changer de type de concentre pour baisser son
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CHANGER DE TYPE DE CONCENTRE POUR BAISSER SON COUT ALIMENTAIRE OPTIMISATION DES RESULTATS ECONOMIQUES EN ELEVAGE LAITIER Cinq projets d’optimisation concernent le changement de type de concentré acheté pour réduire le coût alimentaire du troupeau laitier. Ces projets sont mis en œuvre aussi bien chez des laitiers spécialisés que dans des élevages diversifiés vers des céréales ou de la viande bovine en zones de plaine (cf. carte). Tableau 1 : Divers changements dans les concentrés utilisés Système concerné Lait spécialisé Lait+bœufs Lait spécialisé Lait+cultures Lait+cultures Zone Charentes Eure Manche Haute Garonne Lot et Garonne France entière Concentré initial Nouveaux concentrés utilisés et évolution des quantités Evolution sur volume et qualité du lait produit Impact investissements Impact éco global Aliment composé + minéraux onéreux Tourteau de soja/colza + Tourteau de lin + maïs grain + minéral simple = Aucun Correcteur enrichi en lin + tourteau de soja Correcteur avec 50 % de colza – Arrêt du concentré à base de lin. -140 kg de concentrés/VL/an = pour le lait/VL + 0,5 g/l de TP Aliment composé + minéraux onéreux Tourteau de soja/colza + VL + 220 l/VL/an 3 litres + blé + minéral - 1,0 g/l de TB simple ; -50 kg/VL/an au + 0,3 g/l de TP total Aucun investissement nécessaire car mêmes quantités qu’au départ. Concentré de production du commerce Céréales intra consommées + correcteur azoté et minéral classique. + 120 kg /VL/an = pour le lait/VL + 0,5 g/l de TP 9 500 € pour 500 q (cellules + aplatisseur + chariot + vis + ventilateur) amortis sur 10 ans à 4,5 % Aliment complet pour VL Céréales aplaties + correcteur azoté acheté = 13 350 € pour 120 q (cellules + aplatisseur + mélangeur + vis + ventilateur) amortis sur 10 ans à 4,5 % + 19 € / 1 000 l Aucun + 19 € / 1 000 l + 27 € / 1 000 l +5€/ 1 000 l +1€/ 1 000 l CHANGER DE TYPE DE CONCENTRE POUR BAISSER SON COUT ALIMENTAIRE REMPLACER DES CONCENTRES DU COMMERCE PAR DES MELANGES DE MATIERES PREMIERES Tous les projets d’optimisation du type de concentrés et/ou de minéral utilisé concernent des élevages avec achats d’aliments composés de plusieurs matières premières, parfois complexes, et à un prix jugé élevé par le technicien du réseau d’élevage. L’aliment qui est finalement changé peut être de plusieurs types : - un correcteur azoté jugé non compétitif dans le contexte étudié (tourteau de soja, tourteau de lin), - un concentré de production du commerce, - un aliment minéral plus ou moins enrichi en différents oligo-éléments et acheté à un prix très élevé. Le changement de type d’aliment se fait toujours dans le sens d’une plus forte proportion de matières premières « simples » achetées (tourteau de colza par exemple) ou produites sur l’exploitation (céréales principalement) et désormais intraconsommées. Les quantités de concentrés utilisées varient peu dans ces différents projets d’optimisation (de -140 à + 120 kg/vache/jour) car l’angle prioritaire travaillé avec les éleveurs concernent avant tout le prix moyen des concentrés et minéraux utilisés. PEU D’IMPACTS SUR LA PRODUCTION LAITIERE En modifiant le type de concentré utilisé dans l’alimentation des vaches laitières, les techniciens impactent pas ou peu la production laitière des vaches qui est considérée généralement constante. Seul un projet sur les 5 intègre une augmentation de la production laitière des vaches (+ 220 l/vache/an) en remplaçant des aliments composés du commerce par un mélange de matières premières (tourteau de soja/colza, blé aplati). Ce projet est logiquement le plus favorable économiquement car il cumule une baisse des quantités de concentrés/vache (- 50 kg/VL/an), une baisse du prix moyen des concentrés et une augmentation de la production laitière des vaches. La qualité du lait est modifiée dans 3 projets sur 5. Lorsqu’il y a introduction de tourteau de colza en remplacement d’une partie du tourteau de