l`économie du couple
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l`économie du couple
a Ciném garanti sans 3D www.cinemas-utopia.org • Impasse du Château 31170 Tournefeuille • Cinéma 05 34 57 49 45 • Bistrot 05 34 51 88 10 L’ÉCONOMIE DU COUPLE Joachim LAFOSSE Belgique/France 2016 1h40 avec Bérénice Bejo, Cédric Khan, Marthe Keller, Jade et Margaux Soentjens… Scénario de Mazarine Pingeot, Fanny Burdino, Joachim Lafosse et Thomas Van Suylen « Autrefois, on savait réparer. On réparait les chaussettes, les frigidaires… maintenant on jette. Dès qu'il y a un problème, on jette. C'est pareil dans un couple : plus de désir, on jette. » dit la mère à sa fille. Autre temps, autres mœurs… autre façon de concevoir la vie de couple. Entre Marie et Boris, on voit bien que l'histoire a été forte et intense. Mais après quinze ans, la belle relation est en train d'imploser, les cœurs sont à vifs, les mots violents et les adorables jumelles, prises dans le tourbillon de querelles qui n'en finissent pas de suinter No 228 Du 20 juillet au 23 août 2016 / Entrée: 7€ / (séance sur fond gris dans les grilles : 4€) / Abonnement: 50€ les 10 places l'amour passé, ont le cœur tout écartillé entre deux combattants qu'elles aiment autant l'un que l'autre, témoins involontaires d'un conflit dont elles ne pigent pas tout. Ils se sont aimés, c'est sûr, ça se sent, dans chaque objet d'une maison qu'ils ont fabriquée ensemble pour abriter un bonheur qui leur file désormais entre les doigts. Mais quand vient le moment des comptes, aucun ne veut rien lâcher de ce qu'il pense avoir apporté et les petites choses matérielles deviennent l'expression visible de sentiments refoulés, de contentieux inavoués. Ich liebe dich, ich töte dich… C'est elle qui reste, c'est lui qui doit partir : elle l'a décidé ainsi, ne supporte plus de l'avoir dans les pattes, tout ce qu'elle adorait chez lui jadis est désormais objet de répulsion : son odeur, ses bras puissants, sa vitalité ombrageuse. Lui aimerait rester, et d'ailleurs comment partir ? Sans travail fixe, sans moyens pour trouver un logement ailleurs… Il va falloir cohabiter un moment, et ça devient difficile. La maison, c'est elle qui l'a achetée, elle avait l'argent, grâce à sa famille. Lui avait la force, les bras, le savoir faire qui lui a permis de faire les travaux. Mais au moment des comptes, le travail, aux yeux de Marie, pèse peu de poids en rapport de l'argent qu'elle a apporté. C'est une histoire trempée dans l'air du temps et si les femmes se sont émancipées et n'hésitent plus à remettre leur couple en cause, il n'est toujours pas bien vu qu'une femme gagne plus qu'un homme et le capital est toujours plus respecté que le travail. Quel que soit le camp dans lequel on se trouve, c'est un sujet d'humiliation pour l'homme et un moyen de réprobation pour la femme… La mère de Marie (superbe Marthe Keller) cherche à temporiser, à concilier, plaidant l'indulgence et une répartition équitable, mais dans ces histoires-là il est difficile pour les belligérants de faire la part des choses, de reconnaître la contribution de l'autre. « J'ai tout payé depuis le début » s'énerve Marie. Boris plaide son investissement physique, « j'y ai laissé mes mains, ma sueur, mon amour »… Humilié de s'entendre traiter de « pauvre » devant ses deux gamines, il tente de leur dire que la vraie richesse est ailleurs… Dans ce chaos tumultueux, surgit pourtant un moment de formidable grâce, une danse, une chanson où tout le monde baisse les armes, une accalmie bienfaisante où on mesure, bouleversé, tout ce que leur relation a pu nourrir de bonheur, de tendresse. Il faudra bien, une fois la tempête passée, que vienne le temps de l'apaisement, il faudra bien arriver à faire la part des choses, il faudra bien que la vie, l'amour, d'une façon ou d'une autre, continuent… et c'est tant mieux. C'est un film magnifique, écrit à plusieurs mains et autant de sensibilités, impliquant également les comédiens qui ont eu leur mot à dire, modifiant parfois leur texte pour se l'approprier, et le rendu final est saisissant : il y a quelque chose de profond et de fort qui tient sans doute au vécu de chacun, à la connivence qui s'est établie au cours du tournage et leur a permis d'appréhender de l'intérieur des personnages qui immédiatement nous parlent, nous concernent, nous touchent durablement. Bérénice Béjo et Cédrik Khan sont impressionnants de justesse et d'intensité. Les gamines jumelles sont épatantes, peu préparées à ce genre d'exercice, sans texte particulier à dire, mais travaillant avec l'équipe jusqu'à répéter quarante fois la même scène sans s'énerver pour autant, elles sont époustouflantes, touchantes et discrètes, spectatrices impuissantes d'un amour qui se défait et dont elles sont un des enjeux. Graphisme : Bibliothèque de toulouse – crédits : zenina / fotolia.com L’ÉCONOMIE DU COUPLE Du 19 juillet au 28 août, la bibliothèque prend ses quartiers d’été à Toulouse Plages. Venez bouquiner, lézarder sous les parasols… et participez aux animations. BiBliothèque de toulouse www.bibliotheque.toulouse.fr TRUMAN Cesc GAY Espagne 2015 1h46 VOSTF avec Ricardo Darin, Javier Camara, Dolores Fonzi, Eduard Fernandez, Alex Brendemühl… Scénario de Cesc Gay et Tomas Aragay Truman, c'est un grand rouquin au museau sombre et au regard expressif, un clébard haut sur pattes plus humble et moins contrariant qu'un humain. Un de ceux qui semblent tout capter en un clin d'œil et qui, avec un simple soupir qui vise juste, vous remettent à votre place. S'il n'est pas le centre de l'histoire, il n'en est pas moins un enjeu et surtout un des éléments tendres et comiques qui la parsèment de respirations jubilatoires, de moments de grâce. Il est l'œil attentif qui suit chacun des gestes des hommes, semble les inciter à rester légers, à prendre le recul nécessaire face aux embûches de la vie. C'est sans doute pour cela que Julian (le follement séduisant et charismatique Ricardo Darin) le considère comme un véritable compagnon de vie. Inséparables comme les éléments d'un vieux couple qui n'auraient plus besoin de se parler pour se comprendre. Julian n'est pourtant pas un ermite misanthrope : aimer son chien ne l'empêche pas d'aimer les gens. Ici, à Madrid, il est entouré de potes fidèles, surtout son amie et ex-amoureuse Paula qui veille à distance, s'inquiète, solidaire, toujours prête à se rendre disponible où et quand il le faut. Et comme tous ceux qui veulent le bien des autres, parfois, elle sait ne pas ou ne veut plus écouter Julian, prête à se battre comme une louve pour le protéger, fut-ce à son corps défendant. C'est ainsi que, sur un appel pressant de Paula, tout droit venu du lointain Québec et d'un lointain passé, débarque Tomas (Javier Camara, bien sûr impeccable) avec pour mission secrète d'infléchir une décision importante que doit prendre son vieil ami Julian… Les retrouvailles sont belles. Ni les années ni les océans qui les ont séparés ne semblent avoir ébranlé les fondements profonds d'une telle camaraderie. À travers les silences, les boutades, les provocations sans complaisance, transpirent un respect immense, une complicité qui fe- rait rêver tout le monde, sauf Truman, lequel ne voit pas d'un bon œil l'intrusion de cet inconnu qui perturbe son intimité avec son maître. Truman qui fait donc un peu la gueule à Tomas qui le lui rend bien. Et c'est fichtrement cocasse de voir le manège de ces deux-là dont le seul point commun semble être Julian… Mais tout cela, dans le fond, n'est qu'une trame au second plan pour aller à l'essentiel, au cœur de nos humanités. Les véritables personnages de l'histoire, ce sont tous ces sentiments qui la traversent, la bouleversent. Nos peurs face à l'inconnu, à l'incompréhensible. L'acceptation des choix de ceux qu'on aimerait pouvoir garder toujours à nos côtés. La grande classe de ces amitiés profondes, indéfectibles, où l'on finit par prendre l'autre tel qu'il est sans rien attendre en retour. Il fallait des êtres beaux, dignes, subtils, pleins d'humour pour parler de choses aussi profondes sans lourdeurs, sans fioritures superflues. Voilà deux grands acteurs réunis pour la première fois (ils étaient tous les deux au générique du précédent film de Cesc Gay, Les Hommes, de quoi parlent-ils ?, mais ils n'avaient aucune scène en commun). Et c'est du pur bonheur ! Chers cousins de l'American Cosmograph… Je vous écris devant mon petit café du petit matin à la terrasse ombragée du ciné de Tournefeuille… Lucia a encore pondu de nouveaux tableaux, Raph nous a présenté son bébé tout neuf… Pas grand monde ne vient voir l'épatant Sur quel pied danser : trop de soleil, trop de foot… Foutu soleil ! Insupportable foot ! Ce petit pot du 15 Juin, où on vous a remis sur un petit coussin brodé les clefs d'Utopia Toulouse était un vrai bonheur, les spectateurs étaient émus et le petit St Emilion 83 acheté aux enchères pour l'occase avait émoustillé nos banquiers préférés (le Crédit Coopératif) et last but not least, pour la première fois depuis l'ouverture d'Utopia à Toulouse, on a pu voir l'aimable adjoint à la culture de Toulouse et Catherine Blanc, déléguée (entre autres) aux tournages de films, trinquer avec Utopia : il faut dire que tous deux sont cinéphiles. La chose mérite d'être soulignée puisqu'en 23 ans, c'est la première fois que des élus toulousains nous gratifient de leur intérêt bienveillant… Un grand moment vous dis-je ! Quoi de plus pour être heureux ? C'est donc parti : depuis ce jour-là vous avez saisi la barre, un peu stressés mais avec bonheur, et votre Cosmo est en train de trouver son allure de croisière. Ici les questions n'arrêtent pas : mais oui ! vos abonnements à Utopia et ceux du Cosmo sont toujours valables dans les deux lieux et aussi dans les Utopia Avignon, Bordeaux, Montpellier… Mais oui, la concertation continue, oui, on organisera plein de soirées chouettes ensemble, et les associations trouveront dans les deux lieux la même oreille attentive que toujours… Oui certains films continuent à passer en tandem, la preuve : L'Economie du couple est en première page de la gazette ainsi que Fargo… et avec les sous qu'il nous reste de la cession (après prélèvements divers), on va pouvoir faire quelques travaux à Tournefeuille, réorganiser l'accueil, améliorer un peu, faire évoluer le bistrot, agrandir… Voilà, chers cousins… on se voit un peu moins souvent, mais le cœur y est et on n'est pas inquiets : ce petit ciné est en bonne mains et on sait que les spectateurs seront là pour vous prêter main forte. On vous embrasse… Utopia Tournefeuille. Bernard, Jean-Pierre, Loïc et Yamann, militants de BDS (Boycott- Désinvestissement – Sanctions) étaient convoqués devant le tribunal correctionnel de Toulouse le jeudi 30 juin. Il y avait du monde venu de toutes les régions de France, des stands, de quoi manger et de quoi boire sur les allées devant le Palais de Justice... et quelques cars de CRS pour contenir ce rassemblement pacifiste et joyeux. Des messages de soutien arrivaient de France mais aussi d'autres pays, des personnalités, des associations... Les 4 prévenus sont poursuivis au départ pour « entrave à l'exercice normal d'une activité économique » par la LICRA et le BNVCA . Une nouvelle accusation, pour les mêmes faits, est arrivée récemment, initiée celle-là par France Israël et Avocats sans frontières : « incitation à la discrimination... liée à une nation ». Les faits reprochés aux convoqués : avoir distribué des tracts devant deux grands magasins de Toulouse. Pour la première fois dans un procès contre le mouvement BDS et à la dernière minute, le CRIF de Toulouse est venu prêter main forte aux plaignants précédents, mais tout ce monde n'avait pas de conclusions à produire, faute d'avoir eu le temps d'y travailler. Déjà reporté lors de la première audience le 9 décembre dernier, le procès est renvoyé une nouvelle fois au 22 septembre... Rassemblement prévu le jeudi 22 septembre à 13h devant le tribunal de Toulouse Le CRIF et le gouvernement français relaient la stratégie de l'Etat d'Israël dans sa campagne de diffamation et d'intimidation contre le mouvement BDS, considéré comme une « menace stratégique »... Mais ils sont de plus en plus nombreux ceux qui voient dans ces pressions une atteinte délibérée contre la liberté d'expression et loin d'affaiblir le mouvement, elles renforcent la solidarité active de tous ceux qui y sont attachés... Inspiré par la lutte contre l'apartheid en Afrique du Sud et par le mouvement américain pour les droits civils, lancé il y a onze ans comme moyen non violent et efficace pour soutenir la lutte du peuple palestinien pour ses droits, le mouvement mondial de boycott continue sa progression. Pour en savoir plus : www.bdsfrance.org