l`autorite ou les moyens de vivre ensemble pour apprendre

Transcription

l`autorite ou les moyens de vivre ensemble pour apprendre
IUFM DE BOURGOGNE
CONCOURS DE RECRUTEMENT : PROFESSEUR DES ECOLES
L'AUTORITE
OU LES MOYENS DE
VIVRE ENSEMBLE POUR
APPRENDRE
GAUTHERON Céline
DIRECTEUR DE MEMOIRE: Mme Dubois
ANNEE : 2003
N° 0160376X
SOMMAIRE
Introduction ……………………………………………………………
p.2
1. QU’EST-CE QUE L’AUTORITE ? ……………………………………....
p.3
1.1. Définition ………………………………………………………….
p.3
1.2. L’autorité dans la relation maître / élèves et ses dérives
………….
p.3
………………………………………
p.4
2. LE RELATIONNEL ……………………………………………………….
p.6
2.1. La communication ………………………………………………....
p.6
1.3. Les fondements de l’autorité
2.1.1. Les relations maître / élèves
…………………………….
2.1.2. La mise en place des règles de vie
2.2. Gérer les dysfonctionnements
………………...........
……………………………………..
2.2.1. Les interventions par signes
p.6
p.8
p.10
…………………….............
p.10
2.2.2. Le dialogue ……………………………………………...
p.11
2.2.3. Les conseils d’enfants …………………………………..
p.11
2.2.4. La sanction ………………………………………………
p.13
2.2.5. Les tierces personnes
……………………………………
p.14
3. LES APPRENTISSAGES ………………………………………………......
p.16
3.1. La préparation de la classe
……………………………………….
p.16
3.1.1. La passation des consignes ………………………….…..
p.16
3.1.2. La gestion de l’espace
…………………………………..
p.17
……………………………………..
p.17
3.2. Faire apprendre …………………………………………………..
p.18
3.1.3. La gestion du temps
3.2.1. Les diverses situations d'apprentissage pour vivre ensemble
p.18
3.2.2. L'évolution des situations d'apprentissage ………………
p.19
3.3. La motivation des élèves
…………………………………………
p.20
Conclusion ………………………………………………………………………
p.23
1
INTRODUCTION
L’école assure la transmission d’un savoir mais aussi celle des valeurs morales,
culturelles, sociales, permettant la formation d’un adulte et son intégration dans une société
donnée. L’enseignant dirige cette transmission et dispose pour cela de l’autorité lui permettant
de se faire obéir sans avoir recours à la force. Aujourd’hui, cette préoccupation de l’autorité
est très présente surtout chez les jeunes professeurs des écoles pour qui elle apparaît comme
une des conditions principales au bon déroulement des apprentissages.
L’autorité permet à l’enseignant à travers son attitude, son comportement, d’installer
un climat propice aux apprentissages dans la classe. Elle favorise ainsi le développement des
relations avec autrui, l’instauration de règles de vie, de conduite, créées et comprises par les
élèves. Elle contribue finalement à la socialisation de l’enfant.
Il me semble important de pouvoir mettre en place une ambiance sereine de travail
avant de mettre en œuvre des situations d’apprentissage. J’ai considéré d’emblée que la
relation maître élèves était aussi importante que les relations au savoir, car les difficultés à
gérer la classe peuvent très vite prendre le pas sur les activités d’enseignement.
Que peut mettre en place l’enseignant pour que les enfants apprennent et vivent bien
ensemble ?
Pour tenter de répondre à cette question, j’ai défini dans un premier temps l’autorité
dans sa globalité puis étudié en quoi elle est nécessaire dans les relations que l’on crée avec
les élèves ainsi que dans les apprentissages.
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1. QU’EST-CE QUE L’ AUTORITE ?
1.1. Définition
L’autorité est une qualité attendue par l’Education Nationale mais aussi par les
enfants car elle leur donne des limites et structure leurs comportements afin de pouvoir
aborder les apprentissages dans les meilleures conditions de sérieux et d’efficacité.
L’autorité est l’ensemble des moyens mis en place par l’enseignant pour aider les
élèves à savoir vivre ensemble, c'est-à-dire dans le respect de chacun, et pour créer des
conditions favorables à leurs apprentissages.
L’autorité contient une notion de pouvoir ou, de façon plus adéquate, celle du
droit de commander, reconnu par ceux qui s’y soumettent. Elle doit être justifiée,
légitimée et reconnue par certains pour entraîner leur consentement à des règles qui les
rendront « sujets », c'est-à-dire placés dans leur condition humaine. Si elle était
unilatérale, elle ne poserait pas de problèmes, mais elle implique un retour, si bien que
le titulaire de l’autorité doit s’adapter à son « public ».
1.2. L’autorité dans la relation maître élèves et ses dérives
L’autorité est fondée sur les rapports entre le maître et les élèves. Son système
justificatif relève de la fonction d’enseignement de l’enseignant. C’est bien parce qu’il
est responsable de la transmission des valeurs humaines et qu’il détient et représente le
savoir qu’il prétend, du même coup, régir les relations avec les élèves. Un lien se crée
donc entre ce dernier, socialement délégué pour transmettre ses connaissances et celui
qui doit les acquérir. Mais il y a plus : justifiée par « enseigner », fondée sur
« former », l’autorité est finalisée par « apprendre ». Elle ne fait fonctionner la
situation pédagogique que parce qu’elle a pour but de faire apprendre aux enfants.
Mais cette autorité du maître sur ses élèves ne doit pas dévier vers des extrêmes,
sous peine de présenter des dangers nuisibles pour la classe. Si l’obéissance n’est pas la
négation de la liberté, elle n’en reste pas moins un acte a priori contraignant : si
l’autorité est légitime, il peut être tentant d’en abuser ou au contraire, devant la difficulté
de l’exercer, d’y renoncer en partie. L’autorité apparaît alors négative dans deux cas :
lorsqu’elle dérive vers l’autoritarisme ou, inversement, lorsqu’elle dérive vers un trop
grand laxisme de la part du maître.
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Dans un premier temps, le maître autoritaire ne supporte aucune initiative en
dehors de la sienne, il exige une obéissance forcée, anéantissant ainsi la personnalité
d’autrui et toute manifestation de celle-ci. Il ne tolère aucune contradiction, est fermé à
tout dialogue. Cet excès d’autorité provoque de mauvaises conditions d’apprentissage
pour les élèves et empêche toute relation de justesse, de respect et de confiance.
S’il advient à l’enseignant de parler ou d’agir fermement, il doit le faire au nom du
groupe et non pour exhiber un pouvoir personnel.
Un manque d’autorité apparaît, dans un second temps, tout aussi nuisible que
l’autoritarisme. Si le maître ne présente pas une autorité suffisante, il ne peut fixer ni
repères, ni limites, c’est comme abandonner un enfant à lui-même. Ne pas rappeler à
l’ordre un élève qui s’amuse, bavarde ou simplement s’abstient de travailler, c’est, sous
prétexte de bienveillance à son égard, l’empêcher d’apprendre à tirer profit de l’école et
plus précisément de l’enseignement. De plus, les règles sont alors discréditées et perdent
de leur valeur car elles ne sont pas appliquées en toutes circonstances. Un autre danger
peut survenir : les enfants ont besoin d’un leader qui organise les occupations et
coordonne les efforts. Si le maître n’occupe pas cette place, alors l’enfant est soumis à
l’autorité du groupe où c’est la loi du plus fort. De ce type de situation découlent la
violence et la délinquance.
