01-Histoire générale de la banque et son développement

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01-Histoire générale de la banque et son développement
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HISTOIRE GENERALE DE LA BANQUE ET DE SON
DEVELOPPEMENT DANS LA CHRETIENTE
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SOMMAIRE DU CHAPITRE :
Banque : définition et histoire (Wikipédia) p5
La banque au Moyen-âge p9
Les banquiers lombards : XIIème siècle jusqu’au début du XVème siècle p11
La banque à Byzance : au VIème siècle, IXème siècle, puis du XIème au XVème siècle p16
Du banc à la banque : les lombards du moyen âge et les Médicis p33
La société des moulins du Bazacle, Toulouse : la plus vieille société par action du monde p35
History of Banking : du 18ème avant JC au début XIXème siècle p38
Histoire des banques : Mésopotamie 3000 av JC, grec, romain jusqu’à l’époque actuelle p43
Brève histoire des banques en France et dans le monde : du moyen âge à nos jours p55
Histoire des marchés financiers (bourse) : Rome antique, du XIVème siècle à nos jours p62
Histoire des dates et des faits : Banques – histoire des créations des banques nationales p67
La Haute finance parisienne au XIXème siècle en France p75
Histoire des banques en France : du XIXème siècle jusqu’à nos jours p88
Rivalité entre banque protestante, juive et catholique aux USA au début du XXème siècle p97
Chronologie des banques en Europe : Extraits des faits du XIIIème siècle à nos jours p98
Que faut-il pour créer une banque ? (question yahoo) p107
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Banque : définition et histoire (Wikipédia)
- Définition juridique
Les banques sont des institutions financières faisant des opérations de banque telles que
définies par la loi et qui sont soumises aux dispositions législatives et règlementaires
correspondantes. En France l'article L311-1 du code monétaire et financier donne la définition
suivante : « Les opérations de banque comprennent la réception de fonds du public, les
opérations de crédit, ainsi que la mise à la disposition de la clientèle ou la gestion de moyens
de paiement ».
Les types de banques :
Il existe plusieurs types de banques en fonction des activités qu'elles entreprennent :
banque de dépôt,
banque d'affaire,
banques spécialisée dans un type de prêt,
banque généraliste
etc.
Par ailleurs il existe souvent, dans une zone monétaire donnée, une banque particulière : la
banque centrale. Cette banque assure l'émission des billets et définit la politique monétaire.
La diversification des banques :
La concentration financière et le développement d'organismes financiers gigantesques
polyvalents (banque de dépôt, assurance, gestion de l'assurance vie, gestion de fortune,
banques d'affaires, change, société de bourse, etc.) brouillent les distinctions anciennes,
d'autant plus que la banque fabrique désormais des produits vendus hors bilan et gérés par des
entreprises ad hoc (par exemple les SPV, Spécial Purpose Véhicule, et les produits de la
titrisation) non soumis actuellement à la législation bancaire. La mondialisation est une autre
force qui a modifié considérablement le périmètre traditionnel des banques.
Parallèlement la désintermédiation financière a vu des fonctions de financement autrefois
exclusivement assurées par le secteur bancaire s'effectuer sans son concours.
- Histoire
L’histoire de la banque suit les grandes étapes de l’histoire de la monnaie même si certaines
opérations financières coutumières des banques, (comme le prêt à intérêt) ont pu être relevées
depuis la plus haute antiquité avant même l’invention de la monnaie.
Les esquisses : Antiquité et haut Moyen Age
Les Trapeziens sont en Italie l’équivalent de ce qu’on appellera les changeurs ultérieurement.
La trapezisti, en italien, est la table sur laquelle s’installent ces spécialistes du change des
billets qui achètent et vendent les différentes pièces de monnaie qui circulent en Italie. Ces
spécialistes, dont les noyaux sont protégés, reçoivent des dépôts et peuvent jouer un rôle
d’intermédiaire notamment dans les commandites maritimes. Ils peuvent à l’occasion faire
des crédits, mais n’ont aucun monopole. Les temples stockent également les monnaies et
peuvent à l’occasion les prêter.
On retrouve la même situation à Rome avec les monetarii qui sont associés aux ateliers de
frappe des monnaies et les argentarii qui sont les financiers de l’époque. Les ordres supérieurs
romains disposent de vastes fortunes et se livrent à des activités de spéculation et de prêt. Ne
pouvant exercer ces activités en nom propre ils utilisent largement des prête-noms qui
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s’enrichissent de cette façon et deviennent également des financiers pratiquant le crédit. Un
droit commercial naît qui donne force de loi aux pratiques financières malgré la réticence des
moralistes qui ne jurent que par le revenu foncier.
Cette situation typique de l’antiquité où il y a des banquiers mais pas de banque au sens
institutionnel, va se perpétuer dans toute la période du haut Moyen Âge. La régression
monétaire qui caractérise cette période et l’interdit religieux contre le prêt à intérêt, réduisent
en Europe les activités de change et de crédit. Les circuits de commerce qui demeurent, ainsi
que les opérations monétaires des rois, permettent à une petite collectivité de financiers,
généralement syriaques ou juifs, de poursuivre les activités de prêts, de change, de placement
des émissions de monnaies frappées effectuées par les ateliers monétaires et de spéculation
sur les différences de cours entre l’or et l’argent entre les différentes places européennes et
Byzance.
C’est à partir de ces bases hésitantes que l’expansion économique, politique et commerciale
du XIIIe siècle va voir s’affirmer le rôle des financiers privés et se constituer les premières
banques dans la mouvance des pouvoirs religieux, étatiques et commerciaux.
La finance italienne et les premières banques :
Le mot banque apparaît dans la langue française au milieu du XVe siècle. Au bas Moyen Age,
l’activité de changeur de monnaie s’était développée face à la prolifération des devises. Les
banquiers lombards apportent alors deux innovations fondamentales, à la base de l'essor du
capitalisme occidental : le compte à vue, rendu possible par l'invention concomitante de la
comptabilité en partie double et la lettre de crédit. Désormais, les marchands peuvent circuler
et commercer plus sereinement, sans avoir à transporter des sommes importantes sur les
routes encore peu sûres d'Europe.
Les premières banques sont familiales, citons les Médicis en Italie, les Fugger en Allemagne
qui ouvrent des établissements bancaires dans les grandes villes. Comme le précise Jean
Favier, « la banque est née du commerce, de ses besoins comme de ses opportunités ».
Mais les grands financiers s'enrichissent de leurs relations avec les pouvoirs. Les Medicis sont
les financiers de l'Église de Rome pour le bénéfice de laquelle ils collectent et centralisent la
dîme ecclésiastique. Le dogme chrétien qui considérait l'usure comme un péché, n'est plus
respecté, l'introduction de la notion nouvelle de « purgatoire » permettant ce relâchement
théologique. Il n'est plus question de laisser aux juifs l'exclusivité de la rente de crédit. Les
Fugger jouent leur rôle auprès de Charles Quint alors qu'il est le banquier principal de
l'Europe germanique. La faillite de Fugger suivra celle de l'échec impérial de Charles Quint.
La banque d'Amsterdam suit de près la fortune politique des Orange.
L'expansion bancaire du XIXe siècle :
Pendant la révolution industrielle, les banques jouent aussi leur rôle en favorisant
l'industrialisation grâce aux comptes d'épargne. Quelques faillites retentissantes, comme celle
du système de Law au XVIIIe siècle, imposent des principes prudentiels essentiels au bon
fonctionnement de cette activité fondée sur la confiance. C'est ainsi que les banquiers de la
Haute Banque du XIXe siècle sont convaincus que leur force réside dans de solides fonds
propres, qui mettent leur clientèle en confiance et leur permettent d’obtenir des dépôts. Ils les
accumulent et les investissent dans le développement du commerce et de l’industrie. En
période d'expansion, ils réalisent, en cédant leurs investissements, de substantielles plusvalues et accroissent encore leurs fonds propres. Mais une perte de confiance des déposants
peut survenir et l’impossibilité de liquider raisonnablement les actifs provoque alors la faillite
du banquier incapable de restituer les dépôts de ses clients. Jacques Laffitte est ainsi, malgré
l’accumulation, dès 1825, de plus de sept millions de francs de fonds propres, menacé de
faillite et doit liquider une partie de son patrimoine. Le Crédit Mobilier de France, des frères
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Pereire, doté d’un capital de 120 millions de francs, et dont le soutien aux projets les plus
novateurs de l’époque est incontestable, ne résiste pas à la crise de 1867. Le Crédit Lyonnais
faillit se faire emporter lors de la crise de 1882. Henri Germain, son fondateur, constatant que
les fonds propres assurant le ratio de solvabilité ne suffisait pas, invente la banque française
moderne en déterminant les « règles d’or » de la liquidité : la disponibilité des actifs de la
banque doit correspondre à l’exigibilité de ses dettes : « Il faut désormais, écrivait le siège
parisien de cette banque, que nous ayons toujours sous forme d’encaisse, de Londres, de
bancable, de reports, une somme égale à celle de nos dépôts à vue et de nos comptes
créanciers ». Ses actifs immédiatement disponibles représentent entre 1884 et 1893 de 88 % à
100 % des exigibilités au lieu de 34,5 % en 1881. L'accélération du mouvement sera le fait de
Napoléon III qui réorganise le droit bancaire et permet l'utilisation généralisée du chèque.
La première moitié du XXe siècle :
La crise bancaire de 1907 puis deux guerres mondiales et la crise de 1929 ne sont pas
favorables à l'expansion du secteur bancaire. L'expérience prouve que la généralisation des
banques centrales « prêteur de dernier ressort », ne garantit pas la stabilité financière si les
règles bancaires n'assurent pas un minimum d'interdictions au niveau de la spéculation
financière. Aux États-Unis c'est près de 10 000 banques qui font faillites avant 1935. En
France ce sont plusieurs centaines d'entre elles.
La seconde moitié du XXe siècle :
À la Libération la Banque de France est largement marginalisée au profit du Trésor, comme
sanction de sa passivité et de son inefficacité. Jusqu'aux réformes de Michel Debré au milieu
des années 1960, c'est le Trésor qui conduit toute la politique de crédit. Les banques ont
principalement un rôle de collecte.
Au sortir de la seconde guerre toutes les banques ne sont pas nationalisées (comme en France
pour les banques de dépôts) mais partout les législations sont très contraignantes. La
législation sépare les différents types d'établissement et encadre strictement le crédit.
L'innovation porte sur le développement du compte chèque qui explose en France à partir du
moment où la loi impose le versement des salaires dans des comptes bancaires et de la carte
de crédit. Commencée aux États-Unis dans les années 1950 la carte de crédit se développe en
France massivement à partir des années 1970.
Le contrôle des changes est de règle. Les états sont responsables de leur taux de change. Le
nationalisme bancaire fait le reste : la banque internationale se développe très doucement
essentiellement à partir de la banque américaine et anglaise.
Le big bang de la finance depuis les années 1980
Avec l'arrivée des changes flottants et le moindre souci de tenir son taux de change, les états
relâchent largement leur emprise sur les banques. Parti des États-Unis, relayés par la finance
londonienne, un vaste mouvement de déréglementation du secteur bancaire voit le jour. Les
distinctions impératives entre banques de dépôts et banque d'affaires sont supprimées. La
banque et l'assurance peuvent se mêler. Les banques peuvent devenir agent de change. Le
concept de banque universelle tend à s'imposer en même temps que des concentrations ont
lieu. Les pratiques financières changent également. Les changes flottants offrent la possibilité
pour les banques de couvrir les risques de changes. La spéculation se généralise portant
notamment sur les taux d'intérêt, les devises, et toutes les formes d'actifs. On assiste à des
mouvements en tout sens : désintermédiation financière d'un côté, hyper technicité de l'autre.
Les hedge funds font leur apparition dans les années 1990. D'abord réservés aux grandes
fortunes en mal sur bénéfices, ils s'ouvrent aux banques dans les années 1980. UBS par
exemple possèdera son hedge fund et un département interne avec lequel il est en compétition.
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Les honoraires prennent une place croissante dans le produit net bancaire, se substituant
largement aux bénéfices du crédit. Les bonus se généralisent en même temps que l'activité de
salle de marché. L'internationalisation s'accélère largement freinée par des considérations
nationales. La banque en Europe reste largement « balkanisée ».
Le XXIe siècle et sa première crise importante :
La crise des subprimes de 2007-2009 : La crise financière majeure qui a débuté par la
glaciation du marché des CDO puis par le blocage du marché interbancaire remet largement
en cause une économie devenue trop largement financière et spéculative. La majorité des
banques anglo-saxonnes se retrouve en état de quasi faillite et doit être partiellement
nationalisée ou renforcée par des capitaux publics. La dérégulation est contestée. Partout « le
crédit est mort » selon l'expression familière provoquant le blocage de nombreux marchés. Le
commerce international pour la première fois depuis la fin de la seconde guerre mondiale
entre en régression. La chute est extrêmement brutale. La ruée généralisée vers les dépôts est
évitée de peu. Les banques les plus frappées sont celles qui se sont le plus fortement exposées
aux risques de la finance moderne : Citigroup, Lehman Brothers, RBS ou encore UBS... La
course à la taille, à la polyvalence, à l'internationalisation et à la haute technicité tous azimuts,
ont eu de graves conséquences pour certains acteurs.
Cette crise financière sévère qui se développe depuis le blocage des enchères sur les CDO en
juillet 2007 et qui a pris de l'ampleur avec la faillite de nombreuses banques pendant l'année
2008 jusqu'au krach de septembre 2008 et la faillite de Lehman Brothers, a remis en cause
toutes les structures du secteur bancaire dans son ensemble. Cela se traduit par un retour
massif et imprévu de l'intervention des États dans leur capital, allant jusqu'à la nationalisation
de fait dans bien des cas.
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LA BANQUE AU MOYEN-AGE :
http://vivre-au-moyen-age.over-blog.com/article-15582820.html
C'est entre les XIème et XVème siècles que se sont mises au point en Europe occidentale
nombre de méthodes de la banque telles qu'elles subsistent jusqu'au tournant du XXème siècle.
La France n'est pas leur lieu d'invention, puisqu'elles proviennent d'Italie, mais elle accueille
une communauté bancaire nationale ou Européenne active et souvent ouverte aux innovations.
"Pecunia pecuniam non parit". "L'argent ne fait pas d'argent".
Cette formule illustre bien pourquoi au moyen âge un puissant obstacle se dresse devant
l'épanouissement des banquiers français : l'église tient pour suspect l'enrichissement trop vif
dû au maniement de l'argent. C'est à cette époque que s'est constituée cette croyance que le
métier de la banque est "improductif", voire parasitaire, par rapport à la production agricole.
Le prédicateur Jacques de VITRY déclare au XIIIème siècle : "Dieu a ordonné trois genres
d'hommes : les paysans et les autres travailleurs pour assurer la subsistance de tous, les
chevaliers pour les défendre, les clercs pour les gouverner. Mais le diable en a ordonné une
quatrième : les usuriers. Ils ne participent pas au travail des hommes. Ils ne seront donc pas
châtiés avec les hommes mais avec les démons". Thomas D'AQUIN condamne lui aussi
l'usure. "Recevoir un intérêt pour de l'argent prêté est en soi une chose injuste : on vend ce qui
n'existe pas".
Ainsi, le concile de Trèves de 1227 interdit tout dépôt rémunéré chez les banquiers, et le
concile de Lyon de 1274 prive de sépulture chrétienne les usuriers qui ne répareraient pas
leurs tords.
Pourtant, le développement de la profession bancaire est nécessaire puisqu'il accompagne
l'essor du grand commerce : La renaissance de l'économie entre les VIIème et XIème siècles s'est
renforcée par la diffusion du crédit. Aussi, dans ce Moyen-âge qui s'ouvre peu à peu au
commerce, les banquiers exercent une fonction indispensable, mais on la juge malsaine. Ainsi,
on comprend mieux pourquoi, sur le territoire de la future France, les juifs sont les seuls à
pratiquer le métier de banquier jusqu'au XVIIème siècle (les syriens ont pratiqué le métier de
banquier jusqu'au IXème siècle avant de céder la place aux juifs).
Cependant, parmi les banquiers précurseurs, figure paradoxalement un ordre religieux : Celui
des templiers, ordre fondé en 1128 pour protéger les pèlerins qui se rendent à Jérusalem. Les
templiers se sont peu à peu transformés en quasi-banquiers. En effet, ils pratiquaient le change
et faisaient des avances aux rois pour l'organisation des croisades du XIIIème siècle. Ils
contribuent ainsi au développement de la comptabilité à partie double, inventent le terme de
"grand livre" et le système de paiement par virement. Mais Philippe le Bel, entre 1307 et 1314,
prend ombrage de leur puissance et confisque leurs biens.
Ainsi, au fur et à mesure de la montée en puissance de l'économie d'échanges, l'église
assouplit sa doctrine vis à vis du métier de banquier, et, en 1515, un concile du Latran
légitime le taux d'intérêt sur les prêts sur gages.
Pour désigner les banquiers au moyen-âge, on emploie le terme de "Lombards" car les italiens
sont la clé de voûte du métier. En effet, les marchands italiens sont devenus dès le XIème siècle
les principaux intermédiaires entre l'orient et l'occident méditerranéen. Ainsi, le banco di
scritta, le tréteau qu'ils dressaient dans les foires, est à l'origine du mot banque.
A cette époque, le banquier est d'abord un changeur. Il évalue les monnaies sur les places
commerciales où se côtoient des négociants de tous pays et effectue le change. Il spécule en
achetant la monnaie qui baisse sur une place et en la vendant sur une autre où cette même
monnaie monte. Il fait crédit aux négociants. Il accepte les dépôts. Ainsi, les banquiers
acquièrent une bonne notoriété et développent leur réseau de correspondant. C'est ainsi que la
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lettre de change devient un véritable instrument de paiement. Mais son acclimatation est lente
aux XVème et XVIème siècles, où son utilisation est réservée aux grandes places comme Paris.
Mais si le métier de changeur est assez largement accepté par l'opinion publique, celui de
prêteur reste considérablement suspect, et ce sont ces usuriers qui, pour racheter leurs fautes,
"achètent" à l'église des années de purgatoire, évitant ainsi la damnation éternelle.
Banque et Politique ont toujours été intimement liés. Que ce soit pour financer les armées
(Pecunia nervus belli) ou pour satisfaire à des besoins d'argent souvent disproportionnés avec
les ressources des princes, les banquiers sont présents, et ils affichent leur réussite par cette
position proche du pouvoir. Mais cette position est instable : certains banquiers sont ruinés,
subissant les aléas des combats et de l'alternance politique durant la guerre de Cent Ans.
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- Les banquiers lombards : XII ème siècle jusqu’au début du XVème siècle
http://www.clio.fr/BIBLIOTHEQUE/les_lombards_et_le_commerce_de_l_argent_au_moyen
_Age.asp
Les Lombards et le commerce de l'argent au Moyen Âge
Pierre Racine
Professeur émérite de l’université Marc Bloch de Strasbourg Membre de l’Institut lombard
Membre émérite de la Deputazione di storia patria per le provincie parmensi Membre
correspondant de l’Ateneo de Brescia
Ci sont les Lombarz…, telle est l'expression qui figure dans les livres de tailles de 1292, 1296,
1297 qui recensent les contribuables astreints au paiement d'un impôt royal, appelé maltôte,
correspondant au versement d'un denier par livre sur la fortune estimée. La plupart d'entre eux
habitaient à Paris rue de la Buffetterie, débaptisée en 1323 pour devenir la rue des Lombards.
Sous cette rubrique étaient ainsi compris des gens distincts de la population parisienne, même
s'ils étaient domiciliés en diverses paroisses. Ils jouissaient d'un sort particulier, représentant
un groupe social, qui, s'il n'avait pas droit pour ses membres à être désigné comme bourgeois
de Paris n'en avait pas moins des liens particuliers avec le gouvernement royal. Pierre Racine
fait revivre ici ces marchands, dont l'activité financière internationale couvrait à la fois les
transferts de capitaux et le prêt bancaire, au grand scandale de l'Église mais avec la complicité
du roi de France et des grands du royaume – quitte à être assimilés aux juifs et aux usuriers
détestés des populations.
Des marchands italiens
Le terme de Lombarz désignait des étrangers au royaume de France, astreints à payer la taille.
Que ce soit en France ou hors du royaume, il s'agit d'un mot du vocabulaire administratif du
XIIIe siècle, à partir du règne de Philippe Auguste, qui concerne tous les immigrés originaires
de l'Italie septentrionale, allant de la plaine du Pô et du Piémont à la Vénétie et, à une période
plus tardive, ceux de l'Italie centrale jusqu'à Rome. À la fin du XIIe siècle, les marchands
italiens venus d'Asti et d'autres villes piémontaises, mais aussi de Plaisance et de Gênes sont
arrivés sur les villes des foires de Champagne, où ils rencontraient les marchands des pays
septentrionaux, Flamands et Allemands. Ainsi s'établissait un trafic de marchandises appelé à
durer jusqu'à la Peste Noire, fondé sur l'échange des produits en provenance de la
Méditerranée, surtout les épices, parmi lesquelles il convient de faire figurer les produits
tinctoriaux – bois de brésil, indigo, noix de galle – contre les draps de laine et les peaux requis
par les marchés italien et musulman. Pour solder les comptes de ce commerce, il était
indispensable de trouver des instruments de paiement nouveaux dans un monde où la monnaie
était une denrée rare.