www.ujfp.org • www.ldh-france.org Florence Foster Jenkins Stephen FREARS Angleterre 1h50 VOSTF avec Meryl Streep, Hugh Grant, Simon Helberg, John Cavanagh, Rebecca Ferguson, Nina Arianda… Scénario de Nicholas Martin Pour apprécier à sa juste valeur le nouveau film de Stephen Frears, il faudra en oublier un autre, celui de Xavier Giannoli. Oublier Marguerite… enfin, pas vraiment l’oublier complètement… mais plutôt accepter de se laisser raconter sensiblement la même histoire d’une tout autre manière. Il est peut-être dommage que quelques mois seulement séparent les deux opus, mais il serait encore plus dommage de vous priver de l’interprétation émouvante et grandiose de Meryl Streep dans le rôle de Florence Foster Jenkins. Le paragraphe précédent ne concerne évidemment pas celles et ceux qui n’ont pas vu Marguerite avec l’également superbe Catherine Frot, et qui découvriront donc Florence Foster Jenkins avec des yeux et des oreilles tout neufs. Le film de Stephen Frears est un portrait fidèle de la chanteuse soprano améri- caine, célèbre dans le monde entier… pour son manque total de rythme, sa prononciation aberrante et d’une manière générale son incapacité à chanter juste ou à tenir une note ! En dépit d’une éducation musicale complète comme la grande bourgeoisie américaine savait la prodiguer à la fin du xixe siècle, et malgré un intérêt frisant l’addiction pour la musique avec laquelle elle vivait presque nuit et jour, il faut bien le dire tout net : Florence chantait comme une casserole. Le film ne s’attache qu’aux derniers mois de son existence : Florence est déjà la fameuse fondatrice et bienfaitrice du Club Verdi, qu’elle finance généreusement. Elle aime par dessus tout organiser des récitals dont le clou est l’arrivée spectaculaire sur scène de sa propre personne dans des tenues extravagantes – traduisez : la plupart du temps totalement ridicules – dont la chronique raconte qu’elle les dessinait et confectionnait elle-même. Mais Florence est aussi une vieille dame à la santé sur le déclin qui tente par tous les moyens de se rattacher au sel de sa vie : la musique. Son dernier rêve, sa dernière folie : se produire sur la glorieuse scène du Carnegie Hall de New-York. La beauté du personnage, ce qui en fait un être bouleversant de candeur et de fragilité, c’est que jamais Florence n’a failli dans la foi qu’elle portait en son talent de soprano. Etait-ce son rêve d’enfant qu’elle ne voulut jamais lâcher, même à 70 ans passés, ou bien une manière de côtoyer au plus près des étoiles les âmes des plus grands compositeurs ? Sous la direction alerte d’un Stephen Frears très en forme, Florence Foster Jenkins avance au rythme joyeux de la comédie, enlevée par une Meryl Streep magnifique et touchante, qui se garde de tout cabotinage, entourée d’une kyrielle de personnages secondaires tous plus attachants les uns que les autres : le mari dévoué corps et âme menant double vie, le pianiste tiraillé entre la peur du ridicule et la soif de reconnaissance, et quelques personnages à la zazou, hauts en couleurs, qui annoncent la fin d’une époque, celle de Florence, et l’avènement d’une autre, dont la bande son fera une grande place au jazz. Florence Foster Jenkins, le film qui chante faux mais qui touche juste ! Formules de 12 à 17€ Tout à volonté et végétarien : salades, soupe, tartes salées, plat du jour, desserts... 05 61 22 49 25 Ouvert 7 jours/7, 365 jours/an 2 bis, rue du Puits Vert www.lafaimdesharicots.fr Les rendez-vous de l’été UN M USÉE EN NOCTURNE T OUS LES MERCREDIS Profitez des heures plus fraîches pour découvrir la mise en scène de Jorge Pardo* de la salle des sculptures romanes, voir ou revoir les collections et flâner dans le cloître jusqu’à 21h. À 18h30, une visite commentée vous est proposée, suivie à 20h d’un petit concert d’orgue (gratuit sur présentation du billet d’entrée). *Œuvre produite dans le cadre du Printemps de Septembre 2014. UN M USÉE GRATUIT POUR TOUS L E S P REMIERS DIMANCHES DU M OIS L’entrée au musée des Augustins est gratuite pour tous ces jours-là. Les autres jours de l’année l’entrée aux collections reste libre pour les moins de 18 ans et les étudiants. E N É T É, PLUS DE VISITES C OM MENTÉES Autour des collections du musée les conférenciers de la ville vous proposent des visites en français les mercredis à 18h30, les samedis et dimanches à 14h30 (sauf 1er dimanche du mois) et sur des thèmes variés. Quelques visites en anglais et en espagnol sont aussi programmées. :: Voir programme sur www.augustins.org Les rendez-vous pour les plus petits EN JUILLET-AOÛT Les ateliers Aventuriers de l’art et les Visites explorations du musée pour les enfants à partir de 4 ans. :: Voir programme sur www.augustins.org DES CONTES POUR TOUS Dimanche 28 août à 16h Jean-Yves Pagès vous emmène pour un parcours conté autour du cloître et des œuvres. ET TOUJOURS UNE VISITE EN FAMILLE LE PREMIER DIMANC H E DU MOIS Dimanche 7 août à 11h Ouverte à tous les publics, elle est animée par les conférenciers de la ville. Le musée donne d’autres rendez-vous à tous, petits et grands ou en famille. Voir notre agenda sur www.augustins.org ou à l’accueil du musée au 05 61 22 21 82 Abonnez-vous à notre e.lettre mensuelle sur augustins.org 21, RUE DE METZ 31000 TOULOUSE TÉL 05 61 22 21 82 Métro Esquirol www.augustins.org Love & Friendship Écrit et réalisé par Whit STILLMAN Irlande 2015 1h32 VOSTF avec Kate Beckinsale, Chloë Sevigny, Xavier Samuel, Emma Greenwell, Justin Edwards, Stephen Fry, Jemma Redgrave… Librement adapté de Lady Susan, roman épistolaire de Jane Austen. Les amateurs de Jane Austen seront peut-être un peu décontenancés par ce film sulfureux et jubilatoire. On connait et on admire cette figure tutélaire de la littérature britannique, prématurément disparue à l’aube de la quarantaine, qui, en quelques livres emblématiques, a imposé son style fait d’humour brillant et de satire sociale élégante, jamais excessive, croquant avec saveur ses contemporains et notamment les femmes de la gentry ou de l’aristocratie soucieuses d’assurer leur rang envers et souvent contre leurs sentiments. Les récentes adaptatations de Jane Austen au cinéma, c’était du classique cousu main : Orgueil et préjugés de Joe Wright, Raison et sentiments d’Ang Lee... Le beaucoup moins classique Whit Stillman est allé chercher un court roman épistolaire de jeunesse, Lady Susan, œuvre d’une liberté de ton décapante, étonnant portrait d’une femme forte et manipulatrice, parfaitement dénuée de scrupules, prête à tout pour tenir le haut du pavé dans un monde fait par et pour les hommes dans lequel la femme doit se contenter d’être mère et épouse soumise, et accepter de perdre tous ses droits à partir du moment où elle se retrouve seule. Un petit roman qui fit d’autant plus sensation que, probablement écrit en 1794 – Jane Austen n’avait même pas vingt ans –, il ne fut publié qu’en 1871, en pleine Angleterre victorienne, pudibonde à l’extrême. Au coeur de l’intrigue, Lady Susan Vernon, jeune veuve dans une situation financière délicate, mère d’une fille de seize ans qui l’indiffère, en quête d’un point de chute confortable et prête à intriguer jusqu’au bout pour arriver à ses fins. Elle est accompagnée dans ses aventures par sa confidente, Alicia Johnson, une jeune Américaine qui craint plus que tout le retour vers sa rustre terre natale. Lady Susan a de toute évidence séduit le pourtant marié Lord Manwaring et, pour éviter le scandale, doit se réfugier chez sa belle-soeur Catherine dont elle ne va pas tarder à « allumer » le jeune frère, le joli Reginald. Dans le même temps, Sir James Martin, aristocrate stupide mais riche, attend en embuscade pour courtiser les Vernon mère et fille... Love and friendship est une satire impitoyable et délicieuse, une comédie implacable où les Pères et les Mères la morale sont les dindons de la farce, dépassés par les entreprises pleines de malice d’un duo de femmes entreprenantes. Le plus réjouissant, c’est que, malgré l’amoralité de leur démarche (Susan utilise quand même le destin de sa propre fille adolescente dans son unique intérêt), on ne peut qu’avoir de l’empathie pour elles et en particulier pour cette redoutable et très drôle Lady Vernon, alter ego féminine du vicomte de Valmont dans Les Liaisons Dangereuses. Paradoxe également réjouissant, c’est Whit Stillman, cinéaste éminemment new yorkais, qui se révèle l’homme de la situation pour réussir à la perfection ce film so british, entrelacs d’intrigues aux dialogues littéraires et à l’humour féroce. Un film drôle, acide, plastiquement très beau, qui restitue magnifiquement l’architecture des petits châteaux du xviiie siècle disséminés dans la région de Dublin où a eu lieu le tournage, un petit bijou merveilleusement ciselé et interprété, mention spéciale au duo Kate Beckinsale – Chloé Sevigny. Progreso Marin est parti… C'est un poète, un écrivain, un militant, un spectateur d'Utopia, un chouette bonhomme. Il était à l'initiative de la longue résistance à l'implantation du gigantesque et dévastateur projet Val Tolosa, sur le Plateau de la Menude (Gardarem la Menude !) Toulousain, issu de parents ayant fui l'Espagne franquiste, il a beaucoup écrit, beaucoup témoigné sur les traumatismes de l'exil et sur la vie qui continue et finit par s'enraciner ailleurs… ses ouvrages restent, vous pouvez les trouver aux éditions Loubatières. « comme un peintre, j'essaie dans ces destins fabuleux d'anonymes de prendre ce qui est essentiel, et de témoigner de cette formidable lutte pour la liberté et les raisonnances que ça a pu avoir sur les individus et sur leurs enfants… » Dolorès, une vie pour la liberté Exil – témoignages sur la guerre d'Espagne, les camps et la résistance au franquisme - 1936, luttes sociales dans le midi (avec Violette Marcos) Exilés espagnols, Mémoire à Vif… il y a aussi ses articles (surtout dans l'en-je lacanien) il y a ses poèmes… on n'est pas près d'oublier ses interventions à Utopia et on garde précieusement l'image de ce militant inépuisable, chaleureux et obstiné… www.gardaremlamenude.com LA NOUVELLE VIE DE PAUL SNEIJDER Thomas VINCENT France/Québec 2016 1h54 avec Thierry Lhermitte, Géraldine Pailhas, Guillaume Cyr, Pierre Curzi, Gabriel Sabourin, Hugo Dubé… Scénario de Thomas Vincent et Yaël Cojot-Goldberg, d’après le roman de Jean-Paul Dubois, Le Cas Sneijder (L'Olivier et Points Seuil) On ne peut pas vraiment dire que son épouse montréalaise lui soit d’un grand secours. La période de tendresse compatissante est de courte durée et elle est déjà dans l’instant d’après. Celui du procès, qui pourrait les mettre à l’abri de tout souci financier et offrir à leurs deux garçons la chance d’intégrer les meilleures Business Schools des States. Avant Paul Sneijder avait une vie. Il en avait même eu deux. Une première en France, puis un divorce, puis un remariage au Québec. Paul Sneijder est aujourd'hui un homme en mille morceaux car sa grande fille, celle qu’il avait laissée en France et qui a grandi sans lui, vient de mourir. Un accident. Absurde, impensable, un accident défiant toutes les lois des statistiques et des probabilités. Un accident auquel il a lui-même survécu par miracle – pourquoi moi, pourquoi pas elle ? –, qui le laisse bancal sur ses deux jambes et bancal dans son existence, dans un entre deux déroutant, à mi chemin entre la stupeur et le deuil, entre l’envie de sombrer et celle de s’accrocher. S’accrocher d’accord, mais à qui ? À quoi ? Mais l’accident a provoqué chez Paul comme un éclat magique de lucidité et il veut prendre son temps, le temps du doute et de l’errance, le temps du chagrin. Il veut écouter la petite voix qui lui murmure l’absurdité de tout cela… La nouvelle vie de Paul Sneijder, c’est celle qu’il va oser choisir sans l'avoir préméditée : quitter son boulot de cadre supérieur et promener des chiens dans un Montréal majestueux et blanc de neige. Une longue promenade existentielle comme les prémisses de sa guérison, de ses retrouvailles avec le sel de la vie. Thierry Lhermitte est magnifique. Le Québec enneigé aussi. Le film est formidable. IRRÉPROCHABLE Écrit et réalisé par Sébastien MARNIER France 2016 1h43 avec Marina Foïs, Jérémie Elkaïm, Joséphine Japy, Benjamin Biolay, Jean-Luc Vincent… Scénario de Sébastien Marnier et Samuel Doux Porté de bout en bout par Marina Foïs, une comédienne qui n’en finit décidément pas de nous surprendre, Irréprochable vibre d'une tension digne des meilleurs thrillers. Noir, ce film l’est sans doute, non pas tant par la trame de son récit, qui tient plus du drame psychologique – pour celles et ceux qui aiment les cases –, mais plutôt par la sensation inquiétante – euphémisme – qui émane de son personnage principal. En cela, voilà un film qui parvient