GAMS.BE

Transcription

GAMS.BE
GAMS.BE
En 2013, refuser l’excision est encore un acte de
« Excision, ma façon de dire non » est le fruit
bravoure. L’exciseuse qui enterre son couteau, la
d’un partenariat entre le GAMS et la Boîte à
mère qui dit non à sa belle-famille, le médecin qui
Images. Pour plus d’infos sur le projet complet
refuse d’être complice de la pratique : tous prennent
(exposition, livre, brochure), visitez le site
un risque en disant « non » aux mutilations.
www.mafacondedirenon.be
Nous sommes allés à la rencontre d’hommes
Merci aux associations et institutions partenaires :
Afrikaans platform, Fédération Nationale GAMSFrance, Forward-UK, Guinée Réalité, Institut de
Médecine Tropicale d’Anvers, LîDjibouti, Tostan-France.
et de femmes d’Europe (Belgique, France,
Royaume-Uni) et d’Afrique (Sénégal, Djibouti,
Guinée), pour voir comment, à leur façon, ils
résistent à l’excision.
Crédits photo
Christophe Smets
Le résultat est une série de portraits (textes et
photos), qui rendent hommage à ces résistants.
Textes photo
Cette brochure en est une sélection. Elle est des-
Marie Bryon et Céline Gautier
tinée à toute personne qui est concernée par la
Editeur responsable
pratique de l’excision.
Fabienne Richard, GAMS Belgique
« Je suis excisée et je ne veux pas que ma fille subisse cette pratique à son tour. »
« Ma femme a accouché hier d’une petite fille. Comment faire pour la préserver de l’excision ? »
« On aimerait protéger notre fille, mais ma belle-mère insiste pour qu’elle soit excisée. »
Trois millions de petites filles et jeunes filles sont excisées chaque année au nom de la tradition.
La pression sociale est très forte pour continuer la pratique et il faut beaucoup de courage pour affronter
sa famille, ses voisins.
Des femmes, des hommes, des jeunes se sont élevés contre l’excision. Ils ont dit « non ! Cette tradition
ne passera pas par moi. »
Nous vous invitons à découvrir dix portraits plein de détermination et d’espoir qui racontent comment,
à leur manière, ils ont pu s’opposer à cette pratique.
Vous trouverez aussi dans cette brochure des conseils et des adresses pour vous aider à dire non.
…et si vous aussi vous disiez non ?
Aïssatou Diallo, Guinée/Belgique
Il y a quatre ans, Aïssatou fuit son pays pour sauver
ses filles de l’excision : « Parce que je me souviens
comme si c’était hier de la douleur de ma propre excision, parce que j’ai vu une petite fille en mourir sous
mes yeux, et tant d’autres voir leur vie amputée…
Jamais je n’aurais supporté que l’on touche à mes
filles. Mais là-bas, mes belles-sœurs ont les mêmes
droits que moi sur elles. Et elles étaient déterminées à
sauvegarder l’honneur de la famille. Mes filles étaient
constamment menacées, j’ai même été tabassée.
Après des années de peur et de rejet, à bout de force
et d’espoir, j’ai tout quitté. Aujourd’hui, mes filles sont
en sécurité, je revis… Mais je veux me battre pour les
3 millions de fillettes menacées chaque année. Mon
rêve ? Pouvoir dire, dans 10 ans, ‘je fais partie des dernières femmes excisées’. »
Nadima Ahmed Ali, Djibouti/Belgique
« Ma fille est née prématurée, elle pesait 1 kg 300.
Trois jours plus tard, ma belle-mère voulait l’exciser.
Moi, je redoutais que ma fille ait la même vie que moi.
J’ai connu la dépendance aux médicaments pendant
les règles, la violence de la nuit de noces, malgré la
douceur et la patience de mon mari, la coupure de
haut en bas à l’accouchement… J’ai dit ‘non’ à ma
belle-mère, mais elle était prête à tout pour l’hon-
neur de sa famille. Ma fille pouvait être coupée à tout
