Association Cinécran

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Association Cinécran
A SSOCIATION C INECRAN
Vannes
Cycle du Cinéma Européen 2015
3èmes et Lycées
Le géant égoïste (The selfish giant)
Clio Barnard – Grande-Bretagne – 2014
Copyright © AlloCiné
SOMMAIRE
Fiche technique et synopsis
p.2
La réalisatrice
p.3
Notes de production
p.4
Revue de presse
p.8
Overview and plot
p.12
Interviews
p.13
Reviews
p.17
Association Cinécran – Cycle Européen 2015 – Le géant égoïste de Clio Barnard – 1
Fiche technique (Source : dossier de presse)
Titre original : The Selfish Giant
Date de sortie : 18 décembre 2013
Genre : Drame
Durée : 90 minutes
Réalisatrice : Clio Barnard
Producteur : Tracy O'Ricordan
Scénario : Clio Barnard, d'après l'œuvre d’Oscar Wilde
Décoration : Helen Scott
Directeur de la photographie : Mike Eley
Directeur artistique : David Bowes
Monteur : Nick Fenton
Compositeur : Harry Escott
Costumier : Matthew Price II
Distributeur : Pyramide Distribution
Liste artistique
Arbor
Swifty
Kitten
Mrs. Swift
Price Drop
Shelly Fenton
Martin Fenton
Mary
Conner Chapman
Shaun Thomas
Sean Gilder
Siobhan Finneran
Steve Evets
Rebecca Manley
Elliott Tittensor
Lorraine Ashbourne
Copyright © Pyramide Distribution
Synopsis :
Arbor, 13 ans, et son meilleur ami Swifty habitent un quartier populaire de Bradford, au Nord de
l’Angleterre. Renvoyés de l’école, les deux adolescents rencontrent Kitten, un ferrailleur du coin. Ils
commencent à travailler pour lui, collectant toutes sortes de métaux usagés. Kitten organise de temps à
autre des courses de chevaux clandestines. Swifty éprouve une grande tendresse pour les chevaux et a un
véritable don pour les diriger, ce qui n’échappe pas au ferrailleur. Arbor, en guerre contre la terre entière,
se dispute les faveurs de Kitten, en lui rapportant toujours plus de métaux, au risque de se mettre en
danger. L’amitié des deux garçons saura-t-elle résister au Géant égoïste ?
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La réalisatrice
Réalisatrice, scénariste britannique, Clio Barnard est née en 1965. Elle grandit en Angleterre à Otley
(Yorkshire de l'Ouest) près de Leeds. Son père est maître de conférences et sa mère est artiste puis
chanteuse de jazz. Ses parents se séparent quand elle a six ans, elle est alors élevée par son père avec sa
sœur ainée et son frère cadet. Elle est diplômé de Newcastle Polytechnic (maintenant Northumbria
University) en Beaux-arts et obtient, ensuite, un diplôme en imagerie électronique à la Duncan of
Jordanstone College of Art and Design. Après avoir créé des œuvres artistiques présentées dans des festivals
internationaux et des musées, comme la Tate Modern à Londres et le Moma à New York, Clio Barnard se
tourne vers la mise en scène. En 2010, elle réalise son premier long métrage The Arbor, qui est un
documentaire consacré à la personne d'Andrea Dunbar, une dramaturge connue pour avoir écrit les pièces
The Arbor (1980) et Rita, Sue and Bob Too (1982). Barnard remporte de nombreux prix avec ce
documentaire. En 2013, sort son second long métrage, Le Géant égoïste (The Selfish Giant), adaptation du
conte d'Oscar Wilde, qui raconte la vie d'Arbor et Swifty, deux adolescents exclus du collège propulsés dans
le monde du vol de métaux. Clio Barnard remporte aussi de nombreux prix avec ce film.
Copyright © Pyramide Distribution
Filmographie
2013
Le géant égoïste
2010
The Arbor
2002
Random Acts of Intimacy (court-métrage)
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Notes de production
> Entretien avec Clio Barnard (Source : dossier de presse)
-Quelle est l’origine de ce projet ?
J’avais depuis longtemps l’ambition d’adapter le conte d’Oscar Wilde qui a donné son nom au film, Le Géant
égoïste (The Selfish Giant). Dans ce récit, le géant interdit aux enfants de rentrer dans son jardin, si bien
qu’ils n’ont nulle part où jouer. Mais lorsque le géant découvre que, sans leur présence, son jardin se meurt,
il laisse les enfants revenir. Il découvre l’amour au moment-même où il le perd. Si vous vous ouvrez à
l’amour, vous vous ouvrez également à la souffrance. C’est une histoire très forte et profonde, car tout le
monde a fait l’expérience de la perte.
J’ai vécu 19 ans près de Bradford, là où le film se passe, et j’ai été témoin de l’exclusion d’enfants des parcs
des logements sociaux... des marginaux au sein de communautés marginalisées, sans avenir, relégués à la
lisière d’une économie décimée et désindustrialisée. Je voulais explorer leur exclusion, mais je n’arrivais
pas à̀ intégrer le géant à cette histoire, jusqu’à ce que j’en apprenne davantage sur les casses et leurs
propriétaires. Si la majorité de ces chantiers de ferraille fonctionnent selon des règles bien établies afin de
réduire le vol de métal, j’ai aussi découvert l’existence de chantiers plus modestes, moins régulés, et me
suis interrogée sur l’ambiguïté de leurs propriétaires. Ces personnes offrent-elles des opportunités aux
jeunes, ou cherchent-elles au contraire à les exploiter ? J’ai alors trouvé mon géant, que j’ai surnommé
«Kitten» («Chaton»).
-Comment vous est venue l’idée des personnages d’Arbor et de Swifty ?
