what is lng`s future in europe?

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what is lng`s future in europe?
QUEL AVENIR POUR LE GNL EN EUROPE?
WHAT IS LNG’S FUTURE IN EUROPE?
Pascal Bancourt
Deputy Vice President
LNG Projects and Purchase
International Division
Gaz de France
Paris, France
ABSTRACT
On the European gas scene, we cannot but notice that transmission pipeline projects
seem to take centre stage in meeting the market's growing needs in the near future, for
example doubling of the Transmed system, construction of the Maghreb-Europe pipeline,
Norfra, Interconnector, the Yamal project, and the list goes on.
However, before the beginning of the next century, LNG projects for Europe will start
to see the light of day, like for example Atlantic LNG and Nigeria LNG. The revamping
of the Algerian liquefaction plants will also allow an increase in LNG trade, mainly in the
Mediterranean region.
It is clear that in the medium term, increasing European needs will be met for the most
part by onshore pipelines ; however there is also no doubt that in the long term, we are
going to tap increasingly distant sources, for which LNG is a viable transmission option.
The countries of the Middle East (Qatar, Yemen, Oman, Iran, etc.), which have the
largest gas reserves in the world after those of the former Soviet Union, may allow to
diversify European gas supply by providing alternative sources, particularly to Russian
gas.
RESUME
Sur la scène gazière européenne, force est de constater que ce sont les projets de
gazoducs qui semblent jouer le premier rôle pour subvenir dans le proche avenir aux
besoins en croissance du marché : doublement du Transmed, réalisation du gazoduc
Maghreb-Europe, Norfra, Interconnector, projet Yamal, ...
Pourtant des projets GNL dirigés vers l’Europe verront le jour avant le
commencement du prochain siècle : Atlantic LNG et Nigeria LNG. La rénovation des
usines de liquéfaction algériennes permettra aussi une croissance du commerce du GNL,
principalement dans la zone méditérranéenne.
1.R—1
S’il est certain que la croissance des besoins européens sera essentiellement couverte
sur le moyen terme par la mobilisation de capacités de transport terrestre, il ne fait
cependant pas de doute qu’à plus long terme, il devra être fait appel à des ressources
toujours plus éloignées pour lesquelles le GNL est une option de transport adéquate.
Nous estimons qu’alors, les pays du Moyen Orient (Qatar, Yémen, Oman, Iran...),
dôtés de réserves considérables (les plus importantes au monde après celles de la CEI),
pourront permettre une diversification de l’approvisionnement en gaz des pays européens
et seront à même d’offrir une alternative, notamment face aux possibilités du gaz russe.
Le passé récent a plutôt focalisé notre attention sur la réalisation d’importants
ouvrages d’interconnexion terrestre en Europe et très peu sur le GNL. Le doublement du
gazoduc Transmed, la mise en service du gazoduc Maghreb-Europe, la mise en service
prochaine de l’Interconnector et du gazoduc Norfra placent les projets GNL au second
plan de la scène gazière européenne.
Quel est donc l’avenir du GNL en Europe ?
Aujourd'hui, alors que de nouvelles voies de transport terrestre de gaz naturel offrant
des capacités très importantes sont en passe d'être ouvertes, le GNL peut-il toujours
s'imposer pour satisfaire les besoins en croissance de l’Europe, et dans quelles
circonstances ?
1.R—2
QUEL AVENIR POUR LE GNL EN EUROPE?
1. Le GNL est à l'origine des échanges internationaux de gaz naturel en
Europe
Lorsque l'on traite de GNL, c'est forcément aux échanges internationaux de gaz
naturel que l'on s'intéresse, la chaîne comprenant la liquéfaction, le transport, puis la
regazéification, du fait des importants investissements mobilisés, semblant devoir de toute
évidence, être réservée à des transits sur des distances importantes et pour des volumes
significatifs.
