Bible et parfums

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Bible et parfums
Bible et parfums
1- histoire du parfum
2- parfums et religions
3- les parfums dans la Bible
4- Les principaux parfums cités dans la Bible
5- Parfums et liturgie, une catéchèse parfumée
1- histoire du parfum
Tout d’abord précisons l’origine du mot parfum, parfum vient du mot latin "parfumare" ou
"perfumum" , le préfixe par ou per signifiant "à travers" et "fumare" ou "fumum" la fumée".
Littéralement donc le sens du mot parfum est « A travers la fumée, par la fumée ». Mais quel
lien peut-il y avoir entre la fumée et la religion ? Comment sommes-nous arrivés de l'odeur un
peu âcre de la fumée à des parfums plus sophistiqués, offrandes pour les dieux, mais aussi
signes d'élégance et de raffinement?
Pour comprendre cette évolution, il nous faut remonter aux origines de notre humanité.
L'homme au cours des nombreuses étapes de son évolution a petit a petit réalisé que des
forces puissantes régissaient le monde dans lequel il vivait, certaines de ces forces étaient
dangereuses, porteuses de mort, comme la foudre, les éruptions volcaniques, les tremblements
de terre, les inondations, etc. Impuissant face à ces catastrophes, l'homme primitif a fini par
croire que ces manifestations violentes étaient le fait de puissances surnaturelles et qu'il était
important de s'accorder leurs bonnes grâces pour les éviter et être donc protégé.
Ainsi naquit l'idée d'offrir à ces puissances, à ces dieux invisibles, des offrandes, de toutes
sortes, les prémices de tous leurs produits, un fruit, du gibier, nous pouvons considérer cette
démarche comme le début d'une forme de religion, dans le sens où elle exprime la recherche
et l'élaboration d'une relation entre l'humanité et une puissance divine. C’est Cicéron qui
donne la première définition du mot religion « comme le fait de s’occuper d’une nature
supérieure, que l’on appelle divine et de lui rendre un culte ».
Mais à qui rendre un culte, et où ? Comme ces catastrophes venaient souvent du ciel, et que
également dans le ciel brillaient les grands astres et les étoiles, ce fut donc le ciel, lieu
méconnu et mystérieux, qui fut identifié comme le lieu de résidence de ces puissances, ciel
que petit à petit l'homme divinisa.
Se posa alors le problème d’établir un lien entre la terre et le ciel, comment contourner les lois
de la gravité, comment faire monter une offrande vers le ciel, vers ces dieux, afin que ces
offrandes leur soient encore plus agréables?
La découverte du feu, allait apporter une réponse à cette question, en effet cette découverte
permit à l'homme de transformer totalement son quotidien et certainement que nos ancêtres
très lointains remarquèrent que non seulement le feu chauffait, cuisait les aliments, mais
également qu'il dégageait en brûlant une fumée.
Et cette fumée qui s'élevait vers le ciel pouvait devenir un excellent moyen de créer ce lien
visible entre la terre et le ciel, ce lien avec les dieux que l'on voulait honorer. On découvre
alors que des brassées de bois ou de plantes jetés sur les braises dégagent en brûlant des
fumées odorantes.
Ainsi, à travers la fumée, par la fumée, l'homme pouvait donc faire monter vers le ciel, vers
ses divinités, une offrande moins matérielle et donc en quelque sorte plus spirituelle.
Les Hébreux beaucoup plus tard adoptèrent eux aussi ces pratiques religieuses et en écoutant
ce passage de la genèse, nous ne sommes pas si éloignés du sens que nous venons de leur
donner, passage où il est écrit, je cite « Noé construisit un autel en l’honneur de Yahvé ; il prit
de tous les animaux purs et de tous les oiseaux purs et il en offrit un sacrifice par le feu sur cet
autel. •21 Yahvé sentit la bonne odeur et il dit en son cœur : « Je ne maudirai plus jamais la
terre à cause de l’homme, car les pensées du cœur de l’homme sont mauvaises dès sa
jeunesse, je ne recommencerai plus à frapper les êtres vivants comme je l’ai fait. » Gén 8, 20-21
Dans ce passage, le lien entre offrande et protection ou miséricorde est évident. Mais pour
autant dans ces rites, qui vont perdurer pendant des siècles, il s’agit uniquement d’animaux et
donc d’odeur de viande brûlée, et même si cette odeur est agréable à Yahvé, il n’est pas
encore réellement question de parfum.
2- Parfums et religions
Pour commencer à parler vraiment de parfum, il nous faut pour cela attendre, 4000 ans avant
JC, chez les Egyptiens, pour trouver les premières traces d'utilisations de plantes aromatiques
dans des cérémonies religieuses. Branches, herbes, racines, gommes ou résines, sont ainsi
brûlées pour répandre des odeurs plus agréables offertes aux dieux. Chaque jour les Egyptiens
brûlaient des aromates pour le dieu du soleil (Râ), à son lever, à son zénith et à son coucher.
Ils brûlaient le célèbre encens appelé Kyphi, un mélange très odorant composé de myrrhe*, de
lentisque*, de baies de genévrier, de graines de fenugrec, de pistache et du souchet
comestible, le tout broyé et mélangé à du vin et à une préparation cuite à base de résine et de
miel.
Il est nous est facile d'imaginer que dès la plus haute antiquité, ces fumées épaisses,
odorantes, s'élevant en tourbillons vers le ciel, accompagnées de prières, représentaient un
symbole fort, porté par la conviction que des voeux adressés aux dieux leur parviennent plus
vite si ils sont portés par ces fumées odorantes, aux parfums agréables.
C'est donc dans ces temples que se développa petit à petit l'art de la parfumerie où différents
mélanges correspondaient à des rites précis : fumées purificatrices, fumées à la gloire des
dieux, fumées offertes pour que les prières soient exaucées. Mais l'art du parfum ne se limitait
pas aux seules fumigations. Grâce aux découvertes des diverses propriétés de ces résines et
aromates, les prêtres se mirent à fabriquer des onguents pour la toilette des statues divines et
pour la momification des grands personnages.