Le système monétaire et la question du crédit
La monnaie occidentale reposait depuis Charlemagne sur l'argent en tant que métal précieux.
La monnaie de compte était représentée par la livre comme unité (livre romaine de 325,337 g),
mais en fait la livre romaine de douze onces, telle qu'elle se retrouve en tant que base des
monnaies de l'époque carolingienne, était sensiblement plus lourde. L'once était équivalente à
vingt deniers, et comme vingt deniers valaient un sou, il y avait vingt sous par livre. Il s'agit là
d'une monnaie théorique, qui n'était pas frappée. Les ateliers monétaires fournissaient
uniquement des pièces d'un denier, avec des multiples et des sous-multiples, et l'argent n'était
jamais frappé pur, mais mêlé en proportions variables avec d'autres métaux. Ainsi se pose
rapidement un problème important pour ces pièces dont il fallait connaître la teneur en métal
précieux – l'aloi – et le poids, d'autant que, si Charlemagne avait affirmé son droit régalien de
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battre seul monnaie, après son règne l'affaiblissement de la puissance publique entraîna la
multiplication d'ateliers monétaires, les seigneurs laïcs et ecclésiastiques ayant usurpé un droit
régalien. Le morcellement monétaire s'accompagne par ailleurs d'une disette monétaire qui se
prolonge tout au long du Moyen Âge, si bien que la rareté du numéraire a pour conséquence
le recours à des paiements en nature ou à des prêts.
Or, recourir à des prêts se heurte à des interdictions de la part des autorités ecclésiastiques,
appuyées par les autorités civiles. C'est Charlemagne qui impose l'interdiction de prêter de
l'argent à intérêt dès l'Admonitio generalis de 789 ; en 808 un capitulaire définit l'usure
comme le fait de demander plus que ce qui a été reçu. Dès lors le terme d'usure en vient à
désigner ce qui correspondait à un intérêt. Charlemagne avait ainsi repris pour le compte de la
société civile l'analyse que faisaient les Pères de l'Église puis les théologiens en s'appuyant sur
l'Ancien Testament (Exode, 22,24 ; Lévitique, 25,33-37 ; Deutéronome, 23,20, Psaume XV)
et l'Évangile de saint Luc (Prêtez sans rien en attendre). Les mesures prises dès le concile de
Nicée en 325 sont codifiées au XIIe siècle dans le Décret de Gratien (cause XIV), et précisées
au XIIIe siècle par les Décrétales de Grégoire IX. Au XIIe siècle, le théologien Pierre
Lombard assimile ainsi l'usure à un vol et en place l'usage dans les interdits du quatrième
commandement : Tu ne commettras pas de vol. Il n'est cependant pas possible d'envisager
l'essor d'une société sans le recours au crédit, d'autant que la circulation monétaire au Moyen
Âge était fort réduite. À défaut des chrétiens, les juifs, exclus de la société chrétienne
médiévale, et donc non soumis aux interdits qui frappaient les chrétiens, étaient appelés à
jouer le rôle de créanciers, mais très tôt des chrétiens se livrent à leur tour à des opérations qui
tournaient les mesures anti-usuraires, par un système de prêts sur gage dissimulés ou par la
solution du mort-gage.
Du transfert de capitaux…
Par ailleurs si, au temps de Charlemagne, les opérations commerciales à longue distance
étaient fort réduites, avec le réveil commercial qui gagne l'Occident surtout après l'an Mil, il
devient indispensable de recourir à des modes de paiement évitant le transport de grosses
sommes d'argent. C'est à Gênes que naît ainsi par collaboration entre marchands et notaires le
contrat de change, où là encore l'intérêt est caché. Le système en était très simple : par contrat
notarié, un marchand-banquier italien avance à un marchand se rendant sur une place
commerciale – surtout les foires de Champagne – une somme libellée en monnaie étrangère
contre remise de tant de deniers génois, la somme en monnaie étrangère étant toujours
précisée en chiffres ronds, cent, deux cents, trois cents… deniers de Provins, monnaie des
foires. De cette manière n'apparaissait pas la commission ou l'intérêt de l'opération. Ainsi
voyait le jour une nouvelle monnaie, une monnaie fiduciaire, doublée d'autres instruments
empruntés au monde musulman comme le chèque et à partir du XIVe siècle la lettre de
change, qui engage le paiement à une tierce personne éventuelle. Ce sont des marchands
originaires d'Asti et de Plaisance qui, avec ceux de la place de Gênes, ont mis au point ce
système de transfert d'argent surtout avec les foires de Champagne, mais aussi avec les
régions de l'Orient méditerranéen. Ces marchands se font à l'occasion eux-mêmes banquiers,
devenant ainsi de véritables hommes d'affaires ; ils se réunissent en compagnies, dont les
capitaux sont surtout d'origine familiale, auxquels s'ajoutent les dépôts venus de particuliers,
qu'ils se chargent de faire fructifier. Les marchands piémontais et placentins sont rejoints à la
fin du XIIe siècle par des Toscans, Siennois et Lucquois d'abord, puis Florentins. Le premier
notaire génois, dont ont été conservées les écritures pour les années 1150-1160, donne les
premières images du contrat de change, en relation avec l'essor des foires de Champagne qui
se dessine après 1140.
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… au trafic de l'argent
Les foires de Champagne ont ainsi attiré les hommes d'affaires des compagnies bancaires et
commerciales italiennes, et des foires de Champagne, qui deviennent après 1250 le véritable
clearing house de l'Occident médiéval selon H. Pirenne, ils gagnent lentement au XIIIe siècle
Paris où les attire le milieu de la Cour, gros consommateur de produits de luxe, mais aussi
gros emprunteur de sommes d'argent, parallèlement d'ailleurs avec le gouvernement royal.
Jusqu'à 1250, les gens d'Asti et de certaines villes piémontaises proches de Gênes, sont
demeurés fidèles au trafic de marchandises d'argent et de marchandises sur les foires. C'est
après 1250 que se transforme leur activité. Des foires de Champagne, ils se répandent en
Champagne, en Lorraine, gagnant les régions rhénanes, la Bourgogne, la Franche Comté et
même la Flandre. Dès lors ce n'est plus le trafic commercial qui est au centre de leur activité,
mais celui de l'argent qu'ils prêtent à des seigneurs, des gens des villes et des ruraux à la
recherche des sommes qui leur sont nécessaires pour leurs besoins. Comme la monnaie est
une denrée rare, l'intérêt qu'ils en exigent est très élevé, et très vite les autorités civiles sont
appelées à prendre des mesures pour limiter les taux d'intérêt ; de leur côté les autorités
ecclésiastiques ne manquent pas de vouer à l'enfer ces prêteurs. Sans doute, plus que de se
substituer aux juifs, eux-mêmes exécrés par les populations au milieu desquelles ils exerçaient
leurs talents de prêteurs, ont-ils été conduits à pratiquer l'usure pour éviter la concurrence très
rude qu'ils rencontraient de la part des autres commerçants italiens, placentins et toscans.
Leurs tables de prêt ou casane s'établissaient jusqu'au milieu des campagnes et dès lors ces
financiers « lombards » devaient acquérir une mauvaise réputation à leur tour près des
populations ayant recours à leur service.
Des pratiques usuraires mal perçues
La réputation détestable des « Lombards » entraîne des réactions contre leurs pratiques. Dans
le Midi de la France, la politique de saint Louis et de Philippe le Hardi, défavorable aux juifs,
encourage les marchands italiens à se substituer à eux dans la pratique des prêts sur gage pour
lesquels ils en viennent à des prêts de courte durée, prolongés, avec un système d'intérêts
composés. Une enquête, provoquée par des habitants de Nîmes qui se sont plaints en 1275
près du sénéchal révèle que certains d'entre eux avaient été victimes d'une telle pratique,
aboutissant pour l'un d'entre eux à un intérêt s'élevant à 256 %. Car les hommes d'affaires
italiens sont eux aussi attirés par les pratiques usuraires. L'image en est bien connue du
placentin Gandoufle d'Arcelles, établi à Paris, l'un des contribuables parisiens des livres de
tailles, d'ailleurs le plus imposé de tous. Son testament est caractéristique du type d'affaires
pratiqué alors par les Lombards. Représentant de la compagnie placentine des Borrini, il s'est
installé dans la capitale française en 1288, et y réside jusqu'à sa mort en 1307 ou 1308. Il est
accompagné de deux serviteurs. C'est pour se couvrir vis-à-vis de tout acte suspect d'usure
qu'il fait rédiger son testament afin de prévoir ceux qui, victimes de pratiques usuraires,
viendraient à devoir être indemnisés par ses exécuteurs testamentaires. Parmi ceux qui lui ont
emprunté de l'argent se trouvent de grands seigneurs, le comte d'Artois pour mille livres
tournois, le comte de Flandre pour six cents livres tournois, le comte de Ponthieu et son fils, le
comte de Dreux, le vicomte de Melun, des communautés bourgeoises – Dreux, Rouen, Poissy,
Pontoise –, mais aussi deux ecclésiastiques et des habitants de Paris. Ce sont ainsi les
catégories sociales les plus huppées qui n'hésitent pas à s'adresser à Gandoufle, établi rue
Saint Bon. Dire ce qu'il pouvait en attendre, ce qu'il a pu toucher de cette activité est
assurément aléatoire, mais à sa mort une grande partie de sa fortune sert à rembourser ses
emprunteurs.
Argent rare, manquant, crédit à taux élevé, telle est la situation à laquelle se trouvent affrontés
les Lombards dans le royaume, comme dans le reste de l'Europe occidentale. Les marchands
italiens se sont ainsi emparés d'un trafic lucratif. Dès lors le terme de « Lombard », qui a fini
- 13 -
par désigner avant tout un Italien qui s'était voué à la pratique du commerce de l'argent, est
devenu synonyme d'usurier, étant donné le taux d'intérêt très élevé qu'ils étaient amenés à
pratiquer. Certes, les rois de France ont établi un taux officiel à 33,5 %, bien souvent
outrepassé.
Paris, la Cour, le roi, et l'argent
Les premiers édits des rois de France contre l'usure, Louis IX en 1269, Philippe le Hardi en
1274, ne concernent pas encore les Italiens. Mais la richesse exhibée par la communauté
lombarde dans les livres de tailles ne pouvait manquer d'intéresser un souverain à court de
moyens financiers comme l'était Philippe le Bel. L'exemple des mesures prises par Louis IX
et son successeur inspire ainsi Philippe le Bel et ses fils, les « rois maudits », pour ponctionner
la communauté lombarde sous divers prétextes en mai 1291, 1311, 1320 et novembre 1330.
Un temps, les compagnies bancaires « lombardes » ont pu bénéficier de la protection du
conseiller du roi, le fameux Mouche (Muschetto), de la compagnie toscane des Guidi. Ces
compagnies avancent d'ailleurs des sommes considérables au roi de France, engagé dans la
guerre contre en Flandre et contre le roi d'Angleterre, les Guidi mettant à la disposition du
gouvernement royal la somme de deux cent mille livres en 1293 et les Riccardi de Lucques
seize mille livres en 1295. Mais Mouche et son associé disparus, les rois de France n'ont plus
aucun scrupule pour s'en prendre aux Lombards, en confisquant leurs biens à l'occasion.
Si les Astésans se sont répandus en direction de la Flandre et des régions rhénanes, Paris n'a
pas manqué d'attirer un grand nombre des Italiens qui travaillaient déjà sur les villes des foires
de Champagne. Les Journaux du Trésor de Charles le Bel pour les années 1320 font connaître
cent soixante et une compagnies italiennes en activité à Paris et sur les foires. Trente-neuf
d'entre elles sont dites de Paris, dont vingt et une de Sienne, trois de Plaisance, deux de
Florence et une d'Albe, les autres étant surtout florentines, et en ce cas ce sont les principales
d'entre elles qui sont alors citées, les Bardi, Acciaiuoli pour Florence, Anguissola et Borrini
pour Plaisance. Même si leur situation était loin d'être tranquille, les financiers « lombards »
acceptaient de tenter l'aventure parisienne. Il est vrai que le terme « lombard », qui servait à
désigner tout Italien qui se livrait au trafic commercial et au trafic de l'argent, n'allait pas sans
certaines ambiguïtés. Le gouvernement royal, en recensant les Italiens établis dans le royaume
ne distinguait pas ceux qui pratiquaient le prêt sur gage des marchands qui se dédiaient au
commerce des produits de luxe et des artisans. Il assimilait ceux qui trafiquaient le prêt
usuraire et ceux qui se vouaient prioritairement à une activité commerciale authentique, mais
le cas de Gandoufle d'Arcelles montre combien la distinction était délicate. Ainsi les
véritables négociants étaient-ils victimes des confiscations décidées contre les usuriers. Il faut
attendre l'ordonnance du 9 juillet 1315 pour voir le gouvernement royal distinguer clairement
ceux qui « marchandent des marchandises honnêtes » des autres. Le statut de septembre 1317
établit une différence nette entre les changeurs admis à travailler légalement et les usuriers.
Les compagnies italiennes avaient été soumises ainsi à un régime où les menaçait en
permanence comme une épée de Damoclès une accusation d'usure, avec une assimilation aux
juifs et aux usuriers.
Crises et déclin
Il n'est d'ailleurs pas jusqu'au conflit franco-anglais qui n'ait eu de répercussions sur les
compagnies italiennes établies à Paris, mais aussi à Londres, où une « Lombardstreet » dans le
quartier de la City rappelle encore de nos jours comme à Paris leur installation. Suspectés de
connivence avec le gouvernement anglais, les représentants des Bardi, Peruzzi et Acciaiuoli
sont emprisonnés en 1338. Sous le règne de Philippe VI de Valois, les financiers italiens, dont
la monarchie avait pourtant besoin, sont vus avec défiance par le souverain et ses officiers.
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Avec la grande crise provoquée par la Peste Noire de 1348, les compagnies italiennes, qui ont
fini par souffrir des confiscations et amendes qui leur ont été infligées, disparaissent de la
scène parisienne. À Londres, elles ont été victimes de faillites bien connues dès 1343 pour
avoir prêté inconsidérément au roi d'Angleterre qui leur avait donné l'autorisation de
commercer la laine de leur pays, dont étaient avides les ateliers des villes italiennes de la
plaine du Pô et de Toscane. Une communauté structurée s'était formée en France sous la
contrainte en 1275 pour négocier avec le souverain français, qui disparaît au milieu du XIVe
siècle. Le beau temps de la finance italienne était révolu, même si des financiers, lucquois
notamment, continueront encore leur trafic commercial et monétaire au début du XVe siècle à
Paris. Dans le reste de l'Europe occidentale, les mesures d'interdiction prises par les princes
contre les financiers et les casane lombards finissent par venir à bout de leurs activités. Le
terme « lombard » finit par ne plus être employé dans le vocabulaire administratif au XVe
siècle bien que subsiste le trafic usuraire. Les foires de Champagne ont cessé leurs activités ;
Paris, du fait de la guerre de Cent Ans, n'est plus le siège de la Cour royale. Bruges prend le
relais, mais en cette ville les marchands italiens s'y organisent en « nations ». Il n'y a plus de
marchands « lombards », mais des négociants regroupés par villes d'origine. L'activité
usuraire se replie sur les régions rurales, les villes où la bourgeoisie ne va pas sans reprendre à
son compte le prêt sur gage. Dans un monde où manquait l'argent, le « Lombard » s'est
employé à mettre à disposition de qui en avait besoin les sommes qui lui étaient demandées,
mais à des conditions que le marché rendait exigeantes pour l'emprunteur.
Pierre Racine
Novembre 2002
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La Banque à Byzance : sous l’empire romain de Justinien, puis au IXème siècle (le livre du
préfit ou Edit de Léon Ier), au temps des croisades au XIème et XIIème siècle, puis jusqu’au
XVème siècle avant l’anéantissement de l’empire Byzantin par les turcs ottomans.
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Du banc à la banque :
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La société des moulins du Bazacle à Toulouse : la plus vieille société par action au monde
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History of Banking :
http://www.historyworld.net/wrldhis/PlainTextHistories.asp?groupid=2450&HistoryID=ac19
&gtrack=pthc
- Safe in the temple: 18th century BC
Wealth compressed into the convenient form of gold brings one disadvantage. Unless well
hidden or protected, it is easily stolen.
In early civilizations a temple is considered the safest refuge; it is a solid building, constantly
attended, with a sacred character which itself may deter thieves. In Egypt and Mesopotamia
gold is deposited in temples for safe-keeping. But it lies idle there, while others in the trading
community or in government have desperate need of it. In Babylon at the time of Hammurabi,
in the 18th century BC, there are records of loans made by the priests of the temple. The
concept of banking has arrived.
- Greek and Roman financiers: from the 4th century BC
Banking activities in Greece are more varied and sophisticated than in any previous society.
Private entrepreneurs, as well as temples and public bodies, now undertake financial
transactions. They take deposits, make loans, change money from one currency to another and
test coins for weight and purity.
They even engage in book transactions. Moneylenders can be found who will accept payment
in one Greek city and arrange for credit in another, avoiding the need for the customer to
transport or transfer large numbers of coins.
Rome, with its genius for administration, adopts and regularizes the banking practices of
Greece. By the 2nd century AD a debt can officially be discharged by paying the appropriate
sum into a bank, and public notaries are appointed to register such transactions.
The collapse of trade after the fall of the Roman empire makes bankers less necessary than
before, and their demise is hastened by the hostility of the Christian church to the charging of
interest. Usury comes to seem morally offensive. One anonymous medieval author declares
vividly that 'a usurer is a bawd to his own money bags, taking a fee that they may engender
together'.
- Religion and banking: 12th - 13th century AD
The Christian prohibition on usury eventually provides an opportunity for bankers of another
religion. European prosperity needs finance. The Jews, barred from most other forms of
employment, supply this need. But their success, and their extreme visibility as a religious
sect, brings dangers.
The same is true of another group, the knights Templar, who for a few years become bankers
to the mighty. They too, an exclusive sect with private rituals, easily fall prey to rumour,
suspicion and persecution (see Templars in Europe). The profitable business of banking
transfers into the hands of more ordinary Christian folk - first among them the Lombards.
- Bankers to Europe's kings: 13th - 14th century AD
During the 13th century bankers from north Italy, collectively known as Lombards, gradually
replace the Jews in their traditional role as money-lenders to the rich and powerful. The
business skills of the Italians are enhanced by their invention of double-entry book-keeping.
Creative accountancy enables them to avoid the Christian sin of usury; interest on a loan is
presented in the accounts either as a voluntary gift from the borrower or as a reward for the
risk taken.
Siena and Lucca, Milan and Genoa all profit from the new trade. But Florence takes the lion's
share.
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Florence is well equipped for international finance thanks to its famous gold coin, the florin.
First minted in 1252, the florin is widely recognized and trusted. It is the hard currency of its
day.
By the early 14th century two families in the city, the Bardi and the Peruzzi, have grown
immensely wealthy by offering financial services. They arrange for the collection and transfer
of money due to great feudal powers, in particular the papacy. They facilitate trade by
providing merchants with bills of exchange, by means of which money paid in by a debtor in
one town can be paid out to a creditor presenting the bill somewhere else (a principle familiar
now in the form of a cheque).
The ability of the Florentine bankers to fulfil this service is shown by the number of Bardi
branches outside Italy. In the early 14th century the family has offices in Barcelona, Seville
and Majorca, in Paris, Avignon, Nice and Marseilles, in London, Bruges, Constantinople,
Rhodes, Cyprus and Jerusalem.
To add to Florence's sense of power, many of Europe's rulers are heavily in debt to the city's
bankers. Therein, in the short term, lies the bankers' downfall.
In the 1340s Edward III of England is engaged in the expensive business of war with France,
at the start of the Hundred Years' War. He is heavily in debt to Florence, having borrowed
600,000 gold florins from the Peruzzi and another 900,000 from the Bardi. In 1345 he
defaults on his payments, reducing both Florentine houses to bankruptcy.
Florence as a great banking centre survives even this disaster. Half a century later great
fortunes are again being made by the financiers of the city. Prominent among them in the 15th
century are two families, the Pazzi and the Medici.
- The Fugger dynasty: 15th - 16th century AD
At the start of the 15th century the Medici are Europe's greatest banking dynasty, but their
political power later distracts them from the highly focussed business of making money. After
the reign of Lorenzo the Magnificent the bank's finances are in a perilous state.
The Medici later triumph as dukes of Florence. But their role as leading bankers is usurped by
a German dynasty, that of the Fuggers. Like the Medici, the Fuggers amass vast wealth by
massaging the finances of the papacy and of great princes.