Lorsqu'il s'est agit d'étudier les solutions pour acheminer jusqu'en Europe Occidentale
(France et Grande-Bretagne dans un premier temps) le gaz naturel découvert en Algérie
dans le Sud saharien, il a fallu considérer au moins trois éléments fondamentaux :
– la situation des marchés qui se localisaient en fait, non pas au Sud de la France,
mais principalement au Nord, à Paris et dans la zone industrielle de la Seine,
– les difficultés techniques, pratiquement impossibles à résoudre à l'époque, pour la
pose de gazoducs sous-marins à des profondeurs importantes,
– les difficultés politiques qu'il aurait fallu surmonter pour établir un lien fixe par
gazoduc entre l'Algérie, le Maroc et l'Espagne et débouchant en France.
Au début des années 60, la solution GNL permit d'éluder toutes ces questions et
apparut la seule économiquement et techniquement réalisable. Ainsi, en 1965, l'usine
Camel d'Arzew fournit sa première cargaison à la Grande-Bretagne et à la France, dans les
terminaux méthaniers de Canvey Island et du Havre.
Il s'agissait alors de l'établissement des premières liaisons gazières de transport
international puisque le gaz hollandais de Groningue ne fut importé en France et en
Belgique qu'à partir de 1967.
Le GNL algérien connut ensuite un très fort développement avec la création au début
des années 1970 de l'usine de liquéfaction de Skikda qui a desservi les terminaux
méthaniers de Fos-sur-Mer en France, de Barcelone en Espagne et de Panigaglia en Italie
et qui fut ensuite agrandie au début des années 1980.
Vers 1969, la Libye était également devenue, grâce à l'usine de Marsa El Brega,
exportatrice de GNL dirigé vers l'Italie et vers l'Espagne, mais pour des volumes qui sont
restés limités.
L'épisode malheureux du développement avorté du marché américain pour le GNL
algérien démontra entre 1977 et 1980 que l'Europe, et particulièrement la zone
méditerranéenne, constitue le débouché naturel et prioritaire du GNL algérien. C'est ainsi
que le complexe de Béthioua, conçu au départ pour alimenter également les Etats-Unis
avec de grandes quantités de GNL, dessert aujourd'hui essentiellement des Pays situés en
bordure de la Mare Nostrum, plus la Belgique. Les livraisons dans les terminaux de Lake
1.R—3
Charles et d'Everett ne constituent en effet aujourd'hui, qu'une petite partie des flux
d'exportation du GNL algérien.
On peut donc dire qu'entre 1965 et 1983 l'histoire du GNL, essentiellement algérien, se
confond avec celle du développement de l'industrie du gaz naturel en Europe, en
particulier dans la zone méditerranéenne.
2. Le développement des gazoducs
2.1 Les gazoducs venant du Sud
A partir de 1983 néanmoins, les "solutions gazoducs venant du Sud" réalisent une
percée avec la pose à travers le détroit de Messine du gazoduc Transmed reliant l'Algérie
et l'Italie via la Tunisie. Cet ouvrage a vu ses capacités progressivement augmentées, puis
finalement doublées fin 1995 pour atteindre le débit très impressionnant de 24 milliards de
m3 par an, qui pourrait être porté à environ 30 milliards de m3 par an moyennant des
travaux de renforcement des stations de compression.
Avec l'achèvement en cours de la première phase du gazoduc Maghreb-Europe
(environ 10 milliards de m3 par an), se dessine aujourd'hui le schéma futuriste d'une boucle
gazière "Maghrebo-Européenne" dont il ne manquerait plus que les liaisons transalpine et
transpyrénéenne pour voir le jour. Un tel ouvrage dont les capacités pourraient être
progressivement augmentées (la réserve de capacité du gazoduc Maghreb-Europe est, audelà de la 1ère phase en cours d'achèvement, d'environ 8 milliards de m3 par an), pourrait
ensuite être complété par de nouvelles ramifications tant vers l'Europe Centrale que vers le
Proche-Orient et la Turquie.
