20150115_discours_fnars - DRIHL Ile-de
Transcription
20150115_discours_fnars - DRIHL Ile-de
Cabinet de la Ministre du Logement, de l’Egalité des territoires et de la Ruralité Paris, le jeudi 15 janvier 2015 Seul le prononcé fait foi DISCOURS de Sylvia PINEL Assises nationales de l’urgence sociale organisées par la FNARS Monsieur le Président, Monsieur le Directeur Général, Monsieur le Délégué Interministériel à l’Hébergement et à l’Accès au Logement, Monsieur le Président du Conseil National des Politiques de Lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale, Madame la Vice-présidente du l’Union Sociale pour l’Habitat, Monsieur le Président du Samu social de Paris, Monsieur le Délégué général adjoint de la Fondation Abbé Pierre, Mesdames, Messieurs, Je suis particulièrement honorée d’être présente parmi vous aujourd’hui, afin de clôturer cette journée, qui fut riche en échanges et en propositions. Avant de commencer mon propos je veux bien sur vous souhaiter à toutes et à tous mes meilleurs vœux pour cette nouvelle année. J’aimerais également dire un mot du lieu que vous avez choisi pour la tenue de ces assises, le Palais de la Femme, car c’est un choix lourd de sens. Cet établissement, construit en 1910 sous la forme d’un « foyer populaire » pour jeunes ouvriers, puis transformé en hôpital de guerre à partir de 1914, est chargé d’Histoire. Après avoir permis d’offrir un toit à des travailleurs modestes, puis de remettre sur pied ceux que la grande guerre avait touché dans leur chair, la Fondation de l’Armée du Salut l’a transformée, en 1926, en établissement ouvert à l’ensemble des jeunes femmes ayant besoin d’un hébergement sécurisé à Paris. C’est depuis cette période qu’il porte le nom de « Palais de la Femme ». Et ce bâtiment est donc en lui-même tout un symbole de solidarité, de cohésion sociale et de lutte contre les inégalités. 72 rue de Varenne – 75007 PARIS www.territoires.gouv.fr En ces temps de doutes et de troubles, il est important de souligner ces symboles et ces valeurs qui fondent notre République. Je veux avoir avec vous une pensée pour ceux qui, la semaine dernière, ont payé de leur vie la défense de nos libertés. Je pense à ces soldats de la République, ces journalistes, ces forces de l’ordre, ou ces citoyens anonymes qui ont perdu la vie. Je pense aussi à ces millions de citoyens qui partout dans le monde se sont levés pour défendre la République et la liberté face à la barbarie, au terrorisme et à l’obscurantisme. Cette magnifique mobilisation est le témoignage de tout un peuple qui veut faire face et qui se retrouve dans un élan de solidarité, de fraternité et de laïcité. Dans ce contexte si particulier, j’attache beaucoup d’importance à être présente pour clôturer cette journée. Les thèmes qui sont évoqués aujourd’hui portent également en eux des valeurs essentielles de cohésion, d’aide aux plus fragiles et d’accompagnement dans les parcours de réinsertion. La Fédération Nationale des Associations d’Accueil et de Réinsertion Sociale (FNARS), qui organise ses assises, est elle aussi riche d’une belle histoire. Cela fait maintenant près de 60 ans qu’elle a vu le jour, fédérant à l’époque 18 centres d’hébergement, qui ont eu l’idée de s’unir pour porter la voix des plus faibles auprès des pouvoirs publics. Petit à petit, la fédération a diversifié et professionnalisé ses activités, ouvrant les premiers CHRS au début des années 1970 et prenant le nom de FNARS en 1974. Aujourd’hui, ce sont pas moins de 870 associations adhérentes (et non des moindres), qui gèrent un peu plus de 2 800 établissements et services, allant des équipes du 115, aux centres d’hébergement, en passant par les résidences sociales, les pensions de familles, des chantiers ou entreprises d’insertion, des centre de soins ou des Lits Halte Soins Santé, jusqu’aux crèches ou haltes-garderies. Je mesure l’importance de ce que nous devons aux associations en matière de lutte contre la pauvreté, en particulier dans le secteur