Pour conclure, l’enseignant doit trouver le juste milieu, dans les relations qu’il
entretient avec sa classe, entre l’ordre tyrannique qui paralyse, et le désordre qui
paralyse tout autant. Il doit trouver une autorité juste en recherchant à avoir avec ses
élèves des relations ouvertes, impliquant la communication, le souci de l’autre. Il doit
être celui qui est consistant, constant et cohérent avec lui-même, jusque dans une rigueur
qui est acceptée dès lors qu’elle s’appuie sur des faits réels et non sur des intentions ou
des préjugés. Ainsi s’obtient une bonne organisation de travail coopératif et un climat
moral en cours. Cette autorité contribuera donc à favoriser l’épanouissement de l’enfant.
1.3. Les fondements de l’autorité
L’autorité, par la discipline qu’elle met en place, est nécessaire à la vie en
commun et fait partie de l’acte pédagogique. Il est nécessaire de s’interroger sur ce qui
peut la légitimer :
• La socialisation :
L’une des missions de l’école est de former le futur citoyen, capable de s’épanouir et de
s’accomplir en société. L’école étant une microsociété, les enfants doivent acquérir des
principes et règles sociales.
La maternelle joue un rôle fondamental dans la socialisation de l’enfant car, au
début de sa vie, c’est un être égocentrique donc peu sociable. Aussi perçoit-il, dans un
premier temps, tout exercice d’autorité sur sa personne comme une injustice.
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Notre objectif est alors de lui apprendre à vivre avec les autres, à trouver sa place et ses
repères en étant confronté à des règles qu’il doit respecter.
Au cycle 2, les programmes donnent des compétences à acquérir dans le domaine
« vivre ensemble » : les enfants commencent à se sentir responsables, ils doivent
respecter les adultes, leur obéir dans l’exercice de leur fonction et comprendre que les
règles acceptées permettent la liberté de chacun.
Au cycle 3, en « éducation civique », l’élève doit participer à l’élaboration des règles
de vie et les respecter, respecter ses camarades et refuser tout recours à la violence.
De plus, à partir du cycle 2, ½ heure par semaine est consacrée aux débats pour réguler
la vie en collectivité. L’autorité dépend donc de la vie en société. Ce n’est que lorsque
l’on prend conscience de l’autre que la discipline a une raison d’exister.
• Le rôle du maître :
Il est le représentant légal de l’autorité et a une lourde responsabilité. Son autorité est
fondée sur :
Ø La reconnaissance des compétences du maître concernant sa maîtrise des
savoirs. C’est seulement au nom de son savoir, qu’il a mission de transmettre, qu’il est
habilité à donner des ordres aux élèves et à leur imposer des règles et des contraintes. Sa
mission est de les aider à s’approprier ce savoir.
Ø Le prestige de l’adulte en général, du maître en particulier. L’adulte, pour
l’enfant, est un pôle d’identification nécessaire pour structurer sa personnalité. L’enfant
sent que l’adulte possède quelque chose dont lui-même est dépourvu. De manière
générale, l’enseignant doit exprimer ce que l’enfant attend de lui, c’est-à-dire une
supériorité qui dessine une enviable image d’adulte. L’enfant doit donc comprendre que
l’autorité du maître s’exerce également à partir de leur différence de places, reconnue et
légitimée. L’enseignant a une fonction d’éducation et d’instruction qui le rend
responsable de leur transmission.
Le charisme et la personnalité appartiennent à cette figure de l’autorité mais peuvent
présenter certains dangers. En effet, une relation basée sur ce type d’emprise est une
relation de pouvoir. L’élève qui en est l’objet n’agit non pas parce qu’il comprend et
reconnaît l’autorité du maître, mais parce qu’il subit un phénomène d’attirance.
Ø Le rôle d’arbitre pour gérer les conflits. Le maître est extérieur au conflit et
indépendant. Cette figure joue un rôle important dans la construction du rapport à la loi.
En dépersonnalisant cette autorité, l’enseignant propose à l’élève d’obéir non plus à la
personne du maître mais à la règle qu’il représente et qu’il est tenu de faire respecter.
L’exercice de l’autorité par le maître s’admet à travers les différents rôles qu’il
remplit au sein d’une classe. Les enfants doivent s’engager, chacun vis-à-vis des autres,
à respecter cette autorité. Elle est légitimée par le fait que tous ceux qui s’y soumettent
l’ont décidé. Ils sont liés par leur consentement. L’autorité fait partie intégrante de la vie
de l’école. Toute manifestation de celle-ci, de la part de l’enseignant, doit avoir un but
éducatif. L’objectif est que les enfants vivent ensemble en se respectant, pour apprendre.
L’enseignant doit donc réfléchir à la relation qu’il souhaite établir avec ses élèves, par
les moyens qu’il peut mettre en place pour créer des rapports de respect réciproque.
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2. LE RELATIONNEL
2.1. La communication
2.1.1. Les relations maître-élèves
Elles sont basées sur plusieurs critères, d’importance égale, et permettent de
communiquer avec les enfants en les considérant comme des citoyens en devenir.
• Le respect
L’enseignant doit s’attacher à instaurer des rapports avec ses élèves basés sur
le respect mutuel : respecter les enfants amène à être respecté et à faire respecter
l’autorité.
Au-delà de l’amour de son métier, il faut aimer les enfants et le leur montrer. Il s’agit
d’exprimer le plaisir qu’on a à faire classe. Il est important de témoigner aux élèves
notre désir de les voir grandir et progresser. Leur montrer qu’on les respecte, c’est se
faire respecter d’eux. Une confiance réciproque peut alors s’instaurer.
• L’attention
Le maître doit compter sur la dimension affective de ses élèves pour asseoir
son autorité. On se rend vite compte que derrière un élève difficile qui soutient le
regard et joue au grand, il y a avant tout un enfant qui a besoin de sentir qu’il compte
pour son enseignant. Il est donc nécessaire d’instaurer un climat de confiance et de
bienveillance.
L’accueil en maternelle est un moment privilégié avec l’enfant. L’enseignant
l’accueille à l’entrée de la classe, discute avec ses parents, ce qui est favorable aux
échanges. Face à un élève agité, le simple fait de le prendre par la main, tout en
s’occupant de l’arrivée des autres, ou de lui parler permet de le calmer car la confiance
est rétablie.
Finalement, l’enseignant doit être à l’écoute des élèves, en les considérant tous
comme égaux. Les « chouchous », par exemple, génèrent des sentiments d’injustice.
Le fait de rester neutre va permettre à chaque enfant de se sentir important aux yeux
du maître. On donne ainsi sa chance à chacun, en commençant par ne pas oublier
d’interroger ceux qui ne lèvent pas le doigt.
• Le savoir
L’enseignant est le détenteur du savoir. Il est celui qui va permettre aux enfants
d’apprendre, d’accéder à la connaissance. Il est respecté en tant que tel, mais il le sera
d’autant plus qu’il transmettra autre chose que des savoirs bruts : une passion. Les
enfants doivent le sentir investi dans son travail.
Ce n’est donc pas l’étayage du savoir qui donne une quelconque légitimité à
l’enseignant, mais le fait de le faire partager, d’aider les enfants à se l’approprier, de
les encourager dans leurs efforts de compréhension.