2.2 Les autres gazoducs
Mais pour l'Europe, et en particulier pour la France, notre attention se tourne aussi
vers le Nord et vers l'Est quand nous considérons les différentes options
d'approvisionnement de notre marché pour le moyen et le long terme. Ces options
nécessiteraient la mise en oeuvre de nouveaux projets de gazoduc voire seulement le
renforcement ou l'exploitation jusqu'à leurs capacités ultimes des liaisons terrestres
actuelles, notamment de celles qui établissent les interconnexions entre les différents
réseaux de transport nationaux à partir des pays suivants :
–
les Pays-Bas, dont les réserves ne croîtront sans doute pas mais qui devraient
maintenir leur niveau d'exportation compte tenu de l'action de mise en valeur des
champs de Mer du Nord et de la politique de développement menée par Gasunie pour
devenir un « centre agrégateur » des flux de gaz en Europe,
– la Norvège qui devrait augmenter fortement sa production après l'an 2000 (d'environ 40
à près de 60 milliards de m3 par an dans une première étape pour atteindre 80 et peutêtre 90 milliards de m3 par an à l’horizon 2010) ; avec la nouvelle liaison NORFRA,
dont le point d'atterrage est Dunkerque en France, des possibilités de transit s'ouvrent
vers la France ainsi en est-il déjà pour l’Italie, pour le transit de 6 milliards de m3 par
ans entre Dunkerque ou Taisnières et la frontière suisse près de Bâle.
1.R—4
– la Russie qui, avec les réserves de gaz naturel les plus considérables au monde,
entreprend avec le projet Yamal (environ 25 à 30 milliards de m3 par an en première
phase - 2000 -) de mettre en production de nouvelles ressources ; le volume des
exportations russes pourrait ainsi être porté de 130 milliards de m3 en 1995 à 160 en
2000, puis à 190 milliards de m3 en 2010,
– le Royaume-Uni d'où le gaz de Mer du Nord sera acheminé par l'Interconnector vers le
Continent, et qui constitue une possibilité pour l'approvisionnement de tous les pays
européens entre 1998 et 2010 environ (potentiel d'exportation de 10 à 15 milliards de
m3 par an pendant une dizaine d’années),
– enfin, d’autres projets de gazoducs sont à l’étude pour alimenter l’Europe : du
Turkménistan vers la Turquie en première phase, de la Libye vers l’Italie, de l’Iran
également vers les pays européens dans leur ensemble.
3. Capacité du marché européen
Devant les chiffres tout à fait considérables envisagés pour les transits de gaz par
gazoduc qui ont été cités ci-dessus, on peut s'interroger d'abord sur la capacité qu'aura
l'Europe, à absorber les volumes annoncés. Ensuite, il faut s'interroger sur la place que le
GNL pourra prendre dans le développement du marché.
Comme le tableau ci-après le montre, le potentiel de développement du marché
européen est important. Eurogas prévoit en effet qu'il va croître d'environ 40 % d'ici 2010.
La croissance des marchés du gaz dans les pays méditerranéens (France, Italie,
Espagne, Portugal, Grèce, Turquie et pays de l'Ex-Yougoslavie) est attendue être encore
plus importante : entre 45 % et 57 % d'ici 2010, ce qui s'explique par le fait que figurent
dans cette zone méditerranéenne, des pays où le gaz naturel n'a pas encore pénétré ou
dans lesquels l'industrie gazière n'est pas encore mature et connaît donc un très fort
développement.
Bien entendu, ces prévisions restent soumises à aléas importants. La croissance de la
demande est en particulier très dépendante des programmes de conversion au gaz ou de
développement des centrales électriques qui entraînent la plus grande part (environ 60 %)
de la croissance envisagée, bien que les secteurs industriel, tertiaire et domestique
conserveront au total une part prépondérante.
4. Positionnement du GNL aujourd'hui et pour le futur proche
Confortés par les bonnes perspectives de développement des marchés du gaz en
Europe, examinons maintenant en particulier la place aujourd'hui détenue par le GNL et
quelle évolution peut être prévue à moyen terme.
Comme le tableau précédent le montre, dans l’Europe des 15, le GNL a représenté
environ 7 % de la consommation totale en 1996 ; ce ratio pourrait se maintenir à l’horizon
2010.
1.R—5
La part du GNL dans les approvisionnements des pays méditerranéens était de 14 %
en 1994. Les experts estiment que ce ratio pourrait croître pour atteindre 23 à 33 % en
2010.
