ETUDE DE L` EFFICACITE DE LA MACROMOLECULE SPINOSAD
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ETUDE DE L` EFFICACITE DE LA MACROMOLECULE SPINOSAD
République Algérienne Démocratique et Populaire وزارة التعـــلــيــــم العـــالـــــــي والبـــحــــــث الـعـلــمـــــــي Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifeuqi UNIVERSITE DES SCIENCES ET DE LA TECHNOLOGIE d’ORAN Mohamed Boudiaf Faculté des Sciences Spécialité : Département de Biotechnologie Biotechnologie Végétale Option : Productions Végétales et Microbiennes Mr. OUADAH KARIM Soutiendra publiquement un mémoire de Magister Intitulé : ETUDE DE L’ EFFICACITE DE LA MACROMOLECULE SPINOSAD SUR LA MINEUSE DE TOMATE TUTA ABSOLUTA DANS LA REGION DE SIDI BEL ABBES : CONTRIBUTION DE LA MODELISATION MOLECULAIRE Le : / 03 / 2012 Devant le jury composé de : Présidente Rapporteur Examinateur Examinateur Mme. Kaid Harche Meriem M. Tchouar Noureddine M. Belkhiri Lotfi M. Djabeur Abderezek Professeur. USTO MB M.conf. A USTO MB Professeur. Univ. de Constantine M.conf. A USTO MB Année universitaire : 2011 – 2012 Remerciements Je remercie le bon Dieu tout puissant pour la force et la volonté qu’il ma donné pour mener à bien ce modeste travail. Avant d’aborder l’exposé de mon travail, je tiens d’abord à remercier vivement tous ceux qui m’ont permis de mener à bien mes études. En témoignage de mes profonds sentiments de respect et de remerciements, je tiens à exprimer toute ma gratitude au Docteur Tchouar N. pour avoir assuré la Direction Scientifique de ce travail. Il m’est très agréable de pouvoir lui adresser mes vifs remerciements et reconnaissances pour ses précieux conseils et recommandations à l’élaboration de ce mémoire. Je remercie très vivement madame le Professeur Kaid-Harche M., chef de département de Biotechnologie à l’USTO, pour l’honneur qu’elle m’a fait en présidant le jury de ce mémoire, elle trouvera l’assurance de ma profonde gratitude. Mes remerciements vont aussi à M. Djabeur A., Maître de conférences à l’USTO, département de Biotechnologie et M. Belkhiri L., Professeur à L’université de Constantine, département de chimie pour l’honneur qu’ils me font en acceptant tous deux de juger ce travail. Je tiens également à exprimer toute ma gratitude au Professeur Vergoten de l’université Lille I pour son aide surtout dans le domaine théorique. A cet égard, je lui adresse l’expression de mon profond dévouement. Mes remerciements vont également à tous mes Enseignants à savoir : Professeur Fortas Z., Mme. Abdedaim K., Mme Benahmed A. J’exprime ma profonde reconnaissance à Mr Kristian M, Mr Jean Bel, Mr Saoud A, Mr Meslem O. pour l’assistance précieuse durant mon travail et Mr Aichi Z d’avoir accepté de mener l’expérimentation dans sa ferme. Enfin que tout ceux, de près ou de loin, dans leur assistance ou conseils m’ont permis de mener à bien ce travail, trouvent ici l’expression de ma profonde gratitude. Dédicaces Je dédie ce mémoire à : Mes très chers parents qui m’ont beaucoup aidé avec tant de sacrifices pour me permettre la voie de la réussite, Mes très chers frères Amine, Ahmed pour leur encouragement, Ma chère sœur Faiza, pour son aide précieuse, Mes professeurs de l’USTO, tous mes amis qui étaient toujours prés de moi dans les moments les plus difficiles. Tous les agriculteurs-producteurs qui m’ont beaucoup aidé ; Je dédie ce modeste document tout en espérant leur avoir rendu grâce et hommage. Karim Résumé La mineuse de la tomate Tuta absoluta Meyrick est devenue le ravageur de la tomate le plus important en Algérie. Elle ne cesse de causer des dégâts spectaculaires depuis son introduction en 2008. La lutte contre cet insecte nécessite la recherche de plusieurs méthodes de lutte dont la complémentarité doit résoudre le problème. Le travail expérimental a été porté sur la dynamique des populations de Tuta absoluta sur une culture de tomate en plein champ, installée dans une ferme à proximité de la commune de Hassi Abed de la wilaya de Sidi Bel-Abbès. L’essai a montré un niveau d’infestation progressif par Tuta absoluta de mars à juin 2010. Des traitements effectués sur le terrain avec des insecticides différents (Abamectine, Indoxacarb et le Téflubenzuron) ont montré des contrôles hétérogènes, l’une par rapport à l’autre. Une efficacité assez élevée sur les stades larvaires (mortalité proche de 87 %) a été constaté avec l’application du spinosad. Le spinosad est une substance active de produit phytosanitaire (ou produit phytopharmaceutique, ou pesticide), qui présente un effet insecticide. C'est un produit fermenté d'origine biologique dérivé du mélange de deux toxines (spinosyne A et D) sécrétées par une bactérie vivant dans le sol, Saccharopolyspora spinosa. Un travail théorique a été consacré pour cette macromolécule afin de pouvoir comprendre sa stabilité. Nous avons utilisé les outils informatiques (« ADF, Accelrys et Spartan plus ») pour mettre en évidence ces différentes propriétés, entre les deux formes de la spinosyne A et D. L’étude structurale nous a confirmé des différences dans certaines distances et angles dièdres, spécifique au site actif (cyclohexène) des deux formes A et D. Enfin, en ce qui concerne l’étude électronique, les HOMO et les LUMO des deux formes interviennent remarquablement pour expliquer la stabilité de ces spinosynes Aet D. L’étude spectrale a révélé aussi la différence entre ces deux macromolécules dans les différentes fréquences de vibrations et une différence dans la chiralité. L’hydratation du spinosyne A, a montré les probables liaisons hydrogènes avec les molécules d’eau dans les différents sites cycliques du spinosad. Mots clés : Tomate, Tuta absoluta, Spinosad, efficacité, ADF, Accelrys, Spartan plus, étude structurale, chiralité, étude électronique, étude spectrale. Summary The mineuse of the tomato Tuta absoluta Meyrick became the devastating of the tomato the most mattering in Algeria. She does not stop causing spectacular damages since her introduction in 2008. The fight against this insect requires the research for several methods of fight, the complementarity of which has to resolve the problem. The experimental work concerned the dynamics of the populations of Tuta absoluta on a culture of tomato in full field, installed in a farm near the municipality of Hassi Abed of the wilaya of Sidi Bel-Abbès. The try showed a progressive level of infestation by Tuta absoluta from March till June, 2010. Treatments made on the ground with different insecticides (abamectine, indoxacarb and téflubenzuron) showed heterogeneous controls, the one with regard to the other one;an efficiency on the embryonic stages (mortality close to 87 %) was noticed with the application of the spinosad. The spinosad is an active substance of phytosanitary product, which presents an insecticidal effect. It is a product fermented biological origin derived of some mixture of two toxin (spinosyne A and D) secreted by a bacterium living in the ground, Saccharopolyspora spinosa. A theoretical work was dedicated for this macromolecule to be able to understand its stability. We used the computing tools (" ADF, Accelrys and Spartan plus ") to bring to light these various properties, between both forms of the spinosyne A and D. The structural study confirmed us differences in certain distances and dihedral angles, specific in the active site (cyclohexène) of both forms A and D. Finally, as regards the electronic study, HOMO and LUMO both forms intervene outstandingly to explain the stability of these spinosynes A and D. The spectral study also revealed the difference between these two macromolecules in the various frequencies of vibrations and a difference in the chirality. The hydration of the spinosyne A, showed the likely connections hydrogens with water molecules in the various cyclic sites of the spinosad. Keywords: Tomato, Tuta absoluta, spinosad, efficiency, ADF, Accelrys, Spartan plus, structural study, chirality, electronic study, spectral study. Tuta absoluta Meyrik 8002 Tuta absoluta 0202 Tuta absoluta (teflubenzuron,indoxacarb,abamectine) %78 spinosa Saccharopolyspora ,ADF,Accelrys Spartan plus (Cyclohexène) HOMO-LUMO Chiralite Spartan plus،Accelrys ADF Tuta Absoluta Chiralité Liste des tableaux Tableau 1 : Exigences en température, luminosité et hygrométrie de la tomate……………..8 Tableau 2 : Caractéristiques des différents stades larvaires de Tuta. absoluta………………..16 Tableau3: Famille chimique et matière active utilisée dans la lutte contre Tuta. absoluta……………………………………………………………………………………….24 Tableau 4: Les propriétés de la préparation commerciale de la molécule spinosad………...27 Tableau 5: Utilisation du spinosad sur différentes cultures à travers le monde…………….31 Tableau 6: Propriétés et nombre d’applications des insecticides utilisés…………………...34 Tableau 7: Conditions d’application des insecticides………………………………………34 Tableau8: Evolution du taux d’infestation selon les différents traitements (variété Bobcat)………………………………………………………………………………………37 Tableau9: Evolution du taux d’infestation selon les différents traitements (variété Joker)………………………………………………………………………………………...37 Tableau 10 : Evolution de la moyenne du nombre de mines selon les différents traitements (variété Bobcat)……………………………………………………………………………...39 Tableau 11: Evolution de la moyenne du nombre de mines selon les différents traitements (variété Joker)………………………………………………………………………………..39 Tableau 12 : Evolution du nombre de larve vivante selon les différents traitements (variété bobcat)……………………………………………………………………………………….40 Tableau 13 : Evolution du nombre de larve vivante selon les différents traitements (variété Joker)…………………………………………………………………………………………41 Tableau14 : Evolution du taux de mortalité selon les différents traitements (Variété Bobcat)……………………………………………………………………………………….42 Tableau15 : Evolution du taux de mortalité selon les différents traitements (Variété Jocker)………………………………………………………………………………………..43 Tableau16 : Les différents carbones asymétriques des spinosynes A et D……………………………………………………………………………………………..50 Tableau 17 : Energies de formation de différents énantiomères de la spinosad Optimisées par DFT…………………………………………………………………………………………..52 Tableau 18 : Principales distances des cycles 1 des macrolides de la spinosyne A et D…...53 Tableau19 : Principales distances des cycles 2 des macrolides de la spinosyne A et D……………………………………………………………………………………………..54 Tableau 20 : Principales distances des cycles 3 des macrolides de la spinosyne A et D……………………………………………………………………………………………..54 Tableau 21 : Principales distances des cycles 4 des macrolides de la spinosyne A et D……55 Tableau 22 : Principales distances des forosamines de la spinosyne A et D………………..56 Tableau 23 : Principales distances des rhamnoses de la spinosyne A et D…………………56 Tableau 24 : Principaux angles dièdres des cycles 1 des macrolides de la spinosyne A et D……………………………………………………………………………………………..57 Tableau 25 : Principaux angles dièdres des cycles 2 des macrolides de la spinosyne A et D……………………………………………………………………………………………..57 Tableau 26 : Principaux angles dièdres des cycles 3 des macrolides de la spinosyne A et D……………………………………………………………………………………………..57 Tableau 27 : Principaux angles dièdres des cycles 4 des macrolides de la spinosyne A et D……………………………………………………………………………………………..58 Tableau 28 : Principaux angles dièdres des forosamines de la spinosyne A et D………….58 Tableau 29 : Principaux angles dièdres des rhamnoses de la spinosyne A et D…………...58 Tableau 30 : Energies (E, eV) et localisations (en pourcentage) de OM de la région HO-BV de la spinosyne A…………………………………………………………………………....64 Tableau 31 : Energies (E, eV) et localisations (en pourcentage) de OM de la région HO-BV de la spinosyne D…………………………………………………………………………....65 Tableau 32: Les charges de Hirsfeld des différents spinosynes étudiés…………………...66 Tableau 33 : Différentes fréquences de vibration et les différents modes de vibration de la spinosyne A………………………………………………………………………………....68 Tableau 34 : Différentes fréquences de vibration et les différents modes de vibration de de la spinosyne D………………………………………………………………………………....69 Tableau 35 : Principales distances des cycles 1 des macrolides de la spinosyne A hydratée et non hydratée……………………………………………………………………………….. 70 Tableau 36 : Principales distances des cycles 2 des macrolides de la spinosyne A hydratée et non hydratée……………………………………………………………………………… ..71 Tableau 37 : Principales distances des cycles 3 des macrolides de la spinosyne A hydratée et non hydratée……………………………………………………………………………….. 72 Tableau 38 : Principales distances des cycles 4 des macrolides de la spinosyne A hydratée et non hydratée………………………………………………………………………………...72 Tableau 39 : Principales distances des forosamines de la spinosyne A hydratée et non hydratée……………………………………………………………………………………..73 Tableau 40 : Principales distances des rhamnoses de la spinosyne A hydratée et non hydratée……………………………………………………………………………………..73 Tableau 41 : Principaux angles dièdres des cycle 1 des macrolides de la spinosyne A hydratée et non hydratée……………………………………………………………………74 Tableau 42 : Principaux angles dièdres des cycle 2 des macrolides de la spinosyne A hydratée et non hydratée……………………………………………………………………74 Tableau 43 : Principaux angles dièdres des cycle 3 des macrolides de la spinosyne A hydratée et non hydratée……………………………………………………………………75 Tableau 44 : Principaux angles dièdres des cycle 1 des macrolides de la spinosyne A hydratée et non hydratée……………………………………………………………………75 Tableau 45 : Principaux angles dièdres des forosamines de la spinosyne A hydratée et non hydratée……………………………………………………………………………………..75 Tableau 46 : Principaux angles dièdres des rhamnoses de la spinosyne A hydratée et non hydratée……………………………………………………………………………………..76 Tableau 47: Les charges de Hirshfeld des différents composés étudiés…………………..77 Liste des figures Figure 1 : Description de la plante de tomate (feuille, Tige, racine et Fruit)………………...6 Figure 2 : Evo lutio n des super fic ies et de la productio n mo nd ia le de to mate penda nt la décennie 1997- 200… … … … … … … …… … … … … … … … … … … …...9 Figure 3 : Evolution des superficies et de la production la tomate en Algérie de 1997 à 2007………………………………………………………………………………10 Fig ure 4 : Présence de la mineuse dans le monde représentée par des points rouges, bleus et verts……………………………………………………………………………..12 Figure 5 : Répartition, Distribution de la mineuse de tomate en Algérie…………………...14 Figure 6 : Cycle de vie de Tuta. absoluta (F1 à F8 )…………………………………………17 Figure 7 : Feuilles attaquées par les larves de Tuta. absoluta……………………………….21 Figure 8 : Fruits attaquées par les larves de Tuta. absoluta………………………………...21 Figure 9 : Surface épineuse de l’actinomycète……………………………………………...28 Figure 10 : Coupe longitudinale de la bactérie……………………………………………...28 Figure 11 : Formule Chimique des spinosyne A et D……………………………………....29 Figure 12 : Adulte de Tuta absoluta, plant de tomate attaqué, larve au deuxième stade…...31 Figure 15 : Disposition expérimentale des différents traitements………………………………….33 Figure 32 : Suivi journalier de la population de Tuta absoluta…………………………………….36 Figure 33 : Evolution du taux d’infestation selon les différents traitements (variété Bobcat)…….37 Figure 34 : Evolution du taux d’infestation selon les différents traitements (variété joker)………38 Figure 35 : Nombre de mines selon les différents traitements (variété Bobcat)…………...39 Figure 36 : Nombre de mines selon les différents traitements (variété Jocker)……………40 Figure 37 : Nombre de larve vivante selon les différents traitements (variété bobcat)……..41 Figure 38 : Nombre de larve vivante selon les différents traitements (variété Jocker)……..41 Figure 39 : Evolution du taux de mortalité selon les différents traitements (Variété Bobcat)………………………………………………………………………………………42 Figure 40 : Evolution du taux de mortalité selon les différents traitements (Variété Jocker)……………………………………………………………………………………….43 Figure 41: La numérotation des atomes de la spinosyne A selon le logiciel Accelyris. (Représentation Wire)……………………………………………………………………….48 Figure 42 : La chiralité de la spinosyne A…………………………………………………49 Figure 43 : La Chiralité de la spinosyne D………………………………………………...49 Figure 44 : Représentation "Ball and Spoke” de la spinosyne A par le logiciel SPARTAN…………………………………………………………………………………..52 Figure 45 : Représentation "Ball and Spoke” de la spinosyne D par le logiciel SPARTAN…………………………………………………………………………………..52 Figure 46 : Diagrammes Orbitalaires des spinosynes A et D………………………………60 Figure 47 : Les propriétés nodales obtenus en méthode DFT pour les différentes géométries optimisées des spinosynes A et D…………………………………………………………...63 Figure 48 : Spectre IR théorique de la spinosyne A………………………………………...67 Figure 49 : Spectre IR théorique de la spinosyne D………………………………………...68 Figure 50 : Représentation de la spinosyne A hydratée……………………………………….70 Liste des planches Planche I Figure 13 : Site de l’expérimentation Figure 14 : Parcelle de tomate de l’expérimentation Planche II Figure 16 : Traitement avec un pulvérisateur a dos de 16 L Figure 17 : Température de l’air et hygrométrie Figure 18 : Température du sol Figure 19 : Parcelle traitée en utilisant des codes Planche III Figure 20 : Capture des adultes de Tuta absoluta Figure 21 : Positionnement du piège Delta Figure 22 : Piège delta Figure 23 : Plaque engluent Planche VI Figure 24 : Les différentes substances actives codées Figure 25 : Application de la randomisation Figure 26 : Opération de l’échantillonnage Figure 27 : Conservations des échantillons Planche V Figure 28 : Mines de Tuta.absoluta sur foliole de tomate Figure 29 : Larve de Tuta. absoluta en Stade L2 Figure 30 : Larve de Tuta absoluta sortant de sa mine en stade L2 Figure 31 : Larve de Tuta absoluta en stade L3 sous la loupe Liste des abréviations F.A.O : Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture L1 : Larve du premier stade L2 : Larve du deuxième stade L3 : Larve du troisième stade L4 : Larve du quatrième stade IR : Infra rouge OM : Orbitales Moléculaires ml : Millilitre mm : Millimètre M2 : Mètre quarré M : mètre Kg : kilogramme g : Gramme E : énergie. A° : angström DFT : Théorie de la Fonctionnelle de la Densité PNDA : Plan National de Développement de l’Agriculture. E.O.P.P : organisation européenne de la protection des plantes I.N.P.V : Institut National de la Protection des Végétaux Ha : Hectare hl: Hectolitre SC : Solution Concentré L : litre S : Seconde BBCH : Bundesanstalt, Bundessortenamt und CHemische IUPAC : Union Internationale de Chimie pure et Appliquée Kj : Kilojoule Ev : Electron volte Sommaire Liste des tableaux Liste des planches Liste des figures Liste des abrévéations Résumé Introduction générale......................................................................................................................... 