23.Moline2009
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DE LA MANIÈRE Nelly Flaux et Estelle Moline Armand Colin | Langages 2009/3 - n° 175 pages 3 à 14 ISSN 0458-726X Article disponible en ligne à l'adresse: -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------http://www.cairn.info/revue-langages-2009-3-page-3.htm Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 90.2.252.110 - 29/03/2013 21h25. © Armand Colin Pour citer cet article : -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------Flaux Nelly et Moline Estelle, « De la manière », Langages, 2009/3 n° 175, p. 3-14. DOI : 10.3917/lang.175.0003 -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Distribution électronique Cairn.info pour Armand Colin. © Armand Colin. Tous droits réservés pour tous pays. 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Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 90.2.252.110 - 29/03/2013 21h25. © Armand Colin -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Nelly Flaux Université d’Artois GRAMMATICA, JE 2489 Estelle Moline Université du Littoral – Côte d’Opale HLLI-CERCLE, EA 4030 De la manière Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 90.2.252.110 - 29/03/2013 21h25. © Armand Colin La notion de manière, si familière aux pédagogues et aux linguistes, nous a semblé devoir être ré-interrogée 1, en raison même de son caractère familier, car celui-ci peut cacher un grand flou. D’où ce numéro, qui présente sept articles à elle tout entiers consacrés. Qu’est-ce que la manière ? Est-ce une catégorie ontologique, comme le suggère, entre autres, M. Haspelmath (1997 : 29-30) à la suite de R. Jackendoff (1983) ? Un primitif sémantique ? Si c’est le cas, il est vain de vouloir la définir. S’il s’agit d’une catégorie ontologique, il est préférable de se mettre d’accord sur ce qu’on entend par cette expression elle-même, avant d’essayer de caractériser la « manière » autrement qu’en utilisant le mot manière lui-même ou le mot mode - ce qui revient au même 2. Une fois établi le statut de cette notion, et précisé ce qui la distingue de notions apparentées comme le moyen et l’instrument, ou plus vaguement liées, * Nos vifs remerciements à Dejan Stosic dont les remarques critiques et les suggestions nous ont été très utiles. 1. Pour une tentative stimulante de mise au point, voir M.-N. Gary-Prieur (1982). 2. Le Vocabulaire technique et critique de la philosophie d’A. Lalande ne consacre pas d’entrée au terme manière. Est rappelée entre autres la définition cartésienne de mode « Lorsque je dis ici façon ou mode, je n’entends rien d’autre que ce que je nomme ailleurs attribut ou qualité » (Descartes, Principes de la philosophie I, 46, cité p. 637-638). « Manière » (« modus ») est l’objet d’une des premières « définitions » de l’Ethique de Spinoza : « Par manière, j’entends les affections d’une substance, autrement dit, ce qui est en autre chose, et se conçoit aussi par cette autre chose » (texte latin : « Per modum intelligo substantiae affectiones, sive id, quod in alio est, per quod etiam concipitur » trad. B. Pautrat : 14-15). Le nom manière utilisé dans la langue courante vient de maniérer formé à partir de l’adjectif manier, « habile », lui-même, on le sait, issu du latin manus, « main ». Selon Tesnière (1976 : 606), l’adjectif modal ne se rapporte à la manière qu’« en français savant ». Sur le sens de modus en latin, voir D. Van de Velde ici même. L ang ag e s 175 3 Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 90.2.252.110 - 29/03/2013 21h25. © Armand Colin Présentation* De la manière comme la qualification ou la caractérisation, on peut s’interroger sur la façon dont elle est encodée dans les langues (selon leur type) : par la morphologie (flexionnelle ? dérivationnelle ? 3) ; par le lexique : l’adverbe (pour les langues qui possèdent cette problématique « partie du discours » : danser lentement 4), l’adjectif – dans certaines constructions syntaxiques (boire son café (brûlant + tiède)), le nom (le nom manière lui-même, et ses « synonymes » : ils dansaient (de manière + de façon) lente), ou les noms de qualité construits avec une préposition (ils dansaient avec lenteur) ; par la syntaxe : constructions verbales particulières comme le gérondif par exemple (elle est partie en courant 5), ou certaines subordonnées en comme (elle chante comme un rossignol 6). Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 90.2.252.110 - 29/03/2013 21h25. © Armand Colin Bien que la notion de circonstance, comme l’a rappelé il y a longtemps déjà J.-P. Golay (1959) 8, ne puisse en aucune façon s’appliquer à la fois à des compléments indiquant le temps ou le lieu et à des compléments exprimant l’idée de manière, la grammaire traditionnelle continue à parler de « complément circonstanciel », aussi bien à propos des compléments « inessentiels » qui permettent de repérer un procès dans le temps et dans l’espace, qu’à propos des compléments, « inessentiels » eux aussi, qui livrent une indication sur le mode de déroulement du procès ou sur sa caractérisation. Ainsi sont analysés comme « compléments circonstanciels » les termes qui figurent en gras dans les deux exemples suivants : En Normandie, dans la nuit du 6 juin 1944, bien des villes ont été bombardées sans aucun discernement. Nous avons reçu l’an dernier une expertise qui avait été faite avec une grande désinvolture. 3. Ainsi, la terminaison -ment est-elle un suffixe dérivationnel ou un affixe flexionnel ? Cf. G. Dal (2007). 4. Voir sur ce point l’article de D. Van de Velde ici même. La littérature « critique » à propos de cette partie du discours présente dès Denys le Thrace (II ème siècle avant J.- C.) est immense. 5. Sur le gérondif et l’expression de la manière, voir entre autres O. Halmøy (2003 : 104-105), G. Kleiber (2006) et E. Moline (à par.). 6. Sur ce type de construction en comme, voir notamment les travaux d’E. Moline (Cf. la bibliographie de son article dans le présent numéro). 7. Cf. entre autres G. Gallichet 1947, cit. J.-P. Golay (1959 : 65), M. Arrivé et al. (1986 : 100-104), M. Grevisse (1988 : 498), J.-C. Chevalier et al. (1964 : 75 ; 185), M. Riegel et al. (1994 : 143). M. Grevisse (1988, § 300) donne des compléments « circonstanciels » la liste suivante : temps, lieu, manière, mesure, opposition, but, cause et condition. 8. « Dans tous les cas de complément de manière, nous voyons adjoindre au verbe un mot ou un groupe de mots qui exprime un des caractères de l’événement ; ce caractère explicité est inhérent à l’événement, comme le caractère exprimé par l’adjectif qualificatif est inhérent à l’être qu’il qualifie. Il est important de reconnaître que cette qualité, cette manière, est un des éléments constitutifs de l’événement ; le mot qui la traduit ne représente pas un être indépendant, mais il sert simplement à dégager une manière essentielle de l’événement » (p. 68). 4 Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 90.2.252.110 - 29/03/2013 21h25. © Armand Colin On peut également s’interroger sur les relations qu’entretiennent la manière comme notion sémantique et la fonction syntaxique communément appelée « complément circonstanciel de manière » 7. De la manière Il s’ensuit que les compléments dits « circonstanciels » (pour ne parler que de ceux-là) présentent les propriétés formelles les plus hétéroclites 9. Si l’on veut maintenir les « compléments de manière » au sein des compléments « circonstanciels », il reste encore beaucoup à faire pour montrer à quel point ils s’en distinguent. Ou bien, prenant acte de la « contradiction » résultant de l’association des termes de « circonstance » et de « manière » (J.-P. Golay, 1959), on peut y renoncer, ce qui ne dispense pas d’une description précise des différents « compléments de manière », pas plus que d’une analyse rigoureuse de leur fonction syntaxique. Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 90.2.252.110 - 29/03/2013 21h25. © Armand Colin L’hétérogénéité sémantique et formelle — au sens large : de la distribution aux caractéristiques prosodiques — s’agissant des adverbes dits « de manière », est bien connue. Même dans le paradigme homogène morphologiquement des adverbes en - ment, il convient de distinguer, on le sait, plusieurs souscatégories. Les propositions de classement se sont multipliées. Avec le temps, des convergences se dessinent, même à partir de « modèles théoriques » différents. Mais l’unité n’est pas encore réalisée, il s’en faut de beaucoup 11. Les critères utilisés pour identifier les « compléments de manière » qui n’appartiennent pas à la classe des adverbes correspondent globalement à ceux initialement retenus pour circonscrire, au sein des adverbes en - ment, les « adverbes de manière » 12. Parmi ceux-ci, peuvent être citées la possibilité d’apparaître dans une construction clivée, de répondre à une question intro9. Cette distinction a donné lieu à une très abondante littérature. Citons C. Guimier (éd) 1993, L. Mélis (1993), D. Leeman, 1990 (éd) et 1998, S. Rémi-Giraud et A. Roman 1998 (éds), entre autres. Côté « générativiste », les travaux sur la question sont innombrables. Parmi les plus récents : l’ouvrage de vulgarisation de C. Laenzlinger (2003), et le recueil de travaux édités par E. Lang, C. Maienborn, C. Fabricius-Hansen (2003) sous le titre Modifying Adjuncts. Il faut mentionner aussi dans le n° 114 de Lingua (2004), l’éditorial d’A. Alexiadou et l’article de J. Costa. 10. Par exemple, à la différence d’un adverbe en –ment (Il se comporte intelligemment), d’un syntagme prépositionnel (Il se comporte (avec intelligence + en héros)) ou d’une comparative en comme (Il se comporte comme un enfant), une forme gérondive ne peut apparaître dans la dépendance d’un verbe sous-catégorisant un « complément de manière » (*Il se comporte en pleurant). Alors que les adverbes peuvent facilement être insérés entre l’auxiliaire et le participe passé, cette position ne peut, dans un énoncé sans pause, être occupée par un syntagme prépositionnel à fonction « complément de manière » ou par un gérondif (Il a gentiment répondu / *Il a avec gentillesse répondu / *Il a en criant répondu). 11. Comme on peut le constater en comparant M. Gross (1990), H. Nølke (1990), M. Nøjgaard (1995), C. Guimier (1996), D. Van Raemdonck (1996, 1997, 2005), C. Molinier & F. Lévrier (2000), B. Kampers-Mahne (2001), T. Ernst (2002, 2003, 2004), B. Shaer (2003), Cinque (1999, 2004), C. Vet (2000) et S. Dick, K. Hengeveld, E. Vester & C. Vet (2005). 12. Les critères retenus par H. Nølke (1993) et par C. Guimier (1996) caractérisent la classe plus générale des « adverbiaux verbaux » (H. Nølke), i. e. des adverbes « intraprédicatifs » (C. Guimier), à laquelle ressortiraient les adverbes dits « de manière ». L ang ag e s 175 5 Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 90.2.252.110 - 29/03/2013 21h25. © Armand Colin Les mots et les séquences exprimant l’idée de manière ne présentent pas non plus des propriétés formelles homogènes 10, ce qui signifie que le terme adverbial de manière dont usent depuis quelques décennies pas mal de linguistes exige encore quelques éclaircissements. De la manière Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 90.2.252.110 - 29/03/2013 21h25. © Armand Colin Le nom manière apparaît aussi dans le métalangage grammatical pour définir le lien tôt remarqué dans certaines langues, entre adjectif épithète et adverbe de manière : l’un et l’autre expriment une qualité 18. Nombreux sont les grammairiens qui ont mis l’accent sur cette relation. Ainsi, J.-P. Golay (1959) propose d’analyser l’adverbe de manière comme une « épithète du verbe » (Ibid. : 69), un « adverbe qualificatif (de manière) » (Ibid. : 70), hypothèse reprise par M. Nøjgaard (1995) pour décrire le rôle syntaxique des « adverbiaux qualificatifs » (i. e. des « adverbes de manière ») en - ment. Cette analyse est fondée sur le parallélisme entre la relation qui unit le nom et l’adjectif épithète (une marche silencieuse) et celle qui unit le verbe et l’adverbe de manière (marcher silencieusement). Nilsson-Ehle (1941 : 29) rappelle de son côté la définition d’A. Sechehaye (1926) : « La manière est […] l’idée de la qualité appliquée à des idées essentiellement verbales : elle est la qualité du procès » 19. Cependant, l’analyse du « complément de manière » en tant qu’épithète du verbe convient pour les adverbes 13. Sur la distinction entre manière et moyen, cf. D. Van de Velde (2009). 