SommaIre - Libertad on web
Transcription
SommaIre - Libertad on web
libertad NUMERO 2 : DECEMBRE 2004 SommaIre Dossier: La censure Chroniques Erasmus Humeur Culture IPNS EDITO Les envahisseurs sont de retour...Malgrè l'entêtement de certains décolleurs, nous persistons et signons...Nous? Qui ça nous? Simplement des étudiants en sciences humaines à l'Université du Littoral et ailleurs qui en ont eu assez un jour de voir leurs voisins s'enfermer dans leur discipline...Libertad se veut un lien entre les sections, une manière de s'informer des choses graves comme des plus banales, une manière de se rencontrer, enfin...Nos pages sont ouvertes à tous mais chacun est différent, dans ses préoccupations comme dans ses choix...Alors nous nous retrouvons dans une même volonté de s'exprimer et de communiquer. Cette fois encore vous retrouverez d'abord un dossier puis des chroniques, des coups de gueule, des rendez-vous...Bonne lecture à tous, en espérant que vous vous reconnaissiez quelque part, entre deux pages... L'équipe DOSSIER : LA CENSURE Pour écrire : imaginez un monde où le –s serait censuré… « Pour toi, je pourrai décrocher la lune. » «Ppour toi, il me sera possible de décrocher la lune. » Voyez qu’ici, le retrait du –s entraîne une suppression de la fantaisie, amoureuse plus particulièrement. De ce seul geste, l’amant ( car celui qui écrit est un homme ) prend une autre dimension, dimension plus héroïque, plus sûre, quasiment prétentieuse. On sent bien là qu’on lui fait oublier l’importance de l’euphorie et du lyrisme amoureux. Il se transforme donc en chevalier trop fort, au surplus d’ardeur qui, quoi qu’il en soit, aura possiblité de décrocher la lune, pourra décrocher la lune ; les moyens à mettre en œuvre pour ce succès n’étant plus qu’une bagatelle. Le –s, quant à lui, le réduit au statut d’homme simple mais passionné, bien conscient ( dans la plupart des cas ) de l’impossibilité de réaliser l’acte énoncé. Ce qui, aux yeux de sa douce, le rend plus beau, plus attendrissant et finalement plus aimable. Cependant la censure n’en est pas là. Oubliez ce que vous venez de lire. Penchez vous plutôt sur les véritables problèmes de liberté qu’engendre la censure, tout en gardant en tête qu’elle ne pourra jamais vous ôter le droit de rêver. A moins que… Je La censure a plusieurs aspects, si elle est souvent d'origine politique, ses applications sont plus diverses. C'est ce que nous avons voulu montrer par nos articles.... Quand le écran fait écran... petit L’objet de cet article n’est pas de dénoncer une censure directe de la part des pouvoirs qui a cours dans les régimes totalitaires ou au temps de l’ORTF en France (la chaîne de télévision unique) où le ministre de la culture et de l’information du général De Gaulle indiquait à la rédaction l’ordre du jour des actualités. Ce travers n’existe plus en France. Même si deux jours après sa première élection en 1995, Jacques Chirac a nommé un nouveau directeur pour l’AFP. Le problème aujourd’hui n’est pas une main-mise du pouvoir politique sur le pouvoir médiatique. Même si parfois il y a collusion entre ces deux sphères : le témoin au mariage de Nicolas Sarkosy était Martin Bouygues, l’actuel patron de TF1. « L’homme providentiel » cher à l’historien Raoul Girardet (in Mythes et mythologies politiques) est un communicant hors-pair et hors catégorie. Mais le gand problème est plutôt la concentration du pouvoir médiatique aux mains de quelques multinationales, ainsi le milliardaire australien Ruppert Murdoch possède la moitié des quotidiens britanniques et une bonne centaine de chaînes de télévision aux Etats-Unis ( in La tyrannie de la communication, Ignacio Ramonet ). Cette concentration se fait au détriment du pluralisme de l’information . Par ailleurs, les journalistes manquent souvent d’originalité et se recopient les uns les autres (« la circulation circulante de l’information » de Bourdieu) . L’ensemble de ses aspects contribuent à un appauvrissement du débat public, une dé-construction de la démocratie, avec cette « censure a minima » , par défaut, un « meilleur des mondes » soft. Ainsi pendant un an avant le premier tour des présidentielles (21 avril 2002), j’ai regardé à la fois le journal de TF1 (11 millions de téléspectateurs ) et le 20 heures de FRANCE 2 (6 millions) : 80% du temps des deux journaux étaient dédiés aux thèmes de l’insécurité, des banlieues…patatras…Le Pen au second tour…M Sarkosy apparaît de manière insistante aux JT, préparant le terrain pour la place Beauvau. Les rédactions « calment le jeu » jusq’au second tour sans proposer presque aucun thème sur l’insécurité. On découvre les ballades en VTT, les églises romanes, une France paisible aux JT. Les théoriciens de la communication affirment que les médias en « informant » ne forment pas forcément l’opinion publique. Par contre, il y a un « effet agenda » : le téléspectateur ne pense pas forcément comme le journaliste, mais il est préoccupé par le thème qu’on lui propose. Et, souvent, le jounal télévisé tourne à la caricature, le sujet du jour est chassé par celui du lendemain, rien ne se trace. C’est ce que dénonce F.Hartog : le mal de notre époque est le « présentisme », non pas de vivre comme il se doit le présent qui est un cadeau dans tous les sens du terme. Mais, cette soif gargantuesque du nouveau, sans sillon, ni mémoire, un présent à jamais révolu. Pour beaucoup de nos contemporains, le petit écran n’est pas un simple monde parmi d’autres. Il est devenu le monde, un monde clos sans horizon. Le petit poisson rouge et son bocal. Farid Quand les mots triomphent des maux... Hugo sent en son âme et conscience qu'il doit de l'Eglise est mise en relief dans le poème « J’ai soulevé du mal l'immense et triste voile,/ J’ai violé la nuit pour lui faire une étoile ». Ces deux alexandrins illustrent parfaitement le dessein que poursuivait Victor Hugo à travers l'écriture des Châtiments. Cette oeuvre se caractérise par l'ingénieuse combinaison de la politique à la poésie. Il s'agissait pour Hugo de dénoncer la cruauté qui régnait en maîtresse absolue sous le Second Empire, et dont le grand représentant est Napoléon III. Hugo viole la nuit lorsqu'il écrit ce pamphlet avec tant de violence, mais il fait une étoile, les Châtiments qui nous éclairent aujourd'hui des faits d'un siècle et demi passé. Ne restez donc pas dans l'ombre! Préférez lui la clarté; pour ce, il s'avère nécessaire de faire un petit bond en arrière. Vous y êtes? Nous voici donc en 1848. Oui vous avez raison, c'est bien en cette année que Louis Napoléon Bonaparte fut élu président de la République. Trois ans après, le 2 décembre 