The shift of European power to the Habsburgs in the late 15th century is the basis of the
Fugger wealth. The family descends from an Augsburg weaver and their first fortune is in
textiles. They make their first loan to a Habsburg archduke in 1487, taking as security an
interest in silver and copper mines in the Tirol - the beginning of an extensive family
involvement in mining and precious metals. In 1491 a loan is made to Maximilian; a
subsequent loan to him in 1505 (by which time Maximilian is the Holy Roman emperor) is
secured by the feudal rights to two Austrian counties.
But by far the largest Fugger project is undertaken in 1519 on behalf of Maximilian's
grandson, Charles.
Charles is determined to succeed his grandfather as German king and Holy Roman emperor,
but the post involves election and there is a rival candidate - the French king, Francis I.
Charles turns to the Fugger family for his election expenses. Out of a massive total of 852,000
florins, to be spent on bribing the seven electors, the Fuggers provide nearly two thirds
(544,000 florins). The campaign succeeds. The candidate is elected as Charles V.
Interest rates at the time are never less than 12% per annum. And when a loan has to be raised
urgently, the 16th-century banker is often able to negotiate a rate of as high as 45%. Banking
for emperors is profitable.
Continuous warfare and other expenses of state are a constant drain on Charles's treasury.
Like any ruler of the time, his costs outrun his sources of revenue. Loans from bankers fill the
gap, and they are often repaid by leases on sources of royal income.
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Thus the Fuggers are granted in 1525 the revenues from the Spanish orders of knighthood,
together with the profits from mercury and silver mines. The bankers therefore become, in a
sense, both revenue collectors and managers of state assets. But their high rates of interest can
quickly cripple a kingdom engaged in too many unprofitable wars.
The Fuggers use their wealth responsibly, as can still be seen in the Fuggerei - a community
for the poor, built in Augsburg in 1519 (the year of the imperial election) and still in use today.
By the end of the 16th century the family withdraws from financial risk-taking, after some
disastrous ventures, and settles into the more conventional aristocratic existence which their
wealth has bought.
There will be other such exceptional dynasties, most notably the Rothschilds. But by the early
17th century banking begins also to exist in its modern sense - as a commercial service for
customers rather than kings.
- Banks and cheques: from the 16th century AD
In 1587 the Banco della Piazza di Rialto is opened in Venice as a state initiative. Its purpose it
to carry out the important function of holding merchants' funds on safe deposit, and enabling
financial transactions in Venice and elsewhere to be made without the physical transfer of
coins.
This was an accepted part of trade in ancient Greece, but it has previously been carried out by
individual moneylenders - involving a high risk of bankruptcy. The Venetian initiative, with
the expenses born by the state, is an attempt to provide a measure of security in this central
aspect of the risky business of trade.
Other Mediterranean trading centres (in particular Barcelona and Genoa) have possibly taken
this step before Venice, and it is soon followed in northern cities - Amsterdam in 1609,
Hamburg in 1619, Nuremberg in 1621.
A related development is that of the cheque, a device which depends on the existence of banks
as recognized institutions. A bill of exchange, the original method of transferring money
without the use of coins, is a complex contract between private parties and one or more
moneylenders. A cheque is a bill of exchange between banks, payable by one of the banks to
whoever holds and presents the cheque.
This much simplified version of a bill of exchange slowly gains acceptance from the late 17th
century. At the same time it is realized that the banking process has its own in-built potential
for profit which can more than cover the costs of processing cheques and transferring money.
The total of the money left on deposit by a bank's customers is a large sum, only a fraction of
which is usually required for withdrawals. A proportion of the rest can be lent out at interest,
bringing profit to the bank. When the customers later come to realize this hidden value of
their unused funds, the bank's profit becomes the difference between the rates of interest paid
to depositors and demanded from debtors.
The transformation from moneylenders into private banks is a gradual one during the 17th and
18th centuries. In England it is achieved by various families of goldsmiths who early in the
period accept money on deposit purely for safe-keeping. Then they begin to lend some of it
out. Finally, by the 18th century, they make banking their business in place of their original
craft as goldsmiths.
With private banking part of the fabric of commercial life, the next stage in the story is the
development of national banks.
- National banks: 17th - 18th century AD
Venice, after being possibly the first city to found a bank for the keeping of money on safe
deposit and the clearing of cheques, is also a pioneer in the involvement of a bank with state
finances. In 1617 the Banco Giro is established to solve problems encountered by the earlier
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Banco della Piazza di Rialto, which has got into trouble through the making of unsecured
loans.
Its debtors include the Venetian government. The Banco Giro is founded on the principle that
the government's creditors accept payment in the form of credit with the new bank. In solving
an existing problem, this also provides new opportunities. Venice now has a mechanism for
raising public finance on the basis of guaranteed credit.
The logical extension of this concept is a national bank, established in some form of
partnership with the state. The earliest example is the Bank of Sweden, founded in 1668 and
today the world's oldest surviving bank. It is followed before the end of the century by the
Bank of England, originally a joint-stock company which begins its existence in 1694 by
arranging a loan of £1,200,000 to the government.
During the 18th century the Bank of England gradually undertakes many of the tasks now
associated with a central bank. It organizes the sale of government bonds when funds need to
be raised. It acts as a clearing bank for government departments, facilitating and processing
their daily transactions.
The Bank of England also becomes the banker to other London banks, and through them to a
much wider banking community. The London banks act as agents in the capital for the many
small private banks which open around the country in the second half of the 18th century.
All these banks use the Bank of England as a source of credit in a crisis. For this purpose the
national bank needs a large reserve of gold, which it accumulates until almost the entire hoard
of the nation's bullion is stored in its vaults.
- Bank notes: AD 1661-1821
Paper currency makes its first appearance in Europe in the 17th century. Sweden can claim
the priority (as also, a few years later, in the first national bank).
In 1656 Johan Palmstruch establishes the Stockholm Banco. It is a private bank but it has
strong links with the state (half its profits are payable to the royal exchequer). In 1661, in
consultation with the government, Palmstruch issues credit notes which can be exchanged, on
presentation to his bank, for a stated number of silver coins.
Palmstruch's notes (the earliest to survive dates from a 1666 issue) are impressive-looking
pieces of printed paper with eight hand-written signatures on each. If enough people trust
them, these notes are genuine currency; they can be used to purchase goods in the market
place if each holder of a note remains confident that he can indeed exchange it for
conventional coins at the bank.
Predictably, the curse of paper money sinks the project. Palmstruch issues more notes than his
bank can afford to redeem with silver. By 1667 he is in disgrace, facing a death penalty
(commuted to imprisonment) for fraud.
Another half century passes before the next bank notes are issued in Europe, again by a farsighted financier whose schemes come to naught. John Law, founder of the Banque Générale
in Paris in 1716 (and later of the ill-fated Mississippi scheme) issues bank notes from January
1719. Public confidence in the system is inevitably shaken when a government decree, in May
1720, halves the value of this paper currency.
Throughout the commercially energetic 18th century there are frequent further experiments
with bank notes - deriving from a recognized need to expand the currency supply beyond the
availability of precious metals.
Gradually public confidence in these pieces of paper increases, particularly when they are
issued by national banks with the backing of government reserves. In these circumstances it
even becomes acceptable that a government should impose a temporary ban on the right of the
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holder of a note to exchange it for silver. This limitation is successfully imposed in Britain
during the Napoleonic wars. The so-called Restriction Period lasts from 1797 to 1821.
With governments issuing the bank notes, the inherent danger is no longer bankruptcy but
inflation. When the Restriction Period ends, in 1821, the British government takes the
precaution of introducing the gold standard.
- The Rothschild dynasty: AD 1801-1815
William IX, ruler of the German state of Hesse-Kappel and possessor of a vast fortune, has
for some years consulted in a private capacity his friend Mayer Amschel Rothschild, a Jewish
banker and merchant of Frankfurt. He values Rothschild's advice both on matters of finance
and on additions to his art collection. In 1801 he formally appoints him his court agent, and
encourages him to offer his financial skills to other European princes in these troubled years
when Napoleon is unsettling the continent.
Rothschild responds energetically to this opportunity. By 1803 he is in a position to lend 20
million francs to the Danish government.
The Danish loan is the first of many such transactions on behalf of governments which rapidly
establish the Rothschild family as Europe's most powerful bankers, rising to a pre-eminence
comparable to that of the Medici and the Fugger in earlier centuries.
The family is soon represented in all the important centres of the continent. Mayer Amschel
has five sons. He keeps the eldest, Anselm Mayer, at his side to inherit the Frankfurt bank.
The four younger sons establish branches elsewhere: Solomon in Vienna, Nathan Mayer in
London, Karl in Naples and Jacob in Paris.
The Rothschild family gambles heavily on the eventual defeat of Napoleon. Their loans are all
to his enemies (surprisingly Napoleon allows Jacob, operating from Paris, to raise money for
the exiled Bourbons). Their network of contacts enables them to move money around Europe
even in wartime conditions. A famous example, but only one of many, is Nathan's transfer of
large sums of money from London to Portugal to pay the British troops in the Peninsular War.
By the end of the war the Rothschild family has a vast reputation among the allies, and a close
involvement in the government finances of many nations.
The qualities soundly underpinning their good fortune, in addition to undoubted financial flair,
are that they are trustworthy and very well informed.
An example of the former is the fortune left in Mayer Amschel Rothschild's care when his
patron flees from Hesse-Kassel after Napoleon's victory at Jena in 1806. It amounts to
perhaps half a million pounds in the money of those days. In spite of every attempt by
Napoleon's agents to make him make him hand it over, Rothschild keeps it safe and returns it,
with interest, to its owner in 1815.
As to reliable information, the most famous incident concerns that same year, 1815. On June
20 Nathan Mayer Rothschild calls on the government in London, during the morning, with a
startling piece of good news. The duke of Wellington, he informs the officials - who are at
first somewhat incredulous - has two days earlier won a decisive victory over Napoleon at
Waterloo.
Confirmation arrives that afternoon through the government's own channels. The Rothschild
network of communication includes, famously, the use of homing pigeons. But on this
occasion their success is due to one of their couriers, who was waiting in the harbour at
Ostend for the first scrap of news.
This History is as yet incomplete.
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HISTOIRE DES BANQUES :
http://tpe-histoire-des-banques.e-monsite.com/pages/introduction.html
Introduction
« Pour parler franchement, votre argent m'intéresse » BNP, 1973
Ce slogan, issu d'une ancienne publicité datant de 1973, promouvant les services de
la Banque Nationale de Paris, montre que, il y a déjà 40 ans, les banques commençaient à
prendre une place de plus en plus importante dans la vie des Français.
Une banque est une institution financière qui fait le commerce de l'argent. Elle reçoit
des dépôts, échange de la monnaie, prête l'argent moyennant intérêt, et se charge de tout
service financier.
Le mot « banque » est apparu dans la langue française au XVème siècle, dérivé du
mot « banca », désignant le banc en bois sur lequel les changeurs exerçaient leur activité au
XIème siècle en Italie.
Dès 3000 ans avant J-C, depuis les premières traces d'activités bancaires qui ont
débuté en Mésopotamie, l'histoire des banques a connu une évolution progressive au cours des
millénaires. De nos jours, les banques sont indispensables.
Comment sont apparues les banques ? Quelle a été leur évolution au cours des
siècles ? Dans un premier temps nous nous intéresserons à l'histoire des banques, depuis leur
création jusqu'au XVIIIème siècle, puis nous examinerons la situation actuelle des banques
contemporaines du XIXème au XXIème siècle.
- 43 -
De l'Antiquité au XVIIIème : La création et l'expansion des
banques
1 ) L'Antiquité
C'est en Mésopotamie, berceau de l'agriculture, que les premières esquisses de
banques ont vu le jour. En effet, les premières activités bancaires ont été identifiées comme
étant apparues dans un des sept temples d'Uruk, ville de Mésopotamie, appelé temple rouge.
Dans ce temple s'effectuaient des dépôts de semences, ainsi que des prêts à intérêt. Les
paysans payaient les intérêts en donnant une partie de l'orge qu'ils faisaient pousser. Ce
système là existait probablement aussi dans les grandes civilisations marchandes telles que la
Phénicie et Carthage.
Les premiers véritables banquiers étaient grecs. Ils sont apparus au IVème siècle
avant J-C et leurs activités avaient alors lieu dans les temples (Delphes, Ephèse) car les
premiers banquiers furent sans doute des prêtres. En effet, on retrouve la plus ancienne trace
des activités de change (opération consistant à convertir une monnaie en une autre) en 436
avant J-C, à Eleusis. Ils étaient indispensables au commerce car chaque cité frappait sa propre
monnaie. La valeur de la monnaie était calculée en fonction de la valeur du métal (or, argent,
bronze...) qui constituait la pièce. Les pièces d'or et d'argent étaient ainsi acceptées parce
qu'elles avaient une valeur intrinsèque. On qualifiait donc les prêtres de « changeurs de
monnaie », car ils servaient à faciliter les échanges commerciaux entre les cités grecques. Dès
l'époque classique, on trouve en Grèce des banquiers laïcs, les trapézistes. Ils s'appelaient
ainsi parce que leur comptoir, ou table (trapéza) était installé sur l'agora ou au port. Ils
changeaient les monnaies étrangères, prêtaient de l'argent à des particuliers et parfois à des
cités, ils ouvraient à leurs clients des comptes courants, se chargeaient de faire les paiements,
soit avec les fonds qu'on leur remettait, soit en avançant eux-mêmes l'argent. Ils ont des
correspondants dans d'autres cités ou d'autres pays. D'autre part, les banquiers grecs prêtaient
à intérêt, généralement aux alentours de 12% mais pouvant atteindre jusqu'à 20% voire
parfois davantage.
À Rome, la monnaie apparaît au IVème siècle avant J-C, mais le commerce de
banque naît plus tardivement, au IIème siècle avant J-C. Tout d'abord, les banquiers sont des
orfèvres (personne qui fait et qui vend les gros ouvrages de métaux précieux), appelés aussi
argentarii (hommes du métal-argent). Ils pratiquent les mêmes opérations que les Grecs
(change des monnaies, avances à intérêt, dépôts et placements de fonds). Leur principale
activité reste tout de même l'usure (intérêt d'un prêt au taux abusif) avec des taux d'intérêts se
situant aux environs de 18% mais pouvant aller, pour certains prêteurs, jusqu'à 48%. La
profession de banquier est sévèrement contrôlée par l'État, qui exige une tenue soigneuse de
registres de comptes courants et de livres d'échéance. Les banquiers qui avaient fait faillite
étaient frappés de déchéance civique. En effet, la perte de la fonction de banquier entraînait le
déshonneur et l’infamie.
- 44 -
Les vestiges d'Uruk
Les ruines du Temple d'Artémis à Ephèse
Sanctuaire de Delphes : Temple d'Apollon
*
2) Du Moyen-Age à la Renaissance
Jusqu’au XIème siècle, l’activité bancaire subit une période de stagnation due aux
invasions barbares, particulièrement celle des peuples germaniques venus piller l’Empire
Romain, faisant peu à peu disparaître le commerce.
Cependant les activités bancaires reprennent avec l’apparition du commerce
international, les populations les plus fortunées vont acheter des produits provenant de pays
lointains. Par exemple, la consommation des produits orientaux va se développer, tout comme
celle des produits de l’Europe du Nord et de l’Est. C’est ainsi que produits alimentaires et
textiles s’échangent en Europe. Des réseaux d’échange vont donc se constituer, tels que les
foires de Champagne, reliant les marchands du Nord, de la ligue Hanséatique qui est une
association marchande des villes couvrant le commerce de la Mer du Nord et de la Baltique,
et des marchands du Sud, plus particulièrement en Italie du Nord, dans les villes telles que
Gênes et Venise, où se trouve le cœur des échanges avec le monde arabe.
C’est le cas par exemple pour les Flamands et les Italiens qui se rencontrent durant
ces foires pour le commerce du textile. Cette industrie est en plein essor, car
l’Angleterre produit en grande quantité de la laine, du fait de ses importants élevages d’ovins.
Ainsi, les Flamands achètent cette laine et fabriquent des draps de laine qu’ils vendent aux
Italiens. Ces derniers vont par la suite les teindre pour les vendre aux pays d’Orient. En
contrepartie, les pays arabes vont exporter en vue de l’Italie des produits fortement demandés,
tels que les épices.
A cette époque, les opérations financières sont pratiquées par les juifs, par les
Templiers et par les Lombards.
Les Templiers sont les banquiers des pèlerins des croisades, et jusqu’à la fin du
XIIIème siècle, ceux du Roi de France. Ils sont considérés comme des banquiers sûrs,
indépendants de tout pouvoir politique. Du fait de leur richesse et de leur trop grande
indépendance, le roi Philippe le Bel décide de s’attaquer à cet ordre pour acquérir leur or.
C’est alors que se met en place un procès orienté, des accusations faussées. Philippe IV ne
tarde pas à les faire arrêter en grand nombre, dans le courant de l’année 1307.
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Les Lombards font leur apparition en Italie. Ils voient affluer les capitaux et
s’investissent dans cette activité. Ainsi la première banque est créée à Venise en 1151, puis
Florence, Pise et Gênes suivent le mouvement. Ces villes deviennent peu à peu des références
en Europe. Les Lombards introduisent la lettre de change,qui permet à un acheteur de régler
son vendeur à l’aide d’une reconnaissance de dette. Cette lettre peut être convertie en monnaie
locale par le détenteur, mais il peut aussi la signer au bénéfice d’une autre personne. C’est une
véritable innovation évitant le transport de la monnaie, elle facilite et sécurise tout les
échanges. C’est aussi un moyen de contourner la prohibition du prêt à intérêt par l’Église, qui
est considéré comme un péché, selon le principe chrétien : « Tu prêteras sans rien attendre en
retour ».
Mais les véritables réseaux de banques apparaissent cependant plus tardivement.
Les premières banques de dépôt privées modernes voient le jour durant la
Renaissance. De grandes familles, telles que les Médicis en Italie ou les Fugger en
Allemagne, deviennent les créanciers de l’Europe. Ces deux grandes familles vont marquer
l’histoire des banques.
Les Médicis vont finir par être appelés « banquiers ». Ils traitaient leurs affaires assis
sur des bancs dans la rue, d’où l’origine du prénom en italien « banchieri ». Ils créent la
première banque privée de type moderne à Rome sur un simple banc. Mais en 1385, de
nombreuses banques des Médicis sont créées à travers de grandes villes telles que Genève,
Avignon, Londres, Venise et Pise. Ils diversifiaient leur clientèle pour éviter que, faute de
paiement de la part d’un client, leur affaire s’écroule. C’est une des raisons pour laquelle le
succès des Médicis à cette époque est fulgurant.
L’entreprise bancaire de la famille Fugger fonctionne déjà à l’image d’une firme
multinationale. Son siège est à Augsbourg et ses annexes sont gérées par des membres de la
famille. Les annexes doivent tenir des comptes très détaillés qui sont envoyés à la fin de
chaque année à Augsbourg.
Au cours du XVIème siècle, Jean Calvin est le premier théologien à accepter le prêt
à intérêt, jusque là interdit par l’Église. La réforme protestante joue un rôle important pour
rendre légal le prêt à intérêt dans les pays européens. Il écrit en 1545 « Lettre sur
l’usure », où il accorde l’intérêt en se basant sur le fait que le capital qui est emprunté sert à
investir.
Des Banquiers Lombards examinant avec minutie des pièces d'Or.
- 46 -
3) Du XVIIème au XVIIIème
C’est au XVIIème siècle, dans les pays protestants, que le système bancaire fait
d’énormes progrès grâce à l’autorisation du prêt à intérêt, qui resta officiellement interdit en
France jusqu’à la Révolution.
Le pôle financier devient petit à petit le Nord de l’Europe, car Amsterdam et Londres
prennent de plus en plus d’importance face aux villes italiennes. La véritable naissance de la
banque moderne peut être datée avec la naissance du papier monnaie.
A Londres, grâce aux orfèvres, des techniques bancaires sont mises au point. L’or
déposé chez ces artisans doit pouvoir être restitué à son propriétaire lorsqu’il le réclame.
Cependant, dans la mesure où la quantité d’or retirée ne correspond pas au dépôt total et que
les propriétaires ne viennent pas tous récupérer leur dépôt en même temps, les orfèvres sont
en mesure de prêter de l’argent, pour un temps du moins. Une partie de cet or peut donc être
prêté contre un billet à ordre.
Par la suite, des certificats de papier remboursable en pièces d’or voient le jour.
Ainsi la création monétaire devient liée au développement économique du pays et non
à la quantité de métal précieux disponible. La valeur totale de ces billets excédera la valeur de
l’or contre laquelle ils sont échangeables. On l’appelle le système de réserves fractionnaires,
qui est depuis la base des systèmes bancaires actuels. Plusieurs banques émettrices de billets
vont donc être créées dans les pays du nord de l’Europe.
En 1609, la Banque d’Amsterdam est une des premières banques publique, placée
sous le contrôle de la municipalité de la ville, qui met en circulation des certificats
représentant le montant du dépôt confié dans ses caisses. Ces certificats sont proches des
billets de banque.
