Fiche groupe 5 – Communication prévention gestion conflits
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Fiche groupe 5 – Communication prévention gestion conflits
Thématique « La vie du groupe » Fiche 7 – Communication, prévention et gestion des conflits LA VIE DU GROUPE Fiche 5 – Communication, prévention et gestion des conflits Qu’est-ce qu’un conflit ? Comment reconnaître les conflits latents ? Existe-il des outils, ressources ou méthodes permettant d’éviter les conflits ? Faut-il toujours éviter les conflits ? Vouloir gérer un conflit, c’est accorder une valeur à la relation, c’est se donner les meilleurs chances de la préserver, de la renforcer. Le respect mutuel, la communication et la coopération en sont les éléments majeurs. Mots clés Anticipation Confiance Affirmation de soi Écoute Méthode ESPERE I. Qu’est-ce qu’un conflit ? Quelques notions... 1. Typologie des conflits On peut distinguer plusieurs types de conflits selon qu’ils mettent en jeu une ou plusieurs personnes. Le conflit intrapersonnel ou psychique : affrontement intérieur chez une personne à propos de choix, de décisions touchant à des projets, des objectifs, des questions morales ou même des pulsions (sans pour autant relever du domaine psycho-patologique). Ces conflits rejaillissent sur nos relations aux autres. Les conflits interpersonnels : opposent deux personnes, sont les plus courants. Chaque individu possède son propre système de références, ses valeurs, ses besoins, ses désirs. La présence d’un autre individu va déclencher des réactions en fonction à la fois des systèmes et des perceptions que chacun a de l’autre. De la même manière, les conflits intragroupes concernent les individus d’une même appartenance tandis que les conflits intergroupes opposent deux ensembles de personnes ayant une forte référence identitaire commune. 2. Les causes du conflit Les conflits les plus simples sont les conflits de besoins, à propos d’objets précis. Il y a ensuite les conflits d’intérêts qui mettent en jeu des facteurs psychologiques (questions de pouvoir, de sentiment, d’appartenance). Ils sont plus difficiles à cerner, à exprimer et donc à régler. Enfin, les conflits de valeurs touchent au plus profond de l’individu, à son système de croyances. II. Reconnaître et désamorcer les conflits structurels Le groupe est un organisme vivant qui, s’il est ouvert, est en permanente recomposition. « La plupart du temps, l'échec provient de ce que j'appelle un « conflit structurel », à savoir un problème qui surgit quand les fondateurs d'un groupe n'ont pas établi au départ des processus clairs ou pris des décisions relativement à des questions importantes, laissant ainsi des lacunes dans leur cadre organisationnel. Ces problèmes implicites de structures sont comme des bombes à retardement : après des semaines, des mois ou mêmes des années de travail, des conflits majeurs Guide méthodologique à destination des porteurs de projets de coopératives d’habitants HABICOOP 1 Thématique « La vie du groupe » Fiche 7 – Communication, prévention et gestion des conflits explosent, qui auraient pu être facilement évités s'ils avaient été abordés dès le début. En plus de causer d'énormes conflits interpersonnels, ces problèmes aggravent également le conflit structurel initial. Afin d'éviter ou de minimiser les dégâts liés à des conflits structurels, on peut distinguer six éléments essentiels à respecter: − Définir votre vision de la coopérative et rédiger un texte qui la présente. − Choisir un processus de prise de décision équitable et participatif. − Établir des attentes claires par écrit. − Développer de bonnes aptitudes en communication et en processus de groupe. − En choisissant cofondateurs et nouveaux membres, cibler la maturité affective. − Cultiver les habiletés mentales et émotionnelles requises. » Extrait du livre de Diana.Leaffe « Vivre autrement : écovillages, communautés et cohabitats ». *Organiser des rencontres pour permettre au groupe d’exprimer ouvertement leurs frustrations et leurs préoccupations et de chercher des solutions ensemble constitue une démarche de prévention. III. Apprendre à communiquer La confiance est une condition d’une communication de qualité. Elle demande à être développée à l’intérieur du groupe en privilégiant des moments de rencontre, de détente, par l’organisation de journées de loisirs (randonnées, locations de gîtes). La communication n’est jamais établie une fois pour toutes, elle s’inscrit dans l’instant de l’échange et la durée d’une relation. Quelques techniques d’aide : Certaines attitudes peuvent compromettre la communication. Mieux vaut éviter de : Porter des jugements : complimenter, critiquer, menacer, tourner en dérision Mener votre enquête : diagnostiquer, questionner, psychanalyser, supposer Proposer des solutions : ordre, menace, conseils… Faire la morale, prêcher. La communication est à double sens : chacun doit être convaincu que ce qui est dit mérite d’être entendu et compris. 