les écrivains nous disent pourquoi ils aiment victor hugo

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les écrivains nous disent pourquoi ils aiment victor hugo
LES ÉCRIVAINS
NOUS DISENT POURQUOI
ILS AIMENT
VICTOR HUGO
Nous avons souhaité demander aux écrivains qui ont manifesté leur intérêt pour Victor Hugo de
nous dire pourquoi ils l’aiment, comment ils l’ont découvert. Michel Butor, membre d’honneur
de notre Société, et qui a écrit des articles qui ont marqué de leur justesse et de leur profonde
compréhension de l’œuvre, la critique hugolienne*, a accepté d’être le premier à alimenter cette
rubrique. Nous le remercions de ce beau texte, écrit tout spécialement pour les lecteurs de
L’Écho Hugo, ainsi que de son enthousiasme et de sa gentillesse.
MICHEL BUTOR
VERS VICTOR HUGO
Sans doute, c’est en classe que j’ai lu ses premiers textes, « Oceano Nox » par exemple. Mais il y
avait dans la bibliothèque de mes parents La Légende des siècles dans la jolie édition en trois volumes
de la collection Nelson, et je me suis mis à fouiller là-dedans. Aymerillot, Eviradnus, Sultan Mourad,
L’Aigle du casque, tout cela m’a émerveillé…
Dans ma jeunesse, les surréalistes découvraient le Promontorium Somnii. On s’intéressait de plus en
plus aux dessins. La publication de son œuvre en quatre énormes volumes chez Pauvert m’a donné
l’occasion de lire nombre d’œuvres peu connues, de m’exprimer à leur sujet. Puis j’ai exploré
systématiquement Hugo pour mon enseignement à Genève, découvrant de plus en plus de trésors dans
les greniers de ce père Noël de la littérature française.
Je suis fasciné par l’immensité et la variété de sa production, sa capacité de transformer ses lectures
en visions. Enfin, contrairement à ce qui semblerait au premier abord, l’étonnante densité de certains
textes. Je pense en particulier à la « galerie des égaux » dans le William Shakespeare. Étonnants son
courage politique, ses prémonitions. Comme il est normal que la critique maurrassienne se soit
acharnée contre lui, scorpions grattant aux pieds du sphinx. Nous n’en sommes plus là. Nous
naviguons dans l’ivre.
À lire, si vous ne l’avez déjà fait :
Michel Butor, « Babel en creux » et « Victor Hugo romancier » dans Répertoire II, Les Éditions de
Minuit, 1964; « La voix qui sort de l’ombre et le poison qui transpire à travers les murs » dans
Répertoire III, Les Éditions de Minuit, 1968 ; et, plus récemment, la Préface à l’édition de L’Art
d’être grand-père de Hugo en Poésie / Gallimard, 2002.

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