réduction générale de la durée du travail de l’ensemble des salarié(e)s. Des propositions allant dans ce sens ont déjà été formulées en Suisse, sans rencontrer jusqu’ici l’assentiment des milieux politiques 11. Economiquement parlant, il convient de s’interroger sur les effets incitatifs d’une telle mesure. Certaines études révèlent qu’en réduisant de manière générale la durée du travail par personne active, cela ne se traduit pas directement par un accroissement proportionnel du niveau de l’emploi. Les conditions cadres qui sont de mise sur le plan juridique et économique au niveau indigène ou à l’étranger sont également déterminantes. Des calculs effectués pour la France et l’Allemagne ont par exemple démontré qu’une réduction de la durée du travail de 1 % n’avait fait progresser l’activité lucrative que de 0,6 à 0,8 %. En Grande-Bretagne, l’incidence de ces mesures a été encore sensiblement inférieure. Elle a varié de 0,05 à 0,37 %. La diminution du temps de travail quotidien produit également d’autres effets. Elle réduit les phénomènes de fatigue et, dans une certaine mesure, stimule la productivité. L’absentéisme tend également à diminuer, les visites chez le médecin pouvant par exemple être prévues durant le temps libre. Par contre, parallèlement à la réduction du temps de présence, on assiste à un accroissement des tâches liées à la préparation du travail (durée de mise en train), des besoins en matière de communication, d’organisation et de gestion, de même qu’à une augmentation des coûts de la main-d’œuvre et des besoins de formation. 11 Cf. chapitre «Introduction», pp. 5ss. 25 La compensation des salaires constitue aussi un critère déterminant dans l’analyse des effets des réductions de la durée du travail. En réduisant conjointement la durée normale du travail et les salaires contre la volonté des salarié(e)s, ceux-ci tenteront d’améliorer leur revenu en effectuant des heures supplémentaires ou en s’adonnant à des occupations accessoires. Si les entreprises prévoient des compensations de salaire, les frais par salarié(e) s’accroissent. L’effet souhaité sur l’emploi risque donc de s’atténuer. En outre, la réaction des entreprises à une réduction du temps de travail pourrait dépendre de la part que représentent les frais de personnel fixes par rapport à la masse salariale dans sa globalité: plus cette part est importante, plus la réduction de la durée du travail sera onéreuse. Des réductions généralisées du temps de travail risquent d’engendrer des réactions négatives. Elles pourraient compromettre ou neutraliser les effets escomptés sur l’emploi. Si l’on veut qu’elles jouent un rôle bénéfique, il faut d’abord étudier soigneusement la situation effective à laquelle est confrontée l’entreprise, les conditions de base et les conséquences potentielles des mesures incitatives envisagées. Solutions par secteur et entreprise: assouplissement du temps de travail Compte tenu des difficultés évoquées ci-dessus pour tenter de réduire le chômage, on songe de plus en plus souvent à organiser les horaires de manière plus souple en faisant appel à des modèles différenciés selon les secteurs économiques ou les entreprises. Du point de vue de l’entreprise, l’aménagement des horaires de travail favorise la productivité et une vision basée sur les exigences de la clientèle. Il permet aussi de prendre en compte les besoins individuels des salarié(e)s de manière plus appropriée. Les bons modèles renforcent donc la compétitivité des entreprises, ce qui contribuera aussi à prévenir le chômage. 26 Si l’on veut assouplir les horaires de travail, il faut démanteler les structures rigides et standardisées des entreprises. Il s’agira de remanier les conditions et la durée du temps de travail de manière à ce qu’elle satisfassent tant le personnel que l’entreprise. Les salarié(e)s doivent donc être associés directement à la réflexion que l’on doit engager à ce sujet. Ce n’est que s’ils participent à la recherche de solutions que l’on aboutira à aménager fructueusement les horaires de travail. La cogestion doit prévaloir sur les décisions imposées de l’extérieur. La réussite de ces mesures découlera de solutions réfléchies, adaptées et spécifiques à chaque entreprise. Elles doivent prévoir différents modèles d’horaire moins astreignants que le plein temps et susceptibles de répondre aux besoins de toutes les parties. Du point de vue de l’entreprise, il convient de prendre en compte en priorité les facteurs susceptibles d’améliorer sa capacité concurrentielle: 1. Augmentation de son attractivité sur le marché du travail. 2. Meilleure adéquation entre les effectifs et le niveau des ventes. 3. Amélioration de la productivité. 4. Elargissement de la durée d’exploitation et de l’utilisation d’installations ayant nécessité de gros investissements. 5. Démarquage par rapport à la concurrence. 6. Amélioration de la qualité, productivité et satisfaction de la clientèle. Pour les entreprises, l’assouplissement des horaires est avantageux quand cela permet d’allonger la durée durant laquelle les client(e)s peuvent trouver des interlocutrices ou interlocuteurs ou obtenir un service, de même que lorsqu’il a des effets bénéfiques sur la productivité. Par ailleurs, l’absence d’incidences sur les coûts (principe de «neutralité» des mesures) constitue l’un des principaux motifs ou attraits de l’adoption d’horaires flexibles. Dans certains cas, la diminution du temps de travail ne parvient cependant ni à éviter des fermetures d’entreprises, ni à lutter contre le chômage. En revanche, dans des secteurs souffrant de surcapacité de production, les horaires de travail flexibles permettent de contenir les licenciements. La SEC Suisse estime que l’instauration de mesures de réduction des horaires dans le cadre de négociations entre partenaires sociaux, en se basant sur les conditions sectorielles ou, le cas échéant, la situation particulière des entreprises, constitue un moyen judicieux et prometteur de prévenir le chômage. Les solutions soutenues par les partenaires sociaux offrent aux entreprises de bonnes chances de sortir d’une situation de crise. 27 Nouvelles priorités et autres choix de vie L’environnement et les aspirations des personnes actives changent en fonction de l’évolution économique. Une nouvelle répartition du travail engendre une diversification des structures. Le rôle de la famille ainsi que l’environnement sont en pleine mutation. Ce processus n’est pas encore arrivé à son terme. De nouveaux besoins modifient les comportements. Dans le monde du travail, on aspire à plus d’indépendance, d’autonomie et de souplesse. Au cours de ces dernières décennies, les salariés ont souhaité bénéficier de loisirs accrus. Ce désir n’a rien perdu de son intensité. Compte tenu des horaires hebdomadaires relativement élevés et un minimum légal de seulement quatre semaines de vacances par an, cela n’est guère étonnant. Par ailleurs, bien des ménages ou couples disposent de plusieurs revenus. En ayant désormais acquis une plus grande aisance, les travailleuses et travailleurs aimeraient pouvoir bénéficier d’horaires offrant une plus grande souplesse. Au sein des familles, ce sont toutefois essentiellement les femmes qui réduisent leur horaire de travail. Aujourd’hui encore, ce sont surtout elles qui assument l’éducation des enfants et prodiguent des soins à des personnes malades, handicapées ou dépendantes. Pour cette raison, elles effectuent de fait un travail supplémentaire qui n’est pas rémunéré. Quant aux femmes divorcées, elles sont souvent confrontées à des problèmes économiques qui les contraignent à exercer une activité lucrative. Si, de plus, elles doivent assumer des tâches d’assistance, elles ne peuvent envisager autre chose qu’un emploi à temps partiel. Leur choix est de ce fait extrêmement limité. Selon une étude publiée récemment 12, 53 % des femmes travaillant à temps partiel évoquent les obligations familiales comme motif de leur choix, alors que seuls 8 % des hommes les mentionnent. Si ces derniers réduisent leur horaire de travail, c’est essentiellement à des fins de perfectionnement professionnel (24 %) ou, entre autres raisons, parce qu’ils exercent une activité accessoire. Toutefois, cette aspiration croissante des salarié(e)s pour des postes à temps partiel n’est pas pleinement satisfaite car il n’existe pas suffisamment de possibilités correspondantes. Selon la même étude, parmi les personnes exerçant une activité à plein temps, une femme sur trois et un homme sur six préféreraient travailler à temps partiel. Cela correspond à 190 000 femmes et 290 000 hommes. Cela n’englobe pas les femmes qui travailleraient volontiers à temps partiel mais qui, pour des raisons familiales et/ou par manque de postes à temps partiel attrayants, ont abandonné toute activité professionnelle. A l’inverse, un nombre non négligeable de femmes (80 000) et d’hommes (40 000) travaillant à temps partiel préféreraient s’adonner à une activité lucrative à temps complet. 12 28 Strub, Silvia: Le travail à temps partiel en Suisse. Berne 2003. Motifs présidant à l’adoption d’un emploi à temps partiel Mentions en % 60% 53% 50% 40% 30% 24 % 21 % 20% 18% 16 % 14% 10 % 10 % 10% 8% 7% 7% 6% 3% 3% 0% Raisons familiales Pas d'intérêt pour le plein temps Femmes Autres motifs En formation Activité Pas trouvé Handicap/ accessoire de poste maladie à 100% Hommes Source: Strub 2003 L’obligation d’assumer d’autres tâches constitue un autre facteur important influant sur les besoins en matière d’aménagement du temps de travail 13. C’est ainsi qu’en l’an 2000, les femmes suisses consacraient en moyenne 34 heures par semaine aux activités domestiques et familiales, y compris les soins aux enfants, alors que les hommes n’y contribuaient que pour 18 heures. En travaillant 42 heures par semaine, les femmes n’ont donc guère de temps libre. Le volume des tâches domestiques et familiales est particulièrement élevé chez les couples avec enfants. Dans ce cas, la durée hebdomadaire moyenne varie entre 42 et 60 heures pour les femmes et de 23 à 26 heures pour les hommes. En moyenne, un couple avec enfants y consacre donc 42 heures par semaine. Sans aide extérieure et même avec une répartition du travail lucratif et ménager fondée sur le partenariat, il est donc indispensable d’aménager en conséquence le temps de travail. Dans ce sens, les femmes bénéficient rarement d’une large marge de manœuvre pour exercer une activité lucrative car ce sont elles qui assument la plupart des tâches domestiques et familiales. Elles sont donc contraintes d’opter pour un travail à temps partiel ou d’accepter des horaires permettant de concilier les activités professionnelles et familiales. 