En menant des recherches préparatoires pour The Arbor, mon premier film documentaire consacré à Andrea
Dunbar, dramaturge de Bradford, et à sa fille Lorraine, j’ai participé à plusieurs ateliers organisés dans des
écoles locales. C’est à cette occasion que j’ai rencontré Matty, un adolescent de 14 ans turbulent et
charismatique. Il souffrait d’un trouble du déficit de l’attention et d’une hyperactivité qui généraient des
crises de colère et qu’il traitait en prenant de la Ritaline. Matty a pris part, quelque temps, à mes ateliers
de recherche, avant de disparaître de la circulation, pour finalement réapparaître lorsque je travaillais
dans le quartier populaire de Buttershaw, où se déroule l’action de The Arbor. Toujours chaussé de grosses
bottes de sécurité, il passait son temps à bricoler des objets.
Nous avons fait un peu plus connaissance. J’ai rencontré sa famille aussi, et j’ai découvert que Matty
«ferraillait», c’est-à-dire qu’il récupérait du métal çà et là pour le revendre à des ferrailleurs, et ce, depuis
l’âge de 11 ans. Il avait construit une étable de fortune dans le jardin du petit pavillon de sa mère pour y
abriter son cheval, qui tirait la charrette destinée à recueillir des morceaux de ferraille. Avec la hausse du
prix des métaux, il pouvait gagner jusqu’à 200 livres par jour !
Matty avait un meilleur ami et cette amitié est devenue le cœur même du Géant égoïste. C’est ainsi que
sont nés les personnages d’Arbor et de Swifty.
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-Comment avez-vous trouvé vos deux jeunes acteurs ?
Arbor et Swifty constituent le cœur émotionnel et narratif de mon film et j’ai dès le départ été très claire
sur un point : je voulais deux acteurs sans expérience ni formation. Amy Hubbard, ma directrice de casting,
est partie à la recherche de la perle rare dans l’ancienne école d’Andrea Dunbar, devenue aujourd’hui le
Buttershaw Business and Enterprise College. Lorsque Conner Chapman a débarqué le premier jour, Amy a
tout de suite compris qu’elle avait à faire à un garçon hors du commun, « un acteur né ». Au départ, elle a
pensé à lui pour le rôle de Swifty. Il disait savoir monter à cheval (ce que le rôle nécessitait), mais on s’est
vite rendu compte que c’était totalement faux ! Le rôle d’Arbor lui convenait en fait mieux.
On a mis plus de temps pour trouver Shaun Thomas. Amy a appelé tous les centres équestres de Bradford,
sans aucun succès jusqu’à ce qu’elle tombe sur Janis Duff, une enseignante de lycée professionnel qui lui a
présenté des jeunes pour qui chevaux et chantiers de ferraille n’avaient aucun secret. Shaun était absent
lors de sa première visite, mais lorsqu’elle est retournée au lycée une deuxième fois, il était assis dans le
bureau de Janis, occupé à divertir d’autres élèves. Elle avait trouvé Swifty : un talent naturel pour la
comédie, un cavalier chevronné, un lien très fort avec les chevaux, et une passion pour leur protection.
Dès que Shaun a fait son apparition, nous avons commencé à le faire travailler avec Conner. Les tests
d’«alchimie» entre les deux jeunes, où chacun devait faire découvrir à l’autre son territoire, ont vite
confirmé que la relation entre eux serait très riche, même si Shaun, qui a 15 ans, a d’abord eu du mal à
accepter de devenir, pour les besoins du rôle, le pigeon de Conner, qui n’en avait que 12.
Ils ont des personnalités très différentes. Shaun est un ado extraverti, très ouvert et très chaleureux. Pour
une scène délicate, il m’avait demandé si je souhaitais qu’il pleure. J’ai dit « oui » et il a réussi à le faire
en s’inspirant de moments où il avait vu des chevaux être maltraités, et d’expériences difficiles qu’il avait
vécues. Il a réussi à être juste et à pleurer sur la totalité des cinq prises !
Conner, lui, est très indépendant, mais manquait régulièrement de confiance en lui. Il a cette capacité à
tout simplement « dire la vérité » face à la caméra. D’ailleurs, il avait du mal à jouer sur un registre qui
n’était pas 100% naturel. Je me souviens qu’on lui avait demandé d’improviser une scène qui, plus tard, a
trouvé sa place dans le film : il devait faire irruption dans un pub pour demander à des types de venir l’aider
à déplacer une épave de voiture. Pour Conner, cette scène impliquait d’imaginer un billet de 5 livres sur la
table. Pour lui, ce billet était réel, on pouvait le lire dans son regard. Il ne quittait pas ce billet imaginaire
des yeux. Il est doté de cet instinct émotionnel qui fait les conteurs de talent, et qui a fonctionné à merveille
à l’écran.
-Vous avez aussi un casting d’acteurs professionnels dans votre film...
Absolument. Il y a tout d’abord Sean Gilder, qui incarne Kitten, le marchand de ferraille, «le Géant égoïste».
Il est connu pour le rôle de Paddy Maguire dans la série Shameless. Il avait adoré le scénario que nous lui
avions envoyé. Il vient du nord de l’Angleterre comme moi, nous avons passé beaucoup de temps à nous
balader dans Bradford, à discuter du projet. Quantà Siobhan Finneran, qui joue le rôle de Mrs Swift (la mère
de Swifty), je l’avais découverte dans Rita, Susy Et Bob Aussi (1986), son premier grand rôle, une comédie
noire sur la relation triangulaire entre deux jeunes amies et un homme plus âgé. Le scénario était d’Andrea
Dunbar, la dramaturge de Bradford dont la vie m’a inspiré The Arbor.
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Plus récemment, on l’a vue dans la série Downton Abbey. Siobhan avait beaucoup aimé The Arbor et a été
tout de suite partante sur le scénario du Géant égoïste, dont elle connaissait déjà l’histoire : sa grand-mère
la lui a lue pour la première fois lorsqu’elle était enfant.
Steve Evets, qui joue Price Drop, le mari de Mme Swift, est le mari de Siobhan Finneran dans la vraie vie. Il
a joué avec Ken Loach dans Looking For Eric. Il dit devoir son rôle à ses tentatives infructueuses pour gagner
de l’argent (ndt : Price Drop signifie «baisse de prix» en anglais). Je crois qu’il a beaucoup apprécié la
possibilité de jouir d’un espace d’improvisation et la liberté offerte par une caméra tenue à l’épaule.