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• Faire la classe
C’est une activité de la plus haute complexité, dans laquelle il faut prendre sans
cesse une multitude de microdécisions qui concernent notamment les apprentissages,
le bon fonctionnement du groupe, de chaque élève, la justice entre les enfants, leur
sécurité et leur santé. L’enseignant veille à la stabilité de leurs repères, au respect des
règles établies, car il est dans la classe le seul garant de la loi. Il doit pour cela
s’efforcer d’adopter une attitude constante, d'être juste et d'encourager les progrès de
tous. De plus, il ne doit avoir qu’une parole, jamais d’avertissements qui ne soient
réellement suivis d’effets, toute punition promise est une punition due.
Les élèves doivent respecter un certain protocole dans leur travail. Mais il y va
de l’autorité du maître de faire respecter les règles, les consignes, de réguler le niveau
sonore, d’encadrer la mise en place des activités. Il ne faut pas oublier qu’il est très
important qu’il respecte lui aussi les règles. On ne pourra par exemple pas sanctionner
les insultes si on insulte les enfants. Il en est de même si on bavarde avec un collègue
pendant que les enfants travaillent. La règle est faite par tous mais aussi pour tous.
• La reconnaissance
Ø L’encouragement a un effet positif sur l’enfant mais aussi sur la classe. Il est
important d’organiser des moments de synthèse et de bilan, d’utiliser une émulation
positive. Par exemple, en montrant des travaux réalisés par d’autres, on peut stimuler
les enfants qui manquent de motivation.
Ø Les récompenses : on peut récompenser les enfants à la fois pour leur travail
et leur attitude en classe. La récompense la plus appréciée est la reconnaissance de
l’enseignant, qui ne doit cependant pas tourner au favoritisme. Elle doit se manifester
par un sentiment de confiance qui s’instaure et de respect.
Tous ces critères font partie de la vie de l’école et sont en interactions, d’où la
complexité du relationnel entre les élèves et l’enseignant. Ce dernier doit rechercher à
avoir avec ses élèves des relations ouvertes, impliquant la communication, le souci de
l’autre. Il doit être celui qui est consistant, constant et cohérent avec lui-même, jusque
dans une rigueur qui est acceptée dès lors qu’elle s’appuie sur des faits réels et non sur
des intentions ou des préjugés. Ainsi s’obtient une bonne organisation de travail
coopératif et un climat moral en cours.
Les règles de vie sont indispensables dans une école et doivent se faire de
concert avec les enfants. La communication est primordiale. Cela va permettre qu’ils
prennent conscience qu’obéir aux règles n’est pas destiné à satisfaire un désir de
pouvoir du maître mais à répondre à des exigences techniques.
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2.1.2. La mise en place des règles de vie
La création de normes de comportements est un aspect essentiel de la vie de la
classe car elles favorisent le fonctionnement harmonieux du groupe et soumettent la
volonté individuelle à la volonté générale. Elles précisent les droits mais aussi les
devoirs de chacun. Il s’agit de faire admettre aux enfants l’existence de règles de vie
fondées sur un contrat. Leur intégration engendre donc des sentiments de solidarité et
d’appartenance à un groupe.
La majorité des classes possèdent un règlement. Il est indispensable qu’il soit
élaboré avec les enfants. Cependant, il existe des règles fondamentales auxquelles tout
le monde doit se soumettre : la non violence et le respect de l’autre en tant qu’être
humain. Ces valeurs de la société sont universelles et doivent être appliquées à l’école.
Elles ne peuvent en aucun cas être discutées. A ces deux lois vient s’ajouter une
troisième, propre à tout lieu d’enseignement : travailler pour apprendre ; les enfants
vont à l’école pour cette raison. Etre élève est un métier, celui d’apprenant.
Cependant, la fonction éducative des règles ne doit pas être le résultat d’une
soumission de l’élève au maître mais d’une volonté d’obéir due aux nécessités
effectives et comprises par l’enfant. Pour cela, il ne faut pas établir une multitude de
règles mais simplement celles dont la rationalité s’impose. Un bon règlement doit
comporter un nombre limité de règles, toutes applicables.
Selon le cycle auquel appartient la classe, l’enseignant pourra avoir des
objectifs et des exigences différents.
En cycle 1, les enfants sont très égocentriques et pas totalement conscients de
leurs actes et des conséquences qu’ils impliquent. Dans une classe de PS, un enfant
jetait du sable sur ses camarades durant la récréation. De retour en classe,
l’enseignante a proposé de créer une règle en expliquant clairement aux élèves les
effets d’un tel acte (ça fait mal, c’est sale…) ainsi que son caractère non admissible à
l’école. L’enseignante a donc agi tout de suite après l’incident et a complété une
affiche à deux colonnes (je dois / je ne dois pas) par un dessin barré, fait devant les
élèves, d’un enfant jetant du sable. La classe entière était d’accord pour accepter cette
règle, comprise et vécue concrètement. Il faut finalement que l’élève comprenne la
nécessité des règles et qu’il décide de s’y soumettre volontairement. C’est pourquoi
leur établissement et leur évolution dans l’année doivent se faire de concert avec les
enfants. De plus, étant identiques pour tous, elles les rassurent. Ils sont alors davantage
prêts à les respecter, et cela développe chez eux le sens des responsabilités.
En cycles 2 et 3, les enfants anticipent plus facilement leurs actions. Ils sont
plus maîtres d’eux et savent ce qui est bien ou non. C’est pour cela qu’une liste de
règles (plus complète qu’en cycle 1) peut être énoncée avec les enfants dès le début de
l’année.
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Lorsque j’ai assisté à un conseil d’enfants, où les deux classes de l’école
étaient présentes (MS au CE1 / CE2 au CM2), plusieurs élèves du cycle 3 souhaitaient
établir une règle précise concernant les délimitations de la cour de récréation (les
« petits » gênaient les « grands » et inversement). Les enfants proposaient des
solutions et il s’en suivait des discussions entre eux. Une règle très précise a donc été
établie lorsque la majorité des élèves étaient d’accord avec la proposition énoncée,
l’enseignante l’a alors écrite et affichée près de la cour.
L’écrit est nécessaire car il permet de rendre la règle plus concrète et lui donne plus
d’importance. Les enfants pourront ainsi aller s’y référer s’il y a de nouveaux litiges.
Le conseil a permis d’éviter les règlements de compte immédiats. Son intérêt
est de faire prendre conscience aux enfants que les problèmes peuvent se régler
autrement que par la violence, en l’occurrence par le dialogue et un comportement
responsable.
Les règles établies n’en sont donc que plus respectées car réellement comprises
et légitimées. Bernard Rey explique clairement le fait qu’un enfant « apprend à se
conformer » à une règle qui permet un climat favorable aux apprentissages, à la vie en
commun, parce qu’il en voit la nécessité ; mais surtout, l’enfant « apprend à se donner
une règle et à la suivre, à contrôler l’impulsion du moment ». Cette obéissance à la
règle est la manifestation d’une réelle liberté.
Tous les aspects des règles de vie à l’école peuvent s’inscrire dans un tableau
à double entrée qui suit:
Les domaines
Les règles
Avec les autres
personnes
Les interdits
« Je n’ai pas le droit »
Les obligations
« Je dois »
Les droits
« J’ai le droit »
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Les lieux et
le matériel
Apprendre
2.2. Gérer les dysfonctionnements
Dans toutes les classes et quel que soit le public, il existe des moments où
l’indiscipline vient troubler le bon déroulement de la classe et des apprentissages.
L’enseignant doit alors rétablir une situation saine, sinon l’équilibre de la classe et son
autorité seront remis en cause.