13 Strub, Silvia/Bauer, Tobias: Répartition du travail entre les sexes. Etat des lieux. Etude comparative de la répartition du travail non rémunéré et rémunéré dans les familles en Suisse et au niveau international. Etude menée sur mandat du Bureau fédéral de l’égalité entre femmes et hommes. Berne 2002 (www.fairplay-at-home.ch). 29 Tâches domestiques: contribution des hommes en comparaison de celle des femmes (couples avec enfant de moins de 7 ans) Préparer les repas 24 % Laver la vaisselle 39 % Achats 46 % Nettoyage, rangement Lessives, repassage 17 % 7% Animaux domestiques, plantes 64 % Nourrir, laver les petits enfants 44 % Jouer avec les enfants, faire les devoirs 70 % Total 0% 45 % 20 % 40 % 60% 80% 100% Seules apparaissent ici les activités qui représentent au moins quatre heures de travail par semaine (à noter que les hommes consacrent un peu plus de temps que les femmes aux activités manuelles et aux travaux administratifs, non représentés sur ce tableau). Source: Strub/Bauer 2002 En plus des 27 heures hebdomadaires de leur activité lucrative à temps partiel, les femmes en consacrent presque deux fois plus aux tâches domestiques, ce qui représente bien davantage qu’un travail à plein temps. La situation est différente pour les hommes. Qu’ils travaillent à temps partiel ou à plein temps, ils ne consacrent que 14 heures par semaine aux tâches ménagères. Ainsi, les besoins en matière d’aménagement des horaires de travail sont différents selon que l’on est une femme ou un homme, car le temps libre dont disposent les femmes en exerçant un travail à temps partiel est généralement consacré aux tâches ménagères, ce qui n’est pas le cas des hommes. Le temps consacré aux tâches domestiques varie non seulement d’un sexe à l’autre, mais également en fonction des différentes tranches de vie. Ainsi, pour les jeunes de 15 à 24 ans, il est relativement modeste alors qu’il augmente très sensiblement à partir de 30 ans. Jusqu’à 39 ans, les femmes y consacrent jusqu’à environ 40 heures par semaine. Cette période est celle durant laquelle la plupart des enfants naissent et grandissent. Les hommes en revanche consacrent le maximum de temps au travail ménager lorsqu’ils sont âgés de 70 à 79 ans, et donc à la retraite. 30 Il est prouvé que l’aménagement du temps de travail est largement souhaité. Qu’ils vivent seuls ou en partenariat, les salarié(e)s aimeraient pouvoir choisir eux-mêmes quand et combien de temps ils veulent travailler afin de répartir librement leur activité lucrative et leur temps libre. On obtient ainsi une meilleure humanisation du travail. Le travail ne doit porter atteinte ni à la santé, ni au bien-être de ceux qui l’assument. En répondant aux besoins, le travail que l’on peut qualifier d’humain doit permettre un épanouissement personnel tout en agissant favorablement sur le marché du travail. De bonnes raisons pour une meilleure redistribution du temps de travail Les débats relatifs aux modèles d’horaires novateurs ou une nouvelle répartition du travail reposent sur plusieurs facteurs incitatifs. On fait en outre la distinction entre la «grande» et la «petite» redistribution. La petite redistribution porte uniquement sur la participation au travail lucratif. Elle vise à un équilibre entre les personnes en recherche d’emploi et les actifs dans le but de réduire le chômage et de réaliser ou d’assurer le plein emploi. La grande redistribution inclut au contraire le travail non rémunéré. Elle vise à modifier la répartition du travail entre les sexes afin que les femmes et les hommes se partagent équitablement le travail rémunéré et non rémunéré. Actuellement, pour que l’on puisse appliquer la petite redistribution, il faudrait créer au moins 200 000 emplois supplémentaires 14. Selon la définition de l’Enquête suisse sur la population active (chômeuses et chômeurs inscrits et personnes en quête d’emploi), ce chiffre couvre aussi bien le nombre de chômeurs que le nombre supposé de personnes exclues du marché du travail. La grande redistribution se situe à un tout autre niveau: dans notre société, on consacre presque autant de temps au travail familial non rémunéré qu’au travail lucratif. Si l’on en considère la répartition entre les sexes, les femmes travaillent plus que les hommes. Elles fournissent environ 55 % du volume de travail comprenant aussi bien le travail lucratif que les tâches domestiques (sans compter le travail d’assistance non rémunéré accompli en dehors de la famille). En conséquence, la redistribution de la totalité du travail effectué constitue une condition essentielle à l’instauration de l’égalité entre les sexes. La seule réduction des heures de travail n’y suffit pas. La grande redistribution influerait aussi sur la situation du marché du travail, qui varie beaucoup selon le sexe: en Suisse, les femmes ne 14 Estimation personnelle. 31 perçoivent qu’à peine le quart de la totalité des revenus provenant du travail lucratif (cf. Commission fédérale pour les questions féminines: «Qui perd gagne. Réflexions sur une redistribution du travail entre les sexes». Berne, 1997). De nouveaux horaires plus souples et générant des effets positifs sur le marché de l’emploi constituent des conditions préalables essentielles pour assurer une redistribution équitable du travail entre personnes sans emploi et personnes actives ainsi qu’entre les sexes. Résistances contre la réduction et l’assouplissement des horaires L’aménagement des horaires comporte de nombreux avantages. On peut s’étonner dès lors que, dans notre pays, on se heurte à autant de résistance lorsqu’il s’agit de les adopter. En aménageant les horaires, les salarié(e)s pourraient travailler et être payés en fonction de leurs besoins réels, et les entreprises en bénéficieraient en raison d’une plus grande souplesse et d’un accroissement de la productivité. De plus, l’assouplissement du temps de travail impliquant une réduction des horaires pourrait favoriser le maintien, voire la création d’emplois. Il est donc important d’analyser les craintes des salarié(e)s et des entreprises à l’égard de l’aménagement des horaires de travail. Réticences évoquées par les salarié(e)s: • Les entreprises instaurent des horaires variables pour accroître le rendement: le même travail doit être effectué dans une laps de temps réduit. • La dissociation du temps d’exploitation et de l’horaire de travail permet d’utiliser des technologies et des machines, ce qui a comme conséquence des suppressions d’emplois et une augmentation du chômage. • L’employé devient dépendant des décisions arbitraires de l’entreprise. Il ne lui est plus possible de planifier son temps qui varie alors de manière hebdomadaire, voire quotidienne. Réticenses émises par les entreprises: • Le déroulement du travail doit être réglementé pour que les salarié(e)s soient en mesure de s’organiser eux-mêmes. L’assouplissement des horaires conduit à un relâchement au niveau de la conscience au travail. • Vouloir travailler moins démontre un manque de loyauté à l’égard de l’entreprise. Les salarié(e)s qui s’identifient à leur entreprise et s’investissent pleinement dans leur travail ne se préoccupent pas d’assouplir leurs horaires. • L’aménagement des horaires nécessite de gros efforts d’organisation. Il est par conséquent trop coûteux. • Autre argument rarement exprimé mais néanmoins présent, la crainte d’une perte de contrôle et de pouvoir. 32 De telles résistances doivent être prises au sérieux. On ne peut les atténuer ou les vaincre que si les partenaires sociaux se concertent et cherchent des solutions en commun. Bases juridiques Le contrat de travail se base sur des dispositions de droit public (loi sur le travail), de droit privé (code des obligations), des accords collectifs (conventions collectives de travail) et des règlements d’entreprise. Plusieurs dispositions juridiques relevant des assurances sociales sont également liées au contrat de travail. Le travail à temps partiel est désavantagé au niveau de la LPP (deuxième pilier) et de l’assurance accidents non professionnels. Contrairement à d’autres pays, en Suisse, il existe relativement peu de limitations juridiques à l’application de modèles de temps de travail flexibles. Les limites de durée maximale ainsi que l’interdiction du travail dominical et de nuit prescrites dans la loi sur le travail doivent être impérativement respectées. Dans la pratique, des problèmes juridiques apparaissent toutefois fréquemment. Ils sont surtout dus aux nombreuses réglementations d’exception prévues par la loi sur le travail. La SEC Suisse souhaite et agit en sorte que l’aménagement du temps de travail soit appliqué dans le cadre du partenariat social et non pas sur la base d’accords unilatéraux. Certaines assurances sociales doivent également être revues. Dans le cadre de l’aménagement des horaires, le travail à temps partiel ne doit plus être prétérité, en particulier en ce qui concerne la déduction de coordination LPP. Il convient encore de la réduire, ou même de la supprimer dans les prochaines révisions. 