La Production Française des années 76 à 80
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La Production Française des années 76 à 80
La Production Française des années 76 à 80 Cet extrait de 15 pages de l'e-book "La production française des années 76 à 80" vous est offert par le site Ordilucratif et comporte les pages 5, 6, 7, 8, 36, 37, 38, 46, 47, 48, 61, 62, 63, 77 et 78 de ce livre qui en contient 93 et qui sera prochainement en vente sur Ordilucratif. L'auteur vous souhaite d'agréables moments de lecture et souhaite vous donner l'envie de vous procurer la version complète de cet ouvrage qui sera très prochainement disponible sur le site Ordilucratif. Attention : La diffusion de cet extrait par quelque procédé que ce soit sans le consentement de l'auteur est interdite et passible de poursuites. Année 76 Cette première année de notre tour d'horizon de la production française marque donc le début du dernier quart du XXème siècle, qui est sans doute le plus passionnant pour les amateurs de belles voitures. En cette année 1 976, le paysage automobile français est plutôt bien fourni. Le constructeur Renault, encore Régie Nationale, compte pas moins de neuf modèles différents - onze si l'on intègre les produits de sa filiale Alpine - et est de loin le plus prolifique des quatre constructeurs nationaux, loin devant ses concurrents Peugeot et Citroën, offrant chacun cinq gammes différentes à leur catalogue, tandis que Simca, racheté quelques années auparavant par l'américain Chrysler, n'offre que quatre types différents d'automobiles, et encore, en y associant la vieillissante berline 1 80 qui en fait n'utilise que le nom de Chrysler et connaît une diffusion plus que confidentielle. Il est vrai cependant que la Bagheera produite par la firme associée Matra constitue un modèle étroitement apparenté à la firme de Poissy. Après une année 75 très fructueuse, la marque au losange poursuit donc le profond renouvellement de sa gamme, ainsi que son extension vers des marchés jusqu'alors laissés à la concurrence étrangère. L'année écoulée a en effet été marquée par le retour de Renault dans le segment des berlines haut de gamme avec la présentation de la R30 au salon de Genève, suivie de sa commercialisation au mois de juin suivant. Ci-dessus : La Renault 30 TS, telle qu'elle se présente en août 76 pour le millésime 77. Le dessin atypique des poignées de portières a été enfin modifié mais il perdurera sur la Renault 14 comme on pourra le découvrir dans l'encadré de la page suivante. Ci-contre : La Renault 30 TS lors de l'essai effectué par l'AutoJournal en mai 75. Remarquez ce fameux design des poignées de portières qui sera abandonné dès l'année suivante sur la R30 mais repris sur la Renault 14. Page 5 LES POIGNEES DE LA DISCORDE Poignées de portières de la R30 lors de son lancement en juin 75 Lors de son lancement au printemps 75, la Renault 30 adopte un système d'ouverture de portières pour le moins déroutant pour l'utilisateur. Si l'on peut lui trouver une certaine originalité esthétique, ce n'est toutefois pas un modèle d'ergonomie. Il exige en effet de se servir de sa main droite pour ouvrir la portière gauche ... et de sa main gauche pour ouvrir la portière droite. Poignées de portières de la R30 pour le millésime 77 Poignées de portières de la Renault 14, de son lancement en juin 76, jusqu'à l'arrêt de sa fabrication en 83 Le tir sera rectifié un peu plus d'un an plus tard par l'adoption de poignées d'ouverture plus classique. Cela dit, Renault persistera dans ce sens avec la nouvelle berline compacte 14, qui elle conservera cette espéce d'originalité tout au long de sa carrière. Notons également que la Renault 20, apparue en fin d'année 75, sous une robe esthétiquement très proche de celle de la 30 mais animée par un moteur 4 cylindres issu de la Renault 16, connaîtra la même mésaventure que sa grande soeur. Tandis que la 604 de chez Peugeot est une berline classique à malle arrière et transmission par propulsion, la nouvelle Renault s'inscrit dans le style bicorps inauguré dix ans plus tôt avec la R1 6. Cette différence d'orientation de ces deux modèles était d'ailleurs une des clauses de cette collaboration, qui fut pour le moins houleuse au moment de la présentation de ces deux nouveautés, entre les deux constructeurs français, associés au suédois Volvo, pour l'étude de la base mécanique. Il faut également se souvenir que, sans ce dernier qui a fourni son savoir technologique pour l'étude de ce moteur V6 dénommé PRV, acronyme issu des initiales des trois constructeurs, nos deux hauts de gamme nationaux n'auraient sans doute jamais vu