Représentation de Majorana - Groupe de Physique Statistique
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Représentation de Majorana - Groupe de Physique Statistique
Fermions de Dirac, Weyl, Majorana Antiparticule et Interprétation des états d’énergie négative Jeudi 18 octobre 2012 PLAN 1) Le groupe de Lorentz et l’équation de Dirac - Représentation chirale du groupe de Lorentz - Chiralité et hélicité 2) Représentations de Dirac, Weyl, Majorana - La représentation de Dirac - La conjugaison de charge - La représentation de Majorana - Les fermions de Majorana 3) Interprétation des états d’énergie négative - Interprétation de Dirac et de Stückelberg-Feynman - L’antiparticule classique : une solution ignorée en relativité restreinte 1) Le groupe de Lorentz et l’équation de Dirac Transformation d’espace-temps Galilée : transf. linéaires qui conservent l’intervalle de temps entre 2 évènements et la distance entre 2 évènements instantanés Poincaré : transf. linéaires qui conservent l’intervalle d’univers : 4-transl. 3+3 rot. dans l’esp. de Minkowski Groupe de transformations continues 10 générateurs (Poincaré) Rotations dans l’espace de Minkowski Groupe de Lorentz (isochrone propre) Espace de Minkowski dim4=3+1 Groupe de Lorentz = rotation dans l’espace de Minkowski SO(3,1) métrique - rotation spatiale (2 dim spatiales) - rotation hyperbol. (1 dim spat+1 dim tempo.) (transf. de Lorentz) Algèbre de Lie du groupe de Lorentz (générateurs ) boost moment cinétique Opérateur de transformation : rapidité Boost (transf. de Lorentz) rot. spatiale Représentations du groupe de Lorentz Définissons : permet de découpler les relations de commutation : SU(2)×SU(2) (j entier ou demi-entier) Les représentations irréductibles de SO(3,1) sont donc caractérisées par (j1, j2) associés à M2 et N2 Remarque : n’est pas unitaire à cause de l’angle imaginaire des boosts (groupe non-compact) Matrices de transformation des champs (scalaires, spinoriels, tensoriels) Matrice de rot. angle complexe Moment cinétique : On appelle spin de la représentation et la quantité sont couplés par parité P : axial polaire Si la parité est une symétrie de l’interaction, alors n’est pas une représentation du groupe de Lorentz, on doit considérer : Equation de Dirac (particule de spin ½) Représentation irréductible matrices de Pauli Pour rotations pures : matrices de SU(2) : transformation des spineurs à 2 composantes Les matrices de D(1/2,0) et D(0,1/2) forment des représentations de SO(3,1) On peut donc définir 2 types de spineurs à 2 composantes : -spineur de chiralité gauche ψL se transformant suivant D (1/2,0) -spineur de chiralité droite ψR se transformant suivant D(0,1/2) un spineur droit se transforme par inversion en gauche et vice versa, Si parité est une symétrie du pb, on doit donc considérer les spineurs à 4 composantes (gr. de Lorentz complet) Équation de Dirac particule libre de masse M Boost pur Au repos : Parité renverse la chiralité et l’impulsion d’où pour p=0, l’état invariant par parité : boost : d’où le système d’équations pour et Posons : On trouve l’équation de Dirac : en explicitant les constantes fondamentales : Remarques i) la masse couple les spineurs de chiralités droite et gauche Une particule massive n’a pas de chiralité définie. Si découplage Fermion de Weyl (les états propres sont chiraux) ii) particule dans un champ électromagnétique Chiralité et Hélicité La chiralité est invariante de Lorentz mais pour particule massive, elle n’est pas une constante du mouvement L’hélicité est la projection du spin sur la direction de Valeurs propres : hélicité droite/gauche L’hélicité est une constante du mouvement Mais n’est pas invariant par un boost pour une particule massive Pour une particule de masse nulle, hélicité ~ chiralité hélicité positive = chirale droite (l’inverse pour ) 2) Les représentations de Dirac et de Majora Algèbre de Clifford Changement de représentation par un opérateur unitaire : Représentation de Dirac Pour passer de « Weyl » à « Dirac » bien adaptée pour la description des états de basse énergie : découplage pour p=0 spin spin grandes composantes Boost suivant 0z petites composantes États d’énergie négative tous occupés : un trou=un positron (Dirac) Conjugaison de charge Opérateur permettant de passer d’un état d’énergie positive à un état d’énergie négative : Particule dans un champ Solution d’énergie E il existe une solution d’énergie négative -E, dont l’absence peut être interprétée comme une particule d’énergie positive et de charge +q On montre que : Exemple : particule au repos (spin 1/2) Le bispineur s’écrit : Conjugaison de charge : KCΨ décrit une particule de spin -1/2 et d’énergie (mais de même charge!) Représentation de Majorana représentations réelles du groupe de Lorentz : Imaginaires purs Équation de Dirac en représentation de Majorana En plus des solutions complexes comme pour la représentation de Dirac, il existe des solutions réelles : (condition invariante de Lorentz) spineur de Majorana Comment s’écrit un spineur de Majorana dans une représentation quelconque : Le spineur s’identifie à son conjugué de charge! une particule de Majorana s’identifie à sa propre antiparticule en 1937, seul fermion neutre connu : neutron (fermion de Dirac) Majorana propose que le neutrino (alors particule hypothétique) et observée seulement en 1956 pouvait être une particule de Majorana! mais considéré comme particule sans masse : fermion de Weyl mais depuis l’évidence d’une petite masse pour le neutrino, il redevient un candidat sérieux comme fermion de Majorana Passage entre les différentes représentations : Électron au repos de spin up Dans la représentation de Weyl : Dans la représentation de Majorana : de façon générale : fermion de Dirac fermions de Majorana Résumé : intérêts des différentes représentations Représentation de Dirac : bispineur qui se réduit à un spineur à 2 composantes dans la limite non-relativiste 4 fonct complexes = 8 degrés de liberté Représentation de Weyl : spineurs de chiralité droite et gauche découplés pour une particule de masse nulle (fermion de Weyl) Pour une masse non-nulle, un spineur chiral domine l’autre dans la limite ultra-relativiste ! 2 fonct complexes = 4 degrés de liberté Représentation de Majorana : solution particulière réelle un fermion qui s’identifie à son antiparticule 4 fonctions réelles =4 degrés de liberté Même dimension pour Weyl et Majorana Fermion de Majorana dans la représentation de Weyl Dans repr. Weyl Considérons un spineur gauche Spineur droit D’où Fermion de Majorana construit à partir d’un spineur gauche Idem pour spineur droit : injecté dans l’équation de Dirac : D’où l’équation de Majorana masse de Majorana Intérêt actuel des fermions de Majorana - Les neutrinos et la théorie de la « grande unification » La masse de Majorana conduit à une non-conservation du nombre leptonique prédite dans les théories de grande unification Question : les neutrinos sont-ils des particules de Dirac (conservation du nombre leptonique) ou des particules de Majorana? - Les théories supersymétriques transf. infinitésimale d’un champ transf supersymétrique d’un champ bosonique en un champ fermionique : - Les fermions de Majorana en matière condensée Pourraient décrire les excitations de basse énergie de certaines systèmes électroniques exotiques 1) Interprétation des états d’énergie négatives. L’interprétation historique de Dirac Suspicion des physiciens sur les états d’énergie négative : (énergies non bornées inférieurement, transitions possibles entre un état d’énergie positive et les états d’énergie négative…) Proposition de Dirac 1930 : le vide correspond à tous les états occupés et donc interdiction de transition (fermions) Un trou est une particule d’énergie positive et de charge inversée Création de paires électron-trou si Découverte du positron par Anderson 1932 valide la prédiction de Dirac MAIS - Fortes critiques de Pauli et Heisenberg : vide aux prop. singulières (charge infinie…) - Uniquement valable pour fermions (Klein-Gordon??) - modèle de Pauli et Weisskopf sur champ scalaire quantifié qui conduit à deux types de particules de même masse, d’énergiepositive et de charges opposées ! Mais l’interprétation de Dirac survit!! -Schwinger : l’image d’une mer d’électrons d’énergie négative est une curiosité historique et doit être oubliée S. Weinberg : The quantum Theory of fields L’interprétation de Stückelberg-Feynman Helv. Phys. Acta (1941) « C’est moi qui suis couvert de toute la gloire alors que ce devrait être la sienne » Feynman sur Stückelberg -consiste à interpréter les antiparticules comme des particules d’énergie négative qui remonte le temps! évolution d’une particule d’énergie négative dans le sens - de t évolution d’une antiparticule d’énergie positive dans le sens + de t un positron d'énergie positive se propageant dans le sens croissant du temps représente un électron d'énergie négative qui remonte le temps! l'émission d'une positron l'absorption d'un électron l'émission d'une antiparticule caractérisée par est équivalent à l'absorption d'une particule Charge dans l’espace-temps Annihilation d’une paire Création d’une paire Feynman (1949) Particule relativiste Classique dans un potentiel Solution si Description dans l’espace-temps