printemps po`tes 27/03 - Philharmonie de Paris

Transcription

printemps po`tes 27/03 - Philharmonie de Paris
le printemps des poètes
samedi 27 mars 1999
La cité de la musique a choisi de participer à la journée le printemps des
poètes à travers une série de manifestations rendant hommage à la fois aux
liens intimes qu’entretiennent la musique et la poésie, ainsi qu’à la culture
algérienne qu’il importe de soutenir, en particulier aujourd’hui.
Cette journée se déroule en trois temps : un spectacle de contes méditerranéens
dits par Praline Gay-Para (15h-16h), une série de lectures autour de Kateb Yacine
(de 16h30 à 19h30), avec la participation du groupe Raï Kum et une soirée
conçue comme un « café littéraire » (à partir de 20h) destinée à présenter
plusieurs auteurs algériens contemporains. Autant de manifestations qui,
directement ou indirectement, rendront hommage à Kateb Yacine dont les écrits
ont marqué toute la génération de la poésie algérienne de l’après-Seconde
Guerre mondiale.
« Il est urgent de lire, écrivait Jacqueline Arnaud, d’entendre aujourd’hui ce
grand auteur de nous-mêmes, ce clandestin qui s’introduit dans notre mémoire
à la faveur d’un équivoque passeport de langue française et nous dérange par
tant de familiarité mêlée à tant d’étrangeté radicale. Alors que nous nous accrochons aux pans de notre identité, refusant de connaître que l’autre, depuis des
siècles, est déjà en nous, Kateb nous force à nous décentrer, à entrer par mimétisme dans son jeu et son monde afin que, dans le Jardin parmi les flammes, notre
cœur devienne capable de toutes les formes. »
avec le soutien de la RATP
samedi
27 mars - 15h
amphithéâtre du musée
concert - conte
à partir de 7 ans
Des Rives de la Petite Bleue
La conteuse Praline Gay-Para propose pour tout
public un spectacle en langue française composé
de contes méditerranéens et d’histoires du
Maghreb.
Praline Gay-Para, conteuse
Jean-François Piette, percussion
durée : 1 heure
samedi
27 mars - 16h30
rue musicale
autour de Kateb Yacine
lecture
et moments musicaux
lectures de textes poétiques :
Olivier Augrond, Olivier Balazuc, Damien
Bigourdan, Rachida Brakni, Alexandra
Castellon, Tiago Manaia, Elodie MarteauLaurent, Julie Recoing, Pascal Remeric, Lisa
Sans, Anne Saubost, Thomas Scimeca, Hedi
Tillette de Clermont Tonnerre, Hyam
Zaytoun, étudiants du Conservatoire National
Supérieur d’Art Dramatique
Marcel Bozonnet, directeur du Conservatoire
National Supérieur d’Art Dramatique
Gabriel Garran, mise en espace et choix des textes
musique :
Abdelkader, Maman, Fichta, Sadia, Raina Raï, Blues,
Goulou, Baba Amar, Chihal, Toumali, Bel Ate El
Babe, Bini Ou Bik, Zina, Choufi
Raï Kum :
Yahia Mokeddem, chant
Zoubida Azrou, chœur
Khoudir Saïdi, batterie
Abdelkader Tab, percussions, chœur
Cyril Barbessol, claviers
Ilan Abou, Hichem Takaoute, guitares basse
Kliff Miziallaoua, guitare, chœur
durée : 3 heures
le printemps des poètes à la Villette
Kateb Yacine
Kateb Yacine compte parmi les auteurs connus aussi
bien en Afrique du Nord que dans le monde entier.
Qui n’a pas lu ou étudié Nedjma, son chef-d’œuvre !
Même si les travaux sur Nedjma sont actuellement
de plus en plus nombreux, il n’en demeure pas moins
que l’œuvre intégrale de Kateb Yacine reste encore à
décoder, analyser. Car le lecteur garde un sentiment
de grande frustration, de soif de connaître chaque
fois plus le sens caché, implicite de cette œuvre plurielle, au symbolisme pluridimensionnel. Comme un
fresque, dans son achèvement, elle donne l’impression de l’inachevé. Mais, ce n’est là qu’un mode de
penser et de vivre une réalité, propre à Kateb Yacine :
celle d’une patrie, d’un mode en construction ; aussitôt fait, le mode se défait... aussitôt construites les
idéologies tombent comme un château de cartes
sous ses yeux... ses espérances aussi. C’est précisément ce mot de la fin, ou l’achèvement d’une œuvre
conçue dans un esprit permanent d'élaboration qui
caractérise le monde. Mais la révolution n’est-elle pas
née pour continuer ? On ne peut que se joindre à
Jacqueline Arnaud, pour dire que la métaphore qui
convient d’applique à l’œuvre de Yacine, c’est peutêtre le chantier, comme elle le suggère à propos du
Polygone étoilé :
« La figure du Polygone étoilé suggère la multiplicité
des facettes et l’image du chantier, Alger chantier,
œuvre en chantier (« work in progress »), revient souvent. Kateb est l’homme d’un immense puzzle, auquel
sans cesse des pièces sont ajoutées, retaillées, puzzle
ou « patch work » qui utilise des étoffes d’origine et de
textures différentes ». (L’œuvre en fragments. Paris,
Sindbad, 1986, p. 14)
Tassadit Yacine
(extrait de la revue Awal n° 9, 1992, p. 1)
notes de programme | 5
le printemps des poètes à la Villette
Kateb Yacine (1929-1989)
« Je suis né le 6 août 1929, à Constantine. Mon père était avocat. Mon
père, ma mère, mon grand-père et
ma grand-mère, mes oncles, mes
tantes, cela vient de la même tribu.