14. Exemple de Malraux cité par le Petit Robert. Sur ce point, cf. B. de Cornulier (1974) et H. Korzen (1985). Sur les interro-négatives introduites par comment, cf. P. Larrivée & E. Moline (à par.). 15. Nos remerciements à P. Larrivée, qui a attiré notre attention sur cet emploi de comment très fréquent en français québécois. 16. Sur ce point, cf. E. Moline (2009). 17. Cf. entre autres G. Gallichet (1947), J.-C. Chevalier et al. (1964), M. Arrivé et al. (1986), M. Grevisse (1988), M. Riegel et al. (1994), D. Denis & A. Sancier-Chateau (1994), P. Le Goffic (1993) et M. Wilmet (1997). 18. Aristote, Organon, I. Les catégories. Le terme manière a également une origine rhétorique dont il faudrait tenir compte car elle a joué un grand rôle, en relation avec celle de circonstance, dans l’élaboration de la tradition grammaticale. Sur ce point voir, entre autres, A. Chervel (1979) et G. Délechelle (2004). 19. Signalons que les langues qui ignorent l’opposition verbo-nominale ne connaissent pas non plus d’opposition entre adjectif qualificatif et adverbe de manière (K. Hengeveld et al. 2004). En vietnamien par exemple, l’emploi prédicatif ou non prédicatif d’un terme n’est pas morphologiquement marqué, et le modifieur de ce terme a une forme strictement identique dans les deux cas : Môt hoc cham chi (un/élève/appliqué, un élève appliqué) Paul hoc cham chi (Paul/apprendre/ appliqué, Paul apprend studieusement) (exemples et traductions repris d’une communication orale de D. T. Do-Hurinville 2005). 6 Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 90.2.252.110 - 29/03/2013 21h25. © Armand Colin duite par comment, de constituer le foyer de la négation ou de l’interrogation, l’impossibilité d’occuper une position détachée en tête d’une phrase négative, etc. Aucun de ces critères n’est cependant à lui seul définitoire. À titre d’exemple, rappelons que comment, outre l’interrogation sur la manière, permet également d’interroger sur le moyen (Comment a-t-il appris la nouvelle ?) 13, la qualité (Il est comment, le nouveau ?), la « cause » (Comment n’êtes-vous pas avec les autres ? 14), l’état résultant (Comment a-t-elle peint ses fenêtres ?), la quantité — dans certaines variantes du français (Comment ça coûte ? 15) etc 16. De même, la possibilité de constituer le foyer de la négation ou de l’interrogation, ou d’entrer dans une construction clivée, concerne un nombre important de « compléments » du verbe. Seule la présence simultanée d’un faisceau de critères convergents permet de reconnaître un « complément de manière » 17. De la manière Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 90.2.252.110 - 29/03/2013 21h25. © Armand Colin Si la grande majorité des travaux consacrés à la manière se sont focalisés sur sa réalisation syntaxique, il ne faut pas perdre de vue que ce concept est souvent inscrit dans le sens lexical même des mots. Et que ces mots n’appartiennent pas seulement à la catégorie du nom, de l’adverbe et de l’adjectif (cf. supra). Ainsi, nombreux sont les verbes qui impliquent, par leur sens, la « composante » manière – on parle souvent dans la littérature de « verbes de manière de déplacement » (courir, boiter, patiner, sauter, etc. vs se déplacer), de « verbes de manière de parler » (hurler, chuchoter, bafouiller, marmonner vs parler), etc. D’une approche sémantique à l’autre cependant, la lexicalisation de la manière est traitée différemment. Dans les analyses en termes de décomposition du prédicat, la manière est considérée comme une des catégories ontologiques qui interviennent dans la représentation du sens lexical en tant que « modifieur » du prédicat verbal (voir, entre autres, B. Levin (2008) ; B. Levin & M. Rappaport Hovav (2007) ; J. Beavers, B. Levin & S.W. Tham (2007) ; R. Jackendoff (1983)). Dans l’approche typologique de L. Talmy et de ses successeurs, la manière est une des six « composantes » fondamentales des descriptions linguistiques de la localisation et du mouvement (voir entre autres L. Talmy (2000) ; D. I. Slobin (2006) ; M. Hickmann, P. Taranne & P. Bonnet (2008)). Ces travaux montrent que l’aptitude d’une langue à