À Stockholm, la première banque à émettre de véritables billets de banque voit le jour
en 1656, mais elle fait faillite pour avoir émis trop de billets.
La Banque d’Angleterre est, après celle de Stockholm, en 1694, la première banque à
émettre des billets de banque reconnus dans le monde entier, soutenant à la fois les emprunts
d’État, le bon fonctionnement et le développement économique du Royaume. C’est la
première véritable banque centrale. Par son importance, elle efface le rôle qu’a tenu la banque
de Stockholm.
Au cours du XVIIème siècle, les premières bourses font leur apparition, car le
commerce se développe rapidement en Europe du Nord, ce qui nécessite la création
d’organismes permanents et adaptés à des transactions quotidiennes. La création des bourses
fait apparaître la distinction entre les marchés financiers, où agents à capacité de financement
et agents à besoin de financement se rencontrent, et les banques jouant un rôle
d’intermédiaire entre l’agent à besoin de financement et l’agent à capacité de financement.
Dans le nord de l’Europe, le premier krach boursier a lieu en 1637. Il concerne les
bulbes de tulipes qui sont vendues jusqu’à un prix équivalent à vingt fois le salaire annuel
d'un artisan spécialisé. En effet, provenant d'Asie, la tulipe attirait beaucoup de par sa rareté et
sa présence dans les riches jardins hollandais.
La tentative de Law, en France, s’inspire de ces premières banques, mais aussi d’une
théorie, dont l’idée sur laquelle elle est fondée est que l’enrichissement d’un pays dépend de
l’existence d’un système bancaire performant. Law voyage beaucoup et analyse les systèmes
bancaires dans de nombreuses villes comme Amsterdam, Venise ou Parme. En 1715, la dette
de la France est désastreuse, et aucun moyen n’est trouvé pour la diminuer. C’est en 1716 que
le système de Law est adopté. Il propose de crée une Banque d’Etat, la Banque Royale.
Cependant, ce système était basé sur un élément subjectif qu’est le papier monnaie. La
vulgarisation du billet de banque et son émission en trop grande quantité empêchent alors de
rembourser en totalité leurs clients, lorsqu’ils se présentent en masse pour retirer leur dû.
- 47 -
Pris de peur, la population perd confiance dans les billets et exige leur remboursement en or
et en argent. En effet, la valeur des billets émis dépasse énormément l'encaisse de la banque,
celle-ci fait faillite, et Law s'enfuit.
En 1724, la Bourse de Paris voit le jour. Avec elle, le Roi espère rétablir un semblant
d'ordre au sein de l'économie française, fortement bouleversée par la faillite du système de
Law. La bourse est soumise à une forte règlementation, qui interdit son accès à la femme. Le
rôle de la bourse est de financer des entreprises. Ainsi le marché boursier donne la
possibilité aux entreprises de se financer, d'investir, en mettant directement en contact l'offre
et la demande de capital. On parle de financement de marché, qui est un mode de
financement par l’émission de titres sur les marchés financiers où se rencontrent directement
les agents à capacité et à besoin de financement, à la différence du financement indirect, qui
est un mode de financement par le crédit bancaire, où les banques jouent un rôle entre les
agents à capacité de financement et les agents à besoin de financement. L'introduction en
bourse des entreprises leur donne accès à des ressources financières supplémentaires. On peut
prendre l'exemple de la Bourse de Londres, qui voit le jour avec le besoin de financer des
expéditions vers la Russie et l'Inde.
- 48 -
Du XIXème à nos jours : Les banques contemporaines
1)
Du XIXème au XXème siècle
La Banque de France est fondée le 13 février 1800 par Napoléon Bonaparte. Sa
création a pour but de remplir deux objectifs : gérer les crédits de l’Etat et faciliter le rachat
des billets à ordre et traites afin de favoriser l’activité économique. Elle se voit également
attribuer le rôle d’émission de billets, en 1805 sur Paris seulement puis en 1848 sur
l’ensemble du pays.
Durant la première moitié du XIXème siècle, ce sont encore les établissements
bancaires familiaux qui régissent le monde économique. On qualifie ces établissements de
Haute Banque. Ils ne s’adressaient qu’aux grosses fortunes dont les capitaux étaient placés à
long terme dans des entreprises industrielles et commerciales ou dans des emprunts et fonds
d’Etat. Les représentants les plus typiques de cette Haute Banque étaient les Rothschild, mais
aussi les Mirabeau ou les Perier de Grenoble.
C’est durant la seconde moitié du XIXème siècle que deux types de banques font
leur apparition : les banques de dépôt et les banques d’affaires. Les banques de dépôt sont
consacrées presque exclusivement à des opérations de crédits à court terme, tandis que les
banques d’affaires se livrent à des opérations plus longues, plus aléatoires, mais produisant
plus de bénéfices.
Les premières banques de dépôt en France sont le Comptoir d’escompte, créé en
1853, le Crédit lyonnais en 1863, la Société Générale en 1864. Le Comptoir d’escompte de
Paris est l’une des quatre banques fondatrices de la BNP Paribas, avec le Comptoir
d’escompte de Mulhouse, la Banque Nationale pour le Commerce et l’Industrie et la Banque
de Paris et des Pays-Bas. Le Crédit Lyonnais est fondé par Henri Germain, inspiré de la
doctrine de Saint-Simon : bâtir une philosophie prônant le progrès de l’humanité par
l’industrie. La Société Générale est, quant à elle, une banque qui va se présenter explicitement
comme banque d’affaires et de dépôt en tentant d’allier les deux. Cependant, elle connaît
rapidement des difficultés dans son département affaires et est presque emportée par la crise
économique et boursière de 1882. Pour résister à la crise, elle va limiter ses activités au
montant de ses fonds propres, c’est-à-dire qu’elle ne va pas octroyer plus de crédits que ce
qu’elle possède dans ses comptes. Après la guerre de 1870, ces banques sont menacées par les
retraits massifs d’épargne, la population craignant pour son argent.
Les premières banques d’affaires sont apparues avec le Crédit Mobilier des frères
Pereire, en 1852, la Banque de Paris et des Pays-Bas en 1872 puis l’Union Générale en 1878.
Le Crédit Mobilier fut d’abord fondé en tant que banque de dépôt puis pratiqua des activités
surtout caractéristiques des banques d’affaires. Elle fit faillite en 1870. La Banque de Paris et
des Pays-Bas résulte de la fusion entre la Banque de Crédit et de Dépôt des Pays-Bas, fondée
en 1863 à Amsterdam, et la Banque de Paris, créée en 1869 à Paris. L’Union Générale était
une banque catholique qui a fait une faillite retentissante en 1884 et dont l’histoire a beaucoup
fait parler et notamment inspiré Zola dans son roman L’Argent.
Vers la fin du XIXème naît également un système bancaire mutualiste que l’on
nomme banques populaires. Ces banques distribuent des crédits aux artisans, petits
commerçants et petits industriels, dont la première fut créée en 1878 à Angers, la Banque
Populaire. Le Crédit Mutuel apparu en 1880 en Alsace, en Lorraine et en Bretagne, et les
Caisses de Crédit Agricole en 1874.
Un dernier type de banque voit le jour avec le Crédit National, fondé en 1919,
destiné à financer les réparations des dommages causés par la Première Guerre Mondiale et
dont la vocation est aujourd’hui d’aider à la création ou au développement d’entreprises
industrielles et commerciales sur le territoire français.
- 49 -
Le gouvernement provisoire du Général De Gaulle décide, en décembre 1945, en
même temps que la nationalisation de la Banque de France, celle des quatre principales
banques de dépôt : le Crédit Lyonnais, la Société Générale, le Comptoir National d’escompte,
et la Banque Nationale pour le Commerce et l’Industrie. La nationalisation a pour motivation
l’accroissement du patrimoine et de la puissance de l’Etat, mais aussi la reconstruction de
l'économie durant les périodes d'après-guerre, et le contrôle du crédit. Elle s’est faite de
manière rapide afin d’éviter des mouvements spéculatifs. En 1970, les principales banques de
dépôt privées sont : le Crédit Commercial de France et le Crédit Industriel et Commercial. Les
principales banques d’affaires sont : la Banque de Paris et des Pays-Bas, l’Union Parisienne et
la Banque d’Indochine.
En opposition à ce mouvement de nationalisation, un peu plus tard, au cours des
années 1980, le gouvernement de Jacques Chirac fait privatiser Paribas, le Crédit Commercial
de France, la Société Générale et Suez. Puis, dès 1993, le gouvernement d’Edouard Balladur
décide de privatiser la BNP et la Banque Hervet. Ces privatisations sont en partie dues à la
favorisation de la concurrence, qui ne peut se développer si l’entreprise appartient à l’Etat.
Mais elles sont également le moyen de trouver des ressources financières pour alimenter le
budget de l’Etat qui, en vendant ses entreprises, va pouvoir se servir des fonds récupérés pour
réduire la dette publique.
Durant cette période, le secteur bancaire français s’étant fortement internationalisé,
notamment à cause de la mondialisation, les banques françaises figuraient au nombre de trois
ou quatre parmi les quinze premières mondiales. Elles réalisaient 55% de leurs opérations à
l’étranger avec pour objectif d’accompagner le développement des firmes industrielles
françaises à l’extérieur du territoire et de mener une politique d’emprunt en direction du tiersmonde. C’était le cas pour la Société Générale, le Crédit Agricole et BNP Paribas. C’est au
cours de cette période d’internationalisation qu’est apparu le terme d’euromonnaie, ou
eurodevise. Il désigne une monnaie détenue en compte dans une banque située hors du pays
d'émission de la dite devise. Ainsi, on parle d’eurodollars pour les comptes en dollars hors
Etats-Unis.
Lapalisse, la Société Générale , 1897.
- 50 -
Aix-en Provence, agence de la Société Générale.
2) Les banques du XXIème siècle
A partir des années 1980, le secteur bancaire subit une déréglementation générale,
c’est-à-dire que l’Etat va limiter son contrôle sur les activités financières du pays. Autrement
dit, les banques ne seront plus spécialisées dans un secteur particulier (banques d’affaires, de
dépôt…) mais vont multiplier leurs fonctions, et la différence entre banque d’affaires et
banque de dépôt va s’atténuer puisque la plupart des banques pratiqueront à la fois les deux
activités. De plus en plus de banques vont également devenir des assurances (Crédit Agricole,
LCL, CIC…). Avec l’internationalisation du secteur bancaire, les banques vont aussi faire
office d’agent de change.
Cependant, même si aujourd’hui les banques remplissent plusieurs fonctions, elles
ont toutefois chacune certaines vocations. En effet, il existe encore actuellement plusieurs
types de banques : les banques de dépôt, qui ont pour clients les particuliers ainsi que les PME
(petites et moyennes entreprises), les banques d’affaires, qui se chargent, elles, des plus
grandes entreprises, les banques d’investissements, qui exercent principalement leurs activités
sur les marchés financiers (marchés réservés aux sociétés financières), et les banques centrales,
qui contrôlent et réglementent les activités des autres banques et régulent la fluctuation
monétaire du pays.
De nos jours, les rôles des banques sont multiples.
Avant tout, la banque est un agent qui a pour principale fonction de recevoir et
conserver les fonds de ses clients. Elle se sert de ces dépôts pour financer ses propres activités,
afin de toucher un bénéfice, ce qui va lui permettre de proposer une rémunération à ses clients,
ce qu’on appelle l’intérêt.
Ensuite, la banque permet également à ses clients d’avoir accès à la bourse (émission
et achat d’actions et d’obligations).
La banque se fait également l’intermédiaire entre les agents à capacité de
financement, c’est-à-dire les agents dont l’épargne est supérieure à l’investissement (ménages
pour la grande majorité) et les agents à besoin de financement, c’est-à-dire les agents dont
l’investissement est supérieur à l’épargne (Etat, entreprises). Elle va donc utiliser les dépôts
des ménages pour faire des crédits à l’Etat et aux entreprises.
La banque a aussi pour rôle de convertir la monnaie en devises étrangères, c’est
donc un agent de change.
Pour permettre les crédits, la banque a le droit de créer de la monnaie scripturale, qui
est détruite quand le crédit est remboursé. La banque fournit également divers moyens de
- 51 -
paiement : la carte bancaire, les chèques, les cartes de paiement (Monéo par exemple), les
chèques de voyage…
Pour se rémunérer, la banque utilise plusieurs moyens de financement. Tout d’abord,
la plupart des services qu’elle propose aux clients sont payants. Ensuite, elle prélève des
intérêts lorsque les comptes de ses clients sont à découvert (agios), et lorsqu’elle fait des
crédits à ses clients. Enfin elle perçoit des revenus sur les activités financières qu’elle pratique.
En France en 2001, on compte 1068 sociétés financières, dont la moitié sont des
banques. En 2005, les bénéfices de ces sociétés représentaient 25,7 milliards d’euros. Elles
sont le troisième employeur de France avec 2,5 % de la population active travaillant dans ce
secteur, soit 620 000 postes, et le premier embaucheur de France avec, chaque année, la
signature de 20 000 nouveaux contrats.
Le siège social de la Société Générale à Paris.
- 52 -
Conclusion
Depuis son apparition en Mésopotamie il y a 5000 ans jusqu’à sa présence dans le
monde entier aujourd’hui, depuis sa forme primitive jusqu’à ses activités multiples et
complexes, depuis sa place modeste dans l’Antiquité jusqu’à sa présence indispensable dans
toutes les activités économiques de nos jours, la banque a su se développer et s’imposer au
cours des siècles, en subissant d’époque en époque de nombreuses transformations et
spécialisations.
Aujourd’hui, les banques régissent le monde économique. Elles créent de la monnaie,
accordent des crédits, font des prêts, convertissent l’argent en devises étrangères, financent les
opérations de l’Etat et des entreprises…
Mais leur rôle de créatrices de monnaie entraîne parfois des problèmes économiques.
C’est le cas lorsqu’elles accordent trop de crédits : la monnaie créée ainsi ne peut pas faire
office de remboursement, et si les clients réclament leur argent, elles peuvent être en situation
de crise, car dans l’incapacité de rembourser les clients. Elles font alors faillite et entraînent
l’économie d’un pays, voire l’économie mondiale tout entière en situation de crise.
C’est ce qui s’est produit en 2008, lors de la crise des subprimes aux États-Unis. De
célèbres banques américaines ont fait faillite, comme par exemple Lehman Brothers.
Aujourd’hui, le monde se remet difficilement de cette crise. Mais, la croissance économique
étant marquée par des périodes d’expansion et de crises, nous pouvons espérer que cette
situation va bientôt évoluer vers une période de croissance économique prospère et bénéfique
pour le monde entier…
La banque Lehman Brothers à New-York
- 53 -
Bibliographie
Article Encyclopédique :
Banque, Encyclopédie Axis, 2002
Dictionnaire :
Dictionnaire encyclopédique d’histoire Le Mourre, Banque.
Sites web :
Pensée d’un citoyen, 29 Avril 2006, [consulté le 5 Novembre 2010],
http://leneant.echosblogs.org/
La finance pour tous, 2 Juin 2008,[consulté le 5 Novembre 2010],
http://www.lafinancepourtous.com/
Webzinemaker, [consulté le 20 Décembre 2010], http://www.webzinemaker.com/
Mazerolle, Fabrice Mazerolle, 23 Janvier 2011 (mise à jour), [consulté le 5 Janvier 2011]
http://www.mazerolle.fr/index.htm
Wikipédia, 5 Janvier 2011 [consulté le 10 Janvier
2011],http://fr.wikipedia.org/wiki/Wikip%C3%A9dia:Accueil_principal
Académie de Bordeaux : Lycée Jean Monnet de Blanquefort (SES) , Nicolas M. - Grégory L.,
1999-2000 [ consulté le 10 Janvier 2011], http://webetab.acbordeaux.fr/Etablissement/JMonnet/fr/index.html
Histoire des banques en France, Alain Plessis, [Consulté le 15 Janvier 2011],
http://www.fbf.fr/web/Internet2010/Content.nsf/DocumentsByIDWeb/88AFWG/$File/Histoir
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Banque de France, Banque de France, [Consulté 15 Janvier 2011], http://www.banquefrance.fr/fr/instit/histoire/histoire.htm
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Brève histoire des banques en France et dans le monde :
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Histoire des Marchés financiers
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- 65 -
- 66 -
Extrait du livres – Histoire des dates et des faits : Banques – Banquiers
(histoire des créations des banques nationales de chaque pays)
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- La haute finance parisienne du second empire et du XIXème siècle en France :
Nicolas Stoskopf est l’auteur d’un livre remarquable sur les banquiers parisiens du XIXème
siècle : « Les Patrons du Second empire – Banquiers et financiers Parisiens »
On y retrouve les banquiers juifs comme les Rothschild et les Pereire, les protestants mais
aussi les catholiques comme le duc de Galliera, les Fould, ou encore Auguste Dreyfus (juif
converti au catholicisme). Le sujet est très vaste, et la haute finance concerne en réalité les
« maisons de banques », c'est-à-dire les banques indentifiables par le nom de la famille qui en
est propriétaire.
On constate que les banquiers du second empire étaient répartis à environ 1 tiers de banques
juives, 1 tiers de banques protestantes et 1 tiers de banques catholiques. Globalement, à la fin
du XIXème siècle, un certains nombres de banques familiales juives ont bien tenu et leurs
propriétaires sont devenus riches (voir très riches pour certains, comme le « roi » James de
Rothschild), les banques familiales protestantes ont tenu honorablement leur rôle, avec un peu
moins de réussite, tandis que les banques familiales catholiques ont eu moins de réussite, avec
un certain nombre de faillite. Néanmoins, on retrouve apparemment les trois financiers les
plus riches : le duc de Galliera, Auguste Dreyfus qui sont tout deux catholiques, et James de
Rothschild qui est juifs.
En réalité, de nombreux catholiques vont très vite se diriger vers les grandes banques d’Etat et
vont en être les dirigeants de manières quasi exclusives, ce qui fera qu’au début du vingtième
siècle on trouve de nombreux financiers catholiques ainsi que protestant dans ces grandes
banques, tandis que les banques juives auront plus de difficulté à participer aux grands projets
d’Etat. De même la seconde guerre mondiale frappera terriblement la finance juive, qui devra
refaire son activité au lendemain de 1945, en Europe.
Listes des banquiers de Paris sous le Second Empire rattachable à la « Haute Banque », avec
leur fortune au décès et leur confession religieuse.
- Alfred ANDRE (1827-1896), protestant actif, figure marquante, fortune au décès 5,2 MF
- Jules ARDOIN (1822-1871), à priori catholique, fortune au décès 0,5 MF
- Maurice AUBRY (1820-1896), catholique, au décès 0,3 MF
- Gaston, marquis d’AUDIFFRET (1787-1878), à priori catholique, épouse protestante, pair
de France, carrière politique prestigieuse, psdt du CIC, fortune au décès 1,9 MF
- François BARTHOLONY (1796-1881), protestant, épouse catholique, enfants protestants,
fortune au décès de 17,7 MF mais selon la tradition familiale 70 à 75 MF
- Alphonse BECHET (1811-1893), à priori catholique, fortune au décès 2,4 MF
- Hypolite BIESTA (1811-1870), catholique, fortune déclarée par sa veuve 11 MF
- Alcide BILLAUD (1798-1882), catholique, fortune au décès 2,3 MF
- Louis R. BISCHOFFSHEIM (1800-1873), juif actif, très famille, fortune au décès 36,5 MF
- Raphaël L. BISCHOFFSHEIM (1823-1906), juif, fils du pcdt, fortune décès qlq MF à priori
- Edward BLOUNT (1809-1905), anglais et catholique actif, ruiné par crise 1848, redémarre
en 1851, banquier du pape en 1860, psdt de la SG, fortune au décès en dizaine de MF à priori.
- Victor-Corentin BONNARD (1804-1869), catholique, épouse protestante, au décès 0,2 MF
- Mayer CAHEN D’ANVERS (1804-1881), juif, fortune au décès 23 MF
- Adrien Charles CALLEY DE SAINT-PAUL (1808-1873), à priori catholique, décès 5,1 MF
- Enrico CERNUSCHI (1821-1896), à priori catholique, décès fortune sup à 10MF à priori
- François Ernest, comte de CHABROL CHAMEANE (1804-1889), catholique, a fini ruiné
- Vincent CIBIEL (1797-18781), peut-être protestant, épouse protestante, au décès 18,7 MF
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- Auguste DASSIER (1790-1862), descendant de juif, épouse probablement protestant, est
peut-être devenu catholique, fortune au décès sup à 20MF, héritiers ruinés car dépensiers
- Henry DAVILLIER (1813-1882), père catholique, mère protestante, lui et ses frères
catholiques, ses sœurs protestantes, ami des juifs Rothschild, fortune au décès 4 MF
- Adrien DELAHANTE (1815-1884), issu famille financier, père banquier le plus important
de Lyon en 1848, Banque de Paris, SG, catholique, fortune au décès 1,1 MF
- Gustave DELAHANTE (1816-1905), frère du pcdt, fortune au décès à priori en MF uniqt.