Nous sommes tous issus de
mariages consanguins. Grâce à mon
père qui voyageait beaucoup, j’ai
parcouru, tout enfant, l’Algérie. J’ai
été à l’école coranique d’abord, jusqu’à l’âge de sept ans. Puis, mon
père s’est rendu compte que, continuant à étudier la langue arabe sous
la forme coranique - sous le régime
colonial - ça ne menait à rien. Il a
décidé que j’apprendrais puisque la
culture française dominait. Mon père
avait d’ailleurs la double culture,
arabe et française. J’ai donc été à
l’école française et j’ai fait des études
jusqu’à l’âge de quinze ans. Il y eu
alors les événements de 1945, la
manifestation anticolonialiste. J’y ai
participé, j’ai été arrêté et j’ai été
exclu du collège. J’étais en troisième.
A partir de là, la classe ne m’intéressait plus, après la prison. Ce qui
m’intéressait, c’était la poésie avant
tout. Mon père, bien qu’avocat, n’a
pas su me dire non. En ce sens, mon
arrestation a été bénéfique. Alors, je
suis parti... J’ai parcouru une partie
de l’Algérie. J’ai rencontré un imprimeur en faillite, il m’a imprimé. C’est
ainsi qu’est sorti mon premier recueil
de poèmes Soliloques en 1946, dans
la ville de Bône, et ce fut mon entrée
dans la littérature. Quand j’ai vu le
peuple s’emparer de ces brochures,
6 | cité de la musique
alors j’ai commencé à devenir un militant. De 1946 à 1947, j’ai été un
nationaliste. En 1947, j’ai fait un
voyage à Paris, mon premier séjour.
Je suis retourné à Alger, et je suis
entré à Alger Républicain jusqu’à la
mort de mon père en 1950 et je suis
retourné en France chercher du travail. Là j’ai écrit Le Cadavre encerclé
et Nedjma. L’accueil en France a été
bon, mais la guerre a éclaté et il a
fallu que je quitte la France. Ce fut
l’Italie puis la Tunisie et Hambourg.
Un an et demi en Yougoslavie,
l’Allemagne, la Belgique et à nouveau
Florence pendant un an. »
K. Y.
œuvres :
Soliloques (épuisé)
Nedjma (Ed. du Seuil)
Le Cadavre encerclé (épuisé)
Le Cercle des représailles (Ed. du Seuil)
Le Polygone étoilé (Ed. du Seuil)
L’Homme aux sandales de caoutchouc
(Ed. du Seuil)
Le Poète comme un boxeur - Entretiens
1958-1989 (Ed. du Seuil)
L’Œuvre en fragments (Ed. Sindbad ;
Actes Sud, épuisé)
bibliographie :
Saïd Tamba, Kateb Yacine (1992, Ed.
Seghers)
le printemps des poètes à la Villette
Kateb Yacine
Un ancêtre surgit des flots. Elles se lamentent de
Un ancêtre surgit des flots cette farouche apparition. L’ancêtre nage, en s’efforçant d’oublier les charmes de son engeance. Il est à
l’âge où tout inceste n’est qu’un bâton de pèlerinage.
Il a eu trop de femmes, trop de filles, pour n’avoir pas
à les surprendre en leurs ébats. Et faute de rivaux, il
se dispute ses épouses. Mais chaque fois ses plans
sont bouleversés. Il n’a plus rien d’un chacal. Sorti
de l’eau, il plonge dans la forêt. Ni soldat, ni propriétaire, quel est ce spectre sans mémoire dont les
enfants se perdent en questions ? Etait-ce un ogre
prolifique, un ogre qui mangea ses fils aînés, mais
préserva peut-être le dernier ? Qui que tu sois, voyageur opprimé, tu es le maître du désert, et le maître de
la forêt. Le fondateur n’a rien à vendre. Sa cabane
s’élève contre un boutoir de cactus, tout près d’un
faible ruisseau mangé par ses buissons. C’est là que
le soir est bien frais. On rêve. Est-il bien vrai que nous
sommes en guerre ?