le jour, la poursuite des travaux concernant une mécanique à moteur V8, éventuellement déclinable en six cylindres, s'étant avérée à l'époque trop onéreuse et estimée trop peu rentable commercialement après le choc pétrolier de 73. La disparition prématurée de la Citroën SM pour cette même cause est encore bien ancrée dans les mémoires des passionnés d'automobile. Bien que cet ouvrage soit consacré à la production française des années 76 à 80, et que la Peugeot 604 et la Renault 30 aient été présentées en 1 975, celles-ci y figurent car elles constituent en quelque sorte la charnière entre le troisième et le dernier quart de siècle de l'histoire automobile du XXème siècle. Page 6 Ci-contre : La Peugeot 604 SL, seul niveau de finition disponible lors de son lancement en 75. Il faut tout de même remarquer que la nouvelle berline de grand luxe de Billancourt, malgré d'indéniables qualités, ne constituait pas de véritable révolution capable de concurrencer les productions étrangères, en particulier allemandes, de même rang. Son moteur d'une cylindrée de 2664 cm 3 et d'une puissance de 1 36 ch ne dispose pas d'un rapport poids-puissance très favorable, et son appétit en carburant se révèle plutôt excessif par la faute d'une alimentation mal étudiée, ce qui consitue un handicap de taille par les temps qui courent de forte inflation des cours du pétrole. Renault rectifiera le tir l'année suivante, ce qui fera perdre encore quelques chevaux au passage, ramenant la puissance à seulement 1 25 ch. La R30 connut toutefois un relatif succès commercial, grâce à de constantes évolutions de ce moteur qui viendront au fil des années suivantes et se poursuivront sur les modèles qui lui succèderont, notamment la R25 puis la Safrane. Lorsque fut présentée la R30 en mars 75, il a pu paraître curieux que la Régie, fidèle à la dénomination numérique de ses modèles depuis 1 961 avec la R4, fasse un tel bond en avant en ce qui concerne le choix de son numéro de matricule, alors que le sommet de la gamme de la marque était à cette époque représenté par la R1 6, et que la R30, effectivement bien plus luxueuse que celle-ci, ne lui était cependant pas immensément supérieure, que ce soit du point de vue du gabarit comme de celui de l'habitabilité intérieure. On comprit quelques mois plus tard, en novembre, la raison de cette appellation lorsque Renault présenta la R20, qui n'était en fait qu'une copie conforme de sa grande soeur dépouillée de ses artifices de luxe, tels que l'encadrement des vitres chromés ou la calandre à quatre optiques, et dotée de moteurs à quatre cylindres issus de la R1 6. Ci-dessus : La Renault 20, apparue fin 75 Ci-contre : Le tableau de bord de la Renault 30 TS. . Page 7 Renault souhaitait en effet, par son retour dans le segment des voitures haut de gamme, bien démarquer sa nouveauté de ses autres modèles plus populaires, présents ou à venir. Le sigle TS accollé au matricule de la R30 était là encore pour appuyer cette volonté de positionner cette voiture dans le segment des berlines de luxe. Il est intéressant d'ailleurs de souligner que la firme Renault procédera encore de la même manière lors du lancement de la R25 en 1 984, la version de base étant à nouveau le modèle TS, qui n'était plus cependant l'unique proposition de la gamme comme cela avait été le cas avec la R30. Par contre, lors de la présentation de la Safrane en 1 992, Renault n'hésitera pas à proposer en entrée de gamme une finition bagdée RN comme sur une simple Clio, sans doute parce qu'il se sentait alors bien installé dans le segment des voitures de gamme supérieure, fort du succès de la R25, et qu'il ne lui était alors plus indispensable de recourir à des astuces marketing psychologiques du style de celle utilisée au moment de la présentation de sa R30. On peut dire que ce choix marketing se révèla extrèmement stratégique car il permit dans le même temps au constructeur de présenter deux nouveautés en quelques mois au lieu d'une, basées sur la même structure, et de cibler ainsi une clientèle plus large : les acquéreurs de la R20, financièrement rebutés par le tarif d'accès de la R30, pouvaient à juste titre avoir le sentiment de posséder une automobile du standing de celle-ci sans en avoir réellement les moyens. D'un autre côté, les clients potentiels de la R30 pouvaient, eux, avoir la satisfaction de posséder un véhicule de grand standing qui n'était pas décliné dans une autre version moins luxueuse. On peut en effet se demander à postériori si le succès de la R30 aurait été du même ordre de grandeur s'il avait existé aux côtés de la TS une R30 TL par exemple. On constatera