01 I. Partie bibliographique Généralités sur la tomate I. Classification botanique……………………………….……………………………................... 03 II. Description de la plante……………………………….…………………………….................. 04 II.1. Les racines……………………………………………………………….. II.2. La tige……………………………………………………………………. II.3. Les feuilles……………………………………………………………..... II.4. Les fleurs………………………………………………………………… II.5. Le fruit………………………………………………………………….... 04 04 04 04 05 III. Les systèmes de culture de tomate…………………………………………………….............. 05 III.1. Culture de plein champ …………………………………………………. 06 III.2. Culture sous abris (verre et tunnels plastiques)………………………….. 06 IV- Exigences pédoclimatiques de la plante……………………………………………….............. 06 IV.1. Le sol……………………………………………………………..……..... 06 IV.2. La température …………………………………………………….….…. 07 IV.3. La lumière…………………………………………………………..……. 07 IV.4- L’eau et l’humidité………............……………………….......................... 07 V. La production de la tomate dans le monde………..............................…….……….................... 08 VI. La production de la tomate en Algérie………………................................................................ 09 Généralités sur Tuta absoluta (Meyrick) I. Origine et distribution géographique de Tuta absoluta……………….....…………….................11 II. Situation particulière de l’Algérie……………………………………………………............... 13 III. La position systématique………………………………………………………………............. 14 IV. Description morphométrique de Tuta absoluta………………………………………………....15 IV.1. L’adulte…………………………………………………………………....15 IV.2. L’œuf…………………………………………………...……………….... 15 IV.3. La phase larvaire……………………………………...………………….. 15 IV.4. La phase pré-nymphale………………………...……………………….... 16 IV.5. La phase nymphale…………………………….......…………………….. 16 V. Bio- Ecologie de l’insecte……........……..………………………………………………..........18 VI. Nature des dégâts…………….….....…………………………………………….....................20 VII. Méthodes de lutte et technique culturales.....................………………………………............ 22 VII.1. Utilisation des pièges à phéromones……………………………………. 23 VII.2. Lutte chimique…………………………………………………………..23 VII.3. Lutte biologique………………………………………………………....25 VII.4. lutte intégrée…………………………………………………………….. 26 Généralités sur le spinosad I. Description de la molécule spinosad………….......………………………………..……............. 27 II. Source, principe actif et mode d’action…………..……………………………….……............. 27 III. Efficacité sur Tuta Absoluta……………………………………………………………….........30 IV. Marché et production……………………………………………………………………........... 30 II. Partie expérimentale Efficacité du spinosad I. Introduction……………………………………………………………….…………….............. 32 II. Matériels et méthodes…………………………………………………….……………............. 32 III. Résultats et Discussion……………………………………………………………….............. 35 III.1. Sélectivité………………..….…….…...…………..…..………….……... 35 III.2. Suivi de la population ……...………....………….…......………..……… 35 III.3. Taux d’infestation……………...………........….....……..……..………... 37 III.4. Nombre de mines par foliole……...…………......…….....…..………….. 38 III.5. Nombre de larves vivantes par 20 folioles …….…........…...…………… 40 III.6. Taux de mortalité ……………….…………………….........………….... 42 IV. Conclusion…….............……………………………………………...………………............. 43 III. Partie Théorique Modélisation moléculaire de la spinosad I. Introduction……………………………………………………………………………............ 45 II. Méthode de calcul…………………………………………………………....………............... 45 II.1.Théorie de la fonctionnelle de la densité (DFT).………………......…...... 45 II.2. Détails des calculs……………………………..…………………............ 46 III. Résultats théoriques ………………………………………………...………………….......... 47 III.1 Différences et similitudes du Spinosyne A et D……………………………………….......... 47 III.2 La chiralité des spinosynes A et D..……………………………………………………......... 47 III.3 Optimisation de géométries.....………………………………………………………............ 51 III.3.1 Energies de formation…………………........…………………............ 51 III.3.2 Etude structurale………...........………….......………………….......... 53 III.3.3 Etude électronique………....…………………………………............. 59 III.3.3.A Diagrammes Orbitalaires des spinosynes A et D………………........ 59 III.3.3.B Propriétés nodales des orbitales frontières des spinosynes A et D….. 61 III.3.4 Etude spectrale…………...……………………………………........... 67 III.4 Hydratation de la spinosyne A …………………………………………………………........ 69 III.4.1 Etude structurale…………....………………………………..….......... 70 III.4.2 Etude électronique………....…………………………………............. 76 IV. Conclusion……………………………………………………………………………............. 78 Conclusion générale…………………………………………………………………………........ 79 Références bibliographiques Annexes .. Introduction générale Introduction générale La tomate est la 2ème culture maraîchère importante après la pomme de terre. Elle occupe une superficie mondiale de plus de 4 626 232 ha avec une production estimée à 126 millions de tonnes en 2008 (F.A.O, 2008). En Algérie, la tomate occupe une place importante dans le maraîchage; la superficie consacrée à cette culture est d’environ 42 000 ha avec une production de 923 000 tonnes (F.A.O, 2008). Cette culture se trouve confronter à différents problèmes phytosanitaires qui causent des pertes économiques considérables qui se traduisent par une production et des rendements faibles. En plus des insectes phytophages, connus par les importants dégâts qu’ils causent aux cultures légumières , tels que les pucerons, les aleurodes et les thrips…etc , aujourd’hui, la tomate est confrontée à un nouveau ravageur. Il s’agit de la mineuse de la tomate « Tuta absoluta Meyrick ».Cette mineuse qui est un microlépidoptère endophyte considéré dans son aire d’origine, l’Amérique du Sud, comme le ravageur le plus redoutable sur tomate parce qu’elle peut causer des pertes économiques pouvant allez jusqu'à 100% (Moreira, 2005 ; Niedmann et al., 2006). Toute les parties aériennes de la plante (feuilles, fleurs, tiges et fruits) sont attaquées par les larves de ce phytophage. C’est au début du printemps 2008, dans la région maraîchère de Mostaganem que les agriculteurs ont signalé pour la première fois la présence de ce ravageur en serre de tomate. Depuis, l’insecte s’est rapidement propagé vers d’autres zones du pays, en attaquant la tomate de plein champ et d’autres solanacées (Guenaoui, 2008 ; Molla et al., 2008 ; I.N.P.V, 2008).La pullulation rapide des populations de Tuta. absoluta et la vitesse avec laquelle la mineuse s’est dispersée avec des dégâts spectaculaires observés sur la tomate de plein champ et sous serres, a poussé les agriculteurs à recourir à la lutte chimique de façon massive, car ce moyen est le seul à leur disposition. L’objet de la présente étude consiste à déterminer l’efficacité de certaines substances actives à savoir l’abamectine, l’indoxacarbe, le téflubenzuron et le spinosad, dans des conditions naturelles du terrain. Elle permet de connaître le contrôle dans les différents stades larvaires, et à estimer le taux de mortalité du ravageur. 1 Une deuxième partie de ce travail est consacrée à la modélisation et simulation moléculaire du spinosad. Cette macromolécule d’origine naturelle montre des propriétés très intéressantes du point de vue, efficacité, profils toxicologique et environnementale. De ce fait l’étude théorique de cette macromolécule par le biais de certains logiciels tel que, ADF, Accelyris et Spartan plus, précise plusieurs paramètres, dont la stabilité du spinosad qui se traduit en efficacité dans les conditions du terrain. Pour mener à bien notre étude théorique (optimisation de géométries, calcul de structures électroniques…), nous avons effectué des calculs basés sur la théorie de la fonctionnelle de la densité (dite DFT, de l’anglais << Density Functional Theory >>), soit de manière plus précise en tenant compte de la corrélation instantanée existant entre les mouvements des électrons. Différentes propriétés ont été déterminées pour les deux formes du spinosad A et D : Les propriétés énergétiques : l’énergie de formation. Les propriétés optiques : chiralités. Les propriétés structurales : distances, et angles dièdres. Les propriétés électroniques : diagrammes orbitalaires, orbitales frontières (HOMOLUMO) et les charges Hirshfeld Les propriétés spectroscopiques : spectre Infrarouge (IR). 2 Partie bibliographique Chapitre I Généralités sur la tomate I. Classification botanique La tomate dont le nom scientifique est Lycopersicum esculentum Mill., appartient à la famille des Solanaceae, à la sous-famille des Solanoideae et à l’ordre des Solaneae (Costa et Heuvelink, 2005). Cette famille inclut des cultures végétales importantes telles que la pomme de terre, le poivron, piment, aubergine et tabac. Benton (1999) donne à la tomate la classification suivante : Embranchement : Anthophyta Classe : Dicotyledonnes Ordre : Solaneae Famille: Solanaceae Genre: Lycopersicon Espèce: L. esculentum Mill. C’est un botaniste suédois Linnaeus qui lui a donné le nom Solanum lycopersicon en 1753, mais 15 ans plus tard, Philip Miller lui donne le nom de Lycopersicon esculentum qui signifie en Grec « Pêche du loup comestible » (Benton, 1999 ; Pitrat et Foury, 2003). La classification taxonomique de la tomate est encore discutée. D’après Díez et Nuez (2008) des taxonomistes tels que Child (1990) et Peralta et Spooner (2007) ont récemment réintroduit son ancien nom originel Solanum lycopersicon. Cependant, le nom Lycopersicon esculentum reste toujours le plus utilisé (Costa et Heuvelink, 2005). Initialement, la tomate n’était cultivée que pour la beauté de son fruit parce qu’on la croyait toxique (Benton, 1999). On a recensé au moins 4000 variétés de tomate différentes par leur résistance aux maladies, par les caractéristiques de leurs fruits, leur précocité et le port de la plante (Van Eck et al., 2006). 3 Chapitre I Généralités sur la tomate II. Description de la plante En Amérique du Sud la tomate est conduite le plus souvent comme une plante annuelle cultivée pour son fruit comestible (Papadopoulos, 1991 ; Benton, 1999). Il existe cependant deux types de croissance : la croissance déterminée et la croissance indéterminée. -Les cultivars à croissance déterminée sont de type buisson, sur lesquels les bourgeons latéraux sont gardés pour se terminer en faisceau; ils sont habituellement plus précoces et préconisés lorsque la saison de production est courte et/ou froide. Ils présentent une maturation plus homogène et simultanée, ce qui favorise la mécanisation de la récolte. Ils représentent les plants annuels cultivés en plein champs. -Les cultivars à croissance indéterminée sont des plants auxquels on ne laisse qu’une seule tige, les bourgeons latéraux étant éliminés, comme c’est souvent pratiqué sous serre ; ce sont des plants adaptés aux cultures de longue saison, puisqu’ils peuvent fructifier continuellement s’ils sont bien entretenus. Les principaux organes de la tomate sont représentés dans la figure 1 II.1. Les racines La tomate possède un système racinaire pivotant qui pousse jusqu’à une profondeur de 50 cm. La racine principale produit une forte densité de racines secondaires et adventives (Papadopoulos, 1991). II.2. La tige Le port de croissance varie entre érigé et prostré. La tige est pleine, fortement poilue et glandulaire poussant jusqu’à 2 m de hauteur (Naika et al., 2005). II.3. Les feuilles Les feuilles disposées de façon alternée, ont de 15 à 50 cm de long et 10 à 30 cm de large. Les folioles sont ovales à oblongues couvertes de poils glandulaires . II.4. Les fleurs L’inflorescence est une cyme formée de 6 à 12 fleurs ; le pétiole mesure entre 3 et 6 cm. Les fleurs bisexuées sont régulières et mesurent entre 1,5 et 2 cm de diamètre. Elles poussent soit opposées aux feuilles soit entre elles. Les sépales sont persistantes ; en général la plante est autogame mais la fécondation croisée peut avoir lieu (Papadopoulos, 1991 ; Naika et al., 2005). 4 Chapitre I Généralités sur la tomate II.5. Le fruit Le fruit est une baie charnue, avec un diamètre qui varie entre 2 à 15 cm. A maturité sa couleur varie du jaune au rouge en passant par l’orange. Les fruits ont des formes différentes selon la variété, généralement ronde ou côtelée. Les graines sont poilues et de couleur beige, en forme de rein . On estime le poids de 1000 graines entre 2,5 à 3,5 g (Papadopoulos, 1991 ; Naika et al., 2005). Figure 1 : Description de la plante de tomate (feuille, tige, fleur et fruit) (Naika et al., 2005). III. Les systèmes de culture de tomate La culture de tomate peut être pratiquée soit en plein champ soit sous serre, mais la culture en hors sol a connu des applications pour des raisons sanitaires dans certains pays comme la Hollande (Papadopoulos, 1991). En Algérie est plus particulièrement dans la région de Mostaganem en pratique la culture sous serre en hiver et de plein champ à partir du printemps. 5 Chapitre I Généralités sur la tomate III.1. Culture de plein champ Pour la production de plein champ, le tuteurage des plants de tomate donne des rendements meilleurs par rapport aux plants laissés sur le sol. Les coûts du tuteurage et de taille sont un facteur important à prendre en considération par rapport au gain de rendement et de l’amélioration de la qualité des fruits. En outre, il est très difficile de maintenir une production durant toute une saison à causes des facteurs climatiques (gels précoces ou tardifs, sécheresse, excès d’humidité…) sans négliger les autres facteurs tels que les attaques d’insectes ravageurs ou d’agents pathogènes. En effet, en plein champ, la lutte contre les maladies et les ravageurs est un défit permanent. III.2. Culture sous abris (verre et tunnels plastiques) En culture sous serre conditionné, la production de tomate peut être maintenue pour une période allant de 6 à 9 mois, voire plus dans certaines conditions. En fixant les plants sur des supports verticaux et en éliminant les feuilles plus anciennes, on maintient la tige principale à un niveau accessible aux ouvriers. Cette pratique est maintenue tant que la plante est en croissance active à l’abri de ses ennemis (facteurs biotiques ou abiotiques). Sous serre, il est possible de contrôler l’environnement par des techniques et réduire les risques affectant la santé de la plante (Benton, 1999). Lorsque la culture est conduite en tunnels plastiques non chauffés (ce qui est le cas de notre région), les problèmes sont plus graves à cause des conditions climatiques qui ne sont pas maîtrisables. IV. Exigences pédoclimatiques de la plante IV.1. Le sol La tomate exige des sols qui ont une bonne capacité de rétention en eau et une bonne aération avec un pH compris entre 5,5 et 6,8. Elle préfère les terres limoneuses profondes (15-20 cm) et bien drainées (Naika et al., 2005). IV.2. La température La tomate s’est adaptée aux différents climats. Elle pousse aussi bien sous un climat tempéré que tropical (chaud et humide) (Naika et al., 2005). La température optimale pour la 6 Chapitre I Généralités sur la tomate plupart des variétés se situe entre 18 et 26°C (Messiaen, et al., 1993 ; Benton, 1999). Les plantes tolèrent une fourchette de températures comprises entre 10°C et 35°C. En dehors de ces limites, les tissus sont endommagés (Naika et al., 2005). La tomate réagit aux variations brusques de température qui ont lieu pendant le cycle de croissance. La température agit directement sur la germination des graines, sur la levée des semis, la floraison et la mise à fruits. Elle agit aussi sur la qualité des fruits (Benton, 1999 ; Naika et al., 2005). Selon Messiaen et al., (1993) une différence de 10°C entre le jour et la nuit (thermopériodisme) est un facteur favorisant le développement de la culture, mais si des périodes de chaleur ou de froid perdurent pendant la floraison, la production est compromise à cause de la diminution de pollen (Messiaen, et al., 1993 ; Naika et al., 2005). Le gel qui survient après la plantation tue les plantes, c’est pourquoi il faut attendre la fin de l’hiver pour la culture de plein champ. IV.3. La lumière La lumière est un facteur indispensable pour la croissance des plantes, puisqu’elle intervient dans la photosynthèse, captée grâce à la chlorophylle qui utilise l’énergie solaire. De plus l’intensité de la lumière affecte la couleur des feuilles, la mise à fruits et la couleur des fruits (Papadopoulos, 1991 ; Benton, 1999). Pour la culture de la tomate, l’intensité lumineuse et la photopériode constituent un facteur limitant (Papadopoulos, 1991 ; Benton, 1999). Une culture de tomate bien développée tire bénéfice de toute augmentation de l’intensité lumineuse (Benton, 1999). IV.4. L’eau et l’humidité La tomate est exigeante en eau (3 à 4 litres par jour). Le stress hydrique et les périodes sèches provoquent la chute des bourgeons, des fruits et le fendillement des fruits. Par contre, une humidité très élevée favorise la croissance des moisissures et la pourriture des fruits (Benton, 1999, Naika et al., 2005). Les exigences climatiques de la tomate sont malheureusement celles qui favorisent le développement des bioagresseurs de la culture (Guenaoui, 2008). 