Le kanban et l`intégration logistique des fonctions
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Le kanban et l`intégration logistique des fonctions
Logistique & Management Le kanban et l’intégration logistique des fonctions approvisionnement et production René GÉLINAS, Marc DÉSAULNIERS, Département des sciences de la gestion, Université du Québec à Trois-Rivières Le système kanban est souvent associé au Juste-à-Temps. Les avantages de ce système sont principalement sa simplicité, sa précision et un coût d’implantation relativement faible. Mais on constate que le système kanban peut aussi s’avérer très efficace en ce qui a trait à l’intégration logistique des fonctions approvisionnement et production. Cela s’explique par sa grande valeur opérationnelle mais aussi par sa richesse au niveau informationnel. Dans cet article, nous discuterons du système kanban en démontrant son utilité pour le contrôle des transactions, nous établirons sa valeur opérationnelle au sein d’un environnement complexe impliquant de nombreuses transactions entre différentes entités (donneurs d’ordres et fournisseurs principalement) et nous insisterons sur sa valeur informationnelle en vue d’intégrer et synchroniser l’ensemble de ces transactions. Enfin, le cas d’un grand fournisseur de composants pour l’industrie automobile sera présenté. Introduction D’un point de vue pragmatique, le Juste-à-Temps est un mode de gestion des opérations se rapportant à la totalité de la chaîne logistique. Celle-ci est constituée d’activités concernant les donneurs d’ordres, leurs fournisseurs, les transporteurs et les distributeurs pour lesquels le Juste-à-Temps représente un effort de synchronisation des activités de cette chaîne. Le Juste-à-Temps s’appuie sur l’élimination du gaspillage à tous les niveaux de la chaîne logistique. opérationnel en Juste-à-Temps : la réduction du niveau des inventaires (en cours, matières premières et produits finis). Un autre élément clef du Juste-à-Temps est la parfaite synchronisation de l’ensemble des activités de la chaîne logistique. Pour ce faire, la planification de la production doit intégrer de la meilleure façon possible l’ensemble des informations relatives au marché aval (demande) afin de générer l’information permettant de coordonner les transactions avec le marché amont (fournisseurs et sous-traitants) et entre les différentes étapes de la production. Mais pour atteindre cet objectif d’efficience, il est nécessaire de se doter d’outils de gestion performants, tant au niveau opérationnel qu’informationnel. Pour la gestion des stocks par exemple, la précision de l’information (quantités, localisation, état des commandes, information sur les fournisseurs, leurs délais, leurs contraintes d’expédition et de production) est la clef de l’atteinte d’un des objectifs La figure 1 montre qu’en ce qui concerne le contrôle de la production, deux systèmes dépendants fonctionnent en parallèle : un système informationnel qui traite un flux d’information provenant du marché aval pour le traduire en plans de production et d’approvisionnement ainsi qu’un système opérationnel qui exécute la planification prévue provenant du système informationnel, Vol. 6 – N°2, 1998 61 Logistique & Management conditionnellement à la concordance avec les flux physiques réels allant du marché amont vers la production et entre les postes de travail. Figure 1 : Les flux informationnel et opérationnel dans le processus de contrôle de la production. Le système kanban (mot japonais signifiant carte) se rapporte à la fois au système informationnel et au système opérationnel pour le contrôle de la production. Et c’est justement ce qui fait sa force dans la mesure où il est plus facile d’assurer une bonne synchronisation des flux physiques et informationnels à partir d’un unique système de contrôle. C’est pour cette raison que plusieurs auteurs considèrent le système kanban, sinon comme une composante indissociable du Juste-à-Temps, du moins comme un de ses facteurs de succès importants (1). Avec un système kanban, le fabricant met en place un mécanisme de construction des ordres de pilotage tant de ses flux de production que des flux de transfert des commandes provenant des fournisseurs. Les consommations réelles sont remplacées par des ordres de production et de déplacement gérés à l’aide d’un Figure 2 : Le système Kanban à deux cartes. système de cartes qui sert à synchroniser les différentes activités de la chaîne logistique. Le système kanban Le système kanban est un système de contrôle de la production du type pull (en opposition à un système du type push). La différence fondamentale entre les deux types de systèmes est que dans le cas d’un système pull, la production est