Exercice : Les formes du discours

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Exercice : Les formes du discours
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Français — automne 2015
Mathieu RODUIT
Exercice : Les formes du discours
On peut classer les discours selon l’intention qui préside à leur élaboration :
• pour convaincre ou persuader, on choisira le discours argumentatif ;
• pour décrire, le discours descriptif ;
• pour raconter, le discours narratif ;
• etc.
Même si certaines formes du discours prédominent dans certains genres littéraires, elles ne
sont pas le propre d’un seul genre. On peut en effet trouver de l’argumentatif dans un roman,
de l’injonctif dans une poésie ou de l’explicatif au théâtre.
Le discours argumentatif
Le discours argumentatif sert à convaincre ou à persuader.
Le discours argumentatif expose la thèse (jugement, prise de position, idée défendue, réponse à une problématique) défendue par un locuteur, qui cherche à en faire reconnaitre le
bienfondé, voire la validité, à un destinataire, présent ou non et identifiable ou non. Le raisonnement est structuré à partir de connecteurs logiques et prend appui sur des arguments (justifications rationnelles abstraites) qui étayent la thèse, eux-mêmes renforcés par des illustrations
(exemples concrets, analogies ou citations) qui renforcent l’argumentation. La temporalité est
celle du présent, dit de vérité générale.
On retrouve le discours argumentatif dans les traités, les essais, les pamphlets, les discours
politiques, les dissertations, etc.
Le discours descriptif
Le discours descriptif présente un objet, un lieu, ou une personne en les donnant à voir et à
imaginer. Dans un récit, la description définit une pause, un « arrêt sur image ».
Un narrateur ou un présentateur fait part à un lecteur de ses perceptions (sensorielles ou intellectuelles) selon un ou plusieurs point(s) de vue et à travers différents aspects décrits selon un
certain ordre. Formellement, le discours descriptif comprend souvent des verbes de perception
ou des verbes d’état servant à définir les attributs des objets décris, des groupes nominaux expansés par de nombreux épithètes ou compléments du nom, ainsi que des connecteurs spatiaux
qui permettent au lecteur d’accompagner le narrateur ou le présentateur dans le balayage de ce
qui est décrit. Dans un récit au passé, on utilise principalement l’imparfait pour décrire.
On retrouve le discours descriptif dans les romans, les biographies, les poèmes, les documentaires, etc.
Le discours narratif
Le discours narratif raconte une histoire.
Il rapporte, par la voix d’un narrateur, des paroles ou des actions accomplies par des personnages ou des individus. Ces évènements sont délimités par un contexte spatiotemporel. Les
connecteurs temporels sont d’ailleurs très fréquents pour marquer l’enchainement des actions.
Dans un récit au passé, les verbes au passé simple racontent les différentes actions qui se succèdent ; les verbes à l’imparfait décrivent le cadre de l’histoire.
On retrouve le discours narratif dans les romans, les nouvelles, les contes, les biographies, les
journaux intimes, la presse, etc.
1. Dites à quelle forme de discours correspondent les exemples ci-dessous. Quelles sont les
caractéristiques de ces discours ?
A. Jean-Louis SERVAN-SCHREIBER, Le Pouvoir d’informer, 1972.
Le contrat tacite entre le public et la presse veut
qu’en échange de leur liberté les journaux fournissent une information objective. Ce contrat n’est
qu’un leurre. De même que la liberté de la presse est
5 déformée jusqu’à la rendre méconnaissable par une
foule de contraintes, de même l’objectivité ne peut
qu’être théorique. Il est certes souhaitable que les
journalistes fassent un effort d’objectivité pour
prendre en considération des opinions différentes et
10 des témoignages contradictoires. Mais leur environnement et leurs méthodes de travail affectent inévitablement leurs articles, et rendent l’objectivité abso-
lue un but impossible à atteindre. Les lecteurs du
journal constituent pour le rédacteur sa majorité si15 lencieuse dont il doit tenir compte. Leurs opinions,
leurs préjugés lui établissent une marge de manœuvre étroite. On ne défend pas l’avortement dans
Femme d’aujourd’hui, ni la limitation de vitesse dans
L’Auto-Journal, ni l’impôt sur le capital dans Les
20 Échos.