Anthologie de la littérature algérienne de langue française, Bordas
La seule artère où je veux Ici est la rue des Vandales. C’est une rue d’Alger ou
rendre l’âme
de Constantine, de Sétif ou de Guelma, de Tunis ou
de Casablanca. Ah ! l’espace manque pour montrer
dans toutes ses perspectives la rue des mendiants
et des éclopés, pour entendre les appels des vierges
somnambules, suivre des cercueils d’enfants, et recevoir dans la musique des maisons closes le bref murmure des agitateurs. Ici je suis né, ici je rampe encore
pour apprendre à me tenir debout, avec la même
blessure ombilicale qu’il n’est plus temps de recoudre ;
et je retourne à la sanglante source, à notre mère
incorruptible, la Matière jamais en défaut, tantôt génératrice de sang et d’énergie, tantôt pétrifiée dans la
combustion solaire qui m’emporte à la cité lucide au
sein frais de la nuit, homme tué pour une cause apparemment inexplicable tant que ma mort n’a pas donné
de fruit, comme un grain de blé dur tombé sous la
faux pour onduler plus haut à l’assaut de la prochaine
notes de programme | 7
le printemps des poètes à la Villette
aire à battre, joignant le corps écrasé à la conscience
de la force qui l’écrase, en un triomphe général, où la
victime apprend au bourreau le maniement des armes,
et le bourreau ne sait pas que c’est lui qui subit, et
la victime ne sait pas que la matière gît inexpugnable
dans le sang qui sèche et le soleil qui boit... Ici est la
rue des Vandales, des fantômes, des militants, de la
marmaille circoncise et des nouvelles mariées ; ici est
notre rue. Pour la première fois je la sens palpiter
comme la seule artère en crue où je puisse rendre
l’âme sans la perdre. Je ne suis plus un corps, mais
je suis une rue. C’est un canon qu’il faut désormais
pour m’abattre. Si le canon m’abat, je serai encore
là, lueur d’astre glorifiant les ruines, et nulle fusée n’atteindra plus mon foyer à moins qu’un enfant précoce
ne quitte la pesanteur terrestre pour s’évaporer avec
moi dans un parfum d’étoile, en un cortège intime où
la mort n’est qu’un jeu... Ici est la rue de Nedjma mon
étoile, la seule artère où je veux rendre l’âme ? C’est
une rue toujours crépusculaire, dont les maisons perdent leur blancheur comme du sang, avec une violence d’atomes au bord de l’explosion.
Le Cadavre encerclé extrait de Le Cercle des représailles,
Seuil, Paris, 1959.
Anthologie de la littérature algérienne de langue française,
Bordas, p. 74
Les Enigmes du regard
8 | cité de la musique
Toute petite, Nedjma est très brune, presque noire ;
c’est de la chair en barre, nerfs tendus, solidement
charpentée, de taille étroite, des jambes longues qui
lui donnent, quand elle court, l’apparence des
calèches hautes sur roues qui virent de droite et de
gauche sans dévier de leurs chemins ; vastitude de ce
visage de petite fille ! La peau, d’un pigment très serré,
ne garde pas longtemps sa pâleur native ; l’éternel
jeu de Nadjma est de réduire sa robe au minimum,
en des poses acrobatiques d’autruche enhardie par
la solitude ; sur un tel pelage, la robe est un surcroît de
nudité ; la féminité de Nedjma est ailleurs ; le premier
le printemps des poètes à la Villette
mois d’école, elle pleure chaque matin ; elle bat tous
les enfants qui l’approchent ; elle ne veut pas s’instruire avant d’apprendre à nager ; à douze ans, elle
dissimule ses seins douloureux comme des clous,
gonflés de l’amère précocité des citrons verts ; elle
n’est toujours pas domptée ; les yeux perdent cependant de leur feu insensé ; brusque, câline et rare
Nedjma ! Elle nage seule, rêve et lit dans les coins
obscurs, amazone de débarras, vierge en retraite,
Cendrillon au soulier brodé de fil de fer ; le regard
s’enrichit de secrètes nuances ; jeux d’enfants, dessin et mouvement des sourcils, répertoire de pleureuse, d’almée, ou de gamine ? Epargnée par les
fièvres, Nedjma se développe rapidement comme
toute Méditerranéenne ; le climat marin répand sur
sa peau un hâle, combiné à un teint sombre, brillant
de reflets d’acier, éblouissant comme un vêtement
mordoré d’animal ; la gorge a des blancheurs de fonderie, où le soleil martelle jusqu’au cœur, et le sang,
sous les joues duveteuses, parle vite et fort, trahissant les énigmes du regard.
Anthologie de la littérature algérienne de langue française,
Bordas, p. 71
Salut porte fermée
Salut porte fermée
Couverture d’un autre livre
Abattue sur nous
Les pages du livre déchiré
Nedjma Nedjma ouvre ta porte ou ta fenêtre
Ou trotte seulement dans ton couloir
Ou parle ou crie ou chante ou pleure
Jette sur nous le mensonge dû aux fidèles
Ou le seau d’eau sur la tête des fous
Envoie-nous ton chien ou ton chat
Ou l’une des mouches de ta maison
Secoue sur nous ton vieux tapis
Je ne puis supporter cette solitude !