1851, il dissout le Conseil d'Etat et l'Assemblée Nationale; vous l'avez deviné, il s'agit d'un véritable coup d'état. Le 2 décembre 1852, Bonaparte Président de la République se fait proclamer Napoléon III Empereur. Ce jour fut terrible, les troupes militaires occupaient Paris dont le peuple affluait, curieux et admiratif devant les uniformes. Soudain des coups de feu éclatèrent. La foule s'agita, hurla et fuit, mais l'armée sans pitié s'acharna sur elle. Paris ne fut plus alors qu'un immense et effroyable bain de sang. Cette fusillade est le chef d'accusation le plus grave qui soit traité dans les Châtiments. Hugo le républicain faisait partie du comité de résistance; il tentait de soulever les soldats, signait la mise hors la loi de Napoléon sur des affiches publiques, et participait à des réunions clandestines. Comme l'on n'est jamais résistant impunément, Hugo doit fuir pour éviter l'exécution. En cette même année est effacée la devise « liberté, égalité, fraternité » et la nouvelle Constitution est promulguée. Dorénavant, Napoléon détient tous les pouvoirs. Devant cette féroce prise de pouvoir, agir. Toutes les libertés sont supprimées, le peuple ne réagit pas, Hugo se charge de le réveiller : il s'arme de sa plume et rédige une série de poèmes qui forment son célèbre recueil Les Châtiments. Cette oeuvre est à ses poésies ce que les Misérables est à ses romans. Il est un véritable virtuose des mots qu'il manie avec art, finesse et subtilité. Il nous présente Napoléon III comme un personnage ridicule. Physiquement cela tient de la petitesse de sa personne. Napoléon III ne compense guère cette disgrâce en brillant par l'esprit puisqu'il n'est qu'une pauvre et pâle copie de son oncle Napoléon 1er. Hugo dénonce ce mimétisme dans son poème « Fable ou histoire »: « Un singe d'une peau de tigre se vêtit / le tigre avait été méchant / lui fut atroce ». Cette métaphore filée réduit Napoléon III à un singe, animal ridicule imitant son entourage. Il s'inspire d'un mauvais exemple, et dans son imitation va jusqu'à le surpasser, ce qui le rend d'autant plus médiocre! Pauvre Napoléon le « Nain », il n'est qu'une dégradation du pitoyable Napoléon 1er. Hugo dénonce aussi la cupidité de Napoléon; il semble, pour ainsi dire, que l'argent fut son unique préoccupation. Le poème « Joyeuse vie » met l'accent sur ce trait de personnalité. Hugo met en parallèle l'avidité de Napoléon et le dénuement du peuple. « Coupez les bourses! [...] Videz les réservoirs! [...] Prenez le dernier sou! Prenez, gais et faciles, prenez, riez, vivez » [...] « La famille du pauvre expire sur la paille, [...] / Le père en frémissant va mendier dans l'ombre. La mère n'a plus de pain [...] l'enfant n'a plus de lait » Hugo joue ici de l'émotion. Comment rester insensible devant le comportement inhumain de Napoléon le voleur, Napoléon le barbare? Hugo met aussi en avant l'oppression que Napoléon a exercée contre le peuple. « Alors sur la martyre on épuise la haine et la férocité » (Pauline Roland) « L'enfant avait reçu deux balles dans la tête » (Souvenir de la nuit du 4) « Le peuple en larmes criaient grâce » (Les martyres) « Voici du sang, accours, viens boire, petit, petit » (Chanson) La violence de ces vers illustre admirablement l'horreur de la situation. C'est aussi vers l'armée et la religion que Hugo pointe son index accusateur. L'une comme l'autre furent indéniablement au service du pouvoir. Le poème « Nox » met en évidence l'obéissance de l'armée à Napoléon III. « Soldats, fusillez moi ce vieux! Tuez moi cet enfant! Qu'est ce que cette femme? C’est la mère? Tuez! Que tout ce peuple infâme tremble, et que les pavés rougissent ces talons! »Ici la cruauté ne connaît pas de limite et l'armée en est la complice. La collaboration « Aux femmes » avec un vers très explicite: « Eclaboussé de sang, le prête l'applaudit. » Enfin, Hugo démontre dans Les Châtiments que les valeurs se sont perdues, laissant place à une empire de débauche. Dans le poème « Chanson », il dénonce l'ivresse de l'armée. « Le vin, au sang mêlé, jaillit sur vos habits » Dans le poème « Tout s'en va », il utilise le procédé allégorique qu'il applique aux valeurs morales: « -la raison:moi, je me sauve ». -le droit : « adieu, je m'en vais » -l'honneur : « je m'exile » [...] -le mépris : « je reste ». Hugo est conscient de la violence des Châtiments. « Etre violent, qu'importe? Etre vrai, tout est là », nous dit-il. La sincérité est digne d'admiration car l'écriture d'un tel pamphlet lui causa bien des soucis. Mais plus que l'écriture, c'est la publication des Châtiments qui posa problème. Hugo, dans une lettre à Louise Colet, expose sa situation : « Je fais en ce moment une oeuvre de titan: ce n'est pas d'écrire contre un homme, c'est de le publier. » Hetzel, l'éditeur d'Hugo, est exilé à Bruxelles, tandis qu'Hugo lui-même est exilé à Jersey. Tous deux sont surveillés de près par la police impériale. Le 20 décembre 1852, la Belgique vote la loi Faider, qui réprime sévèrement toute offense publiée sur son sol contre des souverains étrangers. Il s'agit donc pour notre ami Hugo de trouver un imprimeur qui accepte d'enfreindre la loi. Pour la publication des Châtiments, il décide d'utiliser le principe de la double édition, c'est-à-dire de publier en même temps une édition officielle censurée et une édition clandestine complète. Mais à son grand désarroi, personne n'est prêt à prendre un tel risque pour lui. Hetzel, avec la participation financière d'Hugo, fonde donc sa propre imprimerie; les deux éditions seront alors imprimées à Bruxelles. Les Châtiments sont publiés, mais avec retard, et les 1600 vers prévus au départ sont devenus 670! L'édition censurée se vend peu, l'édition complète se vend mieux. Ce piètre intérêt porté aux Châtiments s’explique par la sévère répression policière. Il faudra attendre la chute de l'Empire dans le désastre de Sedan le 2 septembre 1870 pour que Les Châtiments soient couronnés d'un succès, disons-le, largement mérité. Les Châtiments témoignent de l'engagement d'un homme, Victor Hugo. C'est aussi l'histoire de la poésie qui rend justice à l'histoire. Et si l'on voulait trouver quelque chose de positif à dire sur Napoléon III, ce serait sans nul doute le fait qu'il ait inspiré un tel chef-d'oeuvre...