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Congrès Mondial de Science Politique. Santiago du Chili. Juillet 2009. La stratégie argumentative du candidat présidentiel Joaquin Lavin et la construction d’un nouvel ethos discursif dans la politique chilienne1. A la fin du régime de Pinochet, il y a 18 ans, les partis politiques de la Concertation (centregauche), de l'Alliance pour le Chili (centre-droite) et de la gauche extraparlementaire adoptent un discours politique servant à raconter, à expliquer et à justifier leur vision de la transition démocratique. Soutenue par une structure légale et constitutionnelle (la Constitution de 1980), la transition démocratique cohabite avec une série de discours transitionnels constituée des stratégies argumentatives mises en place par les hommes politiques et leurs partis pour faire adhérer les électeurs à leurs thèses ou pour renforcer ces dernières. Ce sont des discours transitionnels car leurs argumentations défendent ou attaquent la dictature militaire et font référence à la discussion sur le rôle de l'Etat dans l'économie. Ainsi le centre-gauche et le centre-droite coïncident sur le rôle de l'Etat dans l'économie mais elles s'opposent dans la manière d'analyser la dictature. En revanche, les partis de la gauche extraparlementaire (le Parti communiste et le Parti humaniste) critiquent le régime de Pinochet et sont contre le modèle néolibéral défendu par la Concertation et par l’Alliance. Cette lutte entre les partis politiques pour imposer chacun son propre discours transitionnel atteint son sommet pendant la campagne présidentielle de 1999 qui oppose six candidats, dont deux concentrent la faveur des électeurs : le socialiste Ricardo Lagos, représentant de la Concertation, et Joaquin Lavin, militant de l'Union Démocrate Indépendante (UDI) et représentant de l'Alliance pour le Chili. La confluence inespérée des deux faits historiques, l'arrestation de Pinochet en Angleterre et la répétition du scénario électoral de 1970, qui rappelle l'époque du Président Salvador Allende (un socialiste affrontant la droite et la démocratie chrétienne), provoque une crise de consensus entre les civiles et les militaires et oblige les candidats à prendre leur position à l'égard de la dictature militaire. La campagne présidentielle de 1999 est un moment charnier dans le discours politique de la droite chilienne. Historiquement, celle-ci défend la dictature de Pinochet et son héritage politico-économique. Mais le discours politique de Lavin détruit cette identification. Il dissocie l'irrationalité coercitive du régime militaire (Hunneus, 2000), identifiée avec la personne du dictateur, et la rationalité économique et politique de la dictature, identifiée au modèle néolibéral et à la Constitution de 1980. Cette dissociation commence comme une stratégie de marketing politique, mise en place par l'équipe de campagne de Lavin, mais elle devient une position définitive de l'Alliance pour le Chili après le succès électoral de son candidat aux élections présidentielles de 1999, et surtout, après le retour de Pinochet au pays et la poursuite de son procès par les tribunaux de justice chiliens. 1 Auteur : Juan Pablo Saez (1975). Journaliste chilien et Master en Science politique (Université Paris II). Cet article est un résumé des conclusions du mémoire intitulé : « La droite chilienne et la dictature de Pinochet. Analyse argumentative du discours de J. Lavín lors de la campagne électorale de 1999 » (Septembre 2008). 1 En 1999 Lavin détruit son propre éthos prédiscursif –ou l'image que l'auditoire peut se faire de lui avant sa prise de parole- et construit une nouvelle image de soi, dissociée de sa carrière politique et de sa collaboration avec la dictature militaire. Quelle stratégie argumentative utilise-t-il dans la construction de ce nouvel éthos ? L’analyse de quatre discours prononcés par Lavin entre mai et novembre 1999 montre l’utilisation d’une série d’arguments qu’il est possible d’agrouper en quatre familles argumentatives, suivant la classification de Philippe Breton : « le cadrage, la communauté, l’autorité et l’analogie » (2006 : p.54). Les arguments de cadrage et de communauté s’appuient sur la doxa ou l’opinion commune (Amossy, 2006) existante à l'époque de la campagne présidentielle ; ils établissent une liaison entre l'accord préalable de l'auditoire et l'opinion de l'orateur. La réalité est ainsi cadrée et Lavin s'approprie d'elle en la montrant à son auditoire comme objective. L'utilisation de la doxa comme plateforme de ce type d'arguments indique l'importance assignée par Lavin à l'étude de l'opinion publique, à travers des sondages. Les convictions politiques du candidat sont à plusieurs reprises remplacées par celles de l'opinion publique. C'est le cas, lorsqu'il se désengage de Pinochet, jugé négativement par une partie de la population avant et après sa détention. L'usage d'arguments d'autorité et d'analogie, moins constant par rapport à ceux de cadrage et de communauté, explique la simplification du discours de Lavin. L'appel à une autorité externe, une personnalité renommée, l'auditoire ou Lavin lui-même, facilite sa tentative de convaincre sans recourir à des