Les pays européens bordant la Méditerranée seraient donc mieux placés que les autres
pour voir des projets d’importation de GNL se réaliser.
4.1 Rénovation des usines de liquéfaction algériennes
La stabilisation voire la croissance de la part du GNL dans les approvisionnements
européens s'explique aisément pour le court et moyen terme, par la mise en route de
nouveaux projets dont la réalisation est rendue possible grâce à l'aboutissement des
travaux de rénovation des usines de liquéfaction algériennes.
Ainsi, un nouveau contrat signé en 1994 entre Sonatrach et Snam, a permis la livraison
à partir de 1997 d'un volume d'environ 2 milliards de m3 de gaz par an au terminal de
Panigaglia qui a été modernisé à cet effet.
De même, Sonatrach et Botas ont convenu de porter au total à 4 milliards de m3 par
an les volumes destinés au terminal de Marmara. Le build-up de ce contrat avait
commencé en 1994.
La Grèce enfin, devrait recevoir avant la fin de ce siècle sa première livraison de GNL
algérien dans le terminal méthanier de Revithoussa, en cours de construction.
L'ensemble de ces nouveaux débouchés s'ajoutant aux précédents engagements de
SONATRACH, il apparaît que la capacité de production des usines algériennes d'Arzew,
de Béthioua et de Skikda (environ 30 Milliards de m3 par an au total) sera alors
pratiquement complètement sollicitée en régime normal. Cette capacité permettra toutefois
des livraisons supplémentaires en régime de pointe.
4.2
Le premier projet GNL venant de l'Ouest: le projet Atlantic LNG
Autre point important qui marquera l'avenir du GNL en Europe : 40 % de la
production de GNL du projet Atlantic LNG de Trinité et Tobago (3 millions de tonnes par
an environ) sont prévus être orientés dès 1999 vers l'Espagne. Ce projet constitue une
diversification remarquable des approvisionnements de GNL dont l'origine proviendra
pour la première fois de l'Ouest, depuis les caraïbes.
4.3 Le projet NIGERIA LNG
La croissance attendue de la part du GNL dans le proche avenir s'explique enfin par le
démarrage du projet Nigeria en 1999/2000. Ce projet ne desservira en effet que des
acheteurs Européens : Botas en Turquie, Gaz de France, Enagas en Espagne et Enel en
Italie.
Nous pourrons développer ici, le cas échéant, la solution de « swap » mise en place
par Gaz de France pour permettre en définitive à Enel d’enlever les quantités qu’il a
souscrite (3,5 Gm3/an) et qu’il était dans l’incapacité de recevoir en Italie à la suite de la
décision de ne pas construire un nouveau terminal dans ce pays.
1.R—6
Pour le marché gazier méditerranéen, ce projet implique un renforcement des
infrastructures des terminaux de Huelva et de Carthagène en Espagne : agrandissement et
adaptation à l'accès et au déchargement de navires de grande capacité.
4.4 Des terminaux méthaniers en nombre croissant
Nous voyons donc que l’Europe et en particulier les pays de la zone méditerranéenne,
auront bientôt plus facilement encore accès à de nouveaux flux de GNL grâce à
l'implantation d'un nombre croissant de terminaux méthaniers :
– Terminaux de grande capacité permettant l'accès de navires de 125 000 m3 de
capacité ou plus :
-
Montoir de Bretagne en France
Zeebrugge en Belgique
Huelva et Carthagène en Espagne
Marmara Ereglisi en Turquie
– Terminaux de plus petites capacités avec un accès limité aux navires d'environ 70
000 m3 de capacité ou moins :
-
Fos-sur-Mer en France
Panigaglia en Italie
Barcelone en Espagne
Revithoussa en Grèce
De nouveaux terminaux font également l'objet d'études sur les pourtours de la zone
méditerranéenne :
– le terminal de Krk en Croatie sur la côte adriatique, qui permettrait l'importation de
GNL destiné aux pays de l'Europe centrale,
– en Turquie, des études ont été menées pour l'implantation d'un second terminal plus au
Sud, à Aliaga près d'Izmir ou encore à Iskenderun,
– enfin, au Portugal, le plan de développement gazier du pays prévoit la possibilité de
mettre en service en 2005/2010 le terminal de Setubal qui avait été considéré au titre du
premier projet avorté d'alimentation du pays en GNL.
