Portrait R2A - Architecture Hospitalière

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Portrait R2A - Architecture Hospitalière
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Agence R2A, Renaud Alardin : « Les contraintes du secteur
de l’hospitalier résident dans le mariage de la technique,
de la fonctionnalité et de l’esthétique »
L’agence d’architecture R2A évolue principalement dans le secteur hospitalier, plus particulièrement sur son aspect technique comme les
blocs opératoires ou les installations d’ambulatoire. Elle intervient également dans la conception de maisons de retraite ou encore de foyers
d’accueil médicalisés. Enfin, R2A entretient quelques projets de particuliers et opère sur de petites interfaces lui permettant de se diversifier et
d’atteindre un panel d’interventions plus large, afin de s’adapter aux évolutions de l’activité.
L’agence R2A a notamment travaillé sur le projet de la salle hybride de l’Infirmerie Protestante de Caluire. Ce projet a été l’aboutissement
d’une étude commune issue d’une réflexion entre l’architecte, Renaud Alardin, l’ingénieur biomédical et la responsable des blocs. De la
même manière, sur le projet du CHU de Grenoble - la création d’une salle vasculaire et d’une salle de chirurgie cardiaque en site occupé - le
rôle de R2A a été de mettre en exergue sa connaissance de la gestion chantier et de ses interfaces avec l’équipementier biomédical.
Présentation avec Renaud Alardin, architecte
et gérant de l’agence R2A
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Votre parcours...
Renaud Alardin : J’ai été intéressé très jeune par l’architecture
et j’ai rapidement envisagé mes études pour poursuivre dans cette
voie. Après ma classe de 3e, je me suis orienté vers un BEP construction-
topographie à dominante construction, afin de me rapprocher du
monde du bâtiment. Mes résultats scolaires m’ont encouragé et
m’ont permis d’opter pour un baccalauréat STI Génie Civil. En quittant
le lycée, j’ai postulé dans plusieurs écoles d’architecture et des BTS
Bâtiment, pour être finalement retenu par l’école nationale supérieure d’architecture de Clermont-Ferrand où j’ai effectué six ans
d’étude. Durant mon cursus, j’ai vécu la réforme licence-maîtrise
qui a marqué la fin de l’architecte DPLG (Diplômé Par Le Gouvernement) en faveur de l’architecte DEA (Diplôme d’Etat d’Architecte),
comprenant l’Habilitation à exercer la Maîtrise d’Œuvre en son Nom
Propre (HMONP).
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Architecture hospitalière - numéro 12 - 2014 - Agence R2A
Comment est née l’agence R2A ?
R.A : À la sortie de l’école d’architecture, j’ai réalisé mon habilitation
au sein de l’agence lyonnaise Axe Architecture et j’ai pu évoluer
dans le domaine du logement durant un an. Par la suite, je souhaitais
tenter d’autres expériences et aborder différents domaines. J’ai
donc postulé auprès de l’agence Didier Manhes Architectes, spécialisée
dans le domaine hospitalier. Pendant quatre ans, j’ai gravi les échelons
pour atteindre le poste de chef de projet et j’ai été désigné responsable
de l’opération de l’Infirmerie Protestante de Caluire. La société s’est
associée au groupe CRB Architectes mais, suite à la crise que nous
avons subie il y a trois ans, elle s’est retrouvée en situation de redressement judiciaire avant d’être placée en liquidation. Face à cette
situation, j’ai étudié la possibilité de reprendre la société, ce qui
s’est avéré financièrement inenvisageable. Avec le soutien de plusieurs
collègues, nous avons alors décidé de créer l’agence R2A. Avec le
temps, j’ai finalement créé seul cette société en juin 2012. En ayant
fait partie d’une agence spécialisée dans le domaine hospitalier,
j’ai eu l’occasion de réaliser plusieurs études sur des aspects bioclimatiques et HQE. Avec R2A, je souhaitais donc développer ces
différents pôles, devenir indépendant et mettre en pratique mes
connaissances dans le domaine environnemental, ainsi que mon
expérience acquise en tant que chef de projet de l’acte de construire.
Mon travail m’a permis de me rapprocher de nombreux acteurs de
projet et d’obtenir la confiance des maîtres d’ouvrage. C’est ainsi
que j’ai pu débuter mon activité avec le soutien de la direction de
l’Infirmerie Protestante de Caluire, qui était prête à ce que je reprenne
le dossier commencé au sein de l’agence Didier Manhes. Mon collègue
Thomas Jeangeorges m’a rejoint en septembre 2012 et a donc
quitté l’agence dans laquelle il exerçait depuis cinq ans et qui lui
avait permis de réaliser de nombreux marchés publics et de logement.
Nos compétences étant complémentaires pour le développement
des projets, nous souhaitions mettre en avant cette complémentarité
et poursuivre notre développement dans le domaine hospitalier, tout
en abordant d’autres secteurs comme le tertiaire, les marchés publics
et le logement, pour disposer d’un plus large panel d’activités.
Comment est organisée l’agence R2A ?
R.A : Hormis Thomas Jeangeorges et moi-même, le bureau est composé
d’une assistante administrative. Nous pouvons également faire
appel à des dessinateurs indépendants dans le cadre de nos projets.
