SommaIre - Libertad on web

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SommaIre - Libertad on web
libertad
NUMERO 2 : DECEMBRE
2004
SommaIre
Dossier: La censure
Chroniques
Erasmus
Humeur
Culture
IPNS
EDITO
Les envahisseurs sont de retour...Malgrè l'entêtement de certains décolleurs, nous persistons
et signons...Nous? Qui ça nous? Simplement des étudiants en sciences humaines à l'Université du
Littoral et ailleurs qui en ont eu assez un jour de voir leurs voisins s'enfermer dans leur
discipline...Libertad se veut un lien entre les sections, une manière de s'informer des choses graves
comme des plus banales, une manière de se rencontrer, enfin...Nos pages sont ouvertes à tous mais
chacun est différent, dans ses préoccupations comme dans ses choix...Alors nous nous retrouvons
dans une même volonté de s'exprimer et de communiquer. Cette fois encore vous retrouverez d'abord
un dossier puis des chroniques, des coups de gueule, des rendez-vous...Bonne lecture à tous, en
espérant que vous vous reconnaissiez quelque part, entre deux pages...
L'équipe
DOSSIER : LA CENSURE
Pour écrire : imaginez un monde où le –s serait censuré…
« Pour toi, je pourrai décrocher la lune. »
«Ppour toi, il me sera possible de décrocher la lune. »
Voyez qu’ici, le retrait du –s entraîne une suppression de la fantaisie, amoureuse plus particulièrement. De ce seul geste,
l’amant ( car celui qui écrit est un homme ) prend une autre dimension, dimension plus héroïque, plus sûre, quasiment
prétentieuse. On sent bien là qu’on lui fait oublier l’importance de l’euphorie et du lyrisme amoureux. Il se transforme donc en
chevalier trop fort, au surplus d’ardeur qui, quoi qu’il en soit, aura possiblité de décrocher la lune, pourra décrocher la lune ; les
moyens à mettre en œuvre pour ce succès n’étant plus qu’une bagatelle.
Le –s, quant à lui, le réduit au statut d’homme simple mais passionné, bien conscient ( dans la plupart des cas ) de
l’impossibilité de réaliser l’acte énoncé. Ce qui, aux yeux de sa douce, le rend plus beau, plus attendrissant et finalement plus
aimable.
Cependant la censure n’en est pas là. Oubliez ce que vous venez de lire. Penchez vous plutôt sur les véritables problèmes de
liberté qu’engendre la censure, tout en gardant en tête qu’elle ne pourra jamais vous ôter le droit de rêver. A moins que…
Je
La censure a plusieurs aspects, si elle est souvent d'origine politique, ses applications sont plus diverses.
C'est ce que nous avons voulu montrer par nos articles....
Quand
le
écran fait écran...
petit
L’objet de cet article
n’est pas de dénoncer une censure
directe de la part des pouvoirs qui
a cours dans
les régimes
totalitaires ou au temps de l’ORTF
en France (la chaîne de télévision
unique) où le ministre de la culture et de l’information du général De
Gaulle indiquait à la rédaction l’ordre du jour des actualités. Ce travers
n’existe plus en France. Même si deux jours après sa première élection
en 1995, Jacques Chirac a nommé un nouveau directeur pour l’AFP.
Le problème aujourd’hui n’est pas une main-mise du pouvoir politique
sur le pouvoir médiatique. Même si parfois il y a collusion entre ces
deux sphères : le témoin au mariage de Nicolas Sarkosy était Martin
Bouygues, l’actuel patron de TF1. « L’homme providentiel » cher à
l’historien Raoul Girardet (in Mythes et mythologies politiques) est un
communicant hors-pair et hors catégorie. Mais le gand problème est
plutôt la concentration du pouvoir médiatique aux mains de quelques
multinationales, ainsi le milliardaire australien Ruppert Murdoch
possède la moitié des quotidiens britanniques et une bonne centaine de
chaînes de télévision aux Etats-Unis ( in La tyrannie de la
communication, Ignacio Ramonet ). Cette concentration se fait au
détriment du pluralisme de l’information .
Par ailleurs, les journalistes manquent souvent d’originalité et se
recopient les uns les autres (« la circulation circulante de
l’information » de Bourdieu) .
L’ensemble de ses aspects contribuent à un appauvrissement
du débat public, une dé-construction de la démocratie, avec cette
« censure a minima » , par défaut, un « meilleur des mondes » soft.
Ainsi pendant un an avant le premier tour des présidentielles (21 avril
2002), j’ai regardé à la fois le journal de TF1 (11 millions de
téléspectateurs ) et le 20 heures de FRANCE 2 (6 millions) : 80% du
temps des deux journaux étaient dédiés aux thèmes de l’insécurité,
des banlieues…patatras…Le Pen au second tour…M Sarkosy apparaît de
manière insistante aux JT, préparant le terrain pour la place Beauvau.
Les rédactions « calment le jeu » jusq’au second tour sans proposer
presque aucun thème sur l’insécurité. On découvre les ballades en VTT,
les églises romanes, une France paisible aux JT. Les théoriciens de la
communication affirment que les médias en « informant » ne forment
pas forcément l’opinion publique. Par contre, il y a un « effet agenda » :
le téléspectateur ne pense pas forcément comme le journaliste, mais il
est préoccupé par le thème qu’on lui propose. Et, souvent, le jounal
télévisé tourne à la caricature, le sujet du jour est chassé par celui du
lendemain, rien ne se trace. C’est ce que dénonce F.Hartog : le mal de
notre époque est le « présentisme », non pas de vivre comme il se doit
le présent qui est un cadeau dans tous les sens du terme. Mais, cette
soif gargantuesque du nouveau, sans sillon, ni mémoire, un présent à
jamais révolu.
Pour beaucoup de nos contemporains, le petit écran n’est pas
un simple monde parmi d’autres. Il est devenu le monde, un monde clos
sans horizon. Le petit poisson rouge et son bocal.
Farid
Quand les mots triomphent des maux... Hugo sent en son âme et conscience qu'il doit de l'Eglise est mise en relief dans le poème
« J’ai soulevé du mal l'immense et
triste voile,/ J’ai violé la nuit pour lui faire une
étoile ».
Ces deux alexandrins illustrent parfaitement
le dessein que poursuivait Victor Hugo à
travers l'écriture des Châtiments.
Cette oeuvre se caractérise par l'ingénieuse
combinaison de la politique à la poésie. Il
s'agissait pour Hugo de dénoncer la cruauté
qui régnait en maîtresse absolue sous le
Second Empire, et dont le grand représentant
est Napoléon III.
Hugo viole la nuit lorsqu'il écrit ce pamphlet
avec tant de violence, mais il fait une étoile,
les Châtiments qui nous éclairent aujourd'hui
des faits d'un siècle et demi passé.
Ne restez donc pas dans l'ombre!
Préférez lui la clarté; pour ce, il s'avère
nécessaire de faire un petit bond en arrière.