Pour ce faire, il existe de nombreuses possibilités. La difficulté est de trouver la
bonne solution au problème à résoudre, sachant que selon l’élève et le moment, elle ne
sera pas forcément la même.
En cours, on doit souvent réagir rapidement pour rétablir un bon climat de classe.
Pourtant, dans ces cas-là, nous pouvons manquer d’objectivité, nous emporter et
imposer des sanctions inadaptées voire injustes. Aussi est-il plus judicieux dans l’intérêt
de tous de recourir le plus possible aux médiations.
Il existe deux catégories d’interventions lors de dysfonctionnements dans la classe,
à savoir :
- Les relations enseignant / élève(s) : elles se caractérisent par l’usage de signes,
du dialogue ou de la sanction
- L’introduction d’un tiers dans ces relations : ce peut être des institutions de
parole, tel que le conseil d’enfants ou l’intervention de tierces personnes
L’objectif de l’enseignant est de parvenir à une modification des comportements à
long terme, c'est-à-dire à l’intériorisation et à l’adhésion des règles de vie.
2.2.1. Les interventions par signes
Lors des premières manifestations d’une perturbation, l’enseignant peut
intervenir par des signes pour demander d’y mettre fin. Ils présentent l’intérêt
d’indiquer à l’élève de changer de comportement sans interrompre l’activité de la
classe. Ainsi, on peut utiliser :
Ø Le contact visuel : regarder attentivement chaque élève permet de faire
comprendre que l’enseignant contrôle la situation.
Ø L’expression du visage : un visage souriant incite plus les élèves à entrer
dans la tâche. De plus, il existe toutes sortes de mimiques (hocher la tête, froncer les
sourcils …), que les élèves peuvent facilement décoder.
Ø Le langage gestuel : de nombreux signes de la mains (lever l’index, le porter
à ses lèvres…) permettent à l’enseignant de montrer sa désapprobation devant un fait.
Ø Un rapprochement physique : si un comportement continue malgré les
sollicitations gestuelles, l’enseignant peut se rapprocher de l’élève. La proximité
physique peut conduire l’élève à stopper son attitude.
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2.2.2. Le dialogue
Lorsqu’un problème de discipline intervient dans la classe, ce qui m’a semblé
primordial durant les stages est d’assurer la continuité du cours.
Si les gestes et les rappels des règles ne suffisent pas, ou si le comportement
est plus sérieux, l’enseignant peut reporter la résolution du problème tout en le
signifiant à l’élève : « on en reparle tout à l’heure ».
En effet, si l’on interrompt sans arrêt la séance pour reprendre tel ou tel élève, les
enfants risquent de perdre de vue les objectifs à atteindre et ainsi se démotiver. De
plus, toute la classe est pénalisée alors qu’un seul ou quelques enfants sont concernés.
Cette distanciation dans le temps permet également à l’enseignant de ne pas réagir
sous l’effet de la colère car c’est à ce moment-là qu’il peut prendre des mesures
injustes. Avant le dialogue, l’enseignant et l’élève ont pu se calmer et réfléchir à leur
conduite.
Lors de mon stage, en cycle 2, l’enseignante s’était entretenue avec un élève
difficile pour lui faire part de ses préoccupations et tenter de lui faire exprimer les
siennes. Le but était de comprendre l’enfant, ce qui ne signifie pas l’excuser, et
trouver de quelles façons il pouvait améliorer son comportement. Ici, l’enfant avait
donc eu la possibilité de demander à s’isoler dans un coin de la classe, avec l’accord
de l’enseignante, lorsqu’il se sentait nerveux vis-à-vis du groupe classe et ne revenir
qu’une fois calmé.
J’ai perçu l’importance d’un soutien positif de l’enfant, afin d’établir une bonne
relation avec lui. L’élève concerné, à la suite de l’entretien, s’était beaucoup amélioré
aussi bien dans ses rapports avec la maîtresse qu’avec ses camarades. Il avait pris
conscience des conséquences de ses actes. Il est en tout cas nécessaire d’évaluer les
résultats afin d’effectuer un bilan de l’évolution du comportement.
Mais la maîtresse devra-t-elle encore intervenir dans quelques temps ? Le dialogue
peut en effet avoir ses limites dans le sens où un enfant peut, par exemple, très bien
comprendre la règle mais ne pas la respecter. La théorie est acquise mais pas la
pratique.
L’enseignant doit donc montrer à ses élèves qu’on ne se soucie pas uniquement
de leurs comportements mais qu’on s’intéresse aussi à eux en tant que personnes.
2.2.3. La sanction
La sanction est définie, dans le dictionnaire Larousse, comme « une mesure
répressive infligée pour l’inexécution d’un ordre, l’inobservation d’un
comportement ».
Sanctionner les comportements de transgression du règlement me semble
s’avérer indispensable. Une sanction intervient le plus souvent pour répondre, d’une
part à la violation d’une règle, et d’autre part pour légitimer l’existence de cette règle.
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Ainsi, lorsqu’un élève choisit de ne pas se conformer à celle-ci, de même qu’un
individu transgresse une loi, il s’expose à une sanction plus ou moins répressive qui
justifie son respect.
La sanction punit toujours un écart face à la norme en régulant l’enfant et en le
responsabilisant face à ses actes. Excuser ou faire semblant de ne pas voir, c’est
l’infantiliser. En le sanctionnant comme l’auteur d’une transgression, il va pouvoir
s’interroger sur son action et sur des personnes qui ont pu l’influencer.
Pour que l’application d’une sanction ne soit pas considérée comme un acte
agressif, humiliant, il est nécessaire que l’enfant la comprenne, la considère comme
une juste conséquence de ses actes. Elle doit être liée aux règles établies en classe et
non à l’élève lui-même. Elle permet donc de garder l’équilibre fonctionnel du groupe
mais aussi celui de l’individu. Les sanctions sont alors des points de repères communs
et valables pour tous, leur permettant d’apprendre et de tirer profit de l’école.
Pour que les sanctions ne se révèlent pas inefficaces ou inutiles, il faut se questionner
sur leur régularité, leur gradation et leur contenu. La volonté de sanctionner doit être
justifiée.
Lors d’un stage en CE2, la sanction se présentait sous forme d’une production
écrite de l’élève pour expliquer la cause de son comportement et en quoi ce dernier
devait être sanctionné par rapport aux gênes occasionnées au bon déroulement de la
classe. Ce type de punitions présente l’avantage de faire réfléchir l’enfant sur son
comportement et sur la nécessité des règles, mais un inconvénient peut apparaître,
celui de faire confondre punition et expression écrite.
Lors de ce même stage, l’enseignante a mis un « 0 » en mathématiques à un
enfant non attentif à la leçon, malgré des remarques réitérées. La note était donc
devenue un instrument répressif d’un comportement et non plus une mesure objective
du degré de vérité d’une réponse. Cette sanction est à mon avis injuste et inadaptée car
elle pénalise l’élève lui-même dans ses performances scolaires et non dans son
comportement.
En maternelle, l’enseignant a souvent recours à l’isolement de l’élève
perturbateur en le mettant à l’écart du groupe. Cela permet le retour au calme et la
concentration de tous. Il me semble cependant important que l’enfant puisse suivre la
leçon, même de loin.