structures argumentatives trop complexes. De même, l'argument d'analogie permet de remplacer ces structures par des rapports entre le thème défendu et une image externe (le phore), comme celle du pape Jean-Paul II, pour défendre le consensus entre les civiles et les militaires, ou celle de l'équipe nationale de football, comme métaphore d'un gouvernement efficace. La simplification extrême des enjeux politiques par le discours de Lavin (où l’on remet en cause le rôle des partis et on propose la technocratisation de la politique) est vivement critiquée à l’époque, sans prévoir son profond effet sur les campagnes électorales successives. Le succès de l’UDI lors des élections municipales de 2001 –qui réplique le discours politique de Lavin- mais aussi la campagne présidentielle de la socialiste Michelle Bachelet en 2005 -qui souligne le caractère « citoyen » de sa candidature, éloignée des partis politiques- montrent que le discours de Lavin, loin d’être un phénomène passager, est un outil stratégique accepté et légitimé par les partis politiques chiliens. La méthode de recherche choisie pour cette étude est l’analyse argumentative du discours, dont l’objectif est décrire, de façon aussi précise que possible, un fonctionnement discursif, et étudier les modalités selon lesquelles le discours cherche à construire un consensus, à polémiquer contre un adversaire, à s'assurer un impact dans une situation de communication donnée. D’après Amossy : « Si l'analyse argumentative peut être dite critique, c'est donc dans le sens où elle expose au grand jour les éléments doxiques que l'argumentation présente souvent comme allant de soi; mais sa vocation n'est pas de les rapporter à une idéologie jugée condamnable ni d'expliciter ses positions par rapport à ce qu'elle donne à voir » (2006 : p.104). 2 La démarche utilisée pour cette analyse est similaire à celle de Breton (1999) décrite dans son article La "préférence manipulatoire" du président du Front National. D’abord nous avons choisi d'analyser quatre discours prononcés par Joaquin Lavin en 1999, à des moments différents et significatifs de sa campagne. Ensuite, nous avons procédé au repérage des arguments utilisés par le candidat Lavin, lesquels ont été classés par familles en fonction de la typologie d’arguments présentée par Breton (2006) dans son ouvrage L'argumentation dans la communication. Finalement, ils ont été repartis en fonction de deux grands thèmes : l'héritage politique et économique de la dictature et l'image de l'ex-dictateur Augusto Pinochet. Le premier discours, du 10 mai, est prononcé au cours d'un sommet du patronat du commerce et de l'industrie, lorsque Lavin n'est pas encore le candidat officiel de la coalition de centre droite même s'il est soutenu par les chefs des partis. Le deuxième discours est prononcé le 6 juin, devant les militants de deux partis du centre-droite, six jours après la nomination officielle du candidat du centre gauche et deux jours avant sa démission au poste de maire. Le troisième discours étudié est prononcé le 5 octobre au début de la troisième étape de sa campagne présidentielle, deux mois après l'inscription officielle des candidats à l'élection. Lavin jouit d'une grande popularité et les sondages d'opinion annoncent un ballottage entre lui et le candidat du centre gauche. Le dernier discours, du 4 novembre, est à nouveau prononcé devant les membres du patronat du commerce et de l'industrie. Il a lieu peu après le débat entre Lavin et Lagos et un mois avant le premier tour des élections présidentielles. Les notions d’argumentation et d’éthos prédiscursif L'argumentation est une opération qui prend appui sur un énoncé accepté par l’auditoire, l'argument, pour atteindre un énoncé moins acceptable, la conclusion. Autrement dit, l'action d'argumenter signifie « adresser à un interlocuteur un argument, c'est-à-dire une bonne raison, pour lui faire admettre une conclusion et l'inciter à adopter les comportements adéquats » (Plantin, 1996 : p.24). Elle peut également être définit « comme l'ensemble des techniques (conscientes ou inconscientes) de légitimation des croyances et des comportements. Elle cherche à influencer, à transformer ou à renforcer les croyances ou les comportements (conscients ou inconscients) de sa ou de ses cibles » (Plantin, 1996 : p.24). Pour être effective, l'argumentation doit s'appuyer sur l'accord préalable de l'auditoire : un élément de la stratégie argumentative accepté par le public et ciblé avant que cette stratégie soit développée (Breton, 2006). L’un des éléments de l’argumentation qui contribuent puissamment à assurer la crédibilité et l’autorité de l’orateur est sa propre image ou éthos. Selon Maingueneau il est attaché à l'exercice de la parole, « au rôle qui correspond à son discours, et non à l'individu 'réel' indépendamment de sa prestation oratoire: c'est donc le sujet d'énonciation en tant qu'il est en train d'énoncer qui est ici en jeu » (Amossy, 2006 : p.70). Dès ce point de vue, l'éthos devrait son existence à l'acte d'énonciation et non pas à l'histoire personnelle du locuteur. Cela signifierait que l'éthos de Joaquin Lavin est créé et récréé de manière permanente chaque fois qu'il