1. L’affirmation de soi Devant les difficultés qui vont se présenter dans une situation de communication, on peut être tenté(e) de réagir de plusieurs manières : Par la passivité : on ne fait rien par crainte de la réaction des autres, on manque de confiance en soi et d’assurance dans ses capacités. Attention, car la passivité encourage les abus, les phénomènes de bouc émissaire. Par l’agressivité négative : trancher dans le vif, sans nuances Par la manipulation : on préfère contourner le problème. Par l’affirmation de soi : vous exprime avec aisance son point de vue et ses intérêts sans anxiété, sans dénier ceux des autres.→ Cette dernière option est l’attitude la plus favorable à une bonne communication. Guide méthodologique à destination des porteurs de projets de coopératives d’habitants HABICOOP 2 Thématique « La vie du groupe » Fiche 7 – Communication, prévention et gestion des conflits 2. L’écoute active L’écoute active se définit par quelques attitudes fondaL’écoute active permet d’entendre ce mentales : que dit une personne, de percevoir ce - Ne pas interrompre, ne pas condamner, ne pas donner de solutions, de conseils, qu’elle ressent, de lui montrer qu’on de suggestions… mais par contre encou- l’écoute vraiment. L’écoute active est rager l’autre à exprimer en confiance ses la capacité de montrer de l’empathie. idées et sentiments. Attention écouter ac- L’empathie est la faculté de s’identifier tivement l’autre ne signifie pas approuver à quelqu’un, de ressentir ce qu’il ressent. Montrer de l’empathie, c’est ou désapprouver ses propos ! - Clarifier ce qui est dit « pour éviter toute essayer de mieux comprendre ce que confusion ». Reformuler : c'est-à-dire ré- l’autre dit et ressent. On peut péter avec ses propres mots l’essentiel démontrer sa compréhension par des des idées et des sentiments exprimés par attitudes non-verbales : ton de voix, l’autre. Cela montre que vous avez été expression du visage, geste, attitude écouté et compris. Encore une fois, re- du corps. formuler ne signifie ni approuver ni désapprouver ce qui est dit. - Résumer, en rassemblant toutes les informations, peut être l’occasion de corriger ou de préciser un point. 3. L’envoi de messages clairs L’écoute active n’est que la moitié du dispositif de communication efficace. Il faut aussi apprendre à émettre des messages clairs. Quand on émet un message, on peut éviter l’escalade ou le durcissement d’un conflit. L’américain Thomas Gordon propose depuis 1970 une méthode qui porte son nom, destinée à résoudre les conflits « sans gagnant si perdant ». Il incite à ne formuler que des messages à la première personne. Ce qu’il appelle le « message-Je » doit permettre « de préserver la relation tout en s’affirmant clairement ». L’auteur dit aussi, dans une autre formule, que le « message-tu » tue la relation ». 4. La méthode ESPERE versus système SAPPE Zoom – Voir Fiche technique « Méthode ESPERE ». Elle n'a pas pour objectif premier de résoudre des problèmes, d'éviter des conflits ou d'éluder des différents mais d'inviter chacun à se responsabiliser et à agir en cohérence avec ses propres besoins fondamentaux, avec ses désirs profonds ou ses valeurs les plus essentielles. La méthode ESPERE permet de trouver des alternatives stimulantes pour ne pas entretenir la soumission ou l'opposition. IV. Zoom sur... la thérapie sociale 1. Sortir de la violence par le conflit - C.Rojzman L’intelligence collective est nécessaire pour parvenir à des résultats concrets, mais elle n’est pas spontanée. Charles Rojzman1, créateur d’une méthode transdisciplinaire de thérapie sociale, propose une méthodologie. L’idée est de lever les blocages ou les peurs qui empêchent les individus de participer pleinement à une dynamique de groupe. Il s’agit de faire un travail sur soi visant à surmonter les obstacles sociaux, psychologiques et émotionnels qui entrave la 1Charles Rojzman intervient depuis les années 1990 dans les banlieues françaises, où il anime des groupes de confrontation sur les questions du vivre ensemble et forme des acteurs de terrain et des personnels des services publics à l’exercice de leur profession dans un contexte de crise. Guide méthodologique à destination des porteurs de projets de coopératives d’habitants HABICOOP 3 Thématique « La vie du groupe » Fiche 7 – Communication, prévention et gestion des conflits coopération avec les autres. L’enjeu est de pouvoir ensuite être capable d’entrer en conflit sans violence avec les autres pour se confronter au problème qui les oppose et trouver des solutions adaptées. → Travail de libération de la parole et de prise de conscience des malentendus et des fantasmes que les uns nourrissent à l’égard des autres. Cette expression libre fait partie d’un processus spécifique avec des objectifs concertés. Dans nos relations aux autres, dans notre La violence est le contraire