Les parfums nous viennent donc du domaine du sacré, comme offrande aux dieux et élément
fondamental de l'embaumement. Mais, peu à peu, pour les personnages illustres, tels que rois,
pharaons, le parfum fait son entrée dans le monde profane, paré des vertus qui lui viennent de
son utilisation sacrée : purification, thérapeutique, embaumement, apaisement, envoûtement et
séduction.
Cléopâtre, dont on connaît son grand pouvoir de séduction était une grande utilisatrice
d'huiles parfumées, dont elle se servait pour séduire ses amants.
Faisons l’impasse sur toutes les civilisations qui utilisèrent le parfum de manière sacrée ou
profane et revenons aux Hébreux qui illustrent notre sujet de ce soir.
Chez les Hébreux l'usage des parfums est plus tardif. Mais leur longue période d'esclavage en
Egypte leur permit de connaître et de s’approprier les techniques de parfumage et
d’embaumement. Moise par sa culture égyptienne connaissait et utilisait les parfums. Nous en
retrouvons la trace dans le livre de l’Exode, où un jour Yahvé demanda à Moïse de fabriquer
du parfum, d'en boire une partie et de mettre l'autre dans la tente du rendez-vous, de la
rencontre avec Yahvé Ex 30,23. Pour les Hébreux, le parfum était donc sacré et précieux pour
leurs rites religieux comme également présent dans leur vie quotidienne.
Les Romains, à leur tour, accordèrent une grande place au parfum. Ils apportèrent des
améliorations quant aux ingrédients et en développèrent l'usage tout d’abord eux aussi en
l’honneur des dieux mais également lors des rites funéraires et des pratiques quotidiennes. Les
parfums d'ambiance ont à Rome une importance considérable, où le parfum est utilisé pour
ses vertus thérapeutiques : Néron utilisait ainsi un baume à base d'encens, aux vertus
régénératrices, pour éliminer les traces de ses nuits d'orgie.
L'importance du parfum à Rome, ainsi que son statut de principal port de la Méditerranée, lui
confère le titre de " capitale du parfum " et lui permet de s'enrichir grâce au commerce des
produits parfumés. L'industrie se développe autour des onguents, des pommades et des pâtes
parfumées.
Au début du Moyen-Age, dès le XII éme siécle l’influence du monde arabe par les échanges
commerciaux et les croisades, va étendre l’utilisation et le succès du parfum grâce à la
découverte de la distillation et la culture des plantes à parfum. En Europe, l’extension du
christianisme fait petit à petit régresser les parfums et l’usage des cosmétiques car encore trop
associés à des rites païens. Toutefois, l'utilisation des onguents, des huiles, de l'encens et de la
myrrhe perdure dans la liturgie.
3- les parfums dans la Bible
Cette introduction un peu développée était nécessaire pour réellement comprendre, l’histoire,
le rôle et la symbolique du parfum dans les religions et ainsi mieux introduire pourquoi les
parfums sont si présents dans la Bible.
Tout d’abord d’où venaient ces parfums
Un passage de la Genèse nous renseigne à ce sujet, un verset tiré de l’histoire de Joseph vendu
par ses frères à des nomades est intéressant car il nous précise que déjà un commerce des
résines et des plantes a parfum existait au Moyen Orient . Les pays de la corne de l’Afrique, la
Nubie, ceux du Moyen Orient, l’Irak, l’Iran, ainsi que les rivages de la Méditerranée
récoltaient des gommes, cultivaient des plantes, qui étaient ensuite acheminées à dos de
chameaux dans de longues caravanes qui traversaient les différents déserts vers l’Egypte,
important consommateur de parfum à l’époque.
Genèse 37 - 25 Ils
s’étaient assis pour prendre leur repas quand, levant les yeux, ils aperçurent une
caravane d’Ismaélites qui arrivait de Galaad. Leurs chameaux étaient chargés de résine et de parfums
précieux qu’ils transportaient en Égypte.
Galaad, situé en Jordanie, près du Jourdain et du mont Hébron était une région très fertile et
productrice de gommes odoriférantes. L’Ethiopie et l’Erithrée, l’ancienne Nubie, était aussi grande
pourvoyeuse de produits odorants, parmi les quels la civette, sorte de petit chat sauvage, dont le
parfum puissant était considéré comme aphrodisiaque et était acheminé dans des cornes de buffle pour
ne pas s’altérer. C’est un de ces voyages qui nous est relaté dans ce passage du 2 ème livre des
chroniques
2 Chronique 9 - 1 La
reine de Saba avait entendu parler de Salomon et elle vint pour le mettre à l’épreuve
par ses énigmes : elle arriva avec d’énormes richesses, des chameaux chargés de parfums, de l’or en
grande quantité ainsi que des pierres précieuses.
Dans ce verset apparaît une dimension nouvelle de l’usage du parfum, la notion de cadeau et de
séduction. Et nous savons combien ils furent efficaces sur Salomon. Ce double usage du parfum,
comme objet de cadeau ou de séduction, est toujours bien présent aujourd’hui dans nos traditions
sociales.
Jusqu’à présent nous ne parlions que de parfums, de résines odorantes, sans précision sur le l’origine
botanique de ces parfums. L’encens, le plus connu, est pour la première fois mentionné, au début du
Livre de l’Exode, ce qui confirme le fait que c’est en Egypte que les Hébreux ont découvert cette
résine et qu’ils l’ont gardé pour leurs propres rites.
Dans ce passage, Yahvé demande à Moïse, toute une liste d’offrandes que les Hébreux devaient lui
offrir. On retrouve là également de manière évidente ce que nous évoquions avec les peuples primitifs
qui offraient aux dieux les prémices de leurs récoltes. Mais par contre dans une relation radicalement
différente car ce n’est plus l’homme qui décide le choix de ce qu’il offre aux dieux, mais le Dieu
unique qui demande les offrandes qu’il désire pour lui.
s’adressa à Moïse et lui dit : •2 « Tu demanderas aux Israélites de verser une
contribution pour moi, et tu recevras toutes leurs offrandes volontaires. 3 Voici les produits que tu
accepteras en contribution : l’or, l’argent et le cuivre, … 6 l’huile pour la lumière, le parfum pour
l’huile et pour l’encens..