à se procurer absolument!... Fanny D OS SIER :LA CENSURE Hollywood, Shame on you !! Un seul impératif: ne pas indisposer le spectateur. « Cachezmoi ce sein que je ne saurai voir ! » C’est à peu près sur ce ton que le Code de production va censurer Hollywood pendant près de 40 ans et paradoxalement lui permettre de connaître son apogée. Le réalisateur Douglas Sirk se plaindra en effet que les décolletés doivent sans cesse être mesurés et ne pas dépasser les deux centimètres autorisés… Le Code naît dans un contexte de marasme économique. Hollywood vit totalement à l’écart de la crise des années 20-30 et tandis que le New Deal de F.D.Roosevelt cherche à redonner confiance à l’Amérique en faisant valoir la « conscience nationale », Hollywood multiplie les scandales. Pour la Cour Suprême, il est hors de question de prendre en compte la fameuse ‘freedom of speech’ des 1er et 14e amendements constitutionnels dans la mesure où elle considère le cinéma hollywoodien comme « un commerce pur et simple (…) à seules fins de profit commercial » . Il faut avouer que le but de l’industrie cinématographique n’est pas de vendre de la morale mais un maximum de films. Voyant les problèmes juridiques et économiques se profiler à l’horizon, les grands patrons des studios réagissent et décident de se fixer des règles. Ils choisissent pour cela un ancien ministre conservateur qui donnera son nom au code, William Hays. Le ‘censorship process’ est lancé…mais c’est avant tout de l’auto-censure. William Hays précise ainsi que c’est « l’enthousiasme du moi qui s’impose des limites ». On détermine alors la liste des ‘Don’t and Be Careful’ . Elle n’a encore aucune force obligatoire, mais comprend déjà les impératifs qui composeront principalement le Code Hays, entre autres : Les ‘Don’t’ film. qui ne devaient figurer en aucun cas dans un *Toutes les expressions profanes ou vulgaires*Les trafics de drogue*L’esclavage blanc*Les organes sexuels d’enfants*Ridiculiser le clergé* Toute offense à n’importe quelle race, nation ou croyance*Toute remarque lubrique ou licencieuse émise par un personnage, etc… Les ‘Be Careful’ auxquels une attention spéciale devait être portée dans le traitement. *L’utilisation du drapeau * Les scènes de la première nuit d’amour* Les opérations chirurgicales* Les baisers excessifs et luxurieux* La brutalité et toute chose macabre* Les techniques pour commettre un meurtre, etc… salle sans avoir obtenu le sceau. Le scénario une fois lu par l’administration, une lettre était envoyée comprenant un avis général ainsi que la liste des scènes et des dialogues à couper ou modifier. Et la même procédure recommençait après le tournage du film pour les images cette fois. Enfin, les membres de la PCA allaient vérifier que leur verdict était bien respecté en se rendant dans les cinémas locaux. Par ailleurs, le rôle des catholiques de la Legion of Decency était considérable. Sans le soutien de celle-ci, la PCA était plus vulnérable. On perçoit très bien l’influence de la religion dans le manichéisme qui caractérise le Code fondé sur la loi des valeurs compensatoires. Autrement dit, comme l’a expliqué la secrétaire de Joe Breen, il faut que chaque film comporte « au moins suffisamment de Bien dans son histoire pour compenser (…) tout le Mal qui s’y rattache ». Se rattachent également à ce manichéisme les fameux happy endings : à Hollywood, et surtout sous la censure, le méchant doit être puni et le gentil doit gagner. Toutefois, tous les réalisateurs ne l’entendent pas de cette oreille et cherchent à contourner les interdictions. La ruse est de mise. Ainsi, Mae West se met à écrire des scènes supplémentaires très osées afin que les autres, paraissant alors moins provocantes, ne soient pas coupées. Il faut aussi savoir user du peu de tolérance dont fait preuve la PCA. L’éloignement dans le temps et dans l’espace est un gage de liberté. Si l’intrigue ne se déroule pas dans l’Amérique des années 20-30 , les censeurs seront moins durs. Mais ce qu’il faut surtout noter relève de la création artistique motivée par cette censure qui devient de plus en plus systématique et obsessionnelle. Les réalisateurs doivent exprimer leurs idées malgré le Code ; ils apprennent donc à suggérer au lieu de simplement montrer. L’art de la suggestion permet de détourner le code et c’est ainsi par exemple qu’on voit se développer la figure de l’ellipse, très utilisée par Ernst Lubitsch mais aussi par Hitchcock. Sur la photo de North by Northwest (La Mort aux Trousses, 1959), Cary Grant entraîne Eva Marie Saint sur la couchette du wagon-lit juste avant que le train entre dans un tunnel et que la scène disparaisse dans l’obscurité … tout en ayant bien lieu dans l’intrigue et dans l’esprit du spectateur… Hollywood est donc à son apogée durant les décennies où il subit une forte pression de la censure. Celle-ci s’affaiblit cependant dans les années 60. Le cinéma doit s’adapter à un public plus jeune qui demande davantage de piment et ne se satisfait pas du « moralement trop correct ». De plus, la distribution de nombreux films européens aux USA porte un coup fatal au Code qui ne cesse alors de décliner pour enfin ne se limiter qu’à la censure de films pornographiques. Ses impératifs auront tout de même régné de 1930 à la fin des années 60. Le Code Hays est finalement une censure toute relative aux valeurs américaines, aussi nombreuses et vagues soient elles. Mais toute censure est relative à une culture ou à une époque donnée. Que diraient les censeurs de la PCA ou de la Legion of Decency s’ils voyaient les films d’aujourd’hui ? Si on leur présentait La Passion du Christ ou Basic Instinct, ils se retourneraient dans leurs tombes… Excusez-moi, l’expression est peut-être mal choisie… Vous aurais-je indisposé, chers lecteurs? Dorra Pour aller plus loin :*La censure cinématographique aux Etats-Unis, Laurent PECHA , ed. Dixit, 2000. Le Motion Picture Code voit le jour le 17 février 1930. Il *De bons sites également : sera ensuite appliqué sous le pouvoir du sceau d’agrément – ‘seal of http://cours.cegep-st-jerome.qc.ca/530-gjb.P.l/lecode.htm (même si approval’ – et de Joe Breen, journaliste catholique à la tête de la les photos ne sont pas commentées), Production Code Administration (PCA). Un film ne pouvait sortir en http://www.artsreformation.com/a001/hays-code.html . CHRONIQUES Quand la mer monte… Il y a quelques semaines, Lille clôturait en grandes pompes son année culturelle. Feux d'artifices, fanfares à chaque coin de rue, spectacles noctambules. Dans un balai sonore et lumineux, la cité de Martine Aubry entendait marquer d'un grand coup le dernier acte d'une année culturelle dense et exceptionnelle. Heureux hasard du calendrier ou pure coïncidence, une semaine auparavant sortait en salle le film de Gille Porte et de Yolande Moreau Quand la mer monte… Un film simple, poétique, à la fois drôle et émouvant. L'histoire est celle d'Irène (la très "Deschienne" Yolande Moreau), une comédienne qui trimballe son one-woman-show