Vous y êtes? Nous voici donc en 1848. Oui vous
avez raison, c'est bien en cette année que
Louis Napoléon Bonaparte fut élu président de
la République. Trois ans après, le 2 décembre
1851, il dissout le Conseil d'Etat et
l'Assemblée Nationale; vous l'avez deviné, il
s'agit d'un véritable coup d'état. Le 2
décembre 1852, Bonaparte Président de la
République se fait proclamer Napoléon III
Empereur.
Ce jour fut terrible, les troupes militaires
occupaient Paris dont le peuple affluait,
curieux et admiratif devant les uniformes.
Soudain des coups de feu éclatèrent. La foule
s'agita, hurla et fuit, mais l'armée sans pitié
s'acharna sur elle. Paris ne fut plus alors qu'un
immense et effroyable bain de sang. Cette
fusillade est le chef d'accusation le plus grave
qui soit traité dans les Châtiments.
Hugo le républicain faisait partie du comité de
résistance; il tentait de soulever les soldats,
signait la mise hors la loi de Napoléon sur des
affiches publiques, et participait à des
réunions clandestines. Comme l'on n'est jamais
résistant impunément, Hugo doit fuir pour
éviter l'exécution. En cette même année est
effacée
la
devise
« liberté,
égalité,
fraternité » et la nouvelle Constitution est
promulguée. Dorénavant, Napoléon détient
tous les pouvoirs.
Devant cette féroce prise de pouvoir,
agir. Toutes les libertés sont supprimées, le
peuple ne réagit pas, Hugo se charge de le
réveiller : il s'arme de sa plume et rédige une
série de poèmes qui forment son célèbre
recueil Les Châtiments. Cette oeuvre est à
ses poésies ce que les Misérables est à ses
romans. Il est un véritable virtuose des mots
qu'il manie avec art, finesse et subtilité.
Il nous présente Napoléon III comme un
personnage ridicule. Physiquement cela tient
de la petitesse de sa personne. Napoléon III
ne compense guère cette disgrâce en brillant
par l'esprit puisqu'il n'est qu'une pauvre et
pâle copie de son oncle Napoléon 1er. Hugo
dénonce ce mimétisme dans son poème « Fable
ou histoire »: « Un singe d'une peau de tigre
se vêtit / le tigre avait été méchant / lui fut
atroce ». Cette métaphore filée réduit
Napoléon III à un singe, animal ridicule
imitant son entourage. Il s'inspire d'un
mauvais exemple, et dans son imitation va
jusqu'à le surpasser, ce qui le rend d'autant
plus médiocre! Pauvre Napoléon le « Nain », il
n'est qu'une dégradation du pitoyable
Napoléon 1er. Hugo dénonce aussi la cupidité
de Napoléon; il semble, pour ainsi dire, que
l'argent fut son unique préoccupation. Le
poème « Joyeuse vie » met l'accent sur ce
trait de personnalité. Hugo met en parallèle
l'avidité de Napoléon et le dénuement du
peuple. « Coupez les bourses! [...] Videz les
réservoirs! [...] Prenez le dernier sou! Prenez,
gais et faciles, prenez, riez, vivez » [...] « La
famille du pauvre expire sur la paille, [...] / Le
père en frémissant va mendier dans l'ombre.
La mère n'a plus de pain [...] l'enfant n'a plus
de lait »
Hugo joue ici de l'émotion. Comment rester
insensible devant le comportement inhumain
de Napoléon le voleur, Napoléon le barbare?
Hugo met aussi en avant l'oppression que
Napoléon a exercée contre le peuple.
« Alors sur la martyre on épuise la haine et la
férocité » (Pauline Roland)
« L'enfant avait reçu deux balles dans la
tête » (Souvenir de la nuit du 4)
« Le peuple en larmes criaient grâce » (Les
martyres)
« Voici du sang, accours, viens boire, petit,
petit » (Chanson)
La violence de ces vers illustre admirablement
l'horreur de la situation.
C'est aussi vers l'armée et la religion que
Hugo pointe son index accusateur. L'une
comme l'autre furent indéniablement au
service du pouvoir. Le poème « Nox » met en
évidence l'obéissance de l'armée à Napoléon
III.
« Soldats, fusillez moi ce vieux! Tuez moi cet
enfant! Qu'est ce que cette femme? C’est la
mère? Tuez! Que tout ce peuple infâme
tremble, et que les pavés rougissent ces
talons! »Ici la cruauté ne connaît pas de limite
et l'armée en est la complice. La collaboration
« Aux femmes » avec un vers très explicite:
« Eclaboussé de sang, le prête l'applaudit. »
Enfin, Hugo démontre dans Les Châtiments
que les valeurs se sont perdues, laissant place
à une empire de débauche. Dans le poème
« Chanson », il dénonce l'ivresse de l'armée.
« Le vin, au sang mêlé, jaillit sur vos habits »
Dans le poème « Tout s'en va », il utilise le
procédé allégorique qu'il applique aux valeurs
morales:
« -la raison:moi, je me sauve ».
-le droit : « adieu, je m'en vais »
-l'honneur : « je m'exile »
[...]
-le mépris : « je reste ».
Hugo est conscient de la violence des
Châtiments. « Etre violent, qu'importe? Etre
vrai, tout est là », nous dit-il. La sincérité est
digne d'admiration car l'écriture d'un tel
pamphlet lui causa bien des soucis.
Mais plus que l'écriture, c'est la
publication des Châtiments qui posa problème.
Hugo, dans une lettre à Louise Colet, expose sa
situation : « Je fais en ce moment une oeuvre
de titan: ce n'est pas d'écrire contre un
homme, c'est de le publier. »
Hetzel, l'éditeur d'Hugo, est exilé à Bruxelles,
tandis qu'Hugo lui-même est exilé à Jersey.
Tous deux sont surveillés de près par la police
impériale.
Le 20 décembre 1852, la Belgique vote la loi
Faider, qui réprime sévèrement toute offense
publiée sur son sol contre des souverains
étrangers. Il s'agit donc pour notre ami Hugo
de trouver un imprimeur qui accepte
d'enfreindre la loi. Pour la publication des
Châtiments, il décide d'utiliser le principe de
la double édition, c'est-à-dire de publier en
même temps une édition officielle censurée et
une édition clandestine complète. Mais à son
grand désarroi, personne n'est prêt à prendre
un tel risque pour lui. Hetzel, avec la
participation financière d'Hugo, fonde donc sa
propre imprimerie; les deux éditions seront
alors imprimées à Bruxelles. Les Châtiments
sont publiés, mais avec retard, et les 1600
vers prévus au départ sont devenus 670!
L'édition censurée se vend peu, l'édition
complète se vend mieux. Ce piètre intérêt
porté aux Châtiments s’explique par la sévère
répression policière. Il faudra attendre la
chute de l'Empire dans le désastre de Sedan le
2 septembre 1870 pour que Les Châtiments
soient couronnés d'un succès, disons-le,
largement mérité.