amorcée en réaction à la demande actuelle alors que pour un système push, la production est amorcée en anticipation de la demande future (2). Le système kanban ne doit pas être confondu avec le Juste-à-Temps qui est un mode plus global de gestion des opérations. Le Juste-à-Temps peut ou non inclure un système kanban mais celui-ci ne peut exister qu’en mode Juste-à-Temps (3). Le système kanban le plus connu est le système à deux cartes : une carte d’ordre de déplacement (carte OD) et une carte d’ordre de production (carte OP). Une carte OD permet de transférer un conteneur (de capacité standardisée) de produits semi-finis d’un poste de travail au suivant et une carte OP permet d’effectuer, à un poste de travail donné, les opérations préalables au traitement par le prochain poste de travail. Le système kanban et le contrôle de la production Lorsque, à un poste de travail, l’opérateur a terminé le traitement d’un lot (correspondant à un conteneur) il doit vérifier si une carte OD est disponible. Si tel est le cas, il amène, en aval du poste de travail qui précède le sien dans la séquence des opérations, un conteneur vide et la carte OD. Le conteneur vide est laissé sur place et la carte OD est attachée, en remplacement d’une carte OP, à un conteneur de pièces devant être traitées au poste de travail suivant. Si, à ce poste de travail, une carte OP est disponible, le traitement des pièces peut être effectué. Une fois ce traitement terminé, la carte OP est attachée au conteneur de pièces, indiquant que le lot correspondant est prêt à être transféré au poste suivant pour, éventuellement, y subir les opérations appropriées (4). Dans un tel système à deux cartes, la carte OD sert à contrôler les flux physiques entre les postes de travail et la carte OP sert à contrôler les flux physiques correspondant aux opérations d’un poste de travail ou de plusieurs postes de travail en ligne. 62 Vol. 6 – N°2, 1998 Logistique & Management Le système kanban en tant que système de contrôle des transactions Les systèmes d’information logistique ont traditionnellement mis l’accent, en Amérique du Nord, sur l’aspect distribution des produits finis (5). Cependant, l’utilisation d’un système de contrôle de la production tel que le système kanban force le système d’information logistique à accorder une importance équivalente au processus d’approvisionnement. Le kanban diffère des autres systèmes de contrôle de la production non seulement par son contenu informationnel, mais aussi par la manière dont les informations sont véhiculées. L’information pertinente à chacune des opérations se trouve synthétisée à un seul endroit, sur une seule carte. On remarque aussi une véritable juxtaposition des flux d’informations et de marchandises (ou flux physiques). Ainsi, du premier au dernier poste de travail, les conteneurs de produits semi-finis sont accompagnés d’une carte (OD ou OP) fournissant l’ensemble des informations pertinentes aux opérations en cours et à venir (6). La valeur informationnelle du système kanban Comme nous l’avons déjà mentionné, le système kanban peut être vu comme un système dual : un système d’information qui remplit, entre autre, d’importantes fonctions de signalisation et un système opérationnel qui contrôle le flux physique, des approvisionnements jusqu’aux produits finis. En tant que système d’information, le kanban est un système simple qui s’appuie sur des informations provenant des postes de travail et des décideurs (planificateurs, contrôleurs et contremaîtres), ainsi que des informations destinées à ceux-ci (7) : diffusion de l’information au jour le jour aux personnes qui en ont besoin pour effectuer leur travail quotidien ; diffusion de l’information dans un format fonctionnel ; diffusion d’une information pertinente et concise (peu de « parasites ») ; diffusion d’une information qui est facilement partageable. Ainsi, les informations véhiculées par la carte OD sont principalement la description de la pièce, la capacité du conteneur, le numéro d’émission de la carte, le poste de travail aval, le poste de travail amont et le moment de livraison attendu (3). Pour ce qui est de la carte OP, ces informations sont la description de la pièce, la capacité du conteneur, le poste de travail où les opérations doivent être effectuées, une description brève de Vol. 6 – N°2, 1998 celles-ci, l’endroit d’entreposage du conteneur une fois les opérations terminées, les besoins matières pour effectuer le travail et la provenance (poste de travail amont ou lieu d’entreposage). Les cartes OD et OP peuvent aussi contenir un certain nombre d’informations complémentaires sous forme de codes à barres et d’icônes ou encore la signature des répartiteurs responsables de