l`économie du couple

Transcription

l`économie du couple
a
Ciném
garanti sans 3D
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L’ÉCONOMIE DU COUPLE
Joachim LAFOSSE
Belgique/France 2016 1h40
avec Bérénice Bejo, Cédric Khan, Marthe
Keller, Jade et Margaux Soentjens…
Scénario de Mazarine Pingeot,
Fanny Burdino, Joachim Lafosse
et Thomas Van Suylen
« Autrefois, on savait réparer. On réparait
les chaussettes, les frigidaires… maintenant on jette. Dès qu'il y a un problème,
on jette. C'est pareil dans un couple :
plus de désir, on jette. » dit la mère à sa
fille. Autre temps, autres mœurs… autre
façon de concevoir la vie de couple.
Entre Marie et Boris, on voit bien que
l'histoire a été forte et intense. Mais
après quinze ans, la belle relation est en
train d'imploser, les cœurs sont à vifs,
les mots violents et les adorables jumelles, prises dans le tourbillon de querelles qui n'en finissent pas de suinter
No 228 Du 20 juillet au 23 août 2016 / Entrée: 7€ / (séance sur fond gris dans les grilles : 4€) / Abonnement: 50€ les 10 places
l'amour passé, ont le cœur tout écartillé
entre deux combattants qu'elles aiment
autant l'un que l'autre, témoins involontaires d'un conflit dont elles ne pigent
pas tout.
Ils se sont aimés, c'est sûr, ça se sent,
dans chaque objet d'une maison qu'ils
ont fabriquée ensemble pour abriter un
bonheur qui leur file désormais entre les
doigts. Mais quand vient le moment des
comptes, aucun ne veut rien lâcher de
ce qu'il pense avoir apporté et les petites
choses matérielles deviennent l'expression visible de sentiments refoulés, de
contentieux inavoués. Ich liebe dich, ich
töte dich…
C'est elle qui reste, c'est lui qui doit partir : elle l'a décidé ainsi, ne supporte plus
de l'avoir dans les pattes, tout ce qu'elle
adorait chez lui jadis est désormais objet
de répulsion : son odeur, ses bras puissants, sa vitalité ombrageuse. Lui aimerait rester, et d'ailleurs comment partir ?
Sans travail fixe, sans moyens pour trouver un logement ailleurs… Il va falloir cohabiter un moment, et ça devient difficile.
La maison, c'est elle qui l'a achetée, elle
avait l'argent, grâce à sa famille. Lui avait
la force, les bras, le savoir faire qui lui a
permis de faire les travaux. Mais au moment des comptes, le travail, aux yeux
de Marie, pèse peu de poids en rapport
de l'argent qu'elle a apporté.
C'est une histoire trempée dans l'air du
temps et si les femmes se sont émancipées et n'hésitent plus à remettre leur
couple en cause, il n'est toujours pas
bien vu qu'une femme gagne plus qu'un
homme et le capital est toujours plus
respecté que le travail. Quel que soit le
camp dans lequel on se trouve, c'est un
sujet d'humiliation pour l'homme et un
moyen de réprobation pour la femme…
La mère de Marie (superbe Marthe Keller)
cherche à temporiser, à concilier, plaidant
l'indulgence et une répartition équitable,
mais dans ces histoires-là il est difficile
pour les belligérants de faire la part des
choses, de reconnaître la contribution de
l'autre. « J'ai tout payé depuis le début »
s'énerve Marie. Boris plaide son investissement physique, « j'y ai laissé mes
mains, ma sueur, mon amour »… Humilié
de s'entendre traiter de « pauvre » devant ses deux gamines, il tente de leur
dire que la vraie richesse est ailleurs…
Dans ce chaos tumultueux, surgit pourtant un moment de formidable grâce, une
danse, une chanson où tout le monde
baisse les armes, une accalmie bienfaisante où on mesure, bouleversé, tout ce
que leur relation a pu nourrir de bonheur,
de tendresse. Il faudra bien, une fois la
tempête passée, que vienne le temps de
l'apaisement, il faudra bien arriver à faire
la part des choses, il faudra bien que la
vie, l'amour, d'une façon ou d'une autre,
continuent… et c'est tant mieux.
C'est un film magnifique, écrit à plusieurs
mains et autant de sensibilités, impliquant également les comédiens qui ont
eu leur mot à dire, modifiant parfois leur
texte pour se l'approprier, et le rendu final est saisissant : il y a quelque chose
de profond et de fort qui tient sans doute
au vécu de chacun, à la connivence qui
s'est établie au cours du tournage et leur
a permis d'appréhender de l'intérieur
des personnages qui immédiatement
nous parlent, nous concernent, nous
touchent durablement. Bérénice Béjo et
Cédrik Khan sont impressionnants de
justesse et d'intensité. Les gamines jumelles sont épatantes, peu préparées à
ce genre d'exercice, sans texte particulier à dire, mais travaillant avec l'équipe
jusqu'à répéter quarante fois la même
scène sans s'énerver pour autant, elles
sont époustouflantes, touchantes et discrètes, spectatrices impuissantes d'un
amour qui se défait et dont elles sont un
des enjeux.
Graphisme : Bibliothèque de toulouse – crédits : zenina / fotolia.com
L’ÉCONOMIE DU COUPLE
Du 19 juillet au 28 août,
la bibliothèque prend ses quartiers
d’été à Toulouse Plages.
Venez bouquiner, lézarder sous
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TRUMAN
Cesc GAY
Espagne 2015 1h46 VOSTF
avec Ricardo Darin, Javier Camara,
Dolores Fonzi, Eduard Fernandez,
Alex Brendemühl…
Scénario de Cesc Gay
et Tomas Aragay
Truman, c'est un grand rouquin au museau sombre et au regard expressif, un
clébard haut sur pattes plus humble et
moins contrariant qu'un humain. Un de
ceux qui semblent tout capter en un
clin d'œil et qui, avec un simple soupir
qui vise juste, vous remettent à votre
place. S'il n'est pas le centre de l'histoire, il n'en est pas moins un enjeu et
surtout un des éléments tendres et comiques qui la parsèment de respirations
jubilatoires, de moments de grâce. Il est
l'œil attentif qui suit chacun des gestes
des hommes, semble les inciter à rester légers, à prendre le recul nécessaire
face aux embûches de la vie. C'est sans
doute pour cela que Julian (le follement
séduisant et charismatique Ricardo
Darin) le considère comme un véritable compagnon de vie. Inséparables
comme les éléments d'un vieux couple
qui n'auraient plus besoin de se parler
pour se comprendre.
Julian n'est pourtant pas un ermite misanthrope : aimer son chien ne l'empêche pas d'aimer les gens. Ici, à
Madrid, il est entouré de potes fidèles,
surtout son amie et ex-amoureuse Paula
qui veille à distance, s'inquiète, solidaire, toujours prête à se rendre disponible où et quand il le faut. Et comme
tous ceux qui veulent le bien des autres,
parfois, elle sait ne pas ou ne veut plus
écouter Julian, prête à se battre comme
une louve pour le protéger, fut-ce à son
corps défendant.
C'est ainsi que, sur un appel pressant
de Paula, tout droit venu du lointain
Québec et d'un lointain passé, débarque
Tomas (Javier Camara, bien sûr impeccable) avec pour mission secrète d'infléchir une décision importante que doit
prendre son vieil ami Julian… Les retrouvailles sont belles. Ni les années ni les
océans qui les ont séparés ne semblent
avoir ébranlé les fondements profonds
d'une telle camaraderie. À travers les silences, les boutades, les provocations
sans complaisance, transpirent un respect immense, une complicité qui fe-
rait rêver tout le monde, sauf Truman,
lequel ne voit pas d'un bon œil l'intrusion de cet inconnu qui perturbe son intimité avec son maître. Truman qui fait
donc un peu la gueule à Tomas qui le lui
rend bien. Et c'est fichtrement cocasse
de voir le manège de ces deux-là dont le
seul point commun semble être Julian…
Mais tout cela, dans le fond, n'est
qu'une trame au second plan pour aller
à l'essentiel, au cœur de nos humanités. Les véritables personnages de l'histoire, ce sont tous ces sentiments qui la
traversent, la bouleversent. Nos peurs
face à l'inconnu, à l'incompréhensible.
L'acceptation des choix de ceux qu'on
aimerait pouvoir garder toujours à nos
côtés. La grande classe de ces amitiés
profondes, indéfectibles, où l'on finit par
prendre l'autre tel qu'il est sans rien attendre en retour.
Il fallait des êtres beaux, dignes, subtils,
pleins d'humour pour parler de choses
aussi profondes sans lourdeurs, sans
fioritures superflues. Voilà deux grands
acteurs réunis pour la première fois
(ils étaient tous les deux au générique
du précédent film de Cesc Gay, Les
Hommes, de quoi parlent-ils ?, mais ils
n'avaient aucune scène en commun). Et
c'est du pur bonheur !
Chers cousins de l'American Cosmograph…
Je vous écris devant mon petit café du petit matin à la
terrasse ombragée du ciné de Tournefeuille… Lucia
a encore pondu de nouveaux tableaux, Raph nous a
présenté son bébé tout neuf… Pas grand monde ne
vient voir l'épatant Sur quel pied danser : trop de soleil, trop de foot… Foutu soleil ! Insupportable foot !
Ce petit pot du 15 Juin, où on vous a remis sur un
petit coussin brodé les clefs d'Utopia Toulouse était
un vrai bonheur, les spectateurs étaient émus et le
petit St Emilion 83 acheté aux enchères pour l'occase avait émoustillé nos banquiers préférés (le
Crédit Coopératif) et last but not least, pour la première fois depuis l'ouverture d'Utopia à Toulouse, on
a pu voir l'aimable adjoint à la culture de Toulouse
et Catherine Blanc, déléguée (entre autres) aux tournages de films, trinquer avec Utopia : il faut dire que
tous deux sont cinéphiles. La chose mérite d'être
soulignée puisqu'en 23 ans, c'est la première fois
que des élus toulousains nous gratifient de leur intérêt bienveillant… Un grand moment vous dis-je !
Quoi de plus pour être heureux ?
C'est donc parti : depuis ce jour-là vous avez saisi la
barre, un peu stressés mais avec bonheur, et votre
Cosmo est en train de trouver son allure de croisière. Ici les questions n'arrêtent pas : mais oui ! vos
abonnements à Utopia et ceux du Cosmo sont toujours valables dans les deux lieux et aussi dans les
Utopia Avignon, Bordeaux, Montpellier… Mais oui,
la concertation continue, oui, on organisera plein de
soirées chouettes ensemble, et les associations trouveront dans les deux lieux la même oreille attentive
que toujours… Oui certains films continuent à passer en tandem, la preuve : L'Economie du couple est
en première page de la gazette ainsi que Fargo… et
avec les sous qu'il nous reste de la cession (après
prélèvements divers), on va pouvoir faire quelques
travaux à Tournefeuille, réorganiser l'accueil, améliorer un peu, faire évoluer le bistrot, agrandir…
Voilà, chers cousins… on se voit un peu moins souvent, mais le cœur y est et on n'est pas inquiets : ce
petit ciné est en bonne mains et on sait que les spectateurs seront là pour vous prêter main forte.
On vous embrasse…
Utopia Tournefeuille.
Bernard, Jean-Pierre, Loïc et Yamann, militants de
BDS (Boycott- Désinvestissement – Sanctions)
étaient convoqués devant le tribunal correctionnel de
Toulouse le jeudi 30 juin.
Il y avait du monde venu de toutes les régions de France,
des stands, de quoi manger et de quoi boire sur les allées
devant le Palais de Justice... et quelques cars de CRS pour
contenir ce rassemblement pacifiste et joyeux. Des messages de soutien arrivaient de France mais aussi d'autres
pays, des personnalités, des associations...
Les 4 prévenus sont poursuivis au départ pour « entrave à
l'exercice normal d'une activité économique » par la LICRA
et le BNVCA . Une nouvelle accusation, pour les mêmes
faits, est arrivée récemment, initiée celle-là par France
Israël et Avocats sans frontières : « incitation à la discrimination... liée à une nation ». Les faits reprochés aux
convoqués : avoir distribué des tracts devant deux grands
magasins de Toulouse.
Pour la première fois dans un procès contre le mouvement
BDS et à la dernière minute, le CRIF de Toulouse est venu
prêter main forte aux plaignants précédents, mais tout ce
monde n'avait pas de conclusions à produire, faute d'avoir
eu le temps d'y travailler. Déjà reporté lors de la première
audience le 9 décembre dernier, le procès est renvoyé une
nouvelle fois au 22 septembre...
Rassemblement prévu le jeudi 22 septembre
à 13h devant le tribunal de Toulouse
Le CRIF et le gouvernement français relaient la stratégie
de l'Etat d'Israël dans sa campagne de diffamation et d'intimidation contre le mouvement BDS, considéré comme
une « menace stratégique »... Mais ils sont de plus en plus
nombreux ceux qui voient dans ces pressions une atteinte
délibérée contre la liberté d'expression et loin d'affaiblir
le mouvement, elles renforcent la solidarité active de tous
ceux qui y sont attachés...
Inspiré par la lutte contre l'apartheid en Afrique du Sud et
par le mouvement américain pour les droits civils, lancé il
y a onze ans comme moyen non violent et efficace pour
soutenir la lutte du peuple palestinien pour ses droits, le
mouvement mondial de boycott continue sa progression.
Pour en savoir plus : www.bdsfrance.org
www.ujfp.org • www.ldh-france.org
Florence Foster Jenkins
Stephen FREARS
Angleterre 1h50 VOSTF
avec Meryl Streep, Hugh Grant, Simon
Helberg, John Cavanagh, Rebecca
Ferguson, Nina Arianda…
Scénario de Nicholas Martin
Pour apprécier à sa juste valeur le nouveau film de Stephen Frears, il faudra en
oublier un autre, celui de Xavier Giannoli.
Oublier Marguerite… enfin, pas vraiment
l’oublier complètement… mais plutôt
accepter de se laisser raconter sensiblement la même histoire d’une tout
autre manière. Il est peut-être dommage
que quelques mois seulement séparent
les deux opus, mais il serait encore plus
dommage de vous priver de l’interprétation émouvante et grandiose de Meryl
Streep dans le rôle de Florence Foster
Jenkins.
Le paragraphe précédent ne concerne
évidemment pas celles et ceux qui n’ont
pas vu Marguerite avec l’également superbe Catherine Frot, et qui découvriront donc Florence Foster Jenkins avec
des yeux et des oreilles tout neufs.