de l’hébergement. Elles ont historiquement été à l’avant-garde dans ce domaine et sont nos partenaires. Je veux aujourd’hui rendre hommage à l’ensemble des acteurs associatifs, qui au quotidien, permettent de faire vivre le principe de solidarité auprès de ceux qui en ont le plus besoin. Je tiens à saluer l’implication et l’engagement sans faille des travailleurs sociaux, ainsi que de tous ceux qui interviennent dans ces associations : professionnels et bénévoles. Car trop de nos concitoyens connaissent une grande précarité et nous devons collectivement agir pour enrayer cette spirale de l’exclusion sociale. 2 L’étude publiée par l’INSEE en novembre dernier est sans appel : entre 2001 et 2012, le nombre de sans-abris a augmenté de 44% dans notre pays. Les raisons sont multiples et nous les connaissons : la crise économique, un taux de chômage élevé, un secteur du logement qui connait d’importantes difficultés depuis 2008, des bouleversements géopolitiques conduisant des milliers de personnes à prendre les routes pour chercher l’asile… Mais aussi lourde que soit la tâche, jamais la République ne se résignera devant les difficultés auxquelles sont confrontés les plus fragiles de nos concitoyens. C’est la raison pour laquelle le gouvernement consacre des moyens importants pour le logement et l’hébergement. Le 21 janvier 2013, le gouvernement a adopté un plan pluriannuel de lutte contre la pauvreté. Il a notamment permis la création de 7 000 places d’hébergement supplémentaires, auxquelles il faut ajouter 4 000 places en CADA spécifiquement réservées aux demandeurs d’asile, ainsi que 7 360 places en logement adapté. Et je pense aussi bien sûr aux 750 nouvelles places spécialement femmes victimes de violences. réservées aux Ces différentes mesures poursuivent toutes le même objectif : l’accès au logement du plus grand nombre. C’est d’ailleurs pour moi comme vous le savez une priorité depuis ma prise de fonction. C’est pourquoi il est indispensable de relancer la construction dans notre pays et particulièrement la production de logement social et très social. Un accord triennal appelé « Agenda 2015-2018 » a été signé avec l’Union Sociale pour l’Habitat pour accroitre la construction et la rénovation de logements sociaux sur les trois prochaines années : un milliard d’euros y sont consacrés sur cette même période. Le mouvement HLM s’est par ailleurs engagé à consacrer 300 millions d’euros par an sur 3 ans pour proposer des logements à niveau de loyer très faible, afin d’améliorer l’accès au logement social pour les personnes les plus démunies. Au total, 15 000 de ces super PLAI seront construits d’ici 2018, dont 5000 dès cette année. Cette production s’ajoutera au programme de PLAI adaptés et j’ai d’ailleurs lancé le deuxième appel à projets en mai dernier, pour créer 2 000 supers PLAI sur l’année 2014 et 3 000 par an à compter de cette année. Pour compléter ce plan, j’ai aussi souhaité qu’une action forte soit prise en faveur du logement accompagné. Un appel à projet a été lancé en avril pour réaliser 10 000 logements sociaux accompagnés sur trois ans. L’enjeu est de favoriser la coopération entre les bailleurs sociaux et les associations pour faciliter l’accès au logement social de ménages cumulant des difficultés économiques et sociales, en leur proposant un accompagnement adapté à leur situation. 3 Bien sûr, j’ai conscience que nos efforts doivent encore s’amplifier, tant les besoins de logements sont importants. Le pacte pour l’accès au logement des personnes sans-abris que vous avez proposé aujourd’hui fixe des objectifs plus ambitieux et bien naturellement je partage son esprit. L’Etat ne diminuera pas son effort en direction du logement social, dont près de 30% des nouveaux logements construits sont aujourd’hui des PLAI. Je souhaite que nous fassions encore mieux, avec le mouvement HLM, en développant des dispositifs d’accès au logement, et l’intermédiation locative. Je prendrai notamment, cette année, un décret