moment, personne n’aurait jugé le coupable. Seul
mon mari était de mon côté. Il a été ligoté et battu. J’ai
compris que je ne pourrais pas sauver ma fille. Alors
j’ai pris la fuite. Il faut du courage pour s’opposer. Mais
toutes les femmes n’en n’ont-elles pas quand il s’agit
de la vie de leurs enfants ? »
Coumba Touré, Mali/France
Excisée à 12 ans, celle qui deviendra co-fondatrice
du GAMS France en 1982 se promet de ne jamais
faire subir cette pratique à ses filles : « Quand j’ai
commencé le combat, il était impensable qu’une Africaine rejette les traditions. J’ai été insultée, agressée.
Depuis, de grands pas ont été faits mais les mentalités
changent lentement. On a dit aux mères que l’excision
était source de féminité, de fertilité, qu’elle amélio-
rait la sexualité, que les filles non-excisées étaient
faciles… Alors, elles le font pour leurs filles, en pensant que c’est la volonté de Dieu. Elles ne savent pas
qu’elles se trompent. Ce ne sont ni des sauvages, ni
des barbares. Elles ignorent que la différence fondamentale entre une femme excisée et une autre, c’est
la douleur. Toute une vie de douleur. »
Bafing Kul, Mali/France
Pour avoir chanté ‘Exciser, c’est pas bon’ dans son
pays, l’artiste a été censuré et menacé. Il choisit
alors la France pour continuer son combat à travers
la musique. « Le rôle des femmes est si important
que je ne comprends pas qu’elles n’aient pas plus de
droits et, pire encore, qu’on les mette en danger. Les
femmes, c’est la vie, l’amour et le courage. Elles n’ont
pas besoin de passer sous le couteau pour être braves.
Qu’ont-elles fait pour mériter une telle injustice ? On
évoque souvent la religion ou la tradition. Mais ni l’une
ni l’autre ne sont faites pour abîmer l’humanité. Les
conséquences de l’excision sur la santé physique et
mentale sont désastreuses. J’ai une petite fille de trois
ans. Jamais on ne la touchera. Elle décidera de sa vie.
Elle sera libre et entière. »
Hélène Diallo, Guinée
Hélène est infirmière. Pendant longtemps, elle a
excisé des petites filles, comme ses grands-mères
le lui avaient appris.
Les parents la payaient avec des pagnes, de l’argent, de l’huile, des gros coqs. Mais à l’hôpital, elle
a vu les ravages de l’excision. « Lors des accouchements, il n’y avait pas assez de place pour faire passer
le bébé. Il fallait couper, en haut, en bas. Il y avait des
déchirures. J’ai décidé d’enterrer le couteau et d’arrêter cette pratique. » Hélène et son mari ont ouvert
une petite clinique à Conakry et recueillent des orphelins. « Je regrette beaucoup d’avoir perpétué cette
coutume. Maintenant, je dorlote les enfants. »
Laouratou Baldé Mballo, Sénégal
Laouratou est professeure de couture dans une
école technique. Pour elle, la meilleure manière
d’en finir avec l’excision est d’en parler ouvertement. « J’ai connu la pratique. J’avais six ans. On m’a
envoyée chez ma grand-mère. Ce jour-là, il y avait
toute une bande de filles. On avait étalé un plastique
dans les toilettes. Deux personnes m’ont attrapé
les jambes. L’exciseuse était une amie de la famille.
J’étais trahie. L’hémorragie était telle que j’ai dû aller
à l’hôpital. J’ai perdu beaucoup de poids. Ce traumatisme me poursuit. On en a déjà parlé avec mon mari :
si nous avons un jour une fille, on ne lui fera jamais
subir ça. »
Abdoulkader Ali Ibrahim, Djibouti/Belgique
Ibrahim est le co-fondateur de LîDjibouti, une
association de Liège (Belgique) pour l’amitié entre
les peuples. Son idée : créer un groupe masculin d’échanges autour de l’excision. « Je pensais
