Usagers vulnérables du numéro spécial Revue de la Sécurité
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Usagers vulnérables du numéro spécial Revue de la Sécurité
DOSSIER 4 Initiatives > LES USAGERS VULNÉRABLES En ville, dans le flot des véhicules, les piétons et les cyclistes sont les premières victimes des accidents, à commencer par les enfants et les personnes âgées. Mais les deux roues motorisées, par leur absence de protection… et leur comportement, sont aussi très exposés. Les cyclos conformes récompensés La police de Vannes (Morbihan) a initié le « contrôle-gratification » pendant plusieurs semaines à partir de novembre 2001. Elle a offert une place de cinéma à tous les conducteurs de cyclos qui présentaient un équipement conforme au règlement. De même, les cyclos non conformes disposaient de cinq jours pour se présenter au commissariat avec un équipement aux normes, annuler leur amende et gagner une place de cinéma. Quatre cents places ont ainsi été offertes. Loi Badinter : les piétons mieux indemnisés our rappel : la loi du 5 juillet 1985, dite « loi Badinter », a modifié les conditions d’indemnisation des victimes d’accidents de la route. Avant cette date, en effet, les victimes « non conducteurs » (donc, pour l’essentiel, des piétons) se trouvaient plongées dans des procédures d’indemnisation longues et incertaines. Et si la majorité d’entre eux, généralement, étaient correctement indemnisés (84 %), certains ne l’étaient que partiellement (11 %) P et parfois même pas du tout (5 %). L’application de cette loi a changé la donne puisque, depuis sa promulgation, la quasi-totalité des piétons blessés dans un accident de la circulation (99 %) est indemnisée et cela dans des délais un peu moins longs (vingt mois en transaction, mais encore quarante et un mois en cas de procédure judiciaire). Revue n° 111, dossier « Victimes de la route », page 12. Revue n° 126, page 10. DOSSIER Le vélo, un mode de transport à part entière utrefois synonyme de loisirs, le vélo a élargi son champ d’activité pour devenir un mode de transport. Non polluant, silencieux, économe en espace, il s’installe peu à peu dans le paysage urbain. Le plus souvent chevauché par des jeunes, il se faufile dans nos rues asphyxiées et se joue des embouteillages. Des atouts qui font que nombre de villes, aujourd’hui, dans notre pays, ont choisi de favoriser son développement. Au niveau national, une politique forte en faveur du vélo est également menée depuis 1994 et plus encore depuis 1997. Ainsi, le code de la route a-t-il été amendé sur plusieurs points afin de renforcer la protection du cycliste : • les pistes et bandes cyclables sont désormais réservées aux seuls vélos, • les cyclistes sont autorisés à circuler A L’ALBUM • numéro spécial 2002 dans les aires piétonnes ; et les enfants de moins de huit ans peuvent rouler sur les trottoirs, • ils ont obligation d’équiper leur machine d’un dispositif réfléchissant, • les automobilistes doivent laisser un espace de 1,50 m (au lieu d’1 m précédemment) lorsqu’ils doublent un cycliste en rase campagne. Des initiatives se sont multipliées, qui ont pour objectif de favoriser le développement du vélo comme mode de transport, tel le concours Vélo d’or (qui récompense une ville pour la création d’un itinéraire cyclable pour les scolaires, d’un parc gardé pour les vélos, etc.) ou la Fête du vélo. Mais c’est évidemment le Club des villes cyclables qui s’est le mieux illustré : depuis sa fondation, en 1989, il n’a cessé de mener des réflexions et de concevoir des solutions destinées à installer > LES USAGERS VULNÉRABLES 25 24 1,50 mètre : c’est l’espace minimum que doivent laisser les automobilistes lorsqu’ils doublent un cycliste en rase campagne. un environnement favorable au vélo. Autrefois très confidentiel, c’est devenu un club extrêmement large… Ce dossier ouvre également une fenêtre sur l’étranger, et sur l’Europe en particulier, avec le témoignage du maire-adjoint de Ferrare, ville italienne où le vélo est roi et où les élus se déplacent sur leurs « vélos de fonction ». Revue n° 112, dossier « La petite reine en quête d’un royaume », pages 7-15. O N E N PA R L E Enquête sur les motards l’automne 2000, la Sécurité routière a demandé à la Sofres d’effectuer une enquête auprès des motocyclistes pour mieux cerner leurs comportements. Cinq manières de conduire ont été répertoriées : À ! Q LES HÉDONISTES (21 %) urbains et équipés de grosses cylindrées (symboles de plaisir et de puissance), peu conscients des dangers et peu réceptifs à la prévention. W LES PRAGMATIQUES (30 %), 35 à 54 ans, utilisent leur moto quotidiennement en ville ; très conscients des risques, ils sont favorables à la répression des infractions. LES « FANAS » (19 %), 25-34 ans ou 55 ans et plus, pensent avoir la maîtrise totale de leur grosse cylindrée ; ils représentent la catégorie la plus accidentée et la plus réfractaire aux contrôles. $ LES MOTARDS DU DIMANCHE (12 %), 35 à 44 ans, Il ressort aussi que trois quarts des motards interrogés trouvent le réseau routier inadapté à leurs besoins. Conscient de ce problème, le ministère des Transports a décidé d’accélérer la pose du modèle de glissières de sécurité Mototub. Obligatoire depuis le 1er octobre 1999 sur les nouvelles structures, ce système diminue les risques de sectionnement en cas de chute. prudents et réceptifs a priori à la prévention. % LES « DÉSIMPLIQUÉS » (18 %), 25 à 34 ans, surtout ruraux, conduisent leur petite cylindrée par nécessité ; très conscients des risques, ils estiment que les mauvais conducteurs sont toujours les autres. Revue n° 115, page 22 et Revue n° 121, page 5. Lire aussi Revue n° 112, rubrique « On en parle », page 29, et Revue n° 116, rubrique « On en parle », page 6. numéro spécial 2002 • L’ALBUM Des villes qui font la place aux piétons et aux cyclistes epuis 1977, Chambéry se bat avec une parfaite constance et une belle cohérence pour que ses habitants puissent se déplacer dans les rues de la ville sans craindre à tout moment d’être heurtés par des voitures circulant comme si elles étaient sur une route nationale… Cette stratégie est payante : aujourd’hui, cette charmante cité alpine jouit d’une réputation justifiée de vraie « ville piétonne ». De zones 30 en chicanes, de plateaux surélevés en mobilier urbain et espaces végétaux, tous les dispositifs destinés à « casser » la vitesse des voitures ont été utilisés. En un quart de siècle, la ville a complètement changé de visage. Les piétons et les cyclistes s’y sentent bien ; les automobilistes sont spontanément incités à réduire leur vitesse. Et ce n’est pas que du « paraître » : le bilan des accidents, lui aussi, en a été bouleversé. Il est passé de 590 en 1979 à 68 en 2000. Dans la même période, celui des deux-roues a quasiment été divisé par 10 ! Les habitants apprécient : à l’inverse de ce qui se passe dans les autres centres villes, celui de Chambéry s’est repeuplé… D Initiatives 4 L’ALBUM • numéro spécial 2002 Besançon et Rennes offrent elles aussi de beaux exemples en matière d’aménagements de sécurité pour les piétons et les vélos. Ces deux villes ont commencé leur programme en sécurisant les sorties d’école. Dans la cité bretonne, notamment, les abords des établissements ont tous été traités de la même façon : enduit jaune et marquage en zigzag, barrières peintes en jaune, signalisation au sol pour les enfants, etc. C’est désormais un décor familier, le signe clair pour tous qu’il faut redoubler de prudence… Dans le même temps, des itinéraires cyclables ont été développés et, pour encourager la pratique de ce mode de transport non polluant, des bornes de location automatique ont même été installées. Belle initiative. 4 Numéro spécial « Communes », novembre 1999, page 20, et Revue n° 125, dossier « Sécurité en ville : la réponse de l’urbanisme », pages 15-18. « Tiens ton scooter ! » C’est un week-end où quatre jeunes sont venus aux urgences à la suite d’un accident de deux-roues qui a poussé deux médecins à agir, dans la Sarthe. Pendant la Semaine de la sécurité sur la route 2000, Laurent Pidhorz, chirurgienorthopédiste, et Patrice Serre, médecin urgentiste, sont venus sensibiliser les jeunes de deux établissements scolaires du département aux dangers des scooters. Une étude révèle que les deux-roues sont impliqués dans 33 % des accidents et que la majeure partie des victimes est âgée de 14 à 19 ans. « Avec une prise de conscience, la marge d’accidents peut diminuer », ont rappelé les médecins, à partir de radiographies ou d’expériences vécues. Numéro spécial 2000, page 18. Des petits super piétons A Toulouse (Haute-Garonne), 17 000 élèves d’école maternelle et primaire ont été sensibilisés à la sécurité routière au travers des matières habituellement enseignées. En collaboration avec l’inspection académique, la ville de Toulouse a lancé, en 1996, une campagne de communication intitulée « Super piéton », pour enseigner aux enfants de maternelle, et en milieu scolaire, les règles de la circulation. Les enfants apprennent ces règles sur un livre-jeux, ainsi que sur une minipiste. Un ensemble de supports pédagogiques, baptisé « Julien le malin », a également été élaboré pour les élèves de primaire. Revue n° 123, page 11. Par définition, le piéton est une personne qui circule à pied, mains libres ou non. Grâce à la loi Badinter du 5 juillet 85, il est indemnisé en cas de dommages corporels, à condition de ne pas être à l’origine de l’accident. > Le nouveau Code de la route du 1er juin 2001 définit clairement ses droits. Tout piéton a la priorité s’il traverse une chaussée, sur des passages protégés ou non par des feux tricolores. L’automobiliste qui ne respecte pas cette règle est passible d’une contravention de 4e classe (135 euros) et d’un retrait de 4 points du permis de conduire ; cette sanction peut être aggravée par une suspension de permis pour 3 ans au plus, limitée, le cas échéant, à la conduite en dehors de l’activité professionnelle. > Tout piéton a également des devoirs : il doit traverser lorsque la signalisation lui est favorable, emprunter les passages protégés s’ils sont situés à proximité (50 mètres) et traverser la chaussée en plusieurs fois s’il se trouve à une intersection. De plus, il lui est absolument interdit de s’engager sur l’autoroute. En cas d’infraction, il est passible d’une amende de 4e classe. >Deux parties de la population piétonne sont particulièrement vulnérables : les personnes de 65 ans et plus, ainsi que les enfants. Pour les premiers, les problèmes de vision, d’audition, de motricité sont à l’origine des accidents ; pour les seconds, les temps de réaction plus longs et une moins bonne appréhension du danger sont en cause. De plus, du fait de leur petite taille, les enfants ne perçoivent que les voitures de premier plan et les automobilistes ne les voient qu’au dernier moment. Revue n° 119, page 31, et Revue n° 124, rubrique « On en parle », page 5. La Rochelle, une ville où il fait bon marcher et pédaler La Rochelle, 1er secteur piétonnier de France, l’écologie urbaine et la sécurité routière se conjuguent au présent ; le piéton et le cycliste y sont rois. C’est le résultat d’une stratégie mise en place, en 1970, par l’ancien maire Michel Crépeau. Parce qu’elle a su développer des modes de déplacements alternatifs, la cité rochelaise est aujourd’hui un espace urbain où il fait bon vivre et respirer ; une simple promenade à travers ses rues piétonnes en A arcade, son port (interdit l’été aux voitures), et ses nombreux espaces verts suffit à le prouver. Résidents ou touristes, les amoureux de la petite reine peuvent y louer à leur gré, hiver comme été, l’une des 400 bicyclettes qui les attendent dans différents points de la ville. Pour l’itinéraire, il n’y a que l’embarras du choix : 120 km de pistes cyclables, dont 75 km en centre ville, leur sont réservées. De plus, aucun souci pour se garer puisque près de 150 parkings à vélo sont disposés un peu partout, là où naguère stationnaient les voitures. Il n’est donc pas étonnant que la première Journée sans voiture soit née entre les murs de La Rochelle, en 1997. Revue n° 119, page 7. 4 Rallye moto en montagne Plus de vingt-cinq motocyclistes ont pris la route, le 17 juin 2001, et sillonné les routes de haute montagne des Hautes-Alpes. C’est l’escadron de sécurité routière de la gendarmerie des Hautes-Alpes qui, dans le cadre du plan d’actions départemental de sécurité routière, organisait ce rallye. Les motards ont été soumis à un questionnaire abordant à la fois le monde de la moto et de la sécurité ; puis ils ont suivi un parcours de régularité à 50 km/h. Cette manifestation a attiré des personnalités du département qui n’ont pas hésité à enfourcher une moto. 4 > LES USAGERS VULNÉRABLES DOSSIER ÉVÉNEMENT Initiatives Les droits et les devoirs du piéton 27 Initiatives rBON À SAVOIR Initiatives > LES USAGERS VULNÉRABLES 26 « Accrochez-nous à la vie ! » En juin 1999, au centre hospitalier de Caen (Calvados), l’association « Accrochez-nous à la vie » a remis à de jeunes parents son dix millième dispositif de sécurité. L’occasion, pour cette association créée en 1992, de rappeler combien il est important de s’attacher en voiture et de placer les bébés, dès la sortie de la maternité, dans un siège « dos à la route ». Revue n° 115, page 31. Revue n° 124, page 12. numéro spécial 2002 • L’ALBUM