Le film de Stephen Frears est un portrait
fidèle de la chanteuse soprano améri-
caine, célèbre dans le monde entier…
pour son manque total de rythme, sa
prononciation aberrante et d’une manière générale son incapacité à chanter
juste ou à tenir une note ! En dépit d’une
éducation musicale complète comme la
grande bourgeoisie américaine savait la
prodiguer à la fin du xixe siècle, et malgré
un intérêt frisant l’addiction pour la musique avec laquelle elle vivait presque
nuit et jour, il faut bien le dire tout net :
Florence chantait comme une casserole.
Le film ne s’attache qu’aux derniers
mois de son existence : Florence est
déjà la fameuse fondatrice et bienfaitrice du Club Verdi, qu’elle finance généreusement. Elle aime par dessus tout
organiser des récitals dont le clou est
l’arrivée spectaculaire sur scène de sa
propre personne dans des tenues extravagantes – traduisez : la plupart du
temps totalement ridicules – dont la
chronique raconte qu’elle les dessinait et confectionnait elle-même. Mais
Florence est aussi une vieille dame à la
santé sur le déclin qui tente par tous les
moyens de se rattacher au sel de sa vie :
la musique. Son dernier rêve, sa dernière folie : se produire sur la glorieuse
scène du Carnegie Hall de New-York.
La beauté du personnage, ce qui en fait
un être bouleversant de candeur et de
fragilité, c’est que jamais Florence n’a
failli dans la foi qu’elle portait en son
talent de soprano. Etait-ce son rêve
d’enfant qu’elle ne voulut jamais lâcher,
même à 70 ans passés, ou bien une manière de côtoyer au plus près des étoiles
les âmes des plus grands compositeurs ?
Sous la direction alerte d’un Stephen
Frears très en forme, Florence Foster
Jenkins avance au rythme joyeux de la
comédie, enlevée par une Meryl Streep
magnifique et touchante, qui se garde
de tout cabotinage, entourée d’une kyrielle de personnages secondaires tous
plus attachants les uns que les autres :
le mari dévoué corps et âme menant
double vie, le pianiste tiraillé entre la
peur du ridicule et la soif de reconnaissance, et quelques personnages à la zazou, hauts en couleurs, qui annoncent la
fin d’une époque, celle de Florence, et
l’avènement d’une autre, dont la bande
son fera une grande place au jazz.
Florence Foster Jenkins, le film qui
chante faux mais qui touche juste !
Formules de 12 à 17€
Tout à volonté et végétarien :
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plat du jour, desserts...
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Ouvert 7 jours/7, 365 jours/an
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Les rendez-vous de l’été
UN M USÉE EN NOCTURNE
T OUS LES MERCREDIS
Profitez des heures plus fraîches pour
découvrir la mise en scène de Jorge
Pardo* de la salle des sculptures
romanes, voir ou revoir les collections
et flâner dans le cloître jusqu’à 21h.
À 18h30, une visite commentée
vous est proposée, suivie à 20h d’un
petit concert d’orgue (gratuit sur
présentation du billet d’entrée).
*Œuvre produite dans le cadre du Printemps
de Septembre 2014.
UN M USÉE GRATUIT POUR TOUS
L E S P REMIERS DIMANCHES
DU M OIS
L’entrée au musée des Augustins est
gratuite pour tous ces jours-là. Les
autres jours de l’année l’entrée aux
collections reste libre pour les moins
de 18 ans et les étudiants.
E N É T É, PLUS DE VISITES
C OM MENTÉES
Autour des collections du musée
les conférenciers de la ville vous
proposent des visites en français
les mercredis à 18h30, les samedis et
dimanches à 14h30 (sauf 1er dimanche
du mois) et sur des thèmes variés.
Quelques visites en anglais et en
espagnol sont aussi programmées.
:: Voir programme sur www.augustins.org
Les rendez-vous
pour les plus petits
EN JUILLET-AOÛT
Les ateliers Aventuriers de l’art et les
Visites explorations du musée pour
les enfants à partir de 4 ans.
:: Voir programme sur www.augustins.org
DES CONTES POUR TOUS
Dimanche 28 août à 16h
Jean-Yves Pagès vous emmène pour
un parcours conté autour du cloître
et des œuvres.
ET TOUJOURS UNE VISITE EN
FAMILLE LE PREMIER DIMANC H E
DU MOIS
Dimanche 7 août à 11h
Ouverte à tous les publics, elle est
animée par les conférenciers de la ville.
Le musée donne d’autres rendez-vous à tous, petits et grands ou en famille.
Voir notre agenda sur www.augustins.org ou à l’accueil du musée au 05 61 22 21 82
Abonnez-vous à notre e.lettre mensuelle sur augustins.org
21, RUE DE METZ
31000 TOULOUSE
TÉL 05 61 22 21 82
Métro Esquirol
www.augustins.org
Love & Friendship
Écrit et réalisé par Whit STILLMAN
Irlande 2015 1h32 VOSTF
avec Kate Beckinsale, Chloë
Sevigny, Xavier Samuel, Emma
Greenwell, Justin Edwards,
Stephen Fry, Jemma Redgrave…
Librement adapté de Lady Susan,
roman épistolaire de Jane Austen.
Les amateurs de Jane Austen seront
peut-être un peu décontenancés par ce
film sulfureux et jubilatoire. On connait et
on admire cette figure tutélaire de la littérature britannique, prématurément disparue à l’aube de la quarantaine, qui, en
quelques livres emblématiques, a imposé son style fait d’humour brillant et de
satire sociale élégante, jamais excessive, croquant avec saveur ses contemporains et notamment les femmes de la
gentry ou de l’aristocratie soucieuses
d’assurer leur rang envers et souvent
contre leurs sentiments. Les récentes
adaptatations de Jane Austen au cinéma, c’était du classique cousu main :
Orgueil et préjugés de Joe Wright, Raison
et sentiments d’Ang Lee... Le beaucoup
moins classique Whit Stillman est allé
chercher un court roman épistolaire de
jeunesse, Lady Susan, œuvre d’une liberté de ton décapante, étonnant portrait d’une femme forte et manipulatrice,
parfaitement dénuée de scrupules, prête
à tout pour tenir le haut du pavé dans un
monde fait par et pour les hommes dans
lequel la femme doit se contenter d’être
mère et épouse soumise, et accepter de
perdre tous ses droits à partir du moment
où elle se retrouve seule. Un petit roman
qui fit d’autant plus sensation que, probablement écrit en 1794 – Jane Austen
n’avait même pas vingt ans –, il ne fut
publié qu’en 1871, en pleine Angleterre
victorienne, pudibonde à l’extrême.
Au coeur de l’intrigue, Lady Susan
Vernon, jeune veuve dans une situation financière délicate, mère d’une fille
de seize ans qui l’indiffère, en quête
d’un point de chute confortable et
prête à intriguer jusqu’au bout pour arriver à ses fins. Elle est accompagnée
dans ses aventures par sa confidente,
Alicia Johnson, une jeune Américaine
qui craint plus que tout le retour vers
sa rustre terre natale. Lady Susan a de
toute évidence séduit le pourtant marié
Lord Manwaring et, pour éviter le scandale, doit se réfugier chez sa belle-soeur
Catherine dont elle ne va pas tarder à
« allumer » le jeune frère, le joli Reginald.
Dans le même temps, Sir James Martin,
aristocrate stupide mais riche, attend en
embuscade pour courtiser les Vernon
mère et fille...
Love and friendship est une satire impitoyable et délicieuse, une comédie implacable où les Pères et les Mères la
morale sont les dindons de la farce, dépassés par les entreprises pleines de
malice d’un duo de femmes entreprenantes. Le plus réjouissant, c’est que,
malgré l’amoralité de leur démarche
(Susan utilise quand même le destin de sa propre fille adolescente dans
son unique intérêt), on ne peut qu’avoir
de l’empathie pour elles et en particulier pour cette redoutable et très drôle
Lady Vernon, alter ego féminine du vicomte de Valmont dans Les Liaisons
Dangereuses.
Paradoxe également réjouissant, c’est
Whit Stillman, cinéaste éminemment
new yorkais, qui se révèle l’homme de
la situation pour réussir à la perfection
ce film so british, entrelacs d’intrigues
aux dialogues littéraires et à l’humour
féroce. Un film drôle, acide, plastiquement très beau, qui restitue magnifiquement l’architecture des petits châteaux
du xviiie siècle disséminés dans la région
de Dublin où a eu lieu le tournage, un
petit bijou merveilleusement ciselé et interprété, mention spéciale au duo Kate
Beckinsale – Chloé Sevigny.
Progreso Marin
est parti…
C'est un poète, un écrivain,
un militant, un spectateur
d'Utopia, un chouette bonhomme.
Il était à l'initiative de la longue
résistance à l'implantation du
gigantesque et dévastateur projet
Val Tolosa, sur le Plateau de la
Menude (Gardarem la Menude !)
Toulousain, issu de parents
ayant fui l'Espagne franquiste,
il a beaucoup écrit, beaucoup
témoigné sur les traumatismes de
l'exil et sur la vie qui continue et
finit par s'enraciner ailleurs… ses
ouvrages restent, vous pouvez les
trouver aux éditions Loubatières.
« comme un peintre, j'essaie dans
ces destins fabuleux d'anonymes
de prendre ce qui est essentiel,
et de témoigner de cette
formidable lutte pour la liberté
et les raisonnances que ça a pu
avoir sur les individus et sur leurs
enfants… »
Dolorès, une vie pour la liberté Exil – témoignages sur la guerre
d'Espagne, les camps et la
résistance au franquisme - 1936,
luttes sociales dans le midi (avec
Violette Marcos) Exilés espagnols,
Mémoire à Vif… il y a aussi ses
articles (surtout dans l'en-je
lacanien) il y a ses poèmes…
on n'est pas près d'oublier
ses interventions à Utopia et on
garde précieusement l'image
de ce militant inépuisable,
chaleureux et obstiné…
www.gardaremlamenude.com
LA NOUVELLE VIE
DE PAUL SNEIJDER
Thomas VINCENT
France/Québec 2016 1h54
avec Thierry Lhermitte, Géraldine
Pailhas, Guillaume Cyr, Pierre Curzi,
Gabriel Sabourin, Hugo Dubé…
Scénario de Thomas Vincent et Yaël
Cojot-Goldberg, d’après le roman de
Jean-Paul Dubois, Le Cas Sneijder
(L'Olivier et Points Seuil)
On ne peut pas vraiment dire que son
épouse montréalaise lui soit d’un grand
secours. La période de tendresse compatissante est de courte durée et elle est
déjà dans l’instant d’après. Celui du procès, qui pourrait les mettre à l’abri de tout
souci financier et offrir à leurs deux garçons la chance d’intégrer les meilleures
Business Schools des States.
Avant Paul Sneijder avait une vie. Il en
avait même eu deux. Une première en
France, puis un divorce, puis un remariage au Québec. Paul Sneijder est aujourd'hui un homme en mille morceaux
car sa grande fille, celle qu’il avait laissée
en France et qui a grandi sans lui, vient
de mourir. Un accident. Absurde, impensable, un accident défiant toutes les lois
des statistiques et des probabilités. Un
accident auquel il a lui-même survécu
par miracle – pourquoi moi, pourquoi pas
elle ? –, qui le laisse bancal sur ses deux
jambes et bancal dans son existence,
dans un entre deux déroutant, à mi chemin entre la stupeur et le deuil, entre l’envie de sombrer et celle de s’accrocher.
S’accrocher d’accord, mais à qui ? À quoi ?
Mais l’accident a provoqué chez Paul
comme un éclat magique de lucidité et
il veut prendre son temps, le temps du
doute et de l’errance, le temps du chagrin. Il veut écouter la petite voix qui lui
murmure l’absurdité de tout cela…
La nouvelle vie de Paul Sneijder, c’est
celle qu’il va oser choisir sans l'avoir préméditée : quitter son boulot de cadre supérieur et promener des chiens dans un
Montréal majestueux et blanc de neige.
Une longue promenade existentielle
comme les prémisses de sa guérison, de
ses retrouvailles avec le sel de la vie.
Thierry Lhermitte est magnifique. Le
Québec enneigé aussi. Le film est formidable.
IRRÉPROCHABLE
Écrit et réalisé par
Sébastien MARNIER
France 2016 1h43
avec Marina Foïs, Jérémie
Elkaïm, Joséphine Japy, Benjamin
Biolay, Jean-Luc Vincent…
Scénario de Sébastien Marnier
et Samuel Doux
Porté de bout en bout par Marina Foïs,
une comédienne qui n’en finit décidément pas de nous surprendre,
Irréprochable vibre d'une tension digne
des meilleurs thrillers. Noir, ce film l’est
sans doute, non pas tant par la trame de
son récit, qui tient plus du drame psychologique – pour celles et ceux qui aiment les cases –, mais plutôt par la sensation inquiétante – euphémisme – qui
émane de son personnage principal. En
cela, voilà un film qui parvient parfaitement à rendre palpables les contradictions et les tourments d’un être en perdition : entendre par « en perdition »
quelqu’un qui se noie et cherche coûte
que coûte une bouée de sauvetage pour
ne pas sombrer. Tour à tour pathétique,
irritante, cabossée, menaçante mais
aussi sensuelle, émouvante, enfantine,
on n'est pas près d’oublier Constance.
C’est le genre de rencontre qui colle à
la mémoire du spectateur… qui colle
comme la poisse, un mauvais rêve ou
bien le souvenir tenace d’une rencontre
particulière, où rien ne semble jamais
définitif, ni pour le meilleur ni pour le pire.
Constance a perdu l’essentiel de sa vie :
son boulot. Elle a perdu aussi, par effet
domino : un toit, une vie sociale, un statut, une histoire à raconter aux autres, la
sienne. Mais Constance, si elle n’a plus
de ressources, a beaucoup de répartie et la volonté farouche, presque obsessionnelle, de rebondir. Paris, la ville
qu’elle a cru conquérir voilà quelques
années en quittant sa province natale,
l’a aujourd’hui recrachée comme un vulgaire déchet. Plus rentable, plus productive, plus intéressante, plus bonne
à rien, Constance. Alors elle va faire le
chemin à l’envers, revenir aux sources,
dans la petite ville où elle a grandi, où
sa mère vit encore, où elle a connu ses
premiers amours, son premier emploi…
La ville qu'il n'y a pas si longtemps elle
a voulu fuir.
Constance est persuadée que l’agence
immobilière où elle travaillait avant est
prête à la reprendre. Quelle équipe ne
voudrait pas dans ses rangs d’une professionnelle formée sur le marché parisien ? Mais on comprend assez vite que
la réalité de Constance n’est pas tout à
fait conforme à celle du monde qui l’entoure. On comprend vite que Constance
n’est pas tout à fait conforme à l’image
de la quarantenaire cool, sportive et détendue qu’elle veut renvoyer aux autres.