-Comment avez-vous réussi à faire un film contemporain d’un conte de l’ère victorienne ?
Le Géant égoïste est certes un texte de l’ère victorienne, mais j’ai d’abord souhaité faire un film
contemporain qui transcende les époques en fusionnant le conte de fée et le réalisme social, deux genres
apparemment contradictoires. Les similitudes entre ces deux mondes sont nombreuses. On peut voir Kitten
comme un équivalent de Fagin, le personnage du roman Oliver Twist de Dickens, chef d’une famille de
substitution, qui recueille les enfants livrés à eux-mêmes pour en faire des voleurs. Arbor, de son côté, a
quelque chose du «Renard», un autre personnage du célèbre roman de Dickens. La notion d’un «retour vers
le futur» est un thème clé de mon film. Ces enfants, avec leurs chevaux et leurs chariots, ferraillent et
fouillent les poubelles dans un paysage désindustrialisé, où la verdure a repris ses droits. On voit des
centrales électriques hors d’usage perdues dans le brouillard, par-delà champs et moutons. Mes deux
protagonistes survivent d’une manière qui préfigure peut-être leur avenir et celui de leur génération, dans
un monde dépourvu d’emplois, où les ressources se raréfient. L’ironie du sort est que les ferrailleurs
contribuent à démanteler des éléments de l’infrastructure moderne de leur propre pays, comme les câbles
en cuivre des voies ferrées, afin de nourrir la croissance des pays en voie de développement, en particulier
la Chine.
Au départ, j’avais écrit l’histoire du point de vue du Géant mais il m’a vite semblé clair qu’il serait plus
poignant de mettre les enfants en avant. Je me suis donc demandé si le film devait encore s’appeler Le
Géant égoïste, mais l’égoïsme du titre évoque pour moi d’autres thèmes cruciaux du film : la cupidité́,
l’individualisme. Et tout cela est très contemporain. Lorsque des gens tout en haut de l’échelle se mettent
à voler (et beaucoup considèrent l’évasion fiscale, la fraude aux notes de frais ou la dérive des marchés
financiers comme du vol), alors ces pratiques illicites sont reproduites tout en bas de la hiérarchie, là où
se trouve Kitten.
-Il y a une scène étonnante dans votre film, celle de la course de chevaux...
Les courses sur route existent depuis des siècles. C’est une tradition gitane et il y a beaucoup de gens du
voyage sédentarisés à Bradford, notamment dans le quartier populaire de Holmewood. Cette coutume s’est
étendue et attire désormais un public plus large. Comme dans le film, ces courses se passent à l’aube, en
l’hiver, sur l’autoroute, avec des voitures qui bloquent tout le trafic en roulant derrière les chevaux de
course. J’avais déjà assisté à l’une d’entre elles avant de rédiger mon scénario. C’est un truc incroyable,
complètement enivrant ! J’avais même réalisé une installation sur deux écrans sur le thème des courses de
«sulkies sur route» pour une exposition. Je voulais absolument leur trouver une place dans mon film.
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-Swifty fait d’ailleurs partie de la communauté des gens du voyage...
On peut croire que la famille Swift est gitane, mais ce sont en fait des Gorjes, un mot gitan pour nommer les
«non-nomades». Historiquement, on a utilisé le mot «pikey» comme épithète péjoratif s’appliquant aux
gitans, mais à présent, ce terme a acquis le sens plus général de «sale» et «pauvre». Le mode de vie des
Swift est affecté par les limites mentales de Mrs Swift et par le fait que son mari, Price Drop, a une façon
contreproductive de subvenir aux besoins du foyer, en achetant à crédit des marchandises qu’il revend à
ses voisins. La famille est certes frappée d’ostracisme, mais ses voisins profitent des erreurs qu’elle
commet. Le préjugé dont elle fait l’objet résulte du mépris éprouvé envers l’image de pauvreté qu’elle
renvoie, pas de ses origines raciales ou culturelles.
En fait, pour beaucoup de gens, en particulier pour des adolescents défavorisés, le mode de vie gitan a
quelque chose d’attirant. Le ferraillage, qui fait partie intégrante des traditions des gitans et d’autres
communautés nomades, a d’ailleurs été repris par les non-gitans auquel le monde n’offre presque plus de
débouchés économiques. Shaun Thomas, qui joue Swifty, a lui-même pratiqué le ferraillage et travaillé
avec des chevaux, alors que sa famille n’a pas du tout de sang gitan.
(Source : Comme au Cinéma)
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Revue de presse
> Le Nouvel Observateur – Pascal Mérigeau
La force saisissante du film lui vient pour partie de la personnalité assez extraordinaire de ses deux jeunes
interprètes (...). Tout est exécuté avec doigté, virtuosité et modestie, c'est bouleversant et magnifique.
> Positif – Eithne O’Neill
Le Géant égoïste est un des plus beaux films sur l'enfance, à la fois dans la grande tradition réaliste du
cinéma anglais et tout imprégné de préoccupations formelles (...).
> Le Monde – Isabelle Regnier
Un beau conte tragique, qui oscille entre contemplation et critique sociale.
> Les fiches du cinéma – Roland Hélié
Âpre constat social, Le Géant égoïste parvient à évoquer le sort d'enfants livrés à eux-mêmes sans jamais
en faire l'objet d'un chantage à l'émotion, et prolonge le cinéma de Ken Loach.
> Première – Christophe Narbonne
On ne peut y rester insensible, de même qu'à la spontanéité des deux jeunes acteurs amateurs,
exceptionnels.
> Télérama – Mathilde Blottière
Nerveuse, abrupte, la caméra à l'épaule capte la brusquerie des corps en mouvement. Leur vitalité aussi.
> Le Journal du dimanche – Barbara Théate
Quand la réalisatrice s'autorise enfin à desserrer l'étau, le film à la mise en scène stylisée livre toute son
humanité et l'émotion emporte tout. Un talent british à suivre.
