Stage à la Société Générale
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Stage à la Société Générale
Stage à la Société Générale Ingénierie Financière Note de Prise de Recul I. Rôle et Missions Assignés a. Description de l’environnement de travail Au cours de mon stage, je travaille au sein du département Global Equity Flow de la Société Générale Corporate and Investment Banking (SGCIB) à New York. Comme son nom l’indique, il regroupe toutes les activités de la banque sur les produits liés aux actions, options et indices, et intervient sur les marchés organisés, par opposition aux produits dits Over The Counter (OTC). J’y ai intégré le desk Global Engineering and Strategy, en charge de tâches extrêmement variées : du pricing des produits vendus par les Sales à la création de nouveaux produits financiers innovants, en passant par l’élaboration et le test de stratégies d’investissement, mon équipe couvre un vaste panel des activités de la salle des marchés. Au cœur de celle-ci, je peux ainsi collaborer au jour le jour avec ses principaux acteurs, à savoir les Traders, Sales et Quants. En raison de la proximité du Front Office avec les marchés, ainsi que du rôle central de mon desk, je suis donc en mesure de suivre le cycle de vie d’un produit financier de sa naissance jusqu’à sa vente et même d’entrevoir son booking par le Middle Office. b. Elaboration et test de stratégies d’investissement Que ce soit à la demande d’un client ou de manière spontanée, l’un de mes rôles consiste à élaborer des stratégies d’investissement dites systématiques. Destinées à faire gagner de l’argent au client, je dois les optimiser suivant plusieurs critères (coût, risque, effet de levier, etc…) afin de les rendre les plus attractives possible. Ce travail d’optimisation nécessite des compétences techniques que j’ai apprises à l’Ecole, mais aussi des notions de logique et d’informatique que j’ai pu découvrir au fur et à mesure. L’une des étapes les plus importantes est leur backtesting, c’est-à-dire leur simulation dans le passé. Un backtest permet en effet d’avoir accès au comportement concret d’une stratégie au cours de différents types de marchés (crise, bulle, relance, normal, etc…) et ainsi de déterminer ses atouts et ses points faibles. Lors de l’étude d’une stratégie, j’ajoute à chaque fois des analyses techniques de paramètres du marché, avantage que seuls les ingénieurs, membres de mon desk, ont tendance à incorporer dans leurs analyses, du fait de leur complexité. Je fournis donc aux Sales et aux clients une valeur ajoutée très précieuse et non négligeable, compte tenu de sa rareté sur le marché. c. Le pricing Bien qu’appartenant à un département de flux, la salle dont je fais partie compte aussi une forte activité dite exotique, c’est-à-dire liée à des produits financiers complexes, rendant difficile la détermination de leur prix. Ces produits représentent le cœur du desk Global Engineering and Strategy, et requiert des compétences que seuls les ingénieurs détiennent dans la salle. En effet, lorsqu’un vendeur décide de contacter ses clients afin de leur proposer l’un de ces produits, ou qu’un client en fait la demande explicite, il est primordial de déterminer sa valeur, ainsi que les prix auxquels la banque est prête à le vendre (offer), ou l’acheter (bid). Compte tenu du fait que les clients mettent la plupart du temps plusieurs banques en compétition, il s’agit donc de pricer le produit le plus rapidement possible, et ce sans faire d’erreur (misprice), qui serait fatale. Ce travail requiert ainsi rapidité et précision. Au cours de mon stage, je suis, entre autres, en charge du pricing de ces produits exotiques. Chaque pricing est effectué selon un processus bien défini : tout d’abord, le priceur envoie une requête au trader qui se chargera de suivre le produit s’il est vendu. Puisque chaque produit vendu entre dans le portefeuille de la banque, il induit donc un risque de marché. Suivant la propension du trader à endosser ces risques, et sa facilité à les couvrir (hedger), celui-ci lui fait part des coûts prévisionnels auxquels il devra faire face au cours de la vie du produit. Le trader communique donc au priceur différents paramètres dont il devra tenir compte dans le calcul du prix du produit. Selon la complexité du produit, je suis généralement en mesure de fournir un prix entre cinq minutes et une heure après en avoir reçu la requête. En revanche, pour les produits dits hybrides, c’està-dire associant des sous-jacents de différentes classes d’actifs (Actions/Matières Premières, Actions/Obligations, etc…), plusieurs traders sont concernés, souvent basés à Paris, ce qui complique à la fois les discussions liées aux coûts de couverture, mais aussi le pricing en lui-même. Le processus peut donc prendre plusieurs jours, voire parfois plus. Bien entendu, tous mes prix sont vérifiés par un autre priceur (basé à New York ou à Paris), compte tenu du risque opérationnel énorme auquel je m’expose dans cette tâche. d. L a création de nouveaux produits financiers innovants Pendant mon stage, j’ai eu la chance de travailler sur un nouveau produit développé par mon desk. Plusieurs de nos clients avaient en effet exprimé un besoin auquel aucun produit existant ne répondait. Le produit dont ils avaient besoin entrait dans la catégorie des Hedges : il devait donc compenser la perte induite sur leurs portefeuilles en cas d’effondrement des marchés d’actions. Jusqu’alors, ils se hedgeaient via des Puts Down-and-Out (PDOs), options de vente qui se désactivent si les marchés chutent trop. Ces derniers leur permettaient d’avoir accès à une option