Cependant, cela ne s'avère pas toujours possible. En PS, un élève "hyperactif"
était toujours debout à se déplacer dans la classe lors des rassemblements et des
travaux en ateliers. Je ne pouvais pas l'isoler dans un coin de la classe car il ne tenait
pas en place et le fait de l'obliger à s'asseoir contre son gré le rendait encore plus
nerveux et brutal. Cela perturbait l'apprentissage des autres enfants qui étaient bien sûr
déconcentrés. Pour ma part, je souhaitais être intransigeante face à de tels
comportements. Comment garder ma crédibilité, mon autorité, en tant que garant des
règles, si je laisse un enfant s'amuser et courir dans la classe quand tous les autres
doivent rester assis à écouter et apprendre ? Je tentais donc souvent de l'intéresser,
quitte à interrompre momentanément le cours des activités collectives, en le prenant
avec moi pour réciter tous ensemble une poésie, pour lire un album (en le plaçant sur
mes genoux). Je trouvais quelques astuces qui malheureusement ne fonctionnaient pas
toujours.
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En dernier recours, j'ai quelquefois été obligée, face à des crises comportementales,
de l'isoler hors de la classe, dans le couloir où l'ATSEM avait son bureau. Je savais
qu'il était sous surveillance et pouvais donc reprendre plus calmement et sérieusement
le cours des apprentissages avec le reste de la classe, plus serein. L'enfant perturbateur
revenait toujours calmé et plus attentif, pour un petit moment…
Le cycle 1 apparaît particulier car les enfants sont impulsifs et pas forcément
conscients des troubles provoqués. Ils ont donc besoin d’explications, de
réexplications des règles. Le but étant de leur apprendre à se maîtriser et se
sociabiliser.
2.2.4. Le conseil d’enfants
Le conseil d’enfants est une tierce institution, un lieu de parole. Il a pour
objectif de trouver une forme de pratique sociale permettant aux enfants de
s’exprimer, de parler entre eux.
J’ai assisté à des conseils d’enfants regroupant toute une école. Les élèves
forment un cercle; il y a un secrétaire qui note les noms de ceux qui veulent parler (en
levant la main), un enfant « donneur de parole » (avec un bâton de parole) et deux
garants de la loi munis d’une cloche qui interviennent envers les enfants repérés
perturbateurs. Les enfants qui souhaitent s’exprimer attendent leur tour, expliquent
leurs problèmes au sein de l’école et si un ou plusieurs autres enfants sont mis en
cause, ces derniers ne peuvent répondre qu’à leurs tours de parole respectifs, après
l’avoir demandée. Ceci permet de ne pas avoir de " règlements de comptes" directs
entre deux ou plusieurs personnes. De tels conseils permettent d’apaiser les enfants
tout en les dissuadant de ne pas respecter les règles.
Je pense, de plus, qu’il est important que les enseignants, voire le personnel de
l'école quand cela s'avère nécessaire, fassent partie du conseil. En effet, eux aussi
peuvent avoir des remarques à formuler sur le fonctionnement de l'école, de la classe
ou des demandes collectives qu'il faut étudier ensemble.
Par exemple, un budget peut être alloué pour acheter du matériel de sport. Ensemble,
on peut réfléchir aux différentes solutions envisageables.
La première chose étonnante est le respect des enfants les uns envers les autres
lorsqu’ils prenaient la parole. Chacun était écouté et pris au sérieux ; tous pouvaient
donc critiquer, être critiqués. Les enseignants sont là et font part également de leurs
éventuels mécontentements sur divers sujets. Un dialogue s’instaure donc et des
solutions sont apportées dans la mesure du possible ou des propositions concernant la
vie de l’école.
En plus de faciliter la communication, j’ai observé que cela leur permettait de
prendre la parole, d’argumenter, de se défendre. Ces réunions montrent aux enfants
l’importance de la parole et le fait que le rapport aux autres n’est pas forcément un
rapport de force et donc de violence.
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L’objectif de tels conseils est donc de parler plutôt que d’être violent. Ils
amènent les enfants, lors de discordes, à ne pas réagir directement mais à le dire lors
du conseil. Leur prise de parole sera alors plus posée et réfléchie. Il n’est de plus pas
question ici de décider d’éventuelles sanctions.
En effet, libérés de toutes menaces, il me semble que les élèves peuvent s’exprimer
plus librement. Même si l’on ne sanctionne pas, le conseil a permis de savoir le
dysfonctionnement entre enfants ou entre enfant(s) et enseignant(s).
Les conseils permettent donc aux enfants d'exprimer leurs mécontentements et
aux enseignants de savoir les problèmes internes à la vie de l'école. Ils possèdent
cependant des limites car pour certains enfants perturbateurs, les conseils ne les
incitent pas à respecter les règles de vie. Lorsqu'un comportement asocial perdure, il
est évidemment indispensable de s'entretenir personnellement avec l'enfant afin de
mieux cerner le problème et de trouver des solutions adaptées.
2.2.5. Les tierces personnes
La notion de tierces personnes est très importante lorsque l'enseignant a de
grandes difficultés face à un élève perturbateur qui refuse tout dialogue. Ce sont ces
tiers que l'on va placer entre l'enfant et l'enseignant et entre l'enfant et le groupe pour
permettre d'introduire du langage entre lui et les adultes.
Ø L’équipe pédagogique
Lorsqu’un conflit apparaît dans la classe et que l’enseignant seul ne peut le
gérer, celui-ci peut faire appel à ses collègues.
Ensuite, ils peuvent chercher des solutions aux difficultés rencontrées. Cela permet de
partager et de faire évoluer ses propres pratiques pédagogiques en s’enrichissant de
points de vue différents, d’idées neuves. Ils peuvent également intervenir directement.
Ils sont ainsi des médiateurs, des personnes neutres, extérieures aux conflits.
L’existence d’une équipe pédagogique permet aux enfants de se sentir sécurisés. Ils se
rendent compte que tous les enseignants vont dans le même sens, ce qui permet de
donner du poids aux éventuelles interventions.
Ø Les parents
Il me semble important d’impliquer les parents dans notre mission éducative
afin de donner suite à nos actions. Le fait, par exemple, qu’une sanction se double
d’une information aux parents lui confère une toute autre ampleur. Mais attention, il
faut veiller à ce qu’une sanction mineure ne se transforme pas, à la maison, en
violence verbale ou physique. L’information aux parents doit donc se manier avec
prudence.
A l’école maternelle, il est facile de voir les parents et de les tenir informés sur le
comportement de leur enfant car ils viennent les chercher à la sortie.
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A l’école élémentaire, les enseignants voient moins les parents mais ils peuvent aussi
les impliquer en leur faisant signer des mots expliquant un comportement, en leur
téléphonant ou en les convoquant.
Ø Le réseau
Certains élèves peuvent avoir des comportements que l’enseignant ne peut
pas gérer seul dans la classe. A ce moment-là, il peut demander, en accord avec la
famille, l’intervention du réseau d’aides. Ce dernier est constitué de personnes
spécialisées qui sont plus à même de traiter les troubles du comportement, tels les
psychologues, maîtres E (dominante pédagogique pour les enfants nécessitant plus
d’aides dans les différentes disciplines) et maîtres G (dominante rééducative pour les
enfants en échec ayant des troubles scolaires et relationnels).
Ces aides sont très utiles pour l’enseignant et ne se substituent bien sûr pas à son
action.
L'enseignant doit prendre conscience de l'importance des relations qu'il
entretient avec ses élèves. Il doit être communicatif, soucieux de leur vie d'élève et
d'enfant à l'école, par le respect, l'attention qu'il leur porte, en les encourageant dans
leur travail. Mettre en place des règles de vie est indispensable dès lors qu'un groupe
de personnes cohabitent ensemble. L'important est de les créer avec les enfants, pour
qu'elles soient comprises et légitimées. Lors de dysfonctionnements dans la classe,
l'enseignant se doit d'intervenir par geste, parole ou sanction ou faire intervenir un
tiers pour encourager le dialogue.
