Numerus-05-2005_Mariages binationaux

Transcription

Numerus-05-2005_Mariages binationaux
Les mariages binationaux ont la cote
ur les 3813 mariages enregistrés en 2004, on compte davantage de couples mixtes
(40,7 %) que de couples de Suisses (39,4 %) ou d’étrangers (19,9 %). Les unions binationales sont en augmentation dans toute la Suisse et sont particulièrement nombreuses dans le canton de Vaud. Les hommes suisses épousent plus fréquemment des
personnes étrangères que les Suissesses et, dans le cas d’un mariage mixte, l’origine de
la personne est plus souvent extra-européenne.
S
DANS LE CANTON de Vaud, 3813 mariages
ont été célébrés en 2004, dont 1551 mariages
mixtes, 1503 mariages entre Suisses et 759
mariages entre étrangers. Les mariages mixtes
suivent une progression régulière et sont même
les plus nombreux dans le canton pour la troisième année consécutive. Au niveau national, les
unions entre deux Suisses sont encore en tête
malgré une tendance à la hausse des mariages
mixtes. La propor tion d’unions binationales y
atteint 35,8 % (2003) contre 40,7 % dans le canton, ce qui n’est pas surprenant si l’on considère
que le canton de Vaud a l’un des plus forts taux
d’étrangers du pays (28 % de la population résidante contre 21 % pour la Suisse).
Nombreux dans les agglomérations
On obser ve dans les communes urbaines
(moyenne des cinq dernières années) un pourcentage de mariages mixtes supérieur (41,1 %)
à celui des communes rurales (34,2 %). La part
plus élevée de la population étrangère dans les
agglomérations joue sans doute un rôle sur la
probabilité de rencontrer et d’épouser une personne d’une autre nationalité.
Davantage de mariages mixtes
pour les messieurs
Les hommes suisses épousent plus fréquemment
une personne étrangère que les Suissesses (833
contre 718 en 2004), bien qu’il y ait, parmi les
20-50 ans, plus d’étrangers que d’étrangères
(37 % contre 34 %).
On observe cependant une hausse très nette
des mariages mixtes du côté des femmes suisses
depuis 2001, tandis que l’effectif est resté stable
pour les hommes. Cette brusque augmentation
(+250 environ) trouve son explication dans la
nouvelle manière de compter les mariages de
l’Office fédéral de la statistique (OFS)1.
Des épouses aux origines lointaines
Les mariages mixtes ne concernent pas les
mêmes nationalités s’agissant des hommes ou
des femmes ; on note également une plus grande
Sommaire
Les mariages binationaux ont la cote
4,6 milliards pour la santé en 2003
1-2
3
Croissances différenciées des
Hautes écoles universitaires lémaniques
4 -5
Construction vaudoise :
nouvelle hausse en 2004
6-7
Pourquoi ne pas jeter le recensement fédéral
de la population ?
8
P O P U L AT I O N
diversité des nationalités pour les épouses
d’hommes suisses.
Chez ces derniers, les cinq premiers pays
d’origine des conjointes sont la France, le
Brésil, le Maroc, l’Italie et le Portugal, suivis de près par le Cameroun, l’Espagne et
la Thaïlande. Les communautés les plus
impor tantes dans le canton n’arrivent
donc pas forcément en tête : les Brésiliennes représentent par exemple moins de
2 % de la population féminine étrangère
âgée de 20 à 50 ans.
Les mariages avec des Européennes (UE
15) cèdent progressivement la place aux
mariages avec des femmes d’origine plus
éloignée : ils ne représentent plus que
33,8 % des mariages mixtes contre 62,9 %
en 1990. On compte 15 % de mariages
avec des Européennes hors UE 15, 19 %
avec des Africaines, 17 % avec des SudAméricaines et 11 % avec des Asiatiques.
Les femmes suisses épousent
surtout des Européens
Pour les Suissesses qui épousent des étrangers, les unions sont les plus fréquentes
avec des Italiens, des Français, des Serbes,
des Espagnols, des Portugais et des NordAfricains. Les mariages des femmes avec
des ressortissants de l’UE 15 tendent plutôt à augmenter avec le temps, de même
que ceux avec des extra-Européens. Les
unions avec des Africains ont notamment
pris de l’ampleur : près du cinquième des
mariages mixtes pour les Suissesses, la
moitié concernant des Nord-Africains.
Les données de l’état civil dont nous disposons ne permettent toutefois pas de déterminer si les Helvètes qui épousent des
étrangers sont suisses de naissance ou par
naturalisation, ou s’ils ont plusieurs nationalités ; ainsi, il est vraisemblable qu’une partie
des mariages mixtes unissent des personnes de la même origine.