Exode 25 – 1 Yahvé
Quelques chapitres plus loin, Yahvé donne ses instructions à Moïse pour la préparation et l’utilisation
de cet encens. Qui nous le voyons n’est pas de l’encens pur mais un mélange de différents produits
odorants. C’est de ce passage qu’est venu le nom générique d’encens, tel que nous les utilisons dans
nos liturgies et qui sont aussi des mélanges odorants adaptés aux différents temps et fêtes liturgiques
Exode 30 - 34 Yahvé
dit à Moïse : « Prends en quantité égale de la résine odoriférante, du styrax, du
galbanum odoriférant et de l’encens pur. 35 Tu en feras un parfum à brûler, comme en font les
parfumeurs, salé, sans mélange et saint. 36 Tu le réduiras en poudre et tu en mettras devant le
Témoignage et dans la Tente du Rendez-vous où je viens te trouver. Ce sera pour vous une chose très
sainte. 37 Vous ne ferez pas pour vous de l’encens semblable à celui-ci, car c’est un encens réservé à
Yahvé. 38 Celui qui en ferait un semblable pour le respirer, serait retranché de son peuple. »
Pour la première fois, il est précisé de manière claire par Yahvé, la distinction entre le parfum réservé
pour le sacré et celui pour le profane. Le sel quant à lui était employé comme conservateur et pour
aider à la combustion. Et voici comment ce mélange était brûlé :
Genèse 30 - 1 Tu
feras un autel pour faire fumer l’encens, tu le feras en bois d’acacia. 2 Sa longueur sera
d’une coudée, sa largeur d’une coudée, il sera carré et sa hauteur sera de deux coudées. …. 7 Là, chaque
matin, Aaron fera fumer l’encens parfumé ; il arrangera les lampes et fera brûler l’encens. 8 Quand
Aaron allumera les lampes à la tombée du jour, il fera encore fumer cet encens perpétuel devant
Yahvé. Cela sera pour les générations et les générations. 9 Vous ne ferez pas brûler sur cet autel un
encens profane. Vous n’y ferez non plus, ni sacrifice par le feu, ni sacrifice ordinaire, ni offrande de
liquide.
Premier texte liturgique signifiant l’usage de l’encens comme offrande perpétuelle à Dieu, offrande
qui n’est plus le seul fait du désir de l’homme d’obtenir des bonnes grâces mais bien la réponse à une
demande de Yahvé, de lui manifester respect et adoration. Nous sommes passés de la superstition à la
reconnaissance du Dieu unique et à son adoration perpétuelle. C’est ce que nous retrouverons plus tard
dans la prière de l’Eglise, louange et adoration perpétuelle offerte à Dieu par tous les priants. De plus
la distinction entre parfum et holocauste demandé par Yahvé, signifie deux aspects bien distincts de
notre relation à Dieu, expiation et adoration. Sacrifice et offrande. Séparés dans l’ancienne alliance
mais unis, rassemblés dans le Christ, dans la Nouvelle Alliance. Qui en sa personne a fait offrande de
sa vie en signe de respect et d’obéissance à son Père dans le sacrifice de la croix pour le pardon de nos
péchés.
Qui avait la charge de faire monter ces fumées bien distinctes vers Yahvé ? Nous en avons une
réponse dans :
1 Chronique 6 – 34 Aaron
et ses fils faisaient fumer les sacrifices sur l’autel des holocaustes et sur
l’autel des parfums ; ils s’occupaient de tout le service des rites sacrés et du rite de l’expiation pour
Israël, selon tout ce qu’avait ordonné Moïse, serviteur de Dieu.
Ce sont les prêtres, ceux qui ont reçu l’onction qui sont en charge du temple de faire brûler l’encens
parfumé pour l’autel de Yahvé dans le Saint des Saints où se trouvait l’Arche de l’Alliance. Voici
introduit d’une certaine manière, la notion de ministère. C'est-à-dire d’hommes choisis parmi le peuple
pour assurer les rites de dévotion à Dieu
Aaron a été choisi parmi tous les vivants pour présenter l’offrande au Seigneur, avec l’encens
d’agréable odeur, afin que le Seigneur se souvienne de son peuple et lui pardonne ses péchés.
Sir 45, 16
Les rites évoluent, se simplifient et l’on voit apparaître l’usage de l’encensoir
Prenez chacun votre encensoir et mettez dedans de l’encens, puis chacun fera
l’encensement devant Yahvé (250 encensoirs !) Toi et Aaron, vous aurez aussi chacun votre
encensoir. »
Nombre 16 - 17
Un autre passage dans le livre de la Genèse nous confirme le rôle des odeurs et de leur efficacité pour
obtenir les bonnes grâces de Dieu, son pardon. Dieu touché par la bonne odeur du sacrifice renonce au
châtiment envers les hommes. C’est la miséricorde de Dieu qui s’exprime ainsi en
Genèse 8 - 21 Yahvé
sentit la bonne odeur et il dit en son cœur : « Je ne maudirai plus jamais la terre à
cause de l’homme, car les pensées du cœur de l’homme sont mauvaises dès sa jeunesse, je ne
recommencerai plus à frapper les êtres vivants comme je l’ai fait.
Plusieurs passages de l’Ancien Testament font ainsi référence à cette bonne odeur des sacrifices ou de
l’encens, ou à l’odeur agréable, sentis par Dieu qui l’incite à la miséricorde, au pardon des péchés.
Mais alors si Dieu est si sensible aux odeurs agréables des sacrifices, aux parfums qui s’élèvent vers
lui, c’est qu’il a du nez. Pas dans un sens anthropologique bien sur mais spirituel. Mais qui est ce Dieu
si sensible aux odeurs, qui a besoin de l’odeur d’animaux sacrifiés, de parfums voluptueux pour
décider de ne plus détruire la terre. Est-ce vraiment l’odeur de la viande grillée qui a su le convaincre ?
Ou n’a-t-il pas senti en même temps un autre parfum plus discret ? Le parfum du respect, de
l’adoration qui anime Noé et à travers lui toute l’humanité. Un parfum qui continue de s’élever malgré
le péché, un petit parfum presque insensible, mais que rien n’efface, qui rend l’homme capable de
Dieu, même quand il lui a tourné le dos ; un petit fumet qui ne cessera jamais de monter jusqu’au ciel,
un parfum par lequel Dieu et l’homme sont liés à jamais. Et c’est ce parfum si particulier de la foi de
l’homme, même la plus discrète, qui est agréable à Dieu et lui fait renoncer à tous châtiments.