5 L'avenir du GNL en Europe
Comme nous le voyons, au gré de la poursuite de projets déjà engagés ou grâce à la
mise en oeuvre de nouvelles chaînes d'approvisionnement entraînant le renforcement des
infrastructures de réception, le GNL maintiendra sa position en Europe et gagnera
certainement en importance dans les pays méditerranéens.
1.R—7
5.1 Facteurs favorisant la croissance du GNL
Ce phénomène de croissance des marchés du GNL s'explique par plusieurs facteurs:
– la possibilité qu'offre le GNL à ses acheteurs d'être alimentés par des ressources
éloignées, à des conditions économiques acceptables : notons à cet effet que le coût de
mise à disposition du GNL n'augmente que de seulement 24 % quand la distance de
transport s'allonge de 4 000 à 10 000 km comme l'a souligné récemment le rapport d'un
groupe de travail de l'Union Internationale du gaz ; l'usage de navires méthaniers
d'occasion permet qui plus est d'abaisser encore les coûts comme le projet NigeriaLNG l'a montré.
Dans le cas du projet Atlantic LNG de Trinité et Tobago, il semble également que des
efforts particuliers aient été réalisés pour abaisser les coûts de l'usine de liquéfaction en
simplifiant au maximum la conception des installations.
Au total, le résultat est là : du GNL en provenance des Caraïbes et du Nigeria viendra
bien alimenter l’Europe avant la fin du siècle malgré l'éloignement de ces ressources et
malgré un contexte de prix modéré des énergies,
– ainsi le GNL offre une possibilité de diversification de leurs approvisionnements à des
conditions économiques en ligne avec celles des approvisionnements par gazoduc et
permettant de satisfaire aux exigences de leurs marchés,
– cette diversification est d'autant plus appréciée qu'elle s'affranchit de toute contrainte de
transit à travers des pays tiers, synonyme de risque technique ou politique
supplémentaire,
– enfin, le GNL offre un certain degré de souplesse du fait qu'il ne nécessite pas de lien
physique fixe entre un exportateur et un importateur malgré les investissements
considérables qui sont sous-tendus par cette technique et qui lient de manière très
étroite dans leurs engagements réciproques, vendeur et acheteur.
5.2 Le développement des marchés GNL de court terme
La souplesse qui caractérise, comme nous venons de l'indiquer, le GNL, a déjà donné
la démonstration des effets qu'elle peut produire — l'émergence d'un marché de court
terme — lorsque trois conditions sont satisfaites:
– existence de surcapacités de production dans les usines de liquéfaction, au-delà des
engagements contractuels de long terme souscrits par les producteurs avec leurs
clients: cette condition est notamment satisfaite lorsque le build-up des contrats de
vente de long terme est plus lent que la montée en puissance des capacités techniques
de production,
– disponibilité de navires méthaniers libérés de leur obligation de transport sur des
chaînes d'approvisionnement données,
1.R—8
– possibilité pour les pays acheteurs d'absorber du gaz supplémentaire avec des délais de
réaction réduits : une telle possibilité se conçoit lorsqu'il s'agit de pallier la défaillance
d'une autre ressource, lorsque l'acheteur doit faire face à une brusque augmentation de
la demande sur son marché ou lorsque les conditions économiques de la livraison sont
telles qu'elles se comparent favorablement au recours aux moyens de modulation
habituels, en particulier aux stockages souterrains.
Nous ne pensons néanmoins pas que ce type de marché puisse se développer à grande
échelle : il correspond plutôt en effet à un besoin d'adaptation des bilans emploisressources des compagnies gazières ou à un objectif d'optimisation économique marginale
des systèmes gaziers. La flexibilité qui caractérise le GNL permet de satisfaire ces besoins
avec un préavis très court et sur de brèves périodes éventuellement renouvelées.