- François DELESSERT (1780-1868), grand notable protestant, fortune au décès 8,3 MF
- Charles Adolphe DEMACHY (1818-1888), catholique, fortune au décès 8,9 MF, son fils
Charles-Amédée deviendra président de Paribas.
- Guillaume DENIERE (1815-1901), catholique, créateur d’HEC, psdt SG, régent de la
Banque de France, fortune au décès 6,5 MF mais 1,2 MF selon sa fille.
- Armand DONON (1818-1902), avocat et banquier, catholique, épouse et enfants protestants,
multimillionnaire, fini ruiné et endetté. Fondateur du CIC.
- Auguste DREYFUS (1827-1897), juif converti au catholicisme, épouse catholique, remporte
« le guano du Pérou » qui le rend richissime. Fortune au décès supérieure à 60 MF.
- Adolphe DURAND (1804-1878), catholique de Perpignan, fortune au décès 8,9 MF.
- Armand DUTFOY (1814-1885), à priori catholique, au décès 5 MF.
- Adolphe d’EICHTHAL (1805-1895), juif converti au catholicisme avec toute sa famille.
Epouse protestante (et devient protestant), fortune au décès de madame 12MF. Au décès 5MF
- Emile, baron d’ERLANGER (1832-1911), catholique de père juif converti au catholicisme,
fortune de qlq MF à priori au décès.
- Victor FERE (1804-1887), à priori catholique, héritage reçu 100F, fortune au décès 4,4 MF
- Prosper FERRERE (1813-ap 1866), à priori catholique, fortune à priori en MF
- Benoît FOULD (1792-1858), juif, fortune à son décès 8,2 MF, son frère Achille Fould
6,6MF, et son beau-frère Elie Furtado 11,9 MF
- Adolphe FOULD (1824-1875), peut-être converti au catholicisme, fils d’Achille Fould,
épouse catholique, fortune au décès 6,5 MF
- Louis FREMY (1805-1891), à priori catholique, devint apparemment ruiné à la fin de sa vie.
- Raffaele de FERRARI, duc de GALLIERA (1803-1876), famille issu des doges de Gênes,
catholique, bcp de dons, fortune au décès 105 M Lires, décès épouse 27 MF malgré les dons
considérables effectués, leur hôtel est devenu l’hôtel de Matignon.
- Jules GAUTIER (1822-1897) et Edouard GAUTIER (1826-1894), protestant, décès 2,3 MF.
- Charles LE BEGUE, comte de GERMINY (1799-1871), catholique, pair de France, fortune
au décès en MF ou dizaine de MF, gouverneur de la Banque de France
- William GLADSONE (1809-1873), peut-être catholique, fortune au décès de 0,1 MF seult.
- Auguste de GOURCUFF (1780-1866), catholique, fortune au décès env 2 MF.
- Frédéric GRIENINGER (1815-1888), protestant, pilier gpe Pereire, fortune décès 21,7 MF.
- Armand HEINE (1817-1883), juif, et son frère Michel, fortune d’Armand décès 23,4 MF.
- Michel HEINE (1819-1904), frère du pcdt, juif, fortune au décès 32 MF.
- Edouard HENTSCH (1829-1892), protestant, fortune au décès entre 1 et 2 MF.
- Joseph HOLLANDER (1821-1891), à priori juif, fortune au décès env 1MF
- Jean-Henri, baron HOTTINGUER (1803-1866), protestant, fortune décès 14 MF.
- Rodolphe HOTTINGUER (1835-1920), protestant, fortune décès peut-être 10MF.
- Léopold S. KOENIGSWATER (1800-1863), à priori juif, au décès 0,2 MF déclaré.
- Maximilien, baron KOENIGSWATER (1817-1878), juif, pas de succession (pas de fortune).
- Joseph ROULLET de LA BOUILLERIE (1822-1894), catholique actif, et son frère André
(1826-1884). Fortune de Joseph au décès 1,8 MF
- Charles LAFFITTE (1803-1875), à priori catholique, neveu de Jacques LAFFITTE (17671844) bquier et gvr Bq de France (fortune 20-25MF, mais mort ruiné), fortune décès 2,6 MF.
- 76 -
- Narcisse LAFOND (1793-1866), à priori catholique, fortune décès 4,6 MF
- Simon LAZARD (1828-1898), juif, fondateur de la banque Lazard Frères. Décès 9,7 MF.
- Francis LEFEBVRE (1810-1879), élevé protestant, fortune père 5,25 MF, beau père 17 MF,
et lui à son décès 8,4 MF
- Paul LEHIDEUX (1806-1888), catholique, environ 3 MF au décès
- Marc LEVY-CREMIEU (1813-1886), juif, accusé d’être responsable du krack de l’Union
Générale de 1882 et d’avoir une fortune de 40 MF, dont 14 MF issue du krack, décès 0,9 MF
- Veuve LYON-ALEMAND (1783-1870), catholique, époux juif, fortune 3,8 MF réduits à
néant par la guerre en 1871.
- Myrtil MAAS (1794-1865), juif, au décès 1,3 MF
- James MALLET (1787-1868), protestant, famille de banquier depuis 1723, au décès 8,5 MF
- Alphonse MALLET (1819-1906), fils du pcdt, protestant peut-être devenu catholique,
fortune au décès de son épouse en 1899 de 7,1 MF
- Charles MALLET (1815-1902), neveu de James, à priori protestant, pas de succession
- Adolphe MARCUARD (1798-1868), protestant, fortune au décès env 8 MF
- Henri MIRABAUD (1820-1893), protestant actif, bienfaiteur, fortune à priori qlq MF
- Jules MIRES (1809-1871), juif, fortune au décès 1,4 MF
- Ferdinand MOREAU (1826-1884), peut-être catholique, fortune au décès 3,5 MF
- André POUPART de NEUFLIZE (1820-1868), protestant, fortune au décès 1,5 MF
- Sébastien de NEUFVILLE (1822-1891), protestant, au décès 12,5 MF
- James ODIER (1798-1864), protestant actif, à priori ruiné par sa faillite, dette +4MF
- Barthélemy PACCARD (1796-1863), protestant, qlq MF à priori
- Emile PEREIRE (1800-1875), juif, fortune au décès 16 MF, duo dans les affaires avec son
frère cadet Isaac Pereire
- Isaac PEREIRE (1806-1880), juif, frère du pcdt, fortune au décès 33 MF.
- Joseph PERIER (1786-1868), catholique, au décès 12,8 MF, p-être le + imposable en 1842
- Jean-Pierre PESCATORE (1793-1855), catholique proche des Pereire, fortune estimée en
1855 à 16 MF, et au décès 9,5 MF déclarés.
- Frédéric, comte PILLET-WILL (1781-1860), catholique actif et conservateur, surnommé le
« rothschild savoyard », fortune de 15 MF au décès
- Alexis, comte PILLET-WILL (1805-1871), fils du pcdt, catholique actif, au décès 39 MF
- Alphonse PINARD (1815-1871), catholique, frère de curé, fortune au décès env 10 MF
- Alexandre, marquis de PLOEUC (1815-1887), catholique actif, fortune au décès 1,1 MF
- Alfred PROST (1816-ap 1861), à priori catholique, génie ou escroc, à priori pas de fortune
- James de ROTHSCHILD (1792-1868), juif actif, « le roi », fortune au décès sup à 110 MF
- Alphonse de ROTHSCHILD (1827-1905), fils du pcdt, juif actif, fortune au décès 251 MF
- Edmond de ROUGEMONT de LOWENBERG (1819-1872), catholique, au décès 0,1 MF
- Casimir SALVADOR (1813-1876), à priori juif, fortune au décès 0,5 MF
- Alexandre SANSON-DAVILLIER, catholique ouvert aux protestants, au décès sup à 3 MF
- Achille, baron SEILLIERE (1813-1873), à priori catholique, 3ème génération de banquiers,
1867 3è fortune du Crédit Mobilier (60 MF, Pereire 120 MF, Galliera 80 MF), décès 26 MF
- Georges, baron de SOUBEYRAN (1828-1897), protestant, 50-60 MF en 1894/décès 1,7 MF
- Antoine J. STERN (1805-1885), juif, fortune au décès 50 MF (max ici : 15 enfants !)
- Paulin TALABOT (1799-1885), catholique polytechnicien, fortune au décès 4,5 MF
- Ludovic TENRE (1819-1895), catholique, probablement ruiné
- Charles-Xavier THOMAS de COLMAR (1785-1870), à priori catholique, au décès 19,3 MF
- Charles VERNES (1786-1858), protestant actif, fortune au décès 2,5 MF
- Adolphe LAURENS de WARU (1802-1890), à priori catholique, famille de financiers, 6MF
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Qu’est-ce que la Haute Finance Parisienne ?
Par Nicolas Stoskopf, CRESAT, Université de Haute-Alsace
Résumé
Il est admis que la haute banque parisienne formait une élite qui rassemblait au XIXe siècle
environ 10% des maisons de banque. Mais où fixer la limite inférieure ? La confrontation
avec les critères habituellement retenus conduit à un constat d’échec. C’est que l’appartenance
à la haute banque ne reposait pas sur des critères objectifs, mais sur une sorte de cooptation,
comme dans les clubs mondains : à qualité égale, certains y entraient et d’autres pas. Faute de
témoignages, l’historien peut retrouver les traces de ces choix en distinguant ceux qui se
regroupent et travaillent ensemble, de ceux qui restent à l’écart.
Un problème très pratique est à l’origine de cette interrogation sur la définition de la haute
banque, celui de pouvoir mettre une étiquette à des banquiers dans le cadre d’une recherche
prosopographique sur le patronat bancaire parisien du Second Empire. La langue française est
à cet égard beaucoup plus pauvre que l’anglaise qui établit une distinction fonctionnelle entre
merchant bank, discount house, private bank, etc. Le français ne fait que hiérarchiser : la
haute banque est une élite, un sous-ensemble de ce qu’on appelle, faute de mieux, la banque
privée . Au milieu du XIXe siècle, 10 % des banquiers, selon les chiffres communément
admis, ont droit à cette sorte d’appellation contrôlée, correspondant à 20 à 25 maisons de
banque sur un total de 200 recensées par l’annuaire parisien des adresses Didot-Bottin. Selon
quels critères ? A quelles conditions ? Où se situe la limite entre la haute banque et ce qui ne
l’est pas ?
Ces questions se posent notamment pour les nombreux banquiers qui se sont installés à Paris
après 1830, ont fondé des maisons devenant rapidement importantes, suffisamment en tout
cas pour prendre rang dans le mouvement des grandes affaires de l’époque .
Pour la période antérieure, les choses sont en principe plus claires parce que ces banques sont,
pour les plus récentes, contemporaines de l’apparition, sous la Restauration (1815-1830), de la
notion de haute banque, qu’elles ont donc été identifiées comme telles par les contemporains,
et que ces listes ont été ensuite reprises par de nombreux historiens. Sans prétendre être
exhaustif, on peut citer parmi ces anciennes maisons de haute banque, Davillier, Delessert,
Fould, Hottinguer, Mallet, Rougemont, Seillière dont l’implantation à Paris est antérieure à
1800, André, Hentsch, Lefebvre, Perier, Pillet-Will, Rothschild, installées à Paris pendant le
Consulat et l’Empire, enfin Ardoin, Dassier, d’Eichthal, Odier, Vernes, de Waru qui datent de
la Restauration.
On se propose de partir des définitions données par les « grands auteurs », de confronter les
critères, ainsi dégagées, aux maisons anciennes et nouvelles, puis d’émettre quelques
hypothèses de travail.
I. Les définitions classiques de la haute banque
Trois remarques préalables :
Il n’y a pas de définition simple de la haute banque : il faut en général plusieurs pages pour
venir à bout du concept ; même dans un manuel de premier cycle universitaire sur l’histoire
économique de la France au XIXe siècle, Dominique Barjot y consacre une page entière.
Deuxième constatation, ces pages mêlent, sans les distinguer vraiment, définition,
description et illustration par l’exemple. Ainsi, dire que la haute banque est composée surtout
de maisons juives et protestantes d’origine allemande ou suisse, est une mention essentielle
- 78 -
dans le cadre d’une description, mais ne relève pas d’une définition énumérant des conditions
nécessaires, puisque les Davillier, Laffitte, Perier, Pillet-Will, Seillière et quelques autres
apportent un démenti à une définition reposant sur les origines confessionnelles ou
géographiques.
Troisième constat, les historiens ont tendance à privilégier dans leur exposé le noyau dur de
la haute banque, le premier cercle, celui des Mallet, Hottinguer, Rothschild, sans intégrer
suffisamment à leurs raisonnements quelques maisons plus fragiles, plus récentes ou plus
modestes. Or, la haute banque n’est pas un bloc : il y a haute banque et haute banque…
Un consensus se dégage néanmoins sur trois points :
La haute banque forme une élite qui se distingue par son honorabilité, son renom, sa
respectabilité, sa solidité et sa stabilité, et donc par la valeur de sa signature qui inspire la plus
grande confiance à une époque où le risque lié aux paiements était très important.
Elle est organisée sur une base familiale, sous la forme de la société en nom collectif, voire
de la société en commandite simple, qui permettent une véritable osmose entre la famille et
l’entreprise. A noter qu’Alain Plessis accorde une importance particulière à ces deux premiers
points, qui sont d’ailleurs liés : la structure familiale et l’identification personnelle sont les
conditions de la confiance.
Elle s’occupe des grandes affaires, celles qui ont une dimension internationale, et, à ce titre,
elle intervient dans le négoce et sur le marché international des capitaux, celles aussi qui
concernent de près l’État, par le biais des adjudications d’emprunts, pratique qui apparaît
également en France à l’époque de la Restauration. Pour Maurice Lévy-Leboyer, ces
fonctions ont évolué avec le temps : ainsi, « au début des années 1830, les trois fonctions –
commerciales, bancaires et financières – correspondent aux activités passées, présentes et
futures de la haute banque parisienne ».
On constate en revanche un désaccord sur trois autres points :
L’ancienneté. Alors que Bertrand Gille considère que la haute banque était entièrement
formée en 1815, Maurice Lévy-Leboyer parle de « retouches de détail » après 1825, Alain
Plessis place la limite au milieu du XIXe siècle, estimant qu’il n’y a pas d’éléments nouveaux
après cette date, tandis que Louis Bergeron distingue plusieurs vagues de création bancaire,
dont il situe la dernière dans les années 1840-1850. On voit que la tendance est plutôt à
repousser cette limite chronologique et à relativiser la nécessité de l’ancienneté, ce qui traduit
en réalité l’opposition entre deux conceptions : la première est celle d’une notion fossile,
datée de la Restauration, qui ne traverse le temps que par les maisons qui en prolongent
l’usage jusqu’au XXe siècle ; la seconde en fait une notion vivante, au moins pendant une
bonne partie du XIXe siècle.
Désaccord aussi sur l’importance des capitaux opposant surtout les « anciens », Robert
Bigo et Bertrand Gille, qui juge les capitaux « pas considérables », « insignifiants », «
restreints et relativement fixes », alors que les « modernes » soulignent au contraire la
puissance financière de la haute banque.
Enfin, il y a discussion entre Bertrand Gille qui souligne le comportement individualiste de
la haute banque, l’absence de fusion, le décalage entre liens familiaux et professionnels, et
Alain Plessis qui insiste au contraire sur la cohésion du groupe, la coopération dans des
syndicats bancaires, et sur les alliances familiales.
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II. Anciennes et nouvelles maisons de banque confrontées aux critères des historiens
Notre démarche consiste donc à confronter ces critères aux anciennes maisons de haute
banque, reconnues comme telles, et aux nouvelles, sur lesquelles on se pose des questions, de
façon à tester leur validité et à les qualifier, ou non, comme conditions nécessaires pour une
définition de la haute banque.
Commençons par le plus simple, le caractère familial : les maisons de haute banque sont
nécessairement des entreprises individuelles ou des sociétés de personnes, pas des sociétés de
capitaux. Ce n’est pas une simple clause de style juridique : les gérants engagent leurs fonds
et leur fortune personnelle, éventuellement les capitaux apportés par des commanditaires,
mais pas l’argent d’actionnaires auxquels ils auraient à rendre des comptes. C’est un premier
critère qui permet d’écarter, au moins dans le cadre des conditions juridiques du XIXe siècle,
les sociétés en commandite par actions, et donc des maisons comme Lehideux & Cie , Béchet,
Dethomas & Cie, Leroy, de Chabrol & Cie, Calley de Saint-Paul, et de faire donc un premier
tri.
En revanche, l’osmose avec une famille n’est pas une règle absolue. Il n’y a pas lieu de rejeter
a priori des sociétés entre deux ou trois entrepreneurs dépourvus de liens de parenté, que cette
combinaison apparaisse ou non dans la raison sociale : Laffitte, Blount & Cie en 1834, Donon,
Aubry, Gautier & Cie en 1851, ou encore J.P Pescatore, fondée en 1844, associant le banquier
éponyme, d’origine luxembourgeoise, et l’Autrichien Frédéric Grieninger.
On retrouve de nombreuses associations similaires avant ou pendant la Restauration, qui
impliquaient des représentants, à venir ou consacrés, de la haute banque : Rougemont,
Hottinger & Cie (1786), Henri Hentsch, Blanc & Cie (1812), Ardoin, Hubbard & Cie (1819),
Ador, Vernes et Dassier (1821), Girard et de Waru (1826), successeurs de César de
Lapanouze lui-même associé aux frères Bartholony, Paccard, Dufour & Cie (1827), etc .
Il n’est pas rare même qu’un employé soit promu au rang d’associé : ainsi Jacques Antoine
Blanc avait commencé à neuf ans comme garçon de course chez Henri Hentsch ; Charles
Adolphe Demachy entra en 1836 à dix-huit ans à la banque Seillière sur la recommandation
d’Ouvrard, fut intéressé aux résultats en juin 1846 à raison de 5 %, associé à compter du 1er
janvier 1858, avec une part des bénéfices de 25 % et devint à la suite de la mort d’Achille
Seillière en 1873 le chef de la maison qui prit alors la raison sociale, Demachy, R. et F.
Seillière . Même dans des sociétés très familiales regroupant pères et oncles, frères et neveux,
une petite place parmi les associés gérants était souvent faite à des personnes étrangères à la
famille : Jean-Baptiste Amiel chez Hottinguer & Cie de 1839 à 1856, Jules Alisse chez Mallet
Frères & Cie jusqu’en 1848, Frédéric Mannberguer chez Perier & Cie à partir de 1865 .
Les nombreux changements de raison sociale qui caractérisent certaines maisons comme De
Neuflize, qui en connut neuf au XIXe siècle , Hentsch ou Fould, traduisent la complexité des
successions et ne permettent pas d’assurer à l’extérieur la lisibilité d’une quelconque
permanence familiale, laquelle passe donc nécessairement au second plan. C’est aussi parce
que les successions se faisaient parfois au profit de parents très éloignés, de surcroît par
alliance : quand ils sont entrés chez Fould en 1865, les frères Armand et Michel Heine étaient
les cousins germains par alliance de Cécile Furtado-Heine, fille d’un des gérants, Elie Furtado,
lui-même gendre du fondateur, Berr Léon Fould, beau-frère de ses fils Benoît, décédé depuis
1858, et du ministre de Napoléon III, Achille Fould ; Cécile Furtado-Heine était également
cousine germaine de l’autre gérant, Adolphe Fould, fils d’Achille…
En bref, la diversité des combinaisons empêche de retenir comme condition nécessaire la
composition familiale de la société.
- 80 -
De même, la condition de la participation aux grandes affaires n’est pas d’une très grande
utilité, car celles-ci étaient au milieu du XIXe d’un accès relativement facile :
La Caisse commerciale d’Alphonse Béchet, déjà « éliminée » comme société en commandite
par actions, présentait par ailleurs tous les caractères d’une maison de haute banque, avec des
comptoirs au Havre et à Bordeaux avant 1848, un succès dans un emprunt turc, soufflé aux
Rothschild en août 1852 et des intérêts dans les mines et fonderies de Santander (Espagne).
Une toute petite et éphémère maison, Delahante, Boykett & Cie, puis Delahante & Cie,
dirigée de 1845 à 1848 par Adrien Delahante, qui avait repris la clientèle du banquier
américain Samuel Welles, réussit également à évincer les Rothschild des finances pontificales
en 1847 en contractant avec Pie IX un emprunt de consolidation.
Émile d’Erlanger, dont la presse nous dit qu’il commença à Paris en 1859 « avec un guichet
ouvert sur le palier du troisième étage de l'escalier de service, au fond de la deuxième cour du
21, rue de la Chaussée d'Antin », fit rapidement fortune par des prêts aux confédérés
américains et à la Tunisie, puis cumula les « grandes affaires » en un temps record :
spéculation immobilière sur une grande échelle dans le quartier parisien d’Auteuil en 1862,
emprunt tunisien en 1863 aux dépens… des Rothschild, vente d’armes à la Tunisie en 1865,
concession du Câble transatlantique français en 1868, etc.