qui permettra aux communes de déduire les dépenses liées à l’intermédiation locatives des pénalités financières qui peuvent leur être infligées au titre de la loi SRU. 2015, sera donc une année charnière. Avec un budget qui atteint 1,3 milliard d’euros, jamais un gouvernement n’a engagé autant de moyens en faveur de l’hébergement et du logement adapté. Les crédits prévus pour 2015 sont en effet en hausse par rapport au budget initial de 2014. Mais comme vous le soulignez très justement dans votre pacte, en matière d’hébergement, l’Etat fait beaucoup mais nous pouvons encore améliorer notre action. Pendant trop longtemps, nous nous sommes enlisés dans l’urgence, sans apporter suffisamment de réponses durables. Cela s’explique par le souci légitime de ne laisser personnes sans solutions, mais on ne peut continuer ainsi. Comme je l’ai formellement écrit aux Préfets dans une lettre qui accompagnait la circulaire du 10 octobre 2014, j’ai pour objectif la fin de la gestion saisonnière de l’hébergement. J'ai d’ailleurs mis en place un groupe de travail piloté par la DIHAL consacré à la fin de la gestion saisonnière de l'hébergement d'urgence qui réunit l'ensemble des acteurs, dont la FNARS. Ce groupe de travail recommandations. a déjà produit un cahier des charges et des Il est par exemple inconcevable que dans des zones détendues, où il existe des logements vacants dans le parc social ou privé, il soit fait appel de façon importante aux hôtels. Car cela provoque une dégradation de la situation des familles et empêche un travail d'accompagnement efficace, même si dans certaines situations exceptionnelles, cela peut se justifier. 4 L'accès au logement est bien évidemment ma priorité et en conséquence, j'ai décidé que quatre départements feraient l'objet d'une expérimentation afin d’élaborer des solutions alternatives et adaptées aux différents territoires et donc aux besoins. Il s’agit du Doubs, le Calvados, le Rhône et le Val-de-Marne.Cette expérimentation démarrera dans les tous prochains jours. Pour autant, l’ensemble des données et notamment celles produites par la F.N.A.R.S dans son baromètre, démontre que le nombre de personnes faisant appel au 115 est beaucoup plus important en hiver. C’est pourquoi cette année encore, l'Etat a prévu un nombre important de places exceptionnelles mobilisables pendant la période hivernale, dont près de 10 000 sont actuellement ouvertes. J’ai demandé aux Préfets de mener un effort particulier pour que ces places répondent à des exigences de qualité les plus hautes possibles et de ne pas les ouvrir en fonction du seul niveau des températures, mais bien des besoins exprimés. Cela a nécessité, pour certains territoires, quelques clarifications, qui ont été apportées et je souhaite réellement que les services territoriaux de l’Etat mesurent la détermination du gouvernement à changer la logique qui a trop longtemps prévalu pour le service public d’hébergement. C’est pourquoi je leur ai aussi indiqué au mois de décembre, que je ne souhaitais pas que ces places soient refermées avant la fin de la période hivernale, même en cas de remontée des températures et qu’ils devaient dès à présent anticiper et préparer la sortie de l’hiver, en organisant des réunions de concertation avec l’ensemble des acteurs institutionnels et associatifs, pour voir les places qui pourraient être pérennisées et les solutions durables qui peuvent être apportées aux personnes hébergées en fonction de la diversité des profils et des besoins. Au-delà, il faut encore progresser dans la qualité de l’accueil des infrastructures pérennes et notamment des CHRS, pour aller vers des centres à taille humaine et dans lesquels les personnes se sentent bien. C’est le sens de l’action menée par l’agence nationale de l’habitat (ANAH) dans son programme de réhabilitation de ces centres. 