utiliser un verbe de manière de déplacement comme verbe principal de la phrase rend la notion de manière cognitivement plus saillante : c’est le cas de l’anglais où l’on dirait, par exemple, to swim across, mais pas du français, où le fait de dire traverser (à la nage) pour décrire le même déplacement, marginalise en quelque sorte la « composante » manière. Dans les langues appartenant au même type que le français, la spécification de la manière est d’ailleurs souvent omise. Enfin, s’intéressant à la notion de manière dans une perspective tout à fait différente, G. Miller & C. Fellbaum (1992) affirment que sa lexicalisation est tellement répandue dans le lexique verbal des langues qu’elle mérite d’être considérée comme une véritable relation lexicale : « manière » serait au verbe ce que « sorte » est au nom (marcher est ‘une manière de se déplacer’, tout comme chat est ‘une sorte d’animal’) 20. Toutefois, contrairement à ce à quoi l’on pourrait s’attendre, la notion de manière n’est pas beaucoup mieux lotie en sémantique qu’en syntaxe. Même si 20. La contribution de D. Stosic développe plus en détail les problèmes liés à la lexicalisation de la manière que nous venons d’évoquer. Sur la distinction genre/ espèce rapportée au verbe, voir, entre autres, D. Van de Velde (2009). L ang ag e s 175 7 Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 90.2.252.110 - 29/03/2013 21h25. © Armand Colin de manière « prototypiques », ceux qui qualifient effectivement le déroulement du procès. Mais déjà H. Nilsson-Ehle (1941 : 29 et sq.) indiquait l’existence de « différents types de rapports » entre le verbe et « l’adverbe de qualité », « selon le caractère de l’idée verbale » (Ibid. : 29), i. e. en fonction des propriétés sémantiques du prédicat verbal (cf. écrire lisiblement vs écrire clairement, manger gloutonnement vs dîner excellemment, etc.), ce que soulignent également, parmi d’autres, L. Mélis (1993), W. Geuder (2000, 2006) et D. Van de Velde (dans ce numéro). Un vaste champ de recherche s’ouvre donc à l’étude : celui des contraintes sélectionnelles qui s’exercent entre le sens du verbe, le type de caractérisation exprimé par le terme de manière et les arguments du prédicat verbal eux-mêmes. De la manière Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 90.2.252.110 - 29/03/2013 21h25. © Armand Colin On pourrait essayer de préciser la notion de manière par d’autres biais, beaucoup plus indirects mais peut-être révélateurs : de l’intérieur de la langue, pour ainsi dire. Une piste, parmi beaucoup d’autres, pourrait être d’étudier la distribution du mot manière lui-même, dans un corpus d’énoncés pertinents (« ciblés »). Par exemple : Pierre court (de manière lente + d’une manière (très étonnante + qui m’étonne) + à la manière d’une gazelle)/ La manière dont Pierre court m’étonne/ De quelle manière Pierre court-il ?/ Pierre a une manière très spéciale de courir/ Pierre a plusieurs manières de courir/ Pierre court à sa manière (à lui)/ Pierre a une manière de lenteur quand il court, même vite/ Pierre a une de ces manières de courir !/ D’une manière lente, Pierre s’est mis à courir/ Est-ce de manière lente que court Pierre ?/ Quelle est la manière dont Pierre court ?/ Est-ce une manière de courir !/ Pierre a vraiment la manière de courir !/ Pierre ne participera à la course en aucune manière/ D’une certaine manière, on peut dire que Pierre a couru 21/ En manière de course, Pierre ira jusqu’au village en pressant le pas/ Pierre court de manière à se faire remarquer. Etc. Quant à la fonction « complément de manière », elle pourrait être précisée avec plus de rigueur peut-être grâce à une autre approche, toujours « interne à la langue ». Cette approche a donné déjà lieu à des études 22, mais non exhaustives du point de vue envisagé ici ; il s’agirait de comparer les différentes expressions à base nominale susceptibles d’exprimer cette fonction. Deux structures se proposent : celle de type I qui se présente sous la forme préposition + N de qualité ou préposition + un + N de qualité + Modifieur (avec avidité/ sans discernement/ avec une voracité peu commune) ; et celle de type II, qui se caractérise par le fait que le nom tête est le mot manière lui-même : de + une + manière + Modifieur (d’une manière avide/ d’une manière très avide/ d’une manière dont l’avidité m’a frappée). L’étude systématique de ces deux types de structures devrait permettre de relever les cas de lacunes lexicales (Marie mange de manière goulue vs Marie mange avec ?