Iran-URSS-Russie "Les relations entre Téhéran et Moscou depuis

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Iran-URSS-Russie "Les relations entre Téhéran et
Moscou depuis 1979", C. Therme, PUF
vendredi 14 septembre 2012, par Farhad KHOSROKHAVAR, Mohammad-Reza DJALILI
L'auteur :
Mohammad-Reza Djalili, Professeur honoraire à l’Institut de hautes études
internationales et du développement, Genève et Farhad Khosrokhavar, Directeur
d’études à l’Ecole des Hautes Etudes
en Sciences Sociales, Paris
Retrouvez l'article à cette adresse :
http://www.diploweb.com/Iran-URSS-Russie-Les-relations.html
Voici la première étude complète portant sur l’histoire des relations
irano-russes depuis la révolution islamique : Clément Therme, Les
relations entre Téhéran et Moscou depuis 1979, Coll. The Graduate
Institute, Geneva Publications, Préface de Mohammad-Reza Djalili et
Farhad Khosrokhavar, Paris, PUF, 19 septembre 2012.
A travers sa préface, le Diploweb.com est heureux de vous présenter en
avant première cet ouvrage novateur, sans équivalent en français et en
anglais.
LE VOISINAGE avec la Russie tsariste, l’Union soviétique et, depuis une vingtaine
d’années, avec la Fédération de Russie a toujours été une affaire difficile et très
compliquée pour l’Iran. Cette proximité a non seulement marqué
considérablement toute la politique extérieure de l’Iran depuis plus de deux
siècles, mais elle a pesé plus généralement et très lourdement sur le destin même
de ce pays. En effet, dès le début du XIXe siècle, à la suite de deux guerres, la
Russie prend possession d’une partie importante du territoire iranien et impose à
ce pays le système des capitulations qui va mettre à mal, pendant plus d’un siècle,
sa souveraineté juridique. Durant la période de la révolution constitutionnaliste
(1905-1911), les troupes russes vont intervenir contre le mouvement
constitutionnaliste. Elles en feront de même durant la Grande Guerre en dépit de
la neutralité proclamée de Téhéran. En 1920, l’armée Rouge apporte son soutien
à la République soviétique du Guilan. Durant la Seconde Guerre mondiale, l’Union
soviétique et la Grande-Bretagne occupent l’Iran. À la fin de la guerre, Moscou va
encourager deux mouvements séparatistes en Azerbaïdjan et au Kurdistan tout en
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soutenant le nouveau Parti communiste Toudeh. Durant la guerre Iran-Irak, la
Russie va fournir aide et armement à l’Irak. Ces événements, auxquels on peut
ajouter bien d’autres, montrent la persistance des tensions entre les deux pays et
expliquent surtout la méfiance des différents régimes qui se sont succédé en Iran
à l’égard du grand voisin du Nord. La complexité et l’intérêt de ce sujet ont
amené de nombreux chercheurs à étudier les relations russo-iraniennes.
Généralement, leurs travaux sont consacrés à l’analyse de la politique de Moscou
à l’égard de l’Iran de manière strictement bilatérale ou en prenant en compte le
contexte international d’une époque, par exemple les rivalités impériales au XIXe
siècle en Asie ou les rivalités Est-Ouest durant la Guerre froide. Sans mettre en
doute l’importance de ces travaux, l’ouvrage de Clément Therme a pour objectif
de prendre en compte les « perspectives iraniennes ». Cet angle d’attaque permet
à la fois de compléter les études déjà réalisées tout en contribuant à la mise en
place d’une approche plus équilibrée qui tient compte aussi de la perception des
Iraniens de la politique que mène Moscou par rapport à leur pays. Dans ce
dessein et pour bien comprendre le point de vue iranien, il fallait se rendre sur
place pour à la fois consulter sources et archives et interroger observateurs et
praticiens de la scène politique et diplomatique de l’Iran. Plusieurs séjours dans
ce pays ont permis à l’auteur d’affiner son approche et de mieux préciser son
objet d’étude. Les nombreux entretiens avec des personnalités (près d’une
vingtaine) à l’intérieur de l’Iran comme à l’extérieur du pays lui ont donné
l’occasion de mieux saisir les visions différentes et parfois contradictoires qui
existent en Iran par rapport à la Russie. Sa connaissance de la langue a aussi été
très utile pour l’analyse de documents qui ne sont accessibles qu’en persan.