18 centres ont ainsi bénéficié de cette action en 2014 pour un total de 600 places. Cette année, je souhaite que 1 000 places soient réhabilitées ou rénovées. Mais je souhaite que nous allions beaucoup plus loin. Le défi qui est maintenant devant nous est de profondément modifier la structure du service public d’hébergement et d’accès au logement et d’en finir avec l’hébergement de long terme à l’hôtel, qui est sans doute le symptôme le plus criant de cette fièvre de l’urgence, dont souffrent les politiques d’hébergement et d’accès au logement. En Ile-de-France, qui concentre 86% des nuitées, la situation est tellement saturée que les opérateurs chargés de réserver les chambres chaque soir craignent de ne pas en trouver suffisamment au moindre événement d’ampleur. 5 Je veux aujourd’hui affirmer et réaffirmer devant vous que je partage pleinement la préoccupation qui est la vôtre de réorienter les crédits consacrés au financement des nuitées hôtelières vers des dispositifs offrant aux personnes des conditions d’hébergements plus dignes et mieux adaptées à leur situation. Nous avons dû faire face à une crise économique d’une ampleur sans précédent et les solutions retenues ont permis de mettre le plus grand nombre de personnes à l’abri. Mais avec près de 40 000 nuitées hôtelières à la fin de l’année 2014, cela représente aujourd’hui plus d’un tiers du parc d’hébergement généraliste. Le système a donc atteint ses limites. Surtout, l’enquête réalisée par le Samu social de Paris, a souligné les conséquences néfastes pour les familles : difficultés accrues pour accéder à l’emploi, faible scolarisation des enfants, décrochage scolaire, conditions d’hygiène déplorables, insécurité alimentaire, problème de sommeil… Au-delà de ces conditions d’hébergement qui ne sont pas satisfaisantes, la mobilité résidentielle très importante que connaissent ces familles, qui doivent sans cesse déménager, ne leur permet pas de se stabiliser et allonge considérablement la durée pendant laquelle elles restent sans-domicile. C’est tout simplement devenir insupportable. C’est donc pour réorienter en profondeur cette politique de l’hébergement que nous finalisons un plan triennal de réduction des nuitées hôtelières qui sera détaillé dans quelques semaines par le Président de la République. Son objectif est d’inverser la tendance actuelle, en substituant à l’hôtel des dispositifs alternatifs réellement capables de répondre aux besoins des personnes accueillies et de mieux tenir compte de la diversité des parcours et des profils. Notre action pour changer de logique doit s’inscrire dans la durée : au cours des trois prochaines années, nous allons nous donner les moyens de faire du recours à l’hôtel une exception et non plus la norme. Mon ambition est simple mais ferme : en 2017, le recours à l’hôtel pour toute nouvelle demande d’hébergement doit être exceptionnel et de courte durée. Cette ambition doit se construire en cohérence et en lien avec les autres actions du gouvernement pour lutter contre toutes les formes de précarité. Le plan pluriannuel de lutte contre la pauvreté et l’exclusion entre dans sa troisième année et il s’attache à prévenir les ruptures qui peuvent faire basculer chacun d’entre nous dans cette spirale de l’exclusion : le chômage, un divorce, une charge de logement trop lourde… c’est pourquoi le décret qui renforce la prévention des expulsions locatives sera adopté avant la fin de la période hivernale. Il devra notamment permettre, pour les allocataires de bonne foi, de maintenir les APL en cas d’impayés des loyers. Le président de la République partage pleinement cette ambition et aura prochainement l’occasion d’impulser et de détailler ce changement de vision et de logique dans les politiques d’hébergement et d’accès au logement, dont nous serons collectivement les acteurs. 