que neuf ans plus tard, en mars 84, la Régie désormais bien installée dans ce segment et n'ayant plus de crainte quant au succès commercial de ses modèles, qu'elle qu'en soit la clientèle visée, remplacera les R20 et 30 par la seule R25, disposant de mécaniques et de finitions à la fois nobles et populaires. Ce sera encore plus le cas en 92 avec la Safrane comme nous l'avons déjà souligné. Ci-contre : La Renault 20 GTL, apparue en même temps que la L et la TL, et différant de celles-ci par un degré de finition supérieur. Ceci constitue d'ailleurs un aspect caractéristique de la politique commerciale contemporaine du constructeur au losange. Pour réduire les coûts d'étude d'un nouveau modèle, il procédera à plusieur reprises au remplacement de deux modèles à la fois par une seule nouveauté, lorsque ceux-ci ont connu le succès, comme il le fera Page 8 par exemple avec la R1 8 en 1 978 qui remplacera à la fois les R1 2 et 1 6, ou encore avec la Fuego en 1 980 qui prendra le relais des jumeaux R1 5 et 1 7, ou aussi avec la R1 9 en 1 988 qui se substituera aux R9 et 11 . Paradoxalement, si le segment investi n'est pas couronné du succès escompté, la tendance est plutôt à proposer deux modèles distincts comme ce fut le cas en 1 983 avec la R11 venue épauler sa soeur à coffre classique R9 qui elle-même prenait la suite de la R1 4 en 1 981 . Année 77 L'année 77 sera beaucoup moins riche en nouveautés, de la part des constructeurs français tout au moins, que ne l'a été l'année 76. Sans doute la nouvelle périodicité biennale du salon de l'auto de Paris adoptée à partir de cette année n'est-elle pas étrangère à cette baisse d'activité de la part de nos constructeurs nationaux. Encore faudra-t-il attendre la fin de l'année pour voir apparaître les deux nouveautés majeures du paysage automobile français, qui de ce fait vont plutôt marquer de leur emprunte l'année suivante en compagnie de la grande nouveauté de l'année 78 de Renault que sera la R1 8. Ces deux nouveaux modèles, dévoilés fin novembre et appelés à remplacer respectivement la 304 chez Peugeot et la 11 00 chez Simca, sont bien évidemment la Peugeot 305 et la Simca Horizon. Investissant toutes deux le segment des berlines de 6 à 8 CV fiscaux, elles arrivent à point nommé pour redonner de la couleur à un marché morose sur le plan national. La 305 vient tout naturellement succéder à la 304 qui avait de plus en plus de mal à cacher le poids des ans malgré son restylage datant de 73 et son léger rajeunissement mécanique survenu l'année dernière à la suite de la disparition de la 204. Elle restera cependant au catalogue encore plusieurs mois en versions diesel et carosserie break, la 305 n'étant proposée pour l'heure qu'en variante de carosserie berline à quatre portes et coffre arrière en porte à faux, dotée de motorisations fonctionnant exclusivement à l'essence. La nouvelle venue est la première à inaugurer chez le constructeur sochalien la série des 5 et, bien que la presse spécialisée de l'époque se soit hasardée un temps à la baptiser 405, la marque a préféré la positionner dans la gamme 300, en remplacement d'un modèle existant pour symboliser une espèce de rupture en douceur avec le passé, la 404 n'étant plus produite depuis 1 975. Ci-dessus : La Peugeot 305, apparue fin novembre 77, dans sa livrée la plus luxueuse, en version SR qui vient remplacer les modèles à moteur essence de la 304. Ci-dessous : La Chrysler-Simca Horizon, dévoilée sensiblement à la même époque que sa rivale sochalienne, aussi dans sa version de sommet de gamme, la GLS, venant prendre le relais de la vieillissante 1100. , Page 36 Esthétiquement, la 305 se révèle d'une élégance plutôt raffinée, avec des lignes certes classiques mais moins tendues que sur son aînée la 304 et d'une douceur plus affirmée que sur le haut de gamme 604 qui avait en quelque sorte en 75 préfiguré la nouvelle orientation du style extérieur de la maison Peugeot. Les parties avant et arrière ont également été traîtées avec un soin tout particulier afin d'atténuer l'agressivité du dessin du coffre et de la calandre de la 304. Et dans ce segment de marché, il s'avère qu'à l'époque, la clientèle affectionne plus volontiers la douceur des lignes et est plus avide d'élégance discrète et de raffinement que de sportivité. L'aménagement intérieur est également de bonne facture et l'aspect des matériaux ainsi que le dessin du tableau de bord marquent un progrès notable par rapport aux autres modèles de la marque, si ce n'est la 604 qui ne chasse pas sur les mêmes terres en terme de clientèle. Le revêtement des sièges inspire lui aussi une indéniable