fait un discours, intervient dans un débat ou est interviewé par un journaliste. Amossy (2006) au contraire considère qu'il y a deux éthos: l'un préalable (ou prédiscursif) et l'autre oratoire (ou discursif). Le premier correspond à l'image que l'auditoire peut se faire du locuteur avant sa prise de parole, tandis que le deuxième correspond à l'image 3 que le locuteur projette de lui-même dans son discours telle qu'elle s'inscrit dans l'énonciation plus encore que dans l'énoncé, et la façon dont il retravaille les données prédiscursives. D'après Charaudeau (2005) un type d'éthos n'exclue pas l'autre: ils sont mélangés au moment de l'énonciation. Pour construire l'image du sujet parlant, l’auditoire s'appuie à la fois sur des données préexistantes au discours –ce qu'il sait a priori du locuteur- et sur celles apportées par l'acte de langage lui-même. Lorsque Joaquin Lavin commence sa campagne pour devenir le candidat de la droite à l'élection présidentielle de 1999, il se rend compte que certaines caractéristiques de son éthos d'homme politique doivent changer s'il veut capter l'attention de l'électorat toujours fidèle à la coalition de centre-gauche. Son éthos préalable est fortement nuisible à cet objectif puisqu'il est trop proche de l'image de la dictature militaire et de son leader, Augusto Pinochet. Lavin, dont la carrière politique commence au sein du régime militaire, construit un discours politique qui module son histoire personnelle et nuance ses engagements passés avec la dictature. Deux éléments marquants de sa carrière politique rappellent ce passé: d'une part, son travail à Odeplan (Bureau national de planification sociale, dépendant du ministère de l'économie) entre 1975 et 1977 et, d'autre part, sa militance, depuis 1988, dans l'UDI, un parti créé sous la dictature pour défendre l'héritage politique et économique du régime militaire. Ces deux éléments sont fortement liés à d'autres expériences toujours circonscrites à son engagement politique avec la dictature militaire, comme par exemple, ses études d'économie à l'université du Chicago, financés par une bourse d'Odeplan entre 1977 et 1979, et son travail, entre 1980 et 1988, comme directeur de la section d'information économique de El Mercurio, le journal le plus conservateur du pays et le plus engagé avec la dictature. La dramaturgie politique de Lavin Toute analyse du discours doit prendre en compte les conditions historiques dans lesquelles un énoncé étudié est produit; c'est l'objet même de l'analyse du discours qui cherche à mettre en relation l'ensemble des textes étudiés avec leurs conditions historiques (Sarfati, 2005). Grâce à la mise en relation de ces deux pôles, le triangle de la dramaturgie politique se concrétise dans un discours politique. En effet, tout discours politique : « Qui cherche à faire adhérer le public à un projet ou à une action, ou à le dissuader de suivre un projet adverse, insiste plus particulièrement sur le désordre social dont est victime le citoyen, sur la source du mal qui s'incarne dans un adversaire ou un ennemi, et sur la solution salvatrice qui s'incarne dans l'homme politique qui tient le discours » (Charaudeau, 2005 : p.70). Trois conditions historiques influencent la dramaturgie politique de la campagne présidentielle de Joaquin Lavin en 1999 : d’abord la crise économique, dérivée de la crise asiatique de 1997 ; ensuite l'insatisfaction de l'opinion publique à l'égard des acteurs politiques ; et finalement l'omniprésence de l'ancien dictateur Augusto Pinochet sur la scène politique locale. Lavin s'appuie sur les conséquences de la crise économique dans la vie des gens (la diminution du pouvoir d'achat, la montée du chômage, la précarisation de la vie) et sur la situation judiciaire de Pinochet (détenu en Angleterre lorsque la campagne de la droite commence) pour construire un discours de désordre social, tandis que les acteurs étatiques et les organisations politiques sont accusés d'en être les coupables. Lavin s'érige lui-même comme la solution salvatrice face à ces conditions historiques. 4 Pour le candidat de l’Alliance, la proximité entre les acteurs étatiques (le Président de la République et les membres de l’administration publique) et les organisations politiques, notamment les partis, est la cause principale de la crise économique. Ces éléments sont perceptibles dans le discours prononcé par Lavin le 10 mai 1999 : « La meilleure façon de résoudre les problèmes du Chili consiste d'abord à changer la manière et le style de gouverner […] Pourquoi la fonction publique a-t-elle une si mauvaise image face à la population? […] La raison est simple : ce qui a échoué est la manière de gouverner que j'appellerais 'politique traditionnelle', éloignée du vrai esprit du service public ». A travers un argument de dissociation, le candidat de la droite divise l'ensemble des acteurs politiques et produit deux univers distincts, celui des acteurs étatiques (la fonction publique, la manière de gouverner, le service public) et l'autre, appartenant aux organisations politiques (la « politique traditionnelle »). Lavin imagine le monde des acteurs étatiques comme un univers « aseptisé » et éloigné de la discussion et