leurs émissions et certaines instructions spécifiques pour les opérateurs. L’information, par nature périssable, se trouve continuellement mise à jour à chaque émission de nouvelles cartes. Le fait que le système kanban permette un contrôle visuel au niveau de la production et des inventaires facilite grandement cette activité. On évite ainsi l’obsolescence de l’information et les coûts de non-qualité qui y sont rattachés. Le kanban joue le rôle d’une commande ; il permet d’ordonnancer et de réguler la production entre les différents postes de travail. Un poste amont est susceptible de recevoir des cartes de plusieurs références et les tableaux de rangement des cartes sont souvent munis de repères visuels. Par exemple, une couleur verte peut être utilisée pour identifier une quantité suffisante de cartes afin d’engager une production alors que la couleur rouge prévient de l’urgence de commencer à produire, faute de quoi le poste aval risque une pénurie (8). Le système kanban et l’intégration logistique des fonctions approvisionnement et production Avec un système de contrôle de la production tel que le kanban, et de façon plus globale, au sein d’un mode de gestion des opérations Juste-à-Temps, les relations entre le donneur d’ordres et ses fournisseurs ou sous-traitants sont beaucoup plus étroites que dans un contexte traditionnel (9). Par exemple, il est admis que le nombre de fournisseurs est appelé à diminuer, voire même tendre vers une source unique d’approvisionnement pour une ressource matérielle donnée (10). De ce fait, et parce que les lots sont souvent de taille plus petite, la quantité des interactions avec les fournisseurs est susceptible d’augmenter. De toute évidence, un transfert d’information parfait entre le donneur d’ordres et ses fournisseurs devient d’une absolue nécessité, la marge de manœuvre opérationnelle variant généralement de pair avec la taille des lots. Le système kanban, dont on élargit la portée pour inclure les fournisseurs et sous-traitants à 63 Logistique & Management titre de postes de travail éloignés, permet d’atteindre, du moins en partie, cet objectif ; les commandes peuvent être émises automatiquement à partir des informations des systèmes MRP (planification des besoins matières qui tient compte des prévisions moyennes des besoins et du paramétrage des variations permises dans les quantités) et kanban (ordres d’exécution), transmises aux fournisseurs grâce à l’EDI (échange de données informatisé) et confirmées à des fréquences plus élevées pour satisfaire les exigences de lots de plus petites tailles. Toutefois, l’intégration logistique des fonctions approvisionnement et production nécessite plus qu’une simple entente de principe. Trois objectifs sont visés : un partenariat qui unit les donneurs d’ordres et leurs fournisseurs ou sous-traitants dans une relation mutuellement profitable, une flexibilité dans les transactions (stocks de réserve minimum, variations des commandes et des délais, modifications des spécifications et des modalités de livraison) ainsi qu’une grande fiabilité de part et d’autre. Le système kanban, surtout lorsque sa portée en est étendue aux transactions avec les fournisseurs et les soustraitants, favorise l’atteinte de ces objectifs en obligeant donneurs d’ordres et fournisseurs à non seulement s’entendre sur des modalités transactionnelles particulières mais surtout à développer l’expertise nécessaire afin d’être performant. De cette expertise résulte une interdépendance entre les parties (les fournisseurs et donneurs d’ordres devenant plus difficiles à substituer) et c’est justement cette interdépendance qui est à la base tant du partenariat que de la flexibilité et de la fiabilité (11). Le cas Waterville TG 1 - Même si la réduction des niveaux d’inventaires est admise comme une conséquence du recours à un système kanban, il n’en demeure pas moins que cet objectif constituait une attente concrètre par rapport à l’implatation du système kanban. 64 Waterville TG Inc. (WTG), propriété de la compagnie japonaise Toyoda Goseï, fabrique des produits à base de polymère, d’uréthane et de caoutchouc à Waterville (province de Québec) près de Sherbrooke dans une usine de 35 300 m2 qui existe depuis 1955. WTG est une multinationale qui possède des centres de production au Japon, aux États-Unis, à Taiwan et au Canada. L’usine de Waterville fabrique à elle seule plus de 350 articles destinés à différents modèles d’automobiles assemblés en Amérique du Nord principalement. Elle emploie plus de 1 300 employés et compte 21 clients majeurs. Ses deux plus importants clients sont Toyota (usine de Georgetown au Kentucky) et Chrysler (usine de Bramalea en Ontario). Les principales raisons ayant incité