L’ensemble des procédés de communication et de gestion des conflits dans la
classe doit permettre à l’enseignant et aux enfants de vivre bien ensemble, dans un
contexte réglé. Ceci favorise le processus de socialisation de l’élève. De plus,
l’enseignant a une fonction d'instruction vis-à-vis des élèves et doit donc s’engager
dans le projet de faire apprendre, ce qui nécessite également une préparation
consciencieuse des apprentissages. Il doit donc réfléchir aux différents moyens
permettant aux enfants d'apprendre bien et de vouloir apprendre.
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3. LES APPRENTISSAGES
Célestin Freinet disait : « n’organisez pas la discipline, organisez le travail. La perfection
de la discipline naîtra de la perfection du travail ». Plus notre travail est préparé, planifié, et
fait sens aux yeux des élèves, moins il y aura de place pour l’indiscipline. Il existe donc bien
une corrélation entre la discipline ou l’indiscipline des élèves et les techniques d’organisation
utilisées par l’enseignant.
Ainsi, proposer à l’enfant une organisation des apprentissages motivante semble être l’une
des clés de la réussite d’un climat favorable au travail. Il s’agit de mettre en place des
situations où les élèves apprennent à vivre ensemble et acquièrent des connaissances sans
s’ennuyer, en s’intéressant, en s’impliquant et ainsi en limitant leur agitation.
3.1. Préparation de la classe
La préparation du travail joue un rôle essentiel en amont de la conduite de classe.
Une bonne préparation suppose une réflexion sur plusieurs points :
Les objectifs visés,
Savoir où l’on va (les consignes, les aides à apporter s’il y a des difficultés).
Cela revient à anticiper les actions et réactions des enfants,
La mise en œuvre des activités (organisation spatiale, temporelle, matérielle ;
organisation du travail : individuel ou en groupes, homogènes ou hétérogè nes).
Tout ceci permettra d’éviter les moments d’hésitation du maître, propices à la
montée de l’indiscipline. Il en va de la crédibilité de ce dernier.
3.1.1. La passation de consignes
Les consignes doivent être claires, précises et prendre en compte des données
spatiales, temporelles et matérielles sans oublier le but des activités ainsi que le rôle de
chacun. Ceci va permettre aux enfants de cerner le plus précisément possible ce qu’on
attend d’eux et par conséquent s’engager dans leur travail de façon autonome et
responsable.
Je me suis rendue compte de l’importance des passations de consignes lors
d’un stage en Cycle 3. Je choisis de réaliser une leçon d’expression écrite à des CE2
nécessitant un nombre conséquent de consignes à suivre. Lors de ma préparation, je
décide donc de noter toutes les lignes directives de ma séance mais aussi les phrases
précises correspondant aux consignes. Dès les premiers instants, les élèves étaient
agités par leur retour de récréation. Le calme rapidement revenu, je commence la
séance en sachant précisément où je me dirige et en appliquant le mieux possible le
plan que je me suis fixé. J’ai le sentiment de capter leur attention car tous les visages
se fixent vers moi.
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L’ambiance calme qui s’est créée est une sorte de récompense de mon travail de
préparation. Cette première étape m’encourage à poursuivre le cours avec envie, car le
« courant » passe entre eux et moi. A part deux ou trois interventions vers des enfants
repérés inattentifs, la séance a été favorable. J’ai ressenti, d’après leur participation
spontanée que mes objectifs étaient atteints car ils étaient intéressés et impliqués.
3.1.2. La gestion de l’espace
Elle contribue également à instaurer un contexte favorable aux apprentissages.
Les élèves doivent savoir, pour chaque activité, où aller et comment s’y rendre.
L’enseignant doit réfléchir à l’organisation spatiale de ses activités, lorsque les enfants
doivent se déplacer, voire changer de salle.
De plus, il est important de comprendre la conception qu’ils ont des différents
lieux de l’école. En maternelle, les enfants ont plus de mal qu’en primaire pour se
repérer et gérer l’espace. Lors de mon stage en TPS, je me suis rapidement aperçue
que l’espace libre équivalait chez les élèves à aire de jeu et défouloir. Ils avaient
l’habitude, pour aller en salle de sport, de courir dans tous les sens dans le couloir afin
d’y arriver le plus vite possible, quitte à se percuter et tomber. Afin de ne pas gêner les
autres classes et surtout dans un souci de sécurité et de socialisation, j’ai mis en place
le rituel de former un train lorsque l’on se déplaçait. Au début, cela s’est avéré
impossible en grand groupe (24 élèves) car les enfants sont, dans ce cas, encore plus
égocentriques qu’en petit groupe. J’ai donc tenté à nouveau de faire le train mais par
groupes de 6. Cette fois-ci, j’ai pu les placer un par un et leur dire de ne pas avancer
avant mon signal. Ils ont peu à peu pris conscience de leur appartenance au groupe
« train » en s’accrochant à l’autre sans le lâcher et en chantant. La mise en place du
train a permis un changement de comportement chez les enfants dans le sens où, pour
aller d’un lieu à un autre (même entre deux endroits de la classe), l’agitation, la
dispersion et l’énervement ont totalement disparu.
3.1.3. La gestion du temps
Il existe des moments où l’indiscipline vient troubler le bon déroulement des
apprentissages. Les plus propices à son apparition sont les phases de lancement et
d’arrêt d’une activité. C’est pour cela que l’enseignant doit être très précis dans le
déroulement des activités.
Lors de mon stage en pratique accompagnée, les enfants de CP-CE1 avaient
l’habitude, avant de commencer tout travail de groupe, de nommer un secrétaire et un
rapporteur. Ensuite seulement ils commençaient leur activité. Ils connaissaient donc
clairement les différentes étapes d’un tel travail (travail en groupe avec trace écrite
puis mise en commun avec un rapporteur…) et ne posaient pas de questions à
l’enseignant concernant l’organisation du cours.
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Ce procédé m’a paru très favorable car les enfants s’impliquaient rapidement dans leur
tâche et tous savaient où ils allaient. Dans ce type de travail, le « parler à voix basse »
est de rigueur et ne nécessite que quelques interventions ponctuelles dans les groupes,
car le volume sonore peut croître rapidement.
L’arrêt des activités est un moment délicat. Certains enfants de TPS n’en
avaient pas conscience et continuaient leur tâche, surtout lorsqu’il s’agissait des jeux.
Tous les matins, la majorité des enfants continuait de jouer alors que je leur disais de
ranger. Je devais toujours répéter et hausser la voix pour me faire entendre. Dans ce
cas, je pense qu’il faut être ferme, donner du rythme en responsabilisant les élèves et
annoncer la suite. Par exemple : « L’activité est terminée, on range les jeux… et on
s’assoit sur l’escalier pour chanter ».
Les changements d’activités sont également souvent délicats à gérer, surtout
chez les petits qui en profitent pour s’agiter et troublent ainsi l’ambiance de travail.
Même si un relâchement bref est nécessaire, il ne doit pas se répercuter sur la suite des
apprentissages.