On comprend aussi que Constance est
un être tendu comme un arc prêt à lancer sa flèche assassine. On comprend
que Constance cherche désespérément
sa bouée de secours. Un emploi. Un
corps pour exulter. Une mère malade à
qui parler. Un confident du passé pour
s’épancher. On comprend qu’irréprochable n’est pas vraiment le qualificatif
qui la définira le mieux…
Sans rien révéler du suspense qui va
faire vibrer cette histoire où se mélangent âprement l’humour et le désespoir, la quête de reconnaissance
sociale et la folie discrète qui fait son
nid en douce au cœur des âmes fragiles, Irréprochable peut aussi se voir
comme une fable sans illusion sur notre
monde… Un monde cruel où le travail
est devenu une denrée rare et précieuse
et où la relation à l'autre, si facile dans
l'omniprésente et trompeuse sphère virtuelle, est douloureuse et compliquée
dans la lumière crue de la vraie vie.
L’OLIVIER
Iciar BOLLAIN Espagne 2016 1h40 VOSTF
avec Anna Castillo, Javier Gutierrez,
Maria Romero, Pep Ambros, Miguel Angel Aladren…
Scénario de Paul Laverty
Alma est une jeune fille impulsive, farceuse, débordante d'affection pour une brochette de cousins, oncles, copines qui le
lui rendent bien, subjugués par sa vitalité insupportable qui
leur ferait gober n'importe lequel de ses fantaisistes caprices.
Mais par dessus tout elle est attachée à son grand père, complice de ses plus beaux moments d'enfance. Un grand père
qui avait du temps pour elle et lui a transfusé sa passion pour
sa terre, ses oliviers, son histoire où chaque geste était chargé de valeurs et de sens, tandis que son père et ses oncles,
inquiets pour leur avenir dans une Espagne en difficulté, se
sont laissés hypnotiser par les sirènes d'un libéralisme qui
leur promettait modernité et prospérité économique : ils ont
ainsi vendu le plus vieux des vieux oliviers du champ familial
et gèrent au bout du compte un élevage industriel de poulets…
Depuis, le grand père s'est enfermé dans un mutisme total,
refusant de manger, se laissant mourir, comme si en arrachant de son champ ce morceau d'éternité, on avait rompu la
chaîne de valeurs qui le retenait à la vie. Complètement perdu, il ne s'intéresse plus à rien et s'échappe régulièrement,
sans avertir personne, pour venir rajouter une pierre au petit
tas qui s'accumule à l'emplacement douloureusement vide
de l'olivier.
Voyant son grand père dépérir, Alma se met en tête de trouver l'endroit où cet olivier de deux mille ans a été transporté,
persuadée que la seule chose qui peut redonner à son grand
père sa joie de vivre, c'est d'arracher l'arbre du hall du siège
social de glace, d'alu et de béton de la multinationale qui en a
fait son emblème pour se donner bonne image et faire oublier
qu'elle pourrit, par ailleurs, la planète par ses activités. Elle va
embarquer copines, copains, tontons et relations tissées sur
internet dans une histoire complètement folle et improbable,
qui va les amener à Dusseldorf et qui raconte plein de choses
sur le monde tel qu'il va…
L’EFFET
AQUATIQUE
Écrit et réalisé par Solveig ANSPACH
avec la collaboration de Jean-Luc GAGET
France 2016 1h23
avec Florence Loiret Caille, Samir Guesmi,
Didda Jonsdottir, Philippe Rebbot, Esteban, Olivia Côte…
Samir, un quadragénaire plus habitué à l'air qu'à l'eau puisque
grutier de son état, va trouver l'amour à la piscine Maurice
Thorez de Montreuil, en la personne d'Agathe, maître nageuse, pourtant revêche et mal embouchée de prime abord…
Samir sait parfaitement nager, mais comme il ne sait comment aborder Agathe, il va s'inscrire aux cours de natation,
en prenant soin de trafiquer les plannings pour être sûr de
se retrouver avec elle et non avec sa collègue délurée, qui lui
fout un peu les jetons. Et si faire semblant d'être un barboteur
débutant ne suffit pas, il est prêt à suivre sa naïade jusqu'en
Islande, où elle est envoyée pour un congrès de maîtres-nageurs, ce qui va lui permettre de retrouver sa copine Didda,
élue municipale un jour sur deux, ce qui lui laisse l'autre pour
laisser libre cour à son inspiration de poétesse punk. Une fois
sur place, notre Samir va être amené à se faire passer pour le
représentant israélien, en charge d'un projet d'une « piscine
de la paix » ! Et tout finira probablement dans un lagon de
carte postale chauffé par l'énergie volcanique. Tout cela est
de la plus haute et de la plus réjouissante fantaisie !
Solveig Anspach (disparue en Août 2015) et son complice
Jean-Luc Gaget usent à merveille du comique de l'absurde,
avec des personnages secondaires savoureux (Philippe
Rebbot, hilarant en directeur de piscine et dragueur foireux),
et d'une poésie qu'on imagine très scandinave : douce, décalée, romantique.
Une belle histoire d'amour funambule, qui nous transporte
d'un monde aquatique domestique à un monde aquatique
sauvage et grandiose, en jouant subtilement du côté érotique
des lieux et des situations, en exaltant surtout la liberté et
la générosité de personnages formidablement attachants. Un
testament joyeux et frais que nous laisse la réalisatrice… et on
espère que de là où elle est, elle nous verra rire et applaudir.
DÉESSES INDIENNES EN COLÈRE
Écrit et réalisé par Pan NALIN
Inde 2016 1h44 VOSTF
avec Sarah-Jane Dias, Rajshri
Deshpande, Sandhya Mridul, Amrit
Maghera, Pavleen Gujral…
Bienvenue à Goa, station balnéaire du
Sud-Est de l'Inde. Ses rizières de cartes
postales où barbotent les buffles, ses
plages au sable blanc éclatant, ses palmiers qui craquent au vent de la mer
d'Arabie.
Dans les années 1970, dans cet état catholique donc étrangement plus permissif que le Kerala voisin, les hippies ont
trouvé leur eden. Un petit mélange de
nature paradisiaque, de vie au coût dérisoire pour n'importe quel va nu pieds occidental et de spiritualité orientale vite digérée a fait le succès du lieu. Aujourd'hui
la démocratisation des voyages et le capitalisme à l'indienne sont passés par
là et Goa est une destination « hype »,
aussi bien pour les jeunes Américains
en springbreak exotique que pour les
soldats israëliens en permission ou les
nouvelles classes supérieures indiennes
fuyant les mégalopoles surpolluées, qui
achètent des villas coloniales pour y organiser des séjours fun dans une ambiance arrosée aux mojitos, et bercée
par l'électro des Dj's à la mode bien plus
que par le sitar traditionnel.
Frieda, photographe dont la cote est en
train de monter en flèche, invite à Goa
ses amies Laxmi, Suranjana, Joanna,
Pamela, Madhureeta et Nargis. Sept
femmes modernes en goguette : il y a
là une actrice qui a bien du mal avec les
codes sexistes du cinéma Bollywood,
une femme d'affaires sous tension, une
furie obsédée par le crime impuni qu'a
subi son frère, une femme mal mariée,
une ingénue et même une syndicaliste.
Un panel hétéroclite – et éventuellement
explosif : entre la chef d'entreprise et la
syndicaliste, ça grince – mais finalement
assez représentatif des femmes des
nouvelles sociétés urbaines indiennes.
Le film commence par le portrait assez
savoureux de toutes les protagoniste qui
vont se retrouver à l'occasion d'un mariage pour le moins atypique et toute la
première partie est drôle et enfiévrée, au
plus près de ces sept nanas qui, malgré leurs différences, sont bien décidées
à faire la fête, et qui vont échanger sur
leurs difficultés à trouver leur place dans
une société indienne encore très marquée par la division de classe et plus
encore par une vision totalement rétrograde du rôle de la femme, et ce en dépit du rôle social, économique voire politique que certaines jouent désormais.
Comme le souligne un des personnages,
comment une civilisation qui vénère des
déesses toutes puissantes peut à ce
point asservir la femme ? Mais dans le
même temps les filles s'extasient sur le
beau gosse de passage et ses tablettes
de chocolat, rabrouent les lourdingues
du coin, ironisent sur leurs déboires sentimentaux ou professionnels…
Dès cette première partie enjouée et frivole, le film de Pan Nalin se démarque
de Bollywood qui ne centre jamais un
film sur les personnages féminins, qui
n'y existent généralement que par leur
rapport aux hommes et à leurs intrigues
amoureuses. Mais Déesses indiennes…
prend une tout autre dimension dans sa
deuxième partie, qui aborde de manière
tout à fait touchante un des fléaux endémiques de la société indienne : les
violences sexuelles, phénomène tragique que les différentes mesures répressives ne semblent pas réussir à endiguer, face à des mentalités qui n'ont
pas progressé. Tout comme La Saison
des femmes récemment programmé
chez nous, Déesses indiennes en colère
réussit à séduire par un récit enlevé, une
mise en scène chatoyante, des actrices
épatantes… tout en grattant la société
indienne là où ça fait mal. Aussi plaisant
que salutaire.
LA TORTUE
ROUGE
Film d'animation de Michael DUDOK DE WIT
France / Japon / Belgique 2015 1h20 sans paroles
Producteur artistique : Isao Takahata et le studio Ghibli
Scénario de Michael Dudok de Wit et Pascale Ferran
Musique de Laurent Perez del Mar
MAGNIFIQUE FILM D'ANIMATION VISIBLE PAR TOUS
POUR LES ENFANTS, PAS AVANT 8/9 ANS
VOYAGES
DE REVE
Programme de 5 courts métrages d’animation 2014 43mn
POUR LES ENFANTS À PARTIR DE 4 ANS
Cinq histoires où s’entremêlent rêves et voyages, dans lesquelles les personnages voguent vers des horizons à la fois
tout proches et lointains. A bord du bateau de leur imagination, de leur créativité ou grâce à la magie du cinéma, ils nous
font naviguer vers des mondes enchantés.
Impressions d’arc-en-ciel (Gitanjali Rao, Inde, 2006, 15mn)
En hommage à sa mère et son chat, la réalisatrice a choisi de
peindre toutes les images, plan par plan, de ce court-métrage
qui lui a valu de nombreuses récompenses internationales.
Une vieille dame fait la collection de boîtes d’allumettes. En
noir et blanc, elle vit son quotidien avec son chat. Mais les
illustrations flamboyantes des boîtes d’allumettes les transportent dans un univers haut en couleurs.
Le petit Cousteau (Jakub Kouril, République Tchèque, 2014,
9mn) : fasciné par les mondes marins et par le célèbre commandant Cousteau, un jeune garçon explore le monde de ses
rêves aquatiques. En balance entre onirisme et poésie, le film
nous fait naviguer tout en délicatesse entre plusieurs eaux.
Demain il pleut (Anne-Cécile Phanphengdy et Mélanie
Vialaneix, France, 2013, 5mn) : le poisson c’est dans son assiette qu’il se trouve et pas dans la mer qu’il le voit ! Un vieil
homme vit en compagnie de son chien et rêve de voyages.
Les couchers de soleil avec palmiers au bord de l’eau sont
accrochés au frigo, sur les cartes postales. Astucieux, le
chien va trouver une idée pour voyager.
Le Kiosque (Anete Melece, Suisse, 2013, 7mn)
Dans son kiosque à journaux, Olga est aux petits soins pour
tous les clients, toujours la mine joyeuse. Mais dès qu’elle a
une minute pour elle, Olga rêve de s’échapper un peu de ce
quotidien.
La Carte (Stéfan Le Lay, France, 2009, 7mn)
Tourné en prise de vues réelles, ce court, qui fait écho au premier film, met en scène une belle rencontre entre deux personnes qui séjournent dans deux cartes postales de bord de
mer et deux époques différentes.
C’est un film sans paroles mais peuplé de sons, de musique
et des bruits de la vie. Un film qui s’adresse à tous, adultes,
adolescents et enfants pas trop petits, un film qui vous transporte ailleurs, dans un univers fait d'invention, de sérénité
et de poésie. De l'invention et de la poésie, il y a en dans
chaque plan de La Tortue rouge… Une invention subtile, tout
en douceur, mais qui sait aussi être spectaculaire – l'extraordinaire séquence du tsunami –, une poésie simple, minimaliste, aussi évidente que le trait d’encre noire porté par la
main de Picasso quand il dessine un oiseau, aussi naïve que
les traits délicats et presque inachevés dans les tableaux de
la princesse Kaguya, le chef d'œuvre d'Isao Takahata, qui a
prêté son concours attentif à La Tortue rouge.
Economie des traits qui vont droit à l’essentiel, palette délicate et douce de couleurs dont les nuances ténues imposent
à l’œil une attention de chaque instant : tout dans cette histoire nous tire vers le haut, au diapason de la belle et fière exigence indispensable à la réussite de ce bijou de l'animation.
Un homme, seul rescapé d'un naufrage, échoue sur le sable
d'une île aussi désertique que tropicale. Une fois réveillé, il
s'active : explorer l’île, trouver de quoi survivre, se faire chatouiller les orteils par les crabes… et tenter coûte que coûte
de construire un radeau pour partir. Mais à chaque tentative,
une tortue rouge vient heurter son embarcation de fortune et
l'empêcher de prendre le large, le ramenant à chaque fois sur
la plage. Elle semble être son ennemie, ce sera en réalité sa
seule alliée…
BIENVENUE
À MARLY-GOMONT
Julien RAMBALDI
France 2016 1h36
avec Marc Zinga, Aïssa Maïga,
Bayron Lebli, Médina Diarra,
Rufus, Jonathan Lambert…
Scénario de Kamini Zantoko,
Julien Rambaldi et Benoît Graffin
C'est une histoire vraie tout à la fois
triste et gaie, co-écrite par Kamini, auteur et interprète du rap « Marly-Gomont
» qui a fait un tube sur internet et ailleurs. Une histoire si proche et en même
temps si loin de la France d'aujourd'hui
qu'on ne peut s'empêcher de penser
qu'elle pourrait se vivre à nouveau dans
nos campagnes ou dans nos villes tant
on n'est jamais sûr que l'histoire progresse dans le bon sens.