WTG à se tourner vers le système kanban sont que la demande est répétitive, que la presque totalité de ses clients provient du secteur de l’automobile (secteur où le Juste-à-Temps est presque une tradition), que les propriétaires de l’entreprise sont japonais et que ceux-ci, suite à leur acquisition de l’entreprise en 1986, ont voulu mettre l’accent sur une organisation de la logistique orientée vers le Juste-à-Temps (12). Les objectifs visés par l’implantation du kanban concernaient les points suivants : l Minimiser les pertes encourues lors des changements d’ingénierie des clients (ce qui est fréquent dans le domaine des joints d’étanchéité). l Diminuer les niveaux d’inventaires de matières premières et de produits finis1. l Diminuer le nombre d’occasions de pénuries. l Utiliser plus rationnellement l’espace disponible. l Faciliter les approvisionnements aux postes de travail. l Diminuer les risques d’erreurs. Mais la principale raison fut l’amélioration du contrôle de la production au niveau de l’ordonnancement. Les nombreux produits fabriqués, la grande similitude existant parfois entre certains de ceux-ci ainsi que la nécessité, dans certains cas, de bien faire la différence entre des produits pour les côtés droits et ceux pour les côtés gauches des automobiles sont des considérations qui font en sorte qu’en l’absence d’un système rigoureux de contrôle de la production, des erreurs survenaient facilement et fréquemment. Pour rencontrer les objectifs visés, WTG a mis en place, entre autre, un système de contrôle intégré de la production et des approvisionnements par kanban (voir figure 3). Cette intégration s’est réalisée en partie par la mise en opération d’un système de faxban qui consiste à transmettre par EDI ou par télécopieur le signal de réapprovisionnement aux fournisseurs plutôt que de leur envoyer physiquement les kanbans. Cette façon de faire permet aux fournisseurs de réagir beaucoup plus facilement et rapidement aux besoins à très court terme de WTG (un ou deux jours) et élimine les délais associés aux aller-retours des kanbans entre WTG et les fournisseurs. Concernant les approvisionnements, les facteurs les plus importants furent l’établissement de bonnes relations avec les fournisseurs Vol. 6 – N°2, 1998 Logistique & Management (partenariat notamment) ainsi que l’échange de données informatisé. WTG a en effet conclu qu’il serait profitable de mettre en place un système de gestion basé sur le système kanban (jumelé à un système d’inventaire permanent) mais qu’en ce qui concerne les fournisseurs, l’information serait échangée essentiellement par voies électroniques via ce que WTG appelle les faxban. La mise en opération du système de faxban pour gérer les approvisionnements a donc nécessité, de la part de WTG, de considérer ses fournisseurs comme des partenaires, de les consulter lors du choix de la technologie et de les amener à considérer d’un œil favorable les modifications dans les opérations (diminution de la taille des lots livrés, augmentation de la fréquence des livraisons, production sur commande plutôt qu’à l’avance). La figure 3 nous permet de constater que le système kanban, pour le réapprovisionnement des matières premières et des pièces achetées, a comme élément déclencheur les commandes des clients ; il s’agit donc d’un système pull au sens où la production est amorcée en fonction des commandes réelles et non en prévision ce celles-ci. Une fois les commandes des clients reçues, elles sont insérées au plan directeur de production, ce qui permet d’effectuer la planification des besoins matières. À partir de la planification des besoins matières de WTG, une première estimation globale des besoins bruts (consommation prévue) est transmise aux fournisseurs. La planification des besoins matières (phase de préparation) permettra aussi de calculer le nombre de kanbans requis et une confirmation par faxban sera envoyée quotidiennement aux fournisseurs. L’information véhiculée par les faxbans est en grande partie de même nature que celle véhiculée par les kanbans avec, en complément, les renseignements se rapportant aux modalités de livraison : date, heure, débarcadère, numéro du lot de production du fournisseur, etc. Une fois les matières premières livrées par les fournisseurs et reçues par WTG, les kanbans sont substitués aux faxbans et sont apposés aux conteneurs de matières premières. Lors de leur apposition sur les conteneurs, l’inventaire est mis à jour en y ajoutant les matières premières reçues. Dès l’utilisation des matières premières, la démarche inverse est effectuée : les kanbans sont retirés des conteneurs de matières premières et l’inventaire est remis à jour en soustrayant, cette fois-ci, les quantités de