/ Paul juge avec discernement vs Paul juge de manière ?) ; mais surtout elle contribuerait à mettre au jour le fonctionnement complexe des restrictions de sélection 23. 21. Voir C. Schnedecker (2008 a et b). 22. Déjà suggérée par les auteurs de la Grammaire de Port-Royal puis de manière plus explicite par N. Beauzée. La distribution du mot manière (souvent rapproché de façon) a été étudiée partiellement par A. Balibar-Mrabti (1980). Sur ces deux noms, voir aussi, dans une perspective très différente, J.-M. Léard (1998) et C. Fuchs (2007). 23. Elle ferait également apparaître les différences sémantiques entre les deux constructions. I. Choi-Jonin (2000) a montré, par exemple, qu’un syntagme prépositionnel de forme avec N (consommer avec modération) n’est pas l’exact synonyme du syntagme comportant l’adverbe correspondant (consommer modérément). 8 Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 90.2.252.110 - 29/03/2013 21h25. © Armand Colin les sémanticiens s’en servent couramment dans la description du sens lexical des mots, ils ne prennent pas toujours le soin de la définir ; dans le meilleur des cas, ils lui attribuent un statut catégoriel sans le justifier vraiment (catégorie ontologique, composante sémantique fondamentale, etc.), afin de pouvoir l’intégrer soit dans des modèles de représentation du sens lexical, soit dans des « modèles de lexicalisation » (L. Talmy (1985)). De la manière Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 90.2.252.110 - 29/03/2013 21h25. © Armand Colin D. Van de Velde montre que les restrictions qui pèsent sur l’emploi des « adverbes de manière » peuvent s’expliquer dans le cadre d’une analyse lexico-conceptuelle fine des prédicats verbaux. En effet, l’examen des faits révèle que ces adverbes lexicalisent deux types de propriétés. Soit des propriétés inhérentes du prédicat verbal (Pierre a réparé sa voiture rapidement) ; et alors, elles ne se rencontrent qu’avec les prédicats actifs, ces derniers étant les seuls à avoir une structure interne complexe, condition sine qua non pour la qualification en général, adjectivale ou adverbiale. Soit des propriétés héritées par le prédicat de son sujet, la condition pour que cet héritage soit possible étant que ce sujet assume un rôle qui rende ses propriétés transmissibles : rôle d’agent ou de proto-agent (le malade gémissait faiblement). La transmissibilité des propriétés du sujet au prédicat explique que certains prédicats statifs (l’exemple analysé ici est celui des verbes de sentiment) puissent prendre des « adverbes de manière » (Marie aime tendrement ses enfants). M. Fohlin examine « l’adverbe de manière » dérivé « modifieur » de l’adjectif (fabuleusement riche), et s’intéresse à la détermination du sens de l’adverbe dans cette position : l’adverbe devient-il intensif, ou bien son sens lexical de base est-il encore pertinent dans la modification d’un adjectif subséquent ? L’auteure adopte un point de vue comparatif (suédois-français), les deux langues présentant des difficultés similaires quant à la délimitation de « l’adverbe de manière » et de l’adverbe intensif. Elle étudie également les paramètres qui infléchissent l’interprétation. Enfin, à l’aide de quelques exemples tirés d’un corpus composé de textes suédois et de leurs traductions françaises, elle montre que, selon la solution adoptée par le traducteur, l’élément qualitatif/intensif de l’adverbe suédois est plus ou moins saillant dans le correspondant français. L ang ag e s 175 9 Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 90.2.252.110 - 29/03/2013 21h25. © Armand Colin Les études rassemblées ici s’efforcent de contribuer à mieux caractériser la notion de manière, notion si fondamentale et insaisissable à la fois, tant sur le plan sémantique (y compris lexical) que