de la négociation, caractérisant des organisations politiques, notamment des partis. Le candidat de la droite réplique ainsi le discours que l'UDI a tenu historiquement contre les organisations politiques en général et contre les partis en particulier à travers les idées de l’avocat Jaime Guzman, son fondateur et l’un des auteurs de la Constitution de 1980. L’éloignement entre le candidat et Pinochet Pour conquérir l’électorat Lavin doit lutter contre son propre éthos politique, trop identifié au régime militaire, et construire une nouvelle image de soi, plus proche du technocrate et de l’homme politique « apolitique ». Echapper de la tutelle de Pinochet, omniprésent dans l’agenda politique pendant toute la campagne présidentielle, devient pour Lavin son premier objectif. Ce processus commence après le triomphe de son parti aux élections législatives de décembre 1997 et se développe avec force jusqu'à la détention de Pinochet, en octobre 1998. Obligé par son parti et par la crainte de perdre l'appui de l'extrême droite, Lavin décide de faire une « parenthèse » et de procéder à un rapprochement à l'égard de l'ancien dictateur, situation qui dure seulement un mois. En décembre 1998, il revient à son discours original à l'égard de l'ancien dictateur et, en mai 1999 date à laquelle commence notre étude, il est consolidé. La simplicité est le premier aspect caractérisant l’argumentation de Lavin. Pour Charaudeau (2005) elle est une condition essentielle du discours politique qui doit être considérée dans sa perspective persuasive. Le candidat n’a pas besoin de développer un raisonnement logique à visée explicative ou démonstrative, tendant à élucider ou faire exister une vérité, mais il doit plutôt montrer la force de la raison. Le candidat ne cherche pas ce qui est vrai, mais ce qu’il croit vrai et que vous devez croire vrai. « Il s'agit pour l'homme politique qui argumente de proposer un raisonnement causal simple en s'appuyant sur des croyances fortes supposées partagées par tous, et de les renforcer en apportant des arguments destinés à produire un effet de preuve » (Charaudeau, 2005 : p.77). Une deuxième caractéristique du discours politique du candidat de la droite est le recadrage du réel, c'est-à-dire l’amplification de certains aspects de la réalité et la minoration 5 d'autres aspects qui pourraient avoir un effet contraire à l'objectif voulu par Lavin. Ces stratégies argumentatives sont fondées sur la doxa prédominante de l'époque. « La doxa correspond au sens commun, c'est-à-dire à un ensemble de représentations socialement prédominantes, dont la vérité est incertaine, prises le plus souvent dans leur formulation linguistique courante » (Maingueneau et Charaudeau, 2002 : p.197). Dans le but de convaincre son auditoire ou de renforcer son opinion, Lavin souligne dans son discours argumentatif deux éléments de la doxa : d'une part, l'idéalisation du présent et la critique du passé et, d'autre part, la sacralisation du consensus. Le passé du Chili est perçu dans le discours de Lavin comme une époque extrêmement négative, dominée par deux acteurs politiques majeurs : Allende et Pinochet. Il les associe, en un récit unique, à une époque de confrontation, de conflit, de désaccords et de souffrances, sans différencier le régime d'Allende (démocratique) de celui de Pinochet (dictatorial). Touts les deux sont perçus comme les personnages principaux d'une époque de l'histoire du Chili dominée par la guerre civile. Lavin évite les explications historiques ainsi que les responsabilités individuelles, rangées dans le passé. Il ne cite jamais de dates précises, mais il repère les éléments doxiques présents dans l'interdiscours social du pays pour les ressortir et déclencher des souvenirs, cachés dans la mémoire collective et liés à des faits historiques précis. Voulant adhérer aux croyances et savoirs partagés par la communauté, le récit de Lavin sur le passé suit l'opinion publique et se construit sur des points d'accord, repérés par les sondages. Il est possible d’observer la dichotomie entre passé et présent dans l’extrait suivant du discours du 10 mai : « Je suis heureux de ne plus vivre dans le pays du passé, celui où nous étions tous divisés ; où nos projets de société étaient si différents. Dans ces dix dernières années de démocratie nous nous sommes habitués à vivre ensemble, à résoudre nos problèmes et nos conflits en paix. Nous sommes un pays plus tolérant, plus ouvert. En matière économique nous sommes un pays plus moderne, intégré au monde, avec un taux d'inflation très bas, avec des consensus et d'accords que pour les Chiliens des années 1960 et 1970 étaient impossibles ». Dans cet extrait Lavin utilise deux arguments qui appartiennent à la famille argumentative du cadrage : la dissociation et l’amplification. Le cadrage est une forme de présentation de l'opinion telle qu'elle est susceptible de rencontrer ou de provoquer un accord de l'auditoire. Par exemple, insister sur certains aspects favorables à l'opinion et diminuer certains autres qui pourraient avoir un effet contraire constitue un cadrage (Breton, 2006). Ce type d'argument se caractérise pour sa double détente argumentative qui consiste à lier