7 Chapitre I Généralités sur la tomate Tableau 1: Exigences en température, luminosité et hygrométrie de la tomate selon Laumonier (1979). Température Température Luminosité Hygrométrie du sol atmosphérique (Lux) relative (%) Jour Nuit Croissance 15 – 20°C 18 – 20°C 15°C 10000 à 12000 70 à 80 Floraison 20 - 25°C 22 – 25°C 13 – 17°C Très élevé 65 - 80 Fructification 20 – 25°C 25°C 18°C 50000/ 16h /jour 60 – 70 V. La production de la tomate dans le monde La production mondiale de tomate a atteint 126 246 708 tonnes en 2007 (Faostat, 2008). Le tiers de cette production est assuré par le Bassin méditerranéen. Mais c’est la Chine qui occupe le premier rang des pays producteurs avec 25% de la production mondiale soit 33 645 000 tonnes. Elle est suivie par les Etats-Unis (11500000 tonnes) puis la Turquie, qui est à la tête des pays méditerranéens avec 8% de la production mondiale. L’Algérie est classée parmi les vingt premiers pays. Figure 2 : Evolution des superficies et de la production mondiale de tomate pendant la décennie 1997-2007(Faostat, 2008). 8 Chapitre I Généralités sur la tomate L’évolution des superficies mondiales cultivées en tomate ainsi que la production correspondante au cours de la dernière décennie (1997-2007) montrent une augmentation très importante de la production mondiale par rapport à celle des superficies cultivées. VI. La production de la tomate en Algérie L’Algérie est classée 20ème producteur avec une production de 923000 tonnes (Faostat, 2008). Les agriculteurs en produisent en quantités suffisantes pour satisfaire le marché intérieur. La restructuration des surfaces agricoles et l’application du plan national de développement de l’agriculture (PNDA) a favorisé l’utilisation de nouveaux moyens de production (développement des serres, utilisation des semences hybrides à haut rendement, irrigation par goutte à goutte, …), ce qui peut favoriser la production. Figure.3: Evolution des superficies et de la production la tomate en Algérie de 1997 à 2007 (Faostat, 2008). La figure 3 montre une certaine stabilité des superficies cultivées en tomate mais une fluctuation de la production avec un pic de 1100000 tonnes en 2005. Les rendements sont plus faibles que ceux des pays voisins. Ceci est dû à certaines difficultés, d’ordre phytosanitaire. La situation s’est aggravée en 2008 avec l’apparition d’un nouveau ravageur, la mineuse de la tomate Tuta absoluta Meyrick qui a fait irruption dans notre région et dont 9 Chapitre I Généralités sur la tomate les dégâts se sont manifestés au printemps 2008 causant des pertes de rendement considérables (Guenaoui, 2008). Ce problème grave a modifié toute la stratégie de lutte phytosanitaire. Il nous intéresse particulièrement. 10 Chapitre I Généralité sur Tuta absoluta (Meyrick) I. Origine et distribution géographique de Tuta. absoluta. A noter, que ce déprédateur est aussi originaire d’Amérique du Sud, comme la tomate (Bahmondes et Mallea, 1969 ; Garcia et Espul, 1982 ; Guedes et al., 1994; Picanço et al., 1996 ; Siqueira et al., 2000). Connu initialement sous le nom de Scrobipalpuloides absoluta (Siquiera et al., 2000), il a été décrit pour la première fois au Pérou par l’entomologiste Meyrick en 1917 (Povolny, 1975) ; l’insecte s’est rapidement propagé sur l’ensemble des pays d’Amérique latine depuis le début des années soixante en devenant le ravageur le plus dévastateur de la tomate (Souza et al., 1986; Filho et al., 2000 ; Bogorni et al., 2003). Sa présence est signalée actuellement dans tous les pays d’Amérique du Sud (Picanço et al., 1999 ; Pratissoli et Parra, 2000 ; Magalhaes, 2001 ; Torres et al., 2002 ; Leite et al., 2003). Cet insecte fut signalé en Chili et en Argentine en 1964 (Garcia et Espul, 1982 ; Gervasio, 1999 ; Lietti, 2005). Au Brésil, il a été mis en évidence en 1980 (filho et al., 2000 ; Siqueira et al., 2001 ; Suinaga, 2004). D’autres pays de la région comme la Colombie, l’Equateur, le Paraguay, l’Uruguay, le Venezuela sont touchés par ce ravageur (Povolny, 1975; Souza et Reis, 1986 ; Picanço et al., 1998 ; Maluf et al., 1997 ; Magalhaes, 2001). Notz (1992) laisse supposer que l’insecte n’a pas été signalé dans les Andes à une altitude plus de 1000 m, sans doute à cause des températures basses qui ne permettent pas d’assurer sa survie et son développement. La figure 4 montre le parcours de cet insecte à travers le monde et surtout son passage du continent américain au continent africain. 11 Chapitre I Généralité sur Tuta absoluta (Meyrick) Figure.4 : Présence de la mineuse de la tomate dans le monde. (●) (E.O.P.P, 2006), (●) (E.O.P.P, 2007 ; Urbaneja et al., 2007 ) (●) (Guenaoui, 2008 ; E.O.P.P, 2008) Dans le Bassin Méditerranéen, les populations de Tuta. absoluta furent signalées pour la première fois en fin 2006 en Espagne dans la province agricole de Castellon (Valence) (E.O.P.P, 2007). En 2007, leur présence s’est élargie le long de la côte méditerranéenne (Urbaneja et al., 2007) pour atteindre les Iles Baléares à Ibiza (E.O.P.P, 2008). A partir de l’Espagne Tuta absoluta a envahi l’ouest algérien. En France, la mineuse Tuta absoluta a été signalé pour la première fois en octobre - novembre 2008 en Corse (régions d’Ajaccio, de Propriano, de Bastia) (FREDON, 2008 ; SRPV CORSE, 2008). Au Maroc, la mineuse de la tomate fait sa première apparition en mai 2008 dans la plaine de Bouaâreg (province de Nador) et a entraîné des dégâts très importants sur la tomate sous serre et de plein champ (E.O.P.P, 2008). La Tunisie n’a pas été épargnée par les attaques de ce ravageur, car les 1ères attaques ont été observées sur la tomate fin octobre 2008 (Guenaoui, 2008 ; E.O.P.P, 2009). 12 Chapitre I Généralité sur Tuta absoluta (Meyrick) II. Situation particuliè re de l’Algérie En Algérie, ce microlépidoptère fut signalé pour la première fois dans la région maraîchère de Mostaganem sur tomate en serres durant le printemps 2008. Depuis, il s’est propagé à l’ensemble des serres de la région de l’Ouest, puis du Centre et de l’Est (Fig.5). Entre autre, l’insecte a envahi progressivement les cultures de pleins champs (de saison et arrière saison) en parcourant toute la zone côtière jusqu'à la fro ntière tunisienne. Sa propagation très rapide d’Ouest en Est a alerté les autorités phytosanitaires qui ont déclaré cet insecte comme ravageur majeur de la tomate (Guenaoui, 2008 ; I.N.P.V, 2008). Figure.5: Répartition, Distribution de la mineuse de tomate en Algérie (Guenaoui et Gholamallah, 2008). De mars à juillet 2008 De juillet à octobre 2008 13 Chapitre I Généralité sur Tuta absoluta (Meyrick) III. Position systématique Synonymie : Scrobipalpuloides absoluta Povolny, Scrobipalpula absoluta Povolny, Gnorimoschema absoluta Clarke, Phthorimaea absoluta Meyrick Nom commun : Mineuse de la tomate Nom latin : Tuta absoluta (Meyrick, 1917) Embranchement : Arthropodes Classe : Insectes Ordre : Lépidoptères Famille : Gelechiidae Genre : Tuta Espèces : Tuta absoluta Meyrick IV. Description morphométrique de Tuta absoluta IV.1. L’adulte : L’adulte de Tuta. absoluta Meyrick (Fig.6.f1 ) mesure environ 7 mm de long et 10 mm d’envergure chez les mâles et 11 mm chez les femelles (EOPP, 2005 ; Pereira, 2005 ; Guenaoui, 2008 ; Silva, 2008 ; Molla et al., 2008). Selon certains auteurs, la couleur des adultes peut varier du gris argenté au gris foncé (Silva, 2008), parfois la couleur est noirâtre (EOPP, 2005). Les antennes sont filiformes, ornées d’une bande brune foncée et blanche, longues de 4 à 5 mm. L’insecte est actif la nuit, apparait clairement le matin surtout dans les premières heures. Dans la journée, il reste caché en dessous des feuilles de tomate (Pereira, 2005). Les femelles sont toujours plus grandes que les mâles, Les femelles ont un abdomen de couleur marron plus volumineux que chez les mâles (Molla et al., 2008). Cet insecte a une activité matinale et crépusculaire pour l’oviposition (Vilela De Resende, 2003 ; Silva, 2008 ; Molla et al., 2008). IV.2. L’œuf : Les œufs ayant la forme elliptique, mesurent 0,36 cm de long et 0,22 cm de large de couleur crème, sont déposés individuellement à la face inférieure des feuilles. L’incubation 14 Chapitre I Généralité sur Tuta absoluta (Meyrick) dure de 4 à 10 jours selon la température (Margarida, 2008) la ponte se fait généralement sur des jeunes feuilles et la fécondité est de 40 à 50 œufs par femelle. IV.3. La larve : L’insecte se caractérise par la présence de quatre stades larvaires bien définis et différenciés en taille et en couleur (Guenaoui et Gholamallah, 2008 ; Molla et al., 2008). A l’éclosion une larve néonate est de couleur claire avec une tête sombre mesurant environ 0,6 à 0,9 mm (EOPP, 2005 ; Guenaoui et Gholamallah, 2008 ; Silva, 2008). Elle atteint une taille de 1,6 mm de long à la fin du stade L1(Fig.6.f3 ) (Silva, 2008 ; Molla et al., 2008). Les larves plus âgées consomment plus. Leur couleur change du vert clair au stade L2 (Fig.6.f4 ) au vert foncé au stade L3 (Fig.6.f5 ) (Molla et al., 2008), leur taille atteint 2,8 mm au stade L2 (Guenaoui et Gholamallah,2008 ; Silva, 2008 ; Molla et al., 2008) et 4,7 mm en L3 (Silva, 2008 ; Molla et al., 2008). A la fin du 4ème stade, la larve atteint entre 7,3 et 8 mm ; la face dorsale prend une couleur rose clair à rouge carmin (Fig.6.f6 ) (Guenaoui et Gholamallah, 2008 ; Silva, 2008 ; Molla et al., 2008). C’est la fin du développement larvaire et le début de la phase prénymphe. IV.4. La prénymphe : A ce stade, les larves cessent de s’alimenter après avoir atteint leur développement maximal (Fig.6.f7 ). Elles entament leur métamorphose (Molla et al., 2008). Selon Guenaoui et Gholamallah (2008) avant de se métamorphoser très souvent la chenille quitte la galerie et se laisse transporter par un fil de soie vers le sol où se déroulera la nymphose jusqu’à l’émergence. Il arrive que la nymphose se réalise au niveau de la plante, dans une galerie (Guenaoui et Gholamallah, 2008). Cette préparation à la nymphose peut se dérouler différemment. La prénymphe quitte sa galerie pour se réintroduire dans une partie foliaire où elle tisse un cocon de soie peu dense avant de se métamorphoser (Guenaoui et Gholamallah, 2008). 15 Chapitre I Généralité sur Tuta absoluta (Meyrick) IV.5. Nymphe : La nymphe est de forme cylindrique mesurant 4,3 mm de large et 1,1 mm de diamètre. Elle est de couleur brun- foncé, se recouvre généralement d’un cocon blanc soyeux (Fig.6.f8 ) (Guenaoui et Gholamallah, 2008 ; Molla et al., 2008; Silva, 2008). Tableau 2 : Caractéristiques des différents stades larvaires de T. absoluta Stade larvaire Mensurations Couleur Forme des galeries L1 1,6 mm Claire Rectiligne L2 2,8 à 3 mm Verte Sinueuse développée L3 4,5 à 4,7 mm Verdâtre (plus foncé) Sinueuse bien développée L4 7,3 à 8 mm rouge carmin Sinueuse très développée 16 Chapitre I Généralité sur Tuta absoluta (Meyrick) F2 : Œuf F3 : 1ère stade L1 F1 : adulte F4 : 2ème stade L2 F8 : Nymphe F5 : 3ème stade L3 F7 : Prénymphe F6 : 4ème stade L4 Figure 6 : Cycle de vie de Tuta. absoluta (F1 à F8 ) Gholamallah, 2008. 17 Chapitre I Généralité sur Tuta absoluta (Meyrick) V. Bio- Ecologie de l’insecte Il est à signaler que ce ravageur qui cause des dégâts importants sur la culture de tomate constitue un danger réel. L’adulte de T. absoluta a un haut potentiel de reproduction, apparait tout au long de l’année où les larves n’entrent pas en diapause aussi longtemps que la nourriture est disponible (EOPP, 2005, Molla et al., 2008). Ce déprédateur peut avoir entre 10 et 12 générations par an selon les conditions climatiques (EOPP, 2005 ; Silva, 2008). Ses plus grandes populations ont été observées durant la saison sèche de l'année, pouvant allez généralement jusqu’au mois de novembre, alors que, durant la saison des pluies le taux de population diminue à des niveaux faibles (Vilela De Resende, 2003). Vilela De Resende (2003) et Molla et al (2008), notent que l’insecte reste souvent caché pendant la journée au dessous des feuilles de la tomate, montrant une augmentation de l'activité au crépuscule (Pereira, 2005). Selon Molla et al. (2008), le cycle de vie de cet insecte peut durer de 29 à 38 jours selon les conditions environnementales. Au laboratoire, le cycle complet de T. absoluta varie de 26 à 38 jours, avec un chevauchement des générations (Silva 2008). Ainsi, son développement dure 76,3 jours à 14 °C, 39,8 jours à 19,7°C et 23,8 jours à 27,1°C (Barrientos et al., 1998). La longévité d'un adulte est également influencée par les conditions atmosphériques : Estay (2000) notent que la durée de vie des femelles est située entre 10 et 15 jours tandis qu’elle est seulement de 6 à 7 jours pour les mâles. D’autres auteurs signalent que la longévité est comprise entre 10 et 22 jours pour les femelles et 10 jours pour les mâles (Souza et Reis, 2000 ; Torres et al, 2001). Généralement, les mâles représentent une longévité plus courte que les femelles quelles que soient les conditions (Molla et al., 2008). Selon Pereira (2008), les conditions climatiques ont une influence sur la dynamique des populations de l’insecte. Les facteurs météorologiques (pluviométrie, température) ont une grande influence sur la fluctuation des populations de l'insecte. Les femelles s’accouplent une fois par jour durant plus de quatre heures, elles atteignent jusqu’à 6 accouplements au cours de leurs vie (Silva, 2008 ; Molla et al., 2008). Les femelles déposent leurs œufs sur les feuilles de tomate, préférentiellement sur la face supérieure (Ester et al., 2001 ; Torres et al., 2001). Certains auteurs évaluent leur fécondité entre 250 et 300 œufs tout au long de leur vie, avec une viabilité de 95% (Vilela De Resende, 2003 ; Pereira, 2005 ; Molla et al., 2008), alors que d’autres l’estiment entre 60 et 120 œufs (Torres et al., 2001). Les larves ont une tendance à se développer sur les parties de la plante 18 Chapitre I Généralité sur Tuta absoluta (Meyrick) qui fournissent aux chenilles une meilleure nutrition (Torres et al., 2001). Les prénymphes se concentrent sur la partie apicale des feuilles ; les larves cessent de s’alimenter, puis migrent vers le sol où elles se nymphosent le plus souvent. La distribution de Tuta. absoluta sur la plante peut être utilisée comme un élément pour réaliser un échantillonnage, qui peut renseigner sur l’action des facteurs biotiques sur les différents stades de développement (œufs, chenilles et p upes) (Torres et al., 2001). Le choix du site de ponte dépend de plusieurs facteurs; censé qui sont liés à l'odorat (chimiques olfactifs) et ceux qui sont liés à la vision (forme, taille et couleur de l’hôte) (Nava et al., 2005). A ce stade, l'acceptation ou le rejet de la ponte sur le site, implique le système nerveux central, qui induit des impulsions émises par différentes parties du corps: tarse, antennes, proboscis, ovipositeur. En outre, la réaction ne dépend pas uniquement des caractéristiques de la plante, mais aussi, de la présence d'autres insectes, des phéromones et de l'âge des femelles (Nava et al., 2005). La ponte des œufs a lieu sur la surface rugueuse de la feuille ou des sites qui permettent une meilleure adhérence des œufs au substrat et qui les protège contre les prédateurs et parasitoïdes (Nava et al., 2005). Les œufs de T. absoluta sont déposés isolément et rarement groupés, la période d'incubation est de 4 à 7 jours selon les facteurs du milieu (Torres et al., 2001, Guenaoui et Gholamallah, 2008 ; Pires, 2008). Les larves éclosent 3 à 5 jours après la ponte, et se déplacent pendant plusieurs minutes (20 à 30 mn) avant de perforer le parenchyme des feuilles, fruits ou tiges, pour se comporter comme une mineuse (Guenaoui et Gholamallah, 2008, Pires, 2008, Molla et al., 2008). Selon Guenaoui et Gholamallah (2008), les larves en consommant le mésophylle, creusent une galerie visible par transparence ; la chenille passe par quatre stades larvaires, qui se caractérisent entre eux par leur taille et la couleur qui défini l’âge larvaire de l’insecte. Les larves de différents stades confectionnent des mines caractérisées par la présence d’excréments bruns (Rodrigues et al., 2007 ; Guenaoui et Gholamallah, 2008). La période larvaire dure environ de 11,9 à 14 jours (Vilela De Resende, 2003 ; Pereira, 2005 ; Silva, 2008 ; Pires, 2008). En fin de cycle, la larve aura consommé 2,8 cm² de la surface foliaire, dont 2,2 cm² par le 4ème stade (Bogorni et al., 2003). 