La formation de la région postérieure du crâne humain

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La formation de la région postérieure du crâne humain
A. Delattre
J.-M. Daele
La formation de la région postérieure du crâne humain
In: Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris, IX° Série. Tome 10 fascicule 4-6, 1949. pp. 146155.
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Delattre A., Daele J.-M. La formation de la région postérieure du crâne humain. In: Bulletins et Mémoires de la Société
d'anthropologie de Paris, IX° Série. Tome 10 fascicule 4-6, 1949. pp. 146-155.
doi : 10.3406/bmsap.1949.2855
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bmsap_0037-8984_1949_num_10_4_2855
LA FORMATION DE LA REGION POSTERIEURE
DU CRANE HUMAIN
par les Drs
A. DELATTRE
Professeur à la Faculté Libre de
Médecine de Lille
Docteur es sciences
J.-M. DAELE
Licencié es sciences
Tous les crânes de mammifères présentent une face supérieure,
une face antérieure à laquelle est attachée le museau, deux faces
latérales, une face inférieure prolongement céphalique de la série
des corps vertébraux, et une face postérieure centrée par le trou
occipital et qui se continue avec le cou. Chez l'homme, la région
occipitale se trouve reportée sur la face inférieure du crâne et à
la place qu'elle occupait chez l'animal existe une région posté
rieure de nouvelle formation : la nuque.
Il nous a semblé qu'une étude spéciale de la formation de
cette région était utile et c'est elle que nous présentons aujour
d'hui à la Société d'Anthropologie. Elle complète celle, très
générale, donnée il y a un an, sur la transformation du crâne
animal en crâne humain (1).
La démonstration des transformations anatomiques sera
faite par l'image, à l'aide de schémas superposés de « norma pos
terior
» vraies, c'est-à-dire orientées suivant le plan des canaux
semi-circulaires horizontaux et non au hasard d'une orientation
approximative.
La composition des schémas requiert plusieurs conditions :
1° réduction des crânes à une même longueur de l'axe vestibien interne, ligne qui joint les milieux des deux canaux semicirculaires horizontaux ;
2° superposition des profils crâniens orientés suivant un plan
horizontal et un axe vestibiens communs ;
3° projection des profils suivant le plan frontal perpendiculaire
au plan précédent passant par l'axe vestibien (fig. 1).
Sur l'image ainsi réalisée les inions de carnassiers et d'anthro(1) Delattre (A.) et Daele (J. M.). — Le mécanisme de la transformation du
crâne animal en crâne humain. Bull, et Mém. de la Soc. ďAnthrop. de Paris, t. 9,
IXe série, 1948.
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poïdes se trouvent en position très élevée (1). L'inion de l'homme
est situé beaucoup plus bas, c'est-à-dire dans le voisinage de la
ligne vestibulaire horizontale. Les trous occipitaux sont vus
et situés différemment. Celui des carnassiers, dont le plan est
presque vertical, est vu en vraie grandeur et de face. Celui de
l'homme, presque horizontal, est vu de profil. Celui des anthro
poïdes, en position oblique.
Nous avons montré que ces changements de position étaient
la conséquence du mouvement de bascule de toute la région
occipitale autour d'un axe qui est l'axe vestibien. Le déplace
ment
subi par l'occipital depuis les carnassiers jusqu'à l'homme,
déplacement mesuré par la migration de l'inion, détermine un
véritable épanouissement de la voûte crânienne et il en résulte
la formation au milieu des os de la voûte d'un espace virtuell
ement
libre dont il importe d'étudier la forme et l'étendue d'abord,
et le mode d'occlusion ensuite.