La mise en place du train chez les TPS a permis de diviser clairement les
moments de la journée. Lorsque les groupes changeaient simultanément d’activités, je
leur faisais faire systématiquement un petit train afin qu’ils ne s’éparpillent pas, qu’il y
ait une synchronisation dans les roulements des groupes. Ils comprenaient alors, par le
train, que l’activité était terminée mais qu’elle en entraînait une autre. C’est par ce
moyen qu’ils commençaient à structurer le temps (en même temps que l’espace). Le
rituel du train n’est bien sûr pas une fin en soi. Comme il était innovant, cela amusait
les enfants tout en les canalisant, mais ce procédé doit être évolutif. L’objectif est
qu’ils arrivent à se déplacer seuls, s’autodiscipliner pour devenir autonome.
3.2. Faire apprendre
3.2.1. Les diverses situations d'apprentissage pour vivre ensemble
Des lieux de parole sont importants à mettre en place à l'école car ils
permettent aux enfants de s'exprimer grâce à des supports variés et ainsi mieux
intégrer le fonctionnement de la vie en société et les règles qu'elle implique. Leur but
est d'amener les enfants à réfléchir sur leurs comportements, où ceux des autres, afin
qu'ils deviennent toujours plus conscients de ce qu'ils font.
Ø L'éducation civique:
Elle permet de montrer aux enfants que la société est régie par des lois et qu'il y a des
représentants de celle-ci, comme à l'école, ce qui nous permet de vivre en sécurité.
L'usage de la violence démontre qu'aucune société ne peut exister hors d'un cadre
d'autorité. De plus, l'éducation civique permet d'apporter des éléments de droit sur les
règles ou sur les conduites à adopter dans certaines situations.
18
Globalement il s'agit bien d'une éducation à la citoyenneté à l'échelle de l'école où l'on
peut, à partir de la discussion, travailler sur le principe de la tolérance, mettre en
évidence l'injustice, l'inutilité de la vengeance…
L'enfant va apprendre qu'il a des devoirs mais aussi des droits, tel le droit à la sécurité,
à l'instruction, à la parole ainsi que le droit d'égalité c'est-à-dire que chaque enfant a
les mêmes droits et devoirs que les autres. Ils sont égaux devant la loi car elle est
imposée à tous.
Ø La littérature
De nombreux livres traitent des problèmes de la société tels que la violence, le
racisme, le racket… Ceci peut entraîner des discussions collectives, des remédiations
possibles. Indirectement nous pouvons partir d'un album ou d'un conte pour faire
parler les enfants sur leur ressenti.
Ø Le théâtre
Il permet aux enfants d'exprimer leur agressivité à travers des expressions corporelles
et surtout la parole. L'objectif étant qu'ils se distancient de l'acte lui-même pour
réfléchir ensemble à une mise en mots du problème et aux solutions raisonnées
possibles.
Ø Le sport
Il permet de canaliser l'énergie des enfants par le plaisir de l'effort dans le respect des
règles. Par exemple, nous pouvons mettre en place un jeu sans avoir défini clairement
les règles. Les enfants nous demanderont alors plus d'explications ce qui mettra en
évidence la nécessité des règles en sport comme en société. De plus, le rôle de l'arbitre
est extrêmement important car il doit représenter aux yeux des enfants quelqu'un de
neutre qui connaît les règles et a pour fonction de les faire respecter sous peine de
sanctions. Nous pouvons alors faire prendre conscience aux enfants que l'arbitre en
sport a la même fonction que le maître en classe, auquel se rajoute bien sûr pour ce
dernier la fonction d'apprentissage.
3.2.2. L'évolution des situations d'apprentissage
L’enseignant a pour objectif de faire évoluer les enfants entre autre dans leurs
apprentissages, en reprenant à chaque fois les acquis et en complexifiant les situations.
C’est pour cela qu’il est indispensable de prendre en compte les représentations
initiales des élèves afin de construire au mieux notre enseignement. Cela permettra par
la suite d’organiser et de diversifier nos séances en fonction des objectifs que nous
aurons établis.
Au cours de la journée, il s’agit à la fois d’alterner les tâches (oral, écrit) et de
diversifier l’organisation de travail (collectif, individuel, en groupe) sur des supports
variés. Diversifier les situations ne s’improvise pas. Leur mise en place doit être claire
aussi bien pour l’enseignant que pour les élèves. Notre enseignement ne doit pas être
statique. Toute situation d’apprentissage nécessite une évolution.
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Les rituels mis en place dans la classe ne dérogent pas à la règle et ne doivent
pas se perdre dans des habitudes automatisées. Ce sont des moments particuliers de la
vie de classe car ils sont souvent journaliers et par définition répétitifs. Ceci est
propice à l'agitation des enfants et peut à la longue les désintéresser. On ne doit pas
perdre de vue que ces rituels sont des instruments pour apprendre et avoir des objectifs
d’apprentissage à plus ou moins long terme. C’est leurs répétitions évolutives qui
permettront une meilleure acquisition et un intérêt toujours présent pour les élèves.
Pendant mon stage chez les TPS, j’ai mis en place le rituel des photos. Chaque
enfant, en entrant dans la classe devait chercher sa photo sur laquelle son prénom était
écrit, et la placer sur un panneau. Ensuite, on énumérait collectivement les prénoms
des enfants présents en montrant chaque photo et l’enfant en question devait lever le
doigt pour indiquer sa présence. On nommait également les absents avec leur photo.
Au début, les enfants ont eu du mal à comprendre qu’on ne plaçait que sa photo
et non celles des copains. Cependant, à la fin du stage, la majorité avait compris
l’utilité du panneau « J’ai mis ma photo parce que je suis à l’école », et appris les
prénoms des élèves.
Pendant 15 jours, je n’ai pas modifié mon rituel car ils ne maîtrisaient pas
encore totalement le procédé. Cependant, il nécessitera une progression sur plusieurs
années afin de suivre l’évolution des élèves et leur permettre de continuer à apprendre.
Pendant leurs années de maternelle, ils pourront trouver leur étiquette prénom avec un
modèle (les photos avec prénoms fixés au mur) parmi toutes les étiquettes prénoms du
groupe, puis la même chose sans modèle. Ils pourront ensuite recomposer leur prénom
avec des lettres puis en l’écrivant.
Cette succession d’évolutions dans toutes les activités scolaires permettent de
faire prendre conscience aux enfants de leurs apprentissages, de leurs acquis, en les
complexifiant petit à petit afin d’éveiller leur intérêt.
3.3. La motivation des élèves
Il revient au maître de mobiliser les attentions en permanence, d’entretenir la
motivation, l’intérêt des enfants, afin d’éviter la lassitude et l’ennui. L’enseignant doit
être motivé et motivant pour tenter de faire aimer les différentes disciplines et l’acte
d’apprendre. Il doit s’engager dans le projet de faire apprendre, être déterminé et
persévérant. Il est de plus très important que les apprentissages fassent sens aux yeux
des élèves.
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Afin de susciter la motivation chez les enfants, en les rendant actifs dans leurs
apprentissages, l’enseignant doit donc :
Ø
donner aux élèves des objectifs clairs en terme de compétences observables.
Ils doivent savoir où nous les menons.
Ø
rendre l’élève acteur de ses apprentissages
Comme la discipline, il est important que les apprentissages fassent sens aux yeux des
enfants. Il faut donc les mettre en activité afin qu’ils puissent construire leurs propres
savoirs.
C’est en réalisant des tâches que la connaissance devient un outil permettant d’analyser
des situations, de résoudre des problèmes auxquels ils sont confrontés en classe ou le
seront dans leur vie professionnelle. Mettre l’enfant en position de chercheur face à des
situations problèmes, c’est stimuler ses capacités d’initiative, de créativité,
d’imagination ainsi que ses connaissances. C’est lui apprendre à être autonome, donc
impliqué.