> TéléCinéObs – Guillaume Loison
Un petit modèle d’équilibre que cette chronique sociale naviguant entre néoréalisme italien et mélo à la
Ken Loach. (...) Plutôt juste et fort dans sa description du prolétariat anglais, ce "Géant égoïste" n’en
demeure pas moins un peu sage, légèrement coincé par ses références.
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> Studio Ciné Live – Thierry Chèze
Un beau film "loachien", brutal, social et poétique
Quoique librement adapté d'un conte d'Oscar Wilde, ce premier long-métrage britannique de Clio Barnard
fait surtout penser à Ken Loach, figure tutélaire et un peu écrasante de ce récit. Mais ce sera le seul bémol
à mettre au débit de cette œuvre multiprimée, mettant en scène un gamin de 13 ans et son meilleur pote,
virés de l'école, qui gagnent leur vie en collectant des métaux pour un ferrailleur. Superbement interprétée,
cette chronique d'un drame annoncé s'appuie sur une remarquable montée en puissance du récit, où
violence, tendresse et poésie s'y marient harmonieusement, pour offrir une vision, dénuée de toute
condescendance, de l'Angleterre d'en bas.
> L’Express – Eric Libiot
Le résumé du scénario pourrait vous mettre sur la voie : dans le nord de l'Angleterre, Arbor et Swifty, ados
en échec scolaire, volent des métaux pour le compte de Kitten, un ferrailleur amateur de courses de chevaux
clandestines. Ça vous fait penser à Ken Loach ? Gagné, ce Géant égoïste en est proche, même s'il s'inspire
d'un texte d'Oscar Wilde. Clio Barnard, dont c'est le premier long-métrage de fiction, filme avec conviction
l'amitié et la dureté des temps, les pieds dans la boue et le regard plein d'espoir. C'est le concentré d'une
époque et d'un lieu, porté par deux (jeunes) acteurs aussi charismatiques qu'inconnus. On s'en
contenterait presque. Mais la réalisatrice parvient à se dégager de l'emprise loachienne en insufflant
quelques grammes de poésie dans une intrigue qui n'est pas faite pour ça. Ça tient à un cadre, une scène,
un objet incongru dans le plan, un cheval dans une usine. Et, parfois, cette poésie brute flirte avec un
onirisme désespéré qui élève le film au-dessus du bitume. Clio Barnard laisse ici entrevoir ce dont elle
pourrait être capable. Et ça donne envie.
> Avoir-alire.com
Beau et dur, le premier film de Clio Barnard jette une lumière neuve sur l’Angleterre des marginaux.
Avant tout chose, ne croyez pas tout ce que cherche à vous dire un résumé officiel. Si Kitten, le ferrailleur
salaud, pourrait bien être l’une des quelques clés dispensées par Clio Barnard pour nous aider à percer le
mystère de son titre, il n’est certainement pas l’incarnation du géant égoïste, ou en tout cas pas la seule.
Film naturaliste aux arômes grands-bretons, cette adaptation d’une nouvelle de Wilde joue sur la
récurrence de ses motifs ou le poids de sa métaphore pour accompagner le spectateur dans la quête de son
propre sens, et porter à bout d’allégorie -bien au-dessus d’un environnement pourtant pesantl’universalité de sa fable. Clé sans serrure censée combler les trous savamment creusés de son texte, le
géant égoïste pourrait tout aussi bien désigner un système social vicié, une des centrales électriques au
pied de laquelle se jouent les scènes-clés du film, l’ogre christique Swifty vu par Arbor, ou même Arbor luimême, gnome volcanique grossi par ses torrents d’énergie noire. Bref, le premier long-métrage de l’anglaise
au prénom automobile -alimenté par une narration simple mais un monde d’interprétations- est l’heureuse
antithèse de 80% des drames contemporains. Joie.
(Source : http://www.avoir-alire.com/le-geant-egoiste-la-critique-du-film)
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On le sait, l’Angleterre aime embrasser sa misère au coin de son cinéma. Parrainée par Ken Loach et
annoncée moribonde, l’école du film social britannique persiste pourtant à pondre, décennie après
décennie, des caisses de projets plus ou moins heureux. Mais rares sont ceux qui, comme le Géant Egoïste,
parviennent à nous faire ouvrir durablement les yeux une fois la tête plongée dans les eaux fangeuses du
bas de l’échelle. Conner Chapman et Shaun Thomas, ses deux acteurs principaux, sauvegardent avec brio la
folle ardeur de leur âge -quelque chose de dickensien qui évite au film de sombrer dans le misérabilisme
bas du front- tout en sachant entretenir un malaise consistant, contagieux, et né de leur décor. Deux
prismes à la fois naïfs et désespérés, dont le rapport aux chevaux annonce le rapport au monde, et renvoie
directement à leur innocence corrompue. Deux personnages que Clio Barnard ne lâche pas du cadre,
peignant son arrière-plan sans chercher la fresque globale.
Ultra-sensible et joliment discrète, la caméra de l’art-vidéaste réunit et sépare ses cas sociaux en trois
images ou une ligne de dialogue, et s’appuie sur une improbable séquence (une course de chevaux sur une
départementale, avec cortège de parieurs avinés et belliqueux) pour synthétiser l’absurdité du monde dans
lequel vivent Arbor et Swift, affreusement contemporain, totalement anachronique, excitant et glaçant
comme la tombe mentale dans laquelle les concurrents précipitent leur progéniture.
Il y a pourtant une certaine forme de beauté là-dedans, cachée dans l’exactitude nerveuse avec laquelle
Barnard filme l’enfance sur le bas-côté, l’individualisme tétanique qui fait rouiller l’idéalisme, le
bouillonnement silencieux et les gestes parasites d’Arbor, ou même le dénouement crève-cœur qui conclut
le film, dissonance finale d’une œuvre dont la mélodie bâtarde émeut radicalement, sans détours, mais
pas sans justesse. En fin de compte, ce faux-récit initiatique sans bouc-émissaire porte en lui une très
bonne nouvelle : le cinéma naturaliste anglais peut encore raconter une histoire sans donner à son
spectateur la désagréable impression de tourner les pages de son cahier des charges sociales. Il peut,
surtout, lui laisser savourer en sortie de salle l’amertume de sa fiction, et pas le mauvais goût de sa
démarche.