1. L'hiatus.
Cette fente ouverte dans la voûte a la forme d'un « onglet
sphérique », volume limité sur une sphère par deux plans se
coupant sur un même diamètre. Le diamètre est ici l'axe vesti
bien (2) externe, la surface (3) de l'onglet correspond à la partie
de la voûte limitée par deux lignes courbes unissant les vestibions externes et les positions de l'inion des carnassiers et de
l'homme. Une mesure de l'angle des droites unissant les inions
au milieu de l'axe vestibien donne 70° environ. Nous avons insis
té
sur toute l'importance de ce hiatus et sur l'accroissement du
volume du crâne qui en est le résultat. •
La ligne courbe antérieure qui limite la fente est une ligne qui
représente la position occupée chez les carnassiers par la suture
pariéto-occipitale. Elle affecte chez ces animaux à peu près la
même forme que la suture coronale. On peut négliger la présence
de l'apophyse linguiforme du lambda qui, très variable suivant
les espèces, n'entre pas en jeu pour la constitution de la voûte du
crâne. Cette ligne courbe reportée sur le crâne humain occupe
une position que nous préciserons plus loin.
La lèvre postéro-inférieure de la fente correspond, sur la ligne
médiane, à l'inion, sur les côtés aux deux crêtes temporo-occipitales de Manouvrier encore appelées crêtes inio-mastoïdiennes
(1) Sur certains profils craniométriques, l'inion des carnassiers se trouve dans le
plan frontal passant par l'axe vestibien (fig. 2).
(2) C'est-à-dire l'axe vestibien prolongé de chaque côté jusqu'à la paroi externe
du crâne.
(3) Un exemple facile est celui de la surface extérieure d'un quartier d'orange.
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par Topinard. Notons ici que ces crêtes, continues chez les car
nassiers,
les singes et le Pithécantrope, sont brisées chez l'homme
et, de plus, leurs parties temporale et occipitale forment un
angle ouvert en avant et en bas, alors que, chez les animaux,
la ligne est rectiligne ou courbe à sinus ouvert en haut. Ces mod
ifications
sont la conséquence de la bascule de ce que nous
avons appelé l'entonnoir occipital. Le segment temporal de la
crête demeure fixe tandis que le segment occipital subit la rota
tion.
Au niveau de cette lèvre, virtuelle puisque l'hiatus est fermé,
se trouve sur la face endocranienne de l'écaillé : le pressoir
d'Hérophile et, de chaque côté, les sinus latéraux.
2. Son occlusion.
Cinq os ont participé à son occlusion : l'occipital, les pariétaux,
les temporaux. Par suite de la rotation, l'inion primitif (nous
désignons ainsi l'inion des carnassiers) et le bord supérieur de
l'occipital ont décrit, en s'abaissant, une courbe régulière et
tout se passe comme si des os d'origine membraneuse s'étaient
progressivement formés pour obturer l'espace laissé libre par la
descente de l'occipital.
C'est ainsi que le sus-occipital, d'origine membraneuse, a
prolongé l'écaillé de l'occipital, d'origine cartilagineuse ; les
deux parties de l'écaillé de l'homme, sus et sous-iniaque, ont en
effet un mode d'ossification différent. Ce développement, cette
extension du sus-occipital s'est effectuée de bas en haut. Les
pariétaux se sont étalés d'avant en arrière et de haut en bas en
sens inverse de l'occipital. L'écaillé a pénétré entre les pariétaux
et ainsi s'est formée la suture en forme de lambda (fig. 1).
Comme dans toute région soumise à un remaniement anatomique important, on trouve de nombreuses variations dans la
composition ou l'agencement des pièces osseuses qui obturent
l'hiatus. Notons l'indépendance des deux parties de l'écaillé
occipitale, le sus-occipital libre prenant le nom d'interpariétal.
Parfois la région lambdatique est isolée, c'est l'os épactal ou os
des Incas ; plus haut encore on peut rencontrer des os wormiens
et, entre les pariétaux, l'os obélique. Comme l'écrivait Ledouble
il y a 50 ans, ce sont des os « bouche- trou », et il ne pouvait
mieux dire sans en connaître la raison. Sur les côtés, les angles
postéro-supérieurs des pariétaux sont parfois séparés par une
incisure et, au niveau des astérions, on peut rencontrer des os
wormiens.
Enfin, les cornes droite et gauche de l'onglet sphérique sont
formées en bas par l'extrémité postérieure des écailles temporales.