19 Chapitre I Généralité sur Tuta absoluta (Meyrick) Les chenilles sont actives et se déplacent dans différents parties de la plante dans les heures les plus chaudes de la journée, principalement pour le troisième et quatrième stade ou les dégâts sont plus importants (Pires, 2008). Le nombre de larves peut être influencé par plusieurs facteurs tels que l'hérédité, la température, la nutrition et le sexe (Giustolin et al., 2002). Selon Giustolin et al. (2002), le nombre de larves augmente en fonction de la température et de la disponibilité de l’alimentation. Elles peuvent être déposées soit individuellement soit groupées (Silva, 2008). Au stade prénymphal, l’insecte cesse de s’alimenter et avant de se métamorphoser la chenille quitte la galerie et se laisse transporter par un fil de soie sur le sol où se déroule la nymphose jusqu'à l’émergence. La chrysalide reste dans le sol environ 6 à 10 jours avant l’émergence (Torres et al., 2001 ; Guenaoui et Gholamallah, 2008 ; Silva, 2008 ; Molla et al., 2008). VI. Nature des dégâts Les dégâts commis sont très importants surtout au niveau du feuillage (Fig.7). Les larves pénètrent entre les deux épidermes de la feuille et se nourrissent à partir des cellules du parenchyme à l’aide de leurs crochets mandibulaires entrainant une destruction d’une grande partie de la surface foliaire de la plante. On aperçoit des galeries transparentes avec des excréments bruns (Fig.7.d) (Mihsfeldt et Parra, 1999 ; Suinaga et al, 2004 ; Collavino et Giménez, 2008 ; Guenaoui et Gholamallah, 2008 ; Silva, 2008). Les feuilles minées deviennent nécrotiques et endommagent les plantes en réduisant leur taille et la cadence de leur croissance. Les plants de tomate peuvent être attaqués à tout stade de développement, du stade juvénile jusqu’à la maturité (Guenaoui et Gholamallah, 2008). Les galeries creusées par les larves mineuses peuvent réduire la capacité photosynthétique des feuilles et provoquer l’abscision des fruits. Ces dégâts provoquent la détérioration de la production (Fig. 8) (Cunha et al., 2006 ; Collavino et Giménez, 2008 ; Silva, 2008 ; Pires, 2008). Selon Pereira (2005) et Collavino et Giménez (2008), les dommages se résument par une réduction de la capacité de production de la plante, une baisse des boutons floraux, la chute des fruits attaqués par les larves, la pourriture provoquée par les blessures et les pertes de production qui peuvent atteindre 100%. D’autre part, l’impact économique du à l'attaque du ravageur est perceptible dans la non commercialisation du produit et la perte d'investissement (Pereira, 2005 ; Collavino et Giménez ,2008). 20 Chapitre I Généralité sur Tuta absoluta (Meyrick) a b c Figure 7: a,b et c : Feuilles attaquées par les larves de Tuta. absoluta d d: champ infesté par les larves Tuta. absoluta (Bolckmans, 2009). a b Figure 8: a,b et c : Fruits attaquées par les larves de T. absoluta (Bolckmans, 2009). 21 c Chapitre I Généralité sur Tuta absoluta (Meyrick) VII. Méthodes de lutte et techniques culturales Depuis les années soixante du siècle dernier, la culture de tomate en Amérique du Sud a été confrontée à Tuta absoluta Meyrick, qui, depuis a envahi presque la totalité des régions productrices de tomate dans le monde (Silva, 2008). Niedmann et Meza-Basso (2006) notent qu’avec son action dévastatrice, ce ravageur peut causer des pertes allant de 70 à 100% de la production, ce qui démontre son importance et suscite des questions relatives à sa nuisibilité et aux mesures à prendre pour juguler ses pullulations (Luna et al., 2007). Plusieurs méthodes de lutte ont été appliquées pour lutter contre ce ravageur, afin de réduire son impact sur les productions de tomate. Un aperçu sur ces techniques permet de constater qu’il n’a y a pas de méthodes miracles, car chaque méthode présente des avantages et des inconvénients sans pour autant permettre l’éradication complète du ravageur (Pereira, 2008 ; Silva, 2008). Les différentes approches sont souvent complémentaires. La lutte par les techniques culturales, autrement appelée « contrôle cultural » est l’ensemble des adaptations du système de culture mises en place en vue de limiter le développement des populations de bio-agresseurs (Doré et al., 2006). Cela couvre une gamme très large de procédés allant de la succession des cultures à l’implantation de cultures intermédiaires ou à l’association d’espèces différentes dans le même espace. Il y a également des modifications de dates et de densités de semis, l’ajustement des doses et des dates d’apport de fertilisants et bien d’autres pratiques utiles pour la lutte prophylactique contre les ravageurs (Lietti, 2005 ; Doré et al., 2006). Dans le cas de Tuta. absoluta, l’utilisation des engrais azotés doit se faire rationnellement car ils peuvent stimuler le développement des larves du ravageur ( Leité, 2003 ; Salvo et Valladares, 2007). La destruction des résidus des plantes des récoltes attaquées, par incinération et enfouissement, peut aider à la réduction des populations du ravageur et ainsi à la protection des prochaines cultures (Lietti, 2005; Modeiros et al., 2005). On peut lutter contre les mauvaises herbes qui constituent un foyer secondaire de contamination (Lietti, 2005; Modeiros et al., 2005 ; Salvo et Valladares, 2007). La rotation des cultures avec d'autres familles des solanacées permet de réduire le taux d’infestation (Lietti, 2005). D’autres travaux visent à utiliser certains caractères de résistances chez des variétés de tomates comme moyen pour réduire les dégâts occasionnés par ce ravageur (Ecole et al., 1999 ; Leite et al., 2001 ; Magalhaes et al., 2001 ; Modeiros et al., 2005 ; Lietti, 2005; Oliveira et al., 2007). 22 Chapitre I Généralité sur Tuta absoluta (Meyrick) VII.1. Utilisation des pièges à phéromones Différents types de pièges peuvent être utilisés : - Des pièges avec de l’eau : ce sont des récipients contenant de l’eau au dessus des quels sont fixées des capsules de phéromones. Les papillons males ainsi attirés se noient. - Des pièges de types Delta : ce sont des pièges qui contiennent une capsule de phéromone, plus une plaque engluée sur la quelle se collent les males. - Des pièges de type Me phail : ces pièges sont composés d’une partie transparente et d’un bol amovible. Le bol possède une ouverture par ou pénètrent les papillons. Ce bol contient un insecticide qui tue les individus capturés. L’objectif de ces pièges est de détecter la possible présence du ravageur et d’évaluer le risque potentiel pour la parcelle. Pour pouvoir suivre l’évolution des populations, il est recommandé de relever au moins une fois par semaine les pièges. Les individus capturés sont comptabilisés et retirés pour éviter d’être recomptés au prochain relevé. La plaque engluée est remplacée dès qu’elle commence à perdre de l’adhérence. Les capsules de phéromones ont une durée de vie de 5-6 semaines. VII.2. Lutte chimique La lutte chimique contre les insectes fait appel aux insecticides dont l’utilisation a connu un essor très important avec les progrès de la chimie de synthèse. Elle est basée sur l’application de molécules détruisant ou limitant les populations de bio-agresseurs (Doré et al., 2006). La lutte chimique a donné des résultats très variables selon les substances actives, tout en restant inefficace pour l’éradication complète du ravageur (Filho, 2000 ; Suinaga et al., 2004 ; Cunha et al., 2006 ; Luna et al., 2007 ; Pires, 2008). Le tableau 3 recense les différentes molécules actives utilisées pour la lutte contre Tuta. absoluta. 23 Chapitre I Généralité sur Tuta absoluta (Meyrick) Tableau 3 : La Famille chimique et les substances actives utilisées dans la lutte contre Tuta. absoluta selon différents auteurs. Famille chimique Avermectine Organophosphorés Organochlorées Carbamates Pyréthrinoides Chloronicotiniles Benzoylurées substance active Abamectine Acephate Malathion Méthamidophos Chlorpyriphos Triazophos Dimethoate Cartap Fenitrothion Chlorfluazuron Chlorofénapyr Carbaryl Metomil Cyperméthrine Deltaméthrine Fenvalerate Perméthrine Cyfluthrine Alphacyperméthrine Lambdacyhalothrine Etofenprox Imidaclopride Bisacylhydrazines Oxadiazine Lufenuron Triflumuron Téflubenzuron Thiocyclam Tiametoxam Tebufenozide Méthoxyfénozide Méthoxyfénozide Indoxacarb naturalytes Spinosad Nereistoxin Néo-nicotinoïdes Diacylhydrazine Auteurs Siquiera et al. (2000) Salazar et al. (2001) Collavino et Giménez (2008) Piereira et al. (2008) Suinaga et al. (2004) Piereira et al. (2008) Lietti et al .( 2005) Siquiera et al. (2000) Piereira et al. (2008) Piereira et al. (2008) Suinaga et al. (2004) Collavino et Giménez (2008) Silva (2008) Lietti et al. (2005) Piereira et al. (2008) Collavino et Giménez (2008) Piereira et al. (2008) Collavino et Giménez (2008) Lietti et al. (2005) Piereira et al. (2008) Piereira et al. (2008) Piereira et al. (2008) Piereira et al. (2008) (Arla, 2001; Kollman, 2003). Au début des années 1980, l’utilisation du Cartap en alternance avec les Pyréthrinoïdes et le Thiocyclam a donné des résultats positifs en cette période. Lietti et al. (2005) rapportent que 24 Chapitre I Généralité sur Tuta absoluta (Meyrick) les organophosphorés ont été les premiers insecticides utilisés contre la mineuse en Argentine ; ils ont été progressivement remplacés par des Pyréthrinoïdes pendant les années soixante-dix quatre-vingts. Durant les années 1990, plusieurs nouveaux insecticides ont été introduits, comme (Abamectine et Acylurea), agissant comme dérégulateurs de croissance des insectes nuisibles (Lietti et al., 2005). Ces molécules qui ont donné satisfaction au début de leur utilisation ont commencé à perdre leur efficacité sur le terrain suite à la résistance développée progressivement par les populations de l’insecte à travers les pays d’Amérique du Sud. Des études réalisées en 2008 sur des insecticides à base d’Imidaclopride utilisé en immersion à 7% et en pulvérisation à 3,5% dans des conditio ns de cultures sous serre ont donné des résultats satisfaisants. L’Imidaclopride se caractérise par son mode d’action systémique et de contact, et un mécanisme agissant différemment par rapport aux autres insecticides de façon à empêcher le phénomène de résistance chez l’insecte (Collavino et Giménez, 2008). Des exemples concrets de l’application de certaines molécules insecticides (Abamectine, Cartap, Perméthrine, Méthamidophos) ont été rapportés par Suinaga et al. (2004) qui notent que l’inefficacité de ces molécules a conduit les agriculteurs à des applications intensives (36 pulvérisations par saison). Ceci a engendré des phénomènes de résistance chez T. absoluta, en plus de l’augmentation du coût de production et de la destruction de la faune auxiliaire utile (Miranda et al., 2005 ; Silva, 2008 ; Pereira, 2008). On constate que l’utilisation irraisonnée de ces insecticides engendre un danger réel de pollution de l’environnement. De plus les résidus toxiques dans les fruits récoltés cause un sérieux problème de santé humaine (Medeiros et al., 2006 ; Salvo et Valladares, 2007 ; Pereira et al., 2008). Tenant compte du cycle de vie de ce ravageur, dont la larve passe une grande partie de sa vie en endophyte, Salvo et Valladares (2007), recommandent l’utilisation d'huile végétale comme complément, ou bien l’application de nouveaux insecticides translaminaires (Cyromacina et Abamectine), en plus de l’utilisation raisonnée des insecticides sélectifs vis-à-vis des parasitoïdes de T. absoluta (Carvalho et al., 2003). VII.3. Lutte biologique La lutte biologique est l'usage d'organismes vivants ou de leurs produits pour empêcher ou réduire les pertes ou dommages causés par des organismes nuisibles. Elle s'appuie sur une stratégie de défense écologique et durable (Riba et al., 2008) qui vient corriger certaines lacunes que rencontrent les autres méthodes de lutte (Salvo et Valladares , 25 Chapitre I Généralité sur Tuta absoluta (Meyrick) 2007). Les organismes vivants utilisés, alors appelés auxiliaires, antagonistes ou agents de lutte, peuvent être des parasitoïdes, des prédateurs (insectes, acariens, nématodes), ou des pathogènes (virus, bactéries, champignons), ou des compétiteurs qui occupent la niche écologique plus vite que l'espèce nuisible à juguler (Doré et al., 2006 ; Riba et al., 2008), tout en maintenant un équilibre naturel (Salvo et Valladares, 2007). VII.4. La lutte intégrée La lutte intégrée consiste dans l’emploi combiné et raisonné de toutes les méthodes (culturales, chimiques et biologiques) pouvant exercer une action régulatrice sur les divers ravageurs d’une culture, de façon à maintenir à un niveau assez bas leurs populations, pour que les dégâts occasionnés soient économiquement tolérables (Corbaz, 1990). Pratissoli et al.(2006) notent que la lutte intégrée est l’option la plus fiable dans le contrôle de Tuta. absoluta, Dans cette perspective avec l’optique d’une synergie des effets des différentes techniques détaillées auparavant, des chercheurs ont envisagé de combiner l’application d’insecticides sélectifs vis-à-vis des ennemis naturels de Tuta. absoluta (par ex: Spinosad), avec l’utilisation de parasitoïdes résistants à certains insecticides et d’entomopathogènes, associant des traitements à base de bio-pesticides (Picanço et al., 1998 ; Carvalho et al., 2003). 26 Chapitre I Généralités sur le spinosad I. Description de la molécule Spinosad Le spinosad est un insecticide naturel obtenu, avec un nouveau mode d'action unique et un bon profil environnemental et toxicologique, a démontré, depuis des années, de très bonnes performances contre un large éventail d'organismes nuisibles, notamment les chenilles, mouches, les thrips et les coléoptères. Très récemment, spinosad a montré d'avoir une activité très élevées sur le ravageur Tuta absoluta (Amérique du Sud, de tomates papillon), ainsi que une bonne compatibilité avec ses principaux ennemis naturels, et Macrolophus caliginosus tenuis Nesidiocoris (Kollman, 2003). Par conséquent, il est devenu un outil indispensable pour le renforcement des stratégies de lutte intégrée contre cette nouvelle et difficile à la lutte antiparasitaire qui s'est propagée dans un bref délai sur la zone méditerranéenne. En conséquence spinosad a saisi l'attention des producteurs de tomate, non seulement en Espagne, ma is aussi dans d'autres pays méditerranéens comme la France, l'Italie, la Grèce, la Turquie, la Tunisie et le Maroc (ARLA, 2001; Kollman, 2003). Tableau 4 : Les propriétés de la préparation commerciale de la molécule spinosad. Propriétés Contenances Couleur Blanc cassé à ocre Odeur Odeur faible de peinture au latex Suspension liquide 480 g / litre de matière active pH 7,69 Point d’ébullition 100°C Densité 1,09 g/ml à 20°C Solubilité Spinosyne A soluble (pH 9) à très soluble (pH 5 à 7) Spinosyne D insoluble (pH 9) à soluble (pH 5) II. Source, principe actif et mode d’action Au cours de ses vacances dans les îles Vierges, un scientifique a remarqué quelque chose d'étrange dans une distillerie désaffectée: l'absence de moustiques dans une zone de haute pression. C'était une découverte inattendue, que 4 ans plus tard conduit à l'identification 27 Chapitre I Généralités sur le spinosad d'une nouvelle bactérie de l'échantillon de sol prélevé (Larson et al., 1999) , le spinosa Saccharopolyspora.