parfaitement à rendre palpables les contradictions et les tourments d’un être en perdition : entendre par « en perdition » quelqu’un qui se noie et cherche coûte que coûte une bouée de sauvetage pour ne pas sombrer. Tour à tour pathétique, irritante, cabossée, menaçante mais aussi sensuelle, émouvante, enfantine, on n'est pas près d’oublier Constance. C’est le genre de rencontre qui colle à la mémoire du spectateur… qui colle comme la poisse, un mauvais rêve ou bien le souvenir tenace d’une rencontre particulière, où rien ne semble jamais définitif, ni pour le meilleur ni pour le pire. Constance a perdu l’essentiel de sa vie : son boulot. Elle a perdu aussi, par effet domino : un toit, une vie sociale, un statut, une histoire à raconter aux autres, la sienne. Mais Constance, si elle n’a plus de ressources, a beaucoup de répartie et la volonté farouche, presque obsessionnelle, de rebondir. Paris, la ville qu’elle a cru conquérir voilà quelques années en quittant sa province natale, l’a aujourd’hui recrachée comme un vulgaire déchet. Plus rentable, plus productive, plus intéressante, plus bonne à rien, Constance. Alors elle va faire le chemin à l’envers, revenir aux sources, dans la petite ville où elle a grandi, où sa mère vit encore, où elle a connu ses premiers amours, son premier emploi… La ville qu'il n'y a pas si longtemps elle a voulu fuir. Constance est persuadée que l’agence immobilière où elle travaillait avant est prête à la reprendre. Quelle équipe ne voudrait pas dans ses rangs d’une professionnelle formée sur le marché parisien ? Mais on comprend assez vite que la réalité de Constance n’est pas tout à fait conforme à celle du monde qui l’entoure. On comprend vite que Constance n’est pas tout à fait conforme à l’image de la quarantenaire cool, sportive et détendue qu’elle veut renvoyer aux autres. On comprend aussi que Constance est un être tendu comme un arc prêt à lancer sa flèche assassine. On comprend que Constance cherche désespérément sa bouée de secours. Un emploi. Un corps pour exulter. Une mère malade à qui parler. Un confident du passé pour s’épancher. On comprend qu’irréprochable n’est pas vraiment le qualificatif qui la définira le mieux… Sans rien révéler du suspense qui va faire vibrer cette histoire où se mélangent âprement l’humour et le désespoir, la quête de reconnaissance sociale et la folie discrète qui fait son nid en douce au cœur des âmes fragiles, Irréprochable peut aussi se voir comme une fable sans illusion sur notre monde… Un monde cruel où le travail est devenu une denrée rare et précieuse et où la relation à l'autre, si facile dans l'omniprésente et trompeuse sphère virtuelle, est douloureuse et compliquée dans la lumière crue de la vraie vie. L’OLIVIER Iciar BOLLAIN Espagne 2016 1h40 VOSTF avec Anna Castillo, Javier Gutierrez, Maria Romero, Pep Ambros, Miguel Angel Aladren… Scénario de Paul Laverty Alma est une jeune fille impulsive, farceuse, débordante d'affection pour une brochette de cousins, oncles, copines qui le lui rendent bien, subjugués par sa vitalité insupportable qui leur ferait gober n'importe lequel de ses fantaisistes caprices. Mais par dessus tout elle est attachée à son grand père, complice de ses plus beaux moments d'enfance. Un grand père qui avait du temps pour elle et lui a transfusé sa passion pour sa terre, ses oliviers, son histoire où chaque geste était chargé de valeurs et de sens, tandis que son père et ses oncles, inquiets pour leur avenir dans une Espagne en difficulté, se sont laissés hypnotiser par les sirènes d'un libéralisme qui leur promettait modernité et prospérité économique : ils ont ainsi vendu le plus vieux des vieux oliviers du champ familial et gèrent au bout du compte un élevage industriel de poulets… Depuis, le grand père s'est enfermé dans un mutisme total, refusant de manger, se laissant mourir, comme si en arrachant de son champ ce morceau d'éternité, on avait rompu la chaîne de valeurs qui le retenait à la vie. Complètement perdu, il ne s'intéresse plus à rien et s'échappe régulièrement, sans avertir personne, pour venir rajouter une pierre au petit tas qui s'accumule à l'emplacement douloureusement vide de l'olivier. Voyant son grand père dépérir, Alma se met en tête de trouver l'endroit où cet olivier de deux mille ans a été transporté, persuadée que la seule chose qui peut redonner à son grand père sa joie de vivre, c'est d'arracher l'arbre du hall du siège social de glace, d'alu et de béton de la multinationale qui en a fait son emblème pour se donner bonne image et faire oublier qu'elle pourrit, par ailleurs, la planète par ses activités. Elle va embarquer copines, copains, tontons et relations tissées sur internet dans une histoire complètement folle et improbable, qui va les amener à Dusseldorf et qui raconte plein de choses sur le monde tel qu'il va… L’EFFET AQUATIQUE Écrit et réalisé par Solveig ANSPACH avec la collaboration de Jean-Luc GAGET France 2016 1h23 avec Florence Loiret Caille, Samir Guesmi, Didda Jonsdottir, Philippe Rebbot, Esteban, Olivia Côte… Samir, un quadragénaire plus habitué à l'air qu'à l'eau puisque grutier de son état, va trouver l'amour à la piscine Maurice Thorez de Montreuil, en la personne d'Agathe, maître nageuse, pourtant revêche et mal embouchée de prime abord… Samir sait parfaitement nager, mais comme il ne sait comment aborder Agathe, il va s'inscrire aux cours de natation, en prenant soin de trafiquer les plannings pour être sûr de se retrouver avec elle et non avec sa collègue délurée, qui lui fout un peu les jetons. Et si faire semblant d'être un barboteur débutant ne suffit pas, il est prêt à suivre sa naïade jusqu'en Islande, où elle est envoyée pour un congrès de maîtres-nageurs, ce qui va lui permettre de retrouver sa copine Didda, élue municipale un jour sur deux, ce qui lui laisse l'autre pour laisser libre cour à son inspiration de poétesse punk. Une fois sur place, notre Samir va être amené à se faire passer pour le représentant israélien, en charge d'un projet d'une « piscine de la paix » ! Et tout finira probablement dans un lagon de carte postale chauffé par l'énergie volcanique. Tout cela est de la plus haute et de la plus réjouissante fantaisie ! Solveig Anspach (disparue en Août 2015) et son complice Jean-Luc Gaget usent à merveille du comique de l'absurde, avec des personnages secondaires savoureux (Philippe Rebbot, hilarant en directeur de piscine et dragueur foireux), et d'une poésie qu'on imagine très scandinave : douce, décalée, romantique. Une belle histoire d'amour funambule, qui nous transporte d'un monde aquatique domestique à un monde aquatique sauvage et grandiose, en jouant subtilement du côté érotique des lieux et des situations, en exaltant surtout la liberté et la générosité de personnages formidablement attachants. Un testament joyeux et frais que nous laisse la réalisatrice… et on espère que de là où elle est, elle nous verra rire et applaudir. DÉESSES INDIENNES EN COLÈRE Écrit et réalisé par Pan NALIN Inde 2016 1h44 VOSTF avec Sarah-Jane Dias, Rajshri Deshpande, Sandhya Mridul, Amrit Maghera, Pavleen Gujral… Bienvenue à Goa, station balnéaire du Sud-Est de l'Inde. Ses rizières de cartes postales où barbotent les buffles, ses plages au sable blanc éclatant, ses palmiers qui craquent au vent de la mer d'Arabie. Dans les années 1970, dans cet état catholique donc étrangement plus permissif que le Kerala voisin, les hippies ont trouvé leur eden. Un petit mélange de nature paradisiaque, de vie au coût dérisoire pour n'importe quel va nu pieds occidental et de spiritualité orientale vite digérée a fait le succès du lieu. Aujourd'hui la démocratisation des voyages et le capitalisme à l'indienne sont passés par là et Goa est une destination « hype », aussi bien pour les jeunes Américains en springbreak exotique que pour les soldats israëliens en permission ou les nouvelles classes supérieures indiennes fuyant les mégalopoles surpolluées, qui achètent des villas coloniales pour y organiser des séjours fun dans une ambiance arrosée aux mojitos, et bercée par l'électro des Dj's à la mode bien plus que par le sitar traditionnel. Frieda, photographe dont la cote est en train de monter en flèche, invite à Goa ses amies Laxmi, Suranjana, Joanna, Pamela, Madhureeta et Nargis. Sept femmes modernes en goguette : il y a là une actrice qui a bien du mal avec les codes sexistes du cinéma Bollywood, une femme d'affaires sous tension, une furie obsédée par le crime impuni qu'a subi son frère, une femme mal mariée, une ingénue et même une syndicaliste. Un panel hétéroclite – et éventuellement explosif : entre la chef d'entreprise et la syndicaliste, ça grince – mais finalement assez représentatif des femmes des nouvelles sociétés urbaines indiennes. Le film commence par le portrait assez savoureux de toutes les protagoniste qui vont se retrouver à l'occasion d'un mariage pour le moins atypique et toute la première partie est drôle et enfiévrée, au plus près de ces sept nanas qui, malgré leurs différences, sont bien décidées à faire la fête, et qui vont échanger sur leurs difficultés à trouver leur place dans une société indienne encore très marquée par la division de classe et plus encore par une vision totalement rétrograde du rôle de la femme, et ce en dépit du rôle social, économique voire politique que certaines jouent désormais. Comme le souligne un des personnages, comment une civilisation qui vénère des déesses toutes puissantes peut à ce point asservir la femme ? Mais dans le même temps les filles s'extasient sur le beau gosse de passage et ses tablettes de chocolat, rabrouent les lourdingues du coin, ironisent sur leurs déboires sentimentaux ou professionnels… Dès cette première partie enjouée et frivole, le film de Pan Nalin se démarque de Bollywood qui ne centre jamais un film sur les personnages féminins, qui n'y existent généralement que par leur rapport aux hommes et à leurs intrigues amoureuses. Mais Déesses indiennes… prend une tout autre dimension dans sa deuxième partie, qui aborde de manière tout à fait touchante un des fléaux endémiques de la société indienne : les violences sexuelles, phénomène tragique que les différentes mesures répressives ne semblent pas réussir à endiguer, face à des mentalités qui n'ont pas progressé. Tout comme La Saison des femmes récemment programmé chez nous, Déesses indiennes en colère réussit à séduire par un récit enlevé, une mise en scène chatoyante, des actrices épatantes… tout en grattant la société indienne là où ça fait mal. Aussi plaisant que salutaire. LA TORTUE ROUGE Film d'animation de Michael DUDOK DE WIT France / Japon / Belgique 2015 1h20 sans paroles Producteur artistique : Isao Takahata et le studio Ghibli Scénario de Michael Dudok de Wit et Pascale Ferran Musique de Laurent Perez del Mar MAGNIFIQUE FILM D'ANIMATION VISIBLE PAR TOUS POUR LES ENFANTS, PAS AVANT 8/9 ANS VOYAGES DE REVE Programme de 5 courts métrages d’animation 2014 43mn POUR LES ENFANTS À PARTIR DE 4 ANS Cinq histoires où s’entremêlent rêves et voyages, dans lesquelles les personnages voguent vers des horizons à la fois tout proches et lointains. A bord du bateau de leur imagination, de leur créativité ou grâce à la magie du cinéma, ils nous font naviguer vers des mondes enchantés. Impressions d’arc-en-ciel (Gitanjali Rao, Inde, 2006, 15mn) En hommage à sa mère et son chat, la réalisatrice a choisi de peindre toutes les images, plan par plan, de ce court-métrage qui lui a valu de nombreuses récompenses internationales. Une vieille dame fait la collection de boîtes d’allumettes. En noir et blanc, elle vit son quotidien avec son chat. Mais les illustrations flamboyantes des boîtes d’allumettes les transportent dans un univers haut en couleurs. Le petit Cousteau (Jakub Kouril, République Tchèque, 2014, 9mn) : fasciné par les mondes marins et par le célèbre commandant Cousteau, un jeune garçon explore le monde de ses rêves aquatiques. En balance entre onirisme et poésie, le film nous fait naviguer tout en délicatesse entre plusieurs eaux. Demain il pleut (Anne-Cécile Phanphengdy et Mélanie Vialaneix, France, 2013, 5mn) : le poisson c’est dans son assiette qu’il se trouve et pas dans la mer qu’il le voit ! Un vieil homme vit en compagnie de son chien et rêve de voyages. Les couchers de soleil avec palmiers au bord de l’eau sont accrochés au frigo, sur les cartes postales. Astucieux, le chien va trouver une idée pour voyager. Le Kiosque (Anete Melece, Suisse, 2013, 7mn) Dans son kiosque à journaux, Olga est aux petits soins pour tous les clients, toujours la mine joyeuse. Mais dès qu’elle a une minute pour elle, Olga rêve de s’échapper un peu de ce quotidien. La Carte (Stéfan Le Lay, France, 2009, 7mn) Tourné en prise