qualité de fabrication. Ci-dessus : La nouvelle Peugeot 305 dans ses coloris les plus répandus. Côté mécanique, l'offre du constucteur est relativement restreinte. Elle se limite à deux motorisations essence, et il est curieux que la marque au lion ne se soit pas acharnée à conserver sur ce marché sa suprématie et son avance en matière de moteur à gazole, mais à cette époque, personne ne Ci-dessus : La face avant de la Peugeot 305. Le tableau de bord de la 305. se doutait encore de l'essor futur du diesel, synonyme de véhicule bruyant et uniquement destiné à des tâches utilitaires, et il faudra attendre mars 79 pour que la 305 ait enfin droit à un moteur de ce type. Pour l'instant, celle-ci peut disposer d'un bloc de 1 290 cm 3 délivrant 65 ch mais aussi d'un Page 37 Ci-dessus : Le prototype de la future 305 fait la couverture de l'Auto-Journal. Au printemps 77, fidèle à sa ligne éditoriale, l'Auto-Journal dévoile déjà en exclusivité la nouvelle 305 à ses lecteurs. Seul le matricule 405 s'avérera erroné. moteur inédit de 1 472 cm 3 d'une puissance maximale de 74 ch lui permettant de dépasser largement les 1 50 km/h. Ce dernier est réservé au modèle haut de gamme SR, accusant 8CV de puissance administrative, tandis que la version d'entrée de gamme GL à la présentation plus sommaire et quelque peu dépouillée, et la version intermédiaire GR se partage la mécanique 1 300 de 7CV fiscaux. La 305 connaîtra durant sa dizaine d'années d'existence de multiples évolutions, sur lesquelles nous reviendrons dans des chapitres ultérieurs, qui lui assureront une carrière honorable. Ci dessus A gauche : La nouvelle Simca Horizon, telle qu'elle apparaissait sur les publicités lors de son lancement. Au milieu : Les versions américaines de la Simca Horizon, Pymouth Horizon (en haut) et Dodge Omni (en bas). A droite : Le fameux pentastar, ou étoile à 5 branches, logo de la marque Chrysler. Ci-dessous : Verdict du match opposant la Renault 14 TL à la Simca Horizon GLS dans le numéro du 1er mars 78 de l'Auto-Journal. En bas à droite : Le tableau de bord de la ChryslerSimca Horizon. - un indéniable charme qui procurera à cette voiture un succès honorable tout au long de sa carrière. Simca faisant partie du giron du groupe américain Chrysler depuis la fin des années 60, elle sera également produite outre-Atlantique sous les marques Plymouth et Dodge, avec les patronymes respectifs Horizon et Omni. Lorsque Simca, revendu par la maison-mère américaine en 1 978 passera sous le contrôle de Peugeot, l'Horizon servira même de laboratoire expérimental à la marque de Sochaux pour tester de nouvelles mécaniques avant de les adopter dans ses propres modèles une fois gommés les défauts de jeunesse et éventuellement essuyés les premiers plâtres. Signalons au passage que Peugeot réitèrera le procédé au moment de l'étude de son moteur 2 litres à 1 6 soupapes à la fin des années 80 qui apparaîtra d'abord sous le capot de la BX avant d'être adopté par la 405 Mi 1 6. Intéressons-nous à présent à cette deuxième grande nouveauté de cette fin d'année 77 : la ChryslerSimca Horizon. Cette nouvelle venue destinée à remplace rla Simca 11 00 datant de 1 967 possède Page 38 Année 78 L'année 78, à l'instar de l'année 76, et contrairement à 77, sera une année riche en nouveaux modèles et en rebondissements. Déjà présentées à la fin de l'année dernière, la Peugeot 305 et la Simca Horizon occuperont une place de choix sur le devant de la scène automobile française de cette année. Cette dernière d'ailleurs, à peine commercialisée au mois de février, subit déjà un profond remaniement de sa gamme en août, à l'occasion du changement de millésime. Equipée lors de son lancement du moteur de 111 8 cm 3 qu'elle partageait alors avec la version de base LS, la version GL se voit maintenant dotée du 1 294 cm 3 de la version haut de gamme GLS, qui elle dispose désormais du moteur 1 442 cm 3 issu de la Simca 1 308 GT, devenant ainsi GLS 1 .5 en référence à sa cylindrée. Sa puissance est par contre ramenée à 69 ch DIN, ce qui lui permet de rester dans la catégorie des 7CV fiscaux et non 8CV comme pour la 1 308, grâce à un nouveau mode de calcul de la puissance fiscale, établi à l'aide des rapports de boîte de vitesses et non plus seulement de la cylindrée. Une nouvelle version inédite vient se placer au sommet de la gamme et a pour but de jouer le rôle de vitrine technologique du constructeur tant ses innovations sont nombreuses et surprenantes : il s'agit de la version SX équipée à la fois d'une transmission automatique, d'un programmateur de vitesses et d'un ordinateur de bord, ce qui pour l'époque