Le Polygone étoilé (Seghers, p. 177)
notes de programme | 9
le printemps des poètes à la Villette
Raï Kum,
Au commencement était l’idée de fonder un groupe
le raï de bonne volonté qui puisse faire la musique qu’il aime, puis l’idée devint
chair et hausse de tonalité. Le volume poussé à fond,
il manquait un nom de baptême pour répliquer à ceux
qui se demandaient si c’était du raï ou de l’infusion
maghrébine. C’est un peu les deux mais si la majorité
pense que c’est du raï, « raïkum » en arabe, eh bien,
dont acte. Ainsi répondait en 1988, Yahia Mokeddem
à l’assistance du Baiser Salé, la salle où la bande a
effectué ses premiers pas.
Yahia, natif de la région de Tlemcen, à l’ouest de
l’Algérie, mais installé en France à l’âge de six ans,
est l’âme de la formation. Bien que nourri de l’esprit
mélodique andalou, chaâbi ou populaire marocain
dès son enfance, il n’en demeure pas moins, au
départ, un enfant du rock et de la pop. C’est tout
naturellement cet univers qui va inspirer ses premières
tentatives comme compositeur, bassiste et interprète.
A l’époque où Trust s’est aventuré avec succès sur les
landes du hard rock, Yahia et son band, le 38 Tonnes,
influencé par Toto, Foreigner et Deep Purple, lance
un 45 tours contenant un titre qui plaît à des animateurs comme Francis Zégut ou Max Meynier. Quelques
passages sympathiques sur RTL permettent juste de
décrocher quelques contrats dans certains endroits
conviviaux tel que le Caf’Conc’ où Mokeddem et son
regretté frère Amar distraient l’auditoire à coups de
reprises de standards souvent repris en chœur.
En 1986, le raï débarque en force à Paris et sort l’artillerie lourde lors de deux festivals, l’un à Bobigny,
l’autre à la Villette. Yahia en connaît un rayon là-dessus et au retentissement des premières notes des
Chebs, les souvenirs affluent. D’autant qu’Amar, un
temps rentré en Algérie pour se frotter au raï local joué
exclusivement dans les cabarets, l’encourage à
emprunter la voie des racines. Yahia est séduit par le
tempo mais pas par les arrangements approximatifs,
« décousus » comme il le souligne. Il accompagne
quelques bonnes pointures tels que Cheb Mami ou
Cheb Moumen avant de se décider à écrire des mor10 | cité de la musique
le printemps des poètes à la Villette
ceaux mieux structurés. Jess, ex-batteur de Carte de
Séjour reconverti dans la production, adore ce que fait
Raï Kum et leur propose d’en intégrer un sur ce qui
est la première compilation raï commercialisée en
France. Intitulé « Zina » et porté par une rythmique
façon Atlas marocain, le titre se démarque, en effet,
des autres par ses mélanges généreux. Ce sera désormais la griffe, reconnaissable entre mille, des stylistes
mélodiques de Raï Kum. Roulant sans produit jusqu’en
1994, année d’un premier essai discographique (un
mini-single) mijoté avec la complicité de la Bougnoule
Connection, Raï Kum (signifiant également « Telle est
votre volonté ») se distingue surtout par des prestations scéniques de bon niveau qui attirent aussi l’attention de quelques programmateurs de festivals. Entre
deux apparitions, le groupe soigne sa musique, remet
plusieurs fois l’ouvrage sur le métier et met un point
d’honneur à générer un répertoire où pas une note
juste, pas un mot ciselé ne manquent à l’appel.
Le résultat est là, aujourd’hui, avec l’appui de Sony, à
travers un album remarquable par son architecture
musicale, ses rythmes reflétant la diversité maghrébine
en le domaine et des plages variées et invitant à plusieurs voyages. D’entrée, Raï Kum ne vous laisse pas
le temps de vous échauffer, il vous fait transpirer rapidement avec « Fichta » (La fête), ses percussions fiévreuses, son ton chaâbi et ses couleurs chaudes.
C’est à une sorte de promenade dans la Casbah avec
des castagnettes aguicheuses que l’on nous convie
et le reste du parcours, balisé par « Bini Ou Bik » (Entre
toi et moi) et son air enjoué, « Choufi » (Regarde) et ses
déclinaisons à la Was Not Was et autres « Baba
Aamar » (Père Amar) aux accents gnawi, du nom de
ces descendants d’anciens esclaves marocains dont
la musique thérapeutique a enchanté Jimi Hendrix,
Randy Weston et Led Zeppelin, se veut encore et
toujours mouvement. Le propos tourne génralement
autour de l’amour-blessure ou de la mélancolie des
êtres et des jours ; mais, par-delà les mots bleus, Raï
Kum, et ses brillantes individualités tant instrumen11 | cité de la musique
le printemps des poètes à la Villette
tales que vocales, ne s’interdit pas un brin de fantaisie ou une incitation au festif.