Les Châtiments témoignent de
l'engagement d'un homme, Victor Hugo. C'est
aussi l'histoire de la poésie qui rend justice à
l'histoire. Et si l'on voulait trouver quelque
chose de positif à dire sur Napoléon III, ce
serait sans nul doute le fait qu'il ait inspiré un
tel chef-d'oeuvre...à se procurer absolument!...
Fanny
D OS SIER :LA CENSURE
Hollywood, Shame on you !!
Un seul impératif: ne pas indisposer le spectateur. « Cachezmoi ce sein que je ne saurai voir ! » C’est à peu près sur ce ton que le
Code de production va censurer Hollywood pendant près de 40 ans et
paradoxalement lui permettre de connaître son apogée. Le réalisateur
Douglas Sirk se plaindra en effet que les décolletés doivent sans cesse
être mesurés et ne pas dépasser les deux centimètres autorisés…
Le Code naît dans un contexte de marasme économique.
Hollywood vit totalement à l’écart de la crise des années 20-30 et
tandis que le New Deal de F.D.Roosevelt cherche à redonner confiance
à l’Amérique en faisant valoir la « conscience nationale », Hollywood
multiplie les scandales. Pour la Cour Suprême, il est hors de question
de prendre en compte la fameuse ‘freedom of speech’ des 1er et 14e
amendements constitutionnels dans la mesure où elle considère le
cinéma hollywoodien comme « un commerce pur et simple (…) à seules
fins de profit commercial » . Il faut avouer que le but de l’industrie
cinématographique n’est pas de vendre de la morale mais un maximum
de films. Voyant les problèmes juridiques et économiques se profiler à
l’horizon, les grands patrons des studios réagissent et décident de se
fixer des règles. Ils choisissent pour cela un ancien ministre
conservateur qui donnera son nom au code, William Hays. Le
‘censorship process’ est lancé…mais c’est avant tout de l’auto-censure.
William Hays précise ainsi que c’est « l’enthousiasme du moi qui
s’impose des limites ». On détermine alors la liste des ‘Don’t and Be
Careful’ . Elle n’a encore aucune force obligatoire, mais comprend déjà
les impératifs qui composeront principalement le Code Hays, entre
autres :
Les ‘Don’t’
film.
qui
ne
devaient
figurer
en
aucun
cas
dans
un
*Toutes les expressions profanes ou vulgaires*Les trafics de
drogue*L’esclavage blanc*Les organes sexuels d’enfants*Ridiculiser le
clergé* Toute offense à n’importe quelle race, nation ou
croyance*Toute remarque lubrique ou licencieuse émise par un
personnage, etc…
Les ‘Be Careful’ auxquels une attention spéciale devait être
portée dans le traitement.
*L’utilisation du drapeau * Les scènes de la première nuit d’amour* Les
opérations chirurgicales* Les baisers excessifs et luxurieux* La
brutalité et toute chose macabre* Les techniques pour commettre un
meurtre, etc…
salle sans avoir obtenu le sceau. Le scénario une fois lu par
l’administration, une lettre était envoyée comprenant un avis général
ainsi que la liste des scènes et des dialogues à couper ou modifier. Et
la même procédure recommençait après le tournage du film pour les
images cette fois. Enfin, les membres de la PCA allaient vérifier que
leur verdict était bien respecté en se rendant dans les cinémas locaux.
Par ailleurs, le rôle des catholiques de la Legion of Decency était
considérable. Sans le soutien de celle-ci, la PCA était plus vulnérable.
On perçoit très bien l’influence de la religion dans le manichéisme qui
caractérise le Code fondé sur la loi des valeurs compensatoires.
Autrement dit, comme l’a expliqué la secrétaire de Joe Breen, il faut
que chaque film comporte « au moins suffisamment de Bien dans son
histoire pour compenser (…) tout le Mal qui s’y rattache ». Se
rattachent également à ce manichéisme les fameux happy endings : à
Hollywood, et surtout sous la censure, le méchant doit être puni et le
gentil doit gagner.
Toutefois, tous les réalisateurs ne l’entendent pas de cette
oreille et cherchent à contourner les interdictions. La ruse est de
mise. Ainsi, Mae West se met à écrire des scènes supplémentaires
très osées afin que les autres, paraissant alors moins provocantes, ne
soient pas coupées. Il faut aussi savoir user du peu de tolérance dont
fait preuve la PCA. L’éloignement dans le temps et dans l’espace est un
gage de liberté. Si l’intrigue ne se déroule pas dans l’Amérique des
années 20-30 , les censeurs seront moins durs. Mais ce qu’il faut
surtout noter relève de la création artistique motivée par cette
censure qui devient de plus en plus systématique et obsessionnelle. Les
réalisateurs doivent exprimer leurs idées malgré le Code ; ils
apprennent donc à suggérer au lieu de simplement montrer. L’art de la
suggestion permet de détourner le code et c’est ainsi par exemple
qu’on voit se développer la figure de l’ellipse, très utilisée par Ernst
Lubitsch mais aussi par Hitchcock. Sur la photo de North by
Northwest (La Mort aux Trousses, 1959), Cary Grant entraîne Eva
Marie Saint sur la couchette du wagon-lit juste avant que le train
entre dans un tunnel et que la scène disparaisse dans l’obscurité … tout
en ayant bien lieu dans l’intrigue et dans l’esprit du spectateur…
Hollywood est donc à son apogée durant les décennies où il subit une
forte pression de la censure. Celle-ci s’affaiblit cependant dans les
années 60. Le cinéma doit s’adapter à un public plus jeune qui demande
davantage de piment et ne se satisfait pas du « moralement trop
correct ». De plus, la distribution de nombreux films européens aux
USA porte un coup fatal au Code qui ne cesse alors de décliner pour
enfin ne se limiter qu’à la censure de films pornographiques. Ses
impératifs auront tout de même régné de 1930 à la fin des années 60.
Le Code Hays est finalement une censure toute relative aux
valeurs américaines, aussi nombreuses et vagues soient elles. Mais
toute censure est relative à une culture ou à une époque donnée. Que
diraient les censeurs de la PCA ou de la Legion of Decency s’ils
voyaient les films d’aujourd’hui ? Si on leur présentait La Passion du
Christ ou Basic Instinct, ils se retourneraient dans leurs tombes…
Excusez-moi, l’expression est peut-être mal choisie… Vous aurais-je
indisposé, chers lecteurs?
Dorra
Pour aller plus loin :*La censure cinématographique aux Etats-Unis,
Laurent PECHA , ed. Dixit, 2000.
Le Motion Picture Code voit le jour le 17 février 1930. Il *De bons sites également :
sera ensuite appliqué sous le pouvoir du sceau d’agrément – ‘seal of
http://cours.cegep-st-jerome.qc.ca/530-gjb.P.l/lecode.htm (même si
approval’ – et de Joe Breen, journaliste catholique à la tête de la
les photos ne sont pas commentées),
Production Code Administration (PCA). Un film ne pouvait sortir en
http://www.artsreformation.com/a001/hays-code.html .