Solution « normale » action stationnaire Feynman (1948) Description dans l’espace-temps La particule « remonte le temps » dans le potentiel Création d’une paire électron-positron en B annihilation en A Feynman (1948) action stationnaire Version classique du paradoxe de Klein! En M.Q., l’équation de Dirac admet des solutions d’énergie E>0 et E<0 fermions de Dirac libres Ondes planes Solutions d’énergie Solutions d’énergie L'interprétation de Stückelberg-Feynman ; un état d'énergie négative correspond à un état d'antiparticule en renversant avec La phase correspond bien à une énergie canonique ‘fréquence’ négative Mais comme le temps propre des antiparticules s'écoule dans le sens inverse du temps, l'énergie physique des antiparticules est Solutions d’énergie Solutions d’énergie phys Solutions d’énergie Solutions d’énergie phys Solutions d’énergie Solutions d’énergie phys Solutions d’énergie Solutions d’énergie phys Solutions de l’équation de Dirac : - bispineurs de particules d'énergie positive et négative : - bispineurs d'antiparticules d'énergie négative et positive : - bispineurs de particule ou d'antiparticule d'énergie physique positive Symétrie de jauge U(1) L’équation de Dirac est invariante sous les transformations combinées : Les spineurs de Majorana ne peuvent pas se transformer suivant cette transformation puisque : Am. J. Phys. 65 (835) 1997 Comment introduire la notion d’antiparticule en relativité : temps propre de la particule Dans le repère qui tangente la trajectoire de la particule Quel sens donner à la solution ? Généralisation à un référentiel galiléen quelconque : Cette solution qui correspond à un temps propre qui s’écoule dans le sens inverse du temps du référentiel peut être gardée. On va montrer qu’on peut l’interpréter physiquement comme le temps propre d’une antiparticule! Deux solutions : particule antiparticule de même deux possibilités pour le 4-vecteur vitesse : Groupe de Lorentz complet : symétries discrètes On introduit une nouvelle symétrie : Une particule est caractérisée par et le renversement du temps propre et (invariants de Lorentz) n’affecte pas la 3-position ni la 3-vitesse mais renverse Lorsqu’on renverse le temps d’une particule de charge q elle se comporte comme si elle avait une charge opposée! (la charge apparente change de signe) Quid de la masse? Considérons la force de Lorentz Le renversement du temps propre inverse le rapport et donc ne change pas la masse apparente Il faut distinguer masse de la particule et énergie au repos : La masse apparente est la même alors que l’énergie est inversée L’énergie d’une paire particule-antiparticule au repos est elle 0 ou ? Force de Lorentz : masse (part.)=masse (antipart.) Principe d’équivalence : masse gravitationnelle d’une paire : 2m Énergie-impulsion canonique : Que peut-on mesurer? (cinématiquement ou dynamiquement) Énergie-impulsion physique : Comme dans le cadre quantique, on peut définir deux énergies différentes pour l’antiparticule : -l’énergie et l’impulsion canoniques : -L’énergie et l’impulsion physiques (mesurable) Donc, la masse, l’énergie physique et l’impulsion physique ne dépendent pas du sens du temps propre ! L’énergie physique d’une paire au repos est Conclusion -Interprétation de Stückelberg-Feynman des antiparticules comme une particule dont le temps propre évolue en sens inverse apparaît en relativité restreinte -Le problème des énergies négatives peut être évité en distinguant l’énergie-impulsion canonique et l’énergie-impulsion physique Pour finir quelques mots sur Ettore Majorana (1906-??) D’après un exposé de S. Esposito - S. Esposito, E. Majorana jr, A. van der Merwe, E. Recami(eds.), EttoreMajorana: Notes on Theoretical Physics (Springer, New York, 2003) - S. Esposito, E. Recami, A. van der Merwe, R. Battiston(eds.), EttoreMajorana: Unpublished Research Notes on Theoretical Physics (Springer, Heidelberg, 2008) -A 21 ans, rencontre E. Fermi et travaille sur le modèle de Thomas-Fermi puis le rejoint en 27 -En 1928, il publie son 1er papier sur le calcul des termes spectroscopiques du Gd, U et Cs en utilisant l’équation de Dirac puis … soutient son master en 1929! 1932, une année magique! 1932, une année magique! Il établit une équation qui porte désormais son nom sur des particules avec un spin arbitraire! -arrive trop tôt, mais travaux poursuivis dans les années 40 par Pauli et Babbha! Fermion de Majorana : contrairement au fermion de Dirac, particule qui est sa propre antiparticule. Oublié puis redécouvert dans les années 60 puis 80 ! Nommé en 1937 Professeur de physique théorique à Naples, il disparaît mystérieusement en mars 38!!!