burlesque, Sale Affaire (composé il y a plus de vingt ans par l'actrice elle-même) sur les planches de la région. De salle de sport en maison de retraite, de festival du Rire en centre culturel, Irène promène sa valise et ses accessoires. Outre un sac à main accueillant un poireau incongru, la valise contient un masque en papier mâché imitation Commedia Del Arte derrière lequel, chaque soir, avec un accent à tout casser, elle déclenche l'hilarité du public. Une tournée comme les autres pour cette comédienne mariée et maman. Pas tout à fait. Un soir de représentation, elle fait monter sur scène Dries, un joyeux flamand porteur de géants. Une rencontre qui va transformer sa tournée en road trip romantique. Avec les géants et les champs de houblon comme décor, Dries et Irène sont les personnages d'une histoire d'amour incertaine, belle et tragique, tendre mais éphémère. Au-delà des clichés inévitables (le carnaval de Dunkerque vu et revu pour la énième fois, la chaleur humaine et la convivialité légendaire des gens du Nord; sentiments décuplés après quelques bières…), Quand la mer monte… se distingue des autres films réalisés sur ou dans la région. Ici, pas de fatalité ni de pessimisme. Pas de folklore inutile ni d'obstination purement gratuite à décrire de manière réaliste une région en crise. Aucun plan fixe et interminable sur le "ciel bas et lourd qui pèse comme un couvercle" sur les vies des gens d'ici. Pas de réalisme agressif pour évoquer une population "en difficulté économique", soumise aux aléas de la crise. Au contraire. Voilà enfin un film dans lequel le Nord, ses paysages, sa population et ses traditions servent de trame à l'histoire. Quand la mer monte… n'est pas un film sur le Nord. La région est actrice à part entière. Fini donc les films étiquetés "comédie dramatique" qui utilisaient la région comme support social. La Vie rêvée des anges d'Erick Zonca avec Elodie Bouchez et Natacha Régnier est de cette trempe-là. Tourné en 1998 à Lille, le film verse rapidement dans le pathos social. Isa (Elodie Bouchez), jeune paumée galère dans le Nord, région où il n'y a pas de travail et où il pleut tout le temps. Que les clichés ont la vie dure… C'était en 1998. Depuis les mentalités ont quelque peu évolué. Le ciel est toujours gris et pluvieux. Mais le soleil de Lille 2004 est passé par là, redonnant de l'éclat à la région. On pourrait longuement parler des déficiences de Lille 2004, de ses défauts, ses occasions ratées. Laissons la critique de côté pour une fois. Lille 2004 a donné à la région un nouveau visage, une image de marque au niveau national et européen. Cette année placée sous le signe de la culture a permis de revaloriser un département souvent marginalisé sur le plan culturel. Les clichés traditionnels (chômage, alcoolisme, misère sociale…) qui collaient à notre région ont pour un temps étaient mis de côté. Désormais, on y tourne des films joyeux, des comédies pleine de vie. A l'image de notre belle région. Pourvu que ça dure… Le Mouton Noir _________________________________________________________________________________________ L’engagement étudiant dans le commerce équitable Rares sont les associations étudiantes en France engagées dans la promotion du commerce équitable. L’association Coméqui, créée en février 2000 par des étudiants de l’Institut d’Etudes Politiques de Lyon, fait partie de celles-ci. Coméqui est une association jeune ayant pour but la sensibilisation au commerce équitable et cela par divers moyens : la tenue de stands d’information à Sciences-Po ou dans les universités lyonnaises ; des interventions dans les écoles primaires et dans les lycées afin de sensibiliser les plus jeunes aux problèmes de la mondialisation et aux alternatives qui existent ; l’organisation d’un grand marché équitable qui se déroule le premier samedi du mois de mai sur une grande place lyonnaise où des acteurs du commerce équitable viennent sensibiliser le grand public sur ce type de commerce et vendre leurs produits ; l’organisation de conférences à l’IEP de Lyon ; et la participation à des événements ponctuels qui se déroulent à Lyon ou sa région tels que la Semaine de la Solidarité internationale ou la Quinzaine du commerce équitable . Pour faire face à ces projets et aux diverses sollicitations, Coméqui s’appuie sur une vingtaine d’étudiants de l’IEP de Lyon motivés ainsi que d’une dizaine d’autres moins motivés mais qui aident l’association pour l’organisation du marché. Le commerce équitable est né du triste constat que les échanges commerciaux mondiaux étaient inégaux. Aujourd’hui, les intermédiaires entre les producteurs et les distributeurs ont pris une place prédominante dans le commerce international, alors que les coûts des matières premières et des produits agricoles ne cessent de baisser. La main mise sur les prix et les règles qu’exercent quelques grands groupes et marques commanditaires, ainsi que la spéculation à court terme, obligent les producteurs des pays du Sud à fabriquer des biens et des services dans des conditions inacceptables, car inhumaines et irrespectueuses des Droits de l’homme. Le commerce équitable a donc pour objectif, dans une approche plus juste, solidaire et respectueuse des droits fondamentaux, de retrouver l’autonomie et de créer un véritable échange équitable. Il propose alors un nouveau mode de consommation et d’échange où l’homme reprend une place centrale. S’inscrivant dans la dynamique du développement durable, le commerce équitable s’organise autour de principes fondamentaux : la solidarité c’est-à-dire travailler avec les producteurs les plus défavorisés ; la rémunération juste des producteurs et des artisans en définissant le prix en accord avec eux devant permettre au producteur et à sa famille de vivre décemment dans le présent et dans le futur (ce prix est supérieur au prix de revient, couvrant les coûts de production et dégageant une marge pour vivre, développer des projets et être financièrement indépendant); supprimer au maximum les intermédiaires pour une relation plus directe entre le consommateur et le producteur et ainsi diminuer les marges intermédiaires ; la mise en place d’une coopération de longue durée entre les acteurs économiques, la durée assurant l’avenir ; le respect des Droits de l’homme et la préservation de l’environnement et de l’identité culturelle du producteur. Le commerce équitable fournit des produits de qualité au consommateur et garantit à ce dernier une information totale sur le producteur et les produits. Le contrôle de chaque étape du processus de production permet cette transparence. En résumé, le commerce équitable