de vues réelles, ce court, qui fait écho au premier film, met en scène une belle rencontre entre deux personnes qui séjournent dans deux cartes postales de bord de mer et deux époques différentes. C’est un film sans paroles mais peuplé de sons, de musique et des bruits de la vie. Un film qui s’adresse à tous, adultes, adolescents et enfants pas trop petits, un film qui vous transporte ailleurs, dans un univers fait d'invention, de sérénité et de poésie. De l'invention et de la poésie, il y a en dans chaque plan de La Tortue rouge… Une invention subtile, tout en douceur, mais qui sait aussi être spectaculaire – l'extraordinaire séquence du tsunami –, une poésie simple, minimaliste, aussi évidente que le trait d’encre noire porté par la main de Picasso quand il dessine un oiseau, aussi naïve que les traits délicats et presque inachevés dans les tableaux de la princesse Kaguya, le chef d'œuvre d'Isao Takahata, qui a prêté son concours attentif à La Tortue rouge. Economie des traits qui vont droit à l’essentiel, palette délicate et douce de couleurs dont les nuances ténues imposent à l’œil une attention de chaque instant : tout dans cette histoire nous tire vers le haut, au diapason de la belle et fière exigence indispensable à la réussite de ce bijou de l'animation. Un homme, seul rescapé d'un naufrage, échoue sur le sable d'une île aussi désertique que tropicale. Une fois réveillé, il s'active : explorer l’île, trouver de quoi survivre, se faire chatouiller les orteils par les crabes… et tenter coûte que coûte de construire un radeau pour partir. Mais à chaque tentative, une tortue rouge vient heurter son embarcation de fortune et l'empêcher de prendre le large, le ramenant à chaque fois sur la plage. Elle semble être son ennemie, ce sera en réalité sa seule alliée… BIENVENUE À MARLY-GOMONT Julien RAMBALDI France 2016 1h36 avec Marc Zinga, Aïssa Maïga, Bayron Lebli, Médina Diarra, Rufus, Jonathan Lambert… Scénario de Kamini Zantoko, Julien Rambaldi et Benoît Graffin C'est une histoire vraie tout à la fois triste et gaie, co-écrite par Kamini, auteur et interprète du rap « Marly-Gomont » qui a fait un tube sur internet et ailleurs. Une histoire si proche et en même temps si loin de la France d'aujourd'hui qu'on ne peut s'empêcher de penser qu'elle pourrait se vivre à nouveau dans nos campagnes ou dans nos villes tant on n'est jamais sûr que l'histoire progresse dans le bon sens. Elle démarre sous une pluie battante alors qu'un visiteur vient pousser la porte d'une petite maison modeste, située nulle part, c'est à dire à Marly Gomont. Un bled sans grâce et sans histoire qui semble avoir été créé tout exprès par la grâce de Dieu pour qu'il ne s'y passe jamais rien de bon ou de mauvais. Au point même d'y voir comme une facétie divine, ou pire encore un acte de méchanceté, dont ce Dieu d'amour est parfois capable. Sous un ciel bas et un déluge incessant, la porte gonflée par l'humidité finit par s'ouvrir. Dans la lumière déjà déclinante de ce milieu d'après-midi, une main s'attarde alors sur les quelques meubles chargés de cartons qui trainent alentour. Aussi étrange que cela puisse paraître dans ce morne décor, ces traces d'une vie passée confirment, au même titre que la grotte de Lascaux, que ce lieu improbable a abrité des humanoïdes et, plus curieusement encore, des enfants du soleil, d'un pays où jamais il ne pleut, en l'occurrence la petite famille d'un docteur zaïrois, fraîchement diplômé de l'école de médecine de Paris. Difficile de croire, alors, à partir de la bicoque, de la météo locale et de ce coin perdu de Picardie que ce paysage de désolation figé dans l'immobilisme va s'animer joyeusement pour donner naissance d'un coup de baguette magique à une réjouissante comédie familiale, traversée parfois par le pire, mais bien plus souvent par le meilleur. Bienvenue à Marly-Gomont a en effet cette vertu rare, par les temps qui courent, de nous laisser espérer le meilleur de nos frères humains, à l'image par exemple de La Vache, ce petit film franco-algérien programmé il y a peu à Utopia, qui lui aussi s'efforçait avec humour de nous dire que tout était encore possible dans nos sociétés entre individus de bonne volonté. Sont-ils précieux, en effet, dans le climat actuel, ces réalisateurs pétris de gentillesse qui sont au cinéma ce qu’est à la peinture le Douanier Rousseau, ou dans L’Iliade et L’Odyssée, les tendres efforts de Pénélope qui tissait et détissait jour après jour, nuit après nuit, son ouvrage pour seulement entretenir le fol espoir d’espérer toujours. Alors certes, rien de fracassant dans l'odyssée toute simple du docteur Zantoko : ce Zaïrois du pays de Mobutu fut l'un des premiers médecins noirs à obtenir son diplôme alors que dans sa jeunesse, ceux-ci ne pouvaient espérer au mieux qu'un grade d'infirmier. Mieux encore, ce jeune diplomé qui aurait pu opter pour une vie facile refusa de céder aux sirènes d'un pouvoir zaïrois brutal et corrompu pour faire le choix d'exercer en France le métier moins gratifiant de médecin de campagne, dans un village picard où lui et sa famille étaient les seuls Noirs à des dizaines de kilomètres à la ronde. Nous voilà donc en 1975 à Marly-Gomont où notre ami Santoko, en compagnie de sa femme et de ses deux enfants, fraîchement débarqués de Kinshasa, qui s'imaginent, eux, arriver à Paris, et qui, outre le froid et la galère n'y trouveront que racisme et rejet. La suite cependant va couler heureusement de source en nous racontant le combat acharné de la famille pour gagner la confiance des villageois et triompher des préjugés et de la bêtise par la vertu et l'humour. Une abnégation portée par toute une génération qui crut devoir se plier pour s'intégrer. Mr GAGA SUR LES PAS D'OHAD NAHARIN , BIENVENUE À MARLY-GOMONT DU 20/07 AU 9/08 DANS LES FORÊTS DE SIBÉRIE DU 20/07 AU 14/08 DÉESSES INDIENNES DU 27/07 AU 23/08 L'ÉCONOMIE DU COUPLE DU 10 AU 23/08 FARGO DU 3 AU 23/08 FLORENCE FOSTER JENKINS DU 3 AU 23/08 L'EFFET AQUATIQUE DU 20/07 AU 16/08 GENIUS DU 10 AU 23/08 IRRÉPROCHABLE DU 20/07 AU 7/08 Film documentaire de Tomer HEYMANN Israël 2016 1h39 VOSTF avec Ohad Naharin et les danseuses/danseurs de la Batsheva Dance Company… Gaga… un mot venu de l'enfance, comme un p'tit grain de folie, un balbutiement venu du temps où l'enfant découvre les possibilités d'un corps tout neuf, le bonheur de gesticuler, d'explorer toutes les postures possibles… Il n'y a personne, dit Ohad Naharin, qui ne soit capable d'éprouver du plaisir à mouvoir ses membres. Personne, démontre-t-il, qui ne puisse aller au-delà de ce qu'il croit être ses limites physiques. Chez Naharin, la danse est un cri venu de l'intérieur, un langage incarné qui permet de communiquer avec les autres et avec le monde, dans une sorte de dialogue exaltant et universel… Ohad Naharin est d'une fascinante beauté, d'une grâce animale sans cesse en mouvement. Depuis qu'il est né, il danse comme il respire, à tout propos, à tout moment, sans apprentissage ni contrainte, comme possédé par une jouissance chronique à se sentir bouger. Devenu grand, lorsque ce don des dieux devient une évidence pour tous, il se met à l'apprentissage de la technique avec les plus talentueux, mais après vingt-deux ans de liberté, c'est un peu tard pour accepter de se plier aux conceptions des autres. De Marta Graham à Béjart, il ne supportera pas qu'on lui impose de danser d'une façon qui ne lui corresponde pas profondément. Il créera donc son propre style et il l'appellera le style Gaga, le premier mot qu'il ait jamais prononcé d'après sa mère… une façon de souligner le côté ludique et dérisoire des choses. Qu'on soit féru de danse où néophyte, ce qui subjugue dès la première image, c'est cette exultation des corps, ce sentiment de liberté inouie, de plaisir à se sentir vivant. Les corps sont extraordinairement déliés à force de mouvement et expriment mieux que les mots toute la gamme des sentiments humains : la passion, le désir, la douleur, le bonheur… Bien au-delà de la performance technique, il y a l'expression des visages, des regards, des voix : la danse est ici don absolu de soi, communication totale avec les autres et c'est d'une beauté confondante parce que jamais gratuite, jamais déracinée. « Le principe, c'est d'écouter son corps avant de lui dire quoi faire. Procéder ainsi permet de prendre conscience de nos blocages physiques, de nos faiblesses et aussi de dépasser chaque jour ces limites devenues routinières ». On est assez sidéré de voir ce que ces danseurs obtiennent de leur corps sans jamais donner l'impression de lui faire violence, portés par une exultation profonde de leur être en son entier. L'échange entre Ohad et ses danseurs a quelque chose d'une relation amoureuse, d'une écoute intense de l'autre qui permet d'aboutir à des chorégraphies saisissantes, d'une intensité amplifiée par la musique, les chants… car Ohad chante et compose, là encore d'une façon atypique, libre et cohérente. Ohad Naharin est né dans un Kibboutz et en a gardé toute sa vie le goût du collectif, de l'élan partagé. Profondément attaché à ses origines, il ne pourra pas longtemps rester aux États Unis et reviendra en Israël pour prendre la direction de la Batscheva Dance Compagny, entrainant dans l'aventure Mari Kajiwara, son amoureuse fusionnelle et formidable danseuse enlevée à Alvin Ailey quelques années plus tôt. Si on ne s'attarde pas vraiment sur sa sphère privée, il est d'évidence que la danse et sa vie sont indissociables et, sans être jamais impudique ou voyeur, le film donne à saisir le bonhomme dans son ensemble, personnage entier et exigeant qui, en exprimant son amour profond pour son pays natal, dit sa douleur de le voir emporté par ses responsables politiques dans une dérive suicidaire qui menace les fondements même de ce pays tant aimé. JULIETA DU 20/07 AU 21/08 LEA DU 10 AU 23/08 LOVE & FRIENDSHIP DU 20/07 AU 9/08 MOKA À PARTIR DU 17/08 Mr GAGA DU 20/07 AU 20/08 LA NOUVELLE VIE DE PAUL SNEIJDER DU 20/07 AU 2/08 L'OLIVIER DU 20/07 AU 8/08 SPARROWS DU 10 AU 21/08 STEFAN ZWEIG DU 10 AU 23/08 SUR QUEL PIED DANSER DU 20/07 AU 2/08 TONI ERDMANN À PARTIR DU 17/08 LA TORTUE ROUGE DU 20/07 AU 18/08 TRUMAN DU 20/07 AU 21/08 D'UNE FAMILLE À L'AUTRE DU 20/07 AU 9/08 VIVA DU 3 AU 9/08 VOYAGES DE REVE DU 20/07 AU 8/08 PROGRAMME Les séances sur fond gris sont à 4 euros. (D)=dernière projection du film. L’heure indiquée est celle du début du film, soyez à l’heure, on ne laisse pas entrer les retardataires. www.cinemas-utopia.org MER 20 JUILL 16H00 LOVE & FRIENDSHIP 16H00 bébé L’OLIVIER 16H30 VOYAGES DE RÊVE 16H20 FAMILLE À L’AUTRE 19H30 IRRÉPROCHABLE 20H00 L’OLIVIER 19H40 SUR QUEL PIED DANSER 20H10 FAMILLE À L’AUTRE 21H30 LA TORTUE ROUGE 22H00 MR GAGA... 21H20 DANS LES FORÊTS... 21H50 VIVA 17H50 L’OLIVIER 17H45 LA NOUVELLE VIE DE... 18H30 SUR QUEL PIED DANSER 18H00 LA TORTUE ROUGE 19H50 L’EFFET AQUATIQUE 20H00 LOVE & FRIENDSHIP 20H15 MARLY GOMONT 19H40 VIVA 21H30 IRRÉPROCHABLE 21H50 L’OLIVIER 22H10 FAMILLE À L’AUTRE 21H40 TRUMAN 17H30 IRRÉPROCHABLE 17H40 LOVE & FRIENDSHIP 18H10 FAMILLE À L’AUTRE 18H10 MR GAGA... 19H40 L’OLIVIER 19H30 LA TORTUE ROUGE 19H50 TRUMAN 20H10 FAMILLE À L’AUTRE 21H40 VIVA 21H10 L’EFFET AQUATIQUE 22H00 MARLY GOMONT 21H50 JULIETA 16H30 JULIETA 16H20 L’OLIVIER 16H40 VOYAGES DE RÊVE 16H00 LOVE & FRIENDSHIP 18H30 L’EFFET AQUATIQUE 18H20 LA TORTUE ROUGE 17H45 DANS LES FORÊTS 18H00 FAMILLE À L’AUTRE 20H15 LOVE & FRIENDSHIP 20H00 L’OLIVIER 19H50 MARLY GOMONT 19H40 VIVA 22H10 IRRÉPROCHABLE 22H00 L’EFFET AQUATIQUE 21H50 FAMILLE À L’AUTRE 21H40 TRUMAN 15H30 LA TORTUE ROUGE 15H40 L’EFFET AQUATIQUE 15H20 MARLY GOMONT 16H00 FAMILLE À L’AUTRE 17H10 LOVE & FRIENDSHIP 17H20 L’OLIVIER 17H30 SUR QUEL PIED DANSER 17H40 VIVA 19H00 IRRÉPROCHABLE 19H20 TRUMAN 19H10 LA NOUVELLE VIE DE... 19H40 FAMILLE À L’AUTRE 21H00 LOVE & FRIENDSHIP 21H30 L’OLIVIER 21H20 MR GAGA... 21H20 L’EFFET AQUATIQUE 17H40 IRRÉPROCHABLE 18H00 L’OLIVIER 18H10 SUR QUEL PIED DANSER 17H30 VIVA 19H40 L’EFFET AQUATIQUE 20H00 LA TORTUE ROUGE 19H50 DANS LES FORÊTS... 19H30 FAMILLE À L’AUTRE 21H30 LOVE & FRIENDSHIP 21H40 L’OLIVIER 21H50 MARLY GOMONT 21H10 TRUMAN 18H30 L’EFFET AQUATIQUE 18H00 LA TORTUE ROUGE 17H45 TRUMAN 17H50 FAMILLE À L’AUTRE 20H10 LOVE & FRIENDSHIP 19H40 L’OLIVIER 19H50 MARLY GOMONT 19H30 VIVA 22H00 IRRÉPROCHABLE 21H40 LA NOUVELLE VIE DE... 21H45 SUR QUEL PIED DANSER 21H30 FAMILLE À L’AUTRE 17H50 DANS LES FORÊTS... 17H40 MARLY GOMONT 17H30 SUR QUEL PIED DANSER 18H30 LA TORTUE ROUGE 20H00 GENIUS 19H50 DÉESSES INDIENNES... 19H20 L’OLIVIER 20H10 L’EFFET AQUATIQUE 22H10 FAMILLE À L’AUTRE 22H00 VIVA 21H20 IRRÉPROCHABLE 21H50 TRUMAN JEU 21 JUILL VEN 22 JUILL 4€ 24 4€ SAM 23 JUILL DIM JUILL LUN 25 JUILL MAR 26 JUILL MER 27 JUILL 4€ 4€ 4€ 17H50 L’EFFET AQUATIQUE 18H00 JULIETA 17H40 MARLY GOMONT 18H00 TRUMAN 15H40 GENIUS 15H50 bébé LOVE & FRIENDSHIP 16H20 VOYAGES DE RÊVE 16H15 DÉESSES INDIENNES... 