33 Tour d’horizon de différents modèles d’horaires de travail Horaire de travail mobile (HTM) En Suisse, l’horaire de travail mobile constitue la forme la plus courante de temps de travail flexible. Il a fait son apparition en Allemagne, à la fin des années 60, dans l’entreprise Bölkow. Destiné en priorité aux personnes employées à plein temps, il est largement appliqué en Suisse tant dans les administrations et les entreprises de services que dans la production. L’horaire mobile s’applique selon différents modèles qui ont cependant tous un point commun. Les salarié(e)s choisissent eux-mêmes leurs heures d’arrivée et de départ à l’intérieur de certaines limites, en fonction de leurs propres besoins. Le temps de travail est divisé en plages bloquées et plages mobiles. Durant la plage bloquée, les employé(e)s doivent impérativement être présents. Dans la plage mobile, ils peuvent répartir librement leur temps de travail à condition de respecter certaines contraintes. Formes d’horaire de travail mobile En principe, il existe trois formes d’horaire de travail mobile: • l’horaire de travail étalé, • l’horaire de travail à la journée, à la semaine, au mois ou à l’année, • l’horaire de travail variable. Avec l’horaire de travail étalé, le temps de travail quotidien et hebdomadaire est fixe. La marge de décision se limite à déterminer quand commence et prend fin la durée d’occupation quotidienne. En règle générale, l’horaire de travail est fixé de manière individuelle et il est valable pour un mois, un semestre ou une année entière. Dans l’horaire de travail à la journée, à la semaine, au mois ou à l’année, les possibilités d’organisation sont multiples. La période de décompte des heures peut être choisie par les salarié(e)s de diverses manières. La plus fréquente est le mois: sur un mois, le moment pendant lequel s’effectue le travail est librement choisi dans les limites des conditions cadres. L’horaire de travail annualisé tend aussi à se répandre de plus en plus. La période de décompte des heures s’étend alors à l’année. 34 Dans le modèle d’horaire de travail variable, la distinction entre temps bloqué et temps mobile disparaît. Le moment du temps de travail peut être choisi librement avec les supérieur(e)s dans les limites d’un horaire cadre. Cette forme exige une large dose d’organisation et de communication. L’organisation de l’horaire de travail mobile doit prendre en compte le volume des crédits ou des débits de temps de travail. La marge des écarts autorisés durant le mois se situe généralement entre 10 et 15 heures en plus ou en moins. La manière de compenser les crédits en temps de travail ou de distinguer les heures en plus autorisées des heures supplémentaires peut alors poser certains problèmes. Dans la plupart des entreprises, à l’inverse des heures en plus, les heures supplémentaires doivent être imposées par les supérieurs pour être payées avec majoration. Les heures en plus sont quant à elles compensées par autant d’heures de congé. Du côté de l’entreprise, une compensation des heures supplémentaires ou des heures en plus par des demi-journées ou des journées entières de congé est souhaitable. Cela simplifie la planification du personnel. Certaines entreprises ne remplacent pourtant pas les heures effectuées en plus et déduisent du salaire les heures en moins ce qui, du point de vue de la SEC Suisse, est inacceptable. Autres points à débattre dans les entreprises, le laps de temps et la durée des heures bloquées qui restreignent la liberté individuelle. De longues plages de travail ininterrompues limitent en effet la flexibilité des salarié(e)s. Enfin, l’horaire de travail mobile soulève la question du contrôle du temps. Les formes possibles de contrôle sont l’autocontrôle transcrit manuellement, les horloges pointeuses et la saisie électronique du temps. Horaire de travail annualisé Dans le modèle d’horaire annualisé, le temps de travail s’établit sur la base d’une année civile ou d’un exercice fiscal. Il doit être recalculé chaque année. Les heures de travail hebdomadaires sont multipliées par 52 (nombre de semaines par an); on en déduit ensuite les vacances et les jours fériés prévus dans le contrat. Ce modèle permet aux entreprises de faire face aux fluctuations du volume de travail au cours de l’année. Il se présente sous la forme d’horaires fixes ou variables en fonction du travail à fournir. Ils sont généralement fixés par l’entreprise, le personnel ayant néanmoins un droit de consultation. Ce modèle ne comporte toutefois des avantages pour les salarié(e)s que si ceux-ci participent aux décisions portant sur le moment et la durée du temps de travail à effectuer, et peuvent exprimer leurs désirs personnels. 35 Bien que le nombre d’heures effectuées fluctue de mois en mois, la rémunération est versée généralement selon des acomptes mensuels réguliers, indépendamment du temps de travail effectivement accompli. L’horaire annuel peut s’appliquer aussi bien au travail à temps partiel qu’à celui à plein temps. En cas d’accumulation d’heures supplémentaires, il convient d’établir un décompte régulier et de rémunérer les heures supplémentaires avec une majoration de 25 % (également celles des salarié(e)s à temps partiel effectuées dépassant le nombre contractuellement convenu). Avantages et inconvénients pour les employé(e)s + + + + + – – Souplesse accrue dans l’aménagement du temps Plus grande liberté dans l’organisation du temps libre Meilleure conciliation entre activités professionnelles et privées Planification à plus long terme Temps d’occupation adapté à l’état de santé Diminution éventuelle du revenu Un faible pouvoir de décision quant à l’aménagement du temps de travail Avantages et inconvénients pour l’entreprise + + + + Diminution du coût des heures supplémentaires, puisque compensées en congé Amélioration de la productivité Davantage de souplesse dans la gestion du personnel Diminution du nombre d’auxiliaires et de temporaires; concentration sur le personnel permanent + Optimisation du rendement à l’heure et diminution de l’absentéisme dues à des horaires moins chargés – Coût du personnel plus élevé Horaire libre ou variable Ce modèle est aussi appelé horaire individuel ou horaire à la carte. Il permet d’organiser personnellement le nombre et la répartition dans le temps de ses heures de travail. Dans ce type d’horaires, les besoins et les désirs des salarié(e)s sont prépondérants. Les membres d’un groupe ou d’un département définissent eux-mêmes le moment et la durée du travail. Ce type d’horaire exige une bonne collaboration et une parfaite entente entre les employé(e)s, notamment en ce qui concerne les remplacements. En exigeant de grandes compétences techniques (procédures de travail) et sociales (relations entre collègues), cet aménagement souple contribue aussi à les renforcer. 36 A l’inverse de l’horaire de travail mobile, l’horaire libre ou variable ne comporte pas de plage horaire imposée ou bloquée. Son objectif primordial consiste à répondre aussi bien aux exigences de l’entreprise en matière de temps de travail qu’aux besoins et désirs des salarié(e)s. La communication entre les employé(e)s ainsi que la satisfaction des fournisseurs et de la clientèle doivent être préservées. Système d’éléments modulaires Le système repose sur divers modules de temps, quotidiens, hebdomadaires, mensuels ou annuels. Les employé(e)s ou les groupes de collaborateurs peuvent déterminer euxmêmes leurs modules. Une telle forme permet de dissocier l’horaire de travail de l’horaire d’exploitation. Système de fourchettes Le système de fourchettes permet aux salarié(e)s de déterminer leur temps de travail et le revenu correspondant à intervalles réguliers (par exemple tous les six mois), dans les limites des fourchettes prévues. Ainsi, ils peuvent travailler 26, 30 ou 40 heures par semaine. Dans le cadre de ce système, un horaire de travail mensuel moyen est convenu entre les employé(e)s et l’entreprise. L’entreprise fixe une limite inférieure et la limite supérieure correspond au temps de travail normal. Selon les évaluations établies jusqu’ici, un tel modèle d’horaire de travail semble satisfaire aussi bien les salarié(e)s que les entreprises. Pour les employé(e)s, le fait de pouvoir choisir plus librement leur horaire se répercute favorablement sur leur motivation au travail. Quant aux entreprises, ce système leur permet de répondre aux fluctuations du volume de travail selon les périodes. Horaire de travail modulé en fonction de la charge de travail (HTMC) Dans ce modèle, le temps de travail est variable et dépend du volume de travail à effectuer. L’entreprise gère le temps de travail, mobilisant sur appel les employé(e)s restant à disposition. Ces derniers ne sont rémunérés qu’en fonction du temps de travail réellement effectué. Cette forme typique de temps de travail flexible se rencontre surtout dans le commerce de détail et l’hôtellerie où les femmes travaillent majoritairement. L’aménagement du temps de travail ne peut être ni planifié ni influencé, l’horaire étant fixé par des tiers. La question de savoir si un tel contrat de travail relève encore du principe de la flexibilité 37 se pose puisque les avantages et la fixation du temps de travail demeurent exclusivement du ressort de l’entreprise. Le système HTMC se caractérise par: • un travail qui est planifié selon un laps de temps qui varie en fonction du volume de travail • une grande disponibilité des personnes susceptibles de répondre sur appel aux sollicitations de l’employeur • une maîtrise du temps de travail qui est exclusivement du ressort de l’entreprise • une norme de référence fondée sur le nombre de mandats • une rémunération se limitant au nombre effectif d’heures travaillées sans tenir compte du temps de présence réel durant lequel le personnel ne travaille pas • le fait que l’entreprise en retire tous les avantages et les employé(e)s tous les inconvénients La SEC Suisse rejette catégoriquement le système de l’horaire de travail modulé en fonction de la charge de travail (HTMC). Dans de tels contrats sur appel, elle exige comme condition minimum la fixation d’une durée du travail indicative ainsi que la communication suffisamment à l’avance des plans d’engagement qui doivent être établis d’entente avec les employé(e)s. Travail à temps partiel (TTP) On englobe sous le vocable de travail à temps partiel tout type de relation de travail prévoyant une durée de travail inférieure à l’horaire ordinaire (qui pourrait par exemple correspondre à un plein temps de 42 heures par semaine). Le Secrétariat d’Etat à l’économie (seco) définit un emploi inférieur à 90 % de l’horaire de travail normal comme étant un travail à temps partiel. On distingue le travail à temps partiel traditionnel classique du travail à temps partiel flexible. Le travail à temps partiel régulier (classique) effectué selon un horaire fixe, tel que le travail à la demi-journée, est plus largement répandu que le travail à temps partiel irrégulier (flexible), basé sur un horaire de travail variable. Travail à temps partiel traditionnel classique Il peut être effectué à la journée (deux jours par semaine par exemple), à l’heure (quatre à six heures par jour), à la demi-journée (le matin ou l’après-midi), à la semaine (trois jours à huit heures) ou en pourcentage (80 %). Ce genre de travail à temps partiel est considéré comme régulier (art. 319 al. 2 CO) et correspond à une réduction du temps de travail. 