> Critikat – Marianne Fernandez
Le garçon qui murmurait à l’oreille des chevaux
C’est une histoire vieille comme le monde : celle d’un cœur simple, d’un esprit pur, sacrifié sur l’autel de la
méchanceté du monde. Arbor et Swifty, enfants, sont deux amis d’un quartier populaire de Bradford, en
Angleterre – ville près de laquelle la réalisatrice Clio Barnard a elle-même grandi. Pour le compte d’un
ferrailleur peu scrupuleux qui organise aussi des courses de chevaux (l’égoïste du titre), les deux gamins
abandonnent l’école et se lancent dans la quête de métaux en tous genres – trouvés ou volés. Drame social
peu singulier, c’est par son juste et délicat portrait de deux enfants livrés à eux-mêmes que Le Géant
égoïste touche et séduit.
Il y a quelque chose d’un autre temps dans ce premier film. Un traitement très littéraire de l’intrigue,
qui rappelle les meilleurs récits d’enfance de la fin du XIX ème siècle et du début du XX ème. Vallès, Gorki…
tous ces futurs écrivains qui furent un temps livrés à eux-mêmes dans un monde difficile, rebelles dès
l’enfance qui transformèrent leurs expériences en autobiographies – récits forts, étendards d’une soif
de liberté sans cesse heurtée par la brutalité des adultes, par les aléas sociaux.
Association Cinécran – Cycle Européen 2015 – Le géant égoïste de Clio Barnard – 10
La démarche de Clio Barnard qui adapte ici – ce n’est pas surprenant de le découvrir – le conte
éponyme d’Oscar Wilde y ressemble beaucoup, s’inscrivant par ailleurs dans le genre très anglais du
cinéma social.
Soit Arbor et Swifty, deux meilleurs amis aux familles instables (frère toxico et mère célibataire pour l’un,
famille nombreuse et père vendant les meubles pour rembourser ses dettes pour l’autre), bien plus
intéressés par la liberté et l’aventure que le monde a à leur offrir que par les longues heures passées en
classe. Swifty, le plus sensible des deux, est le suiveur du duo, passionné par les chevaux qu’il sait déjà
diriger comme un pro. Arbor lui est plus sauvage, à l’initiative de toutes les bonnes ou mauvaises idées dans
lesquelles s’engagent les deux comparses. Les voilà donc à dealer de la ferraille pour Kitten, cet égoïste qui
les utilise sans se soucier du danger qu’il leur fait courir… et qui les mènera à leur perte, insinuant au cœur
de leur amitié le ver de la cupidité.
Comme le soulignait Olivia Cooper Hadjian à Cannes, le film ressemble malheureusement à beaucoup
d’autres. Car l’histoire est commune, efficace et émouvante toutefois, brillant par la maîtrise
époustouflante de ses acteurs principaux, tous les deux novices dans le métier. Ils sont, c’est peu de le dire,
le noyau affectif du film, et éblouissent par le décalage entre leur condition -des enfants- et la noirceur
de leurs mésaventures, par l’écart entre leur statut -des acteurs amateurs- et leur saisissante incarnation
des caractères qui servent le réalisme du propos. La trame narrative est donc assez convenue, s’appuyant
sur toute une tradition littéraire des récits d’enfance ; mais Clio Barnard parvient à la sublimer par la belle
et touchante histoire d’amitié qui déborde le strict réalisme de son anecdote et de sa mise en scène.
Un véritable élan poétique se dégage en effet de la relation entre les deux protagonistes qui se ressemblent
peu. De l’inconscience des deux enfants – qui est aussi celle des adultes qui les entourent et les traitent
malgré tout comme des personnes responsables – du drame dont ils sont les victimes, s’échappe une
émotion saisissante et tragique, un portrait poétique irrigué par des sentiments simples (amour des
animaux, amitié, tendresse et entêtement enfantins). Finalement, s’il est une œuvre à laquelle Le Géant
égoïste ressemble plus que les autres, c’est sans doute à un autre premier film nourri de la jeunesse d’une
autre réalisatrice : Eat Sleep Die, sorti sur nos écrans plus tôt cette année. Malgré un traitement brut de la
réalité sociale mise en scène, ces deux films débouchent tous les deux sur une affirmation de liberté et de
vigueur, qui font de leurs personnages les victimes d’un monde austère, insensible face auquel il est bon de
montrer parfois un peu d’humanité, de simple émotion.
(Source : http://www.critikat.com/actualite-cine/critique/le-geant-egoiste.html)
Association Cinécran – Cycle Européen 2015 – Le géant égoïste de Clio Barnard – 11
Overview and plot
Opened : december 18, 2013
Duration : 90 minutes
Director and screenwriter : Clio Barnard
Producer : Tracy O'Ricordan
Director of photography : Mike Eley
Production designer : Helen Scott
Artistic director : David Bowes
Music : Harry Escott
Costume designer : Matthew Price II
Cast
Arbor
Swifty
Kitten
Mrs. Swift
Price Drop
Shelly Fenton
Martin Fenton
Mary
Conner Chapman
Shaun Thomas
Sean Gilder
Siobhan Finneran
Steve Evets
Rebecca Manley
Elliott Tittensor
Lorraine Ashbourne
Copyright © Pyramide Distribution
Plot
The Selfish Giant is a contemporary fable about 13 year old Arbor and his best friend Swifty. Excluded from
school and outsiders in their own neighborhood, the two boys meet Kitten, a local scrapdealer - the Selfish
Giant. They begin collecting scrap metal for him using a horse and cart. Swifty has a natural gift with horses
while Arbor emulates Kitten - keen to impress him and make some money. However, Kitten favors Swifty,
leaving Arbor feeling hurt and excluded, driving a wedge between the boys. Arbor becomes increasingly
greedy and exploitative, becoming more like Kitten. Tensions build, leading to a tragic event, which
transforms them all.