constitue une petite révolution. Cette version SX est équipée comme la GLS du moteur de 1 442 cm3 de la 1 308, dont la puissance a été maintenue à 83 ch pour pallier le surcroît d'énergie généralement exigé par la transmission automatique. Faisant d'une pierre deux coups, Simca propose également cette alliance de la boîte automatique et du programmateur de vitesse sur son modèle de la série 1 300, mais lui refuse curieusement l'ordinateur de bord. A croire qu'un tel gadget détonnerait dans une voiture de cette classe. Par contre, cette 1 309, pour l'occasion, et comme son matricule l'indique, se voit offrir un moteur inédit de 9CV fiscaux et 1 592 cm 3 de cylindrée qui lui procure Ci-dessus : La Chrysler-Simca Horizon GLS 1.5 qui bénéficie du moteur de la 1308 à l'occasion du passage au millésime 79, en août 78. Ci-contre : L'intérieur de l'Horizon SX, à boîte automatique, apparue en octobre 78. Page 46 une puissance de 88 ch, soit à peine trois de plus que le bloc de la 1 308 GT, ce qui fait dire aux journalistes essayeurs que les performances et le comportement sur les routes difficiles ne sont pas tout à fait à la hauteur de ce que l'on pourrait espérer d'un moteur de 1 600 cm 3 par rapport au 1 450 précédent. La gamme Simca est donc en pleine effervescence en ce milieu d'année 78 et il est bien dommage que, en passe d'être rachetée par Peugeot à l'américain Chrysler, ses jours soient comptés. La marque ne survivra en effet que quelques années sous le nom de Talbot, pour disparaître définitivement du paysage automobile français au milieu des années 80. Cruel destin que celui d'une marque qui aura participé à notre passion pour ce merveilleux objet qu'est l'automobile et qui rejoindra Facel, Panhard, Salmson et bien d'autres encore au Panthéon des marques disparues. Fort heureusement, en cette année 78, nous n'en sommes pas encore là et le constucteur de Poissy continue à nous faire rêver par son dynamisme à nous proposer ses intéressantes productions. Rappelons-nous en effet que, en marge de ces grandes nouveautés que sont les Horizon et 1 309, Simca a accouché en tout début d'année d'une petite soeur offerte aux Rallye 1 et 2, et baptisée tout logiquement Rallye 3. Ci-contre A gauche : La Simca 1309 SX, ici avec un toit ouvrant en option. A droite : L'intérieur de la 1309 SX. Ci-contre A gauche : Une affiche publicitaire représentant la 1309 SX lors de sa présentation au salon de Paris de 1978. A droite : La 1309 SX fut soumise au banc d'essai de l'Auto-Journal dans le numéro du 15 octobre 1978. Malheureusement diffusée en série limitée, la nouvelle petite bombinette disparaîtra du catalogue de la marque en compagnie de toute la gamme des Simca 1 000 avant le salon de l'auto de Paris, et n'aura donc pas le privilège- mais en fut-ce réellement un de porter le patronyme de Talbot après le rachat des parts de Chrysler par Peugeot. Sa carrière éphémère et plutôt confidentielle est restée néanmoins dans toutes les mémoires des passionnés de petites boules de nerfs bien avant l'heure de gloire des GTI au milieu des années 80. Elaborée en fait sur la base de la Rallye 2 kitée dont elle reprend le look sportif et agressif, avec les extensions d'ailes avant et arrière, la Rallye 3 ne possède en fait aucune concurrente directe sur le marché français lorsqu'elle apparaît au début de l'année 78. Tout comme la Rallye 2 avant elle, elle ne chasse pas dans la même cour que la Renault 5 Alpine, moins radicale sur le plan sportif, ou que le coupé 1 04 ZS bien moins puissant. Affichée à un tarif sensiblement inférieur à celui de la Renault 5 Alpine, aux environs de 30000 Francs, elle sacrifie la polyvalence et le relatif confort de la Page 47 petite sportive de Billancourt à un comportement sportif pur et dur, dans la parfaite lignée de ses soeurs aînées les Rallye 1 et 2. La cote atteinte par ces dernières en collection de nos jours témoigne de l'aura acquise dans les rangs des amateurs de mécanique pointues à l'époque de leur vivant et il est devenu rarissime de pouvoir dénicher un modèle en bon état à moins de 1 0 000 Euros. Quant à la Rallye 3, déjà produite en nombre restreint, elle est devenue quasiment absente du paysage automobile, à tel point qu'on peut se demander s'il existe encore des exemplaires en circulation. Au moment de sa commercialisation, début 78 donc, c'est en quelque sorte le kit groupe 2 que Chrysler-France mettait à la disposition de la Rallye 2 qui se retrouve en série sur la Rallye 3. Affublée comme nous l'avons dit d'artifices esthétiques tels que les extensions d'ailes avant et arrière, ou le becquet de capot, la petite et pataude Simca 1 000 se transforme littéralement en voiture de course. Ci-contre, à droite, de haut en bas 1ère image : La Simca Rallye 3 dans son unique livrée blanche immaculée. Ci-dessus : La Rallye 3 fut commercialisée à 1000 exemplaires uniquement en blanc. Cet exemplaire bleu de présérie a fait l'objet de la première prise en main de la Rallye 3 par l'Automobile-Magazine en janvier 78. 