CHRONIQUES
Quand la mer monte…
Il y a quelques semaines, Lille clôturait en grandes pompes son année culturelle. Feux d'artifices,
fanfares à chaque coin de rue, spectacles noctambules. Dans un balai sonore et lumineux, la cité de Martine Aubry
entendait marquer d'un grand coup le dernier acte d'une année culturelle dense et exceptionnelle.
Heureux hasard du calendrier ou pure coïncidence, une semaine auparavant sortait en salle le film de Gille Porte et
de Yolande Moreau Quand la mer monte… Un film simple, poétique, à la fois drôle et émouvant. L'histoire est celle
d'Irène (la très "Deschienne" Yolande Moreau), une comédienne qui trimballe son one-woman-show burlesque, Sale
Affaire (composé il y a plus de vingt ans par l'actrice elle-même) sur les planches de la région. De salle de sport en
maison de retraite, de festival du Rire en centre culturel, Irène promène sa valise et ses accessoires. Outre un sac à
main accueillant un poireau incongru, la valise contient un masque en papier mâché imitation Commedia Del Arte
derrière lequel, chaque soir, avec un accent à tout casser, elle déclenche l'hilarité du public. Une tournée comme les
autres pour cette comédienne mariée et maman. Pas tout à fait. Un soir de représentation, elle fait monter sur scène
Dries, un joyeux flamand porteur de géants. Une rencontre qui va transformer sa tournée en road trip romantique.
Avec les géants et les champs de houblon comme décor, Dries et Irène sont les personnages d'une histoire d'amour incertaine, belle et
tragique, tendre mais éphémère.
Au-delà des clichés inévitables (le carnaval de Dunkerque vu et revu pour la énième fois, la chaleur humaine et la convivialité
légendaire des gens du Nord; sentiments décuplés après quelques bières…), Quand la mer monte… se distingue des autres films réalisés sur ou
dans la région. Ici, pas de fatalité ni de pessimisme. Pas de folklore inutile ni d'obstination purement gratuite à décrire de manière réaliste une
région en crise. Aucun plan fixe et interminable sur le "ciel bas et lourd qui pèse comme un couvercle" sur les vies des gens d'ici. Pas de
réalisme agressif pour évoquer une population "en difficulté économique", soumise aux aléas de la crise.
Au contraire. Voilà enfin un film dans lequel le Nord, ses paysages, sa population et ses traditions servent de trame à l'histoire.
Quand la mer monte… n'est pas un film sur le Nord. La région est actrice à part entière.
Fini donc les films étiquetés "comédie dramatique" qui utilisaient la région comme support social. La Vie rêvée des anges d'Erick Zonca
avec Elodie Bouchez et Natacha Régnier est de cette trempe-là. Tourné en 1998 à Lille, le film verse rapidement dans le pathos social. Isa
(Elodie Bouchez), jeune paumée galère dans le Nord, région où il n'y a pas de travail et où il pleut tout le temps. Que les clichés ont la vie dure…
C'était en 1998. Depuis les mentalités ont quelque peu évolué. Le ciel est toujours gris et pluvieux. Mais le soleil de Lille 2004 est passé par là,
redonnant de l'éclat à la région.
On pourrait longuement parler des déficiences de Lille 2004, de ses défauts, ses occasions ratées. Laissons la critique de côté pour
une fois. Lille 2004 a donné à la région un nouveau visage, une image de marque au niveau national et européen. Cette année placée sous le signe
de la culture a permis de revaloriser un département souvent marginalisé sur le plan culturel. Les clichés traditionnels (chômage, alcoolisme,
misère sociale…) qui collaient à notre région ont pour un temps étaient mis de côté. Désormais, on y tourne des films joyeux, des comédies
pleine de vie. A l'image de notre belle région. Pourvu que ça dure…
Le Mouton Noir
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L’engagement étudiant dans le
commerce équitable
Rares sont
les
associations
étudiantes
en
France
engagées
dans la promotion
du
commerce
équitable.
L’association
Coméqui, créée en
février 2000 par
des étudiants de l’Institut d’Etudes Politiques
de Lyon, fait partie de celles-ci.
Coméqui est une association jeune ayant pour
but la sensibilisation au commerce équitable et
cela par divers moyens : la tenue de stands
d’information à Sciences-Po ou dans les
universités lyonnaises ; des interventions dans
les écoles primaires et dans les lycées afin de
sensibiliser les plus jeunes aux problèmes de
la mondialisation et aux alternatives qui
existent ; l’organisation d’un grand marché
équitable qui se déroule le premier samedi du
mois de mai sur une grande place lyonnaise où
des acteurs du commerce équitable viennent
sensibiliser le grand public sur ce type de
commerce
et
vendre
leurs
produits ;
l’organisation de conférences à l’IEP de Lyon ;
et la participation à des événements ponctuels
qui se déroulent à Lyon ou sa région tels que la
Semaine de la Solidarité internationale ou la
Quinzaine du commerce équitable . Pour faire
face à ces projets et aux diverses
sollicitations, Coméqui s’appuie sur une
vingtaine d’étudiants de l’IEP de Lyon motivés
ainsi que d’une dizaine d’autres moins motivés
mais qui aident l’association pour l’organisation
du marché.
Le commerce équitable est né du triste
constat que les échanges commerciaux
mondiaux étaient inégaux. Aujourd’hui, les
intermédiaires entre les producteurs et les
distributeurs ont pris une place prédominante
dans le commerce international, alors que les
coûts des matières premières et des produits
agricoles ne cessent de baisser. La main mise
sur les prix et les règles qu’exercent quelques
grands groupes et marques commanditaires,
ainsi que la spéculation à court terme, obligent
les producteurs des pays du Sud à fabriquer
des biens et des services dans des conditions
inacceptables,
car
inhumaines
et
irrespectueuses des Droits de l’homme.
Le commerce équitable a donc pour objectif,
dans une approche plus juste, solidaire et
respectueuse des droits fondamentaux, de
retrouver l’autonomie et de créer un véritable
échange équitable. Il propose alors un nouveau
mode de consommation et d’échange où
l’homme
reprend
une
place
centrale.
S’inscrivant
dans
la
dynamique
du
développement durable, le commerce équitable
s’organise autour de principes fondamentaux :
la solidarité c’est-à-dire travailler avec les
producteurs
les
plus
défavorisés ;
la
rémunération juste des producteurs et des
artisans en définissant le prix en accord avec
eux devant permettre au producteur et à sa
famille de vivre décemment dans le présent et
dans le futur (ce prix est supérieur au prix de
revient, couvrant les coûts de production et
dégageant une marge pour vivre, développer
des
projets
et
être
financièrement
indépendant); supprimer au maximum les
intermédiaires pour une relation plus directe
entre le consommateur et le producteur et
ainsi diminuer les marges intermédiaires ; la
mise en place d’une coopération de longue
durée entre les acteurs économiques, la durée
assurant l’avenir ; le respect des Droits de
l’homme et la préservation de l’environnement
et de l’identité culturelle du producteur. Le
commerce équitable fournit des produits de
qualité au consommateur et garantit à ce
dernier une information totale sur le
producteur et les produits. Le contrôle de
chaque étape du processus de production
permet cette transparence.