Ø
différencier les activités
En maternelle, il faut mobiliser le plus possible l’attention des élèves qui ont davantage
tendance qu’en primaire à décrocher rapidement du cours de la leçon. En TPS, j’avais
mis en place un roulement de 4 groupes de 6 élèves lors des séances de langage.
Je prévoyais toujours des séances modulables suivant le niveau du groupe. Certains
parlaient plus que d’autres, ce qui permettait d’enrichir le vocabulaire, tandis que pour
d’autres groupes, j’insistais sur l’essentiel pour ne pas rendre la tâche plus difficile,
source d’inattention. Ce système permettait à la plupart des enfants d’être actifs,
attentifs et intéressés. Il serait intéressant de le poursuivre en primaire.
L’important est donc de prendre en compte le potentiel des élèves afin d’être le plus en
adéquation possible avec leurs compétences. Cela ne signifie bien sûr pas qu’il ne faut
réaliser que des activités simplistes, mais plutôt réfléchir aux différents chemins menant
aux connaissances.
Ø
mettre l’enfant en situation de réussite
C’est l’expérience de la réussite qui donne envie de réussir. D’où l’importance de la
différenciation des tâches suivant le niveau de l’élève.
Ø
créer des situations d’interactivité
Le travail en binômes ou en groupes est un puissant facteur de motivation car il rompt le
face à face enseignant–élève. L’enseignant change de statut et devient une personne
ressource au service des apprentissages des élèves. Ces derniers ont davantage la
possibilité de s’exprimer, de confronter leurs points de vue, de s’entraider.
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Ø
Pratiquer l’évaluation formative
Cette forme d’évaluation permet à l’élève de s’exprimer sur sa propre activité et à
l’enseignant de mieux percevoir ses difficultés. L’élève dispose d’outils d’évaluation
composés de critères à remplir qu’il élabore avec le maître afin de s’autoévaluer. Elle
permet également à l’enfant de visualiser ses progrès.
Lors de mon stage dans une classe multiniveaux (MS-GS-CP-CE1), les élèves avaient
mis en place des critères d’évaluation concernant les récitations et les lectures de contes.
Ils participaient avec sérieux aux évaluations et cela leur permettait d’être responsables
de la notation. En les considérant comme des personnes capables de juger, d’exprimer
leurs choix, de les assumer et d’évaluer un travail, l’enseignant leur donnait l’occasion
de devenir autonomes.
Ø
Accepter le droit à l’erreur chez l'enfant et le lui faire accepter
Il s’agit de percevoir l’erreur de façon positive afin de créer un terrain propice aux
apprentissages. En effet, la mauvaise conscience ou la peur du ridicule doit être absente
chez l’élève. L’erreur est une étape dans le processus d’apprentissage et non une lacune.
Elle permet de cibler où se situe le dysfonctionnement et d’y remédier plus facilement.
L’erreur dédramatisée suscite chez l’enfant une analyse constructive de son travail et la
volonté de progresser.
L’autorité, par la gestion précise des activités menées à l’école, est au service des
apprentissages tant pour les savoirs que pour la vie en commun. Elle favorise la
socialisation des enfants par les contraintes qu’elle met en place et vise à les rendre
autonomes. Dans le processus éducatif, l’autorité ne doit donc jouer qu’un rôle
transitoire mais nécessaire en accord avec la fin visée. L'enseignant doit être crédible
face aux élèves, c'est-à-dire conscient de ce qu'il fait, rigoureux dans son travail de
préparation et sa gestion de classe.
Les objectifs, les consignes, l'organisation spatiale et temporelle doivent être clairs
et concis afin de susciter la motivation des élèves. L'enseignant doit donner envie aux
enfants d'apprendre en les rendant acteurs de leurs apprentissages. Il est donc important
de proposer des activités, de les faire évoluer, en mettant l'enfant en situation de réussite
avec un droit à l'erreur pour lui permettre de prendre conscience de ses acquis et de ses
éventuelles lacunes. L'enseignant doit également apprendre aux enfants à vivre
ensemble en devenant responsables. Pour cela des activités telles que le théâtre, le sport,
la littérature mais aussi l'éducation civique leur permettront de mieux comprendre la vie
en société et les solutions que l'on peut trouver face à des problèmes relationnels.
22
CONCLUSION
Les missions de l’école ont pour objectifs la transmission d’un savoir et la
socialisation des enfants, en leur apprenant à vivre en communauté. En ce sens l’autorité
apparaît indispensable au maître.
Elle aide les enfants qui peuvent tirer profit des enseignements par le maintien d’un
climat de travail intellectuel dans la classe. J'ai accordé une grande place au travail du maître
car il me semble essentiel de se donner le maximum de chances de ne pas être pris au
dépourvu, de fixer ses objectifs et de motiver les enfants. L'enseignement des disciplines est
ce qu'il y a de plus prévisible dans le déroulement de la journée, d'où la nécessité d'une bonne
préparation évolutive des activités et l'utilisation de certaines matières (le sport, le théâtre,
l'éducation civique…) pour apprendre aux élèves à se socialiser.
De plus, second moyen de socialisation après la famille, l’école permet aux enfants
d’accéder à la citoyenneté. Acquérir des relations de respect mutuel est essentiel à 'école
comme en société. Pour cela, l'enseignant doit baser ses relations sur l'attention, la
reconnaissance et l'envie de voir progresser ses élèves. La mise en place des règles de vie est
nécessaire et doit se faire de concert avec les enfants. Pour gérer les dysfonctionnements, des
réactions graduelles existent, en commençant par les interventions par signes, le dialogue puis
la sanction, sans oublier, si nécessaire, l'aide de tierces personnes. Les conseils d'enfants
permettent également de faire parler les élèves sur des problèmes internes à la vie de l'école.
Les enfants doivent voir, au travers de l'autorité de l'enseignant, quelqu'un possédant
un savoir qu'il a mission de transmettre, ainsi qu'un garant des règles établies.
Finalement, l’autorité reste nécessaire pour éduquer les élèves et la difficulté renvoie à
la manière dont on l’exerce. La véritable autorité est consentie, acceptée et respectée par
chaque enfant. Elle doit être suffisante mais pas excessive. Trouver un équilibre entre autorité
et autoritarisme s’apparente alors, pour l’enseignant, à une recherche permanente et difficile à
mener. Il doit avoir de l’autorité sans être autoritaire.
23
BIBLIOGRAPHIE
Bernard REY
Faire la classe à l’école élémentaire ESF, Paris, 1999.
Marie Teresa ESTRELA
Autorité et discipline à l’école ESF, Paris, 1994.
Jean HOUSSAYE
Autorité ou éducation ? ESF, Paris, 1996.
Danièle Guilbert
Et si l’autorité, c’était la liberté ?
La collection de l’Ecole des Parents, 2001.
L'AUTORITE OU LES MOYENS DE
VIVRE ENSEMBLE POUR APPRENDRE
R ESUME :
L'autorité fait partie intégrante de l'école. L'enseignant doit l'établir à travers la mise
en place de ses activités d'enseignement pour intéresser les enfants, les impliquer dans leur
travail et ainsi réduire les éventuels dysfonctionnements. La gestion de ces derniers doit être
anticipée le plus possible afin de créer des relations basées sur le respect mutuel, la confiance
et le dialogue.
MOTS CLES :
-
autorité
-
relation maître-élèves
-
respect de la discipline
-
dialogue
-
technique pédagogique