(Fig 9 et 10) Figure 9 : Surface épineuse de l’actinomycète Figure 10 : Coupe longitudinale de la bactérie Après des années de recherche, les chercheurs de Dow AgroSciences à Indianapolis, ont réussi à mettre au point un insecticide naturel, fondé sur le principe actif spinosad, qui est obtenu par la fermentation de cette bactérie du sol. Cela a été une réalisation importante en 1999, Dow AgroSciences a remporté le "Green Chemistry Award" décerné par l'Environmental Protection Agency (ECPA) aux États-Unis. En obtenant cet insecticide naturel, il est à noter que, après fermentation de la bactérie, en choisissant un mélange de 2 molécules structurellement similaires (Fig 11), qui ont été désignées par Spinosyne A et Spinosyne D. La proportion de ces 2 métabolites est d'environ 85% A: 15% D. Lorsque la fermentation est terminée, le matériau actif remis de bouillon de fermentation par extraction, suivie d'un échange-protonation et les précipitations. Toutes les étapes de production sont réalisées dans des installations modernes en Californie (USA), préparé afin de minimiser les impacts environnementaux potentiels associés au processus de fabrication. 28 Chapitre I Généralités sur le spinosad Figure 11 : Formule chimique des Spinosyne A et D Le spectre d'action du Spinosad observés en laboratoire et sur le terrain, montre une activité exceptionnelle sur les lépidoptères, les diptères, les hyménoptères, thysanoptères et certains coléoptères. (ARLA, 2001; Dow AgroSciences, 2003; 2003b; Kollman, 2003; Salgado, 1997; 1998; Salgado et al. 1998). Au lieu de cela, il est relativement inactif sur les insectes suceurs, les acariens et les insectes auxiliaires les plus phytoseiid mites, Hemiptera, Dermaptères et Neuroptera. Pour la première fois, un insecticide dérivé de la forme biologique, a un spectre d'activité et l'efficacité équivalente ou supérieure à celle des insecticides les plus récents de synthèse. Le spinosad cause chez l’insecte une excitation du système nerveux, mène à un arrêt de l’alimentation, une contraction musculaire involontaire puis à une paralysie. Ces effets sont une conséquence de l’activation des récepteurs nicotiniques de l’acétylcholine. En effet, les cellules nerveuses émettent des signaux chimiques pour communiquer entre elles et avec les autres cellules. Pour ce faire, l’acétylcholine qui ne peut les cellules utilisent des neurotransmetteurs, dont remplir son rôle lorsque le spinosad excite son récepteur nicotinique. Spinosad peut également agir sur les récepteurs amino butyriques, ce qui pourrait augmenter son rendement, mais cet effet n’a pas été évalué La dégradation du spinosad dans l’environnement se fait via différents procédés dont l’hydrolyse, la phototransformation, photolyse et biotransformation aérobiques 2001; Kollman, 2003). 29 (ARLA, Chapitre I Généralités sur le spinosad III. Efficacité du Spinosad sur Tuta absoluta Dès l'entrée en Espagne de ce parasite dévastateur, la fin de 2007, entraînant une préoccupation majeure dans l'industrie, spinosad a été identifiée comme l'une des molécules les plus efficaces pour le contrôle. Pour cette raison, et à la demande des services de la protection des végétaux de plusieurs communautés autonomes, le ministère de l'agriculture a approuvé le 25 février 2008, l’expansion de son label pour contrôler Tuta absoluta de la tomate.(Fig 12) Spinosad agit sur le site spécifique des récepteurs nicotiniques de l'acétylcholine des cellules nerveuses post-synaptique. Aucun autre produit n’a l'action sur ce site spécifique, et donc ne trouve pas de résistance croisée avec aucun insecticide connus, biologiques ou synthétiques (Thompson et al., 2003). a b c Figure 12 : a, Adulte de Tuta absoluta, b, plant de tomate attaqué, c, larve au deuxième stade. Par conséquent le mode d’action du spinosad, a été classé par I.R.A.C. comme un nouveau mode et d'action unique. En outre, l'activité de l'ingestion de spinosad est très important, presque 10 fois plus élevé que sur le contact, ce qui rend très adapté pour le contrôle des insectes broyeurs et encore plus quand il s'agit de dévorer les ravageurs. L'expérience accumulée durant les 2 dernières saisons, des années 2008 et 2009 dans différentes régions d'Espagne et d'autres pays européens, et sous diverses formes de culture, a permis de confirmer la robustesse et la fiabilité des spinosads à des programmes de contrôle de ce ravageur difficile. 30 Chapitre I Généralités sur le spinosad IV. Marché et production Spinosad a été homologué pour la première fois en 1997, aux États-Unis dans la culture du coton (Ware, 1999). Depuis, spinosad se retrouve dans 35 pays à travers les 5 continents sous différentes appellations (Tracer, Laser, Credence, Spinoace, Naturalyte, Caribstar, Boomerang, Spintor et Conserve) (Tableau. 5). Parmi les différentes productions où l’on peut utiliser spinosad au Canada, il y a les agrumes, le gazon, le tabac et les céréales soient celles reconnues aux États-Unis (Thompson et al., 2003). Tableau 5: Utilisation du spinosad sur différentes cultures à travers le monde. Emplacements Cultures Amérique du Sud coton, tomate, soya, maïs, plantes ornementales et nectarine Asie coton, légumes, gazon, pêche et poire Australie légumes et coton Canada agrumes, gazon, tabac et céréales États-Unis agrumes, gazon, tabac et céréales Europe poivron, vigne et plantes ornementales Algérie Poivron, tomate , pomme de terre 31 Partie Expérimentale Chapitre II Efficacité du spinosad I. Introduction L’invasion des cultures locales de tomate par Tuta absoluta et les dégâts importants occasionnés ont suscité beaucoup de questions relatives à son introduction, à son acclimatation, à sa biologie et aux moyens de lutte capables de réduire l’ampleur de ses dégâts en Algérie, à l’instar des travaux qui ont été réalisés par les chercheurs des pays d’origine de ce phytophage. Dans ce contexte, et devant l’absence d’informations sur la biologie de ce déprédateur dans notre pays mais aussi face au danger réel que constitue la propagation de cet insecte nuisible dans l’espace et vers d’autres cultures importantes de la famille des Solanacées, il est impératif de procéder à une étude de sa biologie et de sa dynamique de population dans les conditions locales pour mieux comprendre les facteurs régissant son déploiement. II. Matériels et méthodes Un travail expérimental dans les conditions naturelles du champ a été mené pour étudier la dynamique de population de ce ravageur. Entre autre et dans le cadre de trouver une solution chimique, une dizaine des essais ont été menés dont la période d’avril jusqu’au juillet 2010 à Sidi Bel-Abbès (Fig 13 et 14). Dans cette étude, nous avons essayés différents insecticides en application foliaire. L’essai est mené contre les stades larvaires de Tuta absoluta sur la tomate en plein champ (1600 m²) durant la période Avril-juillet 2010. La tomate de deux variétés Bobcat (de Type Hybride à fruits de gros calibre de 180 à 250 grammes, très productif, recommandé pour les cultures de plein champ, à plat ou tuteurées) et Joker (conseillée pour toutes cultures non tuteurées de type déterminé à port buissonnant, le fruit révèle un Calibre très élevé a un poids moyen de 250 à 300 grammes) ont été plantées le 15/04 et le 19/04/2010 respectivement à Sidi Bel-Abbès (Hassi Abed) en ligne jumelée et en goutte à goutte. La densité de plantation est de 1,3 m entre les 2 lignes jumelées, 0,40 m à l’intérieur de la ligne jumelée et 0,25 m entre les plantes. L’objectif de l’essai est de tester l’efficacité des insecticides (Fig 24) en application foliaire. Le dispositif expérimental (Fig 25) est un bloc complètement aléatoire à quatre répétitions dont la parcelle élémentaire est de 10 x 1 m². Les parcelles sont disposées selon le dispositif expérimental suivant (Fig 15): Chapitre II Efficacité du spinosad * Figure 13 : Site de l’expérimentation (le 18/05/2010) *Figure 14 : Parcelle de tomate de l’expérimentation (le 01/06/2010) *Photos prises par nous-mêmes Chapitre II Efficacité du spinosad 4B0 4B4 4B3 4B2 4B1 3B4 3B2 3B1 3B3 3B0 2B1 2B3 2B0 2B2 2B4 1B0 1B1 1B2 1B3 1B4 Parcelle 01: Tomate variété Bobcat 4J0 4J4 4J3 4J2 4J1 3J4 3J2 3J1 3J3 3J0 2J1 2J3 2J0 2J2 2J4 1J0 1J1 1J2 1J3 1J4 Parcelle 02 : Tomate variété Joker Figure 15 : Disposition expérimentale des différents traitements Les insecticides et les doses testées sont représentés par le tableau 6. Chapitre II Efficacité du spinosad Tableau 6 : Propriétés et nombre d’applications des insecticides utilisés. N° Insecticides 1 2 3 4 5 Tracer Avaunt Vertimec Nomolt Témoin Subs. active Concentration Formulation Dose Mode d'application Spinosad Indoxacarb Abamectine Téflubenzuron 240 g/l 150 g/l 18 g/l 150 g/l SC SC SC SC 60 ml/hl 0,3 l/ha 0,5 l/ha 70ml /hl Foliaire Foliaire Foliaire Foliaire L’essai a commencé le 30 mai et est terminé le 04 juillet 2010 dont les insecticides ont été appliqués le 30 mai, le 6, le 13, le 21 juin et le 27, le 04 juillet avec un pulvérisateur à dos à raison de 1000 litres de bouillie par hectare. (Fig 16) Les conditions d’application des insecticides sont représentées par le tableau 7. Tableau 7 : Conditions d’application des insecticides Nombre d'application Date d'application Mode d'application Temps initiale Temps finale Température de l'air (Fig 17) Température du sol (Fig 18) Humidité relative (Fig 17) Vitesse de vent Stade de culture 1 2 3 4 5 6 30/05/10 06/06/10 13/06/10 21/06/10 27/06/10 04/07/10 Foliaire Foliaire Foliaire Foliaire Foliaire Foliaire 10 H 20 10 H 50 10 H 20 9 H 10 9 H 05 9 H 15 11 H 25 12 H 10 11 H 35 10 H 25 10 H 00 10 H 00 28,6 °C 27,6 °C 27,6 °C 28,6 °C 26,8 °C 31,6 °C 22,9 °C 22,9 °C 23,4 °C 23,9 °C 26,5 °C 28,4 °C 35% 62% 47% 34% 52% 32% 0 m/s BBCH 22-51 2,0 m/s BBCH 22-51 7,4 m/s BBCH 29-53 9,6 m/s BBCH 29-55 1,7 m/s BBCH 55-71 2,1 m/s BBCH 71-75 La population est suivie par des pièges à phéromones en provenance de la société Russell IPM. Les pièges ont la forme delta et la plaque à glue est de 400 cm² de surface (carré de coté 20 cm). Le dénombrement des adultes se fait au champ chaque semaine. (Fig 19, 20, 21,22). Le comptage du nombre de plantes infestées repose sur le nombre de plantes de tomate attaquées par les larves de Tuta absoluta. (Fig 23) Chapitre II Efficacité du spinosad *Figure 16 : Traitement avec un pulvérisateur * Figure 17 : Température de l’air et hygrométrie a dos de 16 L (le 06/05/2010) (le 21/06/2010) *Figure 19 : Parcelle traitée en utilisant des codes (Le 30/05/2010) *Photos prises par nous- mêmes * Figure 18 : Température du sol (Le 04/07/2010) Chapitre II Efficacité du spinosad Nombre des plantes infestées Le taux d’infestation = X 100 Nombre total des plantes Ce taux d’infestation est aussi appelé niveau d’infestation par la commutée d’action contre la résistance des insecticides (IRAC). Le comptage se fait directement en plein champ. De plus, un échantillon de 20 folioles (Fig 26 et 27) est examiné pour compter le nombre de mines, le nombre de larves vivantes et mortes et en déduction le taux de mortalité. Uemerson et al, (2005) ont adopté comme échantillon 24 folioles, Marcelo et al, (2008) confirment l’utilisation des folioles comme support pour le comptage des différents paramètres. Alors que Camilo et al, ont utilisé 20 feuilles. (Fig 24) Le comptage est fait chaque 7 jour à partir du 30 mai jusqu’au 27 juin. Gomide et al, (2001) ont montré que la partie médiane reflète le mieux le nombre de mine et de larve vivante alors que pour compter les œufs il faut sélectionner la partie apicale et précisément les trois dernières feuilles. (Fig 25,26) La multitude des paramètres de notations s’est imposée pour deux raisons : la première c’est qu’il n’existe pas un protocole d’essai contre Tuta absoluta selon les normes de l’Organisation européenne de la protection des plantes (OEPP) et la deuxième c’est que le taux de mortalité seul ne peut en aucun cas refléter la réalité de l’essai. C’est évidant, car pour une parcelle à un niveau d’attaque égal à zéro, le taux de mortalité engendré par le produit efficace est de 0%, même le témoin non traité parce que souvent il n’existe pas des larves à noter. III. Résultats et discussions III.1. Sélectivité Tous les insecticides durant la période de 30 mai au 04 juillet 2010 à Sidi Bel- Abbès ont été sélectifs pour la culture de tomate. III.2. Suivi de la population Durant la période d’essai le (30 mai jusqu’au 4 juillet 2010), la population des adultes dans le piège d’une zone non traitée est supérieure à 13 adultes par piège par jour. Alors que la population dans la zone de l’essai est nettement inférieure surtout après chaque traitement. Chapitre II Efficacité du spinosad *Figure 20 : Capture des adultes de Tuta Absoluta Delta (Le 21/06/2010) *Figure 21 : Positionnement du piège *Figure 22 : Piège delta (le 06/06/2010) 30/05/2010) *Figure 23 : Plaque engluent (le *Photos prises par nous-mêmes (le 13/06/2010) Chapitre II Efficacité du spinosad La figure 32 montre dés l’installation des pièges à phéromones (le 6 juin), que la population des adultes était de l’ordre de 38 adultes par piège par jour. Sept jours avant cette date (le 30/05/10) une première application a été effectué et une autre le jour même de l’installation (le 06/06/10). Donc il est évident que l’application des insecticides a réduit énormément le Nombre d'adultes par piège par jour nombre d’adultes. 120 100 21/ 06/10 80 60 27/ 06/10 04/ 07/10 40 06/ 06/10 20 13/ 06/10 0 Date de contrôle Figure 32 : Suivi journalier de la population de Tuta absoluta La figure 32 montre que le nombre d’adultes piégés diminue au cours du temps du 6 jusqu’au 15 juin grâce aux applications réalisées le 6 et le 13 juin. Mais la persistance d’action est limitée dans le temps car au bout de quelques jours on remarque une augmentation du nombre des adultes piégés par jour. Du 13 au 21 juin, aucune application n’est faite ce qui explique l’élévation du nombre des adultes par piège par jour. Mais ce qui est remarquable qu’à la suite de l’application réalisée le 21 juin le nombre chute de 107 à 67 adultes par piège par jour. Les deux applications qui suivent ont maintenu un nombre faible aux alentours de 70 adultes par piège par jour. Cependant, il est obligatoire de déterminer la période d’intervention phytosanitaire afin d’agir au moment opportun ce qui est confirmé par la figure au-dessus car suite à chaque application la population des adultes diminue considérablement. Chapitre II Efficacité du spinosad * Figure 24 : les différentes substances actives codées randomisation (le 04/07/2010) *Figure 25 : application de la *Figure 26 : Opération de l’échantillonnage échantillons (le 03/06/2010) * Figure 27 : Conservations des *Photos prises par nous- mêmes (le 30/05/2010) (le 03/06/2010) Chapitre II Efficacité du spinosad III.3. Taux d’infestation Les données relatives à l’infestation de la parcelle d’essai sont illustrées par le tableau 8 et représenté par la figure 33. Tableau 8 : Evolution du taux d’infestation selon les différents traitements (variété Bobcat). N° Substance Active 1 2 3 4 5 Spinosad Indoxacarb Abamectine Téflubenzuron Témoin Doses 60ml/hl 0,3 l/ha 0,5 l/ha 70 ml/hl 03/06 10/06 17/06 24/06 30/06 33,33 73,33 60 93,33 100 36,12 36,12 55,56 41,67 100 28 30 84 53,33 52 96,66 52 56,66 100 100 57,58 75,76 51 ,52 69,70 100 07/07 73,08 76,93 73,08 80,77 100 Taux d’infestation Figure 33 : Evolution du taux d’infestation selon les différents traitements (variété Bobcat). Tableau 9 : Evolution du taux d’infestation selon les différents traitements (variété Joker). N° Substance Active 1 Spinosad 2 Indoxacarb 3 Abamectine 4 Téflubenzuron 5 Témoin Doses 60ml/hl 0,3 l/ha 0,5 l/ ha 70 ml/hl 03/06 10/06 17/06 38,10 55 44,83 66,67 60 58,62 57,15 95 58,62 71,43 65 65,52 100 100 100 24/06 85 70 95 95 100 30/06 33,34 66,67 61,12 91,67 100 07/07 78,95 84,21 78,95 89,48 100 Chapitre II Efficacité du spinosad Taux d’infestation Figure 34 : Evolution du taux d’infestation selon les différents traitements (variété Joker). Les figures 33 et 34 montrent un taux d’infestation de 100% dans le témoin. Il est de moins important pour la substance active spinosad, de plus de 50% pour l’abamectine à la dose de 0.5 l/ha et l’indoxacarb a la dose de 0.3 l/ha. Alors qu’il est très fort pour le téflubenzuron à la dose appliquée. III.4. Nombre de mines par foliole La moyenne du nombre des mines ( Fig 28) par 20 folioles dans le témoin non traité est évolutive dans le temps pour les deux variétés de tomate, sept jours après l’application du spinosad le control de la mineuse est remarquable , ce qui montre la diminution de la population après chaque traitement. (Fig 35 et 36). Quoiqu’il n’y a pas de différence significative entre les différents traitements sept jours après la première application, il y a une diminution remarquable du nombre des mines dans les blocs traités surtout pour les substances actives, spinosad, abamectine et l’indoxacarb quelque soit la dose utilisée. Quatorze jours après la première application (13 juin 2009) tous les substances actives se différent statistiquement du témoin. Cette différence s’accentue après cette date pour donner une classe des