soja ou du correcteur azoté du commerce, le TP est amélioré de 0,5 g/l en lien avec la plupart des essais de stations expérimentales qui ont mis en évidence cet effet. Les autres critères ne sont pas modifiés dans les études de projet. Il est en effet très difficile de prévoir l’impact de tel ou tel concentré par rapport à tel autre en dehors d’essais expérimentaux spécifiques sur le sujet comme ceux avec remplacement du soja par du colza. Ce flou sert d’encrage aux commerciaux pour vendre des concentrés à formules spécifiques et potentiellement plus favorables à la production laitière et/ou aux taux. 2 CHANGER DE TYPE DE CONCENTRE POUR BAISSER SON COUT ALIMENTAIRE + 1 A 27 €/1 000 L SELON LES PROJETS L’impact économique de tels projets est très variable mais dans tous les cas positif. Il dépend surtout de l’écart de prix entre le concentré (ou le minéral) initial et celui qui est utilisé après changement. Dans les projets les plus extrêmes avec un impact économique très favorable pour l’éleveur (amélioration du résultat global de + 19 €/1 000 l), il a été retenu une baisse du prix moyen des concentrés utilisés de 45 €/t. Avec une forte consommation de concentrés par vache (2 600 kg/an pour 8 700 litres de lait), l’impact est en effet tout à fait significatif. Dans la plupart des projets d’optimisation sur le type de concentré utilisé, il y a l’introduction de céréales (blé ou maïs grain) intraconsommées. La nécessité d’un investissement pour stocker et transformer une partie de ses céréales impacte alors fortement le résultat économique. Dans les 2 projets avec amortissement du matériel de stockage/transformation des céréales, le gain économique final est compris entre seulement 1 et 5 €/1 000 l. Au-delà de ce calcul économique, l’intraconsommation d’une partie de ses céréales va modifier la gestion de sa trésorerie (non intégrée dans les projets) avec moins de ventes en période estivale mais moins d’achats sur l’automne-hiver suivant. REFLEXION ENTRE PRIX DE VENTE DU BLE ET PRIX D’ACHAT DE L’ALIMENT Lorsqu’il y a remplacement d’un concentré de production du commerce par un concentré de production fabriqué sur la ferme à base de céréales intraconsommées et de tourteaux et minéraux achetés, l’intérêt économique est très dépendant du prix de vente des céréales et du prix d’achat du concentré de production (cf. tableau 2). Tableau 2 : Impact du remplacement du concentré de production du commerce par un concentré de production « fermier » selon le prix des céréales et celui du concentré de production du commerce (en €/1 000 l). Prix du blé en € / tonne Prix du concentré de production (VL 22% MAT) en € /t 110 € 150 € 170 € 200 € 250 € 6€ 3€ 2€ 262 € 8€ 5€ 3€ +1€ 285 € 10 € 7€ 5€ +3€ 300 € 12 € 9€ 7€ +5€ - 1€ Source : A. Blachon, CA 31. Dans l’exemple ci-dessus, l’impact économique lié à l’évolution vers un concentré de production fermier est en moyenne positif, de l’ordre de + 5 €/1 000 l en faveur de l’éleveur, tout en intégrant l’amortissement et les frais financiers liés à l’équipement de stockagetransformation nécessaire. Derrière ce chiffre moyen, on trouve une variabilité qui va de – 1 à + 12 €/1 000 l. Toutefois, les extrêmes semblent difficilement imaginables car il y a généralement une relation forte entre le prix des céréales et celui du concentré de production du commerce qui en contient généralement. Lorsque le prix des céréales est très bas (comme en 2009, autour de 100 €/t), il est rare d’avoir des concentrés de production à 300 €/tonne. 