La Licence Mathématiques et Ingénierie mathématique à Bordeaux

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La Licence Mathématiques et Ingénierie mathématique à Bordeaux
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ENSEIGNEMENT
Enfin...
Parmi les inconvénients du nouveau système tel que nous le vivons, il est impossible de ne pas parler du morcellement des enseignements, et de la multiplication
des contrôles qui l’accompagne. Par ailleurs, mais il s’agit cette fois plutôt d’une
impression à l’heure actuelle : le fait d’être, dès le début de S2, dans une mention précise, semble encourager beaucoup d’étudiants à négliger les disciplines qui
ne relèvent pas de cette mention. Si cela se confirme, c’est grave car nous aurons
perdu l’ouverture qu’impliquait le G du D.E.U.G.
Souhaitons que ce texte puisse être de quelque utilité aux collègues qui sont en
train de vivre la mise en place de cette réforme. Je remercie les organisateurs de
cette rencontre, J.-M. Bonisseau et G. Chassé, qui pour la première fois nous ont
permis de rendre compte de cette expérience dans un cadre non officiel. J’ai essayé
de décrire objectivement la situation actuelle, après deux années et demie d’urgence
et d’improvisation au fur et à mesure. J’ai plus insisté sur les problèmes rencontrés,
faciles à identifier, que sur des améliorations plus difficiles à mesurer, surtout à court
terme. À titre personnel, je pense que la situation actuelle est plutôt meilleure pour
les étudiants, même si la plupart des problèmes de fond demeurent. Dans toute
cette période, nous avons essayé d’éviter au maximum, à la génération d’étudiants
concernée, les inconvénients de ces soubresauts institutionnels. Plusieurs collègues
y ont usé une bonne part de ce qu’il leur restait d’enthousiasme.
François Goichot
La Licence mention Mathématiques et Ingénierie
mathématique (LMI) à Bordeaux I
Présentation du parcours Mathématique-Informatique
La Licence mention Mathématiques et Ingénierie mathématique (en abrégé LMI)
mise en place à Bordeaux I à la rentrée 2003 (pour ce qui est des années 1 et 3) et
à la rentrée 2004 (pour ce qui est du cycle complet des trois années) propose aux
étudiants trois parcours-type (des parcours croisés restant envisageables avec
l’accord de l’équipe de mention) ; ces trois parcours sont les suivants :
– Mathématiques pures [MAP] (axé autour de l’initiation aux mathématiques
fondamentales) ;
– Mathématique-Informatique [MAI] (axé autour de la formation des ingénieurs
mathématiciens, sensibilité informatique) ;
– Ingénierie mathématique [MAA] (axé autour de la formation des ingénieurs
mathématiciens, sensibilité calcul scientifique).
C’est le second parcours dont nous envisageons ici de décrire l’état actuel et les
objectifs.
SMF – Gazette – 105, Juillet 2005
LA LICENCE MATHÉMATIQUES ET INGÉNIERIE MATHÉMATIQUE À BORDEAUX
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1. Quelques chiffres
Actuellement (2004-2005), la population des étudiants inscrits en troisième
année de licence mention LMI se chiffre à 198 étudiants, se répartissant ainsi :
98 dans le parcours MAP, 23 dans le parcours MAI, 77 dans le parcours MAA. On
a pu remarquer que le passage au LMD a suscité un reéquilibrage des effectifs entre
les parcours à obédience fondamentale et les parcours à obédience appliquée ; on a
constaté également une nette diminution du nombre d’étudiants fantômes . Toutefois, les prévisions des effectifs pour l’avenir se montrent plus alarmantes : cette
année (2004-2005), on dénombre 115 étudiants inscrits au semestre 2 (année 1)
dans les parcours relevant de la licence mention LMI.
2. Quelques repères chronologiques
La licence Mathématique-Informatique a été mise en place à Bordeaux I dès
la rentrée 1998, suivie par la mise en place de la maı̂trise correspondante à la
rentrée 1999, puis du DESS Codes-Cryptographie-Sécurité informatique [CCSI] à la
rentrée 2000. Ces créations étaient tout à fait en phase avec le cadre mathématique
et informatique de Bordeaux I, cadre où tant l’algorithmique arithmétique que
l’informatique théorique et pratique sont très activement représentées et reconnues
au niveau de la recherche internationale (Laboratoires A2X et LABRI). Le parcours
Mathématiques-Informatique a donc été logiquement mis en place dans le cadre
de la nouvelle Licence à la rentrée 2003, ainsi qu’un master professionnel Codes et
Sécurité informatique prenant la relève du DESS CCSI.
3. Une brève description du parcours
Le choix d’un parcours relevant de la licence mention LMI se fait à l’issue du
semestre 1 d’orientation (tronc commun Mathématiques-Informatique-Sciences de
la Matière-Ingénierie, en abrégé MISMI). Il faut noter que les parcours relevant
de la licence mention LMI et ceux relevant de la licence mention Informatique se
séparent dès le semestre 2.
