Voyage au pays ou l`apiculture y serait reine - Apiselect
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Voyage au pays ou l`apiculture y serait reine - Apiselect
Voyage au pays ou l’apiculture y serait reine ! L’équipe APISELECT, que vous connaissez tous, est spécialisée dans tout ce qui concerne la variété Caucasienne, (reines, essaims…). En tant que membre, je suis amené fréquemment à voyager dans le berceau de l’abeille caucasienne : les monts du Caucase. Cette année, un nouveau voyage à la recherche de nouvelles souches m’a mené en ABKHAZIE. ABKHAZIE : bercée entre mer et montagnes L’ABKHAZIE : La fin de l’URSS sonne le glas de ce petit paradis, riviera des apparatchiks et travailleurs méritants, à quelques encablures de Sotchi : l’Abkhazie. En fond d’écran des palmiers et oliviers, parfum d’oranges ou de mimosas ou encore eucalyptus suivant l’époque. Au premier rang des habitations délabrées, un air de ville désertée. Façades d’immeubles criblées d’impacts de balles. Pierres qui jonchent le bord de mer. Les infrastructures industrielles, touristiques et agricoles ont été dévastées par la guerre, et jamais reconstruites. Pourtant la vieille usine de cigarettes de Soukhoumi produit toujours ses paquets de cigarettes Astra. - Le 27 septembre 1993, l'action des troupes abkhaze renforcées d'éléments arméniens (vivant en Abkhazie) et d'éléments tchétchènes, ainsi que de forces militaires extérieures (attribuées à la Russie), conduisit à 10.000 morts géorgiens et au déplacement de 200 à 300.000 Géorgiens vivant en Abkhazie (Source MONUG). - En 1989, la population d'Abkhazie avait été recensée à 525.061 personnes, dont en particulier 239.900 Géorgiens, 93.461 Abkhazes et 76.500 Arméniens (Source URSS) - En 2000, les ONG estimaient que la population d'Abkhazie se situait entre 130.000 et 150.000 personnes, principalement âgées (Source Action Contre la Faim et Croix-Rouge). - Le sommet des chefs d’État de la CEI de janvier 1996 a prononcé à l’encontre de l’Abkhazie des sanctions économiques qui entravent le développement de relations économiques avec le monde extérieur. La république en est donc réduite à compter essentiellement sur ses ressources propres. Le budget national de l’Abkhazie se montait en 1999 à 101 millions de roubles. Le salaire moyen actuel des fonctionnaires et des employés d’État s’élève à environ 230 roubles, soit quelques 10 dollars. Le montant des retraites et des allocations quant à lui ne dépasse pas 4 dollars ! L’armée russe est toujours présente avec un millier d’hommes, bien armés et toujours sur la défensive et ce, en collaboration avec les milices Abkhazes. Pour asseoir les pouvoirs et l’orgueil Abkhazite, Moscou l’a bien compris. Lors du processus de privatisation engagé par le pouvoir abkhaze, affaibli par une économie défaite et amorphe, les autorités russes et leurs cercles financiers ont investi en masse. Avec pour objectif, affermir définitivement l’influence russe dans cette région en maintenant une économie en état de survie. Le président d’Abkhazie élu démocratiquement, M. Bagapsh ,dans la mesure où il tire l'essentiel de sa fortune de ses affaires en Russie, en fait un allier de plus à la Russie. Résultat : la majorité des arcanes économiques et financiers Abkhazes sont donc sous la dépendance incontournable de la Russie et de leur autre voisin, le colosse économique turc. Du coté russe, les clans mafieux locaux contrôlent, avec les Russes (représentant officiel de l’Etat ou membres directs de leur famille) l’économie locale du charbon, du bois, du poisson, des mimosas et les très gros marché des mandarines et des noisettes sans oublier celui qui rapporte le plus de tous, tout ce qui a rapport au tourisme. Du coté turc, les Turcs cherchent des profits à court et moyen termes. La Turquie représente à elle seule plus de 50% des exportations de l’Abkhazie grâce au marché du bois, des métaux et du charbon. (des hommes d’affaires turcs ont racheté la quasi totalité de la production de noix).A l’inverse, l’Abkhazie importe des produits manufacturés, des cigarettes et divers produits alimentaires. Ce sont là marchés qui peuvent nous paraître dérisoires, mais qui représentent au total des millions d’euros ! Quant à la frontière russe, les Abkhazes peuvent l’emprunter quotidiennement. Ils sont néanmoins l’objet d’humiliation d’usage par les gardes russes. Tout est fait pour montrer qu’il s’agit d’une frontière à part entière. En revanche dans le sens inverse, la frontière semble disparaître, car c’est une des principales destinations de vacances pour les Russes, à commencer par les militaires qui disposent toujours d’hôtels et de lieux de villégiatures. A noter que si le retour des Russes est vécu comme un plus, le choc culturel est important : les Russes arrivent l’été en tongues et en bikini, alors que les femmes abkhazes sont plus décentes ! Officiellement rattachée à la Géorgie, dont celle-ci à une stratégie politique mise en place jusqu’à présent par Tbilissi pour affaiblir l’Abkhazie, et ne sert finalement qu’à développer le marché noir. Avec pour conséquences, une bonne partie de la population dépend de l'assistance humanitaire internationale. Le système de santé est à l'image de la décrépitude