Cependant l’homme doit être conscient que dans notre monde le mal rôde, en effet même si ses
pensées sont mauvaises dès sa jeunesse, il doit faire tout ce qu’il peut pour repousser le mal loin de lui.
On retrouve ici ce rôle de purification du parfum, pas uniquement contre les mauvaises odeurs, mais
surtout contre les mauvaises pensées, démarche de purification de notre vie, démarche de conversion,
à laquelle tout baptisé est appelé
Tobie 6 - 17 Lorsque
tu seras entré dans la chambre, prends le foie et le cœur du poisson et pose-les sur
les braises de l’encens. L’odeur se répandra, 18 et dès que le démon la sentira, il prendra la fuite.
Je t’assure qu’on ne le reverra plus jamais rôder autour de la jeune fille.
Nous avons évoqué au début les vertus thérapeutiques et de conservation de certains produits
aromatiques qui étaient utilisés par les égyptiens pour embaumer les morts, nous retrouvons la
trace de ces pratiques chez les Hébreux, dans le livre de la Genèse 50, 2-3.
Joseph ordonna aux médecins qui étaient à son service d’embaumer son père, et les médecins
embaumèrent Israël. 3 Cela dura quarante jours, car tel est le temps nécessaire pour l’embaumement.
ou dans le livre des Chroniques
Aza se coucha avec ses pères, il mourut dans la quarante et unième année de son règne.
l’enterra dans le tombeau qu’il s’était fait creuser dans la Cité de David. On le coucha sur un lit
tout recouvert d’aromates et de parfums préparés à la manière des parfumeurs, et l’on fit en son
honneur un feu magnifique.
2 Chronique 16 - 14
14 On
Le parfum objet de culte, pour Dieu, pour nos morts, de cadeau, de purification, d’offrande,
mais aussi de séduction car lié à la beauté.
Esther 2 – 12 Durant
12 mois les jeunes filles se préparaient : pendant 6 mois elles se parfumaient avec
de l’huile de myrrhe, et pendant les 6 autres mois avec des parfums et des produits de beauté
pour femmes. Après ce temps occupé par les soins de beauté, chaque jeune fille à son tour devait se
rendre auprès du roi.
Nous pourrions interpréter ce passage comme l’image de deux temps, qui étaient donnés aux
jeunes filles pour se préparer à la rencontre de leur roi. Deux temps, pour nous baptisés,
comme l’Avent et le Carême, qui nous sont aussi donnés dans notre vie de chrétiens pour
nous préparer, préparer notre cœur, le rendre plus beau pour pouvoir rencontrer nous aussi
notre roi, le Christ, Dieu humble qui à Noël se fait homme et de notre roi souffrant, Dieu
humilié, qui en Jésus donne sa vie sur la croix
Une autre propriété importante du parfum est de susciter la mémoire, de rendre présent par sa
puissance évocatrice un souvenir, une personne et ceci parfois de manière très précise. Le
souvenir d’une personne est intimement lié à son odeur ou à son parfum. Combien de jeunes
filles reprennent le parfum de leur mère en souvenir de la tendresse maternelle qui les a
accompagné pendant leur enfance.
La mémoire de Josias a un parfum d’encens préparé avec tout l’art du parfumeur,
c’est comme un miel doux à la bouche, c’est comme une musique au milieu du festin et des vins.
Siracide 49 – 1
N’est-ce pas un des sens de l’usage de l’encens dans nos liturgies, honorer Dieu, mais
manifester une présence ? Faites sentir de l’encens à n’importe quelle personne, elle vous
répondra immédiatement : que cette odeur lui rappelle l’église, la messe, même si cette
personne n’est plus rentrée dans une église depuis longtemps.
Et la messe, le sacrement de l’eucharistie est pour nous chrétiens, ce sacrement qui nous fait
revivre chaque dimanche, la mort et la résurrection du Christ, qui nous fait revivre et nous
redit la présence du Christ, ressuscité, vivant au milieu de nous aujourd’hui et cela même si
nous ne le voyons pas physiquement. Voilà pourquoi l’encens qui s’élève au dessus de l’autel
est à la fois signe d’adoration mais également signe d’une présence.
Comme nous le voyons le parfum est très présent et signifiant dans l’Ancien Testament. Il est
peut être moins dans le Nouveau, mais sa symbolique reste tout aussi forte.
Bien sur le passage que nous connaissons tous, est celui de l’adoration des rois mages devant Jésus
dans l’évangile selon Matthieu
ils entrèrent dans la maison, ils virent l’enfant avec Marie sa mère et ils se prosternèrent pour
l’adorer. Ils ouvrirent alors leurs coffres et lui firent des cadeaux : de l’or, de l’encens et de la myrrhe.
Mt 2 11
De l’or comme à un roi, de l’encens pour honorer sa divinité, et la myrrhe pour souligner son
humanité et sa sépulture parce que c’était le parfum dont on embaumait les morts.
Rituel que nous retrouvons dans le geste symbolique que fait Marie, en offrant du parfum à Jésus,
nous ne savons pas de manière précise de quelle Marie il s’agit, Marie sœur de Marthe ou
Marie de Magdala, Marie Madeleine, qui deviendra la patronne des parfumeurs. Le geste de
cette Marie est un événement très marquant, car rapporté par les quatre évangélistes. Geste
prophétique dans le sens où il préfigure la passion et la mort de Jésus. Mort qui nécessitera
l’embaumement de son corps comme le voulait la tradition juive.
Matthieu 26 – 1 une femme s’approcha de lui. Elle apportait un vase d’albâtre avec du
parfum de myrrhe de grande valeur, et elle répandit le parfum sur sa tête pendant qu’il était
allongé avec les invités. 8 En voyant cela les disciples s’indignèrent : « Pourquoi ce gâchis ?