Quelles sont les contraintes du secteur hospitalier ?
R.A : Ces contraintes résident dans le mariage de la technique, de
la fonctionnalité et de l’esthétique. Nous devons obtenir la fonction
d’un service dans notre conception, ce qui implique un degré de
technique important dans l’architecture. Nous devons régulièrement
échanger avec le secteur technique car, même si nous pouvons
concevoir un espace architectural particulièrement esthétique, ce
volume reste avant tout un outil de travail aux problématiques techniques
variées. Celles-ci doivent être prises en compte car elles génèrent
des complexités qui nous obligent à revoir notre conception. La plus
grande des satisfactions reste le moment où nous pénétrons dans un
service et constatons que les utilisateurs mettent en avant tous les points
positifs de notre conception architecturale et d’avoir pour résultat le bienêtre du patient. Cela signifie que nous avons bien compris leurs besoins.
L’opération de l’Infirmerie Protestante de Caluire...
R.A : Il s’agissait de notre première opération d’envergure. Elle comprenait la restructuration du premier étage de la clinique et l’agrandissement du plateau technique. Après avoir réalisé le bâtiment
d’extension, nous avons pu libérer le premier étage en transférant
les installations de consultation dans la nouvelle structure. La clinique
disposait ainsi du premier étage pour exercer ses activités d’exploration
fonctionnelle, de chirurgie digestive et d’ambulatoire, HTP et chimiothérapie. Nous avons donc restructuré le service pour augmenter la
capacité en ambulatoire de 13 lits, refaire un service de chimiothérapie
de 10 postes et intégrer 8 postes d’hospitalisation à temps partiel.
Nous avons augmenté la capacité du plateau d’exploration fonctionnelle
digestive, avec une salle d’exploration supplémentaire et deux salles
plus modestes, pour lesquelles nous avons transféré le lithotriteur,
auparavant installé au bloc opératoire. Nous en avons également
profité pour agrandir la zone dédiée au service de décontamination
de l’exploration fonctionnelle digestive. Nous avons mis en place
un service d’exploration fonctionnelle urologique, comprenant trois
cabines de consultation, un bureau de médecin et une zone d’attente
dédiée. Nous avons conservé des réserves de surfaces pour adapter
le bâtiment aux futurs développements d’activité. Ce premier projet
était en lien avec la mise en place d’un dépôt mortuaire qui a nécessité
quelques aménagements du sous-sol. Lors des études de ce projet,
le client a fait une demande pour pouvoir retravailler les blocs opératoires.
Ce projet a amorcé la deuxième étape du développement de R2A :
la partie médico-technique. Cette opération rapide autour des blocs
opératoires est intervenue suite à la modification en juillet 2012
d’un décret obligeant les établissements de santé à se doter d’une
salle dite « hybride » pour réaliser l’implantation d’endoprothèse
valvulaire aortique (TAVI). Les établissements concernés avaient
donc jusqu’au mois de décembre 2012 pour se mettre en conformité.
Le délai étant très court nous nous sommes rapidement attelés à
l’étude du projet. La direction de l’Infirmerie Protestante m’a convié
à une réunion de la CME pour aborder ces différentes problématiques
et définir des solutions au regard des blocs actuels. Le premier enjeu
était de définir l’emplacement de la salle hybride par rapport au
bloc actuel, sans remettre en question le fonctionnement du plateau
technique de la clinique. À la suite de plusieurs ébauches, nous avons
choisi la salle 8 pour accueillir ces installations hybrides, notamment
pour des raisons de gestion du chantier. Nous devions permettre au
plateau technique d’assurer son activité tout en restructurant la zone
concernée. Pour cela, les accès pompiers ont été utilisés comme accès
au chantier afin de localiser la zone de travaux. À partir de ces décisions,
nous avons entamé les restructurations et établi le programme des
différentes salles. Cette opération de rénovation a été divisée en deux
étapes. La première a été réalisée durant l’été et nous attendons
que la politique de développement de l’établissement soit clairement
définie par ses dirigeants pour poursuivre avec la seconde étape.
Quels sont les acteurs avec lesquels vous avez collaboré sur
cette opération ?
R.A : Sur ce projet, je suis intervenu en tant qu’architecte de la clinique
et, en tant que mandataire, j’ai pu composer l’équipe de maîtrise
d’œuvre. J’ai donc travaillé avec le bureau d’études ARCOBA et le
cabinet d’économistes VOXOA. Ensemble, nous avons abordé, dans
un premier temps, la partie Chauffage, Ventilation et Climatisation
(CVC) pour régler les problématiques majeures de traitement d’air
et les incidences, afin de retravailler l’agencement de la zone. Une
fois cette première esquisse de faisabilité réalisée, j’ai participé à
des réunions de présentation auprès de la CME, de la direction, de
l’ingénieur biomédical et de la responsable de bloc opératoire. Une
fois que les praticiens nous ont donné leur accord pour la localisation
et nous ont fait part de leurs besoins et de leurs attentes, nous
avons adapté nos solutions en collaboration avec l’ingénieur biomédical. De cette façon, nous avons pu concevoir une salle en adéquation
avec les exigences des praticiens.
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