En résumé, le commerce équitable défend tout
simplement le droit à une existence conforme
à la dignité à quiconque travaille et à sa
famille, et ce pour une rémunération équitable.
Il garantit un salaire et des conditions de
travail décentes, notamment en ce qui
concerne l’hygiène, la sécurité et les horaires
de travail.
De plus en plus d’étudiants sont sensibilisés au
commerce équitable et n’hésitent pas à
s’engager dans Coméqui ou dans d’autres
associations. L’engagement des étudiants et
des jeunes en général est primordial, d’une
part du fait qu’ils représentent l’avenir, et
d’autre part pour renouveler les idées et les
actions et pour apporter plus de dynamisme. Il
est vrai que les débuts peuvent être difficiles
et qu’on peut se poser des questions sur le
fait de savoir si ce que l’on fait sert vraiment
à quelque chose. Mais quoi de plus
enthousiasmant et de plus gratifiant lorsqu’on
voit que l’on a réussi à faire bouger certaines
choses et faire avancer les idées (voire les
idéaux) que l’on défend. Certes il est plus
facile de râler sur la société et de ne rien
faire pour changer les choses que de s’engager.
Mais ces personnes-là, en définitif, ne font
que se complaire dans cette société et en
acceptent les principes. L’engagement dans une
association ne prend pas énormément de temps
surtout lorsque l’on n’a pas de responsabilités
dans l’association. La solidarité n’est pas qu’un
simple principe, c’est aussi une manière de
vivre et cette solidarité ne peut s’inscrire que
dans une action collective. C’est la seule chance
de voir de belles idées comme le commerce
équitable triompher.
Matthieu Le Quang, président de Coméqui
Risque social dites-vous?
Les géographes s'intéressent depuis une quinzaine d'années surtout, à un sujet à la mode, celui
du risque, objet de colloques nombreux, aussi bien chez les juristes que les économistes ou même les
sociologues. Les géographes ne pouvaient être en reste; d'abord attirés par les risques naturels, ils ont investi
les risques technologiques puis d'autres risques tels ceux concernant l'économie. A tel point que tout est
devenu risque. Au delà de l'interrogation sur le bien fondé d'un tel intérêt pour la géographie, il faut s'arrêter
sur le contenu du risque social.
La nouvelle question proposée au concours de recrutement des professeurs 2005 concerne justement les
risques et permet de se faire une idée des contenus.
Risque social dites-vous? Vous pensez exclusion, vous pensez chômage…Et bien vous vous trompez; en effet le risque social est, dans
les quelques articles qui lui sont consacrés, exclusivement décliné sur le thème de la délinquance, de la violence, de l’insécurité…et bien
évidemment pas de n’importe quelle délinquance, avec quelques cartes à l'appui sur les points chaud à l'intérieur d'une ZUP. Bref le retour des
classe dangereuses! La délinquance en col blanc, après tout, a aussi ses territoires, ses acteurs, ses réseaux, ses flux, ses victimes qui
méritent tout autant l'intérêt du géographe. Certains d'entre eux cependant s'intéressent à l'exclusion et ses territoires. Citons Hervé
Vieillard Baron sur les banlieues, Djemila ZENEIDI-HENRY pour les SDF et la Ville ( Une géographie du savoir survivre), Christophe GUILLY et
C. NOYE qui viennent d'éditer un Atlas des nouvelles fractures sociales en France.
Un tel discours dominant ne doit pas nous étonner mais il est inquiétant et participe au même titre que le JT de 20 heures à une
désinformation, par les « asymétries » qu'il propose : multiplication de faits divers, jamais replacés dans un contexte global ni relativisés et
rien, ou presque, sur l'essentiel.
Ainsi cet exemple tiré du « Monde diplomatique » de décembre 2004, « 30 octobre 2001, la skieuse Régine CAVAGNOUD fait une
chute mortelle ; le lendemain Alcatel annonce le licenciement de 10000 salariés en Europe. Sur France Inter, qui vaut bien TF1, 13 des 30
minutes consacrées à la mort de la skieuse; au journal de 20 heures 10 secondes ont suffi aux 10000 licenciés d'ALCATEL...
On sait à qui de telles approches, de tels non-dits ont profité....
Didier Huart
Les murs ont des oreilles
Parlons d'un mur qui n'est plus mais
qui demeure. Dans les esprits comme dans les
faits. Parlons d’un mur qui n’est plus qu’une
carcasse dont des milliers de fragments ont
été arrachés et exposés sur l’étagère de
milliers
de
foyers
pour
conserver
précieusement chez soi le béton et les restes
de fresques spontanées inspirées par la
frustration de liberté. 9 novembre 1989 – 9
novembre 2004 : quinze ans depuis la chute du
mur de Berlin. La réunification a eu lieu : mais
suffit-il d’une bonne pioche pour faire tomber
un mur ? Observons d’abord les ruines de
béton qui nous posent la question: au fait,
comment en est-on arrivé là? Il y eut d’abord
1945. Après la libération de l'Allemagne,
s'ensuivit une bipartition de fait du pays
entre Occidentaux et Soviétiques. Berlin
devint alors un îlot divisé en quatre zones au
cœur de la nouvelle RDA. Le statut prévoyait
une gestion plurielle. Mais, très vite, la
situation se change en un face-à-face entre
est et ouest, notamment au cours de l'épisode
du blocus effectué par les Soviétiques. Tandis
que les Occidentaux continuent d'appliquer le
système d'un gouvernement quadripartite, et
soutiennent
financièrement
et
diplomatiquement Berlin-Ouest, la partie
orientale tend à s'intégrer de plus en plus à
l'Union Soviétique. Berlin empoisonne les
relations internationales. Mais, en même
temps, l'administration est-allemande doit
faire face à un flux de plus en plus important
d'émigrants qui choisissent de traverser
Berlin vers l'ouest. Economiquement, l'est
souffre alors d'un début de déséquilibre.
C'est ainsi que l'opération dite
"Grande Muraille de Chine" voit le jour. Afin
que la fermeture définitive de la frontière se
fasse le plus efficacement possible, les
autorités choisissent le calme d’un week-end
estival: dans la nuit du samedi 12 au dimanche
13 juin 1961, des grillages et barbelés
préparés à l’avance sont disposés en quelques
heures et clôturent hermétiquement la ville de
l'est. Les réactions de l'ouest restent
modérées. Alors le Mur se renforce, et la
brique et le béton remplacent le grillage. En
1965, l'édifice est totalement achevé. Il y a en
réalité deux murs parallèles de 155 km de long:
des blocs de béton de 3.5m de haut sont
alignés d'une part; un fossé de 2.5m de
profondeur est creusé pour en empêcher
l'accès par des véhicules. Puis une ronde
permanente, des miradors, bunkers, chevaux
de frise, projecteurs. Enfin un second mur
peint en blanc pour distinguer les fuyards. On
compte environ 5000 fuyards au cours de la
période d'existence du mur, dont les gardes de
la sécurité eux-même, les mieux placés. Pour
les autres, les projets les plus démesurés ont
alors circulé pour passer la frontière: des
tunnels longs de plusieurs kilomètres, des
dirigeables, des coffres secrets sous la
banquette d'une voiture. Les plus téméraires
ou inconscients sautent d'une fenêtre qui
jouxte le Mur. Généralement en vain. Car on
condamne les habitations qui bordent le Mur.