substances efficaces avec un nombre de mines réduits, ils sont le spinosad et l’abamectine. Chapitre II Efficacité du spinosad Chapitre II Efficacité du spinosad Tableau 10 : Evolution de la moyenne du nombre de mines selon les différents traitements (variété Bobcat). N Substance ° Active 1 Spinosad 2 Indoxacarb 3 Abamectine 4 Téfubenzuron 5 Témoin 03/06 10/06 05 11 09 14 15 07 21 13 13 25 17/06 09 16 29 17 30 24/06 13 13 20 15 36 30/06 19 25 17 23 33 07/07 19 20 19 21 26 Figure 35 : Nombre de mines selon les différents traitements (variété Bobcat). Tableau 11 : Evolution de la moyenne du nombre de mines selon les différents traitements (variété Joker). N° 1 2 3 4 5 Substance Active Spinosad Indoxacarb Abamectine Téfubenzuron Témoin 03/06 08 14 12 15 21 10/06 11 12 19 13 20 17/06 24/06 30/06 13 17 17 19 29 17 14 19 19 20 12 24 22 33 36 07/07 15 16 15 17 19 Chapitre II Efficacité du spinosad Figure 36 : Nombre de mines selon les différents traitements (variété Jocker). III.5. Nombre de larves vivantes par 20 folioles Le nombre de larves vivantes (Fig 29 et 30) avant traitement est de 5 larves par 20 folioles comme cité dans le tableau 15. Les applications des substances actives ont permit un abaissement considérable des larves, vraisemblablement un argument de l’efficacité de ces dernières testées et la diminution de la population des adultes. A titre d’exemple, quatorze jours après la première application seules les substances Spinosad, Indoxacarb, sont différents des autres dont le nombre de larves vivantes est de 0.1 larves par 20 folioles alors qu’il est de 0,8 dans les blocs traités par l’Abamectine et le Téfubenzuron. En note un meilleur contrôle des larves par le spinosad durant les différentes applications, sur la variété Jocker (Fig 38), et une efficacité remarquable sur les stades larvaires L1, L2 et L3. Tableau 12 : Evolution du nombre de larve vivante selon les différents traitements (variété Bobcat). N° 1 2 3 4 5 Substance Active Spinosad Indoxacarb Abamectine Téfubenzuron Témoin 03/06 00 03 03 07 05 10/06 02 10 06 08 15 17/06 02 02 06 07 17 24/06 09 06 05 15 15 30/06 07/07 03 07 05 05 15 19 10 11 12 13 Chapitre II Efficacité du spinosad L Figure 37 : Nombre de larves vivantes selon les différents traitements (variété Bobcat). Tableau 13 : Evolution du nombre de larves vivantes selon les différents traitements (variété Joker) Substance N° 03/06 10/06 17/06 24/06 30/06 07/07 Active 1 Spinosad 00 01 01 02 00 05 2 Indoxacarb 07 07 07 07 10 06 3 Abamectine 07 07 07 07 10 07 4 Téfubenzuron 07 10 07 17 15 10 5 Témoin 15 19 19 13 10 11 L Figure 38 : Nombre de larves vivantes selon les différents traitements (variété Jocker). Chapitre II Efficacité du spinosad III.6. Taux de mortalité Pendant le début de l’essai (10 juin), le Spinosad a causé la mort des 60% des larves (Fig 31) voir même 100% durant le premier comptage (Tableau 17). Contrairement à la fin de cet essai ou le taux de mortalité a diminué pour cette substance et remarquablement pour la variété Bobcat (Fig 39). La figure 40 montre un contrôle presque quasi totale des larves, on note un taux très élevé de mortalité pour la variété Jocker concernant la substance Spinosad, pour les autres substances on révèle le contrôle aussi des Indoxacarbs et des Abamectines mais à un taux ne dépassant pas les 50%. Tableau 14 : Evolution du taux de mortalité selon les différents traitements (Variété Bobcat). N ° 1 2 3 4 5 Substance Active Spinosad Indoxacarb Abamectine Téfubenzuron Témoin 03/06 10/06 100 40 40 23 00 60 29 34 20 00 17/06 67 72 40 23 00 24/06 00 40 45 12 00 30/06 17 42 48 28 21 07/07 00 48 27 09 00 Figure 39 : Evolution du taux de mortalité selon les différents traitements (Variété Bobcat). Chapitre II Efficacité du spinosad Tableau 15 : Evolution du taux de mortalité selon les différents traitements (Variété Jocker). N° 1 2 3 4 5 Substance Active Spinosad Indoxacarb Abamectine Téfubenzuron Témoin 03/06 100 37 13 37 00 10/06 89 30 47 00 00 17/06 80 50 13 37 05 24/06 78 30 47 15 00 30/06 100 29 17 17 42 07/07 81 63 59 00 00 L Figure 40 : Evolution du taux de mortalité selon les différents traitements (Variété Jocker). IV. Conclusion En se basant sur cet essai de plein champ les substances actives abamectine, indoxacarb ont permit de réduire considérablement le nombre de plantes infestées par les larves de Tuta absoluta, et le nombre de mines. La molécule spinosad a montré et avec succès le contrôle des larves surtout pour les stades larvaire L1, L2 et L3, ce qui confirme le spectre d’activité de cette substance citée par Arla, 2009. Les multitudes des évaluations et les répétitions pour les deux variétés de tomate, nous ont bien montré certaines différences pour les substances testées et spécialement la molécule spinosad. Cette dernière sera étudiée plus profondément et théoriquement par le biais de la Chapitre II Efficacité du spinosad modélisation et de la simulation moléculaire afin de comprendre certaines propriétés de cette molécule et plus précisément sa stabilité. Partie théorique Chapitre III Modélisation Moléculaire de la spinosad I. Introduction Le spinosad est une substance active de produit phytosanitaire (ou produit phytopharmaceutique, ou pesticide), qui présente un effet insecticide. C'est un produit fermenté d'origine biologique dérivé du mélange de deux toxines (spinosyne A et D) sécrétées par une bactérie vivant dans le sol, Saccharopolyspora spinosa. Notre étude théorique se porte sur les deux formes des spinosynes A et D. Le but est de mettre en évidence les causes qui peuvent expliquer les différences de stabilité entre les deux macromolécules. Il ne nous a pas été possible de réaliser l’hydratation des deux molécules à l’exception du spinosyne A, ce qui aurait pu nous permettre de montrer une possibilité de variation dans la mise en conformation. Nous avons utilisé les outils informatiques (« ADF et Accelrys ») pour mettre en évidence ces différentes propriétés. En effet, grâce à la modélisation moléculaire, nous allons pouvoir représenter ces spinosynes et illustrer leurs différences, notamment dans le cas de l’hydratation. Finallement, afin de mieux comprendre ces deux macromolécules, nous avons aussi effectué une analyse spectrale dans les domaines infra rouge (IR) et cela en utilisant un autre outil informatique (« Spartan Plus »). Les principaux résultats obtenus sont rapportés et discutés dans ce manuscrit. II. Méthode de calcul II.1 Théorie de la fonctionnelle de la densité (DFT) La DFT relie l’énergie à la densité électronique d’un système. L’énergie est fonction de la fonction de densité électronique, d’où le terme de fonctionnelle de la densité. Cette théorie se base sur deux théorèmes énoncés par Hohenberg et Kohn en 1964 (Hohenberg et Kohn., 1964). Le premier théorème postule que l’état fondamental d’un système ne dépend que de sa seule densité électronique ρ(r). Le deuxième théorème est analogue au principe variationnel qui permet de calculer l’énergie de ce système à partir de ρ(r), la fonction de densité électronique. 1er théorème: Pour un système ayant un état fondamental non dégénéré, le potentiel externe vext est déterminé par la densité électronique ρ(r) (à une constante additive près). 45 Chapitre III Modélisation Moléculaire de la spinosad De plus, puisque v ext décrit une partie de l'hamiltonien, les propriétés de l'état fondamental sont complètement déterminées par sa densité. 2ème théorème: L’énergie et la densité de l’état fondamental peuvent être déterminées en minimisant l’équation : E[ρ] = F [ρ] + ∫vext (r) ρ (r) dr F[ρ] = T[ρ] + Eee[ρ] Avec : ρ : densité électronique vext : potentiel extérieur F [ρ] : fonctionnelle d'Hohenberg et Kohn T[ρ] : fonctionnelle d'énergie cinétique Eee[ρ] : fonctionnelle d'énergie d'interaction électron-électron La fonctionnelle F[ρ] est dite « universelle » dans le sens où elle ne dépend aucunement de vext. Le logiciel de chimie quantique ADF (Amsterdam Density Fonctional Package, 2006) utilisé pour nos calculs est basé sur cette méthode DFT et propose plusieurs fonctionnelles de différents niveaux d’approximation. Les bases atomiques sont décrites par des combinaisons linéaires de fonctions slatériennes, sachant que plus une base est étendue, plus le calcul est précis. Le choix des fonctionnelles dépend de la taille du système (temps de calcul) et du type de propriétés recherchées (optimisation de géométrie, excitation électronique…). II.2 Détails des calculs L’étude théorique démarre par l’optimisation de géométries des différentes molécules et par le calcul des distances inter-atomiques des molécules optimisées dans leurs états fondamental et excité. Les différents calculs ont été effectués au moyen du logiciel ADF avec la fonctionnelle B3LYP avec une base de fonctions atomiques 6-31+G* triple- augmentées d’une fonction de polarisation pour les orbitales de valence. Les différentes longueurs de liaisons, et angles dièdres résultant des différentes optimisations de géométrie ont été récupérées au moyen du logiciel Accelrys (Discovery studio client, 2006). L'analyse spectrale dans les domaines infra rouge (IR) a été réalisée par le logiciel (« Spartan Plus ») (Wavefunction, 2006). 46 Chapitre III Modélisation Moléculaire de la spinosad III. Résultats théoriques III.1 Diffé rences et similitudes des Spinosynes A et D Le spinosad de formule chimique brute C41 H65 NO10 , est composé d'un mélange de deux isomères de la famille des macrolides (des lactones macrocycliques à 12 chaînons dans un anneau tétracyclique unique). Chaque composant, désigné spinosyne A et spinosyne D, est un ester tétracyclique insaturé associé à deux sucres (forosamine et rhamnose) liés par deux fonctions éthers (Figure 41). Ces deux macromolécules spinosynes A et D sont structurellement similaires. La seule différence se situe dans la substitution par un groupement méthyle sur le noyau du macrolide de la spinosyne D. L'arrangement structural de la spinosyne A, obtenue après optimisation complète de géométrie, est représenté dans la figure 41 avec la numérotation de l’ensemble des atomes. D'après cette figure, les deux sucres rhamnose et forosamine sont liés respectivement par deux atomes d'oxygènes (O13 et O 39 ) au macrolide de la spinosyne A. Ce macrolide est constitué de 04 cycles formant un ester tétracyclique insaturé. Le cycle 02 est un cyclohexène porteur du carbone C 4 contenant le groupement methyle (-CH3 ) de la spinosyne D. III.2 La chiralité des spinosynes A et D La configuration absolue d'une entité moléculaire chirale ou d'un groupe chiral est la disposition spatiale des atomes ou des groupes d'atomes qui distingue cette entité ou ce groupe de son image dans un miroir. Les configurations absolues des énantiomères du spinosad permettent de les distinguer au moyen des stéréodescripteurs R et S, obtenus par application des règles de Cahn, Ingold et Prelog (Cahn et al., 1966). Les configurations absolues des deux énantiomères A et D sont réalisées au moyen du logiciel Accelrys (Discovery studio client, 2006). Les figures 42-43 ci-dessous représentent la chiralité des deux énantiomères spinosynes A et D. Les deux macromolécules possèdent plusieurs centres chiraux. On appelle centre chiral un atome maintenant un ensemble d'atomes ou de groupes d'atomes dans une disposition non superposable à son image dans un miroir. Un exemple classique de centre chiral est celui d'un atome de carbone relié à quatre groupes différents. Il est appelé, traditionnellement, atome de carbone asymétrique. Le tableau 16 donne les différents carbones asymétriques de la spinosyne A et la spinosyne D. 47 Chapitre III Modélisation Moléculaire de la spinosad Rhamnose Forosamine Macrolide Cycle 1 Cycle 22 cycLe Cycle 3 cyclohexene Cycle 4 Figure 41: La numérotation des atomes de la spinosyne A selon le logiciel Accelrys. (Représentation Wire) 48 Chapitre III Modélisation Moléculaire de la spinosad Figure 42 : La chiralité de la spinosyne A Figure 43 : La Chiralité de la spinosyne D 49 Chapitre III Modélisation Moléculaire de la spinosad Tableau 16 : Les différents carbones asymétriques des spinosynes A et D Chiralité Spinosyne A Spinosyne D Cycle 1 C8 S S Cycle 2 C1 S S C2 R R C5 R S C6 R S Cycle 3 C10 S S Cycle 4 C30 S S C37 S S C38 R R Forosami ne C43 R R C46 S R C47 S R Rhamnose C14 R R C15 R S C16 S R C17 S R C18 R S 50 Chapitre III Modélisation Moléculaire de la spinosad D'après ce tableau, nous remarquons que les quatre cycles du macrolide présentent 09 carbones asymétriques pour les deux spinosynes. La différence de chiralité se situe dans le cycle 2 (cyclohexène) du macrolide. La spinosyne A présente une configuration (1S.2R.5R.6R). Par contre, la spinosyne D présente une configuration (1S.2R.5S.6S). Sachant que le cyclohexène est le centre actif de la molécule spinosad et porteur du carbone C 4 contenant le groupement methyle (-CH3 ) de la spinosyne D. Le sucre forosamine comporte trois centres chiraux de configurations absolues (43R.46S.47S) pour la spinosyne A et (43R.46R.47R) pour la spinosyne D. En outre, le sucre rhamnose comporte trois centres chiraux de configurations absolues presque opposées (14R.15R.16S.17S.18R) pour la spinosyne A et (14R.15S.16R.17R.18S) pour la spinosyne D. Cette étude théorique de la chiralité des deux spinosynes A et D confirme les neuf centres chiraux cités par l'IUPAC (Union Internationale de Chimie Pure et Appliquée). D’après cette dernière, les spinosynes A et D seront nommées : Spinosyne A : (2R,3aS,5aR,5bS,9S,13S,14R,16aS,16bR)-2-(6-désoxy-2,3,4-tri-O-éthylLmannopyranosyloxy)-13-(4-diméthylamino-2,3,4,6-tétradésoxy--D-érythropyranosyloxy)-9éthyl-2,3,3a,5a,6,7,9,10,11,12,13,14,15,16a,16b-hexadécahydro-14-méthyl-1H-8oxacyclododéca[b]as- indacène-7,15-dione Spinosyne D : (2R,3aR,5aS,5bS,9S,13S,14R,16aS,16bR)-2-(6-désoxy-2,3,4-tri-O-méthyl-Lmannopyranosyloxy)-13-(4-diméthylamino-2,3,4,6-tétradésoxy--Dérythropyranosyloxy)-9éthyl-2,3,3a,5a,6,7,9,10,11,12,13,14,15,16a,16bhexadécahydro-4,14-diméthyl-1H-8oxacyclododéca[b]as- indacène-7,15-dione III.3 Optimisation de géométries L’étude théorique a été consacrée à l’optimisation de géométrie des différentes spinosynes A et D et par le calcul des énergies minimales et des distances inter-atomiques des macromolécules optimisées dans leurs états fondamentaux. III.3.1 Energies de formation De point de vue théorique, l’optimisation de géométrie montre que les deux formes A et D de la spinosad n'admettent pas un plan de symétrie. Nous avons aussi calculés les différentes énergies de formation des deux macromolécules par le logiciel Spartan. (Voir tableau 17). 