Elle démarre sous une pluie battante
alors qu'un visiteur vient pousser la
porte d'une petite maison modeste,
située nulle part, c'est à dire à Marly
Gomont. Un bled sans grâce et sans
histoire qui semble avoir été créé tout
exprès par la grâce de Dieu pour qu'il ne
s'y passe jamais rien de bon ou de mauvais. Au point même d'y voir comme une
facétie divine, ou pire encore un acte de
méchanceté, dont ce Dieu d'amour est
parfois capable.
Sous un ciel bas et un déluge incessant,
la porte gonflée par l'humidité finit par
s'ouvrir. Dans la lumière déjà déclinante
de ce milieu d'après-midi, une main
s'attarde alors sur les quelques meubles
chargés de cartons qui trainent alentour.
Aussi étrange que cela puisse paraître
dans ce morne décor, ces traces d'une
vie passée confirment, au même titre
que la grotte de Lascaux, que ce lieu
improbable a abrité des humanoïdes et,
plus curieusement encore, des enfants
du soleil, d'un pays où jamais il ne pleut,
en l'occurrence la petite famille d'un
docteur zaïrois, fraîchement diplômé de
l'école de médecine de Paris.
Difficile de croire, alors, à partir de la bicoque, de la météo locale et de ce coin
perdu de Picardie que ce paysage de
désolation figé dans l'immobilisme va
s'animer joyeusement pour donner naissance d'un coup de baguette magique à
une réjouissante comédie familiale, traversée parfois par le pire, mais bien plus
souvent par le meilleur.
Bienvenue à Marly-Gomont a en effet cette vertu rare, par les temps qui
courent, de nous laisser espérer le meilleur de nos frères humains, à l'image
par exemple de La Vache, ce petit film
franco-algérien programmé il y a peu à
Utopia, qui lui aussi s'efforçait avec humour de nous dire que tout était encore
possible dans nos sociétés entre individus de bonne volonté. Sont-ils précieux, en effet, dans le climat actuel,
ces réalisateurs pétris de gentillesse
qui sont au cinéma ce qu’est à la peinture le Douanier Rousseau, ou dans
L’Iliade et L’Odyssée, les tendres efforts
de Pénélope qui tissait et détissait jour
après jour, nuit après nuit, son ouvrage
pour seulement entretenir le fol espoir
d’espérer toujours.
Alors certes, rien de fracassant dans
l'odyssée toute simple du docteur
Zantoko : ce Zaïrois du pays de Mobutu
fut l'un des premiers médecins noirs à
obtenir son diplôme alors que dans sa
jeunesse, ceux-ci ne pouvaient espérer
au mieux qu'un grade d'infirmier. Mieux
encore, ce jeune diplomé qui aurait pu
opter pour une vie facile refusa de céder
aux sirènes d'un pouvoir zaïrois brutal
et corrompu pour faire le choix d'exercer en France le métier moins gratifiant
de médecin de campagne, dans un village picard où lui et sa famille étaient les
seuls Noirs à des dizaines de kilomètres
à la ronde. Nous voilà donc en 1975 à
Marly-Gomont où notre ami Santoko,
en compagnie de sa femme et de ses
deux enfants, fraîchement débarqués
de Kinshasa, qui s'imaginent, eux, arriver à Paris, et qui, outre le froid et la galère n'y trouveront que racisme et rejet.
La suite cependant va couler heureusement de source en nous racontant le
combat acharné de la famille pour gagner la confiance des villageois et triompher des préjugés et de la bêtise par la
vertu et l'humour. Une abnégation portée par toute une génération qui crut devoir se plier pour s'intégrer.
Mr GAGA SUR LES PAS D'OHAD NAHARIN
,
BIENVENUE
À MARLY-GOMONT
DU 20/07 AU 9/08
DANS LES FORÊTS
DE SIBÉRIE
DU 20/07 AU 14/08
DÉESSES INDIENNES
DU 27/07 AU 23/08
L'ÉCONOMIE DU COUPLE
DU 10 AU 23/08
FARGO
DU 3 AU 23/08
FLORENCE FOSTER
JENKINS
DU 3 AU 23/08
L'EFFET AQUATIQUE
DU 20/07 AU 16/08
GENIUS
DU 10 AU 23/08
IRRÉPROCHABLE
DU 20/07 AU 7/08
Film documentaire de Tomer HEYMANN
Israël 2016 1h39 VOSTF
avec Ohad Naharin et les danseuses/danseurs de la Batsheva Dance Company…
Gaga… un mot venu de l'enfance, comme un
p'tit grain de folie, un balbutiement venu du
temps où l'enfant découvre les possibilités
d'un corps tout neuf, le bonheur de gesticuler,
d'explorer toutes les postures possibles… Il
n'y a personne, dit Ohad Naharin, qui ne soit
capable d'éprouver du plaisir à mouvoir ses
membres. Personne, démontre-t-il, qui ne
puisse aller au-delà de ce qu'il croit être ses
limites physiques. Chez Naharin, la danse est
un cri venu de l'intérieur, un langage incarné
qui permet de communiquer avec les autres
et avec le monde, dans une sorte de dialogue
exaltant et universel…
Ohad Naharin est d'une fascinante beauté,
d'une grâce animale sans cesse en mouvement. Depuis qu'il est né, il danse comme il
respire, à tout propos, à tout moment, sans
apprentissage ni contrainte, comme possédé par une jouissance chronique à se sentir bouger.
Devenu grand, lorsque ce don des dieux devient une évidence pour tous, il se met à l'apprentissage de la technique avec les plus
talentueux, mais après vingt-deux ans de liberté, c'est un peu tard pour accepter de se
plier aux conceptions des autres. De Marta
Graham à Béjart, il ne supportera pas qu'on
lui impose de danser d'une façon qui ne lui
corresponde pas profondément. Il créera
donc son propre style et il l'appellera le style
Gaga, le premier mot qu'il ait jamais prononcé d'après sa mère… une façon de souligner
le côté ludique et dérisoire des choses.
Qu'on soit féru de danse où néophyte, ce qui
subjugue dès la première image, c'est cette
exultation des corps, ce sentiment de liberté
inouie, de plaisir à se sentir vivant. Les corps
sont extraordinairement déliés à force de
mouvement et expriment mieux que les mots
toute la gamme des sentiments humains :
la passion, le désir, la douleur, le bonheur…
Bien au-delà de la performance technique,
il y a l'expression des visages, des regards,
des voix : la danse est ici don absolu de soi,
communication totale avec les autres et c'est
d'une beauté confondante parce que jamais
gratuite, jamais déracinée.
« Le principe, c'est d'écouter son corps
avant de lui dire quoi faire. Procéder ainsi
permet de prendre conscience de nos blocages physiques, de nos faiblesses et aussi de dépasser chaque jour ces limites devenues routinières ». On est assez sidéré de
voir ce que ces danseurs obtiennent de leur
corps sans jamais donner l'impression de lui
faire violence, portés par une exultation profonde de leur être en son entier. L'échange
entre Ohad et ses danseurs a quelque chose
d'une relation amoureuse, d'une écoute intense de l'autre qui permet d'aboutir à des
chorégraphies saisissantes, d'une intensité
amplifiée par la musique, les chants… car
Ohad chante et compose, là encore d'une
façon atypique, libre et cohérente.
Ohad Naharin est né dans un Kibboutz et
en a gardé toute sa vie le goût du collectif, de l'élan partagé. Profondément attaché
à ses origines, il ne pourra pas longtemps
rester aux États Unis et reviendra en Israël
pour prendre la direction de la Batscheva
Dance Compagny, entrainant dans l'aventure Mari Kajiwara, son amoureuse fusionnelle et formidable danseuse enlevée à Alvin
Ailey quelques années plus tôt. Si on ne s'attarde pas vraiment sur sa sphère privée, il est
d'évidence que la danse et sa vie sont indissociables et, sans être jamais impudique ou
voyeur, le film donne à saisir le bonhomme
dans son ensemble, personnage entier et
exigeant qui, en exprimant son amour profond pour son pays natal, dit sa douleur de
le voir emporté par ses responsables politiques dans une dérive suicidaire qui menace
les fondements même de ce pays tant aimé.
JULIETA
DU 20/07 AU 21/08
LEA
DU 10 AU 23/08
LOVE & FRIENDSHIP
DU 20/07 AU 9/08
MOKA
À PARTIR DU 17/08
Mr GAGA
DU 20/07 AU 20/08
LA NOUVELLE VIE
DE PAUL SNEIJDER
DU 20/07 AU 2/08
L'OLIVIER
DU 20/07 AU 8/08
SPARROWS
DU 10 AU 21/08
STEFAN ZWEIG
DU 10 AU 23/08
SUR QUEL PIED DANSER
DU 20/07 AU 2/08
TONI ERDMANN
À PARTIR DU 17/08
LA TORTUE ROUGE
DU 20/07 AU 18/08
TRUMAN
DU 20/07 AU 21/08
D'UNE FAMILLE À L'AUTRE
DU 20/07 AU 9/08
VIVA
DU 3 AU 9/08
VOYAGES DE REVE
DU 20/07 AU 8/08
PROGRAMME
Les séances sur fond gris sont à 4 euros. (D)=dernière projection
du film. L’heure indiquée est celle du début du film, soyez à l’heure,
on ne laisse pas entrer les retardataires. www.cinemas-utopia.org
MER
20
JUILL
16H00
LOVE & FRIENDSHIP
16H00 bébé
L’OLIVIER
16H30
VOYAGES DE RÊVE
16H20
FAMILLE À L’AUTRE
19H30
IRRÉPROCHABLE
20H00
L’OLIVIER
19H40
SUR QUEL PIED DANSER
20H10
FAMILLE À L’AUTRE
21H30
LA TORTUE ROUGE
22H00
MR GAGA...
21H20
DANS LES FORÊTS...
21H50
VIVA
17H50
L’OLIVIER
17H45
LA NOUVELLE VIE DE...
18H30
SUR QUEL PIED DANSER
18H00
LA TORTUE ROUGE
19H50
L’EFFET AQUATIQUE
20H00
LOVE & FRIENDSHIP
20H15
MARLY GOMONT
19H40
VIVA
21H30
IRRÉPROCHABLE
21H50
L’OLIVIER
22H10
FAMILLE À L’AUTRE
21H40
TRUMAN
17H30
IRRÉPROCHABLE
17H40
LOVE & FRIENDSHIP
18H10
FAMILLE À L’AUTRE
18H10
MR GAGA...
19H40
L’OLIVIER
19H30
LA TORTUE ROUGE
19H50
TRUMAN
20H10
FAMILLE À L’AUTRE
21H40
VIVA
21H10
L’EFFET AQUATIQUE
22H00
MARLY GOMONT
21H50
JULIETA
16H30
JULIETA
16H20
L’OLIVIER
16H40
VOYAGES DE RÊVE
16H00
LOVE & FRIENDSHIP
18H30
L’EFFET AQUATIQUE
18H20
LA TORTUE ROUGE
17H45
DANS LES FORÊTS
18H00
FAMILLE À L’AUTRE
20H15
LOVE & FRIENDSHIP
20H00
L’OLIVIER
19H50
MARLY GOMONT
19H40
VIVA
22H10
IRRÉPROCHABLE
22H00
L’EFFET AQUATIQUE
21H50
FAMILLE À L’AUTRE
21H40
TRUMAN
15H30
LA TORTUE ROUGE
15H40
L’EFFET AQUATIQUE
15H20
MARLY GOMONT
16H00
FAMILLE À L’AUTRE
17H10
LOVE & FRIENDSHIP
17H20
L’OLIVIER
17H30
SUR QUEL PIED DANSER
17H40
VIVA
19H00
IRRÉPROCHABLE
19H20
TRUMAN
19H10
LA NOUVELLE VIE DE...
19H40
FAMILLE À L’AUTRE
21H00
LOVE & FRIENDSHIP
21H30
L’OLIVIER
21H20
MR GAGA...
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L’EFFET AQUATIQUE
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L’OLIVIER
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SUR QUEL PIED DANSER
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L’EFFET AQUATIQUE
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LA TORTUE ROUGE
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FAMILLE À L’AUTRE
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LOVE & FRIENDSHIP
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L’OLIVIER
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MARLY GOMONT
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L’EFFET AQUATIQUE
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LA TORTUE ROUGE
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FAMILLE À L’AUTRE
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LOVE & FRIENDSHIP
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L’OLIVIER
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SUR QUEL PIED DANSER
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FAMILLE À L’AUTRE
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MARLY GOMONT
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SUR QUEL PIED DANSER
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LA TORTUE ROUGE
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GENIUS
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DÉESSES INDIENNES...
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L’OLIVIER
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L’EFFET AQUATIQUE
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FAMILLE À L’AUTRE
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VEN
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L’EFFET AQUATIQUE
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DÉESSES INDIENNES...
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4€
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Les 7, 8, 9 octobre : 1re édition du Festival Saisons d'Elles à Toulouse. Des concerts (Anne
Sylvestre, Trio Orlando, Martine Scozzesi…), des débats, des artistes de styles variés pour un festival engagé contre toutes discriminations. Réservation dès septembre www.follessaisons.fr
JEU
19H45
GENIUS
20H00
MARLY GOMONT
19H30
FAMILLE À L’AUTRE
20H10
VIVA
21H50
GENIUS
22H00
DÉESSES INDIENNES...
21H15
LA NOUVELLE VIE DE...
22H10
L’EFFET AQUATIQUE
17H45
GENIUS
17H40
MARLY GOMONT
17H35
LOVE & FRIENDSHIP
17H30
L’EFFET AQUATIQUE
19H50
GENIUS
19H40
DÉESSES INDIENNES...
19H30
VIVA
19H20
TRUMAN
22H00
L’OLIVIER
21H50
DÉESSES INDIENNES...
21H40
FAMILLE À L’AUTRE
21H30
LA TORTUE ROUGE
15H50
GENIUS
15H40
MARLY GOMONT
16H00
SUR QUEL PIED DANSER
16H10
DÉESSES INDIENNES...
18H00
LOVE & FRIENDSHIP
17H40
FAMILLE À L’AUTRE
17H50
VIVA
18H10
MR GAGA...
20H00
GENIUS
19H30
DÉESSES INDIENNES...
19H50
L’OLIVIER
20H10
L’EFFET AQUATIQUE
22H10
JULIETA
21H40
DANS LES FORÊTS...
22H00
TRUMAN
21H50
IRRÉPROCHABLE
14H50
LOVE & FRIENDSHIP
15H00
DÉESSES INDIENNES...
15H10
TRUMAN
15H30
FAMILLE À L’AUTRE
16H50
GENIUS
17H10
MARLY GOMONT
17H30
VOYAGES DE RÊVE
17H20
L’EFFET AQUATIQUE
19H00
L’OLIVIER
19H10
DÉESSES INDIENNES...