Souvent des remariages
Seuls 54,3 % des mariages entre un Suisse
et une étrangère sont des premiers mariages contre 63,6 % en cas de mariage avec
une Suissesse (moyenne 2000-2004). Ils
représentent même moins d’un mariage
sur trois avec les Serbes, les Ukrainiennes,
les Marocaines et les Camerounaises. Pour
les femmes, il s’agit plus souvent d’un premier mariage (61,5 %).
Quant à la différence d’âge moyenne,
elle est plus importante lorsqu’un Suisse
épouse une étrangère (6,7 ans) que lorsqu’il épouse une compatriote (2,7 ans).
L’âge moyen du fiancé est alors de 37,7 ans
contre 31,0 ans pour son épouse étrangère. L’écart, plus élevé avec les femmes
originaires d’un Etat hors UE 15, est particulièrement fort avec les Camerounaises
(14,8 ans), les Marocaines (13,8 ans) et les
Algériennes (10,5 ans).
Il est intéressant de relever que les femmes, habituellement plus jeunes que leur
époux, sont plus âgées que celui-ci en cas
de mariage avec un étranger ; la différence
d’âge entre conjoints atteint près de 6 ans
avec les Turcs, les Tunisiens et les Serbes.
Mariages mixtes selon la nationalité, Vaud, moyenne 2000 -2004
Epouse
Epoux suisse
Effectif
En %
Poids1
en %
Française
Brésilienne
Marocaine
Italienne
Portugaise
Camerounaise
Espagnole
Thaïlandaise
Roumaine
Russe
Autre
112
71
59
55
35
34
33
31
19
19
377
13,3
8,4
7,0
6,5
4,1
4,0
3,9
3,7
2,2
2,2
44,6
12,2
1,6
1,6
13,3
21,5
0,5
7,8
0,6
0,6
0,7
39,5
En tout
845
100,0
100,0
1
Epoux
Epouse suisse
Effectif
En %
Poids1
en %
Italien
Français
Serbe
Espagnol
Portugais
Marocain
Tunisien
Algérien
Britannique
Allemand
Autre
112
112
56
44
30
28
23
19
17
14
210
16,8
16,8
8,4
6,6
4,5
4,2
3,5
2,9
2,6
2,1
31,6
17,3
13,1
7,7
8,8
20,9
1,0
1,0
0,7
2,7
2,4
24,4
En tout
665
100,0
100,0
Part d’étrangers selon la nationalité et le sexe, en % de la population étrangère âgée de 20 à 50 ans
Un indicateur de l’intégration
Du point de vue de la population étrangère, les mariages avec des Suisses peuvent
nous informer sur le degré d’intégration
d’une communauté. Ainsi n’est-il pas surprenant d’observer que plus de la moitié
des mariages impliquant des Français, des
Italiens ou des Allemands sont des mariages mixtes, avec une faible part de mariages
intra-communautaires. Certains groupes au
contraire se « mélangent » moins fréquemment, comme les Portugais, dont plus du
tiers des mariés ont convolé avec un ou
une compatriote. C’est le cas également
des Serbes, des Turcs, des Bosniaques et
des Sri Lankais (avec respectivement 66 %
et 78 % de mariages intra-communautaires
pour ces derniers).
Migration et mariage
Pour quelques communautés, la quasi-totalité des mariages célébrés sont des mariages entre des femmes étrangères et des
hommes suisses. On atteint plus de 80 %
au sein des communautés thaïlandaise et
japonaise, et plus de deux tiers au sein des
communautés camerounaise, ukrainienne et
roumaine, ainsi que parmi d’autres nationalités de l’Afrique, de l’Asie et de l’Amérique latine. Pour ces communautés, seules
les femmes épousent des Suisses. Elles sont
d’ailleurs nettement plus nombreuses dans
le canton que leurs compatriotes – plus de
quatre femmes pour un homme dans la
communauté thaïlandaise (20 à 50 ans), et
plus de trois pour un dans les communautés
brésilienne et ukrainienne. La dissymétrie
hommes-femmes est criante : de tels extrêmes ne s’observent pas pour les mariages
d’étrangers avec des femmes suisses.
Il est for t probable que des personnes
immigrent en Suisse pour s’y marier ; il s’agit
parfois de la seule possibilité de rejoindre son compagnon (ou sa compagne)
en Suisse pour les communautés extraeuropéennes. Les données disponibles ne
permettent toutefois pas de mesurer ce
phénomène2. LP
1
Avant 2001, c’est la résidence du fiancé avant le mariage
qui faisait référence, et les mariages entre une femme résidant en Suisse et un homme résidant à l’étranger n’apparaissaient pas dans la statistique. Actuellement, dans un tel cas,
c’est le domicile de la femme qui fait référence.
2
Voir OFS « Famille et migration », 2005.
Source : Office fédéral de la statistique (OFS).
NUMERUS N° 5 • OCTOBRE 2005