Cependant, l'établissement de ce marché de court terme a été le révélateur des
possibilités que la zone de production du Moyen-Orient offre à l'Europe, et en particulier à
la zone méditerranéenne, pour son approvisionnement futur.
5.3 Le Moyen-Orient, future source de GNL pour l’Europe
Comme vous le savez, un premier lien entre le marché du Sud de l'Europe et les
producteurs de GNL du Moyen-Orient a été établi d’abord avec le déchargement dans les
terminaux de Gaz de France, de Distrigaz et d'Enagas, d'un nombre significatif de
cargaisons de GNL en provenance d'Abou-Dhabi, puis avec un contrat de court terme
signé par Enagas avec Qatargas.
Ces événements mettent en lumière une caractéristique de la zone de production du
Moyen-Orient qui possède, après la Russie, les réserves de gaz les plus considérables au
monde : grâce au Canal de Suez, elle se situe en effet à une distance comparable de nos
marchés par rapport à celle qui la sépare du Sud-Est asiatique, seul à être desservi par elle
aujourd'hui.
Cette particularité permet d'envisager une complémentarité entre les deux marchés,
jusqu'à présent disjoints, du Sud-Est asiatique d'une part, du Sud de l'Europe et de
l'ensemble de la zone méditerranéenne d'autre part.
Pour les producteurs du Moyen-Orient, il y a là possibilité de diversification pour leurs
ventes qui se trouvent aujourd'hui concentrées géographiquement et qui plus est, dans le
domaine quasi-exclusif de la production d'électricité.
Nous sommes aussi certains qu'à long terme (à partir de 2010 ?) les nombreux projets
GNL du Moyen-Orient (Qatar, Oman, Yémen et Iran) seront des candidats sérieux pour
l'Europe, en particulier pour l’Europe du Sud, et à un horizon peut-être plus rapproché,
pour des pays comme la Turquie.
Dans un environnement où le prix de l'énergie est modéré, soyons néanmoins
conscients que des efforts de réduction des coûts seront nécessaires dans tous les
domaines, techniques et financiers. Ceci exigera comme aujourd'hui un cadre de cohérence
très clair et établi sur le long terme pour le partage des risques entre vendeur et acheteur.
Nous n’excluons pas qu'à ce titre les compagnies gazières, et c'est l'opinion de Gaz de
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France, puissent participer à titre d'investisseurs mais aussi d'opérateurs aux projets situés
en amont du transport maritime, dans la liquéfaction voire la production.
CONCLUSION
L’Europe se situera à l'avenir au centre d'un carrefour d'échanges gaziers grâce au
développement des réseaux de gazoduc et aux nouvelles possibilités d'alimentation des
marchés en GNL. Ce GNL proviendra par exemple, du Nigeria et de la zone des Caraïbes
d'un côté, des pays du Moyen-Orient de l'autre. Ce sont les pays du Sud de l’Europe,
situés en bordure de la Méditerranée qui tireront le mieux avantage des nouvelles
possibilités d’alimentation en GNL.
Il y aura compétition entre les deux types de ressources, terrestre et maritime. Nous
sommes cependant convaincus que le GNL, grâce à ses qualités propres de flexibilité et de
modularité, participera au développement gazier européen notamment dans le cadre d’un
espace méditerranéen élargi.
ANNEXE 1
CROISSANCE DE LA DEMANDE EN GAZ NATUREL DES
PAYS EUROPEENS
DE L'UNION ET DES PAYS MEDITERRANEENS (*) D'ICI
2010
En milliards de m3
15 pays de l'Union
(Eurogas)
Part du GNL pour les 15 pays et l’Union
Pays Méditerranéens
(Cedigaz)
Part du GNL pour les pays
méditerranéens
(Cedigaz)
1996
2010
320
440
21
29-35
120
174-188
17
44-57
Sources : EUROGAS , CEDIGAZ, GAZ DE FRANCE
(*) Pays méditerranéens : France, Italie, Espagne, Portugal, Grèce, Turquie,
Slovénie, Bosnie-Herzégovine, Croatie, Républiques Fédérales de Yougoslavie
1.R—10