4€ 4€ 4€ Mettez votre PUB Dans la Gazette [email protected] 06 70 71 53 55 Les 7, 8, 9 octobre : 1re édition du Festival Saisons d'Elles à Toulouse. Des concerts (Anne Sylvestre, Trio Orlando, Martine Scozzesi…), des débats, des artistes de styles variés pour un festival engagé contre toutes discriminations. Réservation dès septembre www.follessaisons.fr JEU 19H45 GENIUS 20H00 MARLY GOMONT 19H30 FAMILLE À L’AUTRE 20H10 VIVA 21H50 GENIUS 22H00 DÉESSES INDIENNES... 21H15 LA NOUVELLE VIE DE... 22H10 L’EFFET AQUATIQUE 17H45 GENIUS 17H40 MARLY GOMONT 17H35 LOVE & FRIENDSHIP 17H30 L’EFFET AQUATIQUE 19H50 GENIUS 19H40 DÉESSES INDIENNES... 19H30 VIVA 19H20 TRUMAN 22H00 L’OLIVIER 21H50 DÉESSES INDIENNES... 21H40 FAMILLE À L’AUTRE 21H30 LA TORTUE ROUGE 15H50 GENIUS 15H40 MARLY GOMONT 16H00 SUR QUEL PIED DANSER 16H10 DÉESSES INDIENNES... 18H00 LOVE & FRIENDSHIP 17H40 FAMILLE À L’AUTRE 17H50 VIVA 18H10 MR GAGA... 20H00 GENIUS 19H30 DÉESSES INDIENNES... 19H50 L’OLIVIER 20H10 L’EFFET AQUATIQUE 22H10 JULIETA 21H40 DANS LES FORÊTS... 22H00 TRUMAN 21H50 IRRÉPROCHABLE 14H50 LOVE & FRIENDSHIP 15H00 DÉESSES INDIENNES... 15H10 TRUMAN 15H30 FAMILLE À L’AUTRE 16H50 GENIUS 17H10 MARLY GOMONT 17H30 VOYAGES DE RÊVE 17H20 L’EFFET AQUATIQUE 19H00 L’OLIVIER 19H10 DÉESSES INDIENNES... 18H40 IRRÉPROCHABLE 19H10 LA TORTUE ROUGE 21H00 GENIUS 21H15 DANS LES FORÊTS... 20H40 VIVA 20H50 LA NOUVELLE VIE DE... 17H00 TRUMAN 17H40 L’OLIVIER 17H30 VIVA 17H10 JULIETA 19H20 GENIUS 19H40 DÉESSES INDIENNES... 19H30 FAMILLE À L’AUTRE 19H10 L’EFFET AQUATIQUE 21H30 GENIUS 21H40 DÉESSES INDIENNES... 21H15 LOVE & FRIENDSHIP 21H00 MARLY GOMONT 28 JUILL VEN 29 JUILL 4€ 31 4€ SAM 30 JUILL DIM JUILL LUN 1 er AOÛT MAR 2 AOÛT MER 3 AOÛT JEU 4 AOÛT VEN 5 AOÛT 4€ 4€ 17H40 L’OLIVIER 17H50 DÉESSES INDIENNES... 17H30 IRRÉPROCHABLE 18H00 TRUMAN 4€ 4€ 17H15 GENIUS 17H05 DÉESSES INDIENNES... 17H10 VOYAGES DE RÊVE 17H00 L’OLIVIER 19H20 GENIUS 19H10 DÉESSES INDIENNES... 18H15 (D) 20H00 SUR QUEL PIED DANSER FAMILLE À L’AUTRE 19H00 (D) LA NOUVELLE VIE DE... 21H30 TRUMAN 21H15 MR GAGA... 21H45 L’EFFET AQUATIQUE 21H20 VIVA 16H00 VOYAGES DE RÊVE 15H40 bébé FOSTER JENKINS 16H10 L’OLIVIER 15H50 LOVE & FRIENDSHIP 17H20 GENIUS 17H50 TRUMAN 18H15 DANS LES FORÊTS... 17H40 DÉESSES INDIENNES... 19H30 FOSTER JENKINS 20H00 MARLY GOMONT 20H30 FAMILLE À L’AUTRE 19H50 FARGO 21H40 GENIUS 22H00 DÉESSES INDIENNES... 22H10 VIVA 21H50 L’EFFET AQUATIQUE 17H40 FOSTER JENKINS 17H50 FAMILLE À L’AUTRE 18H20 LA TORTUE ROUGE 18H10 IRRÉPROCHABLE 19H50 DÉESSES INDIENNES... 19H40 GENIUS 20H00 VIVA 20H15 LOVE & FRIENDSHIP 21H50 FOSTER JENKINS 21H40 TRUMAN 22H00 L’OLIVIER 22H10 FARGO 18H10 LOVE & FRIENDSHIP 17H50 L’EFFET AQUATIQUE 17H40 L’OLIVIER 17H30 DÉESSES INDIENNES... 20H00 FOSTER JENKINS 19H30 GENIUS 19H50 FARGO 19H40 DANS LES FORÊTS... 22H10 MARLY GOMONT 21H40 DÉESSES INDIENNES... 22H00 IRRÉPROCHABLE 21H50 FOSTER JENKINS 4€ 4€ 4€ Retrouvez la gazette d’Utopia sur toutes les étapes au fil de l’eau du Festival Convivencia (qui fête ses 20 ans). Pour connaître les lieux de passage de la péniche : www.convivencia.eu 4€ 7 4€ 8 4€ SAM 6 AOÛT DIM AOÛT LUN AOÛT 15H40 FOSTER JENKINS 15H00 GENIUS 16H00 VIVA 15H10 DÉESSES INDIENNES... 17H50 LOVE & FRIENDSHIP 17H10 LA TORTUE ROUGE 18H00 FARGO 17H20 TRUMAN 19H50 FOSTER JENKINS 19H00 MARLY GOMONT 20H10 L’EFFET AQUATIQUE 19H30 DÉESSES INDIENNES... 14H20 GENIUS 14H50 MARLY GOMONT 14H30 DANS LES FORÊTS... 15H00 DÉESSES INDIENNES... 16H30 FOSTER JENKINS 16H50 LOVE & FRIENDSHIP 16H40 VOYAGES DE RÊVE 17H10 IRRÉPROCHABLE (D) 18H40 GENIUS 18H50 TRUMAN 17H50 FAMILLE À L’AUTRE 19H15 L’OLIVIER 17H20 TRUMAN 17H30 GENIUS 17H10 VOYAGES DE RÊVE (D) 17H40 FAMILLE À L’AUTRE 21H40 FOSTER JENKINS 21H50 GENIUS 22H00 VIVA 21H30 L’OLIVIER (D) 17H20 MARLY GOMONT (D) 17H10 FOSTER JENKINS 17H40 VIVA (D) 17H30 FARGO 19H30 FOSTER JENKINS 19H20 GENIUS 19H45 L’EFFET AQUATIQUE 19H40 TRUMAN 21H40 DÉESSES INDIENNES... 21H30 LOVE & FRIENDSHIP (D) 21H30 DANS LES FORÊTS... 21H50 FAMILLE À L’AUTRE (D) 17H10 TRUMAN 17H30 FOSTER JENKINS 17H50 FARGO 18H00 LEA 19H20 STEFAN ZWEIG 19H40 ÉCONOMIE DU COUPLE 19H50 SPARROWS 20H00 DÉESSES INDIENNES... 21H30 FOSTER JENKINS 21H40 GENIUS 21H50 JULIETA 22H00 FARGO 17H40 STEFAN ZWEIG 17H30 ÉCONOMIE DU COUPLE 17H20 SPARROWS 17H50 DÉESSES INDIENNES... 19H50 ÉCONOMIE DU COUPLE 19H30 FOSTER JENKINS 19H20 TRUMAN 20H00 LEA 21H50 STEFAN ZWEIG 21H40 GENIUS 21H30 FOSTER JENKINS 22H00 FARGO 17H40 STEFAN ZWEIG 17H30 L’EFFET AQUATIQUE 18H10 JULIETA 18H00 ÉCONOMIE DU COUPLE 19H50 ÉCONOMIE DU COUPLE 19H20 GENIUS 20H10 LEA 20H00 FARGO 21H50 STEFAN ZWEIG 21H30 FOSTER JENKINS 22H10 DÉESSES INDIENNES... 22H00 TRUMAN 15H40 STEFAN ZWEIG 15H20 ÉCONOMIE DU COUPLE 15H30 DANS LES FORÊTS... 16H00 TRUMAN 17H50 FOSTER JENKINS 17H20 GENIUS 17H40 SPARROWS 18H10 MR GAGA... 20H00 STEFAN ZWEIG 19H30 ÉCONOMIE DU COUPLE 19H45 DÉESSES INDIENNES... 20H10 LEA 22H10 FARGO 21H30 FOSTER JENKINS 21H50 L’EFFET AQUATIQUE 22H00 JULIETA 14H50 STEFAN ZWEIG 15H10 ÉCONOMIE DU COUPLE 14H45 DÉESSES INDIENNES... 15H20 LEA 17H00 FOSTER JENKINS 17H10 FARGO 16H50 LA TORTUE ROUGE 17H20 TRUMAN 19H20 STEFAN ZWEIG 19H10 ÉCONOMIE DU COUPLE 18H30 DANS LES FORÊTS (D) 19H30 L’EFFET AQUATIQUE (D) 21H30 GENIUS 21H10 FOSTER JENKINS 20H45 ÉCONOMIE DU COUPLE 21H20 STEFAN ZWEIG 9 AOÛT 10 AOÛT 15H00 STEFAN ZWEIG 15H30 ÉCONOMIE DU COUPLE 15H40 DANS LES FORÊTS... 16H00 bébé L’EFFET AQUATIQUE JEU 11 AOÛT VEN 12 AOÛT 4€ 14 4€ SAM 13 AOÛT DIM AOÛT 20H45 FOSTER JENKINS 21H00 DÉESSES INDIENNES... 19H30 21H30 VIVA L’EFFET AQUATIQUE 21H15 FARGO 19H30 DÉESSES INDIENNES... 19H40 FOSTER JENKINS 20H00 FARGO 19H20 MR GAGA... MAR MER 22H00 JULIETA 21H00 GENIUS 21H50 FARGO 21H40 FAMILLE À L’AUTRE 18H20 LA TORTUE ROUGE 4€ 4€ 4€ 4€ Mettez votre PUB Dans la Gazette [email protected] 06 70 71 53 55 Le 31 août à 15h, Avant-Première de LA RÉLÈVE de Thierry Demaizière et Alban Teurlai, en partenariat avec les Résidences D’Oc et Les Cévennes. Benjamin Millepied est nommé directeur de la danse de l’Opéra National, une incroyable épopée pleine d’énergie. LUN 19H30 ÉCONOMIE DU COUPLE 19H40 FOSTER JENKINS 20H00 SPARROWS 19H50 LEA 21H30 STEFAN ZWEIG 21H50 FARGO 22H00 TRUMAN 21H40 FOSTER JENKINS 17H30 STEFAN ZWEIG 17H20 ÉCONOMIE DU COUPLE 17H50 SPARROWS 17H45 FOSTER JENKINS 19H40 ÉCONOMIE DU COUPLE 19H20 GENIUS 19H50 DÉESSES INDIENNES... 20H00 FARGO 21H40 STEFAN ZWEIG 21H30 FOSTER JENKINS 21H50 GENIUS 22H00 LEA 16H30 FARGO 17H50 MOKA 17H15 SPARROWS 16H45 GENIUS 18H30 ÉCONOMIE DU COUPLE 19H40 STEFAN ZWEIG 19H10 DÉESSES INDIENNES... 18H50 TONI ERDMANN 20H30 TONI ERDMANN 21H45 MOKA 21H15 TRUMAN 21H50 FOSTER JENKINS 17H10 MOKA 17H00 TONI ERDMANN 17H40 LA TORTUE ROUGE (D) 17H30 LEA 19H00 ÉCONOMIE DU COUPLE 20H10 MOKA 19H50 FARGO 19H30 FOSTER JENKINS 21H00 TONI ERDMANN 22H00 STEFAN ZWEIG 21H50 TRUMAN 21H40 GENIUS 16H30 FOSTER JENKINS 16H40 TONI ERDMANN 17H20 GENIUS 17H10 ÉCONOMIE DU COUPLE 18H40 STEFAN ZWEIG 19H45 MOKA 19H30 TRUMAN 19H15 FARGO 20H45 TONI ERDMANN 21H30 ÉCONOMIE DU COUPLE 21H40 DÉESSES INDIENNES... 21H20 MOKA 14H30 STEFAN ZWEIG 14H40 TONI ERDMANN 16H00 SPARROWS 14H50 ÉCONOMIE DU COUPLE 16H40 GENIUS 17H50 MR GAGA (D) 18H00 DÉESSES INDIENNES... 16H50 TONI ERDMANN 18H45 ÉCONOMIE DU COUPLE 19H50 MOKA 20H10 LEA 20H00 FOSTER JENKINS 20H45 TONI ERDMANN 21H40 STEFAN ZWEIG 22H00 FARGO 22H10 MOKA 14H40 ÉCONOMIE DU COUPLE 14H15 TONI ERDMANN 15H20 TRUMAN (D) 14H30 GENIUS 16H40 STEFAN ZWEIG 17H20 MOKA 17H30 LEA 16H30 TONI ERDMANN 18H45 ÉCONOMIE DU COUPLE 19H10 STEFAN ZWEIG 19H25 SPARROWS (D) 19H30 FOSTER JENKINS 20H45 TONI ERDMANN 21H20 MOKA 21H30 JULIETA (D) 21H40 FARGO 16H50 STEFAN ZWEIG 16H30 TONI ERDMANN 17H40 DÉESSES INDIENNES... 17H10 FOSTER JENKINS 19H00 ÉCONOMIE DU COUPLE 19H40 STEFAN ZWEIG 19H50 LEA 19H20 MOKA 21H00 TONI ERDMANN 21H50 MOKA 21H40 GENIUS 21H10 FARGO 17H00 MOKA 16H50 TONI ERDMANN 17H10 FOSTER JENKINS 16H40 ÉCONOMIE DU COUPLE 19H00 STEFAN ZWEIG 20H00 MOKA 19H20 GENIUS 18H40 TONI ERDMANN 21H10 TONI ERDMANN 21H50 ÉCONOMIE DU COUPLE 21H30 FARGO 21H40 STEFAN ZWEIG 15 AOÛT MAR 16 AOÛT MER 17 AOÛT 14H30 ÉCONOMIE DU COUPLE 14H40 TONI ERDMANN 15H10 bébé STEFAN ZWEIG 14H50 MOKA JEU 18 AOÛT VEN Aikido 19 7e Dan Aikikai SAM Franck Noël AOÛT 4€ 21 4€ 20 AOÛT DIM AOÛT LUN au Dojo de la Roseraie 4, chemin Nicol - 31200 Toulouse Tél : 05 61 26 10 31 metro Argoulets www.aikido-noel.com Cours tous niveaux, du débutant complet au plus avancé Tous les jours midi et soir. 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La trame est au demeurant classique : la confrontation entre deux êtres qu'a priori tout oppose, à ceci près que ce sont un père et sa fille qui se sont éloignés depuis plusieurs années et se retrouvent dans des circonstances rocambolesques. Winfried est un sexagénaire atypique, mais assez emblématique d'une génération qui s'est battue contre le modèle capitaliste, pour la libération sexuelle, contre les normes établies et l'éducation traditionnelle. Il est professeur de musique plus ou moins dilettante et, se fichant comme d'une guigne de ce qu'on attend de lui, n'hésite pas à se déguiser en personnage gothique d'Halloween pour une fête de fin d'année à l'occasion de laquelle il fait ânonner à ses élèves une chanson ironiquement sinistre. Sa fille Inès est tout ce que son père n'a jamais voulu être. Parfait produit de la réussite économique allemande, elle travaille pour un cabinet d'audit à Bucarest où elle conseille des entreprises locales pour les aider à licencier au plus vite et sans bavures. Elle mène une vie confortable et amorale, dénuée d'amour et d'idéal, sans trop se poser de questions autres que celles concernant l'efficacité des argumentaires qu'elle assène à des cadres roumains dans le but de leur faire maîtriser les pratiques managériales qui font le bonheur du capitalisme européen et le malheur de ses ouvriers. Mais le cours des choses va changer quand Winfried débarque à l'improviste à Bucarest, ce qui exaspère au plus haut point la jeune femme. Au sommet de l'incommunicabilité, croyant s'en être débarrassée au bout de quelques jours, elle le voit redébouler sous les atours d'un personnage de substitution, Toni Erdmann, perruque ridicule et dentier factice proéminent : Winfried/Toni se fait passer pour un éminent « coach » et il va s'immiscer dans le milieu profession- nel vermoulu de sa fille où des hommes d'affaires toujours plus impitoyables se partagent entre soirées dans des clubs de striptease et réceptions chez l'ambassadeur. N'ayant pas vraiment le choix, Inès joue le jeu et se trouve entraînée dans des scènes ubuesques, comme celle où elle embarque son père sur un puits de pétrole bientôt sous-traité et où une énième blague de Toni provoque un licenciement, ou encore celle où une réception censée souder l'équipe d'Inès se finit à poil, avec le père affublé d'un énorme costume traditionnel bulgare le faisant ressembler à un yeti. Petit à petit père et fille vont néanmoins se rapprocher autour d'une question simple : c'est quoi le bonheur ? L'immense force du film tient à son côté gentiment malséant et décalé. Hilarant par sa maîtrise du burlesque de certaines situations mais plaçant aussi le spectateur dans une situation gênante, au fur et à mesure des mystifications de plus en plus énormes du père qui permet enfin à sa fille (la formidable Sandra Hüller) de se révéler à elle-même et d'assumer pleinement sa place de femme indépendante dans un monde dominé par l'argent et le sexisme. Le pari était de réaliser un film aussi drôle qu'émouvant ? Pari tenu haut la main ! LEA Marco Tullio GIORDANA Italie 2015 1h36 VOSTF avec Vanessa Scalera, Linda Caridi, Alessio Pratico, Mauro Conte, Matilde Piana... Scénario de Monica Zapelli et Marco Tullio Giordana Pour ceux qui ont suffisamment de bouteille pour s’en souvenir, Marco Tullio Giordana a réalisé au moins deux films formidables : la grande fresque Nos meilleures années en 2003, et avant cela, en 2000, le superbe Les Cent pas (I Cento passi), qui abordait déjà la résistance contre la Mafia, à travers le personnage d’un homme remarquable. Giordana revient aujourd’hui avec un nouveau film très fort, qui attaque de nouveau frontalement la mafia (calabraise cette fois, la ‘Ndrangheta), mais à travers une magnifique figure féminine, la Lea du titre. Vivant depuis toujours dans un village calabrais gangréné par la mafia, Lea se laisse séduire – en partie parce qu’elle croit voir là un moyen d’échapper à l’emprise de sa famille – par l’une des petites frappes de l’organisation, avec qui elle a une fille. Obéissant d’abord, parce qu’elle n’a pas vraiment le choix, aux règles du clan, Lea va progressivement