matérielle du pays et les hôpitaux ressemblent plus à de froids mouroirs qu'à des centres hospitaliers. Les écoles manquent à ce point de livres que la norme y serait d'un manuel... par école. Le niveau d'enseignement est si bas que les parents qui en ont les moyens préfèrent envoyer leurs enfants en Russie. L’issue pour la jeunesse abkhaze reste la Russie. Pour les jeunes d’Abkhazie, l’avenir se construit par l’apprentissage de langues pour devenir interprètes pour les ONG internationales et du droit pour travailler dans les ministères locaux. Les plus malins ouvrent des cafés, restaurants, boîtes de nuit et hôtels fréquentés par les Turcs ou les Russes. On ne souligne jamais assez : - que être abkhazien pour ce peuple le plus ancien dans la région des bords de la mer noire et de tradition guerrière - c’est être un enfant qui naît un poignard dans les mains - cette aussi une attitude spontanée qui trouve sa source dans un sentiment ethnique fort, mais aussi dans le souvenir des violences perpétrées par les troupes géorgiennes en Abkhazie entre 1992 et 1993 (1).- et ce sont qu’eux seuls, qui ont recherché l'aide de la Russie. Ils sont maîtres de leur destin et de celui de leur région, paix ou guerre, indépendance, fédération, rattachement à la Russie… ! (Plus de 80% des Abkhazes ont des passeports russes. Cela rassure la population de la région séparatiste qui craint un nouveau conflit. "Si les Géorgiens nous attaquent, la Russie n’abandonnera pas ses citoyens !) Et sur le plan apicole ? reine caucasienne abkhazienne Ce pays était l’un des berceaux de l’abeille caucasienne. Je dis bien était, car même s’il reste dans les montagnes reculées ou dans des coins perdus au bord de la mer Noire des colonies caucasiennes très intéressantes, l’apiculture est en voie de disparition. Le vieillissement des moines ou chanoinesses et des apiculteurs ayant une longue connaissance de leur cheptel, ne trouve pas repreneurs. Le miel est uniquement auto consommé, et il n’y a donc pas d’intérêt à transmettre son savoir ou ses ruches et de ce fait le patrimoine génétique caucasien va tout simplement disparaître. Type de ruche couramment employée par tous les apiculteurs d’Abkhasie. La principale différence entre les ruches abkhaziennes et caucasiennes russes est l’absence de calfeutrage du dessus pour les premières, en effet, ils car ils ne connaissent pas la neige. De plus les ruches abkhaziennes ne possèdent qu’une colonie, alors qu’inversement 2 colonies sont présentes à l’intérieur des ruches caucasiennes russes. Par ailleurs, aucun des 2 modèles ne peut employer un système de hausses ; la récolte se fait ainsi par prélèvement de tous les cadres contenant du miel » ruche russe ruche d’abkhazie Elément atypique, tous les apiculteurs que j’ai rencontrés dans cette région emploient comme unique combustible à enfumoir des champignons de souche d’arbre. Ils y attribuent une action acaricides ainsi que d’autres vertus ; lors d’un prochain voyage, je me ferai traduire et vous rapporterai les méthodes thérapeutiques naturelles qu’ils emploient car je n’ai encore rien vu de comparable dans le monde apicole. Je n’ai rencontré qu’un seul apiculteur qui pratiquait de l’élevage « méthode classique et simple » : il procède par un prélèvement de 5 cadres d’abeille avec couvain dans les ruches les plus fortes puis qu’il place par 4 dans ces cercueils. Lors de ce voyage apicole de cet automne, le parcours « à risques » que j’ai effectué était principalement d’un bout à l’autre le long de la mer Noire ; j’y ai vu en pleine floraison et couvertes d’abeilles, énormément de grandes surface de verges d’or, d’eucalyptus et ainsi que beaucoup d’autres fleurs dont le nom m’est inconnu. La présence des soldats russes est bienvenue dans cette région puisque la milice Abkhazienne est très particulière... Ce pays avait tout pour un développement important de l’agriculture (et de l’apiculture), de part son climat d’une douceur continuelle, protégé par les chaînes de montagnes, puis par son sol fertile où pousse en abondance toutes sortes d’agrumes, de kakis, grenades,… et une flore mellifère à longueur d’année (forêts de châtaigniers, de tilleuls, de noisetiers, d’eucalyptus…) Territoire n’ayant connu aucun engrais ou pesticides ! Une abeille d’une douceur extraordinaire, travailleuse produisant très correctement malgré des techniques apicoles complètement archaïques. Bref apicolement parlant, le rêve ! Si on devait ironiquement donner une épitaphe à ce pays pour nous apiculteurs européens :« heureusement que certains pays ne connaissent pas leur potentiel car sinon nous nagerions dans de très bon miels d’importation !! .» l’unique jeune moine au monastère, les autres on un age certain... Gare de la capitale, Soukhoumi, où aucun train ne passera ! je me suis fais arrêter par l’armée milicienne abkhazienne en prenant Appartement habité cette photo, « c’est un point uniquement par des stratégique. ! et ils ne sont pas très abkaziens fin !! »... Par Patrick Vienne APISELECT le marais salé 85350 Ile d’Yeu tél/fax : 02 51 58 39 43 mail : [email protected] site : http://apiselect.free.fr/ résidence Géorgienne « bien sûr abandonnée et surtout inoccupé par les abkaziens ...fierté oblige !!