Car les forces de l'ordre surveillent et
n'hésitent pas à tirer. Sur toute la période,
on compte 80 morts dont 60 tués par balle,
tandis que 118 furent blessés par balle. Les
deux dernières victimes le furent en 1989, six
mois avant la chute, l'un fut tué par la balle
d’un soldat, le second s'écrasa avec le ballon
qu'il avait lui-même fabriqué.
Les habitants de l'ouest sont donc
coupés de leurs voisins de l'est, car il ne
subsiste que sept passages entre les deux
Berlin, et les visites sont très limitées. Ce
n'est qu'en 1972 que le motif familial
(naissance, décès) est reconnu comme valable
pour passer de l’autre côté. Il faut un laissezpasser, et le fameux Checkpoint Charlie
réservés aux étrangers cristallise plutôt les
tensions. D’autant plus que le Mur a mis fin à
la plupart des communications par train,
métros, coupe les axes de circulation. La
visite de Gorbatchev en 1989 résonne comme
le signal d’annonce de la fin du Mur. Le
gouvernement communiste tombe le 7
novembre. Le 8, le Bureau politique du Parti
démissionne. Le lendemain est décrétée la
libre circulation des Allemands de RDA. Ce qui
signifiait implicitement l'ouverture du Mur.
Elle se fera le soir-même vers 22 heures,
devant la pression populaire et l’indécision des
gardes de la sécurité. Quinze ans plus tard,
les quartiers résidentiels de l'ouest tranchent
toujours sur les habitations de l'est. Les
grands chantiers de la Potzdammer Platz
tentent d'unifier la ville redevenue capitale,
mais le Mur reste encore présent. Sans doute
faudra-t-il encore du temps pour estomper ces
différences. D’autant plus qu’à l’échelle
nationale, la coupure est-ouest est toujours
vivace dans un contexte de crise de l’économie
allemande. Il reste encore des murs à faire
tomber. Les longs fragments du Mur, eux,
resteront là, toutefois, pour nous rappeler que,
décidément, oui, cela a bien existé.
DR
ERASMUS
Poursuite du voyage en Russie
Cette fois, je voudrais vous parler du système d'examen pour
entrer à l'université; en effet, en Russie, il s'agit vraiment d'un
système, élaboré il y a longtemps, plus que d'épreuves.
Il faut noter tout d'abord que le nombre de prétendants au
concours indique le niveau de prestige de la faculté; les plus grands
concours sont ceux pour entrer dans les formations de droit, de
gestion administrative et d'économie. Au temps du communisme il était
plus prestigieux qu’aujourd’hui de faire ses études à l’ « istfak »,
c'est-à-dire la faculté d'histoire; en effet cette formation était très
appréciée par le Parti Communiste d'Union Soviétique et ouvrait
directement la voie à une carrière au sein du parti; il était alors très
difficile d'entrer à l'istfak. Aujourd'hui l'accès est plus ouvert et on
compte en moyenne 4 à 5 prétendants pour une place à la faculté
d'histoire de Saratov. Les formations du soir ou par correspondance
apparaissent plus abordables car moins de personnes se présentent. En
revanche les concours d'entrée aux universités de Moscou ou Saint-
Petersbourg sont plus cotés et on compte jusqu'à 30 personnes pour
une place à l'université.
L'inscription est gratuite mais il existe parallèlement une
formation d'enseignement payante et coûteuse. Il faut noter qu'en
Russie, il n'y a pas forcément de continuité entre les cycles d'études
(ainsi un étudiant peut faire un premier cycle en économie et le
deuxième en droit). Or le deuxième cycle est souvent payant et le prix
est de trente à quarante milles roubles par an (près de mille euros);
pour les étudiants qui n'ont pas les moyens le deuxième cycle peut être
gratuit mais il dure alors 5 ans au lieu de trois. Les candidats au
deuxième cycle passent aussi des examens d’entrée mais ces derniers
ne sont qu'une formalité car les universités manquent d'argent. Pour le
moment ce dilemme entre les capacités intellectuelles et l'argent est
presque toujours résolu au profit du second. En effet l'université
n'échappe pas à la corruption. Bien sûr, à la faculté d'histoire elle n'a
pas pris la même ampleur que dans les facultés plus prestigieuses, mais
elle subit quand même la pression de l'administration notamment au
moment des examens d'entrée. Ceci s'explique par le salaire dérisoire
des professeurs et une vraie chute de prestige des connaissances en
Russie post-communiste. Un diplôme est un morceau de papier valorisé
mais monneyable; on entre ainsi dans un logique vicieuse: pourquoi
dépenser du temps et des efforts pour apprendre si on peut tout
simplement payer?!
Revenons à l'examen d'entrée à la fac. D'abord il faut
surmonter l'examen « profilant » soit l'histoire de la Russie jusqu'en
1917 ou celle de la Russie contemporaine, en fonction du programme de
l'année. Il s'agit théoriquement d'un examen oral: on distribue aux
candidats des « billets » avec deux questions auxquelles ils doivent
répondre face à une commission de deux ou trois professeurs. Le
temps de préparation est théoriquement d'une heure mais il varie en
fonction du nombre de candidats et il peut durer plusieurs heures. Si
un étudiant obtient 2 sur un barème qui va jusqu'à 5, il est éliminé, de
même que celui surpris en train de tricher. La deuxième épreuve,
quelques jours plus tard, est écrite et dure 4 heures; le nombre de
candidats restant est alors divisé en fonction des questions au
programme. La dernière épreuve est la plus redoutée: il s'agit de la
composition, or la grammaire et le style littéraire sont l'objet de
contrôles très stricts. Les thèmes proposés ont trait à la littérature
Russe (par exemple : « L'image de la liberté dans la poésie de
Pouchkine »), même dans le sujet d'expression libre. La somme des
notes détermine l'admissibilité : pour être étudiant il faut obtenir une
note égale ou supérieur à cette moyenne. En cas d'échec on peut se
voir proposer d'autres formations par exemple de passer de la
formation diurne à celle du soir car l'admissibilité est moins élevée.
Eugène ( Evgueny)
HUMEUR
restons avachis dans notre canapé car voici la télé réalité. Avec la
« Star’Ac », la soirée est exceptionnelle à chaque fois. Attention
Nicos, toi qui fais de magnifiques émissions culturelles sur LCI, tu
devrais savoir qu’exceptionnel veut dire : Sortir de la règle générale.
C’est vrai avec la « Star’Ac » l’ascenseur social s’est remis en marche
et fait d’un lycéen faisant des virées d’alcool le samedi soir ou avant
l’école un champion du chant, de la danse et une voix d’exception en
trois mois !!! Mais attention du devrais appeler ton émission étoile
filante academie car après la fin de l’emission elle se font vite
dégommer.