défend tout simplement le droit à une existence conforme à la dignité à quiconque travaille et à sa famille, et ce pour une rémunération équitable. Il garantit un salaire et des conditions de travail décentes, notamment en ce qui concerne l’hygiène, la sécurité et les horaires de travail. De plus en plus d’étudiants sont sensibilisés au commerce équitable et n’hésitent pas à s’engager dans Coméqui ou dans d’autres associations. L’engagement des étudiants et des jeunes en général est primordial, d’une part du fait qu’ils représentent l’avenir, et d’autre part pour renouveler les idées et les actions et pour apporter plus de dynamisme. Il est vrai que les débuts peuvent être difficiles et qu’on peut se poser des questions sur le fait de savoir si ce que l’on fait sert vraiment à quelque chose. Mais quoi de plus enthousiasmant et de plus gratifiant lorsqu’on voit que l’on a réussi à faire bouger certaines choses et faire avancer les idées (voire les idéaux) que l’on défend. Certes il est plus facile de râler sur la société et de ne rien faire pour changer les choses que de s’engager. Mais ces personnes-là, en définitif, ne font que se complaire dans cette société et en acceptent les principes. L’engagement dans une association ne prend pas énormément de temps surtout lorsque l’on n’a pas de responsabilités dans l’association. La solidarité n’est pas qu’un simple principe, c’est aussi une manière de vivre et cette solidarité ne peut s’inscrire que dans une action collective. C’est la seule chance de voir de belles idées comme le commerce équitable triompher. Matthieu Le Quang, président de Coméqui Risque social dites-vous? Les géographes s'intéressent depuis une quinzaine d'années surtout, à un sujet à la mode, celui du risque, objet de colloques nombreux, aussi bien chez les juristes que les économistes ou même les sociologues. Les géographes ne pouvaient être en reste; d'abord attirés par les risques naturels, ils ont investi les risques technologiques puis d'autres risques tels ceux concernant l'économie. A tel point que tout est devenu risque. Au delà de l'interrogation sur le bien fondé d'un tel intérêt pour la géographie, il faut s'arrêter sur le contenu du risque social. La nouvelle question proposée au concours de recrutement des professeurs 2005 concerne justement les risques et permet de se faire une idée des contenus. Risque social dites-vous? Vous pensez exclusion, vous pensez chômage…Et bien vous vous trompez; en effet le risque social est, dans les quelques articles qui lui sont consacrés, exclusivement décliné sur le thème de la délinquance, de la violence, de l’insécurité…et bien évidemment pas de n’importe quelle délinquance, avec quelques cartes à l'appui sur les points chaud à l'intérieur d'une ZUP. Bref le retour des classe dangereuses! La délinquance en col blanc, après tout, a aussi ses territoires, ses acteurs, ses réseaux, ses flux, ses victimes qui méritent tout autant l'intérêt du géographe. Certains d'entre eux cependant s'intéressent à l'exclusion et ses territoires. Citons Hervé Vieillard Baron sur les banlieues, Djemila ZENEIDI-HENRY pour les SDF et la Ville ( Une géographie du savoir survivre), Christophe GUILLY et C. NOYE qui viennent d'éditer un Atlas des nouvelles fractures sociales en France. Un tel discours dominant ne doit pas nous étonner mais il est inquiétant et participe au même titre que le JT de 20 heures à une désinformation, par les « asymétries » qu'il propose : multiplication de faits divers, jamais replacés dans un contexte global ni relativisés et rien, ou presque, sur l'essentiel. Ainsi cet exemple tiré du « Monde diplomatique » de décembre 2004, « 30 octobre 2001, la skieuse Régine CAVAGNOUD fait une chute mortelle ; le lendemain Alcatel annonce le licenciement de 10000 salariés en Europe. Sur France Inter, qui vaut bien TF1, 13 des 30 minutes consacrées à la mort de la skieuse; au journal de 20 heures 10 secondes ont suffi aux 10000 licenciés d'ALCATEL... On sait à qui de telles approches, de tels non-dits ont profité.... Didier Huart Les murs ont des oreilles Parlons d'un mur qui n'est plus mais qui demeure. Dans les esprits comme dans les faits. Parlons d’un mur qui n’est plus qu’une carcasse dont des milliers de fragments ont été arrachés et exposés sur l’étagère de milliers de foyers pour conserver précieusement chez soi le béton et les restes de fresques spontanées inspirées par la frustration de liberté. 9 novembre 1989 – 9 novembre 2004 : quinze ans depuis la chute du mur de Berlin. La réunification a eu lieu : mais suffit-il d’une bonne pioche pour faire tomber un mur ? Observons d’abord les ruines de béton qui nous posent la question: au fait, comment en est-on arrivé là? Il y eut d’abord 1945. Après la libération de l'Allemagne, s'ensuivit une bipartition de fait du pays entre Occidentaux et Soviétiques. Berlin devint alors un îlot divisé en quatre zones au cœur de la nouvelle RDA. Le statut prévoyait une gestion plurielle. Mais, très vite, la situation se change en un face-à-face entre est et ouest, notamment au cours de l'épisode du blocus effectué par les Soviétiques. Tandis que les Occidentaux continuent d'appliquer le système d'un gouvernement quadripartite, et soutiennent financièrement et diplomatiquement Berlin-Ouest, la partie orientale tend à s'intégrer de plus en plus à l'Union Soviétique. Berlin empoisonne les relations internationales. Mais, en même temps, l'administration est-allemande doit faire face à un flux de plus en plus important d'émigrants qui choisissent de traverser Berlin vers l'ouest. Economiquement, l'est souffre alors d'un début de déséquilibre. C'est ainsi que l'opération dite "Grande Muraille de Chine" voit le jour. Afin que la fermeture définitive de la frontière se fasse le plus efficacement possible, les autorités choisissent le calme d’un week-end estival: dans la nuit du samedi 12 au dimanche 13 juin 1961, des grillages et barbelés préparés à l’avance sont disposés en quelques heures et clôturent hermétiquement la ville de l'est. Les réactions de l'ouest restent modérées. Alors le Mur se renforce, et la brique et le béton remplacent le grillage. En 1965, l'édifice est totalement achevé. Il y a en réalité deux murs parallèles de 155 km de long: des blocs de béton de 3.5m de haut sont alignés d'une part; un fossé de 2.5m de profondeur est creusé pour en empêcher l'accès par des véhicules. Puis une ronde permanente, des miradors, bunkers, chevaux de frise, projecteurs. Enfin un second mur peint en blanc pour distinguer les fuyards. On compte environ 5000 fuyards au cours de la période d'existence du mur, dont les gardes