51 Chapitre III Modélisation Moléculaire de la spinosad Figure 44 : Représentation "Ball and Spoke” de la spinosyne A par le logiciel SPARTAN. Figure 45 : Représentation "Ball and Spoke” de la spinosyne D par le logiciel SPARTAN. Les figures 44 et 45 montrent les deux formes de la spinosad avec une représentation Ball and Spoke. Les différentes énergies calculées par la méthode DFT sont reportées dans le tableau 17 des deux formes A et D de la spinosad. Tableau 17 : Energies de formation de différents énantiomères de la spinosad Optimisées par DFT. Energies de formation en kj/mol Spinosyne A -1803,749 Spinosyne D -1805,016 On nommera E la différence d’énergie de formation entre les deux formes (spinosyne A et spinosyne D) : E = -1805.016 - (-1803.749) = -1.267 kj/mol 52 Chapitre III Modélisation Moléculaire de la spinosad D’après le tableau 17, nous notons que les énergies de formation pour les deux formes A et D de la spinosad ne diffèrent pas. Cela semble cohérent car la composition des cycles de ces molécules sont identiques, la seule différence se situe au niveau du carbone C 4 (porteur du groupement méthyle dans la spinosyne D). Aussi, nous observons que les deux énergies de formation sont relativement proches et sont négatives ce qui signifie que les deux réactions de formation sont exothermiques et libèrent de l’énergie du même ordre de grandeur. De ces résultats, nous pouvons tirer les observations suivantes : a) que la méthode DFT mène à une bonne optimisation géométrique de ces deux macromolécules b) si les énergies de formation étaient très différentes, on ne retrouverait pas dans la nature les deux formes mais une privilégiée. III.3.2 Etude structurale Nous présentons les principales distances des différents cycles de la forme A et D de la macromolécule spinosad dans les tableaux 18,19,20 et 21 afin de mettre en exergue les différences. Nous n'avons gardé que les différences les plus significatives pour limiter la taille du tableau. Néanmoins, les autres mesures étaient également intéressantes: elles ne montraient pas de "grandes différences" entre les deux formes de la macromolécule ; cette étude structurale a été réalisée par le logiciel Accelrys. Distances du Macrolide Cycle 01 Les différentes distances interatomiques calculées pour les composés A et D sont très proches pour le cycle 01 du macrolide. Nous notons que les distances des liaisons au niveau du carbone asymétrique (chiralité) C8 -O13 , C8 -C7 , C8 -C9 pour les deux formes du spinosad ne diffèrent pas ainsi que les distances des liaisons entre les carbones des cycles. Cela semble cohérent car la composition du cycle est identique. Tableau 18 : Principales distances des cycles 1 des macrolides de la spinosyne A et D Distances (en Å) Spinosyne A Spinosyne D Delta (Δ) C8 -O13 1,44215 1,44144 0.00071 C8 -C7 1,55834 1,54559 0.0127 C8 -C9 1,55618 1,54528 0.0109 53 Chapitre III Modélisation Moléculaire de la spinosad Cycle 02 Les différentes distances interatomiques calculées pour les composés A et D sont très proches pour le cycle 02 du macrolide. Nous notons que les distances des liaisons au niveau des carbones asymétriques (chiralité) C1 , C2 , C5 , C6 pour les deux formes du spinosad ne diffèrent pas ainsi que les distances des liaisons entre les carbones des cycles. La seule différence se situe au niveau des distances du carbone de la position 4. Cela semble cohérent car la substitution du groupement méthyle de la spinosyne D se fait sur ce carbone. La substitution par le méthyle (-CH3 ), provoque un allongement considérable aux niveaux de la liaison C4 -H2 avec une valeur moyenne de 0.42 Å. Tableau 19 : Principales distances des cycles 2 des macrolides de la spinosyne A et D Distances (en Å) Spinosyne A Spinosyne D Delta (Δ) C1 -C6 1,55401 1,54629 0.00772 C1 -C2 1,5589 1,54102 0.01788 C2 -C3 1,51709 1,50276 0.01433 C3 -C4 1,33891 1,34215 0.00324 C4 -H2 1,09075 - - C4 -C53 - 1.51271 - C5 -C6 1,53741 1,5591 0.02169 Cycle 03 Tableau 20 : Principales distances des cycles 3 des macrolides de la spinosyne A et D Spinosyne A Spinosyne D Delta (Δ) C1 -C12 1,49943 1,4988 0.00063 C10 -C11 1,51109 1,51673 0.00564 C10 -C2 1,56281 1,55595 0.00686 Distances (en Å) 54 Chapitre III Modélisation Moléculaire de la spinosad Cycle 04 Tableau 21 : Principales distances des cycles 4 des macrolides de la spinosyne A et D Distances (en Å) Spinosyne A Spinosyne D Delta (Δ) C30 -O29 1,51109 1,51673 0.00564 C10 -C27 1,56611 1,56486 0.00125 C30 -C33 1,56611 1,56486 0.00125 C30 -C32 1,51109 1,51673 0.00564 C37 -O39 1,56611 1,56486 0.00125 C37 -C38 1,51109 1,51673 0.00564 C37 -C36 1,56611 1,56486 0.00125 C38 -C41 1,51109 1,51673 0.00564 C38 -C40 1,56611 1,56486 0.00125 Les différentes distances interatomiques calculées pour les spinosynes A et D sont très proches pour les cycles 03 et 04 du macrolide. Nous notons que les distances des liaisons au niveau des carbones asymétriques (chiralité) C10 , C37 , C38 pour les deux formes du spinosad ne diffèrent pas ainsi que les distances des liaisons entre les carbones des cycles. Cela semble cohérent car la composition des cycles est identique. Forosamine Les différentes distances interatomiques calculées pour les spinosynes A et D sont très proches pour les deux sucres forosamine et rhamnose du macrolide (tableaux 22 et 23). Nous notons que les distances des liaisons au niveau des carbones asymétriques (chiralité) pour les deux formes du spinosad ne diffèrent pas ainsi que les distances des liaisons entre les carbones des cycles. Cela semble cohérent car la composition des cycles est identique. 55 Chapitre III Modélisation Moléculaire de la spinosad Tableau 22 : Principales distances des forosamines de la spinosyne A et D Distances (en Å) Spinosyne A Spinosyne D Delta (Δ) C43 -O39 1,44344 1,44287 0.00057 C43 -O48 1,43945 1,44051 0.00106 C47 -O48 1,44249 1,44094 0.00155 C47 -C46 1,55385 1,55663 0.00248 C46 -N50 1,47057 1,47395 0.00338 Rhamnose Tableau 23 : Principales distances des rhamnoses de la spinosyne A et D Distances (en Å) Spinosyne A Spinosyne D Delta (Δ) C14 -O13 1,44606 1,44196 0.0041 C14 -O19 1,43084 1,4456 0.01476 C14 -C15 1,55221 1,55605 0.00384 C15 -O20 1,44983 1,44779 0.00204 C15 -C16 1,55157 1,55128 0.00029 C16 -O22 1,45281 1,45014 0.00267 C16 -C17 1,55939 1,56469 0.0053 C17 -O24 1,4526 1,44958 0.00302 C17 -C18 1,56241 1,5649 0.00249 C18 -O19 1,44249 1,43786 0.00463 Finalement, nous pouvons dire que la chiralité n’a pas donc globalement la même répercussion sur les structures géométriques pour les deux formes spinosyne s A et D. Angles dièdres Nous présentons les principaux angles dièdres des différents cycles de la forme A et D de la macromolécule spinosad dans les tableaux 24,25,26,27,28 et 29 afin de mettre en exergue les différences. Nous n'avons gardé que les différences les plus significatives pour limiter la taille 56 Chapitre III Modélisation Moléculaire de la spinosad du tableau. Néanmoins, les autres mesures étaient également intéressantes: elles ne montraient pas de "grandes différences" entre les deux formes de la macromolécule. Macrolide Cycle 01 Tableau 24 : Principaux angles dièdres des cycles 1 des macrolides de la spinosyne A et D Angles (en °) Spinosyne A Spinosyne D Delta (Δ) O13 -C8 -C7 -C5 -110.12 -134.92 24.8 O13 -C8 -C9 -C6 130.51 124.17 6.34 C8 -C7 -C5 -C6 -29.95 -24.79 5.16 Cycle 02 Tableau 25 : Principaux angles dièdres des cycles 2 des macrolides de la spinosyne A et D Spinosyne A Spinosyne D Delta (Δ) C6 -C5 -C4 -C3 -42.29 -4.69 38.2 C6 -C1 -C2 -C3 -0.90 -65.11 64.21 C5 -C4 -C3 -C2 -3.00 -1.42 1.58 C4 -C3 -C2 -C1 -25.43 -146.54 121.11 C5 -C4 -C3 -H1 -179.27 -177.71 1.56 Angles (en °) Cycle 03 Tableau 26 : Principaux angles dièdres des cycles 3 des macrolides de la spinosyne A et D Angles (en °) Spinosyne A Spinosyne D Delta (Δ) C10 -C11 -C12 -H7 -179.27 -178.36 0.91 C10 -C2 -C1 -C12 2.92 33.35 30.43 C12 -C11 -C10 -H54 122.33 136.53 14.2 57 Chapitre III Modélisation Moléculaire de la spinosad Cycle 04 Tableau 27 : Principaux angles dièdres des cycles 4 des macrolides de la spinosyne A et D Angles (en °) Spinosyne A Spinosyne D Delta (Δ) C30 -O29 -C28 -O31 171.97 172.31 0.34 C30 -O29 -C28 -C27 -13.63 -12.38 1.25 C37 -C38 -C41 -O42 -41.66 -45.08 3.42 O39 -C37 -C38 -C41 162.56 159.63 2.93 C38 -C41 -C11 -C10 -150.63 -151.98 1.35 Forosamine Tableau 28 : Principaux angles dièdres des forosamines de la spinosyne A et D Angles (en °) Spinosyne A Spinosyne D Delta (Δ) O39 -C43 -O48 -C47 -172.42 -173.48 1.06 O48 -C47 -C46 -N50 172.80 78.37 94.43 C43 -O48 -C47 -C46 57.73 59.70 1.97 C43 -C44 -C45 -C46 -54.65 -50.28 4.37 Rhamnose Tableau 29 : Principaux angles dièdres des rhamnoses de la spinosyne A et D Angles (en Å) Spinosyne A Spinosyne D Delta (Δ) O13 -C14 -O19 -C18 -61.38 -87.81 26.43 O13 -C14 -C15 -C16 65.25 150.20 84.95 C14 -O19 -C18 -C17 -59.87 -66.63 6.76 O19 -C18 -C17 -O24 -174.56 -94.50 80.06 O13 -C14 -C15 -O20 -53.41 -91.42 38.01 O22 -C16 -C15 -C14 166.70 59.34 107.36 58 Chapitre III Comme les spinosynes Modélisation Moléculaire de la spinosad A et D sont deux énantiomères, de nombreuses et variables différences ont été observées au niveau des angles dihédraux. Pour ces derniers, les variations ne sont pas effectives pour tous les atomes. Cependant, les variations des angles dihédraux du macrolide se situent principalement dans le cyclohexène (Cycle 2). Prenons, par exemple, C6 -C5 -C4 -C3 , C4 -C3 -C2 -C1 (les angles des liaisons qui portent le carbone de la position 4) pour lequel 38.2° et 121.11° de différence sont mesurés entre la forme A et la forme D, cela montre qu'il y a eu un changement dans la disposition des deux cycles, lié par le carbone de la substitution par le groupement méthyle, l'un par rapport à l'autre. Pour l'angle dièdre C6 -C1 C2 -C3 (l'angle de la liaison qui portent les carbones asymétriques) pour lequel 64.21° de différence est mesurée entre la forme A et la forme D, cela montre que la chiralité peut aussi contribuer au changement dans la disposition des deux cycles l'un par rapport à l'autre. Pour les autres angles dièdres, ceux formés par l'oxygène intervenant dans les liaisons cycliques du macrolide et les deux sucres (forosamine et rhamnose) varient. Nous avons donc un "repositionnement" de la macromolécule lorsqu'elle passe de la forme A à la forme D. Elle doit rechercher la conformation qui lui demande le moins d'énergie en prenant en compte de la chiralité des carbones asymétriques. Néanmoins, pour certains angles la différence est beaucoup moins importante (O39 -C43 -O48 -C47 du forosamine par exemple): Cela peut s'expliquer par le fait qu'il se trouve plus à l'intérieur de la molécule et donc moins affecté par la chiralité. Finalement, nous pouvons dire que la chiralité a beaucoup d'influence sur le repositionnement du spinosad en passant de la forme A à la forme D et vice versa. III.3.3 Etude électronique III.3.3.A Diagrammes Orbitalaires des spinosynes A et D Les diagrammes orbitalaires moléculaires obtenus en méthode DFT pour les différentes géométries optimisées des spinosynes A et D, sont comparés sur la figure 46. 59 Chapitre III Modélisation Moléculaire de la spinosad 156 A 155 A 153 A 152 A 0 154 A 151 A -1 153 A 150 A 149 A 152 A 148 A 151 A -2 -3 -4 -5 -6 1.973 eV 1.939 eV 150 A 147A 146 145 144 143 142 149 A 148 A 147 A 146 A A A A A A 144 A -7 Spinosyne A Spinosyne D Figure 46 : Diagrammes Orbitalaires des spinosynes A et D A première vue, nous remarquons un petit écart énergétique séparant les orbitales occupées des orbitales vacantes (respectivement 1.939 et 1.973 eV). L'écart énergétique augmente légèrement avec la taille du groupement méthyle. Bien que les structures électroniques des composés soient comparables, nous pouvons néanmoins noter l’écart HOMO-LUMO calculé pour le composé non substitué ( spinosyne A ) qui est moins important, soit de 1.939 eV par rapport au composé substitué ( spinosyne D )par le groupement méthyle (-CH3 ), principalement à cause d’une plus haute énergie de l’orbitale haute occupée (HOMO) et d’une plus basse énergie de l’orbitale basse vacante (LUMO) dans ce dernier. Le gap HOMOLUMO est plus grand pour la spinosyne D. Les HOMO sont p lus hautes en énergie allant de la spinosyne A vers la spinosyne D. On n'en déduit que spinosyne A est le candidat le plus 60 Chapitre III Modélisation Moléculaire de la spinosad difficile à oxyder, ce qui explique sa stabilité et représente le pourcentage majoritaire de l'ordre 95 % dans le mélange spinosad. D’une manière générale, nous pouvons dire que les diagrammes énergétiques des spinosynes A et D sont similaires. La modélisation avec la DFT surestime les énergies des orbitales moléculaires occupées. Par contre elle sous-estime les énergies des orbitales moléculaires non occupées et par conséquent, entraîne une diminution de l’énergie du gap HOMO-LUMO par rapport à ce qui est réellement observé. III.3.3.B Propriétés nodales des orbitales frontières des spinosynes A et D Les propriétés nodales obtenus en méthode DFT pour les différentes géométries optimisées des spinosynes A et D, sont reportées sur la figure 47. L’allure générale des propriétés nodales est la même pour les HOMO des spinosynes A et D. Ces orbitales sont majoritairement localisées sur le sucre forosamine ainsi que sur l'azote, l'oxygène et les deux méthyles (-CH3 ). Les orbitales frontières hautes occupées sont bien exposées et prêtes à réagir avec d’autres espèces chimiques. Le caractère est antiliant entre l'azote et le carbone du cycle du forosamine, liant entre l'oxygène et le carbone du cycle du forosamine et antiliant entre les deux carbones des méthyles et l’azote des deux liaisons N(-CH3 )2 . Le recouvrement orbitalaire entre l'azote et le cycle du sucre révèle une interaction entre les deux entités. En ce qui concerne les LUMO leurs représentations nodales ont la même allure générale, avec un caractère majoritaire sur les cycles du macrolide. Cependant, la LUMO de la spinosyne A diffère légèrement de la LUMO de la spinosyne D dans le cylce 2 du macrolide. On note un caractère plus important sur la liaison du cyclohexène pour les deux formes A et D. Le caractère est antiliant entre les deux carbones de la liaison du cyclohexène. Dans notre cas, la non symétrie des fragments et l’inhomogénéité des cycles font que les orbitales frontières se mélangent et sont quelque peu différentes des deux spinosynes A et D (voir la figure 47). Les HOMO des différents composés découlent des HOMO-1. Les différentes HOMO-1 sont nettement localisées sur le sucre rhamnose pour les deux formes A et D. Par contre, les LUMO+1 pour les deux formes A et D sont bien orientées et localisées tout au long des différents cycles du macrolide. Une analyse des énergies et de la composition de la région HOMO-LUMO des spinosynes A et D, permet d'obtenir des indications sur les changements intervenant au cours de changement de la substitution par le méthyle de la spinosyne D. La composition des orbitales frontières de ces composés est montrée dans les tableaux 30 et 31. Le changement par le méthyle en passant de la forme A à la forme D 61 affecte légèrement les énergies et les Chapitre III Modélisation Moléculaire de la spinosad compositions des orbitales frontières. Les HOMO dérivent principalement des orbitales p du carbone, azote et oxygène du sucre forosamine , avec respectivement une participation de N de 57.53 ٪, 61.81 ٪ et les H des méthlyes de 20.84 ٪, 17.18 ٪ et le cycle du sucre 10.88 ٪ et 7.78 ٪ pour les deux spinosynes (voir les tableaux 30 et 31). La composition des HOMO-1 provient du sucre rhamnose pour les deux spinosynes, avec une participation de 8.21 ٪ de l’oxygène de la liaison éther-oxyde pour la spinosyne A. Les pourcentages des LUMO et LUMO+1 varient lors de changement de substituant mais restent principalement délocalisés sur le cycle macrolide pour les deux formes. Les LUMO sont majoritairement délocalisées sur les cycles 3 et 4 du macrolide avec plus en moins les mêmes pourcentages pour les deux formes. Les LUMO+1 de la spinosyne A et la spinosyne D sont délocalisées sur les cycles 2 et 4 du macrolide avec un pourcentage assez élevé du cycle 2 de la forme D (56.76 ٪) par rapport la forme A (36.92 ٪) (voir tableaux 30 et 31). 62 Chapitre III Modélisation Moléculaire de la spinosad Spinosyne A Spinosyne D +1 +1 LUMO : 149 A LUMO : 152 A LUMO: 148 A L UMO: 151 A HOMO: 147A HOMO: 150 A -1 -1 HOMO : 146 A HOMO : 149 A Figure 47 : Les propriétés nodales obtenus en méthode DFT pour les différentes géométries optimisées des spinosynes A et D. 63 Chapitre III Modélisation Moléculaire de la spinosad Tableau 30 : Energies (E, eV) et localisations (en pourcentage) de OM de la région HO-BV de la spinosyne A. Spinosyne A OM 146 A 147 A 148 A 149 A OCC 2 2 0 0 E -5.778 -4.970 -3.041 -1.507 (O) 2 % Rhamnose 35.61 (CH3 )2 % Rhamnose 12.13 C (cycle du Rhamnose)% 10.68 O% 8.21 N % Forosamime 57.53 H des méthyles du Forosamine % 20.84 C (cycle du Forosamine) % 10.88 Cycle 3 du Macrolide 39.04 Cycle 4 du Macrolide 47.47 Cyclohexene du Macrolide 43.61 36.92 64 Chapitre III Modélisation Moléculaire de la spinosad Tableau 31 : Energies (E, eV) et localisations (en pourcentage) de OM de la région HO-BV de la spinosyne D. Spinosyne D OM 149 A 150 A 151 A 152 A OCC 2 2 0 0 E -5.736 -4.900 -2.927 -1.351 (O)3 % Rhamnose 37.59 (CH3 )2 % Rhamnose 11.41 C (cycle du Rhamnose)% 15.03 N % Forosamime 61,81 H des méthyles du Forosamine % 17.18 C (cycle du Forosamine) % 7.78 Cycle 3 du Macrolide 43.7 Cycle 4 du Macrolide 45.41 Cycle 2 du Macrolide 38.1 56.76 L’étude des charges nettes atomiques par analyse de Hirshfeld (Hirshfeld., 1977), sur ces espèces est reportée dans le tableau 32. Les charges de Mulliken sont dépendantes de la base utilisée et par conséquent incertaines. La méthode de Hirsfeld ne souffre pas de ceci et semble habituellement donner un bon accord avec l'intuition chimique. 