Les parcours MAP et MAI se confondent pendant les semestres 2 et 3 ; il faut
toutefois souligner qu’une option d’ appel , axée autour de l’initiation à la cryptographie élémentaire, a été mise en place au semestre 2 (et ouverte à tous les
étudiants des parcours relevant des mathématiques ou de l’informatique) et que
cette option, de par l’intérêt qu’elle soulève, connaı̂t un réel succès. Des passerelles
existent évidemment entre le parcours MAI et les parcours relevant de la mention
Informatique, ce jusqu’à l’entrée au semestre 3, le choix entre ces deux types de
parcours n’étant pas scellé dès l’entrée au semestre 2 ; les cloisons entre les parcours MAP et MAI (de par le fait qu’ils se confondent) ne sont bien sûr nullement
étanches. Elles le restent au delà dans le cursus (semestres 4,5,6), surtout, il faut
le souligner, dans le sens MAP −→ MAI (le sens inverse nécessitant un investissement trop important en mathématiques fondamentales). À partir du semestre
4, le parcours MAI se définit de manière autonome en s’articulant autour d’une
formation bidisciplinaire.
– en mathématiques : mathématiques discrètes — algèbre et analyse en relation avec les mathématiques discrètes — algorithmique algébrique, arithmétique et
numérique — cryptographie ;
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– en informatique : environnement informatique — programmation — algorithmique et structure des données.
Pour être plus précis, voici les équilibres Math-Info pour les divers semestres 4-5-6 :
– Semestre 4 :
15 ECTS Maths avec 2 UE (Suites-Séries-Analyse complexe [9 ECTS],
Groupes-anneaux-corps [6 ECTS])
6 ECTS Info (Initiation à l’algorithmique)
6 ECTS mixtes (Initiation à la cryptologie)
– Semestre 5 :
12 ECTS Maths avec 2 UE (Algorithmique algébrique [6 ECTS], Probabilités-Statistique [6 ECTS])
15 ECTS Info avec 3 UE (Algorithmique et structure de données [6 ECTS],
Fondements de l’informatique [6 ECTS], Environnement de l’informatique
[3 ECTS])
– Semestre 6 :
18 ECTS Maths avec 2 UE (Algorithmique algébrique [6 ECTS], Algorithmique numérique [12 ECTS])
6 ECTS Info (Programmation fonctionnelle symbolique)
6 ECTS mixtes consistant en le choix d’une option (Cryptologie et
arithmétique, Systèmes dynamiques, Graphes, Théorie du signal,...)
4. Les objectifs
L’objectif prioritaire est la formation d’étudiants susceptibles de s’insérer dans
le master professionnel CSI (Cryptologie et sécurité informatique mis en place à la
rentrée 2003 ou dans l’un des masters d’Informatique). Il faut noter que le master
professionnel CSI créé à la rentrée 2003 (mais en fait ayant pris la suite du DESS
CCSI mis en place à la rentrée 2000) a pour vocation de former des experts de
haut niveau dans le domaine de la sécurité informatique, maı̂trisant tant les aspects
théoriques (algorithmes mis en œuvre) que pratiques (protocoles utilisés).
Les effectifs du master CSI (ex DESS CCSI) restent stables : 20 inscrits en 20022003 (dont 10 issus de la licence Math-Info de Bordeaux I) un pic de 35 inscrits
en 2003-2004 (dont 15 issus de la licence Math-Info de Bordaux 1), un retour à la
normale avec 17 inscrits en 2004-2005 (dont 10 issus du parcours Math-Info de la
nouvelle licence).
5. Les débouchés professionnels
Ils visent la recherche et le développement dans les secteurs public et privé : ministère de la Défense (DGA, services du chiffre) — recherche publique (Université,
CNRS, INRIA) — sociétés de service informatique (sécurité réseaux) — fabriquants
de cartes à puces — chaı̂nes TV cryptées — industries d’armement — téléphonie
cellullaire — etc.
Le parcours offre aussi (sans que ce soit sa vocation) un bon cadre pour envisager
une préparation ultérieure aux concours du type CAPE ou CAPLP2 (professorat
des écoles via l’IUFM, professeur bi-disciplinaire dans l’enseignement secondaire
technique).
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6. Conclusion
Après le bon départ de la licence Math-Info en 1998, puis certaines difficultés
liées à une mauvaise perception de ce type de Licence (vue parfois par erreur comme
une sous-licence de Mathématiques fondamentales), on constate, avec l’apparition
du LMD et du parcours Math-Info s’inscrivant dans ce cadre, une nette augmentation du nombre d’étudiants motivés souhaitant dès l’entrée dans le LMD un
parcours croisé mêlant mathématiques et informatique. La séparation des deux
licences (LMI et Informatique) dès le semestre 2 accentue à Bordeaux la montée
en puissance (et la nécessité) d’un parcours mixte tel que Math-Info, à laquelle
l’environnement mathématique et informatique local se prête parfaitement.
Alain Yger
Responsable de l’équipe pédagogique
de la licence mention LMI à Bordeaux I
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