18H40
IRRÉPROCHABLE
19H10
LA TORTUE ROUGE
21H00
GENIUS
21H15
DANS LES FORÊTS...
20H40
VIVA
20H50
LA NOUVELLE VIE DE...
17H00
TRUMAN
17H40
L’OLIVIER
17H30
VIVA
17H10
JULIETA
19H20
GENIUS
19H40
DÉESSES INDIENNES...
19H30
FAMILLE À L’AUTRE
19H10
L’EFFET AQUATIQUE
21H30
GENIUS
21H40
DÉESSES INDIENNES...
21H15
LOVE & FRIENDSHIP
21H00
MARLY GOMONT
28
JUILL
VEN
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JUILL
4€
31 4€
SAM
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1
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3
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4
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VEN
5
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4€
4€
17H40
L’OLIVIER
17H50
DÉESSES INDIENNES...
17H30
IRRÉPROCHABLE
18H00
TRUMAN
4€
4€
17H15
GENIUS
17H05
DÉESSES INDIENNES...
17H10
VOYAGES DE RÊVE
17H00
L’OLIVIER
19H20
GENIUS
19H10
DÉESSES INDIENNES...
18H15 (D)
20H00
SUR QUEL PIED DANSER FAMILLE À L’AUTRE
19H00 (D)
LA NOUVELLE VIE DE...
21H30
TRUMAN
21H15
MR GAGA...
21H45
L’EFFET AQUATIQUE
21H20
VIVA
16H00
VOYAGES DE RÊVE
15H40 bébé
FOSTER JENKINS
16H10
L’OLIVIER
15H50
LOVE & FRIENDSHIP
17H20
GENIUS
17H50
TRUMAN
18H15
DANS LES FORÊTS...
17H40
DÉESSES INDIENNES...
19H30
FOSTER JENKINS
20H00
MARLY GOMONT
20H30
FAMILLE À L’AUTRE
19H50
FARGO
21H40
GENIUS
22H00
DÉESSES INDIENNES...
22H10
VIVA
21H50
L’EFFET AQUATIQUE
17H40
FOSTER JENKINS
17H50
FAMILLE À L’AUTRE
18H20
LA TORTUE ROUGE
18H10
IRRÉPROCHABLE
19H50
DÉESSES INDIENNES...
19H40
GENIUS
20H00
VIVA
20H15
LOVE & FRIENDSHIP
21H50
FOSTER JENKINS
21H40
TRUMAN
22H00
L’OLIVIER
22H10
FARGO
18H10
LOVE & FRIENDSHIP
17H50
L’EFFET AQUATIQUE
17H40
L’OLIVIER
17H30
DÉESSES INDIENNES...
20H00
FOSTER JENKINS
19H30
GENIUS
19H50
FARGO
19H40
DANS LES FORÊTS...
22H10
MARLY GOMONT
21H40
DÉESSES INDIENNES...
22H00
IRRÉPROCHABLE
21H50
FOSTER JENKINS
4€
4€
4€
Retrouvez la gazette d’Utopia sur toutes les étapes
au fil de l’eau du Festival Convivencia (qui fête ses 20 ans).
Pour connaître les lieux de passage de la péniche : www.convivencia.eu
4€
7 4€
8 4€
SAM
6
AOÛT
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LUN
AOÛT
15H40
FOSTER JENKINS
15H00
GENIUS
16H00
VIVA
15H10
DÉESSES INDIENNES...
17H50
LOVE & FRIENDSHIP
17H10
LA TORTUE ROUGE
18H00
FARGO
17H20
TRUMAN
19H50
FOSTER JENKINS
19H00
MARLY GOMONT
20H10
L’EFFET AQUATIQUE
19H30
DÉESSES INDIENNES...
14H20
GENIUS
14H50
MARLY GOMONT
14H30
DANS LES FORÊTS...
15H00
DÉESSES INDIENNES...
16H30
FOSTER JENKINS
16H50
LOVE & FRIENDSHIP
16H40
VOYAGES DE RÊVE
17H10
IRRÉPROCHABLE (D)
18H40
GENIUS
18H50
TRUMAN
17H50
FAMILLE À L’AUTRE
19H15
L’OLIVIER
17H20
TRUMAN
17H30
GENIUS
17H10
VOYAGES DE RÊVE (D)
17H40
FAMILLE À L’AUTRE
21H40
FOSTER JENKINS
21H50
GENIUS
22H00
VIVA
21H30
L’OLIVIER (D)
17H20
MARLY GOMONT (D)
17H10
FOSTER JENKINS
17H40
VIVA (D)
17H30
FARGO
19H30
FOSTER JENKINS
19H20
GENIUS
19H45
L’EFFET AQUATIQUE
19H40
TRUMAN
21H40
DÉESSES INDIENNES...
21H30
LOVE & FRIENDSHIP (D)
21H30
DANS LES FORÊTS...
21H50
FAMILLE À L’AUTRE (D)
17H10
TRUMAN
17H30
FOSTER JENKINS
17H50
FARGO
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STEFAN ZWEIG
19H40
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19H50
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DÉESSES INDIENNES...
21H30
FOSTER JENKINS
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GENIUS
21H50
JULIETA
22H00
FARGO
17H40
STEFAN ZWEIG
17H30
ÉCONOMIE DU COUPLE
17H20
SPARROWS
17H50
DÉESSES INDIENNES...
19H50
ÉCONOMIE DU COUPLE
19H30
FOSTER JENKINS
19H20
TRUMAN
20H00
LEA
21H50
STEFAN ZWEIG
21H40
GENIUS
21H30
FOSTER JENKINS
22H00
FARGO
17H40
STEFAN ZWEIG
17H30
L’EFFET AQUATIQUE
18H10
JULIETA
18H00
ÉCONOMIE DU COUPLE
19H50
ÉCONOMIE DU COUPLE
19H20
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21H50
STEFAN ZWEIG
21H30
FOSTER JENKINS
22H10
DÉESSES INDIENNES...
22H00
TRUMAN
15H40
STEFAN ZWEIG
15H20
ÉCONOMIE DU COUPLE
15H30
DANS LES FORÊTS...
16H00
TRUMAN
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FOSTER JENKINS
17H20
GENIUS
17H40
SPARROWS
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MR GAGA...
20H00
STEFAN ZWEIG
19H30
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DÉESSES INDIENNES...
20H10
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21H30
FOSTER JENKINS
21H50
L’EFFET AQUATIQUE
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14H50
STEFAN ZWEIG
15H10
ÉCONOMIE DU COUPLE
14H45
DÉESSES INDIENNES...
15H20
LEA
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FOSTER JENKINS
17H10
FARGO
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LA TORTUE ROUGE
17H20
TRUMAN
19H20
STEFAN ZWEIG
19H10
ÉCONOMIE DU COUPLE
18H30
DANS LES FORÊTS (D)
19H30
L’EFFET AQUATIQUE (D)
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GENIUS
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20H45
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10
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15H00
STEFAN ZWEIG
15H30
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DANS LES FORÊTS...
16H00 bébé
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20H45
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21H00
DÉESSES INDIENNES...
19H30 21H30
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21H15
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19H30
DÉESSES INDIENNES...
19H40
FOSTER JENKINS
20H00
FARGO
19H20
MR GAGA...
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22H00
JULIETA
21H00
GENIUS
21H50
FARGO
21H40
FAMILLE À L’AUTRE
18H20
LA TORTUE ROUGE
4€
4€
4€
4€
Mettez votre PUB
Dans la Gazette
[email protected]
06 70 71 53 55
Le 31 août à 15h, Avant-Première de LA RÉLÈVE de Thierry Demaizière et Alban Teurlai,
en partenariat avec les Résidences D’Oc et Les Cévennes. Benjamin Millepied est nommé
directeur de la danse de l’Opéra National, une incroyable épopée pleine d’énergie.
LUN
19H30
ÉCONOMIE DU COUPLE
19H40
FOSTER JENKINS
20H00
SPARROWS
19H50
LEA
21H30
STEFAN ZWEIG
21H50
FARGO
22H00
TRUMAN
21H40
FOSTER JENKINS
17H30
STEFAN ZWEIG
17H20
ÉCONOMIE DU COUPLE
17H50
SPARROWS
17H45
FOSTER JENKINS
19H40
ÉCONOMIE DU COUPLE
19H20
GENIUS
19H50
DÉESSES INDIENNES...
20H00
FARGO
21H40
STEFAN ZWEIG
21H30
FOSTER JENKINS
21H50
GENIUS
22H00
LEA
16H30
FARGO
17H50
MOKA
17H15
SPARROWS
16H45
GENIUS
18H30
ÉCONOMIE DU COUPLE
19H40
STEFAN ZWEIG
19H10
DÉESSES INDIENNES...
18H50
TONI ERDMANN
20H30
TONI ERDMANN
21H45
MOKA
21H15
TRUMAN
21H50
FOSTER JENKINS
17H10
MOKA
17H00
TONI ERDMANN
17H40
LA TORTUE ROUGE (D)
17H30
LEA
19H00
ÉCONOMIE DU COUPLE
20H10
MOKA
19H50
FARGO
19H30
FOSTER JENKINS
21H00
TONI ERDMANN
22H00
STEFAN ZWEIG
21H50
TRUMAN
21H40
GENIUS
16H30
FOSTER JENKINS
16H40
TONI ERDMANN
17H20
GENIUS
17H10
ÉCONOMIE DU COUPLE
18H40
STEFAN ZWEIG
19H45
MOKA
19H30
TRUMAN
19H15
FARGO
20H45
TONI ERDMANN
21H30
ÉCONOMIE DU COUPLE
21H40
DÉESSES INDIENNES...
21H20
MOKA
14H30
STEFAN ZWEIG
14H40
TONI ERDMANN
16H00
SPARROWS
14H50
ÉCONOMIE DU COUPLE
16H40
GENIUS
17H50
MR GAGA (D)
18H00
DÉESSES INDIENNES...
16H50
TONI ERDMANN
18H45
ÉCONOMIE DU COUPLE
19H50
MOKA
20H10
LEA
20H00
FOSTER JENKINS
20H45
TONI ERDMANN
21H40
STEFAN ZWEIG
22H00
FARGO
22H10
MOKA
14H40
ÉCONOMIE DU COUPLE
14H15
TONI ERDMANN
15H20
TRUMAN (D)
14H30
GENIUS
16H40
STEFAN ZWEIG
17H20
MOKA
17H30
LEA
16H30
TONI ERDMANN
18H45
ÉCONOMIE DU COUPLE
19H10
STEFAN ZWEIG
19H25
SPARROWS (D)
19H30
FOSTER JENKINS
20H45
TONI ERDMANN
21H20
MOKA
21H30
JULIETA (D)
21H40
FARGO
16H50
STEFAN ZWEIG
16H30
TONI ERDMANN
17H40
DÉESSES INDIENNES...
17H10
FOSTER JENKINS
19H00
ÉCONOMIE DU COUPLE
19H40
STEFAN ZWEIG
19H50
LEA
19H20
MOKA
21H00
TONI ERDMANN
21H50
MOKA
21H40
GENIUS
21H10
FARGO
17H00
MOKA
16H50
TONI ERDMANN
17H10
FOSTER JENKINS
16H40
ÉCONOMIE DU COUPLE
19H00
STEFAN ZWEIG
20H00
MOKA
19H20
GENIUS
18H40
TONI ERDMANN
21H10
TONI ERDMANN
21H50
ÉCONOMIE DU COUPLE
21H30
FARGO
21H40
STEFAN ZWEIG
15
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16
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14H30
ÉCONOMIE DU COUPLE
14H40
TONI ERDMANN
15H10 bébé
STEFAN ZWEIG
14H50
MOKA
JEU
18
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VEN
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Aikido
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7e Dan Aikikai
SAM
Franck Noël
AOÛT
4€
21 4€
20
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DIM
AOÛT
LUN
au Dojo de la Roseraie
4, chemin Nicol - 31200 Toulouse
Tél : 05 61 26 10 31
metro Argoulets
www.aikido-noel.com
Cours tous niveaux, du débutant complet
au plus avancé
Tous les jours midi et soir.
Tarifs réduit ado., étudiant et chômeur.
22
AOÛT
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AOÛT
4€
4€
4€
4€
4€
17H20
STEFAN ZWEIG
17H40
ÉCONOMIE DU COUPLE
17H50
DÉESSES INDIENNES...
17H30
GENIUS
4€
4€
Toni Erdmann
Écrit et réalisé par Maren ADE
Allemagne 2016 2h42 VOSTF
avec Sandra Hüller, Peter Simonischek,
Michael Wittenborn, Thomas Loibl…
C'est une sorte de tour de force que
réalise cet étonnant Toni Erdmann, à la
fois hilarant et bouleversant, cri d'amour
d'une sincérité évidente à la famille et à
ses liens inaliénables en même temps
qu'ode à la liberté la plus débridée.
Tout ça maîtrisé de manière impressionnante par la jeune réalisatrice allemande Maren Ade, dont le premier film,
Everyone else, pourtant auréolé de deux
récompenses au Festival de Berlin, était
étrangement passé inaperçu lors de sa
sortie en France.
La trame est au demeurant classique :
la confrontation entre deux êtres qu'a
priori tout oppose, à ceci près que ce
sont un père et sa fille qui se sont éloignés depuis plusieurs années et se retrouvent dans des circonstances rocambolesques.
Winfried est un sexagénaire atypique,
mais assez emblématique d'une génération qui s'est battue contre le modèle
capitaliste, pour la libération sexuelle,
contre les normes établies et l'éducation
traditionnelle. Il est professeur de musique plus ou moins dilettante et, se fichant comme d'une guigne de ce qu'on
attend de lui, n'hésite pas à se déguiser
en personnage gothique d'Halloween
pour une fête de fin d'année à l'occasion
de laquelle il fait ânonner à ses élèves
une chanson ironiquement sinistre.
Sa fille Inès est tout ce que son père n'a
jamais voulu être. Parfait produit de la
réussite économique allemande, elle travaille pour un cabinet d'audit à Bucarest
où elle conseille des entreprises locales
pour les aider à licencier au plus vite et
sans bavures. Elle mène une vie confortable et amorale, dénuée d'amour et
d'idéal, sans trop se poser de questions
autres que celles concernant l'efficacité
des argumentaires qu'elle assène à des
cadres roumains dans le but de leur faire
maîtriser les pratiques managériales qui
font le bonheur du capitalisme européen
et le malheur de ses ouvriers.