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Ainsi les cinq pièces osseuses s'intriquent les unes les autres;
les deux pariétaux pénétrant entre l'occipital et les temporaux.
Le résultat définitif de l'ossification de ces os est la formation
d'une nouvelle partie de la voûte du crâne comprise chez l'hom
me
entre l'obélion (1) et l'inion. Pariétaux et occipital se par
tagent
à peu près chacun un tiers de cette surface d'onglet sphérique.
La paroi postérieure du crâne ou région de la nuque, véri
table attribut du crâne humain, se trouve dès lors formée dans
sa partie supérieure par l'onglet sphérique et dans sa partie infé-
norma posterior
I
V I profil
Fig. 1. — Norma posterior de crânes de chien, chimpanzé et homme, superposées
après réduction à une commune mesure de l'axe vestibien interne, orientation
commune suivant le plan vestibulaire horizontal et axes vestibiens confondus.
A droite, profils de l'arrière-crâne des mêmes animaux. Les lignes de rappel in
diquent
les positions réciproques des points craniométriques : Bch, Och, Ich,
basion, opisthion et inion de chien ; Ba..., chimpanzé ; B..., homme. En ha
chures,
l'hiatus ; Vi-Vi, axe vestibien interne ; Ve-Ve, axe vestibien externe ;
H H\ plan horizontal de la tête ; V V, plan frontal perpendiculaire au précédent
passant par C, trace de l'axe vestibien. Remarquer la migration du trou occipital,
le déplacement des inions.
Nota : chez les carnassiers l'absence de mastoïde rend les points Vi très proches
de la paroi osseuse.
rieure ou sous-iniaque par l'écaillé de l'occipital d'origine carti
lagineuse.
3. Résultats.
Une nouvelle région est donc née dans le crâne humain : la
région de la nuque ; aucune autre formation ne lui est compar
able, même chez les anthropoïdes. En effet, chez ces derniers
animaux, toute la boîte crânienne est située en avant d'un plan
(1) Voir plus loin.
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perpendiculaire au plan horizontal vestibien, tangent à Г opisШоп. Chez l'homme, au contraire, un tel plan détache une véri
table coupe située en arrière de ce plan ; cette coupe osseuse
nettement dégagée est la nuque qui déborde largement en arrière
le foramon magnum, et ce relief du crâne ne s'observe que chez
l'homme (fig. 3).
Par cette région nucale la forme du crâne humain diffère de
celle des animaux, par cette région également le crâne humain
acquiert le volume qui lui permet de loger un encéphale très dé
veloppé.
Il ne faut pas rechercher l'accroissement de volume du
crâne humain dans un changement de forme du crâne antérieur
mais dans l'adjonction au crâne animal de l'onglet sphérique
résultant de la bascule de l'arrière-crâne.
Le redressement du tronc et du cou en créant la nuque a,
dans une grande mesure, libéré le cerveau de la contrainte de
son étui osseux.
L'étude de cette région soulève en outre quelques points d'anatomie qui mériteraient plus de développements.
1° Quelle est la position de l'inion de l'homme par rapport au
plan vestibulaire horizontal ?
Fernando Perez (1) a appelé « rétro vestibion » le point le plus
postérieur du crâne situé dans ce plan. Il situe ce point en
moyenne à 27,6 mm. au-dessus de l'opisthion. Puis il établit
un rapport entre la longueur rétrovestibion-opisthion et la
- longueur opisthion-inion. Ce rapport est de 58 dans la race
mongolique, 54 dans la race éthiopienne, 51 dans la race océa
nique, 62 dans la race caucasique. Dans cette race donc, le rétrovestibion est le plus proche de l'inion, ce que l'on peut inter
préter comme une bascule plus marquée de la région occipitale.
2° Quel est le point le plus postérieur du crâne humain, sur
un crâne orienté évidemment ?