38 Travail à temps partiel flexible Il est déterminé par les salarié(e)s ou par l’entreprise, tant en ce qui concerne le moment que la durée. Ce genre de travail est irrégulier et répond en tout point à la notion de flexibilité. Une multitude de motifs émanant aussi bien des individus que des entreprises milite en faveur des emplois à temps partiel. Motifs individuels • indépendance financière • tâches familiales et intérêts professionnels rendant impossibles une occupation à plein temps • désir de profiter de plus de temps libre • existence de nombreux ménages constitués d’une ou deux personnes • salaire du/de la partenaire insuffisant • besoin de plus de temps libre en dehors des travaux domestiques • mère ou père élevant seul(e)s leur(s) enfant(s) • l’accroissement du niveau de vie permet d’envisager un travail à temps partiel • d’autres aspects de la vie privée priment (famille, hobby, perfectionnement), • désir de travailler à temps partiel • besoin de contacts sociaux Motifs propres aux entreprises • • • • • • • • • • • • • • • diminution de l’absentéisme amélioration de la productivité plus grande motivation des travailleurs amélioration de la qualité du travail meilleure exploitation des capacités lors d’investissements coûteux par l’allongement des heures d’exploitation des installations techniques rendement optimisé par rapport aux personnes occupées à plein temps suppression des heures en plus ou supplémentaires allégement des horaires pour les personnes employées à plein temps meilleure perception de l’entreprise sur le marché du travail distinction entre les horaires d’exploitation et de travail assouplissement dans l’aménagement du temps meilleure orientation sur la clientèle meilleure qualité de recrutement (prospection) maintien d’un personnel qualifié meilleure adaptabilité aux besoins de l’entreprise 39 Le travail à temps partiel recèle cependant aussi des inconvénients pour les individus et pour les entreprises. Inconvénients individuels • Possibilités de promotion moins importantes, voire inexistantes dans les fonctions d’encadrement • Inconvénients financiers, le travail à temps partiel n’étant pas envisageable pour les faibles revenus Inconvénients pour les entreprises • Coûts plus élevés dus à davantage d’information, d’organisation, de recrutement et mise en place du personnel, d’engagements et de compressions de personnel • Augmentation des frais d’administration, de coordination, de communication et de contrôle • Augmentation des contraintes pour la direction et l’organisation • Frais supplémentaires engendrés par davantage de places de travail, locaux, bureaux et infrastructures Il convient de veiller à ce que le travail à temps partiel n’entraîne pas d’inconvénients ni pour les personnes, ni pour les entreprises. Job-sharing (partage des postes) Le job-sharing est un modèle de temps de travail qui, outre le partage du temps, implique généralement aussi un partage du travail lui-même. Les personnes qui se partagent un emploi se répartissent les tâches de manière à ce qu’elles soient assurées correctement. Idéalement, elles se répartissent les tâches en fonction de leurs besoins, aptitudes et expériences. Le job-sharing est une notion générale qui recouvre différentes formes de partage. Dans le job-splitting, les partenaires se répartissent les tâches, chaque personne n’étant compétente et responsable que de son propre travail. La situation est différente dans le job-pairing: toutes les tâches sont planifiées et exécutées en commun, ce qui exige un haut degré d’information et de coordination. Enfin, dans le split-level-sharing, les partenaires offrent des niveaux de qualification différents. Cette formule est en particulier valable lorsqu’il faut mettre au courant de nouvelles personnes ou quand le départ à la retraite d’une personne plus qualifiée est imminent. 40 En Suisse, le job-sharing est peu répandu. Dans la plupart des cas, il n’est offert que pour des fonctions subordonnées; il n’entre quasiment jamais en ligne de compte pour des fonctions d’encadrement. Le job-sharing constitue en outre la forme de travail à temps partiel la plus difficile à mettre en place car il dépend directement des personnes concernées. Ainsi, il faut que les partenaires présentent chacun les qualités requises pour le poste, que leurs personnalités ne se heurtent pas, qu’ils soient aptes à communiquer et qu’ils partagent le goût des responsabilités. L’élément motivant pour les personnes participant au job-sharing est de pouvoir prendre en charge des fonctions et des tâches correspondant à leurs capacités et à leurs forces. En plus, elles peuvent adapter leur horaire au volume de travail et gardent ainsi la maîtrise de leur temps. Avantages et inconvénients pour les salarié(e)s + Possibilité de choisir les tâches convenant aux motivations, aux capacités et aux possibilités temporelles des personnes intéressées + Motivation plus élevée + Amélioration des possibilités sociales – Plus d’exigence en matière de performance – Travail requérant plus de concentration – Exigences élevées en matière de coopération sociale et technique, – Revenu plus faible – Moins de chances de promotion – Obligation informelle de remplacer un autre collaborateur et cas d’absence – Dépendance à l’égard du/de la partenaire Il convient de veiller à ce que le job-sharing n’entraîne pas d’inconvénients pour les salarié(e)s. Avantages et inconvénients pour les entreprises + Diminution des taux de fluctuations et d’absences (en partie en raison de l’obligation d’assistance) + Augmentation de la productivité par un accroissement de la motivation + Amélioration de l’efficacité due au fait que les partenaires effectuent des tâches ou assurent des fonctions correspondant à leurs capacités + Poste occupé en permanence + Climat de travail et, par conséquent, rendement favorisés par l’intensification de la collaboration – Difficultés en matière de communication interne et externe – Augmentation de la charge administrative – Productivité ou qualité du travail inégales entre les partenaires du poste 41 Horaire en tandem L’horaire en tandem se caractérise par le fait que les travaux sont effectués par deux personnes également qualifiées et présentes successivement. Il implique – dans le cadre de certaines limites – la prise en charge réciproque des tâches et des responsabités. Ce n’est qu’à l’arrivée du second collaborateur que le premier peut s’en aller, le poste devant être occupé en permanence. Les personnes intéressées peuvent convenir entre elles de leurs heures de présence. Le décompte de leur temps de travail sera établi en fin d’année afin de vérifier si elles ont effecté chacune les horaires respectifs convenus. Répartition variable du temps de travail au cours de différentes périodes de l’existence Ce modèle offre la possibilité de choisir à quelles périodes de la vie on désire travailler. Comme les besoins diffèrent au cours de l’existence et que les capacités des personnes se modifient elles aussi au fil du temps, la souplesse offerte quant à l’entrée dans la vie active, les éventuelles interruptions (notamment pour des raisons de formation ou de perfectionnement, de soins aux enfants ou aux membres de la famille) et la retraite flexible répondent ainsi à leurs désirs. Le modèle de répartition variable du temps de travail au cours de différentes périodes de la vie se base sur une division traditionnelle de l’actvité professionnelle qui est de plus en plus remise en cause: • formation (école, apprentissage, études) • phase d’activité lucrative • retraite Au cours du siècle dernier, l’espérance de vie des humains s’est considérablement accrue. Parallèlement, l’âge moyen d’entrée sur le marché du travail s’est élevé, notamment en raison du prolongement des années de formation. Ainsi, l’évolution de l’économie, de l’environnement, de la technologie et des connaissances rend cette différenciation très arbitraire. Cette division stricte en trois phases doit disparaître. Cela en raison du fait que le perfectionnement professionnel s’intensifie et se poursuit quasiment tout au long de la carrière. Cela implique que les travailleuses et travailleurs s’aménagent des «pauses» au cours de leur vie active afin de se consacrer à d’autres tâches, dont le perfectionnement. Cela peut se faire soit en abandonnant provisoirement la vie active, soit en complétant sa formation ou poursuivant son perfectionnement en cours d’emploi. La dernière période du «temps de travail réparti au cours de la vie» ne peut être assouplie que s’il est possible de prendre une retraite anticipée ou à la carte à partir d’un certain âge. 42 Le modèle de répartion variable du temps de travail au cours des différentes périodes de la vie part du principe qu’il faut donner la possibilité aux gens d’interrompre une formation ou une activité professionnelle pour des raisons familiales ou personnelles. A l’inverse de ce qu’offre un système basé sur la succession linéaire des phases de formation, d’activité professionnelle et de retraite de la vie active, ces périodes doivent pouvoir être interrompues et reprises en souplesse. Les calculs relatifs au financement des formations et des congés s’effectuent sur la base d’un horaire de travail étalé sur toute la vie. Les résultats sont comptabilisés sur un compte individuel, sous la forme de «crédits». Congé sabbatique (congé de longue durée) Cette forme est étroitement liée au temps de travail effectué ou prévu durant l’ensemble de sa vie. Comme on a pu le voir, la partition de la vie en trois phases bien délimitées n’a plus lieu d’être depuis que des changements sont susceptibles de survenir en permanence. La vie active est dorénavant ponctuée de «ruptures» délibérément choisies et consacrées soit au perfectionnement ou en vue d’un départ progressif ou flexible à la retraite. Le congé sabbatique est un congé de longue durée durant lequel les salarié(e)s ne vaquent pas à leurs activités professionnelles habituelles dans l’entreprise. Il s’agit d’un congé spécial payé ou non payé étalé sur une certaine durée. Les motivations pour un tel congé sont multiples: perfectionnement, programmes d’échange, interruption de l’activité professionnelle, besoin de temps libre. Les conditions posées par les entreprises pour l’obtention d’un congé sabbatique sont fort diverses. Il peut être obtenu si l’employé compte un certain nombre d’années d’appartenance à l’entreprise, par l’accumulation de jours de congé dans certaines limites, ou sous forme de congé non payé. Le congé sabbatique soulève cependant un certain nombre de questions: 1. Le poste de travail devenu vacant est-il garanti? 