Entre raï des villes, des pointes de reggae, des intrusions hip hop, rythmes des champs marocains, envolées chaâbi ou tempo intemporel bédouin (le beau
« Maman »), Raï Kum a su trouver la bonne vitesse
et la démarche qui combine l’idéal musical de notre
temps avec le réel des origines. Soit du raï qui fait
aimer le raï.
Rabah Mezouane
avec l’aimable autorisation de Sony France
12 | cité de la musique
le printemps des poètes à la Villette
Bini Ou Bik
Fichta
Entre nous
je le promets,
si mes yeux ont tout vu,
ma bouche, elle, n’a rien dit
je le jure
si mes oreilles ont entendu
ma bouche, elle, n’a rien dit.
La fête
plateau de métal
verres en cristal
théières fumantes
senteurs de menthe
ce soir le marié est notre roi
Ma sœur,
vis ta vie à ta guise,
sans souci de mes crises.
Sois tranquille, sois tranquille.
Que la vie te soit exquise,
n’aie crainte, quoi qu’on dise
sois tranquille, sois tranquille.
Entre nous pas de méprise,
laissons les gens parler, parler
entre nous pas de méprise,
laissons les nous envier, nous envier.
refrain
Ma sœur,
rire et jouir tu le peux.
Qui en est juge à part Dieu ?
Suis ton chemin sois tranquille
si d’aventure j’y trouvais à redire
réserve-moi des châtiments, le pire !
Danses de joie
tambours et voix
les youyous fusent déjà
Le marié est là !
Ce soir, c’est la fête ! (bis)
plateau de métal
verres en cristal
théières fumantes
senteurs de menthe
ce soir la mariée est notre reine !
Danses de joie
tambours et voix
les youyous fusent déjà
La mariée est là !
Ce soir, c’est la fête ! (bis)
Qu’elle est belle
dans sa robe blanche !
Les doigts roussis par le henné !
Qu’elle est belle
dans sa robe blanche !
Avec au doigt, l’anneau doré !
notes de programme | 13
le printemps des poètes à la Villette
Blues
Sadia
Faut-il marcher ?
Faut-il reculer ?
Faut-il rire ?
Faut-il pleurer ?
Saadia, Saadia,
j’aimerais tant
Saadia, Saadia,
j’aimerais tant...
J’ai l’âme meurtrie,
J’veux juste en parler
j’ai l’âme meurtrie
qui pourrait me consoler ?
Saadia, j’aimerais tant
que la paix survive à ces temps.
Sadia j’aimerais tant
que notre bonheur soit éclatant
ah Saadia
on dit que tout est écrit
pourtant rien n’est acquis
J’ai le blues, (bis)
amis fidèles
j’ai le blues !
En tête à tête avec soi-même,
la tête fini par exploser
j’veux oublier mes peines,
m’oublier et me poser.
J’ai le blues, (bis)
amis fidèles
j’ai le blues !
Faut-il avancer ?
Faut-il s’arrêter ?
Faut-il parler ?
Faut-il se taire ?
J’ai l’âme meurtrie,
J’veux juste en parler
j’ai l’âme meurtrie
qui pourrait me consoler ?
J’ai le blues, (bis)
amis fidèles
j’ai le blues !
14 | cité de la musique
Oh, oh, oh,
j’ai fait de mauvais choix
Oh, oh, oh,
je suis en plein désarroi.
Ah Saadia,
pourquoi ai-je dit ces mots
qui ne s’effaceront jamais ?
Puisque tout va à la mort,
je veux rire encore et rêver !
Oh, oh, oh,
j’ai fait de mauvais choix
Oh, oh, oh,
je suis plein de désarroi.
le printemps des poètes à la Villette
Maman
Bet Ate L’Babe
Mère, bonne mère.
Dans le taxi
tout de blanc vêtue
Mère, bonne mère
elle est partie
mes yeux ont tout vu.
Depuis l’enfance,
nous étions deux tendres amis.
Depuis l’enfance
l’un pour l’autre étions promis.
Mère, bonne mère,
quand je l’ai vu à côté d’elle
Mère, bonne mère,
Main dans la main, devant l’autel...
Mère, bonne mère,
Dieu sait combien j’étais fidèle.
Mère, bonne mère,
j’ai tout inventé pour la rencontrer
Mère, bonne mère
les yeux baissés elle a pleuré
Mère, bonne mère
les yeux humides, j’ai regardé mes pieds.
Oh Seigneur
vingt ans d’amour
Oh Seigneur
vingt ans d’espoir
Oh Seigneur !
Tout s’effrite en une journée !
Mère, bonne mère,
dans le taxi,
tout de blanc vêtue
Mère bonne mère
elle est partie mes yeux ont tout vu
elle le sait,
je ne suis qu’un pauvre enfant,
nous nous aimions trop secrètement
qu’est-ce qui nous a séparés ?