matières premières correspondant aux kanbans utilisés. Les kanbans ainsi libérés sont alors Vol. 6 – N°2, 1998 Figure 3 : Système kanban et faxban chez WTG. mis en attente pour des livraisons à venir. Toutes ces opérations sont informatisées grâce à l’utilisation des codes à barres. De nombreuses conséquences de l’implantation du système kanban et de l’intégration des fonctions approvisionnement et production furent notées chez WTG : l Le taux de précision (différence entre le décompte physique et les chiffres inscrits dans le système informatique) dans la gestion des matières premières est passé de 85 % à 97 %. l Les délais de livraison sont passés, en moyenne, de 2 semaines à 2 jours. l Les stocks de matières premières et de composantes ont diminué de plus de 65 %. l Le nombre de ruptures de stocks a diminué de plus de 60 %. l La prise d’inventaire sur le plancher de production a complètement été abolie. l Les informations concernant les stocks sont mises à jour au moins 2 fois par jours. l Les expéditions des commandes aux clients sont confirmées quotidiennement, tout comme les livraisons des fournisseurs. Enfin, mentionnons que certains efforts doivent encore être consentis pour parfaire l’implantation du système kanban chez WTG. Entre autre, on ne peut pas parler, pour l’instant, d’un système à flexibilité paramétrable (13). En effet, aucun mécanisme de paramétrage de la flexibilité, autre que la gestion des cheminements et l’intégration d’un stock d’assurance aux plans MRP, n’est spécifiquement implanté. Or, un tel paramétrage serait souhaitable dans la mesure où il pourrait permettre de mieux lisser la production qui est actuellement basée sur des ordres synchrones 65 Logistique & Management qui engendrent des différences faibles, mais parfois significatives, dans les taux d’utilisation des équipements. Conclusion Le système kanban de contrôle de la production est un système qui peut s’adapter aux problématiques opérationnelles spécifiques d’une entreprise. Ce système peut s’agencer à d’autres systèmes en place dont, entre autres, un système conventionnel de planification des besoins matières (MRP). Le système kanban peut aussi être utilisé comme outil de contrôle interne afin d’estimer et d’analyser les écarts entre la production planifiée et la production réalisée. Par exemple, les kanbans désactivés dans une journée devraient correspondre à la production planifiée de cette même journée ; si tel n’est pas le cas, un déficit ou un surplus de cartes OP désactivées sera constaté, indiquant par le fait même l’inadéquation entre la planification et la production. De plus, l’utilisation du système kanban, lorsque étendue aux fournisseurs et sous-traitants, peut aussi facilement tirer profit des technologies de l’information en place pour la gestion des transactions (EDI et Internet par exemple). René Gelinas, Marc Desaulniers C.P. 500 Trois-Rivières (Québec) Canada G9A 5H7 Tél. : (819) 376-5080 poste 3120 Fax : (819) 376-5079 Email : gelinare @neptune.uqtr.uquebec.ca 66 L’intégration des activités et transactions se rapportant à la chaîne logistique d’une entreprise peut grandement bénéficier des préceptes de base du Juste-à-Temps. Cependant, la réussite de cette intégration passe nécessairement par l’utilisation d’outils appropriés tel qu’un système de contrôle des transactions comme, par exemple, le système kanban et par la coordination des ordres de production directement avec les commandes des clients. Ce dernier point est important si on veut espérer réussir l’intégration logistique des fonctions approvisionnement et production. Ce n’est pas tout de travailler sur les flux physiques ; il faut aussi arriver à maîtriser les flux d’information pour assurer la parfaite cohésion entre les deux. Le système kanban mis au point par WTG est un exemple de réussite de l’intégration logis- tique des fonctions approvisionnement et production. Il permet une meilleure identification des produits et réduit grandement les risques d’erreurs ainsi que les temps de réaction. Ce mode de fonctionnement par kanban s’avère très avantageux: il permet une préparation des ordres de production synchronisée avec les commandes des clients, un excellent contrôle de la production, une mise à jour rapide et fiable des inventaires, une bonne communication des besoins de WTG à ses fournisseurs ainsi qu’une intégration plus facile des besoins des clients de WTG à sa planification de la production et à celle de ses fournisseurs. Bibliographie 1. Gelinas R., Jacob R., Drolet J. et Rheault M., « Les facteurs de succès du Juste-à-Temps et leur incidence sur les PME », Comptes-rendus de l’ICSB, juin, p. 141-151, 1994. 2. 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