un accord préalable à l'opinion défendue par l'orateur (Breton, 1999). L'orateur veut convaincre que, dans le passé, les Chiliens étaient divisés et que, dans le présent, cette division n'existe plus. Il procède alors à lier cette opinion à un énoncé dont le contenu est accepté par l'auditoire préalablement à son exposition : le pays du présent (celui de la transition démocratique) est plus tolérant, moderne et ouvert au monde que le pays du passé (le gouvernement Allende et la dictature militaire). La dissociation de la notion « pays » entre « pays du passé » et « pays du présent » sert à présenter à l’auditoire deux alternatives avec des caractéristiques différentes. De même, l’amplification permet au candidat concentrer l’attention de l’électorat sur certains éléments de chacune des alternatives grâce à la répétition, l’accumulation de détailles et la division d’un tout en plusieurs parties (Breton, 2006). 6 La dissociation de la notion « pays » est une technique argumentative réutilisée par Lavin vers la fin de la campagne présidentielle. Il compare passé et présent à partir d’un sujet spécifique : l’histoire des élections présidentielles au Chili. Il établit comme point de comparaison les élections qui ont précédé la chute d’Allende : « Les gens sont contentes de vivre dans un pays plus démocratique, plus ouvert, plus tolérant. Dans un pays plus stable où, à 38 jours d'une élection aussi importante, la vie continue sans problèmes […] Le Chili du passé, où à chaque élection présidentielle le pays se paralysait et l'on discutait sur des modèles de société aussi différentes, est resté définitivement derrière nous ». La dissociation sert à distinguer deux types de pays : l’un « démocratique » et l’autre « paralysé » par la fièvre politique du début des années 1970. Le pays du présent est un pays stable, libre des contraintes idéologiques de la guerre froide. Lorsque le candidat parle de « modèles de société » il fait mention implicitement à cette époque, où s’est développé l’élection d’Allende et le régime de Pinochet. L'implicite sert à renforcer l'argumentation « en présentant sous forme indirecte et voilée les croyances et opinions qui en constituent les prémisses incontestées, ou encore les éléments qu'il est habile de faire passer par la bande » (Amossy, 2006 : p.164). L’argument de communauté est une autre technique utilisée par Lavin dans cet extrait et généralement dans tous les discours où l’on découvre l’opposition passé/présent. Lorsque le candidat signale que les Chiliens sont heureux de vivre dans un pays plus démocratique, il lance une formule traditionnellement utilisée dans ce type d’argument, qui s'appuie sur des présupposés communs pour montrer qu'une opinion proposée est cohérente avec une opinion commune ou une valeur ou un lieu commun déjà accepté par l'auditoire (Breton, 2006). La sacralisation du consensus entre la Concertation et le régime militaire est un deuxième élément de la doxa souligné par le discours argumentatif de Lavin. Ce compromis, explicite ou tacite, impliquant l'impunité pour les membres des forces armées, accusés des violations des droits de l'homme, est une formule qui contribue à une stabilisation politique de la transition démocratique, sans vainqueurs ni vaincus (Hermet, 2001). Au nom de cette stabilité politique et de la réconciliation nationale Lavin fait un appelle à fermer la discussion sur la culpabilité ou non de Pinochet concernant les droits de l'homme. Autrement dit, la réconciliation nationale est érigée en valeur primordiale sur la valeur justice. Cette idée est clairement exprimée dans le discours du 4 novembre : « Les Chiliens veulent un gouvernement qui les accueille à tous. Ils ne veulent pas les divisions: entre les patrons et les travailleurs, entre les puissants et les faibles, entre la santé privée et publique, entre la gauche et la droite, entre les civiles et les militaires. Ils veulent un pays intégré. Un gouvernement de paix. Sans exclusions ». Trois points caractérisent cet extrait. Premièrement, l'orateur souligne l'importance de la réconciliation et adapte à son discours un nouveau consensus : la situation judiciaire de l'ancien dictateur ne peut pas être privilégiée au détriment de la réconciliation nationale et de la cohésion de la société. Deuxièmement, une critique implicite vise les dirigeants de la gauche radicale qui exigent l'extradition de Pinochet vers l'Espagne et son jugement. Lorsque Lavin parle des « divisions » entre les patrons et les travailleurs, les puissants et les plus faibles, la santé publique et privée, le candidat fait référence au discours marxiste de la gauche radicale, qui amplifie le conflit des classes et celui entre les civiles et les militaires. Troisièmement, la référence à la division entre la droite et la gauche est pour Lavin un moyen 7 de se placer au milieu du clivage droite/gauche, à la place historique de la démocratie chrétienne. Finalement, dans cet extrait, l'orateur utilise l'amalgame comme stratégie pour convaincre son auditoire. Il se sert d'un terme réducteur (« division ») pour assimiler des réalités opposées. Par exemple, l'opposition entre la droite et la gauche est réduite et assimilée