en moyenne deux à trois fois moins chère qu’une option classique, à condition d’y renoncer en cas de crise majeure. Mais ces produits sont intrinsèquement risqués, puisqu’ils disparaissent au moment où l’on en a le plus besoin. C’est pourquoi les clients les achètent en général par strips et dispersent donc ce risque dit de digit sur différentes barrières. Mais ce mode de couverture les oblige à acheter plusieurs types d’options, ce qui rend leur suivi plus laborieux, surtout pour les clients disposant d’une infrastructure de trading limitée. Mon desk a donc choisi de développer une variante de ces PDOs permettant aux clients d’avoir accès à la même couverture en achetant un produit unique. Mon rôle au cours des deux mois pendant lesquels ce produit a été élaboré fut multiple : j’ai eu pour tâche la simulation et l’étude de son comportement dans le passé, l’élaboration de la méthodologie de son pricing, ainsi que l’analyse de ses sensitivités aux paramètres du marché (volatilité, skew, vol of vol, etc…). J’ai beaucoup appris dans ce processus, tant d’un point de vue de la méthodologie du travail, que des connaissances en optimisation de produit que les études m’ont apportées. II. Dimension interculturelle Mon stage se déroulant à New York, ville interculturelle par excellence, j’ai l’opportunité de cohabiter depuis le mois de Juillet 2011 avec des personnes de nationalités extrêmement variées, et ce pendant mon stage mais aussi en dehors. Discuter avec elles m’a permis une véritable ouverture d’esprit et une meilleure connaissance de cultures dont je n’avais auparavant que vaguement idée. En tant que banque française, la Société Générale embauche un nombre non négligeable de Français, même à New York. Mais par pur hasard, mon équipe est beaucoup plus diversifiée que le reste de la salle. Elle est constituée de cinq personnes embauchées : un Espagnol, un Français, un Singapourien et deux Chinoises. En contact permanent avec eux pendant une douzaine d’heures par jour, j’ai pu constater de grandes différences dans leurs méthodes de travail. Entrer dans le monde du travail m’a ainsi permis d’appliquer de manière concrète les enseignements de mes études, et de les confronter à ceux de personnes ayant suivi des cursus très différents du mien. J’ai ainsi du m’habituer à certaines habitudes de travail américaines, à savoir l’absence de pause déjeuner, l’heure d’arrivée le matin en général beaucoup plus tôt qu’en France, etc… Il m’est en revanche encore difficile de comparer les méthodes de travail en entreprise en France et aux Etats-Unis, puisque ma seule expérience en France, mon stage opérateur, n’est pas du tout comparable à celle-ci. Mais je suis sûr que dans le futur, je serai encore plus apte à mesurer les apports interculturels de cette expérience, au regard des valeurs françaises. Puisque c’est la seule langue commune aux six personnes de mon équipe, l’Anglais est indispensable, et j’ai donc pu en améliorer ma pratique, que ce soit à l’oral ou à l’écrit. Je rédige en effet plusieurs articles et présentations pour le compte de mon desk, ce qui m’a obligé à me mettre très rapidement au niveau requis. III. Apports du stage Jusqu’à présent, mon stage m’a muni de nouvelles connaissances, en finance de marché bien sûr, mais aussi économiques et techniques. Avant ce stage, tout ce que je savais du monde de la finance était issu de mes cours ou de mes lectures. Mais au cours de celui-ci, je me suis rendu compte que la finance de marché relève plus d’un secteur qui s’apprend « sur le tas », et que toutes les connaissances théoriques ne valent pas une expérience concrète en banque. Après un mois de stage, j’avais en effet l’impression d’avoir développé une multitude de nouvelles aptitudes, compris des concepts dont je n’avais même pas connaissance auparavant et intégré des méthodes indispensables au poste que j’occupais. Je me suis aussi rendu compte que ce métier, bien que j’occupe l’une des fonctions les plus techniques de la salle, ne requiert pas autant de notions mathématiques que ce à quoi je m’attendais avant de commencer mon stage. De manière passive, à force de manipuler des cours d’actions à longueur de journée et de lire des analyses économiques internes à la banque, j’améliore aussi ma compréhension des mécanismes qui régissent le monde économique. J’ai aussi pu constater les effets de la mondialisation et de la dérégulation des marchés : tout événement, quel que soit le pays du monde dans lequel il a lieu, a toujours un impact sur tous les marchés, ce qui rend leur étude très complexe, mais aussi plus intéressante. Enfin, au cours des études et des pricings que je mène, j’ai accès à des logiciels et outils puissants, que j’ai appris à découvrir, comprendre et utiliser. De plus, ma maitrise de logiciels et langages dont j’avais déjà connaissance, tels qu’Excel, Powerpoint et VBA a évolué plus que je n’aurais pu l’imaginer. Aujourd’hui, je sais aussi utiliser des bases de données et y accéder de manière automatique. IV. Conclusion A ce stade, je pense pouvoir dresser un premier bilan de mon stage, bien qu’il ne soit pas terminé. Cette première expérience en entreprise m’a beaucoup appris, tant d’un point de vue humain que technique. Le fait d’avoir eu l’opportunité de la réaliser en finance de marché, et qui plus est aux EtatsUnis, m’a en plus mis en contact avec des situations de crise, comme pendant le mois d’aout 2011, lors de la dégradation des Etats-Unis par les agences de notation américaines. J’ai aussi pu assister à la gestion d’une banque d’investissement pendant la phase de relance que l’on connait depuis 2010.