65 Chapitre III Modélisation Moléculaire de la spinosad Tableau 32: Les charges de Hirsfeld des différents spinosynes étudiés. Atome Spinosyne A Spinosyne D Cycle 2 Cyclohexene C1 0.0028 -0.0004 C2 0.0003 -0.0103 C3 -0.0909 -0.1012 C4 -0.0945 -0.0799 C5 -0.0168 -0.009 C6 -0.0145 -0.0132 Cycle 4 O29 -0.2734 -0.2734 O31 -0.3702 -0.3702 O42 -0.3909 -0.3909 Rhamnose O13 -0.3452 -0.3452 O19 -0.3431 -0.3431 O24 -0.3746 -0.3746 O20 -0.3721 -0.3721 O22 -0.3744 -0.3744 Forosamime -0.3586 -0.3586 O39 -0.3456 -0.3456 O48 -0.3465 -0.3465 66 Chapitre III Modélisation Moléculaire de la spinosad Cette étude montre que les atomes de carbones du cyclohexène sont négativement plus chargés que ceux des carbones des autres cycles du macrolide. La charge négative sur le carbone C4 augmente avec le groupement méthyle de la spinosyne D, ce qui conduit à la déformation du nuage électronique et une augmentation de la densité électronique autour du carbone C4 . Cependant, nous avons deux charges positives sur les carbones C 1 et C2 du cyclohexene, cela peut s'expliquer par le fait qu'ils se trouvent plus à l'intérieur de la macromolécule ( entre le cyclohexene et le cycle 3 du macrolide) et donc moins affecté par les liaisons hydrogènes. Nous remarquons aussi que les charges négatives sur les carbones et les oxygènes des deux sucres tournent autour des valeurs constantes des deux formes A et D de la spinosad. III.3.4 Etude spectrale Le spectre d’absorption IR des spinosynes A et D a été obtenu par la méthode DFT sur les géométries optimisées des macromolécules. Cette technique permet aussi de calculer les différentes bandes d’absorption et les différents modes de vibration des macromolécules. Les figures 48, 49 montrent le spectre d’absorption IR des spinosynes A et D. Figure 48 : Spectre IR théorique de la spinosyne A. 67 Chapitre III Modélisation Moléculaire de la spinosad Figure 49 : Spectre IR théorique de la spinosyne D. Fréquences de vibration: La visualisation des vibrations nous a révélée plusieurs fréquences paraissant comme spécifiques de la spinosad. Le tableau 33 montre les quelques différentes de fréquences de vibration et les différents modes de vibration de la macromolécule. Tableau 33 : Différentes fréquences de vibration et les différents modes de vibration de la spinosyne A. Fréquences Liaisons Types de vibration Intensité Elongation 42.89 Elongation 81.62 Cm-1 1849 C=C (la double liaison du cycle 3) 2043 C=O (Fonction cétone du cycle 4 ) 1517 N-C Elongation 158.80 1375 C-O-C Déformation angulaire 171.68 (un seul pont entre le cycle 1 et le sucre rhamnose) 68 Chapitre III Modélisation Moléculaire de la spinosad Tableau 34 : Différentes fréquences de vibration et les différents modes de vibration de de la spinosyne D. Fréquences liaisons Types de vibration Intensité C=C Elongation 54.93 Elongation 77.76 Déformation angulaire 253.64 Déformation angulaire 17.76 Cm-1 1832 (la double liaison du cycle 3) 2043 C=O (Fonction cétone du cycle 4 ) 1519 -C-C-C(la chaine carbonnée entre le cycle 2 et le cycle 3 du macrolide ) 1375 C-O-C (les deux fonctions ether-oxyde) D’une manière générale, les deux macromolécules présentes les mêmes bandes d’absorption en IR ont révélé des intensités maximales de l'ordre de 40 - 260 à des longueurs d’onde de 1300-2050 cm-1 , qui représentent l’absorption des différentes liaisons C=C, C=O et C-O-C ( les principales fonctions alcène, cétone, éther-oxyde qui caractérisent la spinosad ). Le but de la visualisation des fréquences de vibration était de trouver des fréquences qui semblent spécifiques de la macromolécule. La différence entre la spinosyne A et D est que la liaison NC du sucre forosamine est présente juste dans la spinosyne A d’une fréquence 1517 cm-1 avec une bonne intensité de l’ordre 158.80. La même fréquence est présente dans la spinosyne D mais elle caractérise la deformeation angulaire de la chaine carbonne des cycles 2 et 3 du macroldie avec une intensité assez eleve de l’ordre de 253.64. Les deux fonctions éther-oxyde vibrent en même temps que dans la forme D de la spinosad (voir les tableaux 33-34). III.4 Hydratation de la spinosyne A Dans cette partie, nous nous sommes intéressés à l'effet de l'hydratation sur la spinosyne A en intéraction avec les molécules d'eau par le logiciel Accelrys. La figure 50 représente la spinosyne A en intéraction permanente avec les molécules d'eau. 69 Chapitre III Modélisation Moléculaire de la spinosad Figure 50 : Représentation de la spinosyne A hydratée. Nous remarquons que les molécules d’eau font beaucoup d’interactions avec les zones hydrophiles de la macromolécule. Nous avons relevé des longueurs des liaisons et des angles dièdres. Ces valeurs étant peu variables, nous les avons répertoriés dans les tableaux ci dessous. III.4.1 Etude structurale Nous présentons les principales distances des différents cycles de la forme A hydratée et non hydratée de la macromolécule spinosad dans les tableaux 35,36,37,38,39 et 40 afin de mettre en exergue les différences. Nous n'avons gardé que les différences les plus significatives pour limiter la taille du tableau. Néanmoins, les autres mesures étaient également intéressantes: elles ne montraient pas de "grandes différences" entre les deux formes de la spinosyne A. Distances du Macrolide Cycle 01 Tableau 35 : Principales distances des cycles 1 des macrolides de la spinosyne A hydratée et non hydratée Distances (en Å) Spinosyne A Spinosyne A hydratée Delta (Δ) C8 -O13 1,44215 1.44559 0.00344 C8 -C7 1,55834 1.55637 0.00197 C8 -C9 1,55618 1.55869 0.00251 70 Chapitre III Modélisation Moléculaire de la spinosad Les différentes distances interatomiques calculées pour la spinosyne A hydratée et non hydratée sont très proches pour le cycle 01 du macrolide. Nous notons que les distances des liaisons au niveau du carbone asymétrique (chiralité) C8 -O13 , C8 -C7 , C8 -C9 pour les deux formes ne diffèrent pas ainsi que les distances des liaisons entre les carbones des cycles. Cela montre que les interactions avec les molécules d'eau ne changent pas les distances du cycle 1. Cycle 02 Les différentes distances interatomiques calculées pour la forme hydratée et non hydratée de la spinosyne A sont très proches pour le cycle 02 (cyclohexène) du macrolide. Nous notons que les distances des liaisons au niveau des carbones asymétriques (chiralité) C1 , C2 , C5 , C6 pour les deux formes de la spinosyne ne diffèrent pas ainsi que les distances des liaisons entre les carbones des cycles. La seule différence se situe au niveau des distances du carbone de la position 4. Cela semble cohérent car ce dernier est le site actif de la macromolécule. Les interactions avec les molécules d'eau provoquent un raccourcissement au niveau de la liaison C4 -H2 avec une valeur moyenne de 0.01 Å. Tableau 36 : Principales distances des cycles 2 des macrolides de la spinosyne A hydratée et non hydratée Spinosyne A Spinosyne A hydratée Delta (Δ) C1 -C12 1,49943 1.49465 0.00478 C1 -C6 1,55401 1.55266 0.00135 C1 -C2 1,5589 1.55912 0.00022 C2 -C3 1,51709 1.51717 0.00008 C3 -C4 1,33891 1.33916 0.00025 C4 -H2 1,09075 1.08934 0.00141 C5 -C6 1,53741 1.53481 0.0026 Distances (en Å) 71 Chapitre III Modélisation Moléculaire de la spinosad Cycle 03 Les différentes distances interatomiques calculées pour la spinosyne A hydratée et non hydratée montrent que les interactions avec les molécules d'eau ne changent pas les distances du cycle 3 du macrolide. Tableau 37 : Principales distances des cycles 3 des macrolides de la spinosyne A hydratée et non hydratée Distances (en Å) Spinosyne A Spinosyne A hydratée Delta (Δ) C10 -C11 1,51109 1.5125 0.00141 C10 -C27 1,56611 1.56365 0.00246 C10 -C2 1,56281 1.56498 0.00217 Cycle 04 Tableau 38 : Principales distances des cycles 4 des macrolides de la spinosyne A hydratée et non hydratée Distances (en Å) Spinosyne A Spinosyne A hydratée Delta (Δ) C30 -O29 1,51109 1.45101 0.06008 C30 -C33 1,56611 1.56466 0.00145 C30 -C32 1,51109 1.55844 0.04735 C37 -O39 1,56611 1.45203 0.11408 C37 -C38 1,51109 1.56021 0.04912 C37 -C36 1,56611 1.56149 0.00462 C38 -C41 1,51109 1.52085 0.00976 C38 -C40 1,56611 1.55342 0.01269 72 Chapitre III Modélisation Moléculaire de la spinosad Forosamine Tableau 39 : Principales distances des forosamines de la spinosyne A hydratée et non hydratée Distances (en Å) Spinosyne A Spinosyne A hydratée Delta (Δ) C43 -O39 1,44344 1.44446 0.00102 C43 -O48 1,43945 1.44216 0.00271 C47 -O48 1,44249 1.45051 0.00802 C47 -C46 1,55385 1.55806 0.00421 C46 -N50 1,47057 1.49059 0.02002 Rhamnose Tableau 40 : Principales distances des rhamnoses de la spinosyne A hydratée et non hydratée Distances (en Å) Spinosyne A Spinosyne A hydratée Delta (Δ) C14 -O13 1,44606 1.44756 0.0015 C14 -O19 1,43084 1.44088 0.01004 C14 -C15 1,55221 1.5529 0.00069 C15 -O20 1,44983 1.45127 0.00144 C15 -C16 1,55157 1.55167 0.0001 C16 -O22 1,45281 1.45528 0.00528 C16 -C17 1,55939 1.55809 0.0013 C17 -O24 1,4526 1.44953 0.00307 C17 -C18 1,56241 1.55202 0.01039 C18 -O19 1,44249 1.4485 0.00601 En ce qui concerne les distances du cycle 4 du macrolide et les deux sucres forosamine et rhamnose , nous avons choisi de mesurer celles entre les oxygènes, les carbones et l'azote. En effet, nous pensions que ce serait ces atomes qui seraient les plus touchés par les interactions avec l'eau. Les distances peuvent différer jusqu'à 0,02 Å (la distance C46 -N50 du sucre forosamine). Les H et les O de l'eau viennent interagir avec les oxygènes, obligeant les 73 Chapitre III Modélisation Moléculaire de la spinosad fonctions éther-oxyde à se positionner différemment. D'une manière générale, les distances entre les atomes de carbone et d'oxygènes ne changent pas significativement pour les formes hydratée et non hydratée de la spinosyne A. Angles dièdres Au niveau des angles dihédraux, de nombreuses et variables différences ont été observées des différents cycles de la spinosyne A des deux formes hydratée et non hydratée. Macrolide Cycle 01 Tableau 41 : Principaux angles dièdres des Cycle 1 des macrolides de la spinosyne A hydratée et non hydratée Angles (en °) Spinosyne A Spinosyne A hydratée Delta (Δ) O13 -C8 -C7 -C5 -110.12 -98.24 11.88 O13 -C8 -C9 -C6 130.51 124.03 6.48 C8 -C7 -C5 -C6 -29.95 -35.10 5.15 Cycle 02 Tableau 42 : Principaux angles dièdres des cycle 2 des macrolides de la spinosyne A hydratée et non hydratée Spinosyne A Spinosyne A hydratée Delta (Δ) C6 -C5 -C4 -C3 -42.29 -45.16 2.87 C6 -C1 -C2 -C3 -0.90 -8.92 7.02 C5 -C4 -C3 -C2 -3.00 -2.16 0.84 C4 -C3 -C2 -C1 -25.43 -30.93 5.5 C5 -C4 -C3 -H1 -179.27 -179.69 0.42 Angles (en °) 74 Chapitre III Modélisation Moléculaire de la spinosad Cycle 03 Tableau 43 : Principaux angles dièdres des cycle 3 des macrolides de la spinosyne A hydratée et non hydratée Angles (en °) Spinosyne A Spinosyne A hydratée Delta (Δ) C10 -C11 -C12 -H7 -179.27 -178.41 0.86 C10 -C2 -C1 -C12 2.92 18.98 16.06 C12 -C11 -C10 -H54 122.33 132.32 9.99 Cycle 04 Tableau 44 : Principaux angles dièdres des cycle 1 des macrolides de la spinosyne A hydratée et non hydratée Angles (en °) Spinosyne A Spinosyne A hydratée Delta (Δ) C30 -O29 -C28 -O31 171.97 156.00 15.97 C30 -O29 -C28 -C27 -13.63 -28.43 14.8 C37 -C38 -C41 -O42 -41.66 -43.76 2.1 O39 -C37 -C38 -C41 162.56 166.88 4.32 C38 -C41 -C11 -C10 -150.63 -157.70 7.07 Forosamine Tableau 45 : Principaux angles dièdres des forosamines de la spinosyne A hydratée et non hydratée Angles (en °) Spinosyne A Spinosyne A hydratée Delta (Δ) O39 -C43 -O48 -C47 -172.42 -179.51 7.09 O48 -C47 -C46 -N50 172.80 175.19 2.39 C43 -O48 -C47 -C46 57.73 60.76 3.03 C43 -C44 -C45 -C46 -54.65 -55.73 1.08 75 Chapitre III Modélisation Moléculaire de la spinosad Rhamnose Tableau 46 : Principaux angles dièdres des rhamnoses de la spinosyne A hydratée et non hydratée Angles (en °) Spinosyne A Spinosyne A hydratée Delta (Δ) O13 -C14 -O19 -C18 -61.38 -62.59 1.21 O13 -C14 -C15 -C16 65.25 66.22 0.97 C14 -O19 -C18 -C17 -59.87 -61.96 2.09 O19 -C18 -C17 -O24 -174.56 -177.96 3.40 -53.41 -53.98 0.57 166.70 168.52 1.82 O13 -C14 -C15 -O20 O17 -C16 -C15 -C14 Pour ces angles dihédraux, les variations ne sont pas effectives pour tous les atomes. Prenons, par exemple, l'angle C6 -C1 -C2 -C3 du cycle 2 pour lequel 7° de différence sont mesurés entre la forme hydratée et non hydratée, cela montre qu'il y a eu un changement dans la disposition du cycle. Pour les autres angles, ceux formés par l'oxygène intervenant dans les liaisons cycliques varient. Nous avons un "repositionnement" de la macromolécule lorsqu'elle est hydratée. Elle doit rechercher la conformation qui lui demande le moins d'énergie en prenant en compte ses interactions avec les molécules d'eau environnantes. Ensuite, les mesures des angles formés par deux carbones des cycles (les deux sucres) et leurs fonctions éther-oxyde (C-O-C) montrent des variations significatives. Les oxygènes forment des liaisons hydrogènes avec l'eau. Néanmoins, pour certains angles, la différence est beaucoup moins importante ( C37 C38 -C41 -O42 du cycle 4 du macrolide par exemple): Cela peut s'expliquer par le fait qu'il se trouve plus à l'intérieur de la macromolécule et donc moins affecté par les molécules d'eau. III.4.2 Etude électronique Charges de Hirshfeld L’étude des charges nettes atomiques par analyse de Hirshfeld pour les deux formes hydratée et non hydratée est reportée dans le tableau 46. 76 Chapitre III Modélisation Moléculaire de la spinosad Tableau 47: Les charges de Hirshfeld des différents composés étudiés. Spinosyne A Spinosyne A Hydratée Cycle 2 Cycl ohexene C1 0.0028 0.0028 C2 0.0003 0.0003 C3 -0.0909 -0.0909 C4 -0.0945 -0.0945 C5 -0.0168 -0.0168 C6 -0.0145 -0.0145 Cycle 4 O29 -0.2734 -0.2734 O31 -0.3702 -0.3702 O42 -0.3909 -0.3909 Rhamnose O13 -0.3452 -0.3452 O19 -0.3431 -0.3431 O24 -0.3746 -0.3746 O20 -0.3721 -0.3721 O22 -0.3744 -0.3744 Forosamime -0.3586 -0.3030 O39 -0.3456 -0.3456 O48 -0.3465 -0.3468 77 Chapitre III Modélisation Moléculaire de la spinosad Macrolide O29 -0.2734 -0.2734 O31 -0.3702 -0.3702 O42 -0.3909 -0.3909 Cette étude montre que les atomes des deux formes (hydratée ou non hydratée) de la spinosad présentent les mêmes charges de Hirshfeld. Nous pouvons dire que l’hydratation n’influe pas sur la stabilité de la spinosad. Cependant, nous notons une légère différence sur l’azote du sucre forasamine entre les deux formes. IV. Conclusion L’étude théorique effectuée à l’aide de calculs quantiques sur les spinosynes A et D, a permis de comprendre leurs arrangements structuraux, leurs structures électroniques et d’interpréter quelques unes de leurs propriétés spectrales. Ce travail nous a donc permis de voir la différence sur les deux formes A et D de la spinosad. Le but a été de mettre en évidence les causes qui peuvent expliquer les différences de stabilité entre les deux formes. Dans cette étude, nous avons montré l’influence de l'hydratation, au niveau de la géométrie et de la structure électronique, sur la spinosyne A. Néanmoins, cette étude reste incomplète car il est préférable aussi d’étudier l’hydratation de la spinosyne D pour confirmer les résultats trouvés de la spinosyne A. A travers cette étude, nous pouvons dire que la seule différence entre la spinosyne A et la spinosyne D se situe surtout dans le cyclohexene du macrolide ceci confirme ce qui a été rapporté par le travail d’Amicis and al, 2001. Finalement, grâce à la modélisation moléculaire, nous avons pu représenter ces deux formes de la macromolécule et illustrer leurs différences. 78 Conclusion Générale CONCLUSION La mineuse de la tomate Tuta absoluta Meyrick est devenue un problème Phytosanitaire depuis son introduction en Algérie en hiver 2008. Elle a pris progressivement une place de premier plan parmi les ravageurs de la tomate, car les dégâts provoqués par cet insecte peuvent aller jusqu'à la perte totale de la production. La lutte chimique contre ce ravageur joue un rôle important dans la limitation des populations de Tuta absoluta, mais la plupart des agriculteurs ne maitrisent pas réellement la technique de lutte intégrée en matière d’utilisation d’insecticide. Pour remédier a ce ravageur, une étude de la dynamique des populations de cette mineuse de tomate été effectué afin de pouvoir suivre l’évolution de cet insecte et mettre en évidence les méthodes de lutte les plus efficaces et les plus utiles à mener. Parallèlement, nous avons entrepris des essais de plein champ pour comparer l’efficacité de 4 substances actives à savoir : l’abamectine, indoxacarb, teflobenzuron et le spinosad, ces derniers ont permit de réduire considérablement le nombre de plantes infestées par les larves de Tuta absoluta, et le nombre de mines. La molécule spinosad a montré et avec succès le contrôle des larves surtout pour les stades larvaire L1, L2 et L3.Les multitudes des évaluations et les répétitions pour les deux variétés de tomate, nous ont bien montré certaines différences pour les substances testées et spécialement la molécule spinosad Aussi, l'étude théorique nous a donc permis de voir la différence sur les deux formes du spinosad A et D. Le but a été de mettre en évidence les causes qui peuvent expliquer les différences de stabilité entre les deux formes. Dans cette étude, nous avons montré l’influence de l'hydratation, au niveau de la géométrie et de la structure électronique, sur la spinosyne A. Nous avons utilisé plusieurs outils informatiques (ADF, Accelrys et Spartan plus) pour mettre en évidence ces différentes propriétés. En effet, grâce à la modélisation moléculaire, nous avons pu représenter ces deux formes des molécules et illustrer leurs différences. Finalement, ce travail nous a donc permis de nous familiariser avec les outils de modélisation moléculaire. Grâce à cette technique, de nombreuses données sur diverses molécules peuvent 79 être récoltées et précisement sur les trois autres substances actives tester lors de l’expérimentation. Il serait intéressant de comparer cette technique à d’autres outils informatiques qui offrent un large champ d'appplications notamment le "Docking" qui permet de "calculer" les intéractions protéine-protéine ou protéine- ligand dans le cadre de recherche de cibles thérapeutiques par exemple. 80 Références Bibliographiques Références bibliographiques Références bibliographiques ARLA., 2001. 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