à l'opposition entre civiles et militaires. La relation entre ces deux couples simplifie un rapport complexe, qui dépasse la seule dispute pour le pouvoir entre deux clivages ou les tensions entre le gouvernement et les forces armées à cause de Pinochet. Lavin veut terminer avec la division entre les civiles et les militaires, éliminer le débat national autour de l'affaire Pinochet, laisser l'ancien dictateur dans le passé et se désengager de son image. L'extrait suivant, du même discours, contient un argument particulièrement puissant, car il utilise comme élément central l'image du Pape Jean-Paul II, figure reconnue par les Chiliens d'un point de vue moral et religieux. Lavin rappelle sa visite au Chili en 1987, peu avant le référendum gagné par le centre-gauche contre Pinochet. Dans l'histoire du régime militaire, l'année 1987 est la dernière caractérisée par une vraie dictature, sans élections libres. Un consensus entre l'opposition et le régime autoritaire se met alors en place. La visite de Jean-Paul II intervient durant cette année charnière de la dictature et elle est perçue par la population comme favorable à la réconciliation nationale. « Lors de sa visite il y a 12 ans, le Pape nous a laissé deux enseignements que je veux vous rappeler et que pour moi sont un mandat. Il a dit que les pauvres ne peuvent plus atteindre et que le Chili a vocation d'entendement et pas d'affrontement. Ces mots seront l'essence de mon gouvernement. C'est à ce projet que je vous convoque, à vous et à tous les Chiliens ». Lavin utilise un argument d'autorité et s'appuie sur la compétence morale du Pape ainsi que sur son expérience dans la résistance des Polonais face aux régimes nazi et communiste. Son argument est soutenu par le fait qu'elle a été énoncée par un locuteur particulier autorisé, sur lequel il s'appuie ou derrière lequel il se réfugie. L'opinion proposée par Lavin (« le Chili a vocation d'entendement ») est acceptable pour les Chiliens « parce qu'une autorité la soutient et que cette autorité elle-même en est bien une pour l'auditoire. De ce fait, il accepte comme vraisemblable ce qu'elle lui propose » (Breton, 2006 : p.59). Joaquin Lavin se désengage politiquement de Pinochet dans le but de construire un éthos discursif plus favorable du point de vue électoral. Il cherche à convertir la figure tutélaire de Pinochet, pleinement actuelle à l'époque de la campagne présidentielle à cause de son arrestation, en une image du passé. Parallèlement à son désengagement politique à l'égard de Pinochet le candidat de la droite défend les principes généraux de la transition démocratique hérités du régime autoritaire. La défense de l’héritage politico-économique du régime militaire. Le terme « héritage politique et économique de la dictature » désigne l'ensemble de principes et valeurs imposés à la société chilienne par les forces armées et la droite pendant la dictature militaire et adoptés par les gouvernements du centre gauche. Ils constituent le fondement de la transition démocratique. Selon Yocelevzky (2002), ces principes générales sont les suivants : 1) la légitimité du coup d'Etat de 1973 ; 2) la légitimité de la Constitution 8 de 1980 ; 3) l'immutabilité du modèle économique imposé par la dictature. Le discours politique de Lavin défend cet héritage à travers deux axes : la défense d’un Etat subsidiaire et la critique contre les partis politiques. Million-Delsol soutient que : « L'idée de subsidiarité concerne le rôle de l'autorité en général et pas seulement de l'autorité de l'Etat. Elle réclame que, dans la société, aucune autorité ne déborde de sa sphère de compétences […] Celle-ci est limitée par les compétences de l'autorité dite inférieure –non pas en valeur, mais en étendue et en puissance. Une autorité quelconque ne doit s'exercer que pour pallier l'insuffisance d'une autorité plus petite. Si cette insuffisance est avérée, elle a par contre non seulement le droit, mais le devoir de s'exercer » (1992 : p.6). En s’appuyant sur le principe de subsidiarité, Lavin et l’UDI (dont la déclaration de principes fait de cette idée l’une des valeurs fondatrices) sacralisent le secteur privé au détriment de l'Etat, lequel ne doit exercer aucune activité pouvant être réalisée par le premier. Le rôle de l'Etat devrait être limité à l'administration de certains domaines stratégiques comme la défense nationale, les affaires étrangères et la justice, et d'autre part, à la résolution de problèmes sociaux comme le combat contre la pauvreté. Ce dernier devrait être le but principal de l’Etat. Lavin lie l'idée d'efficience à celle de la lutte contre la pauvreté, mal menée selon lui par les gouvernements de la Concertation. L'élimination de la pauvreté n'est pas un problème qui relève des dépenses de l'Etat mais plutôt de l'efficience dans l'administration des ces dépenses. Autrement dit, pour Lavin, l'élimination de la pauvreté ne dépend pas de la quantité de ressources dont dispose l'Etat (plus ou moins d'impôts), mais de l'efficience avec laquelle sont gérées ces ressources par un Etat vieilli. Pour convaincre l'auditoire et les électeurs de cette idée, le candidat de la droite diminue l'importance de certains aspects de la