9 On aurait pu vendre ce parfum très cher et donner l’argent aux pauvres. »
10 Mais
Jésus s’en aperçoit et il leur dit : « Pourquoi cherchez-vous des ennuis à cette femme ? Ce
qu’elle vient de faire pour moi est une bonne œuvre. 11 Des pauvres, vous en avez toujours avec vous,
mais moi vous ne m’aurez pas toujours. 12 Elle préparait déjà ma sépulture quand elle a versé sur
mon corps ce parfum de myrrhe.
Elle a fait ce qui lui correspondait : elle a embaumé par avance mon corps pour la
sépulture.
Marc 14 – 3
Jean 12 – 1 Six
jours avant la Pâque, Jésus vint à Béthanie, là où était Lazare, celui que Jésus avait fait se
lever d’entre les morts. 2 Là on lui prépara un dîner ; Marthe faisait le service et Lazare était l’un des
convives aux côtés de Jésus.
3 Or voici que Marie prend un flacon de parfum, du vrai nard extrêmement cher, et elle le
verse sur les pieds de Jésus ; puis elle lui essuie les pieds avec ses cheveux pendant que l’odeur du
parfum remplit la maison.
Le nard est sans doute l’un des plus anciens parfums orientaux connus. Il s’agit sous forme d’huile,
d’un parfum de couleur ambrée, à l’odeur puissante et capiteuse. C’était un parfum très rare et de
grand prix, réservé aux grands personnages. Dans certaines traductions, il est cité dans le Livre des
Cantiques.
Seul Luc ne rapporte pas cet événement comme annonçant la mort de Jésus, pas de manière explicite
en tout cas et d’ailleurs il est le seul à ne pas nommer le nom du parfum que Marie apporte au pied de
Jésus, car ce n’est pas le parfum qu’elle répand d’abord sur les pieds de Jésus, mais ses larmes, larmes
de souffrance, larmes de repentir, larmes de compassion peut être en pensant à ce que Jésus va vivre
dans sa passion, l’évangéliste ne nous le dit pas.
Luc 7-36 Un
Pharisien avait invité Jésus à manger chez lui. Il entra dans la maison du Pharisien et
s’allongea pour le repas. 37 Or dans cette ville il y avait une femme connue comme pécheresse.
Sachant que Jésus était à table dans la maison du Pharisien, elle se procura un vase précieux rempli de
parfum. 38 Elle se tenait en arrière, aux pieds de Jésus, et elle pleurait. Bientôt ses larmes
commencèrent à inonder les pieds de Jésus. De ses cheveux elle les essuyait et les embrassait
longuement puis elle y versait du parfum. »
Luc donne à ce geste de Marie une portée théologique dans le sens où il nous permet de découvrir, de
croire, que le don de la vie de Jésus sur la croix est le signe de la miséricorde de Dieu qui nous dit que
le Christ est venu pour les pécheurs que nous sommes, et qu’il a donné sa vie pour nous sauver.
Sauvés, libérés du mal, de la haine nous pourrons à notre tour répandre autour de nous, la bonne odeur
du Christ, la bonne odeur de l’amour.
Lorsque vous serez sortis du milieu des peuples et que je vous aurai rassemblés du milieu
des pays où vous avez été dispersés, vous serez pour moi comme un parfum d’agréable odeur.
C’est alors que, par vous, je ferai voir aux nations ma sainteté.
Ezéchiel 20 – 41
Comme l’encens répandez une odeur agréable, faites éclore vos fleurs comme le lys,
donnez votre parfum et chantez un cantique. Bénissez Yahvé pour toutes ses œuvres !
Siracide 39 – 14
2 Corinthiens 2 – 14 Remercions
Dieu qui nous entraîne toujours dans la marche victorieuse du Christ et se
sert de nous pour répandre en tous lieux le parfum de sa connaissance ! 15 Si le Christ est la victime,
nous sommes l’odeur du sacrifice qui monte vers Dieu, nous sommes la bonne odeur du Christ.
Mystère de la nouvelle Alliance, qui nous fait découvrir que nous sommes appelés à devenir la bonne
odeur du Christ, comme le Christ offrande véritable au Père, fut pour Dieu le parfum unique, suprême
victime offerte pour nous donner la vie, nous sommes en lui, par lui, avec lui, l’encens offert à Dieu,
nous sommes le parfum agréable à Dieu, pour le pardon de nos péchés. Par la miséricorde de Dieu et
par le sacrifice de son Fils : Nous sommes la bonne odeur du Christ.
4- Les principaux parfums cités dans la Bible
Approfondissons maintenant quelques parfums qui sont mentionnés à plusieurs reprises dans
différents passages de la Bible, tels l’encens, la myrrhe, le cèdre et le cyprès, le lys. Le
galbanum n’est cité qu’une fois mais dès le début de la Bible et à la demande de Yahvé.
Nous découvrirons à travers les écritures toute la symbolique qu’ils développent et pourquoi
ont-ils été aussi souvent utilisés dans la tradition juive. Nous verrons comment ces parfums
nous rejoignent, aujourd’hui dans notre foi et comment ils peuvent nous aider à percevoir
toute la richesse de la Parole de Dieu.
l’encens : l’encens est une gomme, une résine recueillie sur un arbuste qui pousse en Arabie.
Son nom encens, vient du verbe latin « incensum » qui signifie « ce qui est brûlé ». Il existe
une autre traduction latine pour l’encens qui est « thus ou thuris », qui a donné thuriféraire,
dénommant le ministre ou le servant plus spécifiquement en charge de l’encens pendant les
célébrations. L’encens est le premier parfum de l’humanité. Déposé sur des charbons, il
dégage une fumée odorante. Pour mieux brûler, il est réduit en petit grains, selon les rites ou
les temps liturgiques on peut lui adjoindre d’autres matières odorantes, le benjoin, la rose.
L’usage de l’encens pour honorer les divinités est un des rites universels commun à plusieurs
cultes, et plusieurs cultures, L’encens était une denrée rare et précieuse, c’est pourquoi elle
était offerte aux dieux, mais aussi à des personnages de marque, à des rois, rappelez-vous le
cadeau de la reine de Saba à Salomon et des mages à l’enfant Jésus.