La dimension internationale, le concours aux finances publiques, les grandes affaires
industrielles étaient à la portée de l’élite bancaire en général. Battre les Rothschild sur leur
propre terrain était à la fois une performance suffisamment remarquable pour être mémorable
et suffisamment accessible pour tenter les audacieux ! D’une façon générale, on ne peut être
que frappé de la rapidité avec laquelle on accédait à cette élite ; la carrière d’un Jules Mirès
est à cet égard bien connue, celle d’Antoine Prost l’est moins : à la différence des Béchet,
Delahante et d’Erlanger, Prost était totalement dépourvu d’expérience familiale et de fortune
personnelle ; fils d’un médecin lyonnais, il commença comme plumitif dans la presse,
s’essaya à diverses affaires avant de lancer en avril 1852, avec un apport personnel de 30 000
francs, la Compagnie générale des caisses d’escompte dont l’objectif était de créer des caisses
en province et de les assurer contre les risques de perte. Le succès lui ouvrit en 1856 et 1857
les portes des grandes affaires : il créa coup sur coup la Compagnie générale de crédit en
Espagne, la Compagnie générale des mines en Espagne, le Crédit mobilier portugais, la
compagnie de chemin de fer Guillaume-Luxembourg… puis fut condamné pour escroquerie
en septembre 1858 et disparut. Il n’en reste pas moins que cet aventurier avait fait, pendant
quelque temps, jeu égal avec les plus grands, concurrençant les Pereire dans la péninsule
ibérique.
Pendant ce temps, certaines maisons de haute banque parcouraient le chemin inverse,
délaissant progressivement les grandes affaires internationales : la banque Ardoin qui avait été
très active en Espagne sous la Restauration, se spécialisa sous le Second Empire dans des
opérations immobilières à Paris qui furent loin d’être des réussites financières, comme le
percement du boulevard de Strasbourg et de la rue Lafayette, où Ardoin finit par s’effacer
devant le Crédit foncier . A sa mort, en 1871, Jules Ardoin, fils du fondateur, était un des rares
banquiers de sa génération à ne laisser à ses héritier qu’un petit demi million de francs et la
banque Ardoin, Ricardo & Cie ne lui survécut pas.
Ardoin n’était pas le seul à être sur cette pente déclinante à la fin du Second Empire, ce qui
conduit à des questions subsidiaires : existe-t-il un seuil en dessous duquel une maison cesse
de faire partie de la haute banque ou cette qualité est-elle perpétuelle ? La haute banque estelle assimilable à un diplôme, acquis une fois pour toute, ou à un label qui peut être remis en
cause ? On comprend que la réponse détermine aussi les conditions d’accès…
- 81 -
Pour les grandes affaires internationales, il est vrai que les banquiers immigrés avaient un
avantage a priori sur leurs collègues autochtones, grâce aux relations qu’ils conservaient avec
leur pays d’origine et aux réseaux formées par la dispersion des membres d’une même famille
sur les grandes places européennes. Les familles juives originaires d’Allemagne se sont fait
une spécialité de ce type d’organisation. Les nouveaux venus, les Stern, Bischoffsheim,
Koenigswarter, Cahen d’Anvers, Heine ou d’Erlanger n’avaient pas grand chose à envier de
ce point de vue aux plus anciens, les Fould, Rothschild et d’Eichthal. Rien sans doute ne
pouvait remplacer ces relations familiales, mais les autochtones disposaient de plusieurs
moyens pour compenser ce handicap par rapport à leurs collègues :
- S’associer ou nouer des relations étroites avec des banquiers étrangers ou implantés à
l’étranger comme l’ont fait Jacques et Jules Ardoin avec les Anglais Hubbard, puis Frédéric
Ricardo, Charles Laffitte avec l’Anglais Edward Blount, Benoît Fould avec la famille de sa
femme, les Oppenheim de Cologne, Alfred André avec Edouard Dervieu, un Français expatrié
à Alexandrie, Armand Donon avec l’Anglais William Gladstone, etc.
- S’allier à une banque bénéficiant de relais à l’étranger, selon la stratégie des maisons alliées
des Rothschild, les Davillier, les Durand ou les Lefebvre par exemple.
- Constituer son propre réseau de banques amies à l’étranger : ainsi Auguste Dassier avait à
sa mort en dépôt des valeurs chez dix sept banquiers en Europe et aux Etats-Unis qui étaient,
pour lui, autant de correspondants : Galline & Cie à Lyon ; Duval & Ribiollet et Paccard,
Ador & Cie à Genève ; Schultees à Zurich ; Morris, Prevost & Cie et Baring frères & Cie à
Londres ; Hope à Amsterdam ; C.F. Brot à Milan ; Quartara frères à Gênes ; Salomon de
Rothschild et Zimmermann & Thomas à Vienne ; Bethmann et Goll & Cie à Francfort ; de
Aham & Cie, L. von Hoffmann, et James King's Sons à New-York . Ces dépôts permettaient à
Dassier de faire des opérations sur toutes ces places et témoignent de l’étendue de son réseau
de relations.
- Quant à la respectabilité, on peut l’analyser à travers l’ancienneté et l’importance du capital
qui sont des composantes de la réputation d’une maison de banque.
L’ancienneté est une notion toute relative qui peut évidemment s’acquérir : la maison
Rothschild avait à peine plus de dix ans quand elle remporta les adjudications d’emprunt sous
la Restauration : Jacob Meyer Rothschild, qui n’était pas encore James de Rothschild, vint
pour la première fois à Paris en mars 1811 et s’y installa définitivement en 1812 ; il décrocha
son premier emprunt d’État à l’été 1823. Pour Jean Bouvier, il ne lui a pas fallu dix ans, mais
trois ans seulement, de 1814 à 1817, pour se faire admettre dans la haute banque de la capitale
sur un pied d’égalité . « Tout incroyable que cela ait pu paraître en 1850, souligne David
Landes, il n’en était pas moins vrai que même les Rothschild avaient été des braconniers dans
le champ des intérêts établis, une génération plus tôt seulement ». Il est clair en tout cas que
Rothschild n’a pas été handicapé, ni intimidé par son manque d’ancienneté sous la
Restauration par rapport à Mallet Frères, maison centenaire et doyenne de la haute banque
parisienne, fondée en 1723.
De même, cette « jeunesse » n’a pas empêché Laffitte, Blount & Cie, fondée en 1831, de
concurrencer Hottinguer dans le financement des compagnies ferroviaires de 1835 à 1846 ; ni
Meyer Joseph Cahen d’Anvers d’être admis à la Réunion financière, à l’unanimité en 1856,
sept ans seulement après son arrivée à Paris, et de rejoindre dans ce cartel bancaire, formé
autour des Rothschild pour contrer les Pereire, une partie de la fine fleur de la haute banque
parisienne ; ni les Delahante et d’Erlanger de souffler, comme on l’a vu, des affaires aux
Rothschild dès qu’ils l’ont pu. Certes, personne ne faisait de cadeau : « la haute banque savait
être tout à fait impitoyable envers les nouveaux venus et les maisons manifestement plus
faibles » remarque encore David Landes. « Par contre, une fois que ces maisons moins
importantes étaient établies, on les traitait avec les égards habituels ». Les Rothschild, de ce
- 82 -
point de vue, avaient en leur temps montré la voie ; ceux, qui un demi-siècle plus tard,
réussissaient à les devancer dans une adjudication d’emprunt, gagnaient leurs galons et
faisaient la démonstration de leur respectabilité naissante.
Compte tenu de ces observations, l’importance des capitaux serait sans doute un meilleur
critère, si elle n’était pas si difficile à déterminer. Dans les actes de société, on constate un
écart considérable entre les fonds sociaux de certaines grandes banques et d’autres qui sont
beaucoup plus petites : les Rothschild étaient tout à fait hors normes, puisque Bertrand Gille
estime leur capital à 102 millions dès 1825, dont 37 pour la maison de Paris. Vers 1860, des
maisons comme Hentsch, Perier, Marcuard (de Neuflize), Mallet, Mirabaud, Davillier,
Lefebvre affichaient un capital compris entre 2 et 4 millions de francs alors que Charles
Laffitte se contentait de 500 000 francs et que Sébastien de Neufville, héritier d’une grande
famille bancaire de huguenots installés à Francfort, démarra à Paris en 1849 avec un capital
de 120 000 francs dont la moitié apportée par la maison mère de Francfort. On est vraiment en
présence de deux mondes, ou même de trois si on admet que les Rothschild en constituaient
un à eux tous seuls.
En réalité, la portée de ces informations est réduite :
Ces montants sont d’abord assez éloignés des sommes réelles qui étaient laissées dans
l’affaire. Aux 4 millions du fonds social détenus par Joseph Perier s’ajoutaient par exemple
3,5 millions en compte courant et en créances diverses.
D’une façon générale, les fortunes au décès, en grande partie professionnelles, donnent une
meilleure idée de la puissance financière ; elles jouaient d’ailleurs un rôle essentiel comme
garantie de solvabilité des banquiers qui étaient responsables sur la totalité de leur fortune
personnelle : Jean-Pierre Pescatore laissa 16 millions de francs en 1855, Frédéric Pillet-Will,
15 millions en 1860, Auguste Dassier, près de 25 en 1862, Jean-Henri Hottinguer, 14 en 1866,
Louis Bischoffsheim, 36,5 en 1873, Meyer Cahen d’Anvers, 22 en 1881, Armand Heine, près
de 30 en 1883, Antoine-Jacob Stern, 50 en 1885, Frédéric Grieninger, 22 en 1888, Sébastien
de Neufville, 13 en 1891. On est loin des quelques millions affichés par les actes de société….
Enfin, l’accumulation de capital pouvait être très rapide et les situations évoluer très vite :
ainsi Edward Blount redémarra en 1851 avec un capital de 500 000 francs, dont il n’apportait
que la somme ridicule de 25 000 francs : il était soutenu à bout de bras par ses
commanditaires anglais. En l’espace de cinq ans, il porta son capital à six millions dont il
possédait les deux tiers et il s’installa triomphalement rue de la Paix. Manifestement, Blount
avait tenu à faire la démonstration publique de son redressement. D’autres n’ont pas eu ce
souci, préférant le secret à la publicité, ce qui oblige à rester prudent quant aux chiffres
publiés. Il faut donc éviter les conclusions hâtives et se garder d’exclure a priori des maisons
démarrant à un niveau très bas.
Les maisons de haute banque, nous dit-on, se distinguent par leur solidité et leur stabilité.
Mais Berr Léon Fould, fondateur de la maison Fould, fit deux fois faillite en 1799 et 1810
avant de prendre enfin un bon départ et d’être réhabilité en 1825.
La banque Thuret ne fonctionna que vingt-trois ans, de 1809 à 1832.
Delessert, D’Eichthal, Laffitte et Blount cessèrent leurs paiements en 1848.
De nombreuses maisons de haute banque ne dépassèrent pas une génération comme de Waru,
Dassier, Odier, deux générations comme Lefebvre ou Ardoin. Les dynasties sont plutôt
l’exception. Où est la solidité et la stabilité ?
Et comme toutes les entreprises, les maisons de haute banque, même les mieux établies,
n’étaient pas à l’abri de déconfitures plus ou moins honorables : Rougemont de Loewenberg
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ne comptait déjà plus à la fin des années 1830 selon M. Lévy-Leboyer , mais le pire était
encore à venir : la banque avait encore deux millions de capital au début des années 1850 où
elle était gérée par la quatrième génération représentée par deux frères, Edmond et Léopold ;
ce dernier, qui était le cadet et avait visiblement la confiance de son père, mourut dès 1852 ;
l’aîné vécut longtemps en concubinage et eut cinq enfants avant de songer à se marier en 1860.
Il cessa ses activités le 9 novembre 1864 : on procéda alors à une liquidation amiable sous la
surveillance de cinq commissaires. En 1865, il finit par céder à un tiers pour 200 000 francs,
qui devaient être distribués aux créanciers, l'actif restant à recouvrer. C’était la fin d’une
maison de haute banque qui avait perdu sa respectabilité.
Au terme de cette étude, force est de constater qu’on ne parvient pas à définir des limites
précises de la haute banque et que les conditions nécessaires se dérobent... Faut-il se résigner
alors à de l’à peu près, à un concept flou qui n’existe réellement que par son noyau dur et qui
perd progressivement de sa pertinence au fur et à mesure qu’on s’en éloigne sans qu’il y ait
une limite précise, sauf en ce qui concerne la forme juridique des sociétés ? C’est en tout cas
la conclusion à laquelle nous conduit cette confrontation des définitions, ou descriptions
classiques, avec les réalités historiques particulières.
III. Hypothèses sur un fonctionnement collectif de la haute banque
Il y a un moyen de sortir de cette impasse et de réintégrer dans la définition et la recherche des
limites l’ensemble des critères que l’on vient d’écarter et dont on sait bien pourtant qu’ils sont
globalement valides. Il suffit pour cela de partir de l’hypothèse que l’appartenance d’une
maison à la haute banque n’était pas fondée sur des critères objectifs, mais relevait d’abord
d’une appréciation subjective, d’un jugement global prononcé par le collectif informel des
anciennes maisons de haute banque, qu’il était donc le résultat d’une cooptation tacite : il est
clair dans ces conditions que la cohésion familiale, le montant des capitaux, l’ancienneté, la
stabilité, la dimension internationale, etc. étaient autant d’arguments à faire valoir pour entrer
dans le cercle de la haute banque.
Mais ce n’est pas à l’historien de faire le tri et de définir ou de pondérer ces conditions. Ce tri
a déjà été fait au nom de critères qui ont été soigneusement pesés, mais dont l’alchimie nous
échappe par la force des choses. Nous ne pouvons que constater, que décrire, mais en aucun
cas nous substituer aux contemporains et soumettre les banquiers du passé à un nouvel
examen fondé sur une grille de critères.
Cela ne veut pas dire que nous n’ayons pas de travail, car, à défaut de témoignages directs,
qui sont très rares, il est peut-être possible de retrouver les traces de cette cooptation. La
méthode pourrait être simplement de distinguer entre ceux qui se regroupent, qui travaillent
ensemble, et ceux qui restent isolés. C’est déjà ce que suggère Alain Plessis dans sa thèse sur
la Banque de France lorsqu’il souligne à propos des régents banquiers qu’ils forment, dans le
conseil de régence , « un petit groupe particulièrement cohérent », que cette « cohésion
provient avant tout des nombreux liens tissés entre eux par les affaires », liens qui « se
doublent souvent d’alliances familiales plus ou moins lointaines », de relations amicales ou
mondaines dont témoignent les signatures au bas des contrats de mariage. « Ces régents, écritil, constituent en quelque sorte une grande famille, « une haute famille » selon l’expression
employée par Capefigue à propos des banquiers du Second Empire ».
On peut étendre à l’ensemble de la haute banque cette formule en l’amendant quelque peu :
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D’abord, les rivalités à l’intérieur de la « famille » l’ont fait éclater en plusieurs clans, parfois
rivaux, sous le Second Empire, mais cela n’empêche pas la cohérence de rester forte à
l’intérieur des différents groupes ainsi formés.
A la métaphore familiale, on pourrait d’autre part préférer une assimilation au fonctionnement
des clubs mondains qui procèdent également par cooptation et contribuent à sélectionner une
élite sociale. Il se trouve que le développement de la haute banque est contemporain de cette
forme de sociabilité très typique du XIXe siècle ; on peut donc penser qu’il y a eu une sorte de
mimétisme, entre le fonctionnement du milieu de la haute banque et celui des clubs ou cercles
auxquels de nombreux banquiers appartenaient.
Cette analogie permettrait de rendre compte de l’évolution des conditions d’admission : très
ouvert sous la Restauration au moment de la formation du groupe, celui-ci s’est
progressivement fermé à mesure que les « titulaires » prenaient conscience de leurs
spécificités, fondées sur l’ancienneté, les traditions familiales, les opérations menées en
commun, et qu’ils se méfiaient des nouveaux venus, volontiers considérés comme des
aventuriers, voire comme des parvenus, à mesure aussi que l’environnement financier se
transformait avec la révolution bancaire et le développement de la nouvelle banque. Toujours
à propos des régents de la Banque de France, Alain Plessis note qu’ils « admettaient mal que
de nouveaux venus prennent place parmi les notabilités financières sans respecter les
positions établies ». Ce type de réaction ne pouvait que s’accentuer avec le temps : plus on
avançait dans le siècle, et plus la haute banque pouvait mettre en avant les arguments de
l’ancienneté, de la respectabilité, de la solidité. Cette élite se serait transformée peu à peu en
aristocratie fermée.
Un tel scénario permet également de comprendre pourquoi les banquiers juifs et protestants
étaient plus nombreux et s’agrégeaient plus facilement à la haute banque : ils bénéficiaient
d’un préjugé favorable de la part de leurs coreligionnaires ou de leurs compatriotes qui parfois
connaissaient leur famille de longue date, alors que les provinciaux français, qui venaient des
différents coins de l’hexagone, n’avaient évidemment pas cet avantage. C’est pourquoi, on
retrouve ces derniers en nombre à la tête des commandites par actions (Lehideux, Béchet,
Leroy, de Chabrol, etc.) ou des sociétés anonymes bancaires (Comptoir d’escompte de Paris,
Crédit foncier, banques de dépôts).
Mais il ne faut pas non plus en faire une règle absolue : Émile d’Erlanger, originaire de
Francfort, est resté toujours assez isolé, soit en raison de l’hostilité des Rothschild à son égard,
soit parce qu’il est apparu d’emblée comme un aventurier peu digne de confiance, dû à sa
conversion au catholicisme, bien que ce ne soit pas une démarche rare parmi les banquiers
israélites : Adolphe d’Eichthal s’était converti en 1817 au catholicisme avec toute sa famille
avant d’opter pour la religion réformée à la veille de son mariage en 1834 ; Adolphe Fould et
Auguste Dreyfus, le roi du guano péruvien, étaient par ailleurs catholiques.
Il reste à examiner quelles traces peuvent être en pratique utilisées pour faire le tri entre ceux
qui sont dedans et ceux qui restent à l’extérieur.
Etre élu, par cooptation, régent de la Banque de France constitue à l’évidence une de ces
traces : seuls les banquiers d’un certain niveau, entourés de toute la respectabilité nécessaire,
pouvaient siéger au conseil de régence. Et s’ils la perdaient, ils dérogeaient et démissionnaient
d’eux-mêmes comme le firent Adolphe d’Eichthal en mars 1848 ou James Odier en 1857.
Mais on ne peut évidemment se limiter à cet indice : l’idée générale est de chercher qui
travaille avec qui, et donc de fouiller dans les listes de fondateurs de sociétés et
d’administrateurs, en partant du principe qu’un banquier n’engage sa réputation, ses fonds et
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sa responsabilité, notamment si c’est à long terme, dans une affaire industrielle, que s’il est
tout à fait sûr de ses partenaires, qu’il les considère donc comme ses pairs.
Voici l’exemple de la Compagnie générale des allumettes chimiques formée à Paris en
octobre 1872 : la liste des fondateurs est éloquente et évoque un syndicat financier de la haute
banque, celle des administrateurs aussi puisqu’on y trouve Alphonse Mallet, Charles
Demachy, Armand Dutfoy, Rodolphe Hottinguer, Henri Mirabaud et le comte Pillet-Will.
C’est un cas exceptionnel, mais très parlant, qui nous éclaire en l’occurrence sur Armand
Dutfoy : issu d’une famille industrielle, il avait passé une partie de sa vie en Russie avant de
s’installer à Paris et d’y fonder une maison de banque en 1849 (qui deviendra ultérieurement
la banque Hoskier) ; proche du Comptoir d’escompte, administrateur de la Banque de dépôt et
de crédit des Pays-Bas , il semble en 1872 tout à fait intégré à la haute banque.
Hormis cet exemple, qui est malgré tout assez exceptionnel, il est commode pour le Second
Empire de partir des groupes bancaires qui sont d’excellents indicateurs : faire partie de la
Réunion financière équivaut à une appartenance à la haute banque ; le groupe Pereire ne pose
guère de problèmes non plus : les Fould, Seillière et d’Eichthal, qui ont été des chevilles
ouvrières des sociétés Pereire, lui ont donné la caution de la haute banque ; les familles Mallet
et André, sans être aussi nettement impliquées, y étaient représentées par Charles Mallet,
vice-président du Crédit mobilier, et par Ernest André ; quant au Perier et aux Hottinguer, ils
ont accepté des collaborations ponctuelles, les premiers à la Compagnie maritime, future
Transatlantique, où siégeait Joseph Perier, les seconds aux chemins de fer russes et à la
Banque impériale ottomane.