Un ouvrage novateur, sans équivalent en français et en anglais
Cette recherche remarquable fait l’objet d’un ouvrage dont nous avons tout lieu
de souligner les points forts et originaux. Pour commencer, nous ne connaissons
pas en français ou en anglais de travaux aussi pointilleux et aussi fouillés sur
cette dimension des relations internationales en Iran. L’auteur fait une analyse
minutieuse des relations entre Téhéran et Moscou en se plaçant du point de vue
iranien. Il met les relations actuelles en perspective dans leurs dimensions
historiques, soulignant comment elles se nourrissent de suspicions mutuelles les
deux ruptures majeures, à savoir la Révolution islamique de 1979 et
l’écroulement du mur de Berlin de 1989 ayant infléchi ces relations tout en
maintenant nombre de continuités. Pour donner un sens sociologique à son
entreprise, Clément Therme procède à une analyse de la littérature existante,
notamment eu égard à la politique étrangère iranienne et à son évolution, surtout
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depuis la révolution islamique. Il met en perspective ces différentes constructions
sociologiques et en tire profit dans son analyse des relations bilatérales entre
Téhéran et Moscou, décrivant au passage les thèses sur la « nature
révolutionnaire » de l’Etat iranien. La dimension sociologique est doublée d’une
perspective anthropologique liée à « l’image de l’autre » dans ces relations. La
construction de cette image faite au XIXe siècle en Iran continue à exercer son
influence sur les relations bilatérales même si cela ne saurait se substituer à une
analyse en termes de relations d’Etat à Etat dans une perspective politique.
Des relations ambivalentes
L’analyse tient compte, par ailleurs, de la place respective de l’Iran et de la
Russie dans l’échiquier mondial. L’évolution des relations entre la Russie et les
Etats-Unis (refroidissement sous Bush, réchauffement de courte durée avec
l’administration Obama) influent sur ces relations ainsi que l’avènement
d’Ahmadinejad qui a renversé la tendance « dialogue des civilisations » de son
prédécesseur Khatami. La dimension interne de la politique iranienne influe sur
ses relations avec Moscou de manière tangible, notamment après les prises de
positions de Moscou au Conseil de Sécurité, jugées « négatives » par Téhéran. Ce
travail montre comment les relations entre les deux pays sont ambivalentes sur
plusieurs sujets, impliquant sur le nucléaire des prises de position russe qui ont
retardé les sanctions prises par le Conseil de Sécurité et par la suite, ont induit
certains nombres de restrictions dans celles-ci, même si, in fine, elles ont abouti à
la condamnation formelle de l’Iran. Les relations entre les deux pays ont eu leur
influence sur la politique de « dénonciation » de l’Iran qui a été extrêmement «
modérée » au sujet de la Tchétchénie par exemple, alors même qu’elle s’est faite
tonitruante au sujet de l’intervention américaine dans le monde musulman. La
lecture de la recherche de Clément Therme nous aide à comprendre nombre «
d’anomalies » dans la manière dont Téhéran traite de la politique souvent
répressive de la Russie dans cette partie du monde qui relevait de son empire il y
a encore moins de trois décennies. Elle nous introduit dans les arcanes d’une
vision du politique qui ne dédaigne pas les composantes anthropologiques et
sociologiques et les intègre dans une vision globale. Therme montre par ailleurs
que la relation de l’Iran avec la Russie est structurellement ternaire, d’abord
pendant la période soviétique où l’opposition aux Etats-Unis influait grandement
sur les relations avec l’Iran et ensuite, après l’effondrement de l’Union soviétique,
par rapport à ce même pays, mais de manière différente, dans une perspective qui
n’est plus celle de la Guerre froide mais de la relation malaisée avec la seule
hyperpuissance existante. Enfin, ce travail tente de concilier, heureusement de
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notre point de vue, la perspective des relations internationales avec celle d’une
sociologie de l’Iran où l’image de « l’autre » (la Russie) intervient activement dans
la construction des relations bilatérales. Compte tenu de la difficulté à effectuer
des recherches en Iran et de la suspicion pesant sur tout étranger y menant une
enquête, il faut saluer cet ouvrage qui apporte beaucoup de lumière sur un
pays où la recherche de terrain est extrêmement difficile.