2ème image : L'arrière de la Rallye 3, avec son imposante sortie d'échappement. 3ème image : La face avant de la Rallye 3. Equipée du même bloc de 1 294 cm 3 que la Rallye 2, dont la puissance a été portée à 1 03 ch DIN, la petite bombe s'autorise une vitesse de pointe avoisinant les 1 80 km/h et des accélérations et reprises dignes de la Peugeot 205 GTI apparue six ans plus tard. Le km départ arrêté est en effet abattu en à peine plus de 32 secondes. Bien évidemment, son confort rustique est loin des standards qui apparaîtront au moment de l'avénement de la catégorie des GTI, et même de la polyvalence comme nous l'avons déjà souligné de la R5 Alpine ou plus encore de la Golf GTI de la première génération, mais cela n'était pas non plus son objectif premier. Livrée en série uniquement en blanc, elle sera la dernière représentante des petites berlines fidèles à l'architecture du tout à l'arrière. Page 48 En dehors de Simca, les autres constructeurs hexagonaux n'ont pas été inactifs non plus au cours de cette année 78. Commençons par la Régie Renault qui s'apprête au mois d'avril à commercialiser l'un des modèles phares de sa Année 79 Même si les années qui se suivent ne se ressemblent pas, surtout en matière d'automobile, nous débuterons cette année à nouveau par la marque Simca. Loin de moi l'idée de vouloir établir une quelconque hiérarchie entre les quatre constructeurs nationaux, ni d'opérer de favoritisme particulier pour la firme de Poissy, mais seulement une volonté d'accorder à cette marque une certaine reconnaissance pour ses dernières années de vie, assorties d'un changement de patronyme. Un des événements les plus marquants de l'histoire de l'automobile française de cette année 79 est en effet le changement de nom de la marque après son rachat à l'américain Chrysler par Peugeot. Abandonnant donc le double patronyme de Chrysler-Simca, pour endosser le nom prestigieux de la marque Talbot – qui était la propriété de Simca depuis fin 1 958 - d'avant-guerre disparue dans les années 60, le constructeur n'aura pas la chance de Citroën passé lui aussi dans le capital de la marque sochalienne et ne survivra que quelques années, secoué par de graves problèmes sociaux dans les années qui suivirent son rachat par la marque au Lion. Pour l'heure, le nom de Simca, ainsi que celui de Matra pour les Bagheera et Rancho, reste tout de même accolé à celui de Talbot et le changement d'identité se concrétise par l'adoption d'un nouveau logo sur les calandres des 11 00, qui vit d'ailleurs ses derniers moments sous la forme de modèles d'appel et de breaks, des Horizon et des Matra Bagheera et Rancho. La série 1 300, c'est-à-dire les 1 307, 1 308 et 1 309 subit quant à elle un profond lifting en août à l'occasion du changement de patronyme et devient Talbot 1 51 0. L'évolution esthétique concerne surtout la face avant avec une calandre redessinée et profilée pour une meilleure aérodynamique, et l'aménagement intérieur est également rajeuni pour se rapprocher du style de celui de l'Horizon. Ci-dessus A gauche : La nouvelle Talbot 1510 LS, version la plus dépouillée. A droite : La Talbot 1510 SX, en haut de la gamme. Ci-contre : La 1510 SX vue de l'arrière. On remarquera sur ces trois clichés la nouvelle face avant ainsi que le nouveau dessin des feux arrières. Page 61 Prenant la succession des précédentes ChryslerSimca 1 307, 1 308 et 1 309, la nouvelle venue en reprend les motorisations et suit la logique des appellations inaugurée avec l'Horizon en déclinant la 1 51 0 en quatre versions baptisées LS, GL, GLS et SX assurant chacune le relais d'un des modèles de l'ancienne série 1 300. La 1 51 0 LS est donc équipée du moteur de 7 CV fiscaux et 1 294 cm 3 et correspond à la 1 307 GLS. Comme cette dernière, sa puissance limitée de 68 ch en fait le modèle d'attaque de la gamme. Mieux finie et disposant du moteur de 1 442 cm 3 délivrant 85 ch, la version GL prend la suite de la 1 307 S tandis la 1 51 0 GLS dotée d'une présentation intérieure et extérieure encore plus recherchée vient se substituer à la 1 308 GT. Enfin, pour chapeauter la gamme, la 1 51 0 SX est motorisée par le 1 592 cm 3 de 88 ch et est proposée lors de son lancement à l'occasion du passage au millésime 80 