Il est en revanche plus délicat de trancher pour les autres groupes : la question est de savoir
par exemple si la présence d’Edouard Hentsch dans le groupe du Comptoir d’escompte de
Paris, qui se forme au début des années 1860, suffit à donner le label de la haute banque à
ceux qui travaillaient avec lui et siégeaient le cas échéant dans les mêmes conseils
d’administration, c’est-à-dire les Bischoffsheim, Hollander, Dutfoy ou Lévy-Crémieu . Il
serait prudent de considérer que ce n’était pas suffisant et de chercher d’autres preuves dans
d’autres sociétés : elle a été trouvée pour Dutfoy au conseil de la Compagnie des allumettes
chimiques. Louis Bischoffsheim était un banquier de très haut niveau, bénéficiant d’un réseau
familial très étendu comprenant les Goldschmidt, Bamberger, Stern, Hirsch qui avait débuté à
Amsterdam en 1820, s’était installé à Londres en 1840 et à Paris en 1848 seulement. On le
trouve, dès sa fondation en 1852, à la Compagnie des Chemins de fer du Midi, du groupe
Pereire, mais il n’y côtoyait pas de représentants de la haute banque, hormis Adolphe
d’Eichthal qui n’en était pas une figure centrale après ses déboires de 1848. Il faut, semble-t-il
attendre les années 1860 pour voir Bischoffsheim intégré à la haute banque parisienne, via sa
participation aux sociétés du groupe de la Société générale qu’il avait contribué à fonder.
Joseph Hollander, cogérant de la banque Trivulzi, Hollander & Cie, devint en 1882 président
de la Société française de Reports et de Dépôts où siégeaient également Paul Mirabaud, qui
lui succédera, et Auguste Hentsch. Marc Lévy-Crémieu, condamné dans le procès des
coulissiers de 1859, paraît beaucoup plus isolé, beaucoup moins fréquentable…
Quant au groupe Donon, il est resté totalement à l’écart de la haute banque : ses fondateurs,
Armand Donon et ses associés, Maurice Aubry et Jules Gautier, étaient a priori respectables,
proches du pouvoir puisque banquiers du duc de Morny, présents sur le marché international
des capitaux, très actifs sous le Second Empire, mais ils n’ont pas fait affaire avec des
membres de la haute banque, sauf à contretemps : ainsi Edmond de Rougemont entra au
conseil de la Société de dépôts et de comptes courants, banque de dépôts fondée par Armand
Donon en 1863, un an avant qu’il ne liquide sa banque. De plus, Jules Gautier échoua en 1864
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dans une tentative pour entrer au conseil de régence de la Banque de France alors que son
père, Jean-Élie, en avait été le sous-gouverneur de 1833 à 1858. Pourquoi cet ostracisme ?
Peut-être en raison d’un (anachronique) « délit d’initié », dont se serait rendu coupable
Armand Donon en spéculant sur la rente à la veille du coup d’Etat du 2 décembre 1851, ce qui
aurait aliéné une haute banque très marqué par l’orléanisme et jalouse des faveurs accordées à
ces nouveaux venus ; peut-être aussi à cause de méthodes ou d’objectifs jugées trop
novateurs : Armand Donon a été en effet le promoteur de l’introduction en France des
méthodes anglaises de banque, de la banque de dépôts, du chèque, du clearing house. Il a
réussi à imposer ses vues, notamment à partir de la fondation du Crédit industriel et
commercial (CIC) en 1859, mais moins sa propre personne ; il s’est allié avec des politiques,
des hauts fonctionnaires, avec des banquiers aussi, nobles de préférence, comme si cette
noblesse pouvaient compenser le fait de ne pas appartenir à la haute banque (Sébastien de
Neufville, André de La Bouillerie), mais pas avec la haute banque qui semble l’avoir évité.
Bertrand Gille, citant le Journal du crédit public, nous en apporte une preuve datée de 1857, à
une époque où se posait le problème de la création de nouveaux établissements de crédit : la
Réunion financière repoussa les ouvertures du groupe Donon, qui recherchait une fusion des
projets, « ne voulant pas admettre des noms qui n’avaient point acquis leurs chevrons dans ce
qu’on nomme la haute banque et la grande finance ». La crainte de la mésalliance fut alors
déterminante.
Les limites que l’on cherchait dans des facteurs objectifs, devraient donc être plutôt
recherchées dans les têtes, c’est-à-dire dans les représentations que se faisaient les banquiers
les uns des autres : on y retrouve évidemment l’idée centrale de respectabilité, dont les
contours étaient à l’appréciation des contemporains selon des critères qui ne sont pas toujours
transparents et qu’il serait vain d’inventorier. Mais l’historien peut passer outre en se fiant à
un certain nombre d’indices, notamment la composition des conseils d’administration des
grandes sociétés financières ou industrielles et, peut-être aussi, les signatures au bas des
contrats de mariage…
On peut alors s’en tenir à une proposition de définition très simple : la haute banque regroupe
des entreprises individuelles ou des sociétés de personnes qui se reconnaissent et se cooptent
mutuellement ; elle forme une élite bancaire qui se distingue par son honorabilité, sa
puissance financière et ses activités tournées vers le marché international des capitaux et le
service de l’Etat.
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Histoire des banques en France – surtout à partir du XIXème siècle jusqu’à nos jours
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- Rivalité entre banque protestante, juive et catholique aux USA vers le début du 20ème siècle
(Le Monde, 07 octobre 2008)
L'hostilité entre JPMorgan et Lehman Brothers est ancienne.
Fondée en 1844 par un émigré allemand à Montgomery (Alabama), Henry Lehman, rejoint
par ses deux frères, Emmanuel et Meyer, Lehman Brothers se spécialise dans l'escompte des
billets à ordre. En 1869, un autre émigré allemand, Marcus Goldman et son gendre Samuel
Sachs créent un établissement similaire, baptisé Goldman Sachs.
Salomon Bros (1910) et Kuhn Loeb (1867) complètent le réseau des banques juives.
Sujets au départ à une véritable ségrégation de la part des grandes banques de l'establishment
protestant - en particulier JPMorgan, affichant un antisémitisme déclaré -, les établissements
juifs sont exclus des grands financements industriels : l'automobile, l'acier, le rail ou le pétrole.
"Laissons le petit négoce de la finance aux juifs", déclare John Pierpont Morgan, dit JP
Morgan (1837-1913).
Jusqu'au début des années 1960, les Lehman, Goldman, Salomon et consorts doivent se
contenter du commerce et de la distribution, du textile et de l'agroalimentaire. Egalement
victimes d'ostracisme, les milieux d'affaires catholiques se cantonnent, eux, à la banque
commerciale. Merrill Lynch, fondé par un Irlandais catholique, sera l'exception. En 1948,
JPMorgan participe au boycottage arabe, afin de profiter à bon escient de la manne des
pétrodollars. La première transaction dans l'Etat hébreu n'a lieu qu'en 1996.
Mais alors que les enseignes protestantes se reposent sur leurs lauriers, embourbées dans leur
suffisance, leurs concurrents juifs se créent une clientèle fidèle parmi les nouveaux acteurs
économiques, en particulier dans les services. Elles s'introduisent auprès des investisseurs
institutionnels comme les caisses de retraite, qui disposent de capitaux considérables et se
sentent "snobées" par les maisons WASP (White Anglo-Saxon Protestant, c'est-à-dire blancs,
anglo-saxons et protestants). Ces établissements se montrent particulièrement innovateurs en
matière de montages financiers, à l'exemple du négoce des obligations ou des matières
premières.
De nos jours, de l'avis général, la distinction religieuse n'est plus de saison. Seuls certains
clubs privés de businessmen des banlieues cossues new-yorkaises excluent toujours ce qui est
noir, jaune ou juif !
Marc Roche
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Chronologie des banques en Europe (wikipédia) : quelques extraits des faits
http://fr.wikipedia.org/wiki/Chronologie_des_banques_en_Europe
La chronologie des banque en Europe montre une évolution progressive du système de
banques familiales privées assurant des opérations de change ou de marché, vers de grandes
banques mieux capitalisées assurant des activités plus risquées telles que le crédit aux
entreprises et aux particuliers.
XIIIe siècle
1250 : l'Arte del Cambio des changeurs et banquiers de Florence devient l'un des cinq Arti
maggiore.
1252 : l'Arte del Cambio lance le florin d'or, valant deux florins d'argent.
1259 : Une des premières banqueroutes documentées dans le secteur bancaire, celle de
Leccacorvo à Gênes.
1264 : Saint Louis créé le Gros tournois d'argent et l'écu, appelé aussi louis d'or, interdit aux
féodaux de battre monnaie.
1265 : fabrication des florins dirigée par deux signori della zecca élus tous les six mois par les
capitudini des arts, l'un de la corporation des changeurs l'autre des lainiers
1270 : les exportateurs de laine anglaise demandent à être payés en florins, via la banque de la
famille Peruzzi.
1282 : Venise créé le ducat d'or.
1298 : Sienne, la banque des Buonsignori (connue aussi sous l'appellation de Gran Tavola)
subit une banqueroute retentissante, peut-être à l'instigation du pape comme punition de son
soutien au parti gibelin
1299 : la banque florentine de la famille Frescobaldi signe un contrat avec Londres permettant
d’acheter le minerai d'argent de Cornouaille.
XIVe siècle
1300 : Lucque, banqueroute de la banque Ricciardi.
1302 : matines de Bruges ou assassinat dans leur chambre à coucher d'un millier de partisans
français de Philippe le Bel, accusé d'avoir dévalué. À Florence, début d'une série de faillite
qui emporte la banque des Mozzi, suivit pas celle des Pulci et des Rimbertini (1306), des
Franzesi (1307), des Pulci et des Cerchi (1309) et des Frescobaldi (1312)[3].
1304 : l'arsenal de Venise, lance de grands travaux et quadruple de taille en vingt ans grâce à
la « fièvre de l'argent » apparue en 1290 à Kutna Hora.
1307 : la famille Pisdoe, banquiers des Capétiens depuis plus d'un siècle à Paris est chargée de
la liquidation des biens des templiers.
1313 : banqueroute de la banque Tolomei à Sienne[4].
1326 : Florence, faillite de la plus grande banque italienne du moment, celle des Scali.
1340 : début d'une nouvelle série de banqueroutes à Florence, les Bonaccorsi, les Corsini et
les Antellesi (vers 1340), les dell'Antenna, les Cocchi et les Uzzano (en 1342)[4].
1343 : faillite des banquiers de la famille Peruzzi, après le défaut de remboursement des prêts
octroyés à Édouard III d'Angleterre. Suivit la même année par la banqueroute des Acciaiuoli,
puis trois ans plus tard par celle des Bardi.
1358 : Charles V confisque les biens des Pisdoe qui ont financé la révolte de Paris menée par
Étienne Marcel et les contraint à l'exil.
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XVe siècle
1400 : à Venise, le banquier Pietro Benedetto fait faillite à la suite d'un épisode de panique à
l'annonce de sa maladie (peste) qui s'avère n'être qu'une rumeur.
années 1460 : Cosme de Médicis, dit « Cosme l'Ancien » (1434-1464) fait de la famille
Médicis la banquière du pape.
1464 : huit banques florentines sont mises en faillite.
1472 : les magistrats de Sienne en Toscane (Italie), créent la Monte dei Paschi di Siena, la
banque la plus ancienne au monde encore en activité.
1477 : faillite de la branche vénitienne de la banque des Médicis suivit l'année suivante par
celle de Milan, puis en 1481 par celle d'Avignon et an 1481 par celle de Bruges.
1478 : la conjuration des Pazzi, complot à Florence contre Laurent le Magnifique et les
Médicis échoue, nombreux exils, dont celui des Peruzzi.
1490 : Jacob Fugger s'empare des mines d'argent de Schwaz, où travaillaient jusqu'à 11 000
ouvriers, produisant 85 % de l'argent mondial et frappant le thaler
1494 : banqueroute définitive de la banque des Médicis à Florence. La même année Jacob
Fugger et Jan Thurzo transforment leurs créances à Špania Dolina pour creuser une mine
mieux équipée
1499 A Venise, Banqueroute de la banque Garzoni.
XVIe siècle
1519 : Jacob Fugger fournit à Charles Quint les sommes nécessaires à l’achat des votes des
sept électeurs qui l´élisent empereur du Saint-Empire romain germanique. Luther s'en indigne,
le protestantisme s'étend.
1528 : alliance de Gênes avec l'empereur, suivant cet accord les banquiers de la ville vont
dominer les marchés financiers européens jusqu'aux années 1620. C'est le siècle des Génois.
années 1540 : la couronne d'Angleterre confisque les biens du clergé catholique, fonde
l'anglicanisme.
1543 : Great Debasement, ou grande dévaluation anglaise, la proportion d'argent dans les
pièces progressivement divisée par quatre en huit ans, pour tomber à un quart en 1551.
1551 : crise monétaire anglaise des années 1550, provoquée par le Great Debasement.
1557 : krach des emprunts d'État du Grand Parti de Lyon émis en 1555, l'empire espagnol
produisant moins d'or qu'espéré.
1565 : montée en puissance du Cerro Rico, l'immense mine d'argent bolivienne du Potosi.
1577 : stabilisation de la livre tournoi par Henri III de France à la demande des marchands de
Lyon.
1594 : à Florence, proche de la banqueroute, la dernière grande banque de la ville, celle des
Ricci, obtient des fonds du Grand Duc
XVIIe siècle
1604 : Sully, ministre d'Henri IV de France, effectue une vérification générale des dettes de
l'État et décide une conversion forcée des créances restantes, avec un taux d'intérêt ramené à
4 % et une amputation de 40 % du capital.
1609 : création de la Banque d'Amsterdam.
1629 : banqueroute de l'une des dernières banques florentines, les Bonvisi.
1644 : Stockholm forge le kopparplåtmynt de cuivre, qui pèse 19,7 kg, vaut 10 dalers d’argent
et mesure 30 centimètres sur 70 pour gagner la guerre de Trente Ans.
1656 : fondation de la Banque de Stockholm par Johan Palmstruch.
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1663 : Colbert fait baisser le taux d'intérêt des rentes constituées, pour atténuer le poids
économique des rentiers, afin de favoriser le développement économique.
1665 : les conférences ecclésiastiques de Paris étudient les rentes constituées et conclurent
que ce n'était pas de l'usure, sous certaines conditions
1672 : une armée française parvint à Utrecht, panique parmi les détenteurs de billets de la
Banque d'Amsterdam: tous réclamaient le remboursement.
1690 : la Banque de Stockholm, ou Riksbanken (en effet la Banque des États Généraux de
Suède à partir de 1668), est la première à émettre de véritables billets de banque.
1694 : création de la Banque d'Angleterre, la première des grandes banques d'émission, par
William Paterson.
1695 : la fuite des capitaux provoque la crise monétaire anglaise des années 1690, il faut 50 %
de shilling en plus en un an pour acquérir une guinée d'or
XVIIIe siècle
1707 : Acte d'Union liant Écosse et Angleterre. Le projet Darién de William Paterson devient
"Company of Equivalent Proprietors" par un échange d'actions, puis la Scottish Banking
Company de 1727, vite renommée Royal Bank of Scotland.
1708 : la Banque d'Angleterre de William Paterson obtient le monopole d'émission des billets
de banque, parmi les sociétés par actions, pour sécuriser et stabiliser le système.
1711 : création à Londres de la Compagnie des mers du Sud.
1714 : création à Tours de la Banque Goüin par Henri-François Goüin.
1716 : la Banque générale, créée par John Law, autorisée à émettre du papier-monnaie contre
de l'or.
1716: création de la chambre de justice, pour gérer l'héritage financier de Louis XIV.
10 avril 1717 : les billets de la Banque générale peuvent être reçus en paiement des impôts.
1717 : la Compagnie d'Occident créée par John Law.
1718 : la Banque générale de John Law devient Banque royale.
1720 : banqueroute de la Banque royale à Paris et explosion de la bulle de la Compagnie des
mers du Sud (South Sea Company), à Londres.
1750 : les country banks (banques de comté) anglaises sont une douzaine, selon Fernand
Braudel.
1752 : le banquier jacobite Nicolas Robert d'Arcy investit dans la compagnie de Carmaux, la
Compagnie des Mines de Basse-Bretagne et la Compagnie des mines de Montrelais.
1753 : Jacques-Louis de Pourtalès fonde à Genève une banque doublée d’une agence de
transports, d’exportations et d’importations.
1754 : Jacques Necker débute dans la banque Thellusson et Vernet comme simple commis à
Genève, puis à Paris,
1762 : Georges-Tobie de Thellusson créé avec lui Thellusson, Necker & Cie, au service de
350 créanciers étrangers de la monarchie. Ils font fortune en spéculant sur la dette publique
lors de la paix de 1763,
1770 : Nicolas Beaujon, receveur des finances de Rouen, enrichi dans des spéculations sur les
céréales, devient banquier de la cour, fermier général et conseiller d'État.
1774 : la fuite de capitaux anglais de 1774 se traduit par la sortie de pièces d'or et d'argent,
mais les billets de banque compensent.
1776 : création de la Caisse d'escompte par Isaac Panchaud, banquier suisse, théoricien de
l’amortissement, admirateur de la révolution financière britannique.
1777 : tous les banquiers de Londres ont cessé leurs émissions de billets, remplacées par
l'usage du chèque
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1782 : Jean-Frédéric Perregaux déménage sa banque rue du Sentier, devient le banquier des
voyageurs français ou étrangers venus à Paris.
1784 : les country banks (banques de comté) anglaises sont 120.
1789 : fondation à Cologne de Sal. Oppenheim, qui financera l'expansion ferroviaire
allemande dans les années 1860.
1791 : le gouvernement américain crée la First Bank of the United States chargée de
l'émission de la nouvelle monnaie américaine et de la régulation du crédit.
1793 : mise en liquidation de la Caisse d'escompte par la Convention
1793 : le refus de la Banque d’Angleterre d’escompter pour la banque Lane, Son and Fathers,
déclenche une crise de confiance bancaire anglaise.
1794 : la Banque d'Amsterdam avoue que depuis cinquante ans elle s'était mise à découvert de
10 millions et demi de florins
1796 : fondation de Hy Hentsch & Cie par Henri Hentsch.
1797 : Bank Restriction Act, qui rend les billets de banque britannique inconvertibles en métal
précieux
1797 : banque du Comité de Salut Public créée par Jacques Laffitte, banquier et homme
politique français (1767-1844).
XIXe siècle
23 juillet 1805 : fondation à Genève de la « Banque de Candolle, Mallet & Cie », rebaptisée
Pictet & Cie en 1925.
1806 : Mayer Amschel Rothschild fonde une dynastie et permet à Guillaume IX de Hesse de
sauver sa fortune lors de l'invasion de la Hesse-Cassel par les armées napoléoniennes.
18 juin 1815 : Nathan Mayer Rothschild (1777-1836) réussit un délit d'initié à Londres : il
connaît le résultat de la bataille de Waterloo et lance la rumeur que Napoléon a gagné.
28 avril 1816 : la Caisse des dépôts est créée pour rétablir la confiance dans les finances
publiques, après les désordres du Premier Empire.
1816 : charte de Second Bank of the United States, cinq ans après l'expiration de la First Bank
of the United States.
22 mai 1818 : première ouverture d'une Caisse d'Épargne, à Paris, mais faible capacité
d'épargne des classes populaires, et médiocre confiance envers l'institution.
1819 : l'Act for the Resumption of Cash Payments annonce la reprise de la convertibilité,
effectuée dès 1821.
1820 : les banques régionales anglaises émettent des billets de petites dénominations.
1826 : la 1re version du Bank Charter Act accorde à la Banque d’Angleterre un monopole
partiel d'émission des billets, par de nouvelles succursales régionales, et facilite les banques
par actions.
1827 : création de la Société commanditaire du commerce et de l'industrie par Jacques Laffitte.
1833 : deuxième version du Bank Charter Act, anglais, encourageant la création de banques
par actions, assez capitalisées pour faire du crédit à grande échelle.
1833 : la 2e version du Bank Charter Act permet 30 introductions en bourse de banques
capitalisées sous forme de sociétés par action dans les trois années qui suivent. Les billets de
la Banque d'Angleterre deviennent monnaie légale.
1833 : fondation de la National Provincial Bank en vertu du Bank Charter Act.
1834 : fondation de la Westminster Bank pour la région de Londres, qui fusionnera en 1970
avec la National Provincial Bank, pour créer la la National Westminster Bank, 3e banque
britannique.
5 juin 1835 : la loi reconnaît les Caisses d'épargne comme établissements privés d'utilité
publique. Le succès s'amorce, avec des dépôts de 147 millions de francs.
- 101 -
1836 : 59 banques britanniques par actions entrent en Bourse de Londres dans l'année.
1836 : fondation de la Midland Bank
1836 : création à Paris de la Caisse générale du commerce et de l'industrie, par Jacques
Laffitte.
1836 : Specie Circular américaine imposant aux acheteurs de terrains d'État de payer en or,
pour doper la prospection minière à l'ouest.
1837 : Panique de 1837 le 10 mai à New York, lorsque les banques cessent tout paiement en
espèce (monnaie or ou argent). La dépression dure cinq années, accompagnée de faillites
bancaires.
31 mars 1837 : loi qui confie à la Caisse des dépôts l'administration des fonds des Caisses
d'épargne.