que c’était une affaire de femmes. Mais j’ai entendu
dire qu’elles faisaient ça ‘pour les hommes’ et que
c’était nous qui imposions cette pratique cruelle.
Ça m’énerve d’entendre ça. Nous souffrons aussi
d’avoir des femmes infibulées et de voir nos sœurs,
nos mères et nos épouses souffrir sous nos yeux. A
Djibouti, mes propres cousines me disent: ‘Arrête
tes bêtises. Tu es devenu Blanc.’ Mais je pense qu’on
n’en sortira pas tant que les hommes ne s’impliqueront pas. »
Kourecha Ahmed, Djibouti
Elle pose avec sa fille de quatre jours, qui n’a pas
encore de prénom. Kourecha est sage-femme à AliSabieh (Djibouti).
Des amies lui demandent parfois d’exciser leur fille.
« Je refuse toujours. J’essaie d’expliquer pourquoi.
Moi-même, je suis encore habitée par le stress de ma
propre excision. Ça revient dans mes rêves. J’avais
sept ans. Toutes mes copines étaient déjà infibulées et
j’étais impatiente de l’être aussi. Personne ne m’a dit :
‘du premier jour jusqu’à l’accouchement, tu ressentiras la douleur, tu auras des brûlures, des déchirures,
tu n’auras jamais de plaisir avec ton mari et il faudra
te couper pour laisser passer ton premier enfant’.
Personne. »
Bea Diallo, Guinée/Belgique
Pour l’ex-champion de boxe désormais homme politique, l’excision est une injustice faite aux femmes.
A ce titre, elle est intolérable. Plus jeune pourtant,
il enviait les jeunes filles que l’on célébrait comme
des reines : « Je me souviens du jour de l’excision de
mes cousines. Elles étaient magnifiques, tout comme la
fête. Je ne savais pas exactement pourquoi on les hono-
rait ; c’était une affaire de femmes, pas de petit garçon.
Il a fallu que l’une d’elles, des années plus tard, m’explique courageusement l’envers du décor pour que je
comprenne qu’on ne l’avait pas honorée mais mutilée.
Qu’une femme excisée est une femme qui a souffert,
souffre et souffrira toute sa vie… Aucun homme ne peut
désirer ça pour sa femme ou pour sa fille. »
Zahra Ali Cheik, Djibouti/Belgique
« Si tu fais exciser notre fille, tu quittes notre foyer. »
Grâce à la menace proférée par son père à sa
mère, Zahra est épargnée. Dans un pays où 98 %
des femmes sont infibulées, elle se sent différente, sans comprendre en quoi. Jusqu’au jour où
sa grand-mère l’invite en vacances en Somalie, où
elle avait tout organisé pour l’excision. « Je l’ai suivie, heureuse. Et naïve. J’avais 16 ans… C’est tard pour
être excisée. » Quelques années plus tard, Zahra
s’installe en Belgique et y apprend que toutes les
femmes n’ont pas été coupées. « Ressentir à nouveau ce fossé avec les autres femmes a été à la fois
un choc et un moteur. J’ai poussé la porte du GAMS
et compris qu’il y avait un défi à relever. Qu’un jour,
il faut dépasser sa souffrance et s’engager dans le
combat. Pour qu’aucune petite fille ne connaisse ce
qu’on a connu. Qu’on dise ‘il était une fois, un jour où
l’on excisait’… »
Mutilations génitales féminines
De quoi s’agit-il ?
Quelles sont les conséquences des mutilations ?
Les mutilations génitales féminines (MGF)
Les MGF peuvent dans des cas extrêmes entraî-
sont des pratiques traditionnelles très an-
ner la mort de la fillette, suite à une hémorragie
ciennes, qui consistent à couper le sexe des
ou à une infection. Elles provoquent aussi fré-
petites filles ou des femmes.
quemment des problèmes urinaires et gynéco-
Chaque année, 3 millions de fillettes sont tou-
logiques, des douleurs et des difficultés lors des
chées dans le monde.
rapports sexuels et lors des accouchements.
Ni l’islam ni le christianisme ne tolèrent les
En cas d’infibulation, la nuit de noces est sou-
