Article_La Voix du Nord

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LA VOIX DU NORD
MARDI 29 JUILLET 2014
L’ARMENTIÉROIS
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AUJOURD’HUI
BONJOUR V Ces faits divers qui appartiennent à l’histoire
Exposition à Armentières V
L’Ombre des friches, les friches
en nombre. Promenade insolite à travers les friches industrielles. De 7 h 30 à 20 h, au
centre hospitalier, 112, rue Sadi-Carnot. ■
Entendre parler du Costa Concordia, c’est se remémorer ce tragique fait divers de janvier 2012.
Pas au point du 11 septembre 2001,
où tout le monde se rappelle ce
qu’il faisait ce jour-là, mais quand
même. On revoit les images de ce
géant des mers couché à quelques
encablures du rivage.
Une catastrophe pendant une croisière, on s’était dit que c’était rare.
Forcément, on pense aussi à cet
été tragique, où les catastrophes
aériennes se suivent actuellement.
Meurtrières, incroyables, choquantes, alors que les souvenirs
d’avion sont souvent juste légers et
agréables. Y’a pas, ça fout quand
même les jetons. ■ D. T.
PENSEZ-Y !
Balade à Nieppe V Dimanche, une découverte guidée du sentier botanique du
parc du château est proposée.
Gratuit. Inscription obligatoire
et
renseignements
au
03 28 44 20 04. ■
PLOEGSTEERT (B)
Ceratec a décroché un contrat d’un million
d’euros sur le « Costa Concordia »
leur demande finalement de réaliser quarante-sept armoires dans
un délai de deux mois. « On a su
faire, et on pensait que ça s’arrêterait là. » Mais en janvier, nouvelle
demande. « Ils voulaient savoir si
on pouvait envoyer des installateurs
sur place car il y avait des kilomètres
de câbles à tirer. On a commencé par
deux en février, puis deux de plus le
mois suivant. Il y a eu jusqu’à huit
salariés de Ceratec sur le Concordia. »
Encore
actuellement,
quatre personnes y travaillent « et
C’est un marché inédit pour
l’entreprise belge. Ceratec
Electronics a mis au point
quarante-sept armoires
électriques pour les opérations
de relevage du « Costa
Concordia ». Depuis cinq mois,
des équipes se relaient en
Italie. Le rythme est soutenu
mais l’expérience grisante.
PAR DELPHINE TONNERRE
[email protected]
PHOTO REPRO « LA VOIX »
Tony Chrétien, un jeune Estairois
de 33 ans, est rentré il y a deux
semaines d’Italie. Il a passé deux
mois à travailler sur le Costa
Concordia. Travailler, le mot n’est
pas galvaudé quand on sait que
l’exigence est de douze heures par
jour, sept jours sur sept. « Un
chantier exceptionnel », résume-til. Il a dû supporter des horaires
peu simples (midi, minuit par
exemple), et la séparation avec
son fils de 4 ans et sa femme, « je
ne suis revenu qu’une seule fois en
deux mois », mais visiblement,
cette expérience professionnelle
lui a plu.
Demande classique
Comment une société belge s’estelle retrouvée sur ce chantier qui
a fait l’actualité internationale ?
« L’an dernier, on a été contactés en
avril par une société d’ingénierie
qu’on connaît, et qui avait besoin de
quelques armoires électriques pour
un bateau, on ne savait pas lequel »,
explique Éric Flamand, chargé
d’affaires. Une demande classique
au départ. Moins classique, on
Depuis le mois de février,
des électriciens français et
belges sont sur le chantier
en Italie, par roulement.
Quatre salariés de Ceratec en mission : Michaël Pesin, Jonathan Verdy, Tony Chrétien et Frank Richard.
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CERATEC, UN GROUPE FAMILIAL BELGE QUI PROSPÈRE
C’était au départ, à Ploegsteert (B), à la frontière avec Armentières, une simple briqueterie fondée en 1922. À la
différence que, lorsque l’activité a diminué, ses propriétaires ont cherché tous azimuts d’autres pistes d’activités.
Aujourd’hui, Ceratec, créée en 1986, compte quatre domaines : automatismes (tous types d’industries), électricité industrielle, logistique et machines pour les tuileries et
briqueteries. Cette dernière activité est un marché de
niche, avec très peu de concurrents au niveau européen.
Le groupe, qui appartient toujours à la famille Debruyn,
emploie aujourd’hui quatre cent cinquante salariés, dont
38 % de Français, à Ploegsteert, Tournai, près de Courtrai
et à Lille. Chaque année, les effectifs augmentent de 5 à
10 %. Cette nouvelle expérience sur le Concordia devrait
apporter de nouvelles opportunités : le savoir-faire a été
repéré par des Américains et des Sud-Africains. ■ D. T.
on ne sait pas exactement quand va
se terminer la mission. Au départ, ce
n’était pas évident de trouver des volontaires, maintenant, il y a de la demande ! », précise Éric Flamand.
Le contrat a déjà dépassé le million d’euros.
Éric Flamand s’est rendu sur
place pendant une semaine :
« Quand on entre dans le bateau, ça
rappelle vraiment les images du Titanic : les valises ouvertes, les tables
et chaises renversées. »
Sur place, quatre à cinq cents personnes travaillent en permanence. Des Italiens, des Portugais,
des Brésiliens, des Hollandais,
mais aussi donc, des Belges et des
Français. « Il y a un vrai esprit
d’équipe. On a tous le sentiment de
participer à quelque chose d’unique.
C’est une fierté. » ■
Histoire d’un naufrage
Des blocs de chaque côté de l’épave ont permis de la relever, en septembre 2013.
PHOTO AFP
Le 13 janvier 2012, le Costa Concordia fait naufrage au large de l’île de Giglio en
Italie. Cet immense navire de croisière (il fait deux fois la taille du Titanic), transporte plus de quatre mille deux cents personnes de toutes nationalités (parmi les
Français, on trouve une vingtaine de Nordistes). La soirée de gala… vire au drame.
Le bilan sera de trente-deux morts. La responsabilité du capitaine, qui avait abandonné le navire, a défrayé la chronique. On a tous en tête les innombrables photos
du navire couché sur le flanc, puis relevé et maintenu. Les opérations complexes
de relevage de l’épave ont abouti en septembre 2013, un an et demi après la catastrophe.
Il a ensuite fallu organiser le démantèlement de cette carcasse rouillée :
290 mètres de long sur quarante de large, cinquante mètres de haut.
Un chantier unique dans tous les sens du terme, à commencer par son coût :
1,5 milliard d’euros. Un montant énorme pour l’armateur Costa et le consortium
américano-italien Titan-Micoperi qui comprend les opérations de redressement
du paquebot, le renflouement et le trajet jusqu’à Gênes. Une nouvelle vie attend à
présent le Concordia. Entre quarante et cinquante mille tonnes d’acier sont considérées comme réutilisables et devraient être cédées à des groupes sidérurgiques
pour être refondues. Pourront aussi être récupérés les câbles électriques en cuivre,
les machines, certains meubles ou encore les parois vitrées. D’autres pièces pourraient être exposées au musée de la Mer de Gênes. ■ D. T. (avec AFP)
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