réalité qui ne lui conviennent pas et augmente d'autres aspects qui renforcent son argumentation, comme, par exemple, les difficultés des hôpitaux et des centres de soins publics. L'extrait suivant montre comment Lavin lie un argument de cadrage à un exemple concret pour convaincre son auditoire que la pauvreté est un problème réel qu'il faut résoudre avec davantage d'efficience. « Le problème [qui empêche de lutter de manière efficiente contre la pauvreté] ne se trouve pas dans les ressources économiques. Le vrai problème est que ces ressources n'arrivent pas aux gens. Ces dix dernières années, les dépenses de l'Etat se sont multipliées par deux grâce aux ressources générées par la croissance économique. Cependant les plus pauvres continuent à se lever à six heures du matin pour avoir droit à une consultation dans un "consultorio" [centre de soins municipal] et leurs enfants continuent d'aller aux écoles d'une mauvaise qualité éducationnelle ». Lavin mélange deux arguments. Le premier est un argument quasi-logique, de la catégorie d'arguments de cadrage, qui permet à l'orateur de rapprocher sa conclusion (L'Etat n'a pas besoin d'une grande quantité de ressources pour lutter contre la pauvreté) de la pensée formelle, de nature logique ou mathématique (les dépenses de l'Etat sont multipliées par deux, les dix dernières années) pour la rendre plus crédible. Lavin souligne, ou cadre, un aspect de la réalité socio-économique du Chili, connue par l'auditoire (la croissance économique des années 1990 permet la duplication des dépenses de l'Etat) et la lie à un autre aspect : ces ressources n'arrivent pas aux gens. 9 Le deuxième est un argument par l'exemple qui appartient à la catégorie d'arguments d'analogie. Il concerne l'existence d'une certaine régularité, les ressources de l'Etat n'arrivent pas aux pauvres, dont son exemple, « les plus pauvres continuent à se lever à six heures du matin », fournit une concrétisation. L'argumentation par l'exemple se refuse à considérer ce qui est évoqué comme étant unique, « lié d'une façon indissoluble au contexte dans lequel l'événement décrit se produit. C'est au contraire, rechercher, à partir du cas particulier, la loi ou la structure qu'il révèle » (Perelman, 1977 : p.135). La sous-catégorie thématique efficience est aussi liée à l'idée de « propreté idéologique » des bureaucraties administratives de l'Etat. Pour Lavin les fonctionnaires publics sont trop soumis aux partis politiques et leurs idéologies. Ils ne sont pas soumis à un statut impersonnel caractérisé par l'obéissance à un corpus de valeurs, comme l'intérêt général et le service public. De ce point de vue la solution au problème de la pauvreté ne devrait pas être recherchée dans une discussion idéologique sur le rôle de l'Etat mais dans la mise en place des « solutions concrètes à des problèmes concrets ». Pour Lavin, un problème concret doit être résolu de manière pragmatique sans remettre en question globalement l'idée d'un Etat subsidiaire. La critique acharnée des partis politiques est le deuxième axe développé par Lavin pour défendre l’héritage politico-économique du régime militaire. Pour lui les partis et les hommes politiques sont absorbés par leur intérêt corporatif et individuel ainsi que par l'idéologie ; ni l'intérêt commun ni la résolution des « problèmes réels » de la population ne sont leur objectif. Cette idée est exprimée dans le discours du 10 mai : « Plusieurs fois j'ai participé dans des programmes de télévision où, lorsque je parlais sur la délinquance ou le problème des gens qui doivent se lever tôt pour avoir droit à une consultation médicale, on m'interrompait pour parler sur "les grands thèmes nationaux", c'est-à-dire sur la situation des sénateurs désignés ou le vote des militaires aux élections primaires. Alors, même si je répondais poliment, j'avais envie aussi de demander au journaliste: c'est ça pour vous "les grands thèmes nationaux"? Jusqu'à quand on va continuer à croire aux tromperies de la politique traditionnelle? Cette tromperie veut que nous associons "les grands thèmes" aux thèmes politiques et que les préoccupations de la vie quotidienne des Chiliens soient associées à des thèmes moins importants ». Dans les quatre discours étudiés, Joaquin Lavin utilise à plusieurs reprises l'expression « préoccupations de la vie quotidienne des Chiliens » ou « problèmes réels des gens ». Ces « problèmes réels » ont une relation directe avec la crise économique qui frappe le Chili en 1999 et la vision négative des Chiliens à l'égard des partis politiques. Des difficultés liées à la situation économique de l'époque, comme le chômage et l'insécurité face à la délinquance, sont perçues comme la conséquence de « la politique traditionnelle » du gouvernement de la Concertation. Celle-ci consiste essentiellement à tourner l'attention vers les partis politiques et oublier les problèmes quotidiens des citoyens. « La politique traditionnelle » serait une tromperie montée par ceux qui privilégient les discussions et le débat d'ordre politique et historique au détriment de la résolution pragmatique des problèmes des Chiliens. Lavin considère que les gouvernants ne doivent pas être liés à l'action des partis et à la discussion politique car ils ralentissent la prise de décisions des acteurs étatiques et la mise en place des solutions. 