Sur un crâne orienté d'après le plan vestibulaire horizontal,
le point le plus postérieur ne peut être que l'inion. Ce point
décrit en effet une courbe et s'arrête dans le voisinage du plan
vestibulaire. A moins d'une déformation anormale de la région
sus-iniaque, c'est l'inion le point le plus postérieur et il est inu
tile de parler d'opisthocranion.
3° Le problème de la dolichocéphalie et de la brachycéphalie
mériterait d'être repensé en fonction de la bascule de l'arrièrecrâne et étudié en prenant comme base de mesures les coor
données
du crâne sur lesquelles nous avons insisté. Faut-il
considérer le crâne comme un ovale isolé dans l'espace, ou au
contraire étudier ses dimensions par rapport aux deux plans
(1) F. Perez. — Bull, et Mém. Soc. Anthrop. de Paris, 1922, p. 22.
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Fig. 2. — Profils craniométriques, obtenus par téléradiographie, de renard et de
chien, orientés suivant le plan H H1 des canaux semi-circulaires horizontaux, V
V\ trace du plan frontal passant par les axes vestibiens en С ; ВО, trou occi
pital ; /, inion.
Les basions et les inions se trouvent dans les deux plans perpendiculaires chez
ces animaux. L'épaisseur de l'occipital (en hachures) ne modifie pas les coordon
nées
de l'inion.
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proposés ? Cette dernière méthode permettrait, semble-t-il,
d'interpréter les indices céphaliques en y ajoutant des dimens
ions réelles ou centisémales ou encore des valeurs angulaires
précises.
4° Cette étude apporte-t-elle quelque lumière sur la proémi
nence occipitale si curieuse des Néanderthaliens que l'on ap
pelle
le chignon ?
Tout d'abord, il est certain que les crânes de Neanderthal ne
présentent pas une bascule complète de la région occipitale ;
cependant, en l'absence regrettable de toute détermination des
plans vestibulaires horizontaux chez les hommes fossiles, on
peut penser que cette forme si particulière est due à l'intersection
sur le profil crânien de deux courbes : l'une sous-iniaque moins
arrondie, plus droite, l'autre sus-iniaque, courbe représentant
la rotation inachevée de l'inion des Néanderthaliens.
5° Enfin, la bascule incomplète du crâne chez les Anthropoïdes
et les hommes fossiles détermine une participation plus impor
tante de la région sous-iniaque dans la constitution de la nuque.
La loge cérébelleuse et le cervelet débordent en arrière la loge
cérébrale postérieure et les lobes occipitaux.
4. Obélion et inion.
Sur le crâne humain, où doit-on tracer la limite antéro-supérieure de l'onglet ? Où se trouve la position sur ce crâne de l'inion
des carnassiers ? Doit-on situer la position de la lèvre supé
rieure
de l'hiatus à l'obélion ? Nous sommes très fortement
tentés de le faire.
Nous sommes certainement demeurés en dessous de la vérité
en situant l'inion des carnassiers sur les dessins d'un travail
antérieur (1). On peut s'en assurer sur les profils craniométriques
d'un chien et d'un renard obtenus tous les deux par téléradio
graphieaprès section sagittale du crâne, la tranche de section
étant placée sur la plaque radiographique. Sur ces tracés, l'inion
se trouve sur une ligne passant par l'axe vestibien et perpendic
ulaireà la ligne vestibulaire horizontale (fig. 2). Or, c'est dans
le voisinage de cette ligne verticale que se trouve, chez l'homme ,
l'obélion.
Sans doute ces deux points ne se trouvent pas exactement
au même niveau horizontal, mais il ne faut pas oublier qu'un
certain mouvement de gonflement général du crâne s'est ajouté
au mouvement si important de bascule de l'entonnoir occipital.
Ceci complique l'analyse des mouvements des points cranio(1) Delattre et Daele, loc. cit.
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métriques et en particulier de l'inion, mais ne doit nullement
faire rejeter la proposition que nous énonçons plus haut.