Qu’est-ce qui nous a fait pleurer ?
Elle a fermé la porte
elle a fermé la porte me jetant dehors,
hurlant inutile de frapper retourne chez elle
femme, femme, de quoi parles-tu encore ?
Tu fais l’innocent, dit-elle, ta tactique habituelle !
Elle a fermé la porte me jetant dehors,
hurlant va t’en, y’a plus rien entre nous !
Femme, pourquoi fais-tu ça ? Quel est
mo, tort ?
Tu fais l’innocent dit-elle je te connais mon
minou !
Elle m’a mis le feu (bis)
Elle m’a fermé la porte au nez dans la nuit
hurlant va t’en retourne chez l’autre !
Femme je vais chez tes parents dès
aujourd’hui !
Je te quitte dit-elle et c’est de ta faute !
Hey mama mon sang est en feu
Hey mama, elle m’a mis le feu
Elle m’a fermé la porte au nez dans la nuit
hurlant va t’en retourne chez l’autre !
Femme, femme ne sois pas si sévère !
Elle a fermé la porte me jetant dehors,
hurlant va t’en, retourne chez l‘autre !
Femme, femme, ne sois pas rancunière !
notes de programme | 15
le printemps des poètes à la Villette
Chihal
Touma Li
Longtemps
Longtemps, longtemps,
j’ai attendu
longtemps, longtemps
j’ai espéré.
C’est vous !
C’est vous qui,
c’est vous n’est-ce pas ?
C’est vous oui !
Qui vouliez tout ça !
Ces pas sur le pallier,
est-ce toi ?
Cette lettre, cette sonnerie,
est-ce toi ?
La jeunesse galère,
ne sait plus comment faire
qui le lui dira ?
Qui lui expliquera ?
Cet étang dans mon cœur,
est-ce toi qui approche ?
C’est vous qui,
c’est vous n’est-ce pas ?
C’est vous oui !
Qui vouliez tout ça !
Tu sais combien je t’aime,
si tu m’entends, réponds-moi.
Tu sais combien je t’aime,
toutes mes pensées sont pour toi.
J’ai besoin de tous mes amis,
celle que j’aime m’a abandonné
que faire, qu’est-ce qui est permis ?
pour quel tort suis-je condamné ?
Tu sais combien je t’aime,
si tu entends réponds-moi !
Tu sais combien je t’aime,
toutes mes pensées sont pour toi.
Kham kham
kham kham kham
kham wa chassera
kham kham kham
C’est vous qui,
c’est vous n’est-ce pas ?
C’est vous oui !
Qui vouliez tout ça !
La jeunesse galère,
ne sait plus comment faire
leur société c’est la bande
leur business, la contrebande.
Qui leur expliquera
Comment vivre sans voler ?
Qui les aidera à oublier la fuite ?
C’est vous qui,
c’est vous n’est-ce pas ?
C’est vous oui !
Qui vouliez tout ça !
16 | cité de la musique
le printemps des poètes à la Villette
Choufi
Zina
Regarde loin
Ton horizon
ne se limite pas à moi
regarde loin
ne calcule pas
Zina
où est-elle ?
Que fait-elle ?
Où est passée Zina, ma belle ?
Inutile d’éparpiller tes mots à tous vents
tes paroles n’expriment que ta rancune
inutile d’éparpiller tes mots à tous vents
tes paroles révèlent toutes tes lacunes.
regarde loin (bis)
la vie est inépuisable
demande lui sans relâche
Dieu est intarissable
tu as ta part que tu le saches !
regarde loin (bis)
Dieu est intarissable
demande lui sans relâche
la vie est inépuisable
tu as ta part que tu le saches !
Inutile de lancer tes paroles en tous sens
elles sont vides souvent regrettables.
Inutile de lancer tes paroles en tous sens
elles te tissent un manteau détestable.
Un jour sans elle
est plus lent qu’un vieux siècle
mes amis que savez-vous d’elle ?
Et surtout, avez-vous des nouvelles ?
Elle est tout pour moi.
Pour moi, tout est en elle.
Une nuit sans sommeil,
c’est encore supportable.
Mais une nuit sans elle,
quel supplice abominable.
Où est-elle ?
Que fait-elle ?
Où est passée Zina, ma belle ?
Mon idée fixe, Zina ma belle,
c’est d’attendre tes nouvelles
belle Zina, mon obsession
c’est de venir dans ta maison
Zina ma belle.
Zina ma belle
puisque tu hésites à dire non
dis oui, dis oui,
dis-le maintenant.
notes de programme | 17
le printemps des poètes à la Villette
Goulou
Dites-moi (ter)
qui aurait prévu tout ça ?
dites-moi, dites-moi !
Le frère tue le frère
le fils égorge la mère
les enfants se dévorent
sur la dépouille du père
refrain
A qui se fier maintenant ?