2. Le congé sabbatique est-il ouvert à tous les salarié(e)s ou seulement à certains groupes (cadres)? 3. Quelles incidences possibles en matière d’assurances sociales? 43 Retraite progressive et retraite à la carte La retraite telle que prévue et généralement pratiquée présente l’avantage d’être simple et équitable sur le plan juridique. Elle ne tient pourtant pas compte des besoins et désirs personnels des travailleuses et travailleurs. L’un des principaux obstacles à la retraite à la carte a trait aux questions d’assurance sociale. Chaque année d’anticipation de l’âge légal de la retraite engendre une diminution de la rente 15, tant en ce qui concerne l’AVS que la prévoyance professionnelle. Pour de nombreux de salarié(e)s, un telle réduction n’est pas supportable. Ils deviennent alors dépendants du bon vouloir de l’entreprise (allocation transitoire). Il existe différents genres de retraite: • Retraite stricte: abandon de la vie active à 65 ou 63/64 ans 16. Ce système arbitraire fixe une échéance bien précise. • Retraite progressive: réduction graduelle, par étapes, des activités professionnelles. Le temps de travail des employé(e)s d’un certain âge diminue jusqu’à ce qu’ils atteignent la limite d’âge (65 ou 63/64 16 ans) ou jusqu’au moment convenu. Une réduction de l’horaire hebdomadaire constitue une autre possibilité. • Retraite relativement flexible: départ anticipé/passage à la retraite dans les limites d’une fourchette donnée (60–65 ans). • Retraite entièrement flexible: arrêt possible entre 60 et 70 ans, le choix de l’horaire étant laissé à l’employé(e). La retraite progressive du point de vue des salarié(e)s + Diminution du stress et, par conséquent, amélioration du bien-être grâce à une réduction du temps de travail + Accoutumance progressive au statut de rentier ou rentière à part entière grâce à une augmentation graduelle du temps libre + Atténuation du choc psychologique lié à la retraite – Risque que les personnes d’un certain âge soient reléguées à des postes subalternes, moins valorisants ou mises à l’écart – Risque de ne pas déléguer le travail comme cela est prévu par crainte d’une certaine perte de prestige – Charge de travail excessive si d’autres collaborateurs ne compensent pas la réduction du temps de travail 15 16 44 Pour les femmes des années 1939–1947, des règles de réduction légèrement atténuées sont prévues dans l’AVS (cf. 10e révision de l’AVS). La 11e révision de l’AVS, adoptée en automne 2003, prévoit encore une réglementation analogue pour les années 1948–1952; ensuite, les règles de réduction actuarielles sont valables. Mais la mise en place de la 11e révision de l’AVS est actuellement (décembre 2003) encore fortement contestée; la SEC Suisse préconise une solution qui aille plus loin pour les femmes et les hommes. L’âge de la retraite AVS pour les femmes a été relevé à 63 ans en 2001; il passera à 64 ans en 2005. La retraite progressive du point de vue des entreprises + + + + + – – – Diminution de l’absentéisme Allongement de la mise au courant des successeurs Facilité en terme de gestion du personnel Accroissement de la productivité Maintien du savoir-faire Accroissement des exigences en matière de planification du personnel Besoin accru d’organisation et, par conséquent, baisse de la productivité Augmentation des coûts La retraite flexible du point de vue des salarié(e)s + Prise en considération des besoins individuels (à condition que les collaboratrices et collaborateurs puissent en décider librement) – Diminution des possibilités de replacement des travailleuses et travailleurs d’un certain âge liée au «facteur risque» que constitue une retraite anticipée – Moins de réticence à imposer une retraite anticipée qu’à procéder à un licenciement – Tentatives de pression éventuelles pour une retraite «volontaire» La retraite flexible du point de vue des entreprises + + + + Instrument supplémentaire en terme de gestion du personnel Rajeunissement et réorganisation dans les procédures de travail Amélioration de la productivité Diminution de la masse salariale, le successeur étant souvent engagé à un salaire inférieur + Maintien du savoir-faire + Meilleure coordination entre le départ à la retraite et l’arrivée de la relève – Coût de la prestation transitoire La SEC Suisse approuve les possibilités et modèles offerts par la retraite anticipée. L’égalité des chances doit pourtant être maintenue aussi pour les personnes à faibles et moyens revenus. 45 Application du principe de l’aménagement du temps de travail Conditions préalables à son application Les changements et innovations se heurtent très souvent à des réticences et des obstacles. Il faut parvenir à les cerner pour pouvoir prendre les décisions qui s’imposent. Dans les entreprises, l’aménagement des horaires de travail exige un temps de réflexion et d’adaptation car les obstacles à leur application sont nombreux. Cela exige que les cadres adoptent une attitude positive face au travail à temps partiel. De leur côté, les collaboratrices et collaborateurs devront faire preuve d’un meilleur esprit de coopération avec leurs collègues dans l’organisation des horaires. Conditions préalables générales Après avoir mis en évidence les obstacles, il faut apprendre à les affronter et à prendre les mesures appropriées destinées à les surmonter. L’adoption de mesure d’aménagement des horaires est liée aux conditions suivantes: • Toutes les réticences doivent disparaître: - celles de la direction face à l’accroissement du nombre de salarié(e)s (coût) que cela implique - celles des cadres moyens qui redoutent un surcroît d’organisation - celles des salarié(e)s par rapport à la sécurité sociale • Les souhaits des employé(e)s travaillant dans les divers départements doivent être pris en considération • Une marge de manœuvre suffisamment large doit être prévue pour mettre en place des dispositions sectorielles quand cela s’avère nécessaire • La constitution d’unités de dimensions modestes et maîtrisables au sein desquelles pourront s’appliquer des modèles d’horaires flexibles dépend d’une multiplicité de facteurs. 46 Les principaux facteurs indispensables à la réussite de l’introduction de mesures d’aménagement des horaires de travail sont: • des modèles avantageux pour le personnel et pour l’entreprise • des modèles présentés sans oublier aucun détail • une campagne d’information en toute transparence • la participatiion de toutes les parties concernées • un coaching idoine des cadres Conditions préalables particulières: exigences posées aux cadres L’introduction de modèles de temps de travail flexibles nécessite que les cadres modifient leur comportement. Ils doivent améliorer la prise en compte des intérêts individuels des salarié(e)s dans l’organisation des horaires en les intégrant dans le processus de décision; on améliore ainsi la motivation des collaborateurs et le climat de travail. L’aménagement des horaires de travail implique: • une gestion basée sur la coopération et la confiance plutôt que sur les contrôles • de plus grandes exigences de la part des cadres et au niveau des prestations L’aménagement des horaires modifie la culture d’entreprise et bouleverse les habitudes au sein de celle-ci. Son introduction ne sera bénéfique aux employé(e)s et entreprises que si les cadres font preuve de suffisamment de compétences sociales. Il apparaît que les résistances à son application émanent surtout des cadres moyens. Ils objectent souvent à l’encontre des modèles de réduction du temps de travail que certaines tâches exigent une présence permanente. Ces prétendues barrières ne reposent sur aucun argument rationnel et leurs craintes renforcent encore les résistances. Les principales réticences relèvent de: • la perte de pouvoir, car la décision quant à la répartition du temps est déléguée aux employé(e)s • la perte de contrôle, car les heures de présence des cadres et des employé(e)s sont modifiées • l’accroissement du travail des cadres qui, en tant que responsables, doivent exercer un contrôle plus important • nouvelles exigences pour des tâches d’encadrement toujours plus lourdes au détriment des tâches spécialisées maîtrisées jusqu’ici 47 Le succès de l’application des mesures d’aménagement des horaires de travail rencontrent le succès escompté, il faut que les cadres disposent de compétences et démontrent un comportement exemplaire. Les cadres doivent remplir deux fonctions essentielles: 1. Fonction d’exemple: Le comportement des cadres a une influence directe sur les normes et les valeurs des employé(e)s et, par conséquent, sur la culture d’entreprise. C’est la raison pour laquelle l’aménagement des horaires de travail doit aussi inclure les cadres. 