1839 : les Caisses d'épargne sont 284, puis 364 en 1847, et 546 en 1895.
1844 : reprise de la Caisse générale du commerce et de l'industrie par Alexandre Goüin après
le décès de Jacques Laffitte.
1844 : frein à l'expansion de crédit: la 3e version du Bank Charter Act impose le currency
principle voulant que l'émission de billets de banque soit proportionnelle à la quantité d'or
détenue dans les réserves de la banque d'Angleterre
1847 : le mouvement mutualiste naît en Rhénanie sous l’impulsion de Frédéric-Guillaume
Raiffeisen. Confronté à la misère agricole de l’époque, il crée une association pour le pain
puis une autre pour le crédit.
1848 : la masse monétaire cumulée de la France, l'Angleterre et les États-Unis se compose
encore à 63 % d'espèces métalliques et seulement à 20 % de billets de banques.
1848 : décret créant les comptoirs nationaux d'escompte. L'État et les municipalités nomment
les dirigeants et apportent leur garantie en fournissant les deux tiers du capital.
1848 : le décret fait naître le Comptoir national d'escompte de Paris et le Comptoir national
d'escompte de Mulhouse, qui se fondront au XXe siècle dans la BNP.
1848 : la ruée vers l'or en Californie puis en 1851 en Australie consolident la confiance dans
les billets de banque.
1848 : Alexandre Goüin liquide la Caisse générale du commerce et de l'industrie après les
événements de 1848.
1850 : création de la Caisses des actions réunies, par Jules Mires et Moïse Polydore Millaud
(1813 – 1871), tous deux journalistes, au capital de 6 millions de francs.
1852 : création du Crédit mobilier, par les frères Pereire, au capital de 60 millions de francs.
1852 : création du Crédit foncier, qui va financer la transformation des grandes villes, en
particulier de Paris.
1854 : décret impérial privatisant les comptoirs d'escompte.
1854 : le Crédit foncier doté d’un statut analogue à celui de la Banque de France.
1855 : l'Angleterre compte 400 établissements bancaires, qui ont 1 200 agences.
9 mars 1856 : l'État interdit au Crédit mobilier d'émettre des obligations, pour calmer la
spéculation.
1er janvier 1857 : droit d'entrée d'un franc à la Bourse des valeurs et de cinquante centimes à
la Bourse des marchandises, pour calmer la spéculation.
1857 : panique financière de 1857.
1860 : traité de libre-échange avec l'Angleterre: le Comptoir national d'escompte de Paris
ouvre des agences à Londres, Shanghai, Calcutta, Yokohama ou Sydney, pour « combattre la
Grande-Bretagne à armes égales ».
1862 : fondation en Suisse de la banque de Winterthour.
1863 : fondation en Suisse de la banque de Toggenburg. Les deux banques se fondront dans
l'Union de banques suisses en 1912.
- 102 -
1863 : la Banque de crédit et de dépôt des Pays-Bas, fondée à Amsterdam, avec succursales à
Paris et en 1870, Bruxelles, Anvers, Genève.
1863 : création du Crédit lyonnais.
1864 : création à San Francisco de la Bank of California
1864 : création de la Société générale.
1865 : création de la Lloyds Bank.
1865 : la "Hongkong and Shanghai Banking Corporation Limited", future HSBC fondée à
Hong Kong par l'Écossais Thomas Sutherland pour financer le commerce dans l'ExtrêmeOrient.
1867 : Anthony J. Drexel s'associe à John H. Harjes et Eugene Winthrop pour fonder à Paris
la banque "Drexel, Harjes & Co.
1868 : fondation de la Banque Workman et Temple à Los Angeles
1868 : la Caisse des dépôts créé la Caisse nationale d’assurances en cas de décès (CNAD) et
la Caisse nationale d’assurances en cas d’accidents (CNAA).
mai 1870 : Armand Mandel, devant la Cour d'assises du Brabant, démonte les mécanismes de
l'empire financier d'André Langrand-Dumonceau
1870 : effondrement du Crédit mobilier à Paris.
5 janvier 1870 : le préfet de la Seine Georges Eugène Haussmann destitué, peu avant le départ
de Napoléon III
1870 : fondation de la Deutsche Bank à Berlin, par Ludwig Bamberger, pour assister les
entreprises allemandes, notamment Siemens, dans leur expansion internationale.
1870 : la Commerzbank fondée par des marchands et des banquiers de Francfort.
4 décembre 1871 : la loi monétaire prussienne du 4 décembre 1871 oblige la France à verser 5
milliards de francs en or, expansion monétaire
1871 : Anthony J. Drexel revient aux États-Unis, s'associe à John Pierpont Morgan pour créer
la banque Drexel, Morgan & Co
1872 : Émile Zola décrit les spéculations du préfet Georges Eugène Haussmann dans La
Curée
1872 : la Deutsche Bank ouvre des filiales à Yokohama et Shanghai, au Royaume-Uni en
1873, aux États-Unis en 1880, en Russie en 1881.
27 janvier 1872 : La Banque de Paris et des Pays-Bas (Paribas) est fondée à Paris à partir de la
Banque de crédit et de dépôt des Pays-Bas et la Banque de Paris.
12 février 1871 : le Coinage Act de 1873 décrète l'étalon-or américain, contraction monétaire
9 mai 1873 : Crise bancaire de mai 1873, plusieurs centaines de faillite à Vienne
9 juin 1873 : faillite de la Wechlersbank
18 septembre 1873 : Jay Cooke rate une émission obligataire de la Northern Pacific Railroad
18 septembre 1873 : faillite de Jay Cooke
20 septembre 1875 : faillites bancaire en série, Wall Street ferme pour dix jours
26 août 1875 : faillite de la Bank of California
4 octobre 1875 : fondation de la Banque du Nevada
1875 : fondation de la Banque d'Indochine
1876 : fondation de la Banque Lazard par Alexandre, Élie et Simon Lazard, bientôt associés à
leur beau-frère Alexandre Weill.
1878 : création à San Francisco de la Banque du Nevada
1878 : Paul Eugène Bontoux (1820 - 1904) prend la direction de l'Union générale fondée en
1875 à Lyon par un groupe de banquiers catholiques et monarchistes.
1878 : création de la première Banque populaire à Angers.
1880 : 4 millions de français au "Grand livre" de la dette publique (50% du PIB), doublée par
l'indemnité de guerre de 1870, contre 1,5 million avant.
- 103 -
1881 : fondation de la Banque de Lyon et de la Loire par Charles Savary et son gendre, l'agent
de change parisien Paul-Edmond Mahou.
* 1881 : 163 entrées en Bourse de Lyon et Paris lèvent la somme record de 4,5 milliards de
francs.
4 janvier 1882 : l'Empire austro-hongrois refuse la concession de la Banque maritime de
Trieste à la Banque de Lyon et de la Loire. L'action passe de 1 400 à 1 040 francs, puis tombe
à 540 francs
1882 : faillite retentissante de l'Union générale et krach de 1882.
1882 : la première Caisse du Crédit mutuel fondée, sur le modèle de Raiffeisen, dans le
village de La Wantzenau, en Alsace.
1885 : première Caisse locale du Crédit agricole voit le jour à Salins-les-Bains (Jura).
1887 : la Banque du Nevada se ruine dans le corner sur le blé américain de 1887
1889 : mort du patron du Comptoir national d'escompte de Paris, en faillite, après la plus
grande spéculation de l'histoire de la production de cuivre.
1889 : le ministre des Finances Maurice Rouvier le renfloue, la Banque centrale devient
prêteur en dernier ressort.
1891 : faillite de la Société des dépôts et comptes courants, qui fait suite à celle du comptoir
d'escompte
1896 : plusieurs petites banques londoniennes s’associent pour former la Barclays, première
banque anglaise avec 182 agences, dans l’est et le sud-est.
XXe siècle
1913 : l'Angleterre compte environ 700 établissements bancaires, qui ont 6 500 agences.
1917 : adoption du statut coopératif des Banques populaires.
1917 : fondation du Crédit commercial de France par la fusion de la Caisse de crédit de Nice,
de la Banque suisse et française et de la Maison Aynard et fils.
1921 : création de la Caisse centrale des Banques populaires.
1925 : fusion de Colonial Bank, Anglo Egyptian Bank' et National Bank of South Africa pour
former Barclays International
1926 : la Barclays possède 1837 agences
1929 : le krach boursier entraîne de nombreuses faillites bancaires dans le monde et le vote du
Glass-Steagall Act aux États-Unis, sous Franklin D. Roosevelt, qui interdit aux banques
commerciales d'avoir des activités de marché.
1931 : fondation de la Banque nationale pour le commerce et l'industrie, ancêtre de la BNP, à
partir de la BNC, créée en 1913.
1945 : le conseil national de la Résistance obtient la nationalisation du Crédit lyonnais, de la
Société générale et d'une dizaine d'autres banques.
1959 : Suez crée la Banque de la Compagnie financière de Suez, rebaptisée Banque de Suez et
de l'union des mines en 1966.
1964 : ABN Amro naît d'une fusion entre l'Amsterdamsche Bank et la Rotterdamsche Bank,
portant le nom des deux plus grandes villes du pays, Amsterdam et Rotterdam.
1973 : la création du marché des eurodollars et du Système monétaire européen, entraîne un
développement des activités spéculatives dans les banques.
1966 : la BNP naît de la fusion de la BNCI (Banque nationale du commerce et de l'industrie)
et du CNEP (Comptoir national d'escompte de Paris).
1981 : François Mitterrand décide la nationalisation du Crédit commercial de France, de la
Société générale, de Suez et Paribas.
1983 : déréglementation financière organisée par Ronald Reagan aux États-Unis.
1985 : la société d'assurances GAN prend 34 % du CIC puis monte à 51 % en 1989.
- 104 -
1985 : déréglementation organisée par Pierre Bérégovoy avec la création des billets de
trésorerie.
1986 : Édouard Balladur organise à Paris la privatisation du Crédit commercial de France, de
la Société générale, de Suez et Paribas.
1986 : la néerlandaise Rijkspostspaarbank est privatisée et rebaptisée Postbank, fusionne en
1989 avec NMB Bank puis en 1991 avec l'assureur Nationale Nederlanden et devient ING.
1987 : accélération de la crise des Saving and loans, les caisses d'épargne américaines, qui
mène à la faillite de la Drexel Burnham Lambert, l'un de ses dirigeants, Michael Milken,
encourant dix ans de prison.
1990 : la faillite de la BCCI, premier gros accident bancaire mondial.
1992 : premières révélations de François d'Aubert sur les investissements douteux du Crédit
lyonnais dans la MGM.
1993 : quasi-faillite du Crédit lyonnais, coulé par sa filiale aux Pays-Bas, la Metro-GoldwynMayer et les prêts à risques faits aux spéculateurs immobiliers, selon un rapport parlementaire.
février 1995 : la faillite du Crédit lyonnais évitée par un renflouement de l'État français.
février 1995 : la Barings ruinée à Singapour par Nick Leeson, qui a perdu 1,2 milliard de
dollars à la Bourse de Tokyo. Condamné à six ans et demi de prison il est libéré en 1999.
5 mai 1996 : incendie du siège central parisien
1996 : la BFCE (Banque française du commerce extérieur) vendue de gré à gré au Crédit
national, sous le gouvernement d'Alain Juppé pour donner naissance à Natexis, plus tard
rachetée par les Banques populaires, pour devenir Natixis, après fusion avec Ixis, banque
d'affaires de la Caisse des dépôts.
1996 : la Chemical Bank rachète la Chase Manhattan, née en 1955 du rachat de la Chase
National Bank (créée en 1877) par la Bank of Manhattan (créée en 1799), dirigée par David
Rockefeller dans les années 80 et victime de l'immobilier dans les années 90.
8 décembre 1997 : UBS naît de la fusion de l'Union de Banques Suisses et de la Société de
banque suisse.
1998 : le Crédit mutuel rachète au Gan le Crédit industriel et commercial (CIC), créé en 1859,
groupement de 7 banques régionales.
8 octobre 1998 : Citigroup fusionne avec Travelers Group, devient la plus grande organisation
de services financiers au monde.
1999 : double OPA de la BNP sur Paribas et la Société générale. La première réussit, la
seconde échoue.
XXIe siècle
2000 : le Crédit commercial de France racheté par HSBC.
2000 : JPMorgan Chase naît du rachat de JPMorgan, par la Chase Chemical.
février 2002 : la banque irlandaise Allied Irish Banks, révèle qu'un courtier, John Rusnak, a
dissimulé 691 millions de dollars de pertes sur des opérations de change. Il est condamné à 7
ans de prison.
mai 2002 : crise du marché des obligations d'entreprises en Europe et aux États-Unis.
2003 : après l'achat surprise par BNP Paribas de près de 17 % du capital, le Crédit agricole
SA se décide à prendre le contrôle du Crédit lyonnais.
2006 : les Banques populaires et les Caisses d'épargne transfèrent leurs actifs spéculatifs à
Natixis, qui entre en Bourse.
décembre 2006 : première d'une série de 74 alertes concernant le trader Jérôme Kerviel, selon
le rapport d'étape de l'Inspection générale de la Société générale.
février 2007 : les faillites dans l'immobilier américain à risques se multiplient, les banques
européennes poursuivent leurs investissements dans les subprime.
- 105 -
6 septembre 2007 : l'initiative de la succursale new-yorkaise de Calyon, filiale du Crédit
agricole, provoque un trou de 250 millions d'euros, sur les marchés du crédit.
20 janvier 2008 : la Société générale découvre que Jérôme Kerviel a accumulé des positions «
cachées » de près de 50 milliards d'euros, engagements abandonnés le 23 janvier,
28 janvier 2008 : instruction ouverte par les juges d’instruction Van Ruymbeke et Desset, qui
ont confié l’enquête à la brigade financière de Paris.
4 février 2008 : dix jours après l'annonce des pertes, la ministre de l'Économie Christine
Lagarde remet au Premier ministre François Fillon un rapport sur les « enseignements à tirer
».
septembre 2011 : des rumeurs de faillite courent sur les grandes banques françaises Société
générale et BNP, qui sont déclarées « systémiques » et nécessitant une recapitalisation
d'urgence.
A suivre...
- 106 -
Que faut-il pour créer une banque en France : (vu sur question yahoo)
http://fr.answers.yahoo.com/question/index?qid=20070125223648AAkuQMN
La Banque a un statut particulier, prévu dans le Code Monétaire et Financier. En fait, une
banque est un établissement de crédit qui effectue des opérations de banque.
Les établissements de crédit sont des personnes morales qui effectuent à titre de profession
habituelle des opérations de banque. Ils peuvent aussi effectuer des opérations connexes à
leurs activités (C. mon. fin., art. L.511-1).
La loi bancaire du 24 janvier 1984, codifiée aux articles L. 311-1 et L. 511-1 et suivants du
Code monétaire et financier, réglemente leur activité qui est soumise à l’obtention d’un
agrément délivré par le Comité des établissements de crédit et des entreprises
d’investissement (CECEI).
Les établissements de crédit effectuent donc des opérations de banque mais aussi toutes les
opérations connexes à ces dernières. Ils peuvent également fournir des services
d’investissement.
Les opérations de banque comprennent :
- la réception de fonds du public ;
- les opérations de crédit telle que la mise à disposition de fonds et les opérations de créditbail ;
- la mise à disposition et la gestion de moyens de paiement.
Les opérations connexes regroupent:
- le change ;
- les opérations sur l’or, les métaux précieux, les pièces ;
- le placement, la souscription, l’achat, la gestion, la garde, la vente de valeurs mobilières et
de tout produit financier ;
- le conseil et l’assistance en matière de gestion de patrimoine ;
- le conseil et l’assistance en matière de gestion financière, ingénierie financière et de manière
générale, tous les services destinés à faciliter la création et le développement des entreprises
sous réserve des dispositions législatives relatives à l’exercice illégal de certaines
professions ;
- l’opération de location simple de biens mobiliers ou immobiliers pour les établissements
habilités à effectuer des opérations de crédit-bail ;
Les établissements de crédit peuvent en outre prendre et détenir, dans des conditions définies
par le ministre de l’économie, des participations dans des sociétés existantes ou en cours de
création.
L’article L. 321-1 du Code monétaire et financier définit les services d’investissement
comme :
- la réception et la transmission d’ordres pour le compte de tiers ;
- l’exécution d’ordres pour le compte de tiers ;
- la négociation pour compte propre ;
- la gestion de portefeuille pour le compte de tiers ;
- la prise ferme ;
- le placement ;
Il existe également des services connexes aux services d’investissement définis à l’article L.
321-2 du Code monétaire et financier.
- 107 -
L’activité bancaire étant commerciale par nature, elle doit être exercée sous forme de société
commerciale.
Lorsqu’il octroie son agrément, le Comité des établissements de crédit et des entreprises
d’investissement (CECEI) vérifie l’adéquation de la forme juridique de l’entreprise à l’activité
d’établissement de crédit.
Le Code Monétaire et financier impose un capital minimum qui varie selon la catégorie de
l’établissement de crédit. Il est
fixé à :
- 5 millions d’euros pour les banques, les banques mutualistes ou coopératives, les caisses
d’épargne et de prévoyance, les caisses de crédit municipal autres que celles visées au 2) et 3)
et les institutions financières ;
- 2,2 millions d’euros pour les sociétés financières autres que celles visées au 3), les caisses de
crédit municipal qui s’engagent statutairement à ne pas collecter de fonds du public et à
limiter leurs concours à l’activité de prêts sur gages corporels et de crédit aux personnes
physiques ;
- 1,1 millions d’euros pour les caisses de crédit municipal qui limitent leur activité aux prêts
sur gages corporels et les sociétés financières dont les opérations de banque sont limitées aux
opérations de change scriptural au comptant incluant une opération de crédit ;
Par ailleurs durant leur activité, les établissements de crédit agréés en France doivent en
permanence présenter un actif net au moins égal au capital minimum réglementaire.
Les succursales d’établissement de crédit ayant leur siège hors de l’Union européenne et de
l’Espace économique européen doivent justifier d’une dotation employée en France d’un
montant au moins égal au capital minimum exigé en droit français. En revanche, les
succursales d’établissement de crédit dont le siège est situé dans un État membre de l’Union
européenne ne doivent pas justifier d’une telle dotation.
L'établissement doit compter deux personnes au moins qui déterminent l’orientation de
l’activité des établissements de crédit. Le CECEI va vérifier que ces deux dirigeants
possèdent l’honorabilité nécessaire, la compétence et l’expérience adéquate à leurs fonctions.
Ainsi, le CECEI a refusé l’agrément d’un établissement de crédit détenu majoritairement par
deux personnes physiques parce qu’un des actionnaires avait été condamné pour atteinte à la
législation sur le crédit mobilier lorsqu’il dirigeait un établissement financier (CE, 9 nov.
1990, n°77964).
La Commission bancaire a récemment ordonné la démission d’un directeur de caisse de crédit
municipal qui ne justifiait pas de l’expérience adéquate pour exercer sa fonction. (CE, 7 juillet
2004, n°225937).
Une fois les conditions de fond réunies, le nouvel établissement doit obtenir l’agrément du
CECEI. Ainsi, pour exercer une activité bancaire, il faut déposer une demande au
CECEI qui statue dans un délai de douze mois à compter de la réception de la demande.
Pour accorder l’agrément, le CECEI prend en compte notamment :
- le programme d’activité de l’entreprise requérante ;
- les moyens techniques et financiers que l’entreprise prévoit de mettre en oeuvre ;
- la qualité des apporteurs de capitaux et le cas échéant de leurs garants ;
- l’aptitude de l’entreprise à réaliser ses objectifs de développement dans des conditions
compatibles avec le bon fonctionnement du système bancaire.
- 108 -
Les établissements de crédit dont le siège est situé dans un Etat membre de l’Union
européenne ou dans un Etat partie à l’accord sur l’Espace économique européen et y ayant été
agréés n’ont pas besoin de l’agrément du CECEI pour exercer leur activité en France.
Pour délivrer l’agrément autorisant la fourniture d’un ou plusieurs services d’investissement,
le CECEI vérifie notamment le programme d’activité de chaque service proposé. Ce
programme doit préciser les conditions dans lesquelles
l’établissement de crédit fournit les services d’investissement, le type d’opération envisagée et
la structure de l’organisation (C. mon. fin., art. L. 532-3).
L’établissement de crédit doit satisfaire à tout moment aux conditions de cet agrément.
Le Conseil d’Etat est compétent en premier et dernier ressort pour les agréments ou les refus
d’agrément d’entreprises en tant qu’établissement de crédit.
Par la suite, une fois ton établissement créé, il doit respecter de nombreuses législations
particulières au secteur bancaire que le CECEI et la Commission Bancaire vérifient
régulièrement.
En clair, outre la nécessité d'avoir une mise de fond non négligeable, tu constate que c'est une
activité très réglementé et très surveillé.
Pour plus d’informations, tu peux prendre contact avec la Banque de France, Direction des
établissements de crédit et des entreprises d’investissement, code courrier : 40-1355 DECEI,
75049 Paris cedex 01
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