Dégageant en brûlant une fumée bien visible, l’encens est devenu pour le peuple d’Israël le
symbole de la prière qui monte vers Dieu. « Que ma prière, Seigneur, s’élève comme l’encens
devant ta face, comme mes mains levées pour l’offrande du soir » dans Ps 140. L’Apocalypse
reprend cette liturgie Apo 8,3-4
3 Un autre ange est venu, qui se tenait à côté de l’autel de l’encens, et on lui a remis un encensoir
d’or avec beaucoup d’encens ; c’étaient les prières des saints qu’il devait présenter devant Dieu sur
l’autel d’or, l’autel de l’encens. 4 Et la fumée de l’encens, c’est-à-dire les prières de tous les saints, est
montée vers Dieu de la main de l’ange.
Durant les trois premiers siècles de l’Eglise, les chrétiens ne firent pas usage de l’encens.
Très utilisé dans les rites païens, il y avait risque de confusion. Ce n’est qu’à partir de la
conversion de l’empire Romain au IV siècle que l’usage de l’encens prend sa place de
manière grandissante dans la liturgie chrétienne où il reçut progressivement une signification
plus riche et plus profonde en référence à l’Ancien Testament.
L’encens symbole de la prière qui monte vers Dieu mais est aussi marque d’adoration
rendue à Dieu, à l’image du Christ qui s’est offert à son Père en signe d’adoration et
d’obéissance. C’est également une marque d’honneur dont on entoure les personnes et les
objets qui sont offerts à Dieu. De plus l’odeur de l’encens nous invite à nous mettre en
présence de Dieu
Ainsi dans les messes solennelles l’évêque ou le prêtre, encense la croix, le Corps et le
Sang du Christ sur l’autel. En lien avec le sacrifice du Christ, offert pour nous sauver du
péché. L’Evangéliaire est aussi encensé avant la lecture de l’Evangile en signe de respect et
d’adoration de la Parole de Dieu. L’encensement des fidèles, est un honneur rendu au Christ
présent en eux.
C’est la raison pour laquelle, la dépouille mortelle des baptisés est encensée lors de la
célébration des obsèques, par ce geste l’Eglise honore la créature que Dieu a faite à son
image, et également en signe de l’honneur qui est du à un temple de l’Esprit Saint.
la myrrhe : La myrrhe est une gomme résine aromatique produite par l’arbre à myrrhe. La
gomme résineuse est récoltée sur le tronc d’arbre d’où elle suinte naturellement. Elle était
récoltée dans la région du Yémen et transportée à dos de chameau dans tout le bassin
méditerranéen. Son commerce déclina avec l’arrivée du christianisme qui ne retint que
l’encens pour la liturgie. Elle y est pourtant souvent associée dans l’Ecriture. Ainsi dans le
Cantique des cantiques 4,6
Avant que ne souffle la brise du soir et que déjà les ombres s’effacent, j’irai à la montagne de la
myrrhe, aux collines de l’encens,
Sir 24,15 Comme
le cinnamome j’ai donné mon parfum, comme les plantes odoriférantes ; comme les
sèves aromatiques j’ai répandu ma senteur, comme le baume et la myrrhe de choix, comme les
vapeurs de l’encens dans le sanctuaire.
Elle évoque aussi la joie des noces, les joies de l’amour avec une certaine sensualité toujours dans
le Cantique des Cantiques : Cantique 1 13 Mon aimé m’est un sachet de myrrhe reposant entre mes seins
La myrrhe dans le Nouveau Testament se rapporte toujours à Jésus, de sa naissance à sa mort.
Jésus après son simulacre de procès est condamné à mort et porte sa croix jusqu’au Golgotha, je
cite St Marc : 22 Ils conduisirent Jésus à l’endroit qu’on appelle Golgotha. 23 Arrivés là, ils lui
donnèrent un mélange de vin et de myrrhe mais Jésus ne voulut pas en prendre. On lui offre de la
myrrhe car celui qui est immortel par nature s’est anéanti lui même jusqu’à mourir pour nous sur une
croix. Le vin depuis la Cène, depuis son dernier repas avec ses disciples, c’est le sang du Christ,
l’alliance du vin et du parfum précieux de la myrrhe est le symbole du mystère des noces de
l’Agneau, de cette vie nouvelle dans le Christ qui nous est offerte par sa mort et sa résurrection.
Ainsi la myrrhe de sa naissance jusqu’à sa mort a accompagné le Christ, St Jean 19 : 39 Nicodème vint
aussi, celui qui au début avait rencontré Jésus de nuit ; il amenait près de 100 livres d’huile, de
myrrhe et d’aloès. 40 Ils prirent le corps de Jésus et l’enveloppèrent de bandes par-dessus les huiles
parfumées, comme c’est la coutume chez les Juifs pour ensevelir.
Voilà pourquoi certains Pères de l’Eglise ont associé les larmes de myrrhe récoltées sur l’arbre que
l’on doit blesser, inciser pour récupérer la gomme, aux larmes du Christ, larmes du Christ devant le
tombeau de Lazare, devant Jérusalem et au Mont des Oliviers.
La myrrhe symbolise les souffrances du Christ, qui sont à la base de notre salut. Jésus n’a pas été
indifférent à nos misères humaines, mais il a communié avec elles, il les a portées, dans sa chair,
jusqu’à la croix pour que nous soyons sauvés.
le galbanum :
Le galbanum est une gomme issue des racines d’un arbrisseau qui pousse en Iran ou Afghanistan et
qui est toujours utilisé en parfumerie. Son parfum est obtenu par distillation de ses racines, ou en
récoltant la gomme après incision du bulbe
le galbanum n’est cité qu’une fois dans la Bible mais sa symbolique est très importante. Rappelezvous dans le livre de l’Exode lorsque Yahvé s’adresse à Moïse
Exode 34 Yahvé
dit à Moïse : « Prends en quantité égale de la résine odoriférante, de l’ongulum, du
galbanum odoriférant et de l’encens pur. 35 Tu en feras un parfum à brûler, comme en font les
parfumeurs,
Le galbanum dégage en brûlant une fumée acre et de ce fait il était utilisé pour éloigner les serpents.
Mélangé à du vin et de la myrrhe, il est efficace contre les piqûres de scorpions. Sa faculté à éloigner
les animaux nuisibles, lui confère une symbolique particulière que certains auteurs antiques associent
aux forces du mal.