2. Fonction d’application et d’orientation: La flexibilité des personnes concernées dépend de leur marge de manœuvre. La gestion des horaires comporte trois aspects: les cadres doivent établir les limites de la flexibilité et, dans ce contexte, harmoniser les besoins des salarié(e)s avec ceux de l’entreprise. Ainsi, les cadres sont responsables de la mise au point et de l’organisation du modèle de temps de travail. De plus, il leur incombe d’apprécier l’aptitude et la motivation des employé(e)s vis-à-vis de la flexibilité, et de les y encourager en prenant des mesures appropriées. Les horaires de travail flexibles accroissent le volume de travail des cadres, jusque-là limité aux activités de planification, de prise de décision, d’attribution des tâches et de contrôle. Ils doivent non seulement assumer les fonctions susmentionnées, mais également maîtriser la gestion des conflits, l’élaboration de stratégies et la planification à long terme de l’acquisition de compétences spécifiques. Il faut donc tenir compte de cet accroissement des exigences posées aux cadres lors de l’aménagement des horaires de travail. Dans cette perspective, il est recommandé d’analyser les compétences des cadres dans ce domaine et, au besoin, de les compléter par une formation appropriée. Objectifs Lors de la mise en place d’une nouvelle réglementation sur les conditions de travail, il convient de prendre en compte les objectifs de chaque partie concernée. Les horaires de travail doivent répondre aux exigences des salarié(e)s comme des entreprises, condition préalable indispensable pour parvenir à un entente sur leur introduction. Nous examinons ci-après quels sont les objectifs des employé(e)s et des entreprises. Objectifs des employé(e)s Lors de l’introduction des mesures d’aménagement des horaires, le principal objectif des employé(e)s vise à accroître leur qualité de vie: leurs conditions de travail doivent être mieux harmonisées à leurs besoins personnels qui évoluent en fonction de nouvelles valeurs. 48 A l’heure actuelle, les salarié(e)s accordent une plus grande importance au perfectionnement, à la vie de famille et aux loisirs. Cette situation influe sur le travail qui a tendance à s’humaniser. En raison de l’ augmentation du taux de chômage, l’aménagement des horaires pourrait contribuer aussi à renforcer la sécurité du travail. Les principaux arguments et objectifs des salarié(e)s sont les suivants: • Maîtrise du temps, marge de manœuvre et autonomie: En déterminant eux-mêmes leur horaire de travail, les employés accroissent leur marge de manœuvre individuelle et leur pouvoir de décision (autonomie). • Répartition des rôles plus équitable: En aménageant les horaires de manière appropriée, il est possible de répartir de manière individuelle les obligations professionnelles et familiales. Les femmes pourraient accroître leur activité professionnelle et les hommes assumer davantage de tâches ménagères et éducatives. • Participation: Si les entreprises et employé(e)s établissent ensemble la réglementation relative aux horaires de travail, il faut, dans la mesure du possible, prendre en compte tant les exigences de l’entreprise que les besoins des salarié(e)s. • Partenariat social actif: Les réglementations convenues dans le cadre du partenariat social permettent de répondre à la pression du marché pour un allongement des horaires d’exploitation. • Humanisation du travail: Les postes de travail et les prestations peuvent être organisés avec plus de souplesse. Plus attrayant, le travail s’effectuera dans un meilleur climat. • Adaptations individuelles et modulables: Les conditions de travail peuvent être adaptées périodiquement aux nouveaux besoins des employé(e)s. • Protection de la santé: Les salarié(e)s bénéficient de meilleures opportunités pour se reposer et se ressourcer. 49 • Sécurité des emplois: Une meilleure répartition du travail et une diminution des heures supplémentaires permettent d’éviter les licenciements et de réduire le chômage. Objectifs des entreprises Objectifs économiques: • Stabilité des coûts: L’aménagement des horaires ne doit pas forcément générer une augmentation des coûts. • Variation de main-d’œuvre: Les salarié(e)s doivent pouvoir répondre avec une plus grande souplesse aux pointes de production ou aux besoins de la clientèle. • Garantie des procédures de travail de l’entreprise: L’aménagement des horaires ne doit pas mettre en péril le bon déroulement du travail. • Pas d’augmentation des risques commerciaux: Tant l’exécution que la qualité du travail ou des services durant les heures de présence ou d’ouverture doivent répondre aux attentes de la clientèle. Aucun mandat ne doit être perdu par manque de disponibilité ou insuffisance de qualité. Objectifs en matière de gestion du personnel: • Motivation des salarié(e)s: L’aménagement des horaires doit déboucher sur une augmentation de la satisfaction au travail • Diminution du taux de rotation du personnel et de l’absentéisme • Stimulation du travail en équipe • Acceptation par les salarié(e)s et les délégués du personnel • Amélioration de la sécurité ou maintien des emplois: En période de récession, la pression sur les emplois est moins forte. L’entreprise maintien intact son savoir-faire et assume sa responsabilité sociale. 50 Revendications de la SEC Suisse Les avantages générés par l’aménagement des horaires de travail doivent être répartis de manière équitable entre les salarié(e)s et les entreprises. L’aménagement des horaires ne doit pas détériorer les conditions de travail des employé(e)s, ni se faire au seul bénéfice de l’entreprise. Contrairement à la «symétrie des sacrifices», il convient d’établir ici une «symétrie des avantages», condition indispensable pour préserver la motivation et, par conséquent, garantir le succès de l’aménagement des horaires. L’aménagement des horaires de travail contribue également à sauvegarder les emplois et à prévenir les licenciements conjoncturels. Exemples appliqués Les nouvelles formes d’horaires de travail ne sont pas toujours abordées dans les débats car on les juge souvent peu sérieuses, théoriques et onéreuses. De nombreuses démarches allant dans ce sens ont pourtant été entreprises et des modèles ont été appliqués depuis un certain temps déjà tant dans les grandes entreprises que dans les petites et moyennes entreprises (PME). La définition des objectifs reflète dans une certaine mesure la conjoncture économique ou la situation du marché du travail dans les différents secteurs concernés. Si certains modèles – comme le «modèle pionnier» de VW – visent clairement au maintien et/ou à la création d’emplois, d’autres estiment que l’aménagement des horaires relève des mesures générales de la gestion d’entreprise. Comme le démontrent certains modèles d’application, il est indispensable d’examiner et de prendre en compte les conditions particulières d’un secteur ou d’une région. Les trois exemples ci-après donnent un aperçu de l’éventail des solutions envisageables. Volkswagen (VW): un modèle expérimental de grande envergure En 1996, l’entreprise Volkswagen AG qui a son siège à Wolfsburg (Allemagne) a introduit la semaine de quatre jours et réduit la durée hebdomadaire de travail de 36 à 28,8 heures. La réduction du temps de travail de 20 % – impliquant une diminution du revenu annuel d’environ 15 % – a permis de conserver 20 000 emplois, soit autant de salarié(e)s. Etonnamment, ce sont les travailleurs touchant les plus bas salaires qui ont accueilli le mieux cette réglementation. En dépit de l’approbation générale, les personnes plus âgées ou mieux qualifiées se sont montrées moins satisfaites que les plus jeunes. Les femmes en distinguèrent un plus grand nombre d’avantages que les hommes. 51 L’autre élément à relever du modèle VW est que, depuis le 1er janvier 1996, il inclut un «relais des générations». Avec l’accord de l’entreprise, les salarié(e)s plus âgés peuvent prendre progressivement leur retraite en travaillant 24, 20 puis 18 heures par semaine. Au cours de ces trois étapes, ils touchent en moyenne 85 % du revenu qu’ils percevaient à plein temps. Quant aux jeunes ayant achevé leur apprentissage, ils ne peuvent travailler que 20 heures pendant les deux premières années, et seulement 24 heures pendant les 18 mois suivants. ABB Suisse: aménagement des horaires dans une grande entreprise suisse Le modèle d’horaire basé sur la convention collective de travail (CCT) de l’industrie des machines offre aux collaboratrices et collaborateurs et à l’entreprise une grande souplesse dans l’aménagement des horaires de travail. Chez ABB Suisse, plusieurs modèles de temps de travail individuel ou de travail à temps partiel sont appliqués, également pour les cadres. On pratique essentiellement le travail à temps partiel classique, le job-sharing, ainsi que l’horaire de travail en groupe en tant que développement logique du concept du job-sharing. ABB Suisse mise sur la retraite à la carte et progressive. La prévoyance professionnelle est assurée par trois institutions de prévoyance complémentaires. Les plans de prévoyance sont uniformes et les trois institutions offrent des options identiques. Les assuré(e)s choisissent comment ils souhaitent percevoir leurs prestations de retraite, en l’occurrence sous la forme d’une rente ou du versement du capital en une fois. Différentes formes mixtes de rente et de paiement du capital sont en outre possibles. Pour les hommes comme pour les femmes, l’âge de la retraite ordinaire est fixé à 65 ans. Les employé(e)s peuvent partir à la retraite dès l’âge de 57 ans, mais au plus tard à 70 ans. Ils sont libres de choisir une retraite anticipée, flexible, ordinaire ou différée. En cas de retraite anticipée (entre 57 et 62 ans), la rente de vieillesse est amputée des réductions actuarielles nécessaires. Celles-ci sont considérables: peu nombreux sont les assuré(e)s qui peuvent se permettre financièrement de choisir la retraite anticipée. Dans le cas de la retraite à la carte (de 62 à 65 ans), la rente vieillesse est moins fortement réduite que cela n’est prévu statutairement. Les coûts correspondants sont supportés par la masse des assurés et par l’entreprise, à raison d’une moitié chacune. Wandfluh: flexibilisation dans une PME La fabrique de machines Wandfluh, à Frutigen, emploie environ 200 personnes. Elle produit des soupapes hydrauliques et pneumatiques ainsi que