Qui le saura est bien malin !
Tout devient incertain
elle est tout proche la fin.
Que reste-t-il du mot respect
quand la fin semble si proche ?
Quel sens revêt le mot paix
quand la vie devient si moche ?
Ce qui demeure, mon ami,
c’est la démence et la folie.
Ce qui reste je vous le dis
n’est que violence et folie.
Chacun œuvre à sa perte
et celle de ses enfants, de sa famille !
Tous travaillent à leur perte,
et celle de leur propre pays.
18 | cité de la musique
samedi
27 mars - 20h
café de la musique
rencontre
café littéraire
Le café de la musique se transforme en « café littéraire » pour accueillir la revue Algérie Littérature Action
dont plusieurs auteurs viennent rencontrer le public
et dédicacer leurs ouvrages.
Christine Chaulet-Achour, Marie Virolle, présentation
avec la participation de :
Hassan Bouabdellah, écrivain, cinéaste
Slimane Chabouni, poète
Lori Dovido-Dabbagh, poétesse
Dominique Le Boucher, écrivain
Hamid Tibouchi, poète, peintre
lectures de textes poétiques de :
Soumya Ammar-Khodja
El-Mahdi Acherchour
Jamel-Eddine Bencheikh
samedi
27 mars - 22h
café de la musique
soirée poétique
La soirée se prolonge avec tous les artistes (étudiants
du Conservatoire d’Art Dramatique, écrivains, musiciens du groupe Raï Kum).
le printemps des poètes à la Villette
biographies
20 | cité de la musique
Praline Gay-Para
En 1985, elle obtient un
doctorat en linguistique
option ethnolinguistique
(Contes de la Montagne
Libanaise). Elle publie,
entre 1990 et 1998, plusieurs ouvrages : Récits
de Vie des Gennevillois,
La Planteuse de cumin,
L’Orge Gentleman,
Oranges Sanguines, Le
Fils de la tempête, Louliya
et autres contes
d’Egypte, Dame Merveille
et autres contes
d’Egypte ; ainsi que plusieurs articles sur la
littérature orale (revue
Dire, Cahiers de
Littérature Orale, Le
Renouveau du conte), et
une étude d’une version
libanaise de Blanche
Neige comparée avec
dix-neuf versions issues
de différents pays. En
1997 sort en disque compact et cassette La Petite
fille nounou. Elle se produit également dans des
spectacles pour jeune
public : Un cadeau de roi,
Boum Boum mille pieds,
Collier d’Isles, Collier
d’Histoires et Traversées,
ainsi que pour tout
public : Quand la terre
n’avait pas de nom,
Contes du Caire, Exils
d’Elle, Dame Merveille,
Des Rives de la Petite
Bleue, Contes du Bâton
de Pluie (avec Muriel
Bloch). Elle anime des
ateliers scolaires (Arts du
Récit) : Voleurs d’Histoires
à Epinay-sur-Seine depuis
septembre 1991 ainsi que
dans de nombreux établissements scolaires. Elle
participe à des productions telles que A Voix
Nue sur France Culture,
Entretiens avec
Geneviève CalameGriaule (Littérature orale
du Mali et du Niger),
émissions diffusée du 17
au 21 novembre 1997.
Les lieux et festivals où
elle est accueillie à Paris
incluent Paris Quartier
d’Eté, le Musée d’Art
Moderne, le Palais de la
Découverte, le Centre
Georges Pompidou, la
Cité des sciences et de
l’industrie, l’Institut du
Monde Arabe, France
Culture, RFI, La Cinq, le
Salon du Livre, La Fureur
le Lire, et le Musée des
Arts et Traditions
Populaires ; en province
et à l’étranger : le Festival
des Musiques Métisses
(Angoulême), Parole
d’Alès, les Oralies de
Haute-Provence, le festi-
le printemps des poètes à la Villette
val de Chevilly-Larue, la
Foire du Livre de Damas,
le Festival d’Eté de
Québec et le Théâtre
Municipal de Fort-deFrance.
Jean-François Piette
Après des études au
conservatoire de musique
où il obtient un premier
prix de percussion, le
ministère de la Culture lui
attribue une bourse pour
étudier avec le Trio le
Cercle (J.P. Drouet,
G. Sylvestre, W. Coquillat)
le répertoire du théâtre
musical et la composition.
Cet enseignement lui permet de travailler pour le
théâtre (Festival
d’Avignon-Théâtre de
l’Odéon, compagnie
Balaz Géra, Rouge
Nocturne-Michel Simonot)
et la danse (Compagnie
Marylène Breuker,
Compagnie Infludanse...).