Mais le cours des choses va changer
quand Winfried débarque à l'improviste
à Bucarest, ce qui exaspère au plus
haut point la jeune femme. Au sommet
de l'incommunicabilité, croyant s'en être
débarrassée au bout de quelques jours,
elle le voit redébouler sous les atours
d'un personnage de substitution, Toni
Erdmann, perruque ridicule et dentier
factice proéminent : Winfried/Toni se fait
passer pour un éminent « coach » et il
va s'immiscer dans le milieu profession-
nel vermoulu de sa fille où des hommes
d'affaires toujours plus impitoyables se
partagent entre soirées dans des clubs
de striptease et réceptions chez l'ambassadeur. N'ayant pas vraiment le
choix, Inès joue le jeu et se trouve entraînée dans des scènes ubuesques,
comme celle où elle embarque son père
sur un puits de pétrole bientôt sous-traité et où une énième blague de Toni provoque un licenciement, ou encore celle
où une réception censée souder l'équipe
d'Inès se finit à poil, avec le père affublé
d'un énorme costume traditionnel bulgare le faisant ressembler à un yeti.
Petit à petit père et fille vont néanmoins
se rapprocher autour d'une question
simple : c'est quoi le bonheur ?
L'immense force du film tient à son côté
gentiment malséant et décalé. Hilarant
par sa maîtrise du burlesque de certaines situations mais plaçant aussi le
spectateur dans une situation gênante,
au fur et à mesure des mystifications de
plus en plus énormes du père qui permet enfin à sa fille (la formidable Sandra
Hüller) de se révéler à elle-même et d'assumer pleinement sa place de femme indépendante dans un monde dominé par
l'argent et le sexisme.
Le pari était de réaliser un film aussi drôle
qu'émouvant ? Pari tenu haut la main !
LEA
Marco Tullio GIORDANA
Italie 2015 1h36 VOSTF
avec Vanessa Scalera,
Linda Caridi, Alessio Pratico,
Mauro Conte, Matilde Piana...
Scénario de Monica Zapelli
et Marco Tullio Giordana
Pour ceux qui ont suffisamment de bouteille pour s’en souvenir, Marco Tullio
Giordana a réalisé au moins deux films
formidables : la grande fresque Nos meilleures années en 2003, et avant cela, en
2000, le superbe Les Cent pas (I Cento
passi), qui abordait déjà la résistance
contre la Mafia, à travers le personnage
d’un homme remarquable. Giordana revient aujourd’hui avec un nouveau film
très fort, qui attaque de nouveau frontalement la mafia (calabraise cette fois, la
‘Ndrangheta), mais à travers une magnifique figure féminine, la Lea du titre.
Vivant depuis toujours dans un village
calabrais gangréné par la mafia, Lea se
laisse séduire – en partie parce qu’elle
croit voir là un moyen d’échapper à
l’emprise de sa famille – par l’une des
petites frappes de l’organisation, avec
qui elle a une fille. Obéissant d’abord,
parce qu’elle n’a pas vraiment le choix,
aux règles du clan, Lea va progressivement essayer de s’y soustraire, soucieuse qu’elle est d’offrir à sa fille une
vie différente, sans violence, sans peur,
sans mensonge...
Mais on n’échappe pas comme cela à
la pieuvre... Pour gagner son indépendance, pour fuir les mâchoires du piège
qui l’enserre, elle n’a d’autre choix que
de coopérer avec la justice, de donner
des informations sur ses proches, tous
impliqués, et de bénéficier en échange
du régime de protection des témoins.
Quelle est la véritable efficacité de cette
protection ? Combien de temps va-t-elle
durer ?
Inspiré de la véritable histoire de Lea
Garofalo, qui en 2009 a fortement marqué l’opinion publique italienne (autant pour l’horreur des événements que
pour le courage des deux femmes impliquées), le film est à la fois un tableau
hyper réaliste de l’Italie du Sud sous
l’emprise de la mafia et la chronique très
attachante du parcours d’une combattante ordinaire, bien décidée à conquérir sa liberté et celle de sa fille, en toute
connaissance de cause, en mesurant
parfaitement les dangers multiples qui la
menacent.
Aucun glamour ici, les mafieux de Lea
portent plus volontiers des bleus de travail que des costumes trois pièces, et
utilisent comme couverture à leurs sinistres activités un modeste garage ou
la location d’un immeuble misérable à
Milan plutôt qu’un grand casino tapeà-l’œil. Mais s’ils sont « normaux » en
surface, ils n’en sont pas moins impitoyables. Obéissant au code immuable
de la vendetta, les criminels mettent au-
dessus de toute loi la suprématie de la
famille en tant que clan. Léa, elle, refuse
que sa fille grandisse dans ce milieu anxiogène, et sa seule obsession sera de la
protéger. Ce sont bien deux visions de la
loyauté familiale qui s’opposent dans le
film de Marco Tullio Giordana. L’attitude
de Lea est inadmissible pour sa famille :
dans ce milieu, la femme appartient au
patron du clan. C’est elle qui élève les
enfants et transmet les « valeurs » sur
lesquelles repose la mentalité mafieuse.
Quand les femmes se soumettent à ce
rôle, la société mafieuse est à l’abri.
Mais quand une femme commence à réfléchir à l’avenir de ses enfants, qu’elle
refuse qu’ils deviennent des petits soldats, ou qu’elle essaie de s’émanciper,
la pérennité du système est remise en
cause. Cela se vérifie particulièrement
pour la ‘Ndrangheta, qui a gardé la famille comme noyau : les affiliés ne sont
pas des associés, mais des frères, fils,
cousins, neveux. S’il faut faire des alliances et des fusions, cela se passe à
travers des mariages. C’est pour cela
qu’elle reste une des organisations criminelles les plus impénétrables.
À partir d’un scénario particulièrement
précis, Marco Tullio Giordana décrit
sans temps mort l’évolution sur trois
décennies d’une femme hors-norme,
de la passivité obligée à la prise de
conscience, de la tentative de fuite aux
carences de l’État italien.
SPARROWS
Écrit et réalisé par Rúnar RUNARSSON
Islande 2016 1h39 VOSTF
avec Atli Oskar Fjalarsson, Ingvar
Eggert Sigurosson, Nanna Kristin
Magnusdottir, Rade Serbedzija,
Kristbjörg Kjeld…
Il y a dans la première scène tout ce qui
fait le charme de ce film : dans le chœur
d’une église, un garçon chante d’une
voie cristalline un cantique. Habité par
la mélodie, il semble s’élever non pas
vers Dieu, la vierge Marie ou le Saint
Esprit, mais plutôt vers un espace secret connu de lui seul, un de ces refuges ou au contraire un de ces territoires d'échappées belles dont a besoin
l’adolescence. Sparrows pourrait n'être
– et après tout ce ne serait déjà pas si
mal – qu'un énième récit sur cet instant
périlleux et parfois dangereux où il faut
quitter l'enfance pour se frotter à l’âpreté du monde des adultes. Mais grâce à
la magie des terres islandaises, grâce à
la subtilité, à la sensibilité de l'écriture,
grâce à la pudeur et la délicatesse de la
mise en scène, ce second long métrage
d'un réalisateur encore inconnu chez
nous s’impose par sa fraîcheur et sa
tonalité douce amère comme l’une des
plus inspirantes découvertes de cette
gazette estivale.
Ari a seize ans. Il a passé l’âge de rester dans les jupes de sa mère. C’est en
tout cas ce qu’elle décide puisqu'elle
annonce à son fils qu'elle part pour un
pays lointain qui n'est d'évidence pas du
tout adapté pour un garçon comme lui.
On comprend que les parents d’Ari sont
séparés, et que sa mère est impatiente
de lâcher prise avec son ado de fils pour
pouvoir vivre pleinement sa nouvelle vie
avec son nouveau compagnon. C’est
donc contraint et contrarié que l'adolescent va devoir quitter Reykjavik pour
aller vivre chez son père, dans la région
isolée des fjords, au Nord-Ouest de l'Islande, autant dire au bout du bout du
monde.
Les retrouvailles avec l’enfance qu’il a
quittée ne sont pas des plus simples.
Ses amis d’avant ont grandi sans l’attendre, son père s’est enlisé dans une
vie morne rythmée par les repas avec sa
mère et les beuveries entre potes et Ari
peine à trouver sa place dans un monde
dont il ne connait pas les codes. Être
jeune, c’est aussi boire et fumer, sortir en bande et draguer les filles… autant de rites d’initiation qui l’attirent et
l’effraient en même temps, lui le garçon
de la grande ville qui devait penser ne
pas avoir nécessairement à affronter cela pour s’affirmer. Pourtant, aussi sensible et discret qu’il puisse paraître, Ari
porte en lui une force intérieure qui va
l’aider à traverser cette étape. Il est à
deux doigts de se comporter comme un
petit garçon, d'appeler sa mère au secours… mais il va s'accrocher. C’est le
regard tendre qu’il porte sur sa grandmère. C’est l’exigence qu’il saura imposer à son père pour qu’il assume correctement son rôle de guide et de modèle,
c’est la sensibilité bouleversante qui
l’habitera comme une arme face à la dureté des premiers émois sensuels.
Sans violence, sans fracas, Sparrows
livre une histoire qui est sans doute ordinaire mais qui n'est jamais quelconque.
Par la grâce et la retenue de ses personnages, par la beauté brute de ses paysages, par le choix assumé de l'économie des mots pour mieux nous laisser
deviner les sentiments profonds. Un très
beau film qui atteint même à une vraie
grandeur dans une scène finale magnifique…
DANS LES FORÊTS
DE SIBÉRIE
Safy NEBBOU France 2016 1h45
avec Raphaël Personnaz, Evgueni Sidhikhine
Scénario de Safy Nebbou et David œlhoffen,
d'après le livre de Sylvain Tesson
Musique originale de Ibrahim Maalouf
JULIETA
Écrit et réalisé par Pedro ALMODOVAR
Espagne 2016 1h36 VOSTF
avec Emma Suarez, Adriana Ugarte, Daniel Grao,
Inma Cuesta, Rossy de Palma, Dario Grandinetti,
Michelle Jenner, Pilar Castro…
D'après trois nouvelles d'Alice Munro
« Merci de ne pas me laisser vieillir seule » : Julieta, la cinquantaine, répète mot pour mot ce que son compagnon vient
de lui dire, au milieu des cartons. Ils sont d’accord pour quitter Madrid ensemble, à jamais, et s’établir au Portugal. Mais
en un instant, tout bascule : une jeune femme, dans la rue,
parle à Julieta de sa fille, qu’elle n’a pas vue depuis des années. Comme d’autres rechutent dans l’alcool ou la drogue,
elle s’abandonne soudain à l’obsession de revoir son enfant,
devenue une femme. Elle rompt avec son compagnon, se
réinstalle seule à Madrid et replonge dans le passé… Les fans
du Pedro Almódovar mature (disons depuis Tout sur ma mère)
apprécieront cette superbe entrée en matière : après la parenthèse trop légère des Amants passagers, retour à l’intensité
romanesque et au portrait de femme, avec la promesse d’une
histoire gigogne, mélangeant les époques… un récit comme
une fuite en avant, mais dans le passé.
Le sentiment de culpabilité est l’inattendue force motrice du
film. Julieta l’éprouve très jeune, après le suicide d’un homme,
inconnu, qu’elle avait refusé d’écouter. De cette épreuve naît
finalement un grand amour, charnel et consolateur, lui-même
défait, des années après, dans la certitude, cette fois inconsolable, d’une nouvelle faute… Tout raconte que l’existence
est une succession de pertes et d’adieux informulés.
A cette gravité, le maître espagnol donne, toujours, une traduction étrangement séduisante. Pour évoquer les années
1980 et la prime jeunesse de Julieta, il ressuscite la merveilleuse débauche chromatique de sa période Movida. Quand
elle devient une autre femme, transformée par le chagrin et les
remords, il passe d’une actrice (Adriana Ugarte) à une autre
(Emma Suarez) dans la même scène, élégante et suave…
Grande réussite d'un Almodovar qui se réclame de l'austérité,
le film fascine par cette alchimie entre la noirceur désenchantée du fond et l’éclat rédempteur de la forme.
(L. Guichard, Télérama)
On s'embarque en terre inconnue en même temps que le protagoniste, Teddy, parti très loin pour fuir le brouhaha parisien,
les sollicitations de son monde, goûter une nouvelle forme
de liberté. Nous voilà ensemble coupés de nos repères et on
ne sait pas où l'aventure va nous mener. Le périple débute
dans une modeste bicoque, où nous sommes simplement accueillis par une femme russe dont le chant ruisselle du lait
de la tendresse humaine. On s'immerge dans l'ambiance, les
gestes, les sons des autochtones : les mots que l'on ne comprend pas, dont on devine la signification.
Teddy a choisi de partir vers le dépouillement, l'isolement, la
solitude et son voyage commence quand il se retrouve minuscule face à l'infini de la neige… Nous voici un peu perdus au fin fond de la forêt sibérienne,
époustouflés par la beauté des paysages, par le silence ou par
une musique qui vous vrille les sens et le cœur. Uniquement
reliés au monde (en tout cas au monde organisé, socialisé)
par un lac gelé… à condition que les glaces ne décident pas
de fondre. Teddy est enfin seul dans la petite cabane de bois
qu'il a achetée. Seul avec lui-même, ses pensées, ses joies
enfantines… loin du brouhaha parisien… Seul ? Pas si sûr… Il
y a une ou des présences qu'il ressent ou qu'il devine, même
s'il ne sait pas décrypter les traces, les murmures, les frôlements de la nature. Végétal ? Animal ? Humain ? Les récits
que lui ont fait ceux qui l'ont accueilli deviennent plus présents : il y a longtemps, un meurtrier serait venu se réfugier ici
pour fuir le châtiment des hommes… Mort, vivant ? Nul ne le
sait. Puis ce sont des pièges posés pour se nourrir qu'il découvre par hasard… Bientôt il n'y aura plus de doute. Ce sera une magnifique rencontre entre deux solitaires, entre deux
solitudes…
MOKA
Frédéric MERMOUD
France/Suisse 2016 1h29
avec Emmanuelle Devos,
Nathalie Baye, David Clavel,
Diane Rouxel, Samuel Labarthe,
Jean-Philippe Ecoffey…
Scénario de Frédéric Mermoud
et Antonin Martin-Hilbert, d'après
le roman de Tatiana de Rosnay
Elle a quelque chose d'un héros de western, ou de polar… enfin, un truc dans
lequel on imagine mal habituellement
une femme. Une femme, c'est doux, ça
pleure, ça souffre, ça peut aimer, être
terrible… mais ça va rarement acheter un gun et se mettre en quête de résoudre le problème qui lui pourrit la vie,
en poursuivant de façon solitaire, obsessionnelle, obstinée, calculée… un
projet de vengeance. On n'est pas dans
un polar, on n'est pas dans un western,
il y a un peu de ça mais ici les choses
sont plus subtiles. On est entre la Suisse
et la France, entre Evian et Lausanne,
on reste autour du Lac Léman, qui est
assez peu rassurant, malgré son aspect
lisse : plutôt étrange, et finalement inquiétant peut-être… on sent qu'on n'est
pas à l'abri de surprises.