de la appréciation de nous même aussi, nous ne sommes coopération. En revanche, la coopération pas toujours objectif, loin s’en faut. Entre les autres n’exclut pas le conflit, car celui-ci permet et nous s’interposent des filtres émotionnels et de considérer son adversaire comme son passionnels. La coopération est parfois gênée par la alter ego avec lequel on est en désaccord « folie » du pouvoir ou une peur démesurée de et non pas comme l’incarnation du mal l’échec. face à laquelle aucune négociation n’est Le travail préparatoire dont il est question a pour possible. En réalité, paradoxalement, il objectif d’apporter un minimum de confiance en soi n’y a pas de conflits entre ceux qui sont aux personnes présentes. Or la confiance en soi dans séparés par la violence ; il n’y a d’ailleurs un groupe s’acquiert de plusieurs façons : d’abord en pas d’espaces où ils peuvent se parler. Il y apprenant à connaître les autres, en se rapprochant a seulement un grand silence interrompu d’eux, en se débarrassant de ses fantasmes et de ses de temps à autre par des éclats de voix. La plus grande souffrance, c’est celle préjugés à leur sujet, en considérant les individus au- qu’apportent le découragement et delà de leur posture, de leur rôle, de leur profession. l’impuissance. Certains pensent connaître Plus proches de soi, les autres effraient moins et les solutions, mais ils se sentent isolés et permettent de s’exprimer plus facilement, sans impuissants à faire entendre leurs points mentir, sans jouer soi-même un rôle. La confiance en de vue, leurs idées. soi dans un groupe s’acquiert aussi en faisant l’expérience d’une écoute de qualité. Une écoute de qualité n’est pas une écoute complaisante ; il s’agit d’une attention respectueuse de l’autre qui exige en retour une certaine transparence. Elle aide celui qui serait tenté de se cacher derrière son masque, derrière ses peurs à se révéler aux autres. →Un véritable dialogue doit avoir été préparé pour créer les conditions de confiance qui rendront l’échange sincère. 2. Les paralysies du groupe Les clans et les masques, voilà la physionomie invisible d’un groupe au départ, quel qu’il soit. Dans tout groupe, on retrouve des peurs fondamentales : − − − − La peur d’être jugé La peur d’être méprisé La peur d’être attaqué ou agressé La peur d’être rejeté ou de ne plus être aimé Ces craintes ne s’expriment pas et ne sont pas toujours conscientes. En groupe, elles se manifestent par des jugements, des préjugés, des accusations. S’en rendre compte, cela signifie aussi prendre conscience de ses souffrances. Cette prise de conscience aide à faire la distinction entre ce que j’imagine de l’autre et ce qu’il est vraiment. En thérapie sociale l’une des 1ères étapes est d’accepter notre responsabilité personnelle dans la situation de crise que nous vivons. L’admettre, c’est sortir de la victimisation, reconnaître que l’on joue un rôle dans ce qui se passe et donc réaliser que l’on peut modifier la donne. Guide méthodologique à destination des porteurs de projets de coopératives d’habitants HABICOOP 4 Thématique « La vie du groupe » Fiche 7 – Communication, prévention et gestion des conflits 3. En finir avec la victimisation : la posture de victime est une autre forme de protection de soi ou de son groupe : « je fais de mon mieux, je suis quelqu'un de bien, mais les autres me font mal ». Cette posture empêche d'admettre ses propres responsabilités. En thérapie sociale, une des premières étapes est d'accepter notre responsabilité personnelle dans la situation de crise que nous vivons. V. Zoom sur… la médiation → Zoom – Voir fiche technique « la médiation ». Certains groupes ont pris la peine de fixer par écrit des accords précisant la manière dont il faudrait résoudre les conflits. Extrait de charte précisant ce point : 2. 9. La GESTION des CONFLITS « Si un conflit concernant la gestion du projet commun ne trouve pas de solution au sein de l’Assemblée Générale des habitants, elle fait appel aux services d’un médiateur extérieur. Celui-ci aura pour mission de faciliter la résolution du conflit, afin d’éviter le recours à une procédure judiciaire. » Projet de charte pour le « v.e.r.g.e.r. » habitat groupé écologique, à Temploux en Belgique. Le résultat du processus de médiation n’est pas de définir un gagnant et un perdant comme peut le faire un tribunal ou une instance d’arbitrage, mais de rétablir la relation pour que les parties en conflit retrouvent la maîtrise de « leur conflit » et parviennent elles-mêmes à le résoudre. Le pari de la médiation c’est de vouloir créer un espace où vérité, respect et compréhension (on utilise en psychologie le terme d’ « empathie » pour désigner la faculté de s’identifier à quelqu’un, de ressentir ce qu’il ressent) peuvent exister ensemble, rendant possible la réconciliation. Guide méthodologique à destination des porteurs de projets de coopératives d’habitants HABICOOP 5