Il forme ensuite, avec
Catherine Pavet et
Georges Andres, le trio
de l’Abdomen musical
avec lequel il participe à la
création de nombreuses
pièces de musiques nouvelles dans divers festivals
de musique en France
comme à l’étranger. Il
s’intéresse dans son écri21 | cité de la musique
ture à l’amalgame entre
éléments musicaux et
extra-musicaux, et considère que tout modèle
d’organisation existant
dans la nature ou dans la
culture peut devenir
musique. Son activité de
percussionniste improvisateur l’amène à
développer un système
de transformation du son
en temps réel grâce à une
interaction entre instruments acoustiques et
ordinateur.
Gabriel Garran
Fondateur du Théâtre de
la Commune et directeurfondateur du Théâtre
international de langue
française (TILF) depuis
1985, Gabriel Garran est
tout à la fois un amoureux
des planches, un aventurier et un pionnier. « Dans
la polyphonie des cultures
du monde explique-t-il,
existait une communauté
diversifiée, éclatée mais
qui avait pour point commun la langue française.
Dans le paysage théâtral
français manquait un instrument qui puisse rendre
compte de la fécondité
des écritures théâtrales
francophones. » Grâce à
cet homme pugnace,
c’est désormais chose fait
à Paris. Mais il aura fallu
attendre huit ans pour
que le TILF, foyer vivant
de création et d’échanges
par son cycle de lectures
scéniques et de conférences thématiques (le
parloir), ait son lieu à lui,
son quartier général au
Parc de la Villette. Avec
un répertoire à dominante
contemporaine, Gabriel
Garran, fils d’immigrés
d’Europe de l’Est, dont
une partie de la famille est
québécoise, s’applique
avec passion et exigence
à faire vivre sur scène « la
réalité linguistique que
constitue le français à travers le monde ». Chaque
année, plus de 15.000
spectateurs - toutes les
communautés ethniques
de la région parisienne viennent à la saison du
TILF, qui aligne depuis sa
création un joli palmarès :
près de 2.000 représentations, 110 auteurs
joués, issus de 35 pays et
territoires de langue française, (aussi bien des
dramaturges et metteurs
en scène reconnus que
de jeunes compagnies).
le printemps des poètes à la Villette
Conservatoire National
Supérieur
d’Art Dramatique
Toutes les réformes que
j’ai eu le plaisir d’entreprendre en dirigeant cette
école, ont été le fuit d’une
réflexion collégiale et
d’une intense concertation avec les élèves. Elles
ont été approuvées par le
Comité Supérieur de
l’établissement, la plupart
du temps à l’unanimité, et
inscrites au règlement
intérieur, comme il est
d’usage. En développant,
autour des classes d’interprétation, véritable
cœur de notre enseignement, la notion de
département, j’ai voulu
dire à nos élèves l’importance des disciplines de
l’esprit et du corps, les
engager à la rigueur, porter à leur connaissance
que le théâtre s’enrichit
des autres arts, que la
culture, jusque dans
l’exercice de l’exactitude,
n’est pas l’ennemie de la
simplicité et de la ferveur.
Qu’enfin, bouger avec
grâce ou brutalité, en tous
cas assouplir son corps
et se reconnaître dans
l’espace, chanter, être
dans sa voix, se faire
entendre du deuxième
22 | cité de la musique
balcon, me paraissait être
consubstantiel à l’exercice de la scène. Nous
avons par ailleurs modifié,
en espérant l’améliorer,
notre concours d’entrée.
Aux scènes précédentes,
(elles restent ce sur quoi
les candidats sont jugés),
nous avons ajouté un
stage : les professeurs de
l’école rencontrent les
cinquante derniers candidats et travaillent avec
eux librement. Leurs
appréciations peuvent
éclairer les membres du
jury qui restent toutefois
souverains dans leurs
votes. Enfin, nous avons
réformé en profondeur le
cursus des études, en
mettant, en quelque
sorte, à part les élèves de
troisième année, ceux qui
sortent, ceux qui s’en
vont. La dernière année
d’études prend la forme
d’ateliers, souvent avec le
concours des élèves scénographes de l’Ecole
Nationale Supérieure des
Arts Décoratifs. La dernière semaine de juin
1999, Catherine Hiegel et
Stuart Seide, professeurs
au Conservatoire dirigeront un atelier de
troisième année. Ces ateliers sont ouverts au
public : c’est l’instant
majeur, tout le travail
accompli l’était pour ce
moment-là. Louis Jouvet
l’a décrit en ces termes :
« Et le théâtre n’existe
que dans l’acte du
théâtre, à ce moment
unique où les éléments,
les participants - acteurs,
spectateurs, auteurs entraînés, dépossédés
d’eux-mêmes, dessaisis
de leur caractère et de
leur choix, restitués à une
sensibilité neuve, à une
intelligence souveraine, se
fondent et se dissolvent
peu à peu les uns dans
les autres, à ce moment
où ils perdent leur personnalité, où toute faculté
consciente et raisonnante
ne résiste plus à la chaleur de l’acte même. »
Marcel Bozonnet
technique
cité de la musique
régie générale
Alain Armand
Raï Kum
régie générale
Tassadit Miloudi
régie son
Didier Delaine