Les anthropologistes se sont intéressés depuis longtemps à la
signification de l'obélion et de la région obélique, mais ils n'ont
pu l'élucider. Broca avait signalé sa position constante, la len-
Br
Fig. 3. — Profils craniométriques latéraux de chien, chimpanzé et homme. Mêmes
dispositions que dans les schémas précédents. Remarquer le point commun
frontal unique et la bascule occipitale.
teur, la difficulté avec laquelle s'ossifie le pariétal dans la région
de l'obélion et la faiblesse et la raréfaction du tissu osseux dans
cette région arrivée à son parfait développement (1). Pour lui
et pour Augier, « la fontanelle obélique, l'incisure sagittale et les
trous pariétaux sont des faits de même ordre » (2). Pour expli(1) Cité par Le Double (A. F.). — Traité des variations des os du crâne de
VHomme, Paris, Vigot, 1903, p. 121.
(2) Ibid., p. 113.
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société d'anthropologie de paris
quer ces faits, une origine pathologique a été invoquée. Elle ne
peut se soutenir, mais il faut retenir toutefois que dans cette
région de l'hiatus se rencontrent avec élection les méningocèles occipitales. îl y a donc là un point faible du crâne.
Pour certains auteurs il s'agirait du reliquat de la tentative
de traversée crânienne de Г œil pinéal. Cette hypothèse ne peut
également être maintenue car les primates sont trop éloignés
des reptiles pour qu'un vestige anatomique d'un organe dispa
ru
depuis longtemps dans la série des vertébrés se manifeste
uniquement chez eux (Le Double). En effet, les trous pariétaux
qui fixent la position de l'obélion font défaut chez tous les ron
geurs,
les carnassiers, les singes et sont rares chez les anthropoïd
es.
Par ailleurs, si ces vestiges existaient, leur situation devrait
être recherchée beaucoup plus en avant.
Pour nous, l'obélion est l'inion primitif ; il représente l'endroit
du crâne où s'est produit au cours de l'évolution le « décrochage »
de la partie occipitale de la voûte du crâne. A partir de lui, la
région que nous avons nommée l'entonnoir occipital a commencé
son mouvement de rotation autour de l'axe vestibien. Un écartement s'est créé virtuellement entre les os de la voûte comme
nous l'avons expliqué, et son point de départ peut être fixé à
l'obélion.
Mais existe-t-il quelques témoins, quelques vestiges de cet
emplacement de l'inion primitif ? Il faut les rechercher sur la
face endocranienne de la voûte. Sur la ligne sagittale court le
sinus longitudinal supérieur qui se jette au niveau de l'inion dans
le torcular ou pressoir d'Hérophile. Tandis que la voûte crânienne
postérieure accomplissait son mouvement, le sinus longitudinal
le suivait en s'allongeant comme un fleuve allonge son cours
par avance de son embouchure. Mais les veines affluentes gar
dent toujours l'emplacement de leur confluent avec le tronc
principal. Elles demeurent les témoins de la situation du pres
soir d'Hérophile et des sinus qui s'y ouvrent. Ces vaisseaux sont
les veines de Trolard et de Labbé, les veines émissaires de Santorini.
Signalons ici également que, par les trous pariétaux, passe,
outre les veines émissaires de Santorini, une branche de l'artère
occipitale. On peut voir dans l'origine occipitale de cette artère
un nouvel indice favorable à la thèse que nous présentons.
Enfin, les veines cérébrales postérieures gardant leur attache
au sinus longitudinal supérieur ont leur tronc progressivement
attiré en arrière et en bas et forment avec le sinus un angle aigu
ouvert en arrière.
Telles sont les raisons d'ordre architectural crânien et les
indices vestigiaux qui nous incitent à confondre l'obélion avec
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l'inion primitif. Ce point aurait dès lors une très grande impor
tance tant pour l'orientation du crâne que comme point de
départ des transformations qu'il a subies. Nous pensons pou
voir dire en terminant que l'étude de la région postérieure du
crâne est au moins aussi intéressante que l'étude de la région
antérieure et qu'elle doit être menée parallèlement avec celle
des transformations de la base qui la commande directement.