Prise d`otages dans une maternelle de Besançon : "On a tous eu peur"

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Prise d`otages dans une maternelle de Besançon : "On a tous eu peur"
Prise d’otages dans une école maternelle de Besançon
13 décembre 2010
http://www.lepoint.fr/societe/prise-d-otages-dans-une-maternelle-de-besancon-on-a-tous-eu-peur-13-122010-1274644_23.php
Prise d'otages dans une maternelle de Besançon : "On a
tous eu peur"
Grâce à l'action du GIPN et au sang-froid de l'équipe pédagogique, les enfants pris en otages
ont pu être libérés. Reportage.
De notre correspondante à Besançon, Monique Clémens
Modifié le 14/12/2010 à 08:27 - Publié le 13/12/2010 à 16:23 | Le Point.fr
© Maxppp/ Philippe Trias
12 h 56, école maternelle Charles-Fourier de Planoise, à Besançon. Les cinq derniers enfants encore retenus
sortent, avec leur institutrice, sous les applaudissements de la foule. La prise d'otages est terminée, sans
violence, et le jeune homme de 17 ans qui a semé le trouble dans l'école et dans tout ce quartier populaire
pendant cette matinée du 13 décembre est discrètement évacué quelques minutes plus tard. L'héroïne du jour,
c'est Nathalie Roffet, l'enseignante dont Luc Chatel, ministre de l'Éducation venu sur place, loue "le sangfroid" à plusieurs reprises. C'est à elle que revient le calme de ces 19 enfants de 4 à 6 ans, libérés en plusieurs
vagues, qui ne pleureront que lorsqu'ils tomberont dans les bras de leurs parents, très éprouvés.
Psychologiquement fragile, le preneur d'otages, qui serait sous traitement antidépresseur - et aurait demandé,
au cours de la matinée, une arme pour mettre fin à ses jours -, était entré dans l'école à 8 h 30, armé de deux
petites épées de 30 centimètres chacune, qu'il n'aurait sorties de son sac à dos qu'une fois arrivé dans la
classe. Ce jeune homme du quartier, scolarisé l'année dernière dans le collège voisin, aurait tout simplement
" pété un plomb ", selon le maire de Besançon, Jean-Louis Fousseret, qui a passé la matinée sur place, au
milieu des équipes du GIPN de Strasbourg, des services de police et des membres de la cellule
psychologique mise en place pour les parents et les enfants.
"Méchant monsieur"
À l'issue de la prise d'otages, Jean-Louis Fousseret est, lui aussi, allé féliciter l'enseignante et l'assistante
maternelle qui a accompagné la libération des 14 premiers enfants, en milieu de matinée. "Le preneur
d'otages ne s'est jamais adressé aux enfants, il n'a jamais été menaçant. L'enseignante a pu mener les enfants
aux toilettes et a eu la bonne idée de dire qu'ils allaient devoir manger. Il a accepté que les repas soient
livrés." C'est ainsi, rapporte-t-il, que les cinq derniers enfants et Nathalie Roffet ont pu être libérés, appelés
un par un par leur prénom par les policiers du GIPN pour prendre leur repas, jusqu'à ce que le preneur
d'otages se retrouve seul et se laisse appréhender.
"J'ai eu peur pour mon frère", lance une jeune fille à Luc Chatel au moment où il s'apprête à quitter les lieux.
"On a tous eu peur", lui répond-il. Azzedine, le papa d'Alliya, se demande si, à la suite de cet événement, la
sécurité dans les écoles sera remise en cause. "La sécurisation des écoles, c'est un combat que je mène depuis
longtemps", assure le ministre. "Mais c'est un gros travail, il y en a 55.000 dans le pays." Ludivine, la maman
d'Alicia, aurait besoin "de voir la tête du preneur d'otages". Sa fille lui parle du "méchant monsieur", mais ne
semble pas traumatisée outre mesure, selon elle. Cette semaine, les 19 enfants ne retourneront pas en classe.
Pour eux, les vacances de Noël sont avancées. Ils l'ont bien mérité.
http://www.lepoint.fr/societe/besancon-nicolas-sarkozy-se-rejouit-de-l-heureux-denouement-de-la-prise-dotages-13-12-2010-1274604_23.php
BESANÇON - Nicolas Sarkozy "se réjouit de l'heureux
dénouement" de la prise d'otages
Une vingtaine d'enfants, retenus en otage dans leur école maternelle, ont été libérés sains et
saufs par les forces de l'ordre.