10 De ce fait, le parti politique : « Passe pour une pièce encombrante qui grippe le libre jeu des institutions ; lieu d'articulation de la société civile et de la société politique, il apparaît comme une société close, où les intérêts privés priment sur les considérations publiques; ouverture sur une participation active des citoyens au jeu politique, il semble aggraver la coupure entre gouvernants et gouvernés » (Chevallier, 1996 : p.74). Face à l’action nuisible des partis politiques, Lavin transmet sous forme de sousentendu l'image d'un candidat outsider, s'échappant de l'emprise de son propre parti et subissant la discrimination des médias. En effet la critique du candidat semble aller plus loin, car il associe à la « tromperie » de la politique traditionnelle les médias (la télévision, les journalistes) dont l'agenda serait dominé par les « thèmes politiques », c'est-à-dire par la hiérarchie des problèmes à résoudre, imposée par le gouvernement. Conclusion. Dans les discours analysés, Joaquin Lavin utilise de manière répétée les arguments de cadrage et de communauté, en prenant en compte la doxa existante à l’époque de la campagne présidentielle. La réalité est ainsi « encadrée » et revêtue d’objectivité. Avant la mise en place de la stratégie argumentative le candidat lie les points d’accord de l’auditoire avec sa propre opinion, ce qui fait que ses convictions politiques –liées à celles de son parti, comme par exemple l’importance de Pinochet dans l’histoire politique du Chili- soient à plusieurs reprises remplacées par les préférences de l’opinion publique. L’usage des arguments d’analogie et d’autorité, moins constants que les premiers, explique la simplicité du discours politique de Lavin. L’utilisation d’une autorité externe, d’une personnalité renommée, de l’auditoire ou même de sa propre expérience en tant que maire lui permet de convaincre sans avoir recours à des structures argumentatives trop complexes. La simplification des thèmes de la campagne présidentielle et la construction d’un récit appuyée par des informations implicites sont les caractéristiques principales du discours politique de Lavin, accepté et légitimé par les partis du centre droite et centre gauche après les élections de 1999. Les candidatures qui lui ont succédé –présidentielles, parlementaires et municipales- tant de l’Alliance comme de la Concertation montrent qu’il s’est produit une reconstruction de l’ethos discursif de la transition démocratique dont la source d’inspiration est le discours développé par Lavin en 1999. Celui-ci se construit sur la séparation entre l’image du général Pinochet, soumis au jugement public, et l’héritage politico-économique de son régime, mais aussi sur la critique des partis politiques. 11 Bibliographie : Amossy, R. (2006). L'argumentation dans le discours, Paris : Armand Colin. Breton, P. (1999, mars). "La "préférence manipulatoire" du président du Front National", Mots n°58, pp.101-125. Breton, P. (2006). L'argumentation dans la communication, Paris : La Découverte. Charaudeau, P. (2005). Le discours politique. Les masques du pouvoir, Paris : Vuibert. Chevallier, J. (1996). Institutions politiques, Paris : LGDJ. Gonzalez Camus, I. (2005). Joaquín Lavín, sonriendo por la vida, Santiago du Chili: Catalonia. Hermet, G. (2001, septembre). "L'apurement du passé", Pouvoirs n°98, pp.89-101. Hunneus, C. (2000). El régimen de Pinochet, Santiago du Chili : Editorial Sudamericana. Hunneus, C. (2001, juillet). “La derecha en el Chile después de Pinochet: el caso de la Unión Demócrata Independiente”, Working Paper n°285. Obtenu le 22 juin 2007 sur : http://www.cerc.cl/Publicaciones/Derecha%20en%20Chile%20despues%20de%20Pinochet, %20caso%20UDI.pdf. Joignant, A. y Navia, P. (2003). “De la política de individuos a los hombres de partido: socialización, competencia política y penetración electoral de la UDI (1989-2001)”, Estudios Públicos n°89. Obtenu le 22 juin 2007 sur : http://www.cepchile.cl/dms/lang_1/doc_3184.html Maingueneau, D. y Charaudeau, P. (2002). Dictionnaire d'Analyse du discours, Paris : Seuil. Millon-Del-Sol, Ch. (1992). L'Etat subsidiaire. Ingérence et non-ingérence de l'Etat : le principe de subsidiarité aux fondements de l'histoire européenne, Paris : Presses Universitaires de France. Perelman, Ch. (1977). L'empire rhétorique, Paris : Vrin. Plantin, C. (1996). L'argumentation, Paris : Seuil. Sarfati, G. (2005). Eléments d'analyse du discours, Paris : Armand Colin. Yocelevzky, R. (2002). Chile, partidos políticos, democracia y dictadura, 1970-1990, Santiago du Chili : Fondo de Cultura Económica. 12 Discours : Anonyme (1999, mai). Discours de Joaquín Lavín au « Seminario Icare ». Obtenu à la Fondation Jaime Guzmán. Anonyme (1999, juin). Discours de Joaquín Lavín après le résultat d’un plébiscite organisé par son équipe de campagne. Obtenu à la Fondation Jaime Guzmán. Anonyme (1999, octobre). Discours de Joaquín Lavín. Obtenu à la Fondation Jaime Guzmán. Anonyme (1999, novembre). Discours de Joaquín Lavín à Calama. Obtenu à la Fondation Jaime Guzmán. 13