6 Je souhaite que les crédits destinés au logement adapté, qui permettent d’enclencher de réels parcours d’insertion vers le logement, ne soient plus utilisés pour financer des places d’hébergement d’urgence. Les solutions alternatives sont connues et plusieurs figurent d’ailleurs dans votre pacte : l’intermédiation locative qui permet l’accès des plus précaires au logement privé par le biais d’une association qui signe le contrat de bail avec le propriétaire et le met ensuite à disposition des personnes, a d’importantes potentialités de développement et l’Etat va s’en donner les moyens dès cette année. Le logement adapté, à travers les résidences sociales et les maisons-relais ou pensions de familles, sont autant de solutions qui fonctionnent, notamment pour des personnes isolées qui peuvent cumuler d’autres difficultés, sur le plan de la santé par exemple, doivent aussi être encouragées beaucoup plus fortement. D’autres dispositifs, plus innovants doivent aussi être étudiés, je pense par exemple ici aux appartements partagés, sur lesquels je sais que le Samu social de Paris a beaucoup travaillé et qui seront expérimentés en Ile-de-France. Si l’accès au logement est bien la première des priorités, il serait cependant illusoire de penser que nous n’aurons plus besoin de nouveaux centres d’hébergement. Il est donc indispensable d’en construire qui soient adaptés aux familles et de s’engager vers l’hébergement dans le diffus, en approfondissant le concept d’hébergement « hors-les-murs », qui, je le sais, vous tient particulièrement à cœur. Mais pour que ces dispositifs soient efficaces, il sera aussi nécessaire de renforcer l’accompagnement social des personnes qui continueront, au moins dans la période transitoire, d’être hébergées à l’hôtel. Ce suivi social renforcé, combiné à l’effort fait en direction du logement social et très social, permettront de considérablement renforcer le taux d’insertion dans le logement des personnes hébergées, sur lequel reposera la réussite de ce plan. Mais cela ne sera possible que si nous agissons collectivement pour répondre à l’objectif qui doit tous nous animer : l’accès au logement le plus rapide pour le plus grand nombre. C’est pourquoi j’en appelle à la responsabilité de l’ensemble des acteurs, institutionnels et associatifs. Aussi il est indispensable que vous prépariez dès à présent les projets sur lesquels nous pourrons nous engager et je sais que vous ne manquez pas d’idées. Je rencontrerai prochainement l’ensemble des Préfets pour leur dire ma volonté d’en finir avec l’inflation des nuitées hôtelières et l’enlisement dans l’urgence. Ce plan ne pourra fonctionner que si l’on donne à tous de la visibilité, financière notamment, et comptez sur moi pour m’y employer. Je leur demanderai aussi un bilan d’étape régulier sur les solutions proposées et le suivi de leurs mises en œuvre. Mais malgré les efforts inégalés que nous réalisons et les engagements que je viens de prendre devant vous, beaucoup reste à accomplir. 7 Conduire une politique d’hébergement consiste à trouver les moyens permettant de répondre et de mettre en œuvre le principe d’inconditionnalité de l’accueil, dont nous pouvons être collectivement fiers, puisqu’il est une expression forte des valeurs portées dans notre Pacte Républicain. C’est pourquoi un autre enjeu de l’année 2015, sera de trouver les outils pour qu’il trouve à s’appliquer dans les meilleures conditions. Ces outils, nous les connaissons déjà largement et parmi eux, les diagnostics territoriaux dit « à 360 degrés ». Treize territoires pilotes sont déjà arrivés au bout du processus, pour des résultats souvent très intéressants et les départements devront avoir terminés leurs diagnostics au mois de juin. L’objectif est simple mais ambitieux : mettre en œuvre au plan territorial, une politique allant de l’hébergement d’urgence à l’accès au logement, avec pour seul fil conducteur le parcours des personnes. Cela suppose de trouver les modes d’organisation adaptés. L’administration doit travailler étroitement avec les collectivités locales, les bailleurs et bien entendu l’ensemble des associations qui concourent à la mise en œuvre du service public d’hébergement et d’accès au logement. Car les diagnostics ne produiront des résultats que si chacun