sur le plan syntaxique. Elles font toutes apparaître, à des titres divers, l’urgence qu’il y a à mieux définir ce concept. Elles mettent au jour la nécessité de proposer des critères formels plus opératoires, capables de distinguer la fonction « complément de manière » de la fonction « attribut de l’objet/du sujet », quitte à proposer ensuite des hypothèses susceptibles de rendre compte de l’impression de continuum qui se dégage à l’observation de certains exemples. D’autres questions de fond sont abordées, notamment celle de la compatibilité des « adverbes de manière » avec la catégorie syntaxico-sémantique à laquelle appartient le prédicat verbal, le(s) type(s) de manières susceptible(s) d’être associé(s) à un même verbe, les relations entre manière et intensité, ou encore les rapports entre la manière et la sémantique du déplacement. Plusieurs articles montrent l’intérêt des études contrastives : la notion de manière rapportée aux verbes (ou à certains verbes) ou à des adjectifs (en de certaines positions) n’est pas « instanciée » à l’identique selon les langues. Il s’agit donc de proposer des outils pour décrire la « paramétrisation ». Reste à savoir si le « fond commun » est purement cognitif ou partiellement linguistique. De la manière Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 90.2.252.110 - 29/03/2013 21h25. © Armand Colin A. Dagnac analyse la fonction syntaxique des compléments en en dans les structures du type Elle a teint ses rideaux en rouge, et les situe au sein d’autres constructions résultatives. Ces compléments répondant à la question comment ?, l’auteur examine, puis rejette, la possibilité de les considérer comme des « adverbiaux de manière » orientés vers l’objet. Ils sont ensuite rapprochés des attributs de l’objet identifiés dans d’autres constructions résultatives. Mais ils se distinguent des compléments de verbes intrinsèquement résultatifs comme mettre (mettre X en colère/ mettre X enceinte), qui sélectionnent directement soit un SP en en soit un SAdj. L’auteure conclut qu’ils fonctionnent sur le modèle de transformer (transformer X en crapaud) : le complément constitue une augmentation résultative de la structure argumentale du verbe, où en est une tête fonctionnelle résultative sélectionnant soit un SN (transformer en N), soit un SAdj (teindre en Adj). J. Goes compare l’expression de la manière en français et en néerlandais. En français, non seulement il existe une parenté entre l’adjectif qualificatif et les adverbes en - ment qui en sont dérivés, mais on peut également constater que les « élargissements » du sujet et de l’objet (Les enfants écoutent attentifs, Elle ouvrit tout grands ses yeux purs) ont potentiellement une interprétation « manière ». De plus, certains « compléments adverbiaux de manière » ont une portée qui s’étend vers le sujet ou l’objet, ce qui les rapproche des « élargissements attributifs ». Les deux constructions peuvent ainsi entrer en concurrence (La neige tombe abondamment/ abondante ; Il a planté ses thuyas trop serrés ≠ serré) et de fines nuances peuvent être exprimées (Il part joyeux ≠ il part joyeusement). En néerlandais, adjectifs attributs et adverbes revêtent exactement la même forme. Peut-on alors distinguer « l’élargissement attributif » (bepaling van gesteldheid) du « complément adverbial de manière » (bijwoordelijke bepaling van hoedanigheid), et exprimer les mêmes nuances dans cette langue ? D. Stosic s’intéresse à la réalisation purement lexicale de la manière. Il montre qu’il ne s’agit pas d’une primitive sémantique, mais plutôt d’un concept complexe, susceptible d’être décomposé en plusieurs valeurs élémentaires. L’hypothèse de la compositionalité de la notion de manière est vérifiée à partir du domaine de la sémantique de l’espace, et l’auteur cherche à identifier les 10 Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 90.2.252.110 - 29/03/2013 21h25. © Armand Colin E. Moline étudie, à propos d’un petit nombre de verbes (parler et les verbes de « manière de parler » ayant trait au volume sonore), les types de « manières » susceptibles d’être activé(e)s par une comparative en comme. L’étude