3 CHANGER DE TYPE DE CONCENTRE POUR BAISSER SON COUT ALIMENTAIRE DES FACTEURS DIFFICILES A QUANTIFIER La composition des concentrés du commerce et les traitements thermiques qu’ils ont pu subir peut modifier favorablement ou négativement leur valorisation par les bovins. Lorsqu’ils sont remplacés en quantités équivalentes par des mélanges fermiers ou des matières premières, il est difficile d’imaginer toutes les répercutions métaboliques. Celles-ci peuvent être négligeables si la ration est, par ailleurs, très sécurisée d’un point de vue métabolique. Dans des situations de rations très acidogènes avec des fortes quantités de concentrés distribuées et une fibrosité un peu défaillante, le concentré du commerce peut être mieux adapté. Son remplacement par un concentré fermier peut être plus néfaste. A l’inverse, on rencontre des situations en élevage où l’utilisation de céréales fermières améliore les taux, voire la production laitière par vache, en remplacement d’un concentré de production du commerce moins bien adapté. AVIS D’UN EXPERT : J. LEGARTO DE L’INSTITUT DE L’ELEVAGE Pour faire baisser le coût alimentaire, il est souvent fait appel à un remplacement du concentré protéique par un autre concentré moins cher ; le cas le plus fréquent est la substitution totale ou partielle du tourteau de soja par du tourteau de colza (industriel). En pratique le remplacement se fait davantage sur l’équivalence des apports protéiques (1,5 kg de tourteau de colza (type 35) remplaçant 1,0 kg de tourteau de soja (type 46)) que sur l’équivalence énergétique. Beaucoup de mesures expérimentales montrent une ingestion similaire en fourrage, un peu plus de production laitière brute (+0,6 kg/j/vache) avec moins de taux butyreux (-1.2 g/kg de TB) et plus de taux protéique (+0.3 g/kg de TP). La richesse relative en gras polyinsaturé du colza explique la chute du TB tandis que l’augmentation fréquente du TP est expliquée par la teneur supérieure en méthionine digestible du tourteau de colza. Ce type de changement de concentré au profit du tourteau de colza laisse moins de possibilité pour l’utilisation des céréales produites sur la ferme (qu’avec le tourteau de soja). Le tourteau de colza est plus riche en phosphore (9 g/kg de P abs) que le tourteau de soja (5 g/kg), une forte diminution ou une suppression de cet élément peut être envisagée dans la formulation de l’AMV. Pour faire baisser le coût alimentaire, il est cité tantôt de supprimer le tourteau de lin ou la graine de lin, tantôt d’en apporter. Les tourteaux gras de lin comme la graine de lin apportent de la matière grasse polyinsaturée. Avec un niveau d’incorporation usuel de ces matières dans la ration (3 à 5 % de gras dans la ration), le TB du lait chute de 2 à 6 g/l, le prix de vente du lait diminue donc si l’amélioration de la qualité des matières grasses du lait liée au lin n’est pas prise en compte dans le calcul du prix du lait (cas particulier de contrat laiterie peu fréquent). Dans le calcul économique, il faut donc prendre en compte cette variation de TB. 4 CHANGER DE TYPE DE CONCENTRE POUR BAISSER SON COUT ALIMENTAIRE Pour faire baisser le coût alimentaire, il est aussi envisagé de remplacer l’aliment composé du commerce par des apports (mélanges fermiers ou séparés) de matières premières simples (céréales, tourteaux, carbonate de calcium, sel…). L’intérêt strictement technique d’un tel remplacement dépend beaucoup de la formulation de l’aliment composé remplacé, or elle peut être très variable tant en quantité qu’en qualité. Il est donc difficile de donner une estimation des conséquences zootechniques de tels remplacements. Globalement, en remplaçant un aliment composé du commerce dont la formulation et l’origine des matières premières seraient de qualité par des matières premières simples de qualité également et distribuées de façon maîtrisée, il est très probable que les performances zootechniques soient équivalentes dans les deux situations. La baisse du coût alimentaire tient donc essentiellement aux différences de prix unitaires des aliments composés du commerce d’une part et des matières premières d’autre part. Mais d’autres facteurs comme la granulométrie plus ou moins régulière de l’aliment (granulé, mash fermier…) en cohérence avec le matériel de distribution peuvent influencer prioritairement les choix. On peut néanmoins citer quelques cas où les apports d’aliment composé du commerce pourraient davantage favoriser les performances que des apports