essayer de s’y soustraire, soucieuse qu’elle est d’offrir à sa fille une vie différente, sans violence, sans peur, sans mensonge... Mais on n’échappe pas comme cela à la pieuvre... Pour gagner son indépendance, pour fuir les mâchoires du piège qui l’enserre, elle n’a d’autre choix que de coopérer avec la justice, de donner des informations sur ses proches, tous impliqués, et de bénéficier en échange du régime de protection des témoins. Quelle est la véritable efficacité de cette protection ? Combien de temps va-t-elle durer ? Inspiré de la véritable histoire de Lea Garofalo, qui en 2009 a fortement marqué l’opinion publique italienne (autant pour l’horreur des événements que pour le courage des deux femmes impliquées), le film est à la fois un tableau hyper réaliste de l’Italie du Sud sous l’emprise de la mafia et la chronique très attachante du parcours d’une combattante ordinaire, bien décidée à conquérir sa liberté et celle de sa fille, en toute connaissance de cause, en mesurant parfaitement les dangers multiples qui la menacent. Aucun glamour ici, les mafieux de Lea portent plus volontiers des bleus de travail que des costumes trois pièces, et utilisent comme couverture à leurs sinistres activités un modeste garage ou la location d’un immeuble misérable à Milan plutôt qu’un grand casino tapeà-l’œil. Mais s’ils sont « normaux » en surface, ils n’en sont pas moins impitoyables. Obéissant au code immuable de la vendetta, les criminels mettent au- dessus de toute loi la suprématie de la famille en tant que clan. Léa, elle, refuse que sa fille grandisse dans ce milieu anxiogène, et sa seule obsession sera de la protéger. Ce sont bien deux visions de la loyauté familiale qui s’opposent dans le film de Marco Tullio Giordana. L’attitude de Lea est inadmissible pour sa famille : dans ce milieu, la femme appartient au patron du clan. C’est elle qui élève les enfants et transmet les « valeurs » sur lesquelles repose la mentalité mafieuse. Quand les femmes se soumettent à ce rôle, la société mafieuse est à l’abri. Mais quand une femme commence à réfléchir à l’avenir de ses enfants, qu’elle refuse qu’ils deviennent des petits soldats, ou qu’elle essaie de s’émanciper, la pérennité du système est remise en cause. Cela se vérifie particulièrement pour la ‘Ndrangheta, qui a gardé la famille comme noyau : les affiliés ne sont pas des associés, mais des frères, fils, cousins, neveux. S’il faut faire des alliances et des fusions, cela se passe à travers des mariages. C’est pour cela qu’elle reste une des organisations criminelles les plus impénétrables. À partir d’un scénario particulièrement précis, Marco Tullio Giordana décrit sans temps mort l’évolution sur trois décennies d’une femme hors-norme, de la passivité obligée à la prise de conscience, de la tentative de fuite aux carences de l’État italien. SPARROWS Écrit et réalisé par Rúnar RUNARSSON Islande 2016 1h39 VOSTF avec Atli Oskar Fjalarsson, Ingvar Eggert Sigurosson, Nanna Kristin Magnusdottir, Rade Serbedzija, Kristbjörg Kjeld… Il y a dans la première scène tout ce qui fait le charme de ce film : dans le chœur d’une église, un garçon chante d’une voie cristalline un cantique. Habité par la mélodie, il semble s’élever non pas vers Dieu, la vierge Marie ou le Saint Esprit, mais plutôt vers un espace secret connu de lui seul, un de ces refuges ou au contraire un de ces territoires d'échappées belles dont a besoin l’adolescence. Sparrows pourrait n'être – et après tout ce ne serait déjà pas si mal – qu'un énième récit sur cet instant périlleux et parfois dangereux où il faut quitter l'enfance pour se frotter à l’âpreté du monde des adultes. Mais grâce à la magie des terres islandaises, grâce à la subtilité, à la sensibilité de l'écriture, grâce à la pudeur et la délicatesse de la mise en scène, ce second long métrage d'un réalisateur encore inconnu chez nous s’impose par sa fraîcheur et sa tonalité douce amère comme l’une des plus inspirantes découvertes de cette gazette estivale. Ari a seize ans. Il a passé l’âge de rester dans les jupes de sa mère. C’est en tout cas ce qu’elle décide puisqu'elle annonce à son fils qu'elle part pour un pays lointain qui n'est d'évidence pas du tout adapté pour un garçon comme lui. On comprend que les parents d’Ari sont séparés, et que sa mère est impatiente de lâcher prise avec son ado de fils pour pouvoir vivre pleinement sa nouvelle vie avec son nouveau compagnon. C’est donc contraint et contrarié que l'adolescent va devoir quitter Reykjavik pour aller vivre chez son père, dans la région isolée des fjords, au Nord-Ouest de l'Islande, autant dire au bout du bout du monde. Les retrouvailles avec l’enfance qu’il a quittée ne sont pas des plus simples. Ses amis d’avant ont grandi sans l’attendre, son père s’est enlisé dans une vie morne rythmée par les repas avec sa mère et les beuveries entre potes et Ari peine à trouver sa place dans un monde dont il ne connait pas les codes. Être jeune, c’est aussi boire et fumer, sortir en bande et draguer les filles… autant de rites d’initiation qui l’attirent et l’effraient en même temps, lui le garçon de la grande ville qui devait penser ne pas avoir nécessairement à affronter cela pour s’affirmer. Pourtant, aussi sensible et discret qu’il puisse paraître, Ari porte en lui une force intérieure qui va l’aider à traverser cette étape. Il est à deux doigts de se comporter comme un petit garçon, d'appeler sa mère au secours… mais il va s'accrocher. C’est le regard tendre qu’il porte sur sa grandmère. C’est l’exigence qu’il saura imposer à son père pour qu’il assume correctement son rôle de guide et de modèle, c’est la sensibilité bouleversante qui l’habitera comme une arme face à la dureté des premiers émois sensuels. Sans violence, sans fracas, Sparrows livre une histoire qui est sans doute ordinaire mais qui n'est jamais quelconque. Par la grâce et la retenue de ses personnages, par la beauté brute de ses paysages, par le choix assumé de l'économie des mots pour mieux nous laisser deviner les sentiments profonds. Un très beau film qui atteint même à une vraie grandeur dans une scène finale magnifique… DANS LES FORÊTS DE SIBÉRIE Safy NEBBOU France 2016 1h45 avec Raphaël Personnaz, Evgueni Sidhikhine Scénario de Safy Nebbou et David œlhoffen, d'après le livre de Sylvain Tesson Musique originale de Ibrahim Maalouf JULIETA Écrit et réalisé par Pedro ALMODOVAR Espagne 2016 1h36 VOSTF avec Emma Suarez, Adriana Ugarte, Daniel Grao, Inma Cuesta, Rossy de Palma, Dario Grandinetti, Michelle Jenner, Pilar Castro… D'après trois nouvelles d'Alice Munro « Merci de ne pas me laisser vieillir seule » : Julieta, la cinquantaine, répète mot pour mot ce que son compagnon vient de lui dire, au milieu des cartons. Ils sont d’accord pour quitter Madrid ensemble, à jamais, et s’établir au Portugal. Mais en un instant, tout bascule : une jeune femme, dans la rue, parle à Julieta de sa fille, qu’elle n’a pas vue depuis des années. Comme d’autres rechutent dans l’alcool ou la drogue, elle s’abandonne soudain à l’obsession de revoir son enfant, devenue une femme. Elle rompt avec son compagnon, se réinstalle seule à Madrid et replonge dans le passé… Les fans du Pedro Almódovar mature (disons depuis Tout sur ma mère) apprécieront cette superbe entrée en matière : après la parenthèse trop légère des Amants passagers, retour à l’intensité romanesque et au portrait de femme, avec la promesse d’une histoire gigogne, mélangeant les époques… un récit comme une fuite en avant, mais dans le passé. Le sentiment de culpabilité est l’inattendue force motrice du film. Julieta l’éprouve très jeune, après le suicide d’un homme, inconnu, qu’elle avait refusé d’écouter. De cette épreuve naît finalement un grand amour, charnel et consolateur, lui-même défait, des années après, dans la certitude, cette fois inconsolable, d’une nouvelle faute… Tout raconte que l’existence est une succession de pertes et d’adieux informulés. A cette gravité, le maître espagnol donne, toujours, une traduction étrangement séduisante. Pour évoquer les années 1980 et la prime jeunesse de Julieta, il ressuscite la merveilleuse débauche chromatique de sa période Movida. Quand elle devient une autre femme, transformée par le chagrin et les remords, il passe d’une actrice (Adriana Ugarte) à une autre (Emma Suarez) dans la même scène, élégante et suave… Grande réussite d'un Almodovar qui se réclame de l'austérité, le film fascine par cette alchimie entre la noirceur désenchantée du fond et l’éclat rédempteur de la forme. (L. Guichard, Télérama) On s'embarque en terre inconnue en même temps que le protagoniste, Teddy, parti très loin pour fuir le brouhaha parisien, les sollicitations de son monde, goûter une nouvelle forme de liberté. Nous voilà ensemble coupés de nos repères et on ne sait pas où l'aventure va nous mener. Le périple débute dans une modeste bicoque, où nous sommes simplement accueillis par une femme russe dont le chant ruisselle du lait de la tendresse humaine. On s'immerge dans l'ambiance, les gestes, les sons des autochtones : les mots que l'on ne comprend pas, dont on devine la signification. Teddy a choisi de partir vers le dépouillement, l'isolement, la solitude et son voyage commence quand il se retrouve minuscule face à l'infini de la neige… Nous voici un peu perdus au fin fond de la forêt sibérienne, époustouflés par la beauté des paysages, par le silence ou par une musique qui vous vrille les sens et le cœur. Uniquement reliés au monde (en tout cas au monde organisé, socialisé) par un lac gelé… à condition que les glaces ne décident pas de fondre. Teddy est enfin seul dans la petite cabane de bois qu'il a achetée. Seul avec lui-même, ses pensées, ses joies enfantines… loin du brouhaha parisien… Seul ? Pas si sûr… Il y a une ou des présences qu'il ressent ou qu'il devine, même s'il ne sait pas décrypter les traces, les murmures, les frôlements de la nature. Végétal ? Animal ? Humain ? Les récits que lui ont fait ceux qui l'ont accueilli deviennent plus présents : il y a longtemps, un meurtrier serait venu se réfugier ici pour fuir le châtiment des hommes… Mort, vivant ? Nul ne le sait. Puis ce sont des pièges posés pour se nourrir qu'il découvre par hasard… Bientôt il n'y aura plus de doute. Ce sera une magnifique rencontre entre deux solitaires, entre deux solitudes… MOKA Frédéric MERMOUD France/Suisse 2016 1h29 avec Emmanuelle Devos, Nathalie Baye, David Clavel, Diane Rouxel, Samuel Labarthe, Jean-Philippe Ecoffey… Scénario de Frédéric Mermoud et Antonin Martin-Hilbert, d'après le roman de Tatiana de Rosnay Elle a quelque chose d'un héros de western, ou de polar… enfin, un truc dans lequel on imagine mal habituellement une femme. Une femme, c'est doux, ça pleure, ça souffre, ça peut aimer, être terrible… mais ça va rarement acheter un gun et se mettre en quête de résoudre le problème qui lui pourrit la vie, en poursuivant de façon solitaire, obsessionnelle, obstinée, calculée… un projet de vengeance. On n'est pas dans un polar, on n'est pas dans un western, il y a un peu de ça mais ici les choses sont plus subtiles. On est entre la Suisse et la France, entre Evian et Lausanne, on reste autour du Lac Léman, qui est assez peu rassurant, malgré son aspect lisse : plutôt étrange, et finalement inquiétant peut-être… on sent qu'on n'est pas à l'abri de surprises. Notre héroïne n'est pas simple à sai- sir. Au départ, on peut la trouver bizarre, voire un peu folle, d'ailleurs elle s'échappe d'une clinique où elle semble soigner les suites d'un drame non résolu… Ça n'a pas l'air d'aller fort, mais il émane d'elle une sorte de tension froide et silencieuse, une sorte de violence rentrée, elle apparaît fichtrement résolue avec sa parka qui la banalise, ses basket qui ne font pas de bruit. Et puis bon sang ! Elle a la tête d'Emmanuelle Devos, qui a une façon d'être à l'image qui accroche l'intérêt, séduit, intrigue. On ne vous racontera pas l'histoire… c'est sans doute mieux parce que ce serait vous priver de cette curiosité qui grandit peu à peu et ne s'arrête pas à l'énoncé de ce qui pourrait avoir l'air à première vue d'un fait divers. Cette belle femme qui largue les amarres, qui semble avoir vacillé un moment sous l'effet d'une grande douleur, tangue comme une équilibriste entre l'appel du vide et un profond appétit de vie. Peu à peu son besoin viscéral de vérité va la propulser du côté moins sombre des choses, au cours de méticuleuses recherches qui la conduiront à résoudre cette affaire qui la concerne au plus profond d'elle même et à laquelle les flics du coin s'intéressent assez peu. Se faire justice… Au bout de son enquête, elle trouve une femme, et la rencontre ne sera pas banale. Sous l'évidence apparente des faits