de la sécurité eux-même, les mieux placés. Pour les autres, les projets les plus démesurés ont alors circulé pour passer la frontière: des tunnels longs de plusieurs kilomètres, des dirigeables, des coffres secrets sous la banquette d'une voiture. Les plus téméraires ou inconscients sautent d'une fenêtre qui jouxte le Mur. Généralement en vain. Car on condamne les habitations qui bordent le Mur. Car les forces de l'ordre surveillent et n'hésitent pas à tirer. Sur toute la période, on compte 80 morts dont 60 tués par balle, tandis que 118 furent blessés par balle. Les deux dernières victimes le furent en 1989, six mois avant la chute, l'un fut tué par la balle d’un soldat, le second s'écrasa avec le ballon qu'il avait lui-même fabriqué. Les habitants de l'ouest sont donc coupés de leurs voisins de l'est, car il ne subsiste que sept passages entre les deux Berlin, et les visites sont très limitées. Ce n'est qu'en 1972 que le motif familial (naissance, décès) est reconnu comme valable pour passer de l’autre côté. Il faut un laissezpasser, et le fameux Checkpoint Charlie réservés aux étrangers cristallise plutôt les tensions. D’autant plus que le Mur a mis fin à la plupart des communications par train, métros, coupe les axes de circulation. La visite de Gorbatchev en 1989 résonne comme le signal d’annonce de la fin du Mur. Le gouvernement communiste tombe le 7 novembre. Le 8, le Bureau politique du Parti démissionne. Le lendemain est décrétée la libre circulation des Allemands de RDA. Ce qui signifiait implicitement l'ouverture du Mur. Elle se fera le soir-même vers 22 heures, devant la pression populaire et l’indécision des gardes de la sécurité. Quinze ans plus tard, les quartiers résidentiels de l'ouest tranchent toujours sur les habitations de l'est. Les grands chantiers de la Potzdammer Platz tentent d'unifier la ville redevenue capitale, mais le Mur reste encore présent. Sans doute faudra-t-il encore du temps pour estomper ces différences. D’autant plus qu’à l’échelle nationale, la coupure est-ouest est toujours vivace dans un contexte de crise de l’économie allemande. Il reste encore des murs à faire tomber. Les longs fragments du Mur, eux, resteront là, toutefois, pour nous rappeler que, décidément, oui, cela a bien existé. DR ERASMUS Poursuite du voyage en Russie Cette fois, je voudrais vous parler du système d'examen pour entrer à l'université; en effet, en Russie, il s'agit vraiment d'un système, élaboré il y a longtemps, plus que d'épreuves. Il faut noter tout d'abord que le nombre de prétendants au concours indique le niveau de prestige de la faculté; les plus grands concours sont ceux pour entrer dans les formations de droit, de gestion administrative et d'économie. Au temps du communisme il était plus prestigieux qu’aujourd’hui de faire ses études à l’ « istfak », c'est-à-dire la faculté d'histoire; en effet cette formation était très appréciée par le Parti Communiste d'Union Soviétique et ouvrait directement la voie à une carrière au sein du parti; il était alors très difficile d'entrer à l'istfak. Aujourd'hui l'accès est plus ouvert et on compte en moyenne 4 à 5 prétendants pour une place à la faculté d'histoire de Saratov. Les formations du soir ou par correspondance apparaissent plus abordables car moins de personnes se présentent. En revanche les concours d'entrée aux universités de Moscou ou Saint- Petersbourg sont plus cotés et on compte jusqu'à 30 personnes pour une place à l'université. L'inscription est gratuite mais il existe parallèlement une formation d'enseignement payante et coûteuse. Il faut noter qu'en Russie, il n'y a pas forcément de continuité entre les cycles d'études (ainsi un étudiant peut faire un premier cycle en économie et le deuxième en droit). Or le deuxième cycle est souvent payant et le prix est de trente à quarante milles roubles par an (près de mille euros); pour les étudiants qui n'ont pas les moyens le deuxième cycle peut être gratuit mais il dure alors 5 ans au lieu de trois. Les candidats au deuxième cycle passent aussi des examens d’entrée mais ces derniers ne sont qu'une formalité car les universités manquent d'argent. Pour le moment ce dilemme entre les capacités intellectuelles et l'argent est presque toujours résolu au profit du second. En effet l'université n'échappe pas à la corruption. Bien sûr, à la faculté d'histoire elle n'a pas pris la même ampleur que dans les facultés plus prestigieuses, mais elle subit quand même la pression de l'administration notamment au moment des examens d'entrée. Ceci s'explique par le salaire dérisoire des professeurs et une vraie chute de prestige des connaissances en Russie post-communiste. Un diplôme est un morceau de papier valorisé mais monneyable; on entre ainsi dans un logique vicieuse: pourquoi dépenser du temps et des efforts pour apprendre si on peut tout simplement payer?! Revenons à l'examen d'entrée à la fac. D'abord il faut surmonter l'examen « profilant » soit l'histoire de la Russie jusqu'en 1917 ou celle de la Russie contemporaine, en fonction du programme de l'année. Il s'agit théoriquement d'un examen oral: on distribue aux candidats des « billets » avec deux questions auxquelles ils doivent répondre face à une commission de deux ou trois professeurs. Le temps de préparation est théoriquement d'une heure mais il varie en fonction du nombre de candidats et il peut durer plusieurs heures. Si un étudiant obtient 2 sur un barème qui va jusqu'à 5, il est éliminé, de même que celui surpris en train de tricher. La deuxième épreuve, quelques jours plus tard, est écrite et dure 4 heures; le nombre de candidats restant est alors divisé en fonction des questions au programme. La dernière épreuve est la plus redoutée: il s'agit de la composition, or la grammaire et le style littéraire sont l'objet de contrôles très stricts. Les thèmes proposés ont trait à la littérature Russe (par exemple : « L'image de la liberté dans la poésie de Pouchkine »), même dans le sujet d'expression libre. La somme des notes détermine l'admissibilité : pour être étudiant il faut obtenir une note égale ou supérieur à cette moyenne. En cas d'échec on peut se voir proposer d'autres formations par exemple de passer de la formation diurne à celle du soir car l'admissibilité est moins élevée. Eugène ( Evgueny) HUMEUR restons avachis dans notre canapé car voici la télé réalité. Avec la « Star’Ac », la soirée est exceptionnelle à chaque fois. Attention Nicos, toi qui fais de magnifiques émissions culturelles sur LCI, tu devrais savoir qu’exceptionnel veut dire : Sortir de la règle générale. C’est vrai avec la « Star’Ac » l’ascenseur social s’est