Ne serait-ce que par omission on ne sert aux lecteurs qu’un menu à leur gout et qui ne peut être objectif.
Il s’agit du discours ................................................
Caractéristiques : ..................................................................................................................................
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B. Charles PERRAULT, « Le petit Poucet », in Les Contes de ma mère l’Oye, 1697.
La nuit vint, et il s’éleva un grand vent qui leur
[les enfants abandonnés dans la forêt par leurs parents] faisait des peurs épouvantables. Ils croyaient
n’entendre de tous côtés que les hurlements de loups
5 qui venaient à eux pour les manger. Ils n’osaient
presque se parler, ni tourner la tête. Il survint une
grosse pluie, qui les perça jusqu’aux os ; ils glissaient
à chaque pas, et tombaient dans la boue, d’où ils se
relevaient tout crottés, ne sachant que faire de leurs
10 mains.
Le petit Poucet grimpa au haut d’un arbre, pour
voir s’il ne découvrirait rien ; ayant tourné la tête de
tous côtés, il vit une petite lueur comme d’une
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chandelle, mais qui était bien loin, par delà la forêt.
15 Il descendit de l’arbre, et lorsqu’il fut à terre, il ne vit
plus rien : cela le désola. Cependant, ayant marché
quelque temps avec ses frères, du côté qu’il avait vu
la lumière, il la revit en sortant du bois. Ils arrivèrent
enfin à la maison où était cette chandelle, non sans
20 bien des frayeurs : car souvent ils la perdaient de
vue ; ce qui leur arrivait toutes les fois qu’ils descendaient dans quelque fond.
Ils heurtèrent à la porte, et une bonne femme
vint leur ouvrir. Elle leur demanda ce qu’ils vou25 laient. Le petit Poucet lui dit qu’ils étaient de
pauvres enfants qui s’étaient perdus dans la forêt, et
qui demandaient à coucher par charité. Cette
femme, les voyant tous si jolis, se mit à pleurer, et
leur dit :
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« Hélas ! mes pauvres enfants, où êtes-vous venus ? Savez-vous bien que c’est ici la maison d’un
Ogre qui mange les petits enfants ? »
Il s’agit du discours ................................................
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C. Blaise CENDRARS, Rhum : L’Aventure de Jean Galmot, 1930.
Je m’y attendais. Un beau jour, j’eus Galmot luimême au bout du fil : il demandait rendez-vous au
patron.
Quand je le vis entrer dans mon bureau, j’eus
5 l’impression de me trouver en face de Don Quichotte.
C’était un homme grand, mince, félin, un peu
vouté. Il n’avait pas bonne mine et ne devait pas peser son poids. Il paraissait très las, voire souffrant.
10 Son teint était mat, le blanc de l’œil était injecté :
Galmot devait souffrir du foie. Une certaine timidité
paysanne se dégageait de toute sa personne. Sa pa-
role était aussi sobre que son complet de cheviotte
bleu marine, un peu négligé, mais sortant de chez le
15 bon faiseur. Il parlait avec beaucoup de détachement. Ses gestes étaient rares et s’arrêtaient, hésitants, à mi-course. Le poil, comme l’œil, était noir.
Mais ce qui me frappa le plus dès cette première entrevue, ce fut son regard. Galmot avait le regard in20 sistant, souriant, palpitant et pur d’un enfant...
Que nous sommes loin de sa légende, des adjectifs des journalistes et des laborieuses inventions de
ses adversaires !
Il s’agit du discours ................................................
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Objectifs de l’exercice : — être capable de reconnaitre les différentes formes de
discours ;
— être capable de rédiger un texte avec chacune des
formes de discours, et en particulier avec la forme argumentative.
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