Copyright © Pyramide Distribution
Association Cinécran – Cycle Européen 2015 – Le géant égoïste de Clio Barnard – 12
Interviews
> By Andreas Wiseman for Screendaily, August 20, 2013
How does your film relate to Oscar Wilde’s fable of the same name?
Clio Barnard: I had wanted to make a contemporary adaptation of the fable for a long time. I see it as a
story about the dangers of excluding children.
While making The Arbor on the Buttershaw estate in Bradford I met a boy called Matty. He had real attitude.
Matty and his friends were on the margins of the margins. He would often be around set, fixing something
or riding his horse. I interviewed him and his family and he is the inspiration for this film.
I quickly knew who the children of the fable were, but I had more difficulty finding the giant and the garden.
Then I found the scrapman [brilliantly played by Sean Gilder]. The first draft of the screenplay was written
from his point of view so it was closer to the original story. I realised soon after that I was more interested
in the children.
-How did you find the two boys?
My casting agent Amy Hubbard, who I worked with on The Arbor , spent time at the local school at
Buttershaw. She saw Conner on the first day. Both the producer and I immediately thought Conner was great.
It was something to do with his voice that made me want to see him again. But we initially cast him as
Swifty.
We cast Shaun after Amy went to a local estate in Bradford called Holme Wood. I think the local teenage
craze for horse and carts and scrapping comes from there.
In keeping with Arbor, Conner said he could ride but he couldn’t. Shaun could, however, and he had also
been scrapping. We quickly realised that Shaun had a real affinity with horses.
Conner’s character is wild and unruly. Was he co-operative as an actor?
There were some points when it was tricky and he could be stroppy. At the first rehearsal he was bored after
an hour and said he wanted to go home. It was difficult to get him to focus. I was worried at that point. In
fact, we asked him to re-audition just before the shoot. It was touch and go. But I think he understood at
that point how close he was to not doing it and he absolutely came through. He was brilliant.
I think he thought I was like a teacher at times. But I had to tell him ‘I give all the actors notes, not only
you’. The funny thing is that in real life Conner is quite reserved. He isn’t shy, but he is not like Arbor - he
wasn’t playing himself. Neither did Shaun, who is actually quite extrovert.
-Do you think they will continue to act?
Shaun is considering training as a farrier. But they do also both want to act. They have the same agent.
Conner is currently in The Mill [Channel 4] and has been cast in a few things.
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-To what extent does the film have a political message? To me it was clear, but how much was it in your
thinking?
I’m really glad to hear that you think it does. I wanted it to have one, but I didn’t want to hit people over
the head with it. In the edit, a lot of my conversations were about that: about pulling it back. I think it
should be implicit, not explicit. Otherwise it doesn’t work emotionally as a fiction. That’s why I kept the
title. It is a fable.
When Margaret Thatcher died, Glenda Jackson gave a speech that - under the Conservative leader selfishness and greed became virtues rather than vices. That crystalised things for me. To some extent, the
selfish giant of the title is an ideology that has been all-pervasive. It’s a fable about what is lost when that
ideology is adopted. Arbor emulates the scrapman Kitten, and Kitten emulates that ideology. What gets
lost is Swifty and his friendship with Arbor.
Part of what I want people to understand is the circumstances some people are in that can lead them to
take the risks the boys do.
-Were you concerned that the film might invite criticism for portraying that part of England as overly bleak?
There was a concern about that. But I think that’s for the critics or film historians to think about. Maybe I’ll
need to make another film. The steps were so connected to what I had made before. One thing grew out of
the other. I’m sure it will be asked and I’m aware of it but I don’t think that’s my role, in a way.
Some people said the same about The Arbor . I did think about setting The Selfish Giant in Dartmouth,
Devon. But the elements of this story and my knowledge of it are very specific to Bradford.
-Do you feel part of a movement?
In a way, The Arbor critiqued social realism. The Selfish Giant embraces that tradition. Kes was an
influence, as were The Bicycle Thieves, The Apple, Les Quatre Cents Coups and The Boy with a Bicycle .
I watched all of those with my kids.
The tradition of social realism in this country is so strong. It is embraced by the rest of the world. But for
some reason, we don’t want to be known for it. I think we should be proud of it. I love Alan Clarke’s work. I
love Lynne Ramsay, Andrea Arnold and Penny Woolcock. I think The Selfish Giant celebrates that type of
filmmaking.
-Was funding the film difficult?
After The Arbor I went to Film4 and the BFI and they were both fantastically supportive. There was no
pressure on me to push it in one direction or the other.
-What’s next?
I’m writing an adaptation of Rose Tremain’s novel Trespass at the moment. I’m also working with playwright
Polly Stenham on her adaptation of Tusk Tusk , which I would direct. Once I’ve finished the first draft of
Trespass I’ll have a better idea of what is next.
(Source : http://www.screendaily.com/features/clio-barnard-the-selfish-giant/5059362.article)
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> By Sonia Zadurian for Birds Eye View, October 23, 2013
Clio Barnard: It meant that both Film4 and the BFI wanted to support me so that I could make another film.
So The Selfish Giant wouldn’t have happened without The Arbor . The Selfish Giant also came out of
making The Arbor : I met a boy and his best friend, called Matty and Michael, and the characters of Arbor
and Swifty are loosely based on them.
-Did you always know that you wanted to create a kind of contemporary fable, or had you ever explored
different ways of adapting the story?
I knew I wanted it to be contemporary. I knew that I wanted the children to be contemporary teenagers, so
that you get excluded in the way that the children are kind of shut out of the garden in the original story.
The trickier thing was the giant and the garden. That was the thing that it took me a while to figure out, but
it was always going to be kids like the kids that I’d met when I was making The Arbor . I think the two things
happened simultaneously = thinking about doing that adaptation and wanting to work with the kids.
-Going back to the character of the giant, you were originally exploring telling the story from the giant’s
point of view. Can you tell us more about this shift?