des éléments électroniques 52 pour les secteurs des mines, des chemins de fer et de la construction automobile, de l’énergie hydraulique et éolienne, etc. Cette PME orientée sur le monde applique depuis plus de 15 ans des horaires de travail à la carte: une fois par an, les employé(e)s choisissent individuellement leurs heures de travail hebdomadaires et leurs semaines de vacances. Chacun travaille de manière polyvalente et peut constituer des crédits de temps mobile élevés (+100/-15 heures, extensible), puis les compenser par des journées de congé. Environ 40 % des employé(e)s de Wandfluh choisissent aujourd’hui un tel type d’horaire. Autres exemples Modèles qui, selon les conditions cadres, ont été conçus soit comme projets pilotes sur une longue période, soit temporairement au cours d’une restructuration: 17 Modèles d’horaires tendant à la «flexibilisation de la période de travail» • Hewlett-Packard (Suisse SA): horaire de travail à la carte • ABB Suisse: horaire de travail annuel à la carte • Ciba Spécialités chimiques: travail à la carte par rotation d’équipes • Schwarz AG, technique de tôle fine: modèle «à 5 vitesses» Modèles d’horaires tendant à la «flexibilisation de la durée du travail» • La Poste: modèle de solidarité, modèle des apprenti(e)s, modèle des cadres • Direction de la Santé du canton de Zurich: modèles de temps de travail avec effet sur l’emploi (BAM) • Käppeli Holding AG (construction): modèle d’horaire «TravailPlus» • CERN, Genève: modèle «compte de temps libre» Retraite à la carte 18 • ABB Consulting AG: modèle «carrière alternative» • Leica Geosystems AG • Frutiger AG (secteur principal de la construction): temps partiel pour les travailleuses et travailleurs d’un certain âge Pour d’autres modèles et expériences en Suisse et à l’étranger, nous renvoyons aux indications bibliographiques (p. 60–61). 17 18 Graf, Stefan/Henneberger, Fred/Schmid, Hans: Flexibilisierung der Arbeit. Erfahrungen aus erfolgreichen schweizerischen Unternehmen. Haupt, Bern/Stuttgart/Wien 2000. Une réglementation remarquable au niveau d’une branche a été adoptée en 2002 dans l’industrie du bâtiment, dans le cadre de la «Convention collective de travail pour la retraite anticipée dans le secteur principal de la construction» (CCT RA); www.far-suisse.ch. 53 Partager les postes: chances accrues pour femmes et cadres Critères de partage des postes Les modèles d’horaires à la carte visant à réduire la durée du travail et à partager les postes ne peuvent être instaurés à la légère. Pour les appliquer de manière satisfaisante, il faut tenir compte de plusieurs critères. Critères généraux • Volonté commune: tant l’entreprise que les employé(e)s concernés souhaitent le partage du poste. • Volonté de la direction: celle-ci doit être manifestement favorable au travail à temps partiel et l’encourager par des mesures incitatives. • Solutions spécifiques à un département: aucune forme de réduction du temps de travail ne peut convenir à l’ensemble des secteurs d’activité, entreprises, départements ou postes. Il est donc indispensable de différencier les modèles en fonction de critères spécifiques. • Compensation partielle des salaires: le gain de productivité escompté ne se réalisera que si un grand nombre de salarié(e)s l’accepte. • Aucune diminution des prestations ou des service à la clientèle. • Respect des dispositions du droit du travail. Critères spécifiques La divisibilité objective des postes à plein temps dépend du genre de tâches à effectuer, de leur répartition et de la potentialité de changement de l’organisation du travail. La divisibilité subjective dépend des besoins de l’entreprise et de la volonté des employé(e)s. Il est indispensable que l’ensemble des cadres et des membres d’une équipe adhèrent au changement. Les employé(e)s doivent pouvoir organiser librement leur travail tout en restant ouverts à la coordination et à l’information. Les personnes concernées doivent également être satisfaites de la souplesse offerte, du système d’horaire de travail, de l’entreprise elle-même et de l’allègement de leur charge (stress). La divisibilité subjective comprend aussi l’attitude des collègues et des supérieur(e)s les uns vis-à-vis des autres, souvent appelée à évoluer. Le maintien de la satisfaction au travail en dépend directement. 54 Pour estimer le nombre d’emplois pouvant potentiellement être mutés en postes à temps partiel, on doit tenir compte de deux éléments. Il faut d’une part connaître le nombre de personnes prêtes à travailler à temps partiel et, d’autre part, savoir si le travail à temps partiel n’est pas limité par les emplois eux-mêmes. Toutes les fonctions ne se prêtent en effet pas au travail à temps partiel. On peut toutefois s’attendre à l’avenir à un renforcement de tendance en faveur du partage des postes. Les modèles de temps de travail flexibles sont favorables au principe d’égalité. Ils prennent en compte tant les besoins des salarié(e)s que ceux des entreprises, constituent des instruments efficaces pour créer des postes à temps partiel à tous les niveaux hiérarchiques. Vous en saurez plus sur les conditions d’engagement et les bases juridiques du travail à temps partiel en consultant la brochure n° 5 de la SEC Suisse intitulée «Travail à temps partiel». Potentiel des femmes en terme d’emploi Le potentiel professionnel des femmes a longtemps été sous-estimé et peu mis en valeur. Et quand on l’exploitait, c’était essentiellement à des niveaux hiérarchiques inférieurs, pour des tâches simples, monotones et non qualifiées. Par ailleurs, les femmes désirant faire carrière ne sont pas facilement acceptées, ni aisément reconnues par la société. Pourtant, la promotion et l’intégration des femmes aux échelons supérieurs de la hiérarchie constitueraient un enrichissement pour la direction et l’entreprise ellemême. Tentons d’appréhender l’importance et l’utilité de ce potentiel. La valeur et l’importance des femmes dans la vie professionnelle n’ont cessé d’évoluer. Autrefois Pendant longtemps, le rôle de la femme consista à rendre service, l’activité lucrative restant l’apanage de l’homme. Aujourd’hui Les femmes exerçant une activité lucrative se heurtent encore aux mêmes préjugés ou réserves: • manque de continuité • manque de résistance physique • manque de savoir-faire • absences fréquentes 55 Au début de l’intégration des femmes, les postes qu’elles occupaient correspondaient au rôle qu’elles assumaient au sein de leur famille en se consacrant à des activités de service et elles ne pouvaient pas accéder aux postes hiéararchiquement supérieurs. Cette conception évolue pourtant peu à peu, les femmes bénéficiant désormais de qualifications et d’une formation analogues à celles des hommes. Aujourd’hui, elles peuvent également se faire seconder dans leurs tâches domestiques ou la garde de leurs enfants. Demain • La répartition des rôles basée sur le principe du partenariat poursuivra son évolution. • L’importance de l’activité lucrative des femmes continuera d’augmenter et se rapprochera de celle des hommes. • Les inégalités en matière de salaire et de carrière devraient diminuer. Les femmes devront pourtant continuer à lutter pour que le principe de l’égalité soit respecté. • Les structures sociales et les conditions de travail continueront à se modifier et deviendront plus souples. Dans ce processus de changement, les formes d’horaires de travail flexibles apportent une aide précieuse dans la mesure où elles permettent aux personnes qui assument des tâches d’assistance – concrètement, avant tout les femmes – de mieux participer à la vie professionnelle que ce n’est le cas aujourd’hui. En revanche, les horaires de travail fixes et les conditions cadres rigides en matière de politique familiale bétonnent la répartition traditionnelle des rôles entre les femmes et les hommes. La voie de l’avenir est ainsi toute tracée. Elle ne pourra cependant se concrétiser que si l’attitude de la société à l’égard du travail lucratif des hommes et des femmes continue de s’éloigner des clichés qui persistent encore aujourd’hui. 56 Potentiel de travail à temps partiel des cadres A l’image de ce qui se fait pour les femmes, il est également possible de concevoir de nouveaux postes à temps partiel pour les cadres supérieurs. L’apparition de tels horaires à la carte dépendra cependant de la manière dont on parviendra à vaincre les résistances encore bien perceptibles à l’égard du travail à temps partiel chez les cadres. Les demandes de réductions d’horaires dans les fonctions d’encadrement sont plus nombreuses que les offres. Dans le même sens, les tâches de conduite sont généralement considérées comme étant indivisibles. Une étude portant sur les postes d’encadrement partagés dans le service public fait pourtant apparaître que, sous certaines conditions et à des degrés de qualifications spécifiques, les postes de cadres sont effectivement divisibles. Les préjugés subsistent pourtant dans maintes entreprises et dans l’esprit de nombreux cadres, notamment par manque d’information. Les réticences à l’égard du temps de travail à la carte sont certainement dues au fait que la plupart des cadres ne connaissent guère d’exemples de collègues travaillant à temps partiel. Le travail à temps partiel est d’autre part souvent assimilé à une activité non qualifiée, plutôt réservée aux femmes, et pouvant être exécutée avec un faible engagement personnel. On estime aussi à tort qu’une fonction hiérarchique élevée nécessite forcément une omniprésence des cadres concernés. Enfin, on rejette le travail à temps partiel des cadres sans aucune motivation objective, souvent en argumentant que leurs tâches ne peuvent être effectuées dans les limites d’un temps partiel. Obstacles au travail à temps partiel des cadres • Résistance au changement: manque d’engagement pour oser innover • Attitude sceptique à l’égard de la réduction de la durée du travail: manque d’opportunité pour tenter des expériences positives • Situation économique: la conjoncture n’est pas favorable à l’innovation en matière de gestion du personnel • Manque d’expérience du travail à temps partiel au niveau des cadres: personne ne