repose sur deux hypothèses préalables : d’une part, les comparatives intraprédicatives en comme sont des « adverbiaux de manière », d’autre part, les « adverbiaux de manière » activent un argument sémantique de la structure conceptuelle du prédicat verbal (cf. W. Geuder 2000, 2006). Après avoir exposé les points communs et les différences entre les comparatives en comme et les « adverbes de manière en - ment », tant sur le plan syntaxique que sur le plan sémantique, l’auteure examine plus précisément les constructions en jeu, en distinguant les cas dans lesquels la comparative vise plus spécifiquement l’interlocuteur (parler à SN1 comme à SN’1), le thème (parler de SN2 comme de SN’2) et le locuteur (parler comme SN0). De la manière Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 90.2.252.110 - 29/03/2013 21h25. © Armand Colin W. Geuder s’intéresse également à la sémantique de l’espace dans une perspective contrastive, et considère les langues germaniques, dans lesquelles tous les verbes de « manière de mouvement » peuvent se construire avec un syntagme prépositionnel indiquant une direction pour référer à un évènement télique (p. ex. The hunters walked into the forest), et les langues romanes qui n’autorisent une construction analogue qu’avec certains verbes (p. ex. glisser ou sauter). L’auteur développe l’hypothèse selon laquelle, dans les langues romanes, une construction directionnelle télique (Il grimpa sur un tronc d’arbre) doit être fondée sur un « verbe de manière » qui dénote une relation « homomorphique » entre manière et déplacement, ce qui découle de façon naturelle de la théorie de la télicité proposée par S. Rothstein (2004). Il se penche en outre sur ce fait curieux : le verbe de « manière de mouvement » klettern/grimper peut, en allemand, dénoter un mouvement vers le haut ou vers le bas, tandis qu’il est limité en français à un mouvement vers le haut. L’auteur montre que ce phénomène découle de la même hypothèse. Ces contributions permettent de mesurer l’ampleur ce de qui reste à explorer s’agissant de la manière. Les pages qui y introduisent ne pouvaient, pour cette raison, ne pas être partiellement programmatiques. Les études contrastives donnent également une idée du travail qui attend les chercheurs soucieux d’avancer en matière de typologie des langues. Enfin, il faut relever que la dimension diachronique aurait pu être prise en compte, aussi bien du point de vue de l’évolution lexicale que de certaines constructions syntaxiques. Il eût fallu doubler le volume… On se contentera donc, pour finir, d’insister sur le fait que la manière ouvre un champ très fertile pour tester les théories de la grammaticalisation : la « grammaticalisation de la manière ». Bibliographie ALEXIADOU A. (2004), « Adverbs across frameworks », Editorial, Lingua 114 : 677-682. ARISTOTE, Organon, I., Catégories, traduction nouvelle et notes par J. Tricot, Paris, Vrin, 1989. ARNAULD A. & LANCELOT C. (1660, réédition 1997), Grammaire générale et raisonnée, Paris, Allia. ARRIVE M. et al. 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En ce qui concerne les verbes de « manière de localisation » (ex. être couché), l’auteur s’appuie sur les faits de plusieurs langues (français, serbe, anglais, tzeltal), pour montrer que la valeur de « manière » qu’ils impliquent résulte de l’intégration, dans leur sens, des traits liés à la forme, à la posture, à la disposition, à la couleur, etc. dont sont porteuses les entités mises en relation. Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 90.2.252.110 - 29/03/2013 21h25. © Armand Colin BEAVERS J., LEVIN B. & THAM S.W. (2007), « The Typology of Motion Expressions Revisited », (m.n.p.) http://comp.ling.utexas.edu/~jbeavers/motion-typology-working.pdf CHERVEL A. (1979), « Rhétorique et grammaire : petite histoire du circonstanciel », Langue française 41 : 5-19. CHEVALIER J.-C. et al. (1964), Grammaire Larousse du français contemporain, Paris, Larousse. CHOI-JONIN I. (2000), « Consommez avec modération vs consommez modérément : il y a manière et manière », SCOLIA 12 : 111-132. 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