exclusivement avec une transmission automatique comme ce fut le cas pour la 1 309 SX qui n'aura finalement été produite qu'une seule année. Sa remplaçante dispose toujours du programmateur de vitesse en série mais Simca a eu l'heureuse idée de la doter de l'ordinateur de bord de l'Horizon SX curieusement refusé à la 1 309. Comme toute évolution dans le domaine de l'automobile, la nouveauté s'accompagne évidemment d'une hausse sensible des tarifs puisque le haut de gamme SX par exemple passe de 42 950 en juillet, sous la robe de la 1 309, à 46 000 F en septembre, habillée par la carosserie 1 51 0. Ci-dessus : Le tableau de bord de la 1510 LS qui reprend le dessin de celui de la série 1300. Dans son numéro du 1er novembre 79, l'Aut-Journal soumettait la 1510 LS à son traditionnel banc d'essai. Antérieurement au passage de Chrysler-Simca au nom de Talbot, la marque de Poissy commercialisa au début de l'année à l'occasion du salon d'Amsterdam une série spéciale baptisée Jubilé, sur la base de l'Horizon, puis quelques semaines plus tard sur celle de la 1 308 et de la Bagheera, pour célébrer l'obtention de Ci-contre et ci-dessus : Deux affiches publicitaires d'époque de la nouvelle Talbot 1510. Celle-ci sera donc la première nouveauté à arborer le nouveau logo de la marque. Page 62 son deuxième titre de voiture de l'année décerné à l'Horizon, le premier ayant été attribué à la 1 307 en 1 976. L'Horizon Jubilé bénéficie de la mécanique de la version SX, mais dont la boîte est manuelle, ce qui lui permet de retrouver les chevaux perdus par ce moteur en passant sous le capot de la version GLS en août 78. Sa puissance s'établit en effet à 83 ch contre 69 pour la GLS, et la nervosité en accélérations et reprises s'en trouve sensiblement améliorée, tout comme la souplesse de conduite puisque la puissance disponible à régime moyen s'avère nettement plus importante. La 1 308 du même acabit reprend quant à elle exactement la mécanique de son homologue de série, c'est-à-dire ce même moteur développant curieusement 2 ch de plus, tout comme la Bagheera propulsée par le groupe des versions S ou X, identique donc à celui des Horizon et 1 308, si ce n'est sa puissance qui s'établit dans ce cas à 90 ch. Extérieurement, ces éditions spéciales se reconnaîssent à leur peinture deux tons séparés par la ceinture de caisse pour l'Horizon et la 1 308, tandis que la Bagueera est proposée en quatre coloris métallisées au choix : argent, noir, rouge et vert. Cette opération commerciale était sans doute destinée opérer une sorte de baroud d'honneur de la marque avant son changement d'appellation. Ci-dessus : Les Simca Horizon et 1308 Jubilé, reconnaissables à leur peinture deux tons séparés par la ceinture de caisse. Ci-contre : La Matra Bagheera Jubilé, qui disposait d'un nuancier plus étendu. Ce passage dans le capital de la firme de Sochaux aura aussi pour effet de faire disparaître définitivement la Simca 1 000 du catalogue, enterrant du même coup le système de motopropulsion tout-à-l'arrière. Par la même occasion, les mythiques Rallye 1 , 2 et 3 entrèrent de ce fait de plain pied dans le monde prestigieux de la voiture de collection pour atteindre des cotes vertigineuses de nos jours. Devenue donc Talbot, la marque de Poissy présentera encore plusieurs modèles dignes d'intérêt comme les Solara, Samba ou autre Tagora dont nous reparlerons en détail dans le chapitre consacré à l'année 80. La filiale de Romorantin quant à elle ne sera pas en reste et terminera son existence commerciale avec les honneurs en présentant aux adeptes de la marque la tant regrettée Matra Murena, fort prisée aussi des collectionneurs et sur laquelle nous reviendrons ultérieurement. Page 63 Ci-dessus : La Chrysler Sunbeam apparue en août 77, ici en version LS, produite par la filiale anglaise de Chrysler. Année 80 Nous abordons ici la dernière année de ce premier volume et vous pourrez constater au fil des pages suivantes que ce premier « quinquennat » consacré à l'automobile française du dernier quart du vingtième siècle s'achève de manière aussi passionnante qu'il a débuté. Comme bien souvent, le plus prolifique de nos quatre géants nationaux s'avère être la Régie Renault qui n'a pas ménagé ses peines en cette année 80 pour nous offrir plusieurs nouveautés fort intéressantes, et nous commencerons donc notre inventaire des nouveaux modèles de cette année par celle-ci. Après avoir investi de belle manière le marché du Diesel encore totalement inconnu pour lui avant la présentation des R20 TD et GTD, le constructeur de Billancourt s'essaiera avec succès cette année dans une autre technologie inédite