remis en marche et fait d’un lycéen faisant des virées d’alcool le samedi soir ou avant l’école un champion du chant, de la danse et une voix d’exception en trois mois !!! Mais attention du devrais appeler ton émission étoile filante academie car après la fin de l’emission elle se font vite dégommer. Merci Patrick ! Grâce à toi, TF1 est devenu la première chaîne culturelle de France. Tu as banni la censure en faisant tomber un tabou. Tu nous exposes avec grandeur ta mission de service public :« donner du temps de cerveau humain disponible à Coca Cola ». Cette Il existe aussi « Koh Lanta » qui prend des hommes banals et franchise nous va droit au cœur ou les transforme en Robinson Crusoé en leur faisant manger des vers, plutôt droit au cerveau ! C’est vrai que tu redoubles d’inventivité pour des feuilles et d’autres aliments hyper naturels. Le gagnant pourra nous nourrir de programmes variés, richement caloriques et toujours ensuite sortir un livre sur la cuisine écologique ! Nous devons être … trop culturels !!! Faisons un inventaire en commençant par les divertissements. A 12h05 débute « Attention à la marche », un jeu ou il faut soi un QI au niveau des animaux pour répondre vu le niveau culturel- exemple : Sur 100 français combien se promènent avec des chaussettes trouées au troisième orteil ? Soit un QI aux alentours d’Einstein pour répondre aux questions coquines exemple : Sur 100 français combien se promènent avec un peignoir en peau de lapin dans leur appartement après avoir pris une douche ? Et oui ! C’est subtil, car il ne faut pas choquer nos anciens, et nos jeunes à cette heure ci. La pot de lapin permet à l’homme qui la porte de ce croire un chaud lapin ! voilà le coté Einstein ! Ensuite « Le maillon faible », le duel des temps modernes avec une Laurence Boccolini percutante mais prenant en pitié ses candidats et des candidats ayant une intelligence aussi développée que subtile. Les remplacer par des ânes ferait gagner plus d’argent aux vainqueurs, en l’occurence TFI. Les journaux télévisés sont dans la même optique. A 13h00 nous avons le roi du patrimoine et de la ruralité monsieur Jean Pierre Pernaud, un homme qui travaille depuis plus de 15 ans à faire découvrir la France profonde même souvent trop profonde aux ignorants de la ville. Egalement il frappe avec justice sur ces syndicalistes un peu présomptueux empêchant les bons français aux bérets d’aller travailler. Il œuvre pour ce grand retour à l’ordre rural, pour une France travailleuse docile gentille une France éternelle fille de l’Eglise et rien d’autre ! Le 20 h 00 est également percutant dans un registre différent. PPDA qui ne connaît pas tellement les gens de mer adorent traiter les faits d’hiver à notre grand bonheur ! Et oui grâce au 20h00 on montre enfin le vrai coté du Nord où les mœurs sont décadentes. Il y règne l’alcool le chômage l’oisiveté, c’est la même chose que le chômage, la promiscuité et même l’inceste. On y retrouve tout à fait les classes laborieuses à Lille au XIX. Après ces journaux Enfin, s’il y a encore de la place dans votre cerveau, il reste la deuxième partie de soirée où souvent la chaîne se lâche avec Y’a que la vérité qui compte, dirigée par un duo aussi pertinent qu’intelligent, messieurs Bataille et Fontaine, reprenant souvent le refrain « C’est moi Bataille, c’est moi Fontaine ». Un soir, ils ont invité un couple de lesbiennes et un hétérosexuel. Ce couple a demandé à cet hétéro s’il voulait leur faire un enfant. Allait-il soulever le rideau ? Réponse après la pub ! Cela donne une grande image de l’homosexualité. Donc vous voyez, voilà des émissions de rêve dirigées par un casting de rêve qui représente tous les partis. Cohabitent aussi bien des chiraquiens, des balladuriens, des villieristes, et de plus en plus des sarkosyens qui ont assisté à la consécration de leur chef, qui aurait mérité d’être oint par le saint Chrême. Cette belle machine est dirigée par main de maître par Patrick Le Lay. Attention l’abus de TF1 est dangereux pour la santé ; à consommer en protégeant son cerveau. HUMEUR Eric Droite-rillette : Partie d'une population qui vote contre elle-même sans s'en rendre compte. Cette dégénérescence intellectuelle est le plus souvent due à l'hégémonie d'une grande chaîne de télévision privée et elle profite à un borgne démagogue. Libéralisme : Nom Masculin : Notion économique dérivée du communisme qui vise le partage à une plus petite échelle. Insécurité : Née lors des dernières élections présidentielles. Elle occupe environ 85 % du journal de 20 h 00. Son égérie est Jean Pierre Pernault. Soixanthuitard: Ancien gauchiste ayant troqué le sous-pull vert bouteille et les cheveux longs pour le col blanc. Il fréquente le week-end les cafés branchouilles et les théâtres avant- gardistes. Et surtout il écoute Vincent Delerm en rentrant de sa dure journée de travail dans sa belle SCENIC. CCCP CULTURE MUSIQUE Suite de notre série d’articles sur le monde du jazz vocal. Cette fois, notre choix s’est arrêté sur Diana Krall et Stacy Kent, dont le point commun est leur formidable destin de « star » du jazz. Deux talents du jazz d’aujourd’hui, jouissif ! Diana Krall, le destin d’une star Diana Krall fait, sans aucun doute, partie de ces chanteuses de jazz les plus connues du grand public. Qui eût cru, il y a maintenant bientôt dix ans, que cette gamine du Grand Ouest Canadien, disciple de Jimmy Rowles, allait atteindre les charts ? C’est sous la houlette de ses grands-parents, que Diana apprend le piano. Diana ajoute vite les chants à son arc. Pourtant sa carrière aura du mal à décoller. Deux immenses musiciens viendront lui donner un coup de pouce : Ray Brown et Jimmy Rowles, n’ayant fréquenté pas moins que la grande Ella Fitzgerald et Billie Holliday. Mais c’est à Nat « King » Cole, que Diana Krall doit l’envolée de sa carrière au niveau international. A travers un swing épatant, Diana revisite le répertoire du roi du chant et du piano. Son succès international est complet et le grand public adhère. Mais les puristes font la fine bouche, reprochant à la belle de ne s’appuyer que sur les standars de jazz. C’est oublier le talent de cette chanteuse, doublée d’une solide pianiste de combo et d’une swingeuse de premier ordre. Une preuve irréfutable de son talent est maintenant à notre disposition, son dernier album « The Girl In The Other Room ». Diana impose une beauté séche, un son inattendu, à la limite du cru mais épatant -« Je voulais surtout que le disque soit plus sec »-. Autre surprise de cet album, c’est l’absence de standards affirmés –« Je ne me sentais plus dans la disposition d’esprit pour jouer encore des standars, cela faisait quelques années que j’avais envie de quelque chose de neuf »-. Bien plus que par le passé, cet album fait émerger les influences très vastes de Diana Krall : Count Basie, Keith Jarrett, Joni Mitchell- « Harmoniquement, ce qu’elle fait m’inspire vraiment. Elle est intouchable, comme musicienne ou comme parolière, elle n’appartient à aucune catégorie précise : elle n’est pas folk, pas jazz »-. Cela prend du temps de grandir comme artiste, mais ces quelques standars trans-genre, tels Mose Allison, Joni Mitchell, Tom Waits, associés à des chansons originales, co-écrites avec Elvis Costello, renversantes et hors format, offrent un album assurément neuf et jouissif, tourné vers la meilleure voie possible pour le jazz. Chers lecteurs, retenez le nom de Diana Krall, cette jeune femme déterminée nous réserve, à l’avenir, encore bien des surprises ! A écouter « All for you » (Impluse/Universal).1995. « The Girl In The Other Room » (Verve/Universal). 