est conscient des enjeux et participent concrètement à leur réalisation, en partageant l’information et en formulant des propositions. D’autres acteurs seront aussi sollicités, car les publics dont ils ont la charge sont diverses et souvent confrontés à des difficultés d’accès ou de maintien dans le logement. Je pense notamment aux Agences Régionales de Santé (ARS). Les équipes mobiles de psychiatrie peuvent par exemple jouer un rôle déterminant pour permettre à certains de leurs patients de conserver un logement autonome. Il s’agit donc d’une démarche réellement novatrice, qui va enfin permettre d’identifier les spécificités entourant chaque territoire, tant sur le plan des besoins que des réponses possibles. Comme je le disais tout à l’heure, on s’aperçoit qu’en dehors des départements très urbanisés où l’offre de logement connait d’importantes tensions, il existe parfois des potentialités de logements sociaux vacants, qui pourraient permettre à certaines familles d’accéder rapidement au logement alors que des nuitées hôtelières sont parfois financées… Et c’est bien dans l’esprit que je viens d’évoquer que nous devront bâtir les futurs plans départementaux d'action pour l'hébergement et le logement des personnes défavorisées (PDAHLPD). Il s’agit donc de leviers essentiels pour amorcer le changement d’approche qui doit tous nous animés. Mais ce ne sera pas la seule réforme poursuivant des objectifs ambitieux en 2015. La fusion des services intégrés d’accueil et d’information (SIAO), qui devront aussi 8 absorber les services qui sont aujourd’hui en charge des 115, sera conduite dans le même objectif. Je sais que c’est une réforme qui a suscitée des interrogations, voire des inquiétydes de la part du secteur associatif. Mais une fois les problématiques et solutions identifiées, il est crucial qu’un opérateur unique ait une vue d’ensemble des réponses qu’il est possible d’apporter, c’est pourquoi la encore je compte sur votre engagement. Cette réforme s’accompagnera de la mise en place d’un système d’information unique sur le plan national pour l’ensemble des SIAO, qui va nous permettre de disposer de données unifiées et je sais l’attention que vous accordez à ce sujet. Ces données nous permettront d’affiner plus encore nos politiques et d’augmenter la qualité des réponses, sans remettre en cause la liberté de leur interprétation par les associations, qui doit évidemment demeurer. Enfin, je ne pourrais conclure mon intervention sans vous dire un mot de l’opportunité d’aller vers un statut unique pour les centres d’hébergement, qui je le sais, est une revendication ancienne de votre fédération. Ce statut devra résolument être axé sur la stabilisation et l’insertion des personnes accueillies et je sais combien vos contributions ont été et seront encore précieuses, jusqu'à la remise du rapport au Parlement. Ce rapport constituera le socle sur lequel nous pourrons nous appuyer pour débuter ce travail, qui sera long et important, mais qui est à la hauteur des enjeux qui nous rassemblent. Mesdames et Messieurs cette année 2015 sera donc, j’en suis convaincue une année charnière pour le secteur de l’hébergement. Avec la réorientation de notre politique. Fin de la gestion saisonnière, diagnostics à 360 degrés, construction de nouveaux logements aux loyers adaptés, mobilisation de moyens humains, économiques et financiers, c’est un plan global que nous avons préparé. Le logement permet de structurer la vie quotidienne de nos concitoyens et c’est notre devoir d’adapter sans cesse nos politiques pour qu’elles correspondent mieux et plus vite aux attentes. Il en va du respect des valeurs qui sont au cœur de notre engagement républicain : celles d’égalité, de solidarité. Et je sais pouvoir compter sur vous pour accompagner le gouvernement dans ce grand et ambitieux defi. Pour conclure, je vous renouvelle à tous et à toutes mes meilleurs vœux de bonheur et de réussite personnelle et professionnelle pour cette nouvelle année. 9