en France, celle du moteur à essence suralimenté. Peugeot ayant eu l'exclusivité d'adopter ce type d'alimentation sur un moteur Diesel en mars 79 avec la 604 D Turbo, Renault décide de greffer un turbocompresseur sur certains de ses moteurs à essence. Les objectifs visés ne sont évidemment pas du même ordre : si celui du constructeur au Lion est la recherche d'une consommation sobre alliée à des performances raisonnables, le but de la marque au losange est plutôt d'offrir à des mécaniques ordinaires une sportivité de haut niveau. C'est ainsi qu'arrive sur la scène automobile au mois de juillet la Renault 5 Turbo, dont un prototype avait été dévoilé au Salon de Paris en octobre 78, mais ce dernier était alors dépourvu de mécanique. L'esthétique du modèle commercialisé à l'aube du millésime 80 en est très semblable et la motorisation élaborée à partir du bloc de 1 397 cm 3 bien connu de la banque d'organes de la Régie développe grâce à l'apport de puissance du turbocompresseur 1 60 ch DIN, ce qui constitue une puissance ramenée au litre exceptionnelle dans cette catégorie. Bien qu'elle dérive étroitement du modèle populaire du constructeur et qu'elle en reprenne le matricule, la nouvelle petite bombe s'en distingue extérieurement par des passages de roues fortement élargies, des boucliers avant et arrière nettement plus Ci-dessus En haut : La Renault 5 Turbo, bien plus agressive que la citadine qui lui sert de base. En bas : L'intérieur futuriste de la R5 Turbo, avec des sièges baquets inédits et un tableau de bord plus original que lisible. Page 77 imposants, une face arrière totalement transformée par des ailes bombées, des jantes larges en alliage et un massif becquet surplombant la vitre du hayon arrière en prolongement des glissières de toit. A l'intérieur, la métamorphose est encore plus remarquable, et l'aménagement n'a plus rien à voir avec celui des autres versions de la R5, quel qu'en soit le modèle. D'un design très futuriste, il est particulièrement soigné, intégrant des sièges baquets au dessin encore jamais vu, un tableau de bord superbe, même si à l'usage, il s'avérera manquer de lisibilité et de précision et un curieux volant à deux branches décalées à 90°. Malgré sa grande originalité, donnant à l'auto une partie de son image, cet aménagement intérieur sera toutefois abandonné à la fin de l'année 82, et tableau de bord et sellerie seront remplacés par ceux plus orthodoxes provenant de la R5 Alpine Turbo, qui apparaîtra fin 81 pour prendre la succession de la R5 Alpine en perte de vitesse face à ses concurrentes toujours affûtées. Cette opération aura pour effet de réduire sensiblement les coûts de fabrication ainsi que le prix de vente, même si l'auto perdra au passage une partie de son potentiel d'attirance. C'est d'ailleurs cette première version produite donc de juin 80 à fin 82 qui est la plus recherchée de nos jours sur le marché de la collection. La mécanique est en outre installée en position centrale, ce qui en fait une stricte deux places et permet accessoirement au conducteur d'avoir la sonorité du moteur dans son dos, rappelant de ce fait l'architecture noble des représentantes des marques prestigieuses de voitures de sport comme par exemple Ferrari. La nouvelle bombe de Billancourt ne prétend certes pas rivaliser avec les productions à l'effigie du cheval cabré mais elle est au moment de sa commercialisation la plus puissante des voitures françaises disponibles sur le marché. En compétition, elle obtiendra d'ailleurs un palmarès plutôt éloquent avec ses déclinaisons encore plus puissantes réservées évidemment aux rallyes et atteignant jusqu'à 250 ch. La version civile quant à elle dépasse légèrement les 200 km/h et offre des accélérations de premier plan avec un kilomètre départ arrêté abattu en à peine plus de 28 secondes. Le prix affiché n'est pas anodin non plus puisqu'il est réclamé à l'époque 11 5 000 F pour acquérir ce petit bijou, soit près du triple de celui de la R5 Alpine, vendue aux environs de 45 000 F, et 1 0 000 F plus chère qu'une Alpine A31 0 V6, disposant comme la nouvelle venue de performances de haut niveau et d'une certaine exclusivité sur le marché automobile. Page 78 Ci-dessus A gauche : Une publicité d'époque de la R5 Turbo, faisant habilement référence à la technologie de la suralimentation utilisée par le constructeur en Formule 1. Au milieu : L'arrière de la R5 Turbo. C'est sans doute sous cet angle qu'elle se distingue le plus de la R5 de base. A droite : Les ailes élargies qui abritent les ouïes d'aération nécessaires au refroidissement du moteur situé en position centrale arrière.