Merci Patrick !
Grâce
à
toi, TF1 est devenu la
première
chaîne
culturelle de France.
Tu as banni la
censure en faisant
tomber un tabou. Tu
nous exposes avec
grandeur ta mission
de
service
public :« donner du
temps de cerveau
humain disponible à
Coca Cola ». Cette
Il existe aussi « Koh Lanta » qui prend des hommes banals et
franchise nous va
droit au cœur ou
les transforme en Robinson Crusoé en leur faisant manger des vers,
plutôt droit au cerveau ! C’est vrai que tu redoubles d’inventivité pour
des feuilles et d’autres aliments hyper naturels. Le gagnant pourra
nous nourrir de programmes variés, richement caloriques et toujours
ensuite sortir un livre sur la cuisine écologique ! Nous devons être …
trop culturels !!! Faisons un inventaire en commençant par les
divertissements. A 12h05 débute « Attention à la marche », un jeu ou
il faut soi un QI au niveau des animaux pour répondre vu le niveau
culturel- exemple : Sur 100 français combien se promènent avec des
chaussettes trouées au troisième orteil ? Soit un QI aux alentours
d’Einstein pour répondre aux questions coquines exemple : Sur 100
français combien se promènent avec un peignoir en peau de lapin dans
leur appartement après avoir pris une douche ? Et oui ! C’est subtil, car
il ne faut pas choquer nos anciens, et nos jeunes à cette heure ci. La
pot de lapin permet à l’homme qui la porte de ce croire un chaud lapin !
voilà le coté Einstein !
Ensuite « Le maillon faible », le duel des temps modernes
avec une Laurence Boccolini percutante mais prenant en pitié ses
candidats et des candidats ayant une intelligence aussi développée que
subtile. Les remplacer par des ânes ferait gagner plus d’argent aux
vainqueurs, en l’occurence TFI. Les journaux télévisés sont dans la
même optique. A 13h00 nous avons le roi du patrimoine et de la ruralité
monsieur Jean Pierre Pernaud, un homme qui travaille depuis plus de 15
ans à faire découvrir la France profonde même souvent trop profonde
aux ignorants de la ville. Egalement il frappe avec justice sur ces
syndicalistes un peu présomptueux empêchant les bons français aux
bérets d’aller travailler. Il œuvre pour ce grand retour à l’ordre rural,
pour une France travailleuse docile gentille une France éternelle fille
de l’Eglise et rien d’autre ! Le 20 h 00 est également percutant dans un
registre différent. PPDA qui ne connaît pas tellement les gens de mer
adorent traiter les faits d’hiver à notre grand bonheur ! Et oui grâce
au 20h00 on montre enfin le vrai coté du Nord où les mœurs sont
décadentes. Il y règne l’alcool le chômage l’oisiveté, c’est la même
chose que le chômage, la promiscuité et même l’inceste. On y retrouve
tout à fait les classes laborieuses à Lille au XIX. Après ces journaux
Enfin, s’il y a encore de la place dans votre cerveau, il reste la
deuxième partie de soirée où souvent la chaîne se lâche avec Y’a que la
vérité qui compte, dirigée par un duo aussi pertinent qu’intelligent,
messieurs Bataille et Fontaine, reprenant souvent le refrain « C’est
moi Bataille, c’est moi Fontaine ». Un soir, ils ont invité un couple de
lesbiennes et un hétérosexuel. Ce couple a demandé à cet hétéro s’il
voulait leur faire un enfant. Allait-il soulever le rideau ? Réponse
après la pub ! Cela donne une grande image de l’homosexualité. Donc
vous voyez, voilà des émissions de rêve dirigées par un casting de rêve
qui représente tous les partis. Cohabitent aussi bien des chiraquiens,
des balladuriens, des villieristes, et de plus en plus des sarkosyens qui
ont assisté à la consécration de leur chef, qui aurait mérité d’être oint
par le saint Chrême. Cette belle machine est dirigée par main de
maître par Patrick Le Lay.
Attention l’abus de TF1 est dangereux pour la santé ; à consommer en
protégeant son cerveau.
HUMEUR
Eric
Droite-rillette : Partie d'une population qui vote contre elle-même sans s'en rendre compte. Cette dégénérescence intellectuelle
est le plus souvent due à l'hégémonie d'une grande chaîne de télévision privée et elle profite à un borgne démagogue.
Libéralisme : Nom Masculin : Notion économique dérivée du communisme qui vise le partage à une plus petite échelle.
Insécurité : Née lors des dernières élections présidentielles. Elle occupe environ 85 % du journal de 20 h 00. Son égérie est
Jean Pierre Pernault.
Soixanthuitard: Ancien gauchiste ayant troqué le sous-pull vert bouteille et les cheveux longs pour le col blanc. Il fréquente le
week-end les cafés branchouilles et les théâtres avant- gardistes. Et surtout il écoute Vincent Delerm en rentrant de sa dure
journée de travail dans sa belle SCENIC.
CCCP
CULTURE
MUSIQUE
Suite de notre série d’articles sur le monde du jazz vocal. Cette fois, notre choix s’est arrêté sur Diana Krall et Stacy Kent, dont le point
commun est leur formidable destin de « star » du jazz. Deux talents du jazz d’aujourd’hui, jouissif !
Diana Krall, le destin d’une star
Diana Krall fait, sans aucun doute, partie de ces chanteuses
de jazz les plus connues du grand public. Qui eût cru, il y a maintenant
bientôt dix ans, que cette gamine du Grand Ouest Canadien, disciple de
Jimmy Rowles, allait atteindre les charts ?
C’est sous la houlette de ses grands-parents, que Diana
apprend le piano. Diana ajoute vite les chants à son arc. Pourtant sa
carrière aura du mal à décoller. Deux immenses musiciens viendront lui
donner un coup de pouce : Ray Brown et Jimmy Rowles, n’ayant
fréquenté pas moins que la grande Ella Fitzgerald et Billie Holliday.
Mais c’est à Nat « King » Cole, que Diana Krall doit l’envolée de sa
carrière au niveau international. A travers un swing épatant, Diana
revisite le répertoire du roi du chant et du piano. Son succès
international est complet et le grand public adhère. Mais les puristes
font la fine bouche, reprochant à la belle de ne s’appuyer que sur les
standars de jazz. C’est oublier le talent de cette chanteuse, doublée
d’une solide pianiste de combo et d’une swingeuse de premier ordre.
Une preuve irréfutable de son talent est maintenant à notre
disposition, son dernier album « The Girl In The Other Room ». Diana
impose une beauté séche, un son inattendu, à la limite du cru mais
épatant -« Je voulais surtout que le disque soit plus sec »-. Autre
surprise de cet album, c’est l’absence de standards affirmés –« Je ne
me sentais plus dans la disposition d’esprit pour jouer encore des
standars, cela faisait quelques années que j’avais envie de quelque
chose de neuf »-. Bien plus que par le passé, cet album fait émerger les
influences très vastes de Diana Krall : Count Basie, Keith Jarrett, Joni
Mitchell- « Harmoniquement, ce qu’elle fait m’inspire vraiment. Elle est
intouchable, comme musicienne ou comme parolière, elle n’appartient à
aucune catégorie précise : elle n’est pas folk, pas jazz »-.