Notre héroïne n'est pas simple à sai-
sir. Au départ, on peut la trouver bizarre, voire un peu folle, d'ailleurs elle
s'échappe d'une clinique où elle semble
soigner les suites d'un drame non résolu… Ça n'a pas l'air d'aller fort, mais il
émane d'elle une sorte de tension froide
et silencieuse, une sorte de violence
rentrée, elle apparaît fichtrement résolue avec sa parka qui la banalise, ses
basket qui ne font pas de bruit. Et puis
bon sang ! Elle a la tête d'Emmanuelle
Devos, qui a une façon d'être à l'image
qui accroche l'intérêt, séduit, intrigue.
On ne vous racontera pas l'histoire…
c'est sans doute mieux parce que ce
serait vous priver de cette curiosité qui
grandit peu à peu et ne s'arrête pas à
l'énoncé de ce qui pourrait avoir l'air
à première vue d'un fait divers. Cette
belle femme qui largue les amarres, qui
semble avoir vacillé un moment sous
l'effet d'une grande douleur, tangue
comme une équilibriste entre l'appel du
vide et un profond appétit de vie. Peu
à peu son besoin viscéral de vérité va
la propulser du côté moins sombre des
choses, au cours de méticuleuses recherches qui la conduiront à résoudre
cette affaire qui la concerne au plus profond d'elle même et à laquelle les flics
du coin s'intéressent assez peu.
Se faire justice… Au bout de son enquête, elle trouve une femme, et la rencontre ne sera pas banale. Sous l'évidence apparente des faits pourrait bien
se cacher une erreur judiciaire. La vie
adore les stratégies alambiquées. Diane
aurait pu conclure un peu trop vite, en se
contentant de la découverte de la propriétaire de la voiture couleur moka qui
désigne Marlène comme responsable
de son malheur… mais si elle n'est pas
pressée, c'est qu'elle ne veut pas seulement savoir, elle veut aussi comprendre.
On croit être prêt à haïr. Mais il suffit
qu'on s'approche de plus près, qu'on
plonge dans une vie, ce qu'on en découvre change fatalement le regard :
celui que l'on abordait en ennemi cesse
alors d'être anonyme. Ecouter, c'est
chercher à comprendre, c'est perdre
la distance qui permet la froideur…
Comprendre c'est déjà excuser disait
l'autre. Ici cette belle femme qui fait face
à Diane, fragile et forte à la fois, a ellemême une histoire compliquée. Au delà des apparences il y a la profondeur
abyssale de l'humain écartelé entre ses
forces et ses faiblesses, fichtrement
touchant et attachant (particulièrement
quand il a la subtilité et la capacité naturelle de séduction de Nathalie Baye).
Passant à deux doigts d'un nouveau
drame, Diane va découvrir en Marlène
un autre prototype d'humanité tout aussi
fascinant et complexe qu'elle l'est ellemême. En démêlant l'écheveau de cette
tragédie qui la touche, elle va se révéler infiniment proche d'elle, rencontre
improbable et superbe de deux femmes
qui commence par un désir de vengeance et évolue vers une réconciliation
avec soi-même donc avec les autres.
GENIUS
Michael GRANDAGE
GB 2016 1h44 VOSTF
avec Colin Firth, Jude Law,
Nicole Kidman, Laura Linney,
Guy Pearce, Dominic West…
Scénario de John Logan d'après
la biographie Max Perkins, Editor
of Genius d'Andrew Scott Berg
(prix Pulitzer)
Genius, c'est l'histoire d'un homme
de l'ombre. Un de ceux que l'Histoire,
même littéraire, a trop vite oubliés. C'est
aussi l'histoire d'une rencontre entre un
écrivain alors inconnu et celle d'un éditeur au nez fin. Mais plus que cela encore, c'est l'histoire de passions dévorantes qui vous font mettre tout le reste
de côté.
Lorsque Thomas Wolfe vient trépigner devant la célèbre maison d'édition Scribner à New-York, en quête de
la réponse pour un manuscrit qu'il leur a
confié, il s'attend une fois de plus à essuyer un refus. Il ne se doute pas du tout
qu'il va y rencontrer un re-lecteur fabuleux qui va bouleverser sa vie. Un de
ceux qui vous aiguillent, vous redonnent
du courage, ne vous lâchent jamais. Un
vrai passionné qui va bien au-delà de sa
fonction première de correcteur. Nous
sommes dans les années vingt et, Max
Perkins, c'est le nom de l'éditeur, malgré ses airs trop propres sur lui, a une
audace intellectuelle rare et sait repérer
ce que ses collègues ne voient pas. Il
va savoir reconnaître une littérature qui
émerge et sort des sentiers battus alors
que ses confrères passent tous à côté.
Grâce à lui va être mise en lumière toute
une nouvelle génération d'écrivains dont
les fameux Francis Scott Fitzgerald,
Ernest Hemingway…
Thomas Wolfe est l'antithèse de Max
Perkins… L'un du Nord, l'autre du Sud.
L'un toujours exalté, à l'enthousiasme
débridé, parlant trop fort, vivant d'excès,
ivre de mouvements et de conquêtes féminines. L'autre toujours pondéré, économe en mots, pugnace et fidèle à ses
choix, comme à sa famille, ayant pour
seule évasion la lecture. Max, patiemment, sans lui accorder aucune concession, va contraindre Thomas, trop prolixe, trop exubérant, à resserrer son
écriture, à la sublimer. C'est un partenariat de longue haleine qui se met rapidement en place. Entre ces deux hommes
si différents mais liés par l'amour des
mots, le goût du travail acharné, va
naître une reconnaissance mutuelle, une
complicité et une amitié qui va devenir
obsessionnelle.
Max est une sorte d'ange gardien pour
Thomas Wolfe et pour lui il sort de son
rôle professionnel, endossant celui de
coach, de banquier, de confident, de
compagnon noctambule… À tel point
que leurs compagnes respectives auraient de quoi en être jalouses. Là aussi
elles sont comme le jour et la nuit, mais
tout aussi brillantes, dévouées. Alors
que Louise Sanders, la femme et la mère
des cinq filles de Max Perkins, est une
dramaturge de renom, affable et d'une
patience angélique qui ne perd jamais
son sang froid, Aline Bernstein l'amante
de Thomas Wolf, créatrice de costumes
pour le théâtre, est excessive, ardente,
prête à tout pour ne pas perdre son ascendant sur son protégé…
Colin Firth, Jude Law, Nicole Kidman,
Laura Linney, profondément investis
dans la peau de leurs personnages, forment un quatuor détonnant, rocambolesque et rendent ce biopic de facture
classique complètement passionnant,
particulièrement les scènes de collaboration entre les deux hommes qui nous
font pénétrer au cœur même de l'écriture avec un grand « É ».
Du titre de la biographie d'Andrew Scott
Berg, Max Perkins : Editor of Genius, le
film n'a gardé que le dernier mot Genius :
« Génie », lequel, d'après son origine latine, se réfère au dieu tutélaire qui préside à la destinée d'un homme. Perkins
a littéralement incarné cette fonction.
Mais Genius prête à interprétations diverses : on ne sait si c'est le génie de
l'éditeur dont il s'agit, ou celui des écrivains qu'il fit découvrir. À moins que soit
les deux. En tout cas, même si Perkins
et Wolfe sont un peu tombés dans l'oubli, le film donne envie de fouiner dans la
librairie la plus proche pour s'immerger
dans leurs univers.
Vidéo en Poche des films sur votre clé usb !
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étant celle d’un DVD ! Les fichiers sont lisibles par VLC, mais aussi sur les
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BROOKLYN
DES JEUNES GENS MÖDERNES
Écrit et réalisé par Pascal Tessaud
DES JEUNES GENS
MÖDERNES
Post punk, coldwave et culture
Novö en France, 1978-1983
Documentaire de Jean-François Sanz
Avec Etienne Daho, Daniel Darc, Philippe
Pascal, Elli Medeiros, Jacno, Lio, Maurice
G. Dantec, Edwige Belmore, Kiki et Loulou
Picasso, Béatrice Dalle, Franck Darcel,
Fifi Chachnil, Denis Bortek, Patrick Vidal,
Maripol, Jean-Eric Perrin, J-B ‘Born Bad’
Guillot, Sergeï Papaï, Marie-France, F. J.
Ossang, Michel Esteban, Serge Kruger,
Gilles Leguen, Pierre René- Worms, Patrick
Eudeline, Marc Caro, René Licata...
« Le Punk proclamait “No Future” mais
le futur était déjà là et les jeunes gens
mödernes n’avaient d’autre choix que de
faire avec… »
Des Jeunes Gens Mödernes est le premier
documentaire de référence sur la scène
post punk / cold wave qui a agité l’underground hexagonal fin 70’s, début 80’s.
Dans la continuité de l’exposition collective
présentée à la Galerie du jour Agnès B. en
2008, Jean-François Sanz a réuni pour ce
film un matériel exceptionnel qui met à
jour, à travers une trentaine d’interviews
des principaux acteurs de cette scène et
plus de 350 archives d’époque, tout un pan
du patrimoine pop-culturel français encore
assez méconnu.
Fascination pour une scène musicale
avortée bien que novatrice et ultra créative. Pour une brochette de « beautiful
losers franchouilles » dont la désinvolture
n’avait d’égal que l’élégance et le talent.
Fascination pour cette vague de musiques
froides et synthétiques, cette pop proto
électronique qui a déferlé à des degrés
d’intensité divers un peu partout dans le
monde, et plus particulièrement en Europe,
à la charnière des années 70 et 80. Ainsi
que pour le souvenir, étrange et singulier,
de ces mélodies, volontiers dissonantes
et hors formats, captées pour la première
fois, adolescent, au détour d’un programme
de radio libre. Fascination encore pour ce
curieux mélange de désespoir et d’utopie,
d’enthousiasme et de cynisme, de mélancolie romantique et d’hédonisme drogué
qui caractérisaient ces jeunes gens dits
« modernes »...
Brooklyn respire l’authenticité et la justesse
et s’avère un bel hommage à Saint-Denis,
et à la banlieue en général, ces territoires
parfois difficiles mais forts d’une richesse
culturelle, d’une tradition populaire, d’une
solidarité active chez ses habitants.
Radiographie vivante et chaleureuse de
la création hip hop au quotidien, Brooklyn
en montre la créativité – le film délivrant
une belle série de performances d’artistes
inconnus du grand public – mais aussi ses
paradoxes, son attirance pour la culture
américaine qui n’empêche pas un fort
ancrage dans la réalité hexagonale, la tentation de la culture bling bling et de l’argent
facile qui contraste avec l’esprit de la rue et
les textes réalistes sur le ghetto.
Coralie, jeune rappeuse de 22 ans dont
le nom de scène est Brooklyn, quitte sa
Suisse natale pour venir tenter sa chance
en région parisienne. Elle pose ses valises
à Saint-Denis et trouve rapidement une
chambre chez une vieille dame et un
emploi de femme de ménage polyvalente
dans une association musicale de quartier.
Mais elle ne perd pas de vue son objectif,
elle écrit dans sa chambrette des textes
inspirés et volontiers rageurs, elle en interprète même un sur une scène slam où elle
fait forte impression…
et plus de 130 autres films au
catalogue : www.videoenpoche.info
BROOKLYN
STEFAN ZWEIG, ADIEU L'EUROPE
Maria SCHRADER
Allemagne 2016 1h41 VOSTF
(allemand, français, portugais)
avec Josef Hader, Barbara Sukowa,
Aenne Schwarz, Matthias Brandt,
Charly Hübner, André Szymanski…
Scénario de Maria Schrader
et Jan Schomburg
« Je salue tous mes amis. Puissent-ils voir
encore l’aurore après la longue nuit ! Moi
je suis trop impatient, je pars avant eux. »
Stefan Zweig, Petropolis, 22 février 1942
Quand il écrit ces derniers mots, sous le
soleil radieux du Brésil dont la lumière
et la chaleur n’atteignent pourtant plus
ni son esprit si son cœur, Stefan Zweig
ne sait encore rien de cette longue nuit
d’horreur et de chaos dans laquelle est
plongée, et pour plusieurs années encore, sa « chère vieille Europe ». Tout
au plus a t-il déjà pu constater, avec
l’amertume et la culpabilité de ceux qui
ont fui avant qu’il ne soit trop tard, la
fin d’une époque : celle qu’il décrit si
magnifiquement dans son livre-testament Le monde d’hier, souvenirs d’un
Européen.
Sans pouvoir rien présager encore de
l’effroi qui suivra, Stefan Zweig, penseur
libre et humaniste ayant en horreur tous
les nationalismes, sait déjà que ce qui se
trame en 1934, lorsqu’il quitte l’Autriche
alors que les pages d'Amok – un de ses
chefs d'œuvre – se consument sur les
places des villages, n’est que le début
d’une longue descente aux enfers pour
cette Europe qu’il rêvait libre, ouverte,
unie…
Stefan Zweig, Adieu l’Europe est un film
historique passionnant et le récit brillant de la fin de vie en exil de l’un des
plus grands écrivains du xxe siècle. Mais
en 2016, à l’heure où des bateaux de
fortune recrachent sur les plages des
portes de l’Europe des femmes et des
hommes épris de liberté et fuyant l’horreur et le chaos, c’est un film qui résonnera peut-être aussi comme un signal
d’alarme, un film qui convoque l’histoire
au chevet d’une société à la mémoire
courte, toujours prête semble-t-il à pencher vers le pire, à choisir les peurs et
les frontières au détriment d’un possible
vivre ensemble.
En cela, outre sa réussite artistique incontestable, c’est un film qui vous tire
vers le haut, au fil d'une pensée pénétrante, humaniste et généreuse. Et qui
évidemment vous donne furieusement
envie de lire ou relire tout Zweig. On applaudit des deux mains !
événement dans la vie d’exil de Zweig.
Cette exploration dans les moindres
détails de temps forts, publics ou intimes, de l’écrivain errant, du Brésil en
Argentine en passant par les Etats-Unis,
permet de donner un rythme particulier
à la narration, au plus près des préoccupations, des doutes et de la pensée toujours en action de ce créateur qui sera
jusqu’à la fin traversé par des courants
contraires : le bonheur d’être libre et
l’horreur de voir se déchirer non seulement son Allemagne natale, terre de ses
attaches, de sa formation spirituelle et
culturelle, mais l’humanité tout entière.