pourrait bien se cacher une erreur judiciaire. La vie adore les stratégies alambiquées. Diane aurait pu conclure un peu trop vite, en se contentant de la découverte de la propriétaire de la voiture couleur moka qui désigne Marlène comme responsable de son malheur… mais si elle n'est pas pressée, c'est qu'elle ne veut pas seulement savoir, elle veut aussi comprendre. On croit être prêt à haïr. Mais il suffit qu'on s'approche de plus près, qu'on plonge dans une vie, ce qu'on en découvre change fatalement le regard : celui que l'on abordait en ennemi cesse alors d'être anonyme. Ecouter, c'est chercher à comprendre, c'est perdre la distance qui permet la froideur… Comprendre c'est déjà excuser disait l'autre. Ici cette belle femme qui fait face à Diane, fragile et forte à la fois, a ellemême une histoire compliquée. Au delà des apparences il y a la profondeur abyssale de l'humain écartelé entre ses forces et ses faiblesses, fichtrement touchant et attachant (particulièrement quand il a la subtilité et la capacité naturelle de séduction de Nathalie Baye). Passant à deux doigts d'un nouveau drame, Diane va découvrir en Marlène un autre prototype d'humanité tout aussi fascinant et complexe qu'elle l'est ellemême. En démêlant l'écheveau de cette tragédie qui la touche, elle va se révéler infiniment proche d'elle, rencontre improbable et superbe de deux femmes qui commence par un désir de vengeance et évolue vers une réconciliation avec soi-même donc avec les autres. GENIUS Michael GRANDAGE GB 2016 1h44 VOSTF avec Colin Firth, Jude Law, Nicole Kidman, Laura Linney, Guy Pearce, Dominic West… Scénario de John Logan d'après la biographie Max Perkins, Editor of Genius d'Andrew Scott Berg (prix Pulitzer) Genius, c'est l'histoire d'un homme de l'ombre. Un de ceux que l'Histoire, même littéraire, a trop vite oubliés. C'est aussi l'histoire d'une rencontre entre un écrivain alors inconnu et celle d'un éditeur au nez fin. Mais plus que cela encore, c'est l'histoire de passions dévorantes qui vous font mettre tout le reste de côté. Lorsque Thomas Wolfe vient trépigner devant la célèbre maison d'édition Scribner à New-York, en quête de la réponse pour un manuscrit qu'il leur a confié, il s'attend une fois de plus à essuyer un refus. Il ne se doute pas du tout qu'il va y rencontrer un re-lecteur fabuleux qui va bouleverser sa vie. Un de ceux qui vous aiguillent, vous redonnent du courage, ne vous lâchent jamais. Un vrai passionné qui va bien au-delà de sa fonction première de correcteur. Nous sommes dans les années vingt et, Max Perkins, c'est le nom de l'éditeur, malgré ses airs trop propres sur lui, a une audace intellectuelle rare et sait repérer ce que ses collègues ne voient pas. Il va savoir reconnaître une littérature qui émerge et sort des sentiers battus alors que ses confrères passent tous à côté. Grâce à lui va être mise en lumière toute une nouvelle génération d'écrivains dont les fameux Francis Scott Fitzgerald, Ernest Hemingway… Thomas Wolfe est l'antithèse de Max Perkins… L'un du Nord, l'autre du Sud. L'un toujours exalté, à l'enthousiasme débridé, parlant trop fort, vivant d'excès, ivre de mouvements et de conquêtes féminines. L'autre toujours pondéré, économe en mots, pugnace et fidèle à ses choix, comme à sa famille, ayant pour seule évasion la lecture. Max, patiemment, sans lui accorder aucune concession, va contraindre Thomas, trop prolixe, trop exubérant, à resserrer son écriture, à la sublimer. C'est un partenariat de longue haleine qui se met rapidement en place. Entre ces deux hommes si différents mais liés par l'amour des mots, le goût du travail acharné, va naître une reconnaissance mutuelle, une complicité et une amitié qui va devenir obsessionnelle. Max est une sorte d'ange gardien pour Thomas Wolfe et pour lui il sort de son rôle professionnel, endossant celui de coach, de banquier, de confident, de compagnon noctambule… À tel point que leurs compagnes respectives auraient de quoi en être jalouses. Là aussi elles sont comme le jour et la nuit, mais tout aussi brillantes, dévouées. Alors que Louise Sanders, la femme et la mère des cinq filles de Max Perkins, est une dramaturge de renom, affable et d'une patience angélique qui ne perd jamais son sang froid, Aline Bernstein l'amante de Thomas Wolf, créatrice de costumes pour le théâtre, est excessive, ardente, prête à tout pour ne pas perdre son ascendant sur son protégé… Colin Firth, Jude Law, Nicole Kidman, Laura Linney, profondément investis dans la peau de leurs personnages, forment un quatuor détonnant, rocambolesque et rendent ce biopic de facture classique complètement passionnant, particulièrement les scènes de collaboration entre les deux hommes qui nous font pénétrer au cœur même de l'écriture avec un grand « É ». Du titre de la biographie d'Andrew Scott Berg, Max Perkins : Editor of Genius, le film n'a gardé que le dernier mot Genius : « Génie », lequel, d'après son origine latine, se réfère au dieu tutélaire qui préside à la destinée d'un homme. Perkins a littéralement incarné cette fonction. Mais Genius prête à interprétations diverses : on ne sait si c'est le génie de l'éditeur dont il s'agit, ou celui des écrivains qu'il fit découvrir. À moins que soit les deux. En tout cas, même si Perkins et Wolfe sont un peu tombés dans l'oubli, le film donne envie de fouiner dans la librairie la plus proche pour s'immerger dans leurs univers. Vidéo en Poche des films sur votre clé usb ! 5€ par film, sans DRM et en HD quand c’est possible, la résolution minimale étant celle d’un DVD ! Les fichiers sont lisibles par VLC, mais aussi sur les Freebox, et de nombreuses TV et boitiers multimedia. Vous pouvez consulter sur le site et à la caisse du ciné le catalogue complet : www.videoenpoche.info BROOKLYN DES JEUNES GENS MÖDERNES Écrit et réalisé par Pascal Tessaud DES JEUNES GENS MÖDERNES Post punk, coldwave et culture Novö en France, 1978-1983 Documentaire de Jean-François Sanz Avec Etienne Daho, Daniel Darc, Philippe Pascal, Elli Medeiros, Jacno, Lio, Maurice G. Dantec, Edwige Belmore, Kiki et Loulou Picasso, Béatrice Dalle, Franck Darcel, Fifi Chachnil, Denis Bortek, Patrick Vidal, Maripol, Jean-Eric Perrin, J-B ‘Born Bad’ Guillot, Sergeï Papaï, Marie-France, F. J. Ossang, Michel Esteban, Serge Kruger, Gilles Leguen, Pierre René- Worms, Patrick Eudeline, Marc Caro, René Licata... « Le Punk proclamait “No Future” mais le futur était déjà là et les jeunes gens mödernes n’avaient d’autre choix que de faire avec… » Des Jeunes Gens Mödernes est le premier documentaire de référence sur la scène post punk / cold wave qui a agité l’underground hexagonal fin 70’s, début 80’s. Dans la continuité de l’exposition collective présentée à la Galerie du jour Agnès B. en 2008, Jean-François Sanz a réuni pour ce film un matériel exceptionnel qui met à jour, à travers une trentaine d’interviews des principaux acteurs de cette scène et plus de 350 archives d’époque, tout un pan du patrimoine pop-culturel français encore assez méconnu. Fascination pour une scène musicale avortée bien que novatrice et ultra créative. Pour une brochette de « beautiful losers franchouilles » dont la désinvolture n’avait d’égal que l’élégance et le talent. Fascination pour cette vague de musiques froides et synthétiques, cette pop proto électronique qui a déferlé à des degrés d’intensité divers un peu partout dans le monde, et plus particulièrement en Europe, à la charnière des années 70 et 80. Ainsi que pour le souvenir, étrange et singulier, de ces mélodies, volontiers dissonantes et hors formats, captées pour la première fois, adolescent, au détour d’un programme de radio libre. Fascination encore pour ce curieux mélange de désespoir et d’utopie, d’enthousiasme et de cynisme, de mélancolie romantique et d’hédonisme drogué qui caractérisaient ces jeunes gens dits « modernes »... Brooklyn respire l’authenticité et la justesse et s’avère un bel hommage à Saint-Denis, et à la banlieue en général, ces territoires parfois difficiles mais forts d’une richesse culturelle, d’une tradition populaire, d’une solidarité active chez ses habitants. Radiographie vivante et chaleureuse de la création hip hop au quotidien, Brooklyn en montre la créativité – le film délivrant une belle série de performances d’artistes inconnus du grand public – mais aussi ses paradoxes, son attirance pour la culture américaine qui n’empêche pas un fort ancrage dans la réalité hexagonale, la tentation de la culture bling bling et de l’argent facile qui contraste avec l’esprit de la rue et les textes réalistes sur le ghetto. Coralie, jeune rappeuse de 22 ans dont le nom de scène est Brooklyn, quitte sa Suisse natale pour venir tenter sa chance en région parisienne. Elle pose ses valises à Saint-Denis et trouve rapidement une chambre chez une vieille dame et un emploi de femme de ménage polyvalente dans une association musicale de quartier. Mais elle ne perd pas de vue son objectif, elle écrit dans sa chambrette des textes inspirés et volontiers rageurs, elle en interprète même un sur une scène slam où elle fait forte impression… et plus de 130 autres films au catalogue : www.videoenpoche.info BROOKLYN STEFAN ZWEIG, ADIEU L'EUROPE Maria SCHRADER Allemagne 2016 1h41 VOSTF (allemand, français, portugais) avec Josef Hader, Barbara Sukowa, Aenne Schwarz, Matthias Brandt, Charly Hübner, André Szymanski… Scénario de Maria Schrader et Jan Schomburg « Je salue tous mes amis. Puissent-ils voir encore l’aurore après la longue nuit ! Moi je suis trop impatient, je pars avant eux. » Stefan Zweig, Petropolis, 22 février 1942 Quand il écrit ces derniers mots, sous le soleil radieux du Brésil dont la lumière et la chaleur n’atteignent pourtant plus ni son esprit si son cœur, Stefan Zweig ne sait encore rien de cette longue nuit d’horreur et de chaos dans laquelle est plongée, et pour plusieurs années encore, sa « chère vieille Europe ». Tout au plus a t-il déjà pu constater, avec l’amertume et la culpabilité de ceux qui ont fui avant qu’il ne soit trop tard, la fin d’une époque : celle qu’il décrit si magnifiquement dans son livre-testament Le monde d’hier, souvenirs d’un Européen. Sans pouvoir rien présager encore de l’effroi qui suivra, Stefan Zweig, penseur libre et humaniste ayant en horreur tous les nationalismes, sait déjà que ce qui se trame en 1934, lorsqu’il quitte l’Autriche alors que les pages d'Amok – un de ses chefs d'œuvre – se consument sur les places des villages, n’est que le début d’une longue descente aux enfers pour cette Europe qu’il rêvait libre, ouverte, unie… Stefan Zweig, Adieu l’Europe est un film historique passionnant et le récit brillant de la fin de vie en exil de l’un des plus grands écrivains du xxe siècle. Mais en 2016, à l’heure où des bateaux de fortune recrachent sur les plages des portes de l’Europe des femmes et des hommes épris de liberté et fuyant l’horreur et le chaos, c’est un film qui résonnera peut-être aussi comme un signal d’alarme, un film qui convoque l’histoire au chevet d’une société à la mémoire courte, toujours prête semble-t-il à pencher vers le pire, à choisir les peurs et les frontières au détriment d’un possible vivre ensemble. En cela, outre sa réussite artistique incontestable, c’est un film qui vous tire vers le haut, au fil d'une pensée pénétrante, humaniste et généreuse. Et qui évidemment vous donne furieusement envie de lire ou relire tout Zweig. On applaudit des deux mains ! événement dans la vie d’exil de Zweig. Cette exploration dans les moindres détails de temps forts, publics ou intimes, de l’écrivain errant, du Brésil en Argentine en passant par les Etats-Unis, permet de donner un rythme particulier à la narration, au plus près des préoccupations, des doutes et de la pensée toujours en action de ce créateur qui sera jusqu’à la fin traversé par des courants contraires : le bonheur d’être libre et l’horreur de voir se déchirer non seulement son Allemagne natale, terre de ses attaches, de sa formation spirituelle et culturelle, mais l’humanité tout entière. Sans jamais la montrer, sans presque jamais la nommer, la guerre est pourtant omniprésente et hante le film, imposant en hors champ le poids de toutes les souffrances, de toutes les séparations et de toutes les horreurs contre lesquelles viennent s’entrechoquer les couleurs, les parfums et la beauté apaisante et sereine des paysages d’exils. Mais nul tableau enchanté, nul battement d’ailes, nul chant indigène ne feront oublier à Zweig le poids de cette Europe agonisante au loin… Choix audacieux qui rend le récit d'autant plus original et captivant, le film est construit en six chapitres indépendants qui racontent, chacun à sa manière, dans son unité de lieu et de temps, un « Maintenant que le monde