Le galbanum est le signe, le symbole de notre humanité enracinée dans la terre et tout ce qu’elle
représente. Il est intéressant de constater que Yahvé dans la constitution de la première offrande
mélange en quantité égale l’encens de la divinité avec le galbanum de notre humanité. Dieu n’est pas
loin de l’homme, il ne peut se dissocier de notre humanité, et la preuve c’est qu’il a envoyé son Fils,
qui a pris notre condition humaine pour nous dire, nous donner la Parole de Dieu, et aussi nous
prendre dans sa mort et sa résurrection. Par le Christ, avec le Christ, Dieu ne peut recevoir notre
offrande que si elle est empreinte de notre humanité.
le cèdre : La symbolique du cèdre est principalement associée au cèdre du Liban. Les mésopotamiens
dédiaient le cèdre aux temples (superbes panneaux au Musée du Louvre). Dans leur mythologie, le
cèdre protégeait l’homme des démons. Les Egyptiens l’utilisaient également pour les portes de leurs
temples. Le cèdre était également utilisé dans les rites d’embaumement pour purifier et rendre
incorruptible l’âme du mort. Certains sarcophages étaient en bois de cèdre. Origène au II siècle disait
« Le cèdre ne pourrit pas, faire du cèdre les poutres de nos demeures, c’est préserver l’âme de la
corruption ».
Dans la Bible, le cèdre par sa ramure imposante est symbole de force, de longévité, il est
également utilisé pour la construction des palais et des temples. Salomon vers 976 avant JC utilisa
largement le bois de cèdre pour la construction du premier temple de Jérusalem, c’est ainsi qu’il
s’adressait au roi Iram
2 Chroniques 7 Envoie-moi
du Liban du bois de cèdre, du cyprès, du bois de santal, car je sais que tes
serviteurs savent abattre des arbres du Liban ; mes serviteurs travailleront avec les tiens. 8 Ils me
prépareront du bois en quantité, puisque la maison que je désire construire doit être grande et
magnifique.
•
1 Roi s 14Salomon
construisit la Maison et l’acheva. 15 À l’intérieur, les murs étaient couverts depuis le
sol jusqu’au plafond avec des planches de cèdre ; tout l’intérieur était couvert de bois et le sol était
couvert d’un plancher de cyprès. 16 Le fond de la Maison était recouvert de planches de cèdre depuis le
sol jusqu’au plafond : c’est là qu’il construisit le Saint des Saints.
Le cèdre, matériau hautement symbolique, mais comme toute odeur, tout parfum, moyen de séduction,
de dire la beauté d’une femme, comme de manière très poétique dans le Cantique des Cantiques :
Cantiques 4 11 Tes
lèvres, épouse, distillent du nectar, lait et miel se cachent sous ta langue,
et la senteur de tes vêtements est comme le parfum du Liban.
Le cèdre n’est pas cité dans le Nouveau Testament mais une vieille tradition dit que le bois de la croix
aurait été fait en cèdre pour la traverse et en olivier pour le pieu. Nous retrouvons là deux symboles
forts, celui du cèdre pour ses qualités purificatrices de l’âme et l’olivier symbole de la Vie. Deux
vérités que Jésus a rassemblées en lui sur la croix.
le cyprès : la symbolique du cyprès depuis bien longtemps est celle de la vie éternelle, son feuillage
toujours vert, son bois imputrescible, son odeur qui rappelle celle de l’encens. Cet arbre sacré chez de
nombreux peuples, grâce à sa longévité et à sa verdure persistante est appelé « arbre de vie ».
C’est certainement la raison pour laquelle c’est l’arbre qui orne les cimetières. En signe de la vie
éternelle donnée par le Christ à tous les baptisés.
Dans la Bible, le cyprès est toujours associé au cèdre comme bois de construction (passage précédent
de Salomon). Dans Isaïe au chapître 55 nous retrouvons cette notion d’éternité que symbolise le cyprès
13
Le cyprès se lèvera à la place du buisson, et l’on verra le myrte à la place de l’ortie ;
ce sera un honneur pour Yahvé, un signe éternel qui ne disparaîtra pas.
le lys : Le lys symbolise la pureté et la beauté. Le lys est cité à plusieurs reprises dans le Cantiques des
Cantiques pour décrire la beauté et la pureté de la bien aimée:
2 1 Je
2
5 13
suis comme les roses de Sharon,
comme le lys des vallées.
Comme un lys parmi les broussailles,
telle est ma compagne entre toutes les filles.
Ses joues sont des massifs de baume,
un parterre de plantes odorantes.
Ses lèvres sont des lys,
elles distillent la myrrhe vierge.
Dans le livre de Ben Sirac, le lys est associé à l’encens pour donner encore plus de beauté à la prière
de louange pour rendre gloire à Dieu
39 14 Comme
l’encens répandez une odeur agréable, faites éclore vos fleurs comme le lys, donnez votre
parfum et chantez un cantique. Bénissez Yahvé pour toutes ses œuvres !
Et puis ce passage de Matthieu au chapitre 6 28Voyez comment sortent les lys des champs et
instruisez-vous. Ils ne peinent pas, ils ne tissent pas, 29 mais je vous dis que Salomon dans toute sa
gloire n’était pas habillé comme l’un d’eux.
5- le parfum et sa symbolique dans la liturgie chrétienne
Tout au long de son histoire, l’Eglise a utilisé les parfums dans la liturgie. Le parfum
évoque ce qu’il y a de plus intime chez quelqu’un. Quand deux personnes se rencontrent, les
deux parfums se mêlent unissant en profondeur ces deux personnes. Or l’amour s’adresse à ce
qu’il y a de plus personnel chez quelqu’un. (Mgr Raymond Bouchex 17/08/2007)
La liturgie doit solliciter tous nos sens pour nous permettre d’entrer pleinement dans le
mystère que nous célébrons, j’ai envie de dire corps et âme.
Concentrons-nous sur celui qui nous intéresse aujourd’hui, l’olfaction, Quelques
exemples où notre sens olfactif est sollicité dans une église ? Le parfum des fleurs. L’eau
de toilette un peu puissante de la personne qui est devant moi. L’odeur de la cire chaude des
cierges. Et pendant la liturgie, l’encens et le Saint Chrême.
le saint Chrême :La messe chrismale, appelée ainsi parce qu’elle est la messe au
cours de laquelle l’évêque va bénir les saintes huiles, consacrer le Saint Chrême. Le Saint
Chrême est de l’huile d’olive mélangée à un parfum spécialement composé à cette intention.