2004. J.C Stacy Kent, le conte de fées Une vie de film hollywoodien, voilà comment qualifier l’ascencion extraordinaire de Stacy Kent. Comment imaginer, en effet, que cette étudiante en littérature à l’Université de New-York, venue en Europe pour apprendre les langues, soit devenue, en très peu d’années, un des nouveaux talents de la jazzophère vocale féminine ? Il faut dire que la rencontre de son saxophoniste de mari, Jim Tomlison, marque le début d’une carrière, accompagnée de nombreux succès. A ce jour, la belle ex-étudiante, n’en a pas moins enregistré, une demi-douzaine d’albums, enchainé de nombreuses tournées des deux côtés de l’Atlantique. Sa participation au Film « Richard III », dont elle chante le générique, l’a définitivement consacrée parmi les chanteuses de Jazz confirmées et respectées. Preuve de son succès, certains la comparant à Billie ou Ella (ce qui est peut-être exagéré), Stacy Kent est, sans doute, celle qui manifeste les qualités les plus évidentes, notamment lorsqu’elle interprète Cole Porter.Une voix epressive, une fraîcheur, un naturel évident, la douceur et le swing font de cette jeune femme, l’un des joyaux de le nouvelle génération des vocalistes. JC A écouter : « Collection » (Candid). 2OO2. « The Boy Next Door » (Candid). 2003 CINEMA Le Secret des Poignards Volants. Résumé Allociné : « En cette année 859, la Chine est ravagée par les conflits. La dynastie Tang, autrefois prospère, est sur le déclin, et le gouvernement corrompu s'épuise à lutter contre les groupes de rebelles toujours plus nombreux qui se dressent contre lui. La plus puissante de ces armées révolutionnaires et la plus prestigieuse de toutes est la Maison des Poignards Volants. Deux capitaines, Leo et Jin, sont envoyés pour capturer le mystérieux chef de cette redoutable armée. Ils élaborent un plan : Jin se fera passer pour un combattant solitaire nommé Wind, se portera au secours de la belle révolutionnaire aveugle Mei et la fera sortir de prison. Gagnant ainsi sa confiance, il l'escortera jusqu'au quartier général secret de la Maison des Poignards Volants... ». Après "Hero", le réalisateur chinois Zhang Yimou, à qui l'on doit le magnifique "Epouses et Concubines", revisite avec "Le Secret des Poignards Volants" le genre du wu-xia-pan (littéralement "film de sabre", équivalent nippon de nos films de cape et d'épée). Attendez-vous donc à des décors, des costumes et surtout à une lumière d'une poésie rare, mais aussi à de grandes scènes d'action admirablement mis en scène (il faut d'ailleurs aller voir le film rien que pour la scène du combat dans la forêt de bambous : une merveille pour les yeux!!). Certains seront sans doute rebutés par l'aspect mélodramatique de l'histoire. Mais pour les autres, ce sera l'occasion d'assister à un festival visuel et technique et à un admirable mélange des genres, bref à un vrai plaisir de cinéma. Julien Mougin Le Pôle Express ( de R.Zemeckis, d’après le conte de Chris Van Allsburg,1985) 7-8 ans, c’est l’âge critique, l’âge de raison où la petite souris et le Père Noël ne sont souvent plus que de belles histoires… Un petit garçon n’a pas fait de photo avec le Père Noël cette année… C’est une des raisons pour lesquelles un train particulier, Le Pôle Express, passe le prendre chez lui le soir du 24 Décembre. Destination : Pôle Nord. Est-ce un rêve, est-ce la réalité ? Là est la question dans ce film d’animation très novateur. En effet, l’intrigue pour cette fois remet en question l’existence même du Père Noël et s’avère par là le reflet du doute et du manque de confiance en soi qui caractérisent le monde des jeunes d’aujourd’hui, qu’ils aient 7-8 ans ou bien plus. A nous de choisir entre les deux morales qu’énonce le vagabond : « Ne croire que ce que l’on voit » et/ou « Les choses les plus importantes sont celles que l’on ne voit pas ». Novateur également par la technologie : le film se situe entre le réel et le virtuel. C’est une réussite! Les personnages ne sont pas des acteurs en chair et en os mais leurs visages sont des versions digitales de ceux de véritables comédiens. Ainsi Tom Hanks prête le sien à cinq personnages, le contrôleur, le petit héros du film, le vagabond, le petit garçon isolé et le Père Noël. Le film soulève par ailleurs le thème certes galvaudé mais toujours actuel de la discrimination sociale. Le petit Billy vient des bas quartiers et ne s’assied pas dans le même wagon que les autres enfants, il préfère s’isoler à l’arrière du train, dans l’obscurité. Finalement, bien qu’il faille avouer que certaines scènes sont un peu mièvres – il n’y a même pas de méchants! – c’est dans l’ensemble un beau conte de Noël. Si vous supportez bien les descentes vertigineuses (effets bien réussis) du haut des glaciers polaires, vous pourrez apprécier les chansons, les lumières de Noël, les sapins, la neige, tout un univers magique très réussi. Et si vous entendez le grelot à la fin du film, alors vous y croirez. Moi, j’y crois. AGENDA -L'exposition « Il y a 2000 ans, Boulogne... » est prolongée jusque fin décembre. -Le GRHAAL organise une expostion sur le bâtiment du site Le Musée : « Du séminaire au bâtiment universitaire ». Inauguration le 15 décembre à 13 heures en Salle des Actes. -La Maison de l'Etudiant fête ses 10 ans le 16 décembre : aidez les à souffler leurs bougies, à partir de 21 heures ! Rédacteurs en chef : Elsa Bardol & Julien Championnet. Equipe rédactionnelle : Ben Chaabane Dorra, Cuvillier Julien, Desmet Rémi, Eugène (Evgueny), Evrard Julien, Fanny, Houdayer Eric, Huart Didier, Le Quang Matthieu, Maréchal Julien, Mechaï Farid, Mougin Julien, Valcque Olivier. Contactez nous : [email protected]