I wrote a first draft and that was written from the giant’s point of view. I got to the end of that and just
realised that the characters that I cared about the most were the two boys. At that point I decided to shift
it so that Arbor was the protagonist. I think it was about feeling a lot of love for those two boys.
-The film makes for a very emotional experience, but it never feels that you’re exploiting the audience’s
emotions. It’s always very raw and natural. Is this something that you were conscious of? And if so, what did
you do to achieve this?
I was conscious of it and it’s really good to hear you say that it doesn’t feel like you’re being manipulated
because – I mean in a way you are – but I guess it’s…I hope that it’s quite truthful about the complicated
feelings of loss or those complicated feelings about loyalty, trust and betrayal. Someone said to me that
they thought the film was about two people who betray each other, but they don’t know to what extent they
have been betrayed by the other person. Some of those scenes I actually found really quite hard to write,
so I had to sort of brace myself. It’s the thing you never know, throughout the writing process and through
shooting and editing: is that going to communicate? Are people going to care as deeply about these madeup kids as I do? You don’t know until people see it.
-The cast were a key contributor to the emotional connection I had with the film. What did you see in Conner
so early on in the casting process? How did you know he would work in the role?
I was watching audition tapes online and it was Conner’s voice that meant that I had to see him again. We
had originally cast him as Swifty and were then looking for an Arbor. However, one of the big questions that
the casting people asked him was, Do you know how to ride a horse? Can you ride a horse bareback? Have
you got any experience around them? And he said he had. Then we put him on a horse and he hadn’t, which
was quite in keeping with Arbor’s character. Shaun grew up in a place called Homewood, where there’s a
settled traveller community, so he’s not a traveller, but he’s grown up around travellers. He has a real
affinity with horses and so we did the same kind of test.
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We put him on a horse and it’s a really beautiful thing to see him ride a horse. He can ride bareback and he’s
brilliant. He’s also a real scrapper. At age 11 he’d go out scrapping, like a lot of the boys around him.
When I met Conner, he told stories about his life. I wasn’t totally sure how true they were, but he told them
absolutely brilliantly. Having a strong instinct for story is really important, and he and Shaun both had that.
The ability to believe in a fiction as though it’s true… Conner, in a way, can’t do anything but be truthful. If
I asked him to do something he’d say, “Yeah but he wouldn’t do that,” or “He wouldn’t feel that,” or
something. There’s also something quite ambiguous about him. You don’t quite know what’s going on
internally and I think that’s partly what makes his performance strong.
There were certain problems when we were doing rehearsals, because Conner just wanted to go home. I don’t
think he understood what the commitment was, but he was in pretty much every scene on a six-week shoot.
We actually had to fire him and he had to re-audition. It was a genuine thing, because we just thought, this
is a risk. We started looking at kids who had got acting experience, but what I really wanted was for Conner
to come into the room and just be 100% committed and that’s exactly what he did. I didn’t want to cast
somebody who wasn’t from that place. I wanted Conner. So I was incredibly relieved. He came in and did
these really brilliant improvisations that showed me again what he was capable of. He’s really remarkable
and I don’t think he quite understands what he’s got, but he wants to carry on acting and has been in other
things.
-Did you work differently with the non-professional actors?
We did rehearsals and got Conner and Shaun used to working with professional actors. All the professional
actors were incredibly generous to the kids. They absolutely adored Elliot [Tittensor], who plays Arbor’s
brother. He’s very energetic and just a lovely person, so the first two days we did the kids’ scenes with Elliot,
they just adored it and had such a good time with him. I think in a way I had to focus on the children. I would
go and give Conner a note and he’d say, “Well that’s what I was doing.” As though I was telling him off or
something. So I had to say to him, “Look, watch me direct the other actors and you’ll see that I give them
notes too.” So that’s what he did. He watched what I was doing when I was working with the adult actors,
and he understood that when I was talking to him about the character or giving him notes that it was about
nuancing the performance.
-Birds Eye View celebrates and supports female filmmakers. What advice would you give to women starting
out in film?
Well I’m very glad Birds Eye View exists. I think it’s important as the percentage of female directors is so
shockingly small. You’ve just got to get up and get on with the job. Just do what it is that you do. I’m not
aware that I’m changing what I do because I’m a woman writer-director. I’ve just got to make the films that
I feel compelled to make.
-Finally, can you tell us a bit about any projects that you’ve got coming up? Or anything you’re thinking
about at the moment?
I’m writing an adaptation of a novel at the moment, called Trespass by Rose Tremain. I’m also attached to
direct a film by a playwright called Polly Stenham, which is based on her play Tusk Tusk , which she’s
adapted for the screen. So those are the two things that are next on the horizon.
(Source : http://birds-eye-view.co.uk/2013/10/23/interview-the-selfish-giant-filmmaker-clio-barnard/)
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Reviews
Copyright © Pyramide Distribution
> Birmingham Mail, Graham Young
Writer-director Clio Barnard directs with ferocious maturity, galvanising "scrap" pieces of everyday life into
a wonderfully cinematic whole.
> Detroit News, Tom Long
The Selfish Giant is a story of dependence, damage and desperation, told with grit and grimy frankness. It's
also a portrait of friendship born of need and emptiness, on the road to nowhere.
> Toronto Star, Peter Howell
Clio Barnard's The Selfish Giant isn't the Oscar Wilde children's story, but more an inspired take on it in the
kitchen-sink style of a Ken Loach drama.
> New Yorker, Anthony Lane
Much of the movie is hard to bear, yet it never drags, thanks to the momentum that Barnard finds in the
fable, and, above all, to the energy that she unleashes in her young leads.
> Seattle Times, Moira MacDonald
Ultimately, it's a sad, tough sit - but worth seeing for its gritty honesty and strong cast.
> Los Angeles Times, Annlee Ellingson
The Selfish Giant is devastating social realism in the mode of Ken Loach's Kes.
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> Film.com, Kate Erbland
An emotionally punishing experience.