C’est un mélange d’huiles essentielles de lavande, de romarin, de bergamote, lié à des baumes
de benjoin, de vanille.
La consécration du Saint Chrême est le signe de la reconnaissance par Dieu de la place
des parfums dans la vie humaine, comme nous l’avons vu tout au cours de l’histoire des
hommes et l’affirmation de leur rôle dans la liturgie.
En effet le parfum tient une grande place dans la vie humaine. Il suffit de voir le
nombre de nouveaux parfums mis sur le marché chaque année, des publicités autour du
parfum qui inondent nos journaux ou nos abribus, la place qu’il tient dans les cadeaux. Cette
importance vient que le parfum est devenu au cours des siècles le symbole de l’amour, de
l’amour que nous voulons montrer ou donner aux autres, et bien sur de l’amour que nous
voulons recevoir des autres ou susciter chez les autres.
Nous trouvons dans le parfum toutes les harmoniques de l’amour. Le parfum comme
l’amour est lié à la fête, à la joie, à la beauté. Il évoque la gratuité, il n’est pas indispensable
mais il change la vie. Il attire l’attention sur une personne même si on ne la voit pas. Il permet
d’identifier quelqu’un ou un lieu.
De plus le parfum se mêle naturellement à l’air ambiant, créant ainsi une atmosphère
particulière. Il en est de même de l’amour que l’on ne peut pas voir mais qui change le climat
d’une rencontre, d’un groupe. Repensons au flacon de Marie Madeleine sur les pieds de Jésus.
Son geste, nous dit Jésus, sera annoncé dans toutes les nations parce qu’il est le signe de
l’amour que cette femme lui a manifesté
A l’inverse du parfum une mauvaise odeur évoque le contraire de l’amour, elle
repousse au lieu d’attirer, une mauvaise odeur exprime le rejet, le refus, l’éloignement, la
séparation, la haine et la mort. Ne dit-on pas de quelqu’un que l’on aime pas « je ne peux pas
le sentir » ou que « la haine empoisonne l’atmosphère ». C’est pourquoi on utilise des
parfums pour assainir pour purifier l’air et chasser les mauvaises odeurs. Exemple de
l’immense encensoir de St Jacques de Compostelle. L’amour lui aussi, quand il est vrai
purifie le climat, l’atmosphère empoisonnée des relations sociales.
Immense est la palette des effets du parfum, aussi vaste que celle des effets de
l’amour. Il ne faut donc pas nous étonner que le parfum et le langage du parfum tiennent
depuis toujours une grande place dans les religions. Pour nous en tenir à la religion d’Israël et
au christianisme, nous avons vu que les références au parfum sont très nombreuses. Et si le
parfum tient une telle place dans tradition juive et chrétienne, qu’il s’agisse de l’autel du
sacrifice, de la prière, de la consécration des personnes, de l’embaumement des défunts, c’est
parce qu’il est le signe privilégié de l’Esprit Saint qui est l’Amour du Père et du Fils et par qui
l’amour de Dieu est répandu dans nos cœurs. L’Esprit Saint parce qu’il est l’Amour, est
source de beauté intérieure, de la joie du cœur, de l’intimité avec Dieu, de la gratuité du don,
de l’attention à Dieu et aux autres, de la présence continuelle de Dieu en nous.
Jésus est le Christ, celui qui a été oint, qui a été consacré par l’onction de l’Esprit
Saint, pour être la présence et la révélation de l’amour de Dieu. Son sacrifice, le don de sa vie,
fait du Christ le parfum par excellence, l’odeur agréable à Dieu, parce qu’il s’est offert dans
l’obéissance et l’amour, vivant jusqu’au bout ce qu’il a toujours dit « il n’y a pas de plus
grand amour que de donner sa vie pour ceux que l’on aime ».
La consécration du St Chrême nous révèle que Dieu fait du parfum, le moyen par
lequel il nous donne son propre parfum qu’est le Saint Esprit. Cela se réalise spécialement par
les sacrements où est utilisé le St Chrême. Par le baptême Dieu donne aux baptisés le parfum
de l’Esprit Saint qui leur apporte l’amour, la purification de la mauvaise odeur du péché, qui
fait d’eux dans le Christ des fils ou des filles comblés de joie, de beauté, d’intimité divine, de
fraternité dans l’Eglise et de rayonnement apostolique. Par la confirmation, Dieu donne aux
confirmés le parfum de l’Esprit Saint, par lui, il leur redit sa joie de les avoir choisis dans le
Christ pour ses fils et ses filles et il leur confirme son choix. Par le parfum de l’Esprit Saint, il
leur donne la capacité de grandir dans l’amour pour lui et les uns pour les autres et il les
appelle à trouver leur vocation pour être le parfum du Christ au cœur de l’Eglise et du monde.
Par le sacrement de l’ordre, Dieu donne aux évêques et aux prêtres le parfum de
l’Esprit Saint qui les remplit de l’amour de Dieu, qui les consacre au Christ dans tout leur être,
qui les envoie annoncer le parfum de l’Evangile, comme le dit notre pape François, répandre
le baume du pardon de Dieu sur nos blessures et nos fragilités, offrir au nom du peuple
chrétien le parfum du sacrifice du Christ, le parfum de l’amour.
Tout au long de son histoire, dans le prolongement de la tradition juive, l’Eglise a
utilisé les parfums dans la liturgie : l’encens, le St Chrême, les fleurs. Dieu se communique à
nous et nous allons à lui avec tous nos sens : la vue, l’ouie, le toucher, le goût et l’odorat. A
l’Eglise, aux apôtres, aux baptisés est confiée la mission d’être le parfum du Christ, dans la
liturgie comme dans l’annonce de l’Evangile. Il faut remettre le parfum à l’honneur dans nos
liturgies, il nous rappelle que nous avons été marqué du St Chrême, le parfum indélébile de
Dieu, le parfum de l’Esprit Saint, le parfum de l’Amour.