de matières premières simples. La maîtrise du taux d’amidon de la ration à 25-30 % peut être une difficulté avec des rations à base d’ensilage de maïs complétées par du concentré de production comprenant 60 à 75 % de céréales. Dans ces cas, le choix d’un aliment composé du commerce avec peu d’amidon peut être une solution. Mais d’autres solutions non développées dans ce texte existent pour ces cas. Dans d’autres situations avec de forts besoins en concentrés (potentiel élevé de production laitière, fourrages de mauvaise qualité ou en quantité insuffisante), les formulations des aliments composés peuvent être mieux adaptées (vitesse de dégradation moindre, davantage de parois végétales, meilleur pouvoir tampon…) que les formulations fermières à base de céréales plus acidogènes. Mais d’autres solutions existent là encore. Inversement, il existe des situations où une formulation fermière simple en matières premières peut être plus efficace. Lorsque les quantités distribuées sont faibles, les performances zootechniques peuvent être meilleures avec des formulations fermières plus denses en UFL/ kg et en protéines/kg que l’aliment composé de bas de gamme. 5 CHANGER DE TYPE DE CONCENTRE POUR BAISSER SON COUT ALIMENTAIRE LES FACTEURS A PRENDRE EN COMPTE AU-DELA DE L’ECONOMIQUE Au-delà de l’intérêt économique à court ou moyen terme, le remplacement de concentrés du commerce par des concentrés issus d’un mélange de matières premières dont une partie produite sur l’exploitation améliore l’autonomie alimentaire globale de l’exploitation. Cette évolution rend également l’exploitation moins sensible aux fluctuations de prix des aliments. Par contre, d’un point de vue travail, la mise en place d’un stockage et d’une transformation d’une partie de ses céréales à la ferme entraîne un surcroit de travail. Dans ce cas, il est indispensable de bien réfléchir à son équipement et à son installation pour le rendre le plus fonctionnel possible. En terme de flexibilité, lorsque les éleveurs stockent une certaine quantité de céréales broyées sur la ferme pour intra-consommer, ils devront les utiliser dans l’année qui suit. Il faut dans ce cas bien anticiper ses besoins au risque d’en consommer plus que nécessaire. POUR PLUS D’INFORMATIONS, CONTACTER LES INGENIEURS DEPARTEMENTAUX : • Aurélie BLACHON (CA 31) [email protected] • Cédric GARNIER (CA 27) - [email protected] • Harmony BOUTIN (CA 16) [email protected] • Sébastien BRUNET (CA 47) - [email protected] • Viviane SIMONIN (CA 50) - [email protected] ANIMATEURS REGIONAUX ET NATIONAUX DU DISPOSITIF RESEAU D’ELEVAGE • Jean Seegers - Coordinateur national Tél : 05 61 75 44 37 - [email protected] • Emmanuel Béguin - Nord-Pas de Calais Tél : 03 22 33 69 43 [email protected] • Dominique Caillaud - Champagne-Ardenne, Lorraine, Alsace - Tél : 03 83 93 39 12 [email protected] • Anne-Marie Meudre - Franche-Comté Tél : 03 84 35 14 56 [email protected] • Monique Laurent - Rhône-Alpes, PACA Tél : 04 72 72 49 44 [email protected] • Jocelyn Fagon - Aquitaine, Midi-Pyrénées - Tél : 05 61 75 44 33 [email protected] • Jean-Luc Reuillon - Auvergne-Lozère, Centre-Allier - Tél : 04 73 28 52 24 [email protected] • Benoît Rubin - Poitou-Charentes Tél : 02 40 07 73 13 - [email protected] • Didier Désarménien - Pays de la Loire - Tél : 02 43 67 37 25 [email protected] • Bernard Le Lan - Bretagne Tél : 02 97 46 28 32 [email protected] • Jérôme Pavie - Basse Normandie, HauteNormandie - Tél : 02 31 47 22 72 [email protected] LES RESEAUX D’ELEVAGE Les Réseaux d’Élevage sont un dispositif partenarial associant des éleveurs et des ingénieurs des Chambres d’Agriculture et de l’Institut de l’Élevage. LES PARTENAIRES FINANCEURS Ce document a reçu l'appui financier du Casdar et des Conseils Régionaux et Conseils Généraux. Décembre 2011 Document édité par l’Institut de l’Élevage - 149 rue de Bercy 75595 Paris CEDEX 12 www.idele.fr - PUB IE : 0011 50 030 Crédit photos : D. Désarmenien (Institut de l'Elevage/CA 53) - F. BATTAIS (CA 49) 6