> New York Magazine / Vulture, Bilge Ebiri
The Selfish Giant never feels predictable. Credit the remarkable young actors, as well as Barnard's observant
style : every moment in this film is alive with possibility, with the chance that everything will go haywire in
a new way
> Village Voice, Stephanie Zacharek
The Selfish Giant earns all of its emotion the honest way. If it's at times painful to watch, in the end it gives
back much more than it takes. It's generous and steadfast, like true friendship itself.
> The Telegraph, Robbie Collin (Source : http://www.telegraph.co.uk/culture/film/10063353/Cannes2013-The-Selfish-Giant-review.html)
The Selfish Giant, the second feature by the English filmmaker Clio Barnard, is a brilliant and soul-scouring
fable about scrap men and scrap children; two outcast generations doomed to forever sift through life’s
rubbish dump. The title is borrowed from a fairy tale by Oscar Wilde, in which a bad-tempered ogre chases
children out of his walled garden, only for it to become locked in an eternal winter. Barnard takes Wilde’s
blossomy parable and strips it down for parts. Her film, which screened in the Cannes Film Festival’s
Directors’ Fortnight programme, is about Arbor and Swifty, two 13-year-old boys from Bradford whose dire
circumstances have effectively banished them from their own childhoods. The film is about them both trying
to somehow scrabble back into that lost state of grace. Which is not easy to watch: particularly for the first
15 minutes of the film, in which the pair’s miserable states of being are described in gut-wrenching detail.
Arbor (Conner Chapman) is a hyperactive knot of twitches, thanks to a combination of ADHD and energy
drinks. Swifty (Shaun Thomas) is a taciturn lump. Neither is thriving in school. Arbor’s father is missing.
Swifty’s father (Steve Evets), a hopeless spiv who looks like he subsists on fag-ends and rainwater, probably
should be, for the best.
In the opening sequence, the boys watch thieves stealing copper cable from the railway line. They are
entranced, and when a quirk of fate leaves the cable in their hands, they take it to the nearest scrapyard:
a dark, satanic place with crackling fires and crunching claws that William Blake would have found all too
familiar. Kitten (Sean Gilder), sturdy and cruel with a head like a ham, is the master of this place, and he
recruits the boys into his scrap-gathering business (later, he will also involve Swifty in a gypsy horse-racing
ring). They scour the estates for discarded metal that might earn them money and respect. The boys respond
well to the alpha-male attention, and Arbor becomes obsessed with following in this giant’s footsteps: “I’m
a scrap man,” he proudly tells a group of men, chuckling devilishly in the half-light of the yard. But as Kitten
warms to Swifty, and finds his patience increasingly tried by Arbor, the boys’ friendship strains to snapping
point. So hauntingly perfect is Barnard’s film, and so skin-pricklingly alive does it make you feel to watch
it, that at first you can hardly believe the sum of what you have seen: the astonishingly strong performances
from her two young, untutored leads; Barnard’s layered script; Mike Eley’s snow-crisp cinematography that
makes the streets of Bradford shine.
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Unlike her first film, an abstract documentary called The Arbor, Barnard is working in a more straightforward
social-realist style, but like Ken Loach’s Kes, the film knells with myth : we get a keen sense of an older,
purer England buried somewhere underneath all this junk, from the early wide shots of horses in meadows,
idling belly-deep in morning mist, to the extraordinary, almost wordless final sequence that hints at
redemption and reincarnation. The Selfish Giant is cinema that tells an unsure nation who we are.
> The New York Times, A. O. Scott
For today’s socially conscious British filmmakers, northern England is more or less what southern Italy was
to the postwar neorealists : a landscape of social misery, both picturesque and harsh. Instead of a
disenfranchised peasantry clinging to tradition in the face of modernity, contemporary British cinema finds
a demoralized postindustrial underclass fighting for dignity at the margins of the global economy. Clio
Barnard’s The Selfish Giant named one of the best films of 2013 by the British journal Sight & Sound, takes
place in and around the West Yorkshire city of Bradford. Suggested by an Oscar Wilde fairy tale, it concerns
two boys, Arbor and Swifty, whose friendship is an oasis of warmth in a cold world. Arbor (Conner Chapman),
the smaller and more volatile of the two, lives with his overwhelmed mother (Rebecca Manley) and a drugaddicted older brother (Elliott Tittensor). Swifty (Shaun Thomas), gentle and portly, is one of eight children
in a family that seems perpetually perched on the edge of destitution, held together by his exhausted
mother (Siobhan Finneran, perhaps recognizable to “Downton Abbey” fans as O’Brien). Swifty’s father
(Steve Evets), usually drunk and always angry, sells off rented furniture to pay the electric bill.
School and home are wretched places, but the boys find some escape from the misery in the company of the
horses that graze in the meadows at the edge of their public housing estate. Some of the animals belong to
a scrap-metal dealer named Kitten (Sean Gilder), to whom Arbor and Swifty sell various kinds of junk. They
start out with broken appliances and old bicycle wheels but eventually discover that the real money is in
copper wire, which can be stolen from railroad yards and utility trucks and even — at great risk — taken from
power lines and underground cables. Ms. Barnard, whose first feature, The Arbor, was about the playwright
Andrea Dunbar, captures the milieu and personalities of her characters with tact and sensitivity. The
nonprofessional actors who play Arbor and Swifty have an easy, unself-conscious rapport, and convey both
the bond between the friends and its gradual fraying. Kitten, who runs his favorite horse in open-road
harness races, takes a particular interest in Swifty’s horse-whispering skills, provoking Arbor’s jealousy.
The tragedy that results is perhaps too strongly overshadowed. You can guess, pretty early, how the story
will end. This is not just a spoiler problem, but also a conceptual, perhaps even an ideological, shortcoming.
Intent on showing that Arbor and Swifty live in a world of radically limited possibilities, barely sustained by
their families and failed by the state, Ms. Barnard locks them into a narrative prison. Their fates seem
predetermined less by their circumstances than by the iron will and limited imagination of their creator.
(Source : http://www.nytimes.com/movies/movie/472029/The-Selfish-Giant/overview)
Copyright © Pyramide Distribution
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