veut être le premier ou la première • Attitude conservatrice des cadres • La structure hiérarchique des fonctions fait souvent obstacle à l’introduction de modèles individuels de temps de travail • Les entreprises se montrent généralement sceptiques quant au travail à temps partiel pour des postes qualifiés • Les entreprises sans expérience en matière de travail à temps partiel émettent de très fortes réserves à l’égard des modèles de temps de travail à la carte • Un manque d’information renforce les effets négatifs présumés des réductions des horaires de travail 57 L’introduction de modèles basés sur la réduction des horaires de travail chez les cadres exige que l’on examine les points suivants: • divisibilité, contenu ainsi que durée du travail des personnes affectuées au poste • corrélation et communication avec d’autres instances (internes/externes) • aspiration à l’omniprésence des cadres • possibilités de carrière, formation et perfectionnement • aspects financiers • coût généré par le changement d’organisation du travail En ce qui concerne l’aménagement du temps de présence, une position de cadre est potentiellement réceptive à la flexibilisation quand l’absence de la personne n’exige pas de prévoir de remplaçant et qu’elle n’induit pas de dégradation du niveau d’efficacité. Cela dépendra dans une large mesure du style de conduite et de la culture d’entreprise. Pour ce qui est de l’horaire partagé, une fonction est jugée réceptive à la flexibilisation quand elle peut être assurée par toutes les personnes désigné à cet effet. Une fonction remplit d’autant mieux les conditions du partage quand elle est standardisée et normalisée, que la personnalité des individus qui l’assurent joue un rôle secondaire et que le transfert des informations d’une personne à l’autre est facilement réalisable. La SEC Suisse souhaite que l’on crée davantage de postes d’encadrement à temps partiel pour permettre aux femmes et aux hommes de mieux concilier leurs obligations familiales ou communautaires et leurs activités lucratives. 58 Tendances dans l’organisation du temps de travail Les tendances actuelles en matière d’organisation des horaires de travail sont les suivantes: 1. Passer de l’horaire de travail hebdomadaire à l’horaire de travail annualisé. 2. Passer de la semaine de cinq jours à la semaine de quatre jours: La réduction du temps de travail individuel et l’allongement de l’horaire de l’entreprise conduira naturellement à la concentration de l’activité professionnelle sur quatre jours par semaine. 3. Passer de l’uniformité à l’individualité: Les horaires de travail uniformes dans toute l’entreprise deviennent de moins en moins courants. 4. Passer de l’organisation centrale du travail à la délégation de la compétence temporelle: Négocier, organiser et gérer le temps de travail relèvent de plus en plus souvent des compétences des unités opérationnelles et des groupes de travail. 5. Passer d’une organisation basée sur le temps à celle axée sur les tâches: Le temps comme mesure du travail cède le pas à la tâche à effectuer. A l’avenir, la réorganisation des horaires de travail constituera un important défi pour les instances chargées de la gestion du personnel. L’instauration de structures décentralisées ne manquera pas d’influencer la réglementation du temps de travail. L’élément déterminant de la flexibilisation consiste à dissocier l’horaire d’exploitation du temps de travail individuel. Des solutions propres aux entreprises et adaptées aux postes de travail peuvent apporter des avantages aux employé(e)s, aux entreprises et à la société, réfutant ainsi la plupart des préjugés formulés à l’encontre des horaires de travail flexibles. La clé du succès repose sur un modèle individuel, souple, conçu avec la participation de toutes les parties concernées. La SEC Suisse représente les intérêts des employé(e)s et veille à ce que l’assouplissement de l’horaire de travail se fasse à leur avantage. Elle s’engage dans cette voie lors de la négociation de conventions collectives de travail et par son service de conseils. En cas de menace de licenciement collectif, les organisations d’employé(e)s telles que la SEC Suisse doivent être aussitôt conviées à participer à la recherche de nouveaux modèles de temps de travail permettant de maintenir les emplois. 59 Bibliographie Au sujet des modèles de temps de travail D’une lecture facile, cet ouvrage constitue une bonne introduction à ce thème: Holenweger, Toni/Conrad, Hanspeter (Hrsg.): Arbeit & Zeit. Neue Arbeitszeitmodelle aus der Praxis. Kontrast, Zurich 1998. Les ouvrages suivants complètent le sujet: Baillod, Jürg/Holenweger, Toni/Ley, Katharina/Saxenhofer, Peter: Handbuch Arbeitszeit. Perspektiven, Probleme, Praxisbeispiele. 2e édition. vdf, Zurich 1993. Baillod, Jürg/Davatz, Felix/Luchsinger, Christine/Stamatiadis, Martin/Ulich, Eberhard: Zeitwende Arbeitszeit. Wie Unternehmen die Arbeitszeit flexibilisieren. vdf, Zürich 1997. Baillod, Jürg (Hrsg.)/Blum, Adrian/Erdös-Schärer, Susanne/Schär Moser, Marianne/ Stamatiadis, Martin: Chance Teilzeitarbeit. Argumente und Materialien für Verantwortliche. vdf, Zurich 2002. Blum, Adrian: Integriertes Arbeitszeitmanagement. Ausgewählte personalwirtschaftliche Massnahmen zur Entwicklung und Umsetzung flexibler Arbeitszeitsysteme. Haupt, Berne 1999. Blum, Adrian/Zaugg, Robert J.: Praxishandbuch Arbeitszeitmanagement. Beschäftigung durch innovative Arbeitszeitmodelle. Verlag Rüegger, Coire/Zurich 1999. Böringer, Peter: Die neue Arbeitswelt. Flexibilisierung der Erwerbsarbeit und atypische Arbeitsverhältnisse. KV Zürich, Zurich 2001 (Collection de la KVZ). Graf, Stefan/Henneberger, Fred/Schmid, Hans: Flexibilisierung der Arbeit. Erfahrungen aus erfolgreichen schweizerischen Unternehmen. Haupt, Berne 2000. Ulich, Eberhard (Hrsg.). Beschäftigungswirksame Arbeitszeitmodelle. vdf, Zurich 2001. Au sujet du travail à temps partiel et de la répartition du travail entre femmes et hommes Buchmann, Marlis/Kriesi, Irene/Pfeifer, Andrea/Sacchi, Stefan: Halb drinnen – halb draussen. Analysen zur Arbeitsmarktintegration von Frauen in der Schweiz. (Mit einem Ländervergleich von Maria Charles). Verlag Rüegger, Coire/Zurich 2002. Bürgisser, Margret: Concilier le travail et la famille. Brochure n° 13 de la Société suisse des employés de commerce. Zurich 2000. Büro für die Gleichstellung von Frau und Mann der Stadt Zürich: Flexibel, aber nicht prekär. Ein Handbuch zur gleichstellungsgerechten Gestaltung flexibler Arbeitsverhältnisse für Betriebe, Gewerkschaften, Gleichstellungsbeauftragte, Personalfachleute und Personalvertreter/innen. Büro für die Gleichstellung von Frau und Mann der Stadt Zürich, Zurich 2002. 60 SEC Suisse: Travail à temps partiel. Brochure n° 5 de la Société suisse des employés de commerce. Zurich 2001. Strub, Silvia: Le travail à temps partiel en Suisse. Etude axée sur la répartition du travail à temps partiel entre femmes et hommes et sur la situation familiale des personnes actives occupées. Bureau d’études de politique du travail et de politique sociale (BASS). Berne 2003. Strub, Silvia/Bauer, Tobias: Répartition du travail entre les sexes. Etat des lieux. Etude comparative de la répartition du travail non rémunéré et rémunéré dans les familles en Suisse et au niveau international. Etude menée sur mandat du Bureau fédéral de l’égalité entre femmes et hommes. Berne 2002 (www.fairplay-at-home.ch). Internet Le Bureau fédéral de l’égalité entre femmes et hommes (Schwarztorstr. 51, 3003 Berne, tél. 031 322 68 43, fax 031 322 92 81, [email protected]) gère les pages Internet suivantes, avec commentaires explicatifs, indications sur les documents, bibliographie, etc.: - www.fairplay-at-home.ch Une liste bibliographique détaillée et commentée sur le thème «concilier le travail et la famille» se trouve sous «www.und-online.ch/fr_materialien.htm». - www.fairplay-at-work.ch Bases statistiques L’Office fédéral de la statistique (OFS) (www.statistique.admin.ch) publie un grand nombre de données sur le thème «vie professionnelle et marché du travail». L’Enquête suisse sur la population active (ESPA), menée chaque année et dont les résultats sont publiés dans un programme de publication à plusieurs niveaux, offre une source de données importante. D’autres informations sur la vie professionnelle sont fournies par le recensement des entreprises, la statistique de l’emploi et des activités lucratives et le recensement populaire. Ces résultats sont également publiés sous diverses formes par l’OFS. On trouvera une bonne vision d’ensemble dans: - OFS: Indicateurs du marché du travail 2003. Neuchâtel 2003 (publication annuelle). - OFS: Enquête suisse sur la population active (ESPA). Résultats commentés et tableaux 2002. Neuchâtel 2003 (publication annuelle). On trouvera des informations sur le chômage dans les statistiques du chômage publiées par l’OFS sur la base des recommandations internationales ainsi que dans les statistiques du chômage publiées par le Secrétariat d’Etat à l’économie (seco) (www.seco.admin.ch, rubrique «travail») qui recensent les personnes au chômage et demandeuses d’emploi inscrites auprès des offices de placement régionaux (OPR). En raison de différences dans les définitions et les méthodes, les deux statistiques ne recouvrent pas exactement les mêmes données. 61 Impressum Mars 2005. Nouvelle édition entièrement remaniée de la publication de 1997: (Auteurs: Karin Oberholzer, lic. oec. HSG, et Sophia Maria Würmli, lic. oec. publ.) Remaniement du contenu/nouveaux articles: Larissa Kihm, lic. oec. publ., Zurich Susanne Erdös, secrétaire centrale de la SEC Suisse, Zurich Hans-Ulrich Schütz, collaborateur chargé des questions économiques, Secrétariat général de la SEC Suisse, Zurich Graphiques, mise en pages et réalisation: Gabriele Wessicken, Zurich Traduction: Françoise Nagy, Arzier Adaptation française: Pierre-Henri Badel et Clairemonde Hirschmann, Les Editions du Couchant SA, Nyon Présentation graphique: GFS Communications AG, St-Gall Coordination: Margot Zimmermann, SEC Suisse, Zurich Impression: Stämpfli AG, Berne Editeur: Société suisse des employés de commerce (SEC Suisse), Zurich 66