Sans jamais la montrer, sans presque jamais la nommer, la guerre est pourtant
omniprésente et hante le film, imposant
en hors champ le poids de toutes les
souffrances, de toutes les séparations et
de toutes les horreurs contre lesquelles
viennent s’entrechoquer les couleurs,
les parfums et la beauté apaisante et sereine des paysages d’exils. Mais nul tableau enchanté, nul battement d’ailes,
nul chant indigène ne feront oublier à
Zweig le poids de cette Europe agonisante au loin…
Choix audacieux qui rend le récit d'autant plus original et captivant, le film est
construit en six chapitres indépendants
qui racontent, chacun à sa manière,
dans son unité de lieu et de temps, un
« Maintenant que le monde de mon langage a disparu pour moi et que ma patrie spirituelle, l’Europe, s’est détruite
elle-même. » Stefan Zweig, Petropolis,
22 Février 1942, le jour de son suicide
VIVA
Paddy BREATHNACH
Cuba/Irlande 2016 1h40 VOSTF
avec Jorge Perugorria, Luis Alberto
Garcia, Hector Medina Valdés…
Scénario de Mark O'Halloran
Viva était sélectionné pour représenter l'Irlande dans la course aux Oscars,
et pour cause : ses réalisateur et scénariste sont Irlandais… Mais ne vous
y trompez pas, il n'y a pas plus cubain
que ce film qui se passe à La Havane,
dans des quartiers qui n'ont rien de touristique, même si les touristes aiment
s'y frotter la nuit à la recherche de rencontres et d'émotions troubles et de
sexe facile. La Havane qu'on découvre
ici n'est pas celle qu'on montre la plupart du temps, mais celle des quartiers
pauvres où la prostitution est souvent le
seul moyen de gagner sa vie. S'il a tourné le film rapidement et avec un petit
budget, Paddy Breathnach s'est longtemps immergé dans la ville, parmi les
habitants qui ne sont pas des figurants,
sans rien déranger, avec une toute petite équipe et cela donne au film un côté quasi documentaire : on sent vivre et
vibrer la ville. Ça vous a un air d'authenticité rare et les images tanguent entre
l'univers fantasmé de la nuit, sombre,
glauque, fascinant et les dures réalités
du jour auxquelles Jesus est constamment confronté…
Jesus a la beauté fragile, la gentillesse
spontanée d'un jeune homme incertain,
pas tout à fait sorti de l'adolescence.
Depuis que sa mère est morte, il vit seul
dans l'apartement de son père, ancien
boxeur condamné à la prison, se débrouillant comme il peut pour survivre,
aidé par les amis, sa grand-mère, ses
voisins… Comme pour tous ici, c'est le
système D obligatoire, toutes les astuces
sont bonnes : coiffeur de métier, il s'occupe volontiers de vieilles dames, mais
aussi des perruques de Mama, qui tient
un cabaret très fréquenté, connu pour
ses spectacles de Drag Queens, tout en
paillettes et glamour. Jesus est fasciné
et rêve de se produire sur scène, s'entraîne souvent quand il est seul. Il adore
les frous-frous, les maquillages et l'ambiance des coulisses où toutes se préparent. Mama, qui a une grande gueule
mais un cœur encore plus gros, le prend
très paternellement sous son aile, et finit
par accepter qu'il se produise à l'essai.
Jesus révèlera vite un vrai talent pour
jouer en play back et talons aiguilles les
chansons de la collection de vinyles que
sa mère lui a laissé… On pourrait penser
qu'il est facile de chanter en play back :
que nenni ! il faut un vrai talent de comédien, pour se couler dans une autre
personnalité, une autre voix et Mama
est très exigeant, pas question, même
par amitié, d'accepter des numéros qui
ne soient pas à la hauteur de sa réputation. Jesus, dans cet exercice de mime,
se coule dans son personnage avec tant
d'intensité dramatique et d'émotion que
son rêve passe la rampe, révélant ainsi sa personnalité profonde et le petit
jeune homme fin et débraillé a toutes les
apparences, une fois paré de son costume de scène, d'une femme fichtrement séduisante et sensuelle, plus Viva
que Jesus…
Mais un jour son père sort de prison,
retrouve ses pénates après quinze ans
d'absence et entend bien rester là, avec
ce fils qu'il n'a connu que bébé. La cohabitation ne s'avère pas simple. Pour
ce macho, champion déchu, qui a perdu
sa femme, en a vu de toutes les couleurs
et a tendance à aimer boire, il n'est pas
facile de se retrouver en tête à tête avec
ce garçon qui lui est à la fois étranger et
familier, si féminin, si doux, d'apparence
si fragile. C'est rien de dire qu'il a du
mal à accepter que son fiston se métamorphose chaque soir en femme. Dans
un premier temps il s'y oppose, mais la
gentillesse constante de ce fils qui prend
soin de lui malgré tout et subvient à ses
besoins finit par le rendre plus réceptif.
« Quand je suis en scène, je deviens fort
et sincère » lui dira un jour Jesus qui a
du mal à s'affirmer, s'excusant d'être ce
qu'il est… mais assez fort pour imposer
la vie qu'il s'est choisi.
FARGO
SUR QUEL
PIED DANSER
neiges qui se passe dans le Minnesota, un coin que les Coen
connaissent comme leur poche, vu qu'ils en sont originaires.
Fargo, c'est d'abord un bled perdu où se morfond Jerry, un
pâlichon chef des ventes de bagnoles dont le beau-père, riche
propriétaire de l'entreprise, ne cesse de lui mettre sous le nez
l'étendue de sa médiocrité. Sa femme, une grincheuse frustrée, ne lui fait pas la vie plus rose, et comme il s'est fourré
dans une histoire de traficotages tordus, il entreprend de la
faire enlever par des spécialistes pour réclamer une rançon
au beau papa…
Mais le Jerry en question est un peu couillon et complètement
novice. Le choix des ravisseurs ne va pas être des plus avisés (extraordinaire Buscemi et son complice Peter Stormare,
ahurissante brute épaisse) et le kidnapping va virer à la farce
monstrueuse.
Marge Gunderson (Frances McDormand, géniale), chef de la
police locale, va mener l'enquête rondement… si j'ose dire,
car Marge promène son gros ventre et son air repu de parturiente au bord du terme avec une satisfaction benoîte et sereine. A quatre pattes dans la neige, revolver au poing, bonnet
à poil sur les oreilles, elle remonte la piste entre les nausées du
matin et ses envies constantes de bouffe, en « pro » parfaite.
Elle assume sans sourciller son rôle de flic d'élite pataugeant
dans les salaceries et les crimes comme si c'était la chose la
plus banale du monde, et rentre dans son petit foyer douillet,
auprès de son légitime, ne laissant jamais l'horreur passer la
porte de son home sweet home… A moins que le plus terrifiant soit justement de ce côté-là de la porte, dans cette tranquillité conformiste…
C'est d'une drôlerie terrible, ça rebondit sans arrêt, c'est plein
de trouvailles, ça décape pas mal… et c'est magnifique à
voir : la séquence où Buscemi enterre sa mallette de dollars
au beau milieu d'un nulle part enneigé est une merveille de
mise en scène, parmi d'autres…
Écrit et réalisé par Paul CALORI et Kostia TESTUT
France 2016 1h25
avecc Pauline Etienne, Olivier Chantreau,
François Morel, Loïc Corbery, Julie Victor…
Musique d'Olivier Daviaud, chansons d'Olivia
Ruiz, Jeanne Cherhal, Albin de La Simone, Agnès
Bihl, Clarika, Jean-Jacques Nyssen, Polo
Dieu que la lutte sociale est « fraîche et joyeuse » !
Plus on y pense et plus on l'aime, ce film savoureux qui, sous
ses airs légers de comédie musicale pleine de grâce et d'humour, raconte l'air du temps, les élans et les états d'âme d'un
groupe d'humains saisis dans un moment critique, dramatique même, mais qui tangue avec bonheur entre amour, solidarité, crise économique et… lutte des classes.
C'est à Romans que ça se passe : Romans, capitale de la
chaussure bien faite… Mais dans la grande usine jadis grouillante de monde au temps de sa splendeur, la crise a frappé
et la délocalisation menace la poignée d'ouvrières qui restent
encore, fourmis qui s'activent dans un univers désormais bien
trop vaste, mais qui, merci pour nous, se prête à des chorégraphies superbes.
Elles aiment leur boulot, fières de ce made in France qui rayonnait jadis partout, accrochées à un savoir faire qui s'étiole,
déstabilisé par les coups répétés de politiques de délocalisation motivées par la recherche perpétuelle de la plus grande
marge pour le moindre coût.
Dans ce contexte de crise, la jolie Julie rêve de décrocher son
premier CDI. Motivée comme pas deux, elle rejoint la bande
d'ouvrières au moment où justement point à l'horizon un nouveau plan social… Un choix cruel se pose alors à elle : risquer
de se faire virer pour avoir rejoint à peine arrivée ses nouvelles
copines en lutte ? Ou se farcir seule la mise en boite des escarpins, au risque d'être exclue de cette bande de vivantes
qui n'ont pas leurs deux pieds dans le même sabot ?
Si ça va mieux en le disant, c'est encore plus chouette quand
on le chante et qu'on le danse ! Les textes, les musiques, les
passages dansés sont un régal, portés par des comédiens
pétillants et subtils à la fois.
D’UNE FAMILLE À L’AUTRE
Anna MUYLAERT
Brésil 2016 1h23 VOSTF
avec Naomi Nero, Dani Nefusi,
Daniel Bothelo, Matheus Nachtergaele…
Scénario d'Anna Muylaert
et Marcelo Caetano
Ça commence dans les pas cadencés d'une jeunesse brésilienne branchée qui explore tous les genres. Les
nuits endiablées de São Paulo, la musique qui cogne, les filles et les garçons qui se dévorent des yeux, puis des
lèvres… L'alcool ou les substances que
l'on prend pour se sentir vibrer toujours
plus haut, toujours plus fort. Soif inextinguible de liberté, d'appétit de vivre,
commune à tous ceux qui rêvent de
voler de leurs propres ailes. Parmi eux,
Pierre, dix-sept ans, aime se vernir les
ongles façon dark rock'n roller androgyne, mais il n'est pas pour autant insensible au charme féminin, surtout
quand ces demoiselles le provoquent,
l'air coquin. C'est que ce brunet frisé à
l'air diaphane n'a rien pour leur déplaire !
On emboîte donc son pas, découvrant
ses passions, son groupe de musique,
sa manière d'être avec les autres et peu
à peu on pénètre dans son jardin secret,
où il aime à se maquiller à l'abri des regards, explorant cette part de féminité
qui transpire de lui sans qu'il ait l'air de
savoir trop quoi en faire. Et tout cela est
possible grâce à sa mère, Arcay, toujours
aux petits soins mais jamais inquisitrice. Elle semble fermer les yeux sur ses
frasques et lui accorder une confiance
aveugle, aussi inconditionnelle que son
amour. Et on devine qu'elle fera pareil
avec sa cadette Jaqueline quand elle
sera en âge de sortir à son tour. Les moments complices passés en famille sont
simples, rassurants et offrent une base
sécurisante pour aller de l'avant.
Rien ne présage de ce qui va advenir par
la suite. Ce sont d'abord des hommes
en voiture qui épient Pierre, le photographient subrepticement dans la rue…
Puis un soir, Arcay tarde à rentrer…
Comme ce n'est pas dans ses habitudes, voilà les deux gosses fichtrement
inquiets. Quand elle arrive enfin, camouflant difficilement son embarras, elle ne
parvient pas à fournir d'explications…
À compter de ce moment-là, tout va se
déglinguer. De convocations en convocations, les services sociaux vont expliquer à Pierre qu'Arcay n'est pas sa
génitrice et qu'il a été volé à une autre
famille… Une autre famille ? Et si Pierre
n'en voulait pas ? C'est comme un précipice, un abîme qui engloutit son ancienne vie. Pas le temps d'en faire le
deuil, voilà sa mère traitée comme une
criminelle et Pierre propulsé dans le logis
de ses « vrais » parents, légitimes aux
yeux de tout le monde sauf de lui-même.
Le pays entier, presse à l'appui, semble
s'émouvoir de ces retrouvailles. Nulle
part n'est laissée à un minimum d'intimité, ni à la parole des enfants : la loi
du sang semble prévaloir sur toute autre
considération. Le sort de la fratrie est
scellé sans même qu'ils aient vraiment
eu droit au chapitre.
D'un fait divers qui défraya la chronique
dans son pays, la réalisatrice Anna
Muylaert tire un récit universel en se plaçant du point de vue de l'adolescent.
Comme dans son excellent film précédent Une seconde mère (que vous avez
pu voir l'an dernier, et qui est disponible en Vidéo en Poche), elle interroge
de manière peu conventionnelle le rapport à la filiation, à la maternité. Plutôt
qu'aborder son sujet par le prisme du
pathos, elle le fait par celui de la révolte
qui sourd, gronde et va aller en s'amplifiant, libératrice, comme une arme jubilatoire offerte à Pierre pour lui permettre
de se redresser, de se découvrir et d'affirmer enfin qui il est. Mais si jamais
une larme ne coule, le film n'en est pas
moins touchant, sensible. Aucun personnage n'est caricatural, surtout pas
les deux « mères » si différentes mais qui
pourraient tout aussi bien être le prolongement l'une de l'autre (il y a d'ailleurs
un détail surprenant du casting dont on
parlera quand vous aurez vu le film…).
Ciném
a garanti sans 3D
www.cinemas-utopia.org • Impasse du Château 31170 Tournefeuille • Cinéma 05 34 57 49 45 • Bistrot 05 34 51 88 10
FARGO
Écrit et réalisé par Ethan et Joël COEN
USA 1996 1h37 VOSTF
avec Frances Mc Dormand, Steve
Buscemi, William H. Macy, Peter
Stormare, Harve Presnell…
Fargo fête ses vingt ans par un retour en
fanfare sur le grand écran. Le recul en
a fait un des meilleurs films des frères
Coen, un des plus aboutis, mix parfait
entre leur veine burlesque et leur veine
noire. Culte au point d'inspirer une série
télé – supervisée par les frères – qui se
taille déjà une belle réputation et qui entamera bientôt sa troisième saison.
Fargo est un incroyable polar des
No 228 Du 20 juillet au 23 août 2016 / Entrée: 7€ / (séance sur fond gris dans les grilles : 4€) / Abonnement: 50€ les 10 places

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