Copyright 2012/PUF
Plus
Clément Therme, Les relations entre Téhéran et Moscou depuis 1979,
Coll. The Graduate Institute, Geneva Publications, Préface de MohammadReza Djalili et Farhad Khosrokhavar, Paris, PUF, septembre 2012
4e de couverture
Plus qu’une simple question de politique étrangère, les relations avec la Russie
sont, pour la République islamique d’Iran, une question de survie du régime. En
raison de son hostilité à l’égard de l’Occident, la République islamique a dû
adapter sa stratégie internationale pour assurer la pérennité du régime ainsi que
la survie économique du pays. A un moment où la Russie joue un rôle crucial dans
la protection des intérêts iraniens sur la scène internationale, l’auteur propose la
première étude complète portant sur l’histoire des relations irano-russes depuis la
révolution islamique (1979). L’un des principaux objectifs est de contribuer au
développement de la réflexion sur les différentes dimensions de la politique
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étrangère de la République islamique d’Iran. En effet, la plupart des
monographies privilégient le point de vue des grandes puissances dans l’étude
des relations entre l’Iran et la Russie, l’Iran et la Grande Bretagne ou, à partir du
XXe siècle, de l’Iran avec les Etats-Unis. L’accent est donc ici mis sur les
perspectives iraniennes dans les relations entre Téhéran et Moscou, depuis 1979.
L’auteur ne néglige pas pour autant l’inscription de son étude dans le temps long
des relations entre l’Iran et son grand voisin du Nord. Il remarque ainsi qu’en
dépit des bouleversements idéologiques et des changements de régime, les deux
pays ont maintenu des relations diplomatiques ininterrompues, depuis le XVIe
siècle, même si, à plusieurs reprises, la présence diplomatique russe ou soviétique
à Téhéran a été menacée.
Clément Therme développe trois axes de réflexion principaux : premièrement, il
interroge la dimension idéologique qui affecte cette relation : anti-américanisme,
visions russes et iraniennes du système international. Il s’efforce ensuite de
répondre à la question du poids de l’héritage historique conflictuel dans les
continuités et les ruptures entre les politiques mises en oeuvre vis-à-vis de
Moscou par les régimes Pahlavi et islamique. Cet héritage joue-t-il encore un rôle,
après la fin de la guerre froide, dans les dynamiques sous-jacentes aux relations
irano-russes ? Troisièmement, il inscrit son analyse portant sur la relation
bilatérale russo-iranienne dans le cadre plus large des relations entretenues par
Moscou et Téhéran avec les Etats-Unis. Cette dimension américaine des relations
entre Téhéran et Moscou est incontournable pour comprendre les périodes de
crises tout autant que les phases de réchauffement que traversent les relations
entre les deux pays à l’époque contemporaine ou, du moins, depuis la crise de la
nationalisation du pétrole et la chute de Mossadegh (1953).
Clément Therme est chercheur spécialisé sur le monde iranien. Il est chargé
d’enseignement au Département Politics, Languages and International Studies de
l’Université de Bath. Il est également membre associé du Centre d’Analyse et
d’Intervention Sociologiques (CADIS) de l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences
Sociales (EHESS). Il a notamment travaillé pour le programme Moyen-Orient de
l’Institut français des relations internationales (Paris) de 2005 à 2009 et au
Graduate Institute (Genève) de 2009 à 2011.
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