Cela prend du temps de grandir comme artiste, mais ces
quelques standars trans-genre, tels Mose Allison, Joni Mitchell, Tom
Waits, associés à des chansons originales, co-écrites avec Elvis
Costello, renversantes et hors format, offrent un album assurément
neuf et jouissif, tourné vers la meilleure voie possible pour le jazz.
Chers lecteurs, retenez le nom de Diana Krall, cette jeune femme
déterminée nous réserve, à l’avenir, encore bien des surprises !
A écouter « All for you » (Impluse/Universal).1995. « The Girl In The Other Room » (Verve/Universal). 2004.
J.C
Stacy Kent, le conte de fées
Une vie de film hollywoodien, voilà comment qualifier l’ascencion extraordinaire de Stacy Kent. Comment imaginer, en effet, que cette
étudiante en littérature à l’Université de New-York, venue en Europe pour apprendre les langues, soit devenue, en très peu d’années, un des
nouveaux talents de la jazzophère vocale féminine ? Il faut dire que la rencontre de son saxophoniste de mari, Jim Tomlison, marque le début
d’une carrière, accompagnée de nombreux succès. A ce jour, la belle ex-étudiante, n’en a pas moins enregistré, une demi-douzaine d’albums,
enchainé de nombreuses tournées des deux côtés de l’Atlantique. Sa participation au Film « Richard III », dont elle chante le générique, l’a
définitivement consacrée parmi les chanteuses de Jazz confirmées et respectées. Preuve de son succès, certains la comparant à Billie ou Ella
(ce qui est peut-être exagéré), Stacy Kent est, sans doute, celle qui manifeste les qualités les plus évidentes, notamment lorsqu’elle interprète
Cole Porter.Une voix epressive, une fraîcheur, un naturel évident, la douceur et le swing font de cette jeune femme, l’un des joyaux de le
nouvelle génération des vocalistes.
JC
A écouter : « Collection » (Candid). 2OO2. « The Boy Next Door » (Candid). 2003
CINEMA
Le Secret des Poignards Volants.
Résumé Allociné : « En cette année 859, la Chine est ravagée par les conflits. La
dynastie Tang, autrefois prospère, est sur le déclin, et le gouvernement corrompu s'épuise à
lutter contre les groupes de rebelles toujours plus nombreux qui se dressent contre lui. La plus
puissante de ces armées révolutionnaires et la plus prestigieuse de toutes est la Maison des
Poignards Volants. Deux capitaines, Leo et Jin, sont envoyés pour capturer le mystérieux chef
de cette redoutable armée. Ils élaborent un plan : Jin se fera passer pour un combattant
solitaire nommé Wind, se portera au secours de la belle révolutionnaire aveugle Mei et la fera
sortir de prison. Gagnant ainsi sa confiance, il l'escortera jusqu'au quartier général secret de la
Maison des Poignards Volants... ».
Après "Hero", le réalisateur chinois Zhang Yimou, à qui l'on doit le magnifique "Epouses
et Concubines", revisite avec "Le Secret des Poignards Volants" le genre du wu-xia-pan (littéralement "film de sabre", équivalent nippon de nos
films de cape et d'épée). Attendez-vous donc à des décors, des costumes et surtout à une lumière d'une poésie rare, mais aussi à de grandes
scènes d'action admirablement mis en scène (il faut d'ailleurs aller voir le film rien que pour la scène du combat dans la forêt de bambous : une
merveille pour les yeux!!).
Certains seront sans doute rebutés par l'aspect mélodramatique de l'histoire. Mais pour les autres, ce sera l'occasion d'assister à un festival
visuel et technique et à un admirable mélange des genres, bref à un vrai plaisir de cinéma.
Julien Mougin
Le Pôle Express ( de R.Zemeckis, d’après le conte de Chris Van Allsburg,1985)
7-8 ans, c’est l’âge critique, l’âge de raison où la petite souris et le Père Noël ne sont souvent plus que de belles histoires… Un petit
garçon n’a pas fait de photo avec le Père Noël cette année… C’est une des raisons pour lesquelles un train particulier, Le Pôle Express, passe le
prendre chez lui le soir du 24 Décembre. Destination : Pôle Nord. Est-ce un rêve, est-ce la réalité ? Là est la question dans ce film d’animation
très novateur. En effet, l’intrigue pour cette fois remet en question l’existence même du Père Noël et s’avère par là le reflet du doute et du
manque de confiance en soi qui caractérisent le monde des jeunes d’aujourd’hui, qu’ils aient 7-8 ans ou bien plus. A nous de choisir entre les
deux morales qu’énonce le vagabond : « Ne croire que ce que l’on voit » et/ou « Les choses les plus importantes sont celles que l’on ne voit pas ».
Novateur également par la technologie : le film se situe entre le réel et le virtuel. C’est une réussite! Les personnages ne sont pas des acteurs
en chair et en os mais leurs visages sont des versions digitales de ceux de véritables comédiens. Ainsi Tom Hanks prête le sien à cinq
personnages, le contrôleur, le petit héros du film, le vagabond, le petit garçon isolé et le Père Noël. Le film soulève par ailleurs le thème certes
galvaudé mais toujours actuel de la discrimination sociale. Le petit Billy vient des bas quartiers et ne s’assied pas dans le même wagon que les
autres enfants, il préfère s’isoler à l’arrière du train, dans l’obscurité. Finalement, bien qu’il faille avouer que certaines scènes sont un peu
mièvres – il n’y a même pas de méchants! – c’est dans l’ensemble un beau conte de Noël. Si vous supportez bien les descentes vertigineuses
(effets bien réussis) du haut des glaciers polaires, vous pourrez apprécier les chansons, les lumières de Noël, les sapins, la neige, tout un
univers magique très réussi. Et si vous entendez le grelot à la fin du film, alors vous y croirez. Moi, j’y crois.
AGENDA
-L'exposition « Il y a 2000 ans, Boulogne... » est prolongée jusque fin décembre.
-Le GRHAAL organise une expostion sur le bâtiment du site Le Musée : « Du séminaire au bâtiment universitaire ». Inauguration le 15 décembre
à 13 heures en Salle des Actes.
-La Maison de l'Etudiant fête ses 10 ans le 16 décembre : aidez les à souffler leurs bougies, à partir de 21 heures !
Rédacteurs en chef : Elsa Bardol & Julien Championnet. Equipe rédactionnelle : Ben Chaabane Dorra,
Cuvillier Julien, Desmet Rémi, Eugène (Evgueny), Evrard Julien, Fanny, Houdayer Eric, Huart Didier,
Le Quang Matthieu, Maréchal Julien, Mechaï Farid, Mougin Julien, Valcque Olivier.
Contactez nous : [email protected]