de mon langage a disparu pour moi et que ma patrie spirituelle, l’Europe, s’est détruite elle-même. » Stefan Zweig, Petropolis, 22 Février 1942, le jour de son suicide VIVA Paddy BREATHNACH Cuba/Irlande 2016 1h40 VOSTF avec Jorge Perugorria, Luis Alberto Garcia, Hector Medina Valdés… Scénario de Mark O'Halloran Viva était sélectionné pour représenter l'Irlande dans la course aux Oscars, et pour cause : ses réalisateur et scénariste sont Irlandais… Mais ne vous y trompez pas, il n'y a pas plus cubain que ce film qui se passe à La Havane, dans des quartiers qui n'ont rien de touristique, même si les touristes aiment s'y frotter la nuit à la recherche de rencontres et d'émotions troubles et de sexe facile. La Havane qu'on découvre ici n'est pas celle qu'on montre la plupart du temps, mais celle des quartiers pauvres où la prostitution est souvent le seul moyen de gagner sa vie. S'il a tourné le film rapidement et avec un petit budget, Paddy Breathnach s'est longtemps immergé dans la ville, parmi les habitants qui ne sont pas des figurants, sans rien déranger, avec une toute petite équipe et cela donne au film un côté quasi documentaire : on sent vivre et vibrer la ville. Ça vous a un air d'authenticité rare et les images tanguent entre l'univers fantasmé de la nuit, sombre, glauque, fascinant et les dures réalités du jour auxquelles Jesus est constamment confronté… Jesus a la beauté fragile, la gentillesse spontanée d'un jeune homme incertain, pas tout à fait sorti de l'adolescence. Depuis que sa mère est morte, il vit seul dans l'apartement de son père, ancien boxeur condamné à la prison, se débrouillant comme il peut pour survivre, aidé par les amis, sa grand-mère, ses voisins… Comme pour tous ici, c'est le système D obligatoire, toutes les astuces sont bonnes : coiffeur de métier, il s'occupe volontiers de vieilles dames, mais aussi des perruques de Mama, qui tient un cabaret très fréquenté, connu pour ses spectacles de Drag Queens, tout en paillettes et glamour. Jesus est fasciné et rêve de se produire sur scène, s'entraîne souvent quand il est seul. Il adore les frous-frous, les maquillages et l'ambiance des coulisses où toutes se préparent. Mama, qui a une grande gueule mais un cœur encore plus gros, le prend très paternellement sous son aile, et finit par accepter qu'il se produise à l'essai. Jesus révèlera vite un vrai talent pour jouer en play back et talons aiguilles les chansons de la collection de vinyles que sa mère lui a laissé… On pourrait penser qu'il est facile de chanter en play back : que nenni ! il faut un vrai talent de comédien, pour se couler dans une autre personnalité, une autre voix et Mama est très exigeant, pas question, même par amitié, d'accepter des numéros qui ne soient pas à la hauteur de sa réputation. Jesus, dans cet exercice de mime, se coule dans son personnage avec tant d'intensité dramatique et d'émotion que son rêve passe la rampe, révélant ainsi sa personnalité profonde et le petit jeune homme fin et débraillé a toutes les apparences, une fois paré de son costume de scène, d'une femme fichtrement séduisante et sensuelle, plus Viva que Jesus… Mais un jour son père sort de prison, retrouve ses pénates après quinze ans d'absence et entend bien rester là, avec ce fils qu'il n'a connu que bébé. La cohabitation ne s'avère pas simple. Pour ce macho, champion déchu, qui a perdu sa femme, en a vu de toutes les couleurs et a tendance à aimer boire, il n'est pas facile de se retrouver en tête à tête avec ce garçon qui lui est à la fois étranger et familier, si féminin, si doux, d'apparence si fragile. C'est rien de dire qu'il a du mal à accepter que son fiston se métamorphose chaque soir en femme. Dans un premier temps il s'y oppose, mais la gentillesse constante de ce fils qui prend soin de lui malgré tout et subvient à ses besoins finit par le rendre plus réceptif. « Quand je suis en scène, je deviens fort et sincère » lui dira un jour Jesus qui a du mal à s'affirmer, s'excusant d'être ce qu'il est… mais assez fort pour imposer la vie qu'il s'est choisi. FARGO SUR QUEL PIED DANSER neiges qui se passe dans le Minnesota, un coin que les Coen connaissent comme leur poche, vu qu'ils en sont originaires. Fargo, c'est d'abord un bled perdu où se morfond Jerry, un pâlichon chef des ventes de bagnoles dont le beau-père, riche propriétaire de l'entreprise, ne cesse de lui mettre sous le nez l'étendue de sa médiocrité. Sa femme, une grincheuse frustrée, ne lui fait pas la vie plus rose, et comme il s'est fourré dans une histoire de traficotages tordus, il entreprend de la faire enlever par des spécialistes pour réclamer une rançon au beau papa… Mais le Jerry en question est un peu couillon et complètement novice. Le choix des ravisseurs ne va pas être des plus avisés (extraordinaire Buscemi et son complice Peter Stormare, ahurissante brute épaisse) et le kidnapping va virer à la farce monstrueuse. Marge Gunderson (Frances McDormand, géniale), chef de la police locale, va mener l'enquête rondement… si j'ose dire, car Marge promène son gros ventre et son air repu de parturiente au bord du terme avec une satisfaction benoîte et sereine. A quatre pattes dans la neige, revolver au poing, bonnet à poil sur les oreilles, elle remonte la piste entre les nausées du matin et ses envies constantes de bouffe, en « pro » parfaite. Elle assume sans sourciller son rôle de flic d'élite pataugeant dans les salaceries et les crimes comme si c'était la chose la plus banale du monde, et rentre dans son petit foyer douillet, auprès de son légitime, ne laissant jamais l'horreur passer la porte de son home sweet home… A moins que le plus terrifiant soit justement de ce côté-là de la porte, dans cette tranquillité conformiste… C'est d'une drôlerie terrible, ça rebondit sans arrêt, c'est plein de trouvailles, ça décape pas mal… et c'est magnifique à voir : la séquence où Buscemi enterre sa mallette de dollars au beau milieu d'un nulle part enneigé est une merveille de mise en scène, parmi d'autres… Écrit et réalisé par Paul CALORI et Kostia TESTUT France 2016 1h25 avecc Pauline Etienne, Olivier Chantreau, François Morel, Loïc Corbery, Julie Victor… Musique d'Olivier Daviaud, chansons d'Olivia Ruiz, Jeanne Cherhal, Albin de La Simone, Agnès Bihl, Clarika, Jean-Jacques Nyssen, Polo Dieu que la lutte sociale est « fraîche et joyeuse » ! Plus on y pense et plus on l'aime, ce film savoureux qui, sous ses airs légers de comédie musicale pleine de grâce et d'humour, raconte l'air du temps, les élans et les états d'âme d'un groupe d'humains saisis dans un moment critique, dramatique même, mais qui tangue avec bonheur entre amour, solidarité, crise économique et… lutte des classes. C'est à Romans que ça se passe : Romans, capitale de la chaussure bien faite… Mais dans la grande usine jadis grouillante de monde au temps de sa splendeur, la crise a frappé et la délocalisation menace la poignée d'ouvrières qui restent encore, fourmis qui s'activent dans un univers désormais bien trop vaste, mais qui, merci pour nous, se prête à des chorégraphies superbes. Elles aiment leur boulot, fières de ce made in France qui rayonnait jadis partout, accrochées à un savoir faire qui s'étiole, déstabilisé par les coups répétés de politiques de délocalisation motivées par la recherche perpétuelle de la plus grande marge pour le moindre coût. Dans ce contexte de crise, la jolie Julie rêve de décrocher son premier CDI. Motivée comme pas deux, elle rejoint la bande d'ouvrières au moment où justement point à l'horizon un nouveau plan social… Un choix cruel se pose alors à elle : risquer de se faire virer pour avoir rejoint à peine arrivée ses nouvelles copines en lutte ? Ou se farcir seule la mise en boite des escarpins, au risque d'être exclue de cette bande de vivantes qui n'ont pas leurs deux pieds dans le même sabot ? Si ça va mieux en le disant, c'est encore plus chouette quand on le chante et qu'on le danse ! Les textes, les musiques, les passages dansés sont un régal, portés par des comédiens pétillants et subtils à la fois. D’UNE FAMILLE À L’AUTRE Anna MUYLAERT Brésil 2016 1h23 VOSTF avec Naomi Nero, Dani Nefusi, Daniel Bothelo, Matheus Nachtergaele… Scénario d'Anna Muylaert et Marcelo Caetano Ça commence dans les pas cadencés d'une jeunesse brésilienne branchée qui explore tous les genres. Les nuits endiablées de São Paulo, la musique qui cogne, les filles et les garçons qui se dévorent des yeux, puis des lèvres… L'alcool ou les substances que l'on prend pour se sentir vibrer toujours plus haut, toujours plus fort. Soif inextinguible de liberté, d'appétit de vivre, commune à tous ceux qui rêvent de voler de leurs propres ailes. Parmi eux, Pierre, dix-sept ans, aime se vernir les ongles façon dark rock'n roller androgyne, mais il n'est pas pour autant insensible au charme féminin, surtout quand ces demoiselles le provoquent, l'air coquin. C'est que ce brunet frisé à l'air diaphane n'a rien pour leur déplaire ! On emboîte donc son pas, découvrant ses passions, son groupe de musique, sa manière d'être avec les autres et peu à peu on pénètre dans son jardin secret, où il aime à se maquiller à l'abri des regards, explorant cette part de féminité qui transpire de lui sans qu'il ait l'air de savoir trop quoi en faire. Et tout cela est possible grâce à sa mère, Arcay, toujours aux petits soins mais jamais inquisitrice. Elle semble fermer les yeux sur ses frasques et lui accorder une confiance aveugle, aussi inconditionnelle que son amour. Et on devine qu'elle fera pareil avec sa cadette Jaqueline quand elle sera en âge de sortir à son tour. Les moments complices passés en famille sont simples, rassurants et offrent une base sécurisante pour aller de l'avant. Rien ne présage de ce qui va advenir par la suite. Ce sont d'abord des hommes en voiture qui épient Pierre, le photographient subrepticement dans la rue… Puis un soir, Arcay tarde à rentrer… Comme ce n'est pas dans ses habitudes, voilà les deux gosses fichtrement inquiets. Quand elle arrive enfin, camouflant difficilement son embarras, elle ne parvient pas à fournir d'explications… À compter de ce moment-là, tout va se déglinguer. De convocations en convocations, les services sociaux vont expliquer à Pierre qu'Arcay n'est pas sa génitrice et qu'il a été volé à une autre famille… Une autre famille ? Et si Pierre n'en voulait pas ? C'est comme un précipice, un abîme qui engloutit son ancienne vie. Pas le temps d'en faire le deuil, voilà sa mère traitée comme une criminelle et Pierre propulsé dans le logis de ses « vrais » parents, légitimes aux yeux de tout le monde sauf de lui-même. Le pays entier, presse à l'appui, semble s'émouvoir de ces retrouvailles. Nulle part n'est laissée à un minimum d'intimité, ni à la parole des enfants : la loi du sang semble prévaloir sur toute autre considération. Le sort de la fratrie est scellé sans même qu'ils aient vraiment eu droit au chapitre. D'un fait divers qui défraya la chronique dans son pays, la réalisatrice Anna Muylaert tire un récit universel en se plaçant du point de vue de l'adolescent. Comme dans son excellent film précédent Une seconde mère (que vous avez pu voir l'an dernier, et qui est disponible en Vidéo en Poche), elle interroge de manière peu conventionnelle le rapport à la filiation, à la maternité. Plutôt qu'aborder son sujet par le prisme du pathos, elle le fait par celui de la révolte qui sourd, gronde et va aller en s'amplifiant, libératrice, comme une arme jubilatoire offerte à Pierre pour lui permettre de se redresser, de se découvrir et d'affirmer enfin qui il est. Mais si jamais une larme ne coule, le film n'en est pas moins touchant, sensible. Aucun personnage n'est caricatural, surtout pas les deux « mères » si différentes mais qui pourraient tout aussi bien être le prolongement l'une de l'autre (il y a d'ailleurs un détail surprenant du casting dont on parlera quand vous aurez vu le film…). Ciném a garanti sans 3D www.cinemas-utopia.org • Impasse du Château 31170 Tournefeuille • Cinéma 05 34 57 49 45 • Bistrot 05 34 51 88 10 FARGO Écrit et réalisé par Ethan et Joël COEN USA 1996 1h37 VOSTF avec Frances Mc Dormand, Steve Buscemi, William H. Macy, Peter Stormare, Harve Presnell… Fargo fête ses vingt ans par un retour en fanfare sur le grand écran. Le recul en a fait un des meilleurs films des frères Coen, un des plus aboutis, mix parfait entre leur veine burlesque et leur veine noire. Culte au point d'inspirer une série télé – supervisée par les frères – qui se taille déjà une belle réputation et qui entamera bientôt sa troisième saison. Fargo est un incroyable polar des No 228 Du 20 juillet au 23 août 2016 / Entrée: 7€ / (séance sur fond gris dans les grilles : 4€) / Abonnement: 50€ les 10 places