MGF, même si certains responsables religieux
vent vécue comme une torture. Dans certains
prétendent le contraire.
cas, l’orifice doit être préalablement ré-ouvert
(désinfibulation). L’Organisation Mondiale de la
Quelles sont les principales formes de muti-
Santé (OMS) condamne fermement tout type
lations génitales féminines ?
de mutilations génitales féminines.
- L’excision. Il s’agit de l’ablation de la totalité ou d’une partie du clitoris et des petites
Que dit la loi ?
lèvres. C’est la forme la plus répandue de
L’excision est une pratique condamnée par
mutilation génitale féminine dans le monde.
les conventions internationales des droits
humains.
- L’infibulation. C’est l’ablation du clitoris et
L’excision est punie par la loi en Belgique (art.
des petites lèvres suivie d’une suture des
409 du Code pénal) comme dans de nombreux
grandes lèvres, afin de ne laisser qu’un petit
pays européens et africains.
orifice pour l’écoulement de l’urine et du
Les auteurs (parents et/ou exciseuse) peuvent
sang menstruel.
être poursuivis pour une excision faite en Belgique, en Europe ou lors d’un séjour en Afrique.
Où trouver un soutien pour dire non à l’excision ?
Si vous cherchez un soutien, des conseils pour savoir comment résister à la pression de votre
entourage, vous pouvez appeler le GAMS Belgique de 9h à 17h, du lundi au vendredi. On pourra vous
écouter, vous rencontrer et/ou vous orienter vers d’autres associations plus proches de chez vous si
nécessaire à Liège, Charleroi et Anvers.
BRUXELLES
GAMS Belgique
Rue Gabrielle Petit, 6
1080 Bruxelles
Tél : 02 219 43 40
Email : [email protected]
Site web : www.gams.be
LIEGE
Collectif Liégeois contre
les mutilations génitales
féminines (C-MGF)
Centre de Planning
Louise Michel
Rue du Bayard, 45
4000 Liège
Tél : 04 228 05 06
GSM du Collectif : 0472 23 03 12
Email : [email protected]
Centre de planning FPS
de Liège
Rue des Carmes, 17
4000 Liège
Tél : 04 223 13 73
Email : [email protected]
Espace M
Rue des Fontaines Roland, 29
4000 Liège
Tél : 04 226 37 51
CHARLEROI
Femmes africaines asbl
Permanences
à la Maison Plurielle
Rue Emile Tumelaire, 77
6000 Charleroi
Tél : 071 94 73 31
Gsm : 0493 41 13 10
Email :
[email protected]
ANVERS
Antenne GAMS Belgique
en Flandre
Centrum voor Onthaal,
Zorg en Oriëntatie (COZO)
Van Maerlantstraat, 56
2060 Antwerpen
Tél COZO : 03 231 36 41
Tél GAMS : 02 219 43 40
Si vous même, votre enfant ou
quelqu’un que vous connaissez
est en danger et court le risque
d’être excisée, vous pouvez
appeler l’asbl INTACT qui vous
conseillera et vous indiquera
la marche à suivre.
BRUXELLES
INTACT asbl
Rue des Palais, 154
1030 Schaerbeek
Tél : 02 539 02 04
Email :
[email protected]
Site web :
www.intact-organisation.org
Le projet
a été soutenu par
Ajoutez un PicBadge à votre profil facebook
et dites à vos ami(e)s d’en faire autant
en allant sur le site www.mafacondedirenon.be
www.debie.com
Fonds
d’impulsion
à la Politique
des Immigrés

Documents pareils

luttons ensemble pour l`abadon de l`excision et les mariages

luttons ensemble pour l`abadon de l`excision et les mariages d’’Égypte, de Gambie, de Guinée Conakry, du Mali, de Mauritanie, du Sénégal et de la Somalie. L’excision viole également les principes fondamentaux des droits de l’enfant et de la femme.

Plus en détail

les mutilations génitales

les mutilations génitales I. Gillette-Faye et Khady Koita (GAMS) On pense que « la mutilation sexuelle féminine » était déjà pratiquée bien avant la naissance du christianisme et de l'Islam, en particulier chez les Phénicie...

Plus en détail