Source AFP
Publié le 13/12/2010 à 14:52 | Le Point.fr
Le président Nicolas Sarkozy "se réjouit de l'heureux dénouement de la prise d'otages" dans une école
maternelle de Besançon, a indiqué lundi un communiqué de l'Élysée. Nicolas Sarkozy "adresse ses plus
sincères félicitations aux autorités de l'État, qui sont intervenues dans cette opération avec sang-froid,
professionnalisme et détermination, notamment aux services de la préfecture, aux fonctionnaires de police et
aux militaires de la gendarmerie", ajoute la présidence.
Selon le communiqué, "le chef de l'État souhaite également exprimer toute sa solidarité vis-à-vis de
l'ensemble de l'équipe enseignante de l'école maternelle, notamment de l'institutrice prise en otage avec les
enfants".
Une vingtaine d'enfants et leur institutrice d'une école maternelle de Besançon ont été libérés sains et saufs
après avoir été retenus en otage lundi pendant plus de quatre heures par un jeune homme de 17 ans suicidaire
qui a été arrêté par la police.
http://www.lepoint.fr/societe/les-risques-psychologiques-pour-les-jeunes-victimes-d-une-prise-d-otages-1312-2010-1274777_23.php
Les risques psychologiques pour les jeunes victimes
d'une prise d'otages
Vingt écoliers ont été retenus dans une classe de maternelle, lundi matin, à Besançon. Deux
pédopsychiatres décryptent l'impact que l'événement a pu avoir sur eux.
par Chloé Durand-Parenti
Publié le 13/12/2010 à 20:15 | Le Point.fr
La prise d'otages survenue vendredi dans une école maternelle de Besançon s'est finalement dénouée au bout
de quelques heures, sans violence. Quelles conséquences aura l'événement pour les enfants âgés de 4 à 6 ans
qui en ont été victimes ? Pour les pédopsychiatres, le pire a été évité. "Une prise d'otages organisée par un
délinquant ou un criminel, qui a plus ou moins planifié les choses, est particulièrement glaçante pour des
enfants, parce qu'ils peuvent tout à fait sentir que leur agresseur est déterminé. Mais dans le cas où il s'agit
d'un preneur d'otages qui est plutôt perdu comme ce matin (lundi matin), les enfants sentent qu'il y a quelque
chose de bizarre, mais la réaction des adultes autour d'eux est alors déterminante", estime Pierre Lelion,
professeur de pédopsychiatrie à la faculté de Lille II.
Ainsi, le sang-froid de l'enseignante et de l'atsem (agent territorial spécialisé des écoles maternelles) qui
encadraient les enfants, lundi matin, aura permis d'atténuer leur traumatisme. "Elles ont tenté de leur
présenter les choses comme un jeu, tout en maintenant le rythme habituel de la journée. Aussi, même si ces
enfants ont perçu quelque chose d'inhabituel, s'ils ont bien vu un personnage étrange avec des armes à la
main, la plupart n'ont pas véritablement compris ce qui les menaçait", explique, de son côté, le
pédopsychiatre Stéphane Clerget. "Pour certains enfants, il est d'ailleurs tout à fait possible que cela n'ait pas
eu un caractère particulièrement traumatisant. En revanche, leur sortie avec l'attroupement de policiers, de
journalistes et la réaction de leurs parents très choqués a pu être très angoissante", souligne-t-il.
Plus dur pour les adultes
Sur l'attitude à adopter vis-à-vis des petites victimes, les deux professionnels s'accordent : il faut éviter de
dramatiser la situation, ne pas les harceler de questions, mais les laisser s'exprimer spontanément par la
parole, le dessin ou le jeu. "Ils vont rejouer la scène, il faut les laisser faire, car, plus ils le feront, plus celle-ci
va s'éloigner d'eux", explique le professeur Pierre Delion. Un autre conseil à donner aux parents est, selon le
pédopsychiatre, de "continuer à faire confiance à leur enfant comme avant le traumatisme, car, dans le cas
contraire, celui-ci pourrait finir par avoir le sentiment que c'est lui qui est générateur d'angoisse". "Il convient
aussi de les tenir éloignés des reportages consacrés à l'événement à la radio ou à la télévision", note, par
ailleurs, Stéphane Clerget.
Compte tenu des circonstances, les choses devraient donc rentrer dans l'ordre en quelques semaines pour ces
enfants otages de Besançon. Pour autant, les troubles du sommeil, les maux de ventre et les phénomènes de
régression s'ils persistent doivent éveiller la vigilance. "Mais, avertit Stéphane Clerget, les parents doivent
également faire très attention à leur propre traumatisme, car ce sera sans doute finalement beaucoup plus
difficile à surmonter pour eux que pour leurs petits."