L`histoire d`un homme qui fut un garçon sans histoire !
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L`histoire d`un homme qui fut un garçon sans histoire !
Revue de presse Marc Deaubliaux Une tragédie contemporaine L’histoire d’un homme qui fut un garçon sans histoire ! Même s’il s’agit d’un roman, « Deux garçons sans histoire » s’inspire de l’enfance de l’auteur. Elève dans un collège privé, il raconte une « amitié particulière » - de celle que la bourgeoisie des années 70 réprouve. Il aura fallu plus de trente ans à Marc Desaubliaux pour oser réveiller ses souvenirs… C e roman est une tragédie moderne sur l’amitié très forte qui lie deux garçons de 13 et 15 ans et qui balaye d’un regard aiguisé une certaine France. On y croise une rigueur bourgeoise et catholique, le poids des traditions, l’éducation au sens le plus strict… Deux garçons, élèves dans un collège privé et catholoique, vont comme tant d’autres, faire leur crise d’adolescence, leur apprentissage de la vie. Pour l’auteur, Marc Desaubliaux « à partir du moment où tout est étouffé, lorsqu’on ne peut rien dire - dans le cas de mon roman la cause en est le milieu social -, alors tout explose à un moment donné. Je voulais aussi montrer en allant aussi loin dans le tragique, qu’un adolescent qui n’a pas de communication avec sa famille par exemple, peut très mal réagir face aux événements ou aux sentiments que la vie lui demande d’affronter ». « Deux garçons sans histoire » est une course folle, une montée en puissance qui tend vers un dénouement inéluctable et tragique. L’écriture de ce roman a nécessité quatre ans de labeur à l’auteur, quatre ans d’une écriture qui lui a demandé de replonger dans une période trouble de son développement où se mêlent la découverte de l’homosexualité, les rapports avec un milieu social qui ne le comprend pas, un père absent, une mère surprotectrice… Sébastien, le héros du roman, se mure peu à peu dans sa crise d’adolescence et dans sa relation avec son unique ami, son alter ego. « C’est l’absence de communication qui est source de problèmes. Qu’un jeune ne puisse pas parler à ses parents est la pire des choses qui puisse arriver. Qu’un gamin de quinze ans se cherche dans sa sexualité c’est tout à fait normal. D’ailleurs, je pense que nous avons tous une part plus ou moins grande d’homosexualité enfouie en nous » confie Marc Desaubliaux. Le masque des apparences « C’est un sujet délicat à traiter d’une manière générale, même si la société est bien plus apte à entendre ce type de discours aujourd’hui. C’est aussi une douleur pour moi, Sébastien est bien entendu mon double très romancé. J’ai réveillé par l’écriture de cet ouvrage des choses que je croyais guéries et en même temps, je voulais donner au roman un style le plus simple possible, une écriture mélodieuse, musicale ». Roman intimiste « Deux garçons sans histoire » est une véritable plongée dans un monde oubliée, la France de Pompidou, la France des Trente Glorieuses, la France qui ne doute de rien et pourtant qui se cache derrière les masques d’un autre temps. Marc Desaubliaux dépeint avec brio, noirceur, tristesse parfois, cette époque où chacun devait grandir dans le moule défini par ses parents. Mais cette France craque, même lorsqu’on a 15 ans dans une ville de province… Ce roman est sans aucun doute extrêmement poignant, douloureux même parfois tant les rapports humains sont tendus, les non dits pesants… « J’ai hésité longtemps avant de le publier, c’est le résultat d’un milieu familial, d’une éducation qui me faisait hésiter, me demander sans cesse si j’ai le droit de publier un livre qui sonne comme une critique d’un milieu social tout entier… » livre Marc Desaubliaux. Marc Desaubliaux, auteur de 3 romans, a écrit durant plus de trente ans sans ressentir le besoin d’être publié. « Deux garçons sans histoire » sortira en mars lors du Salon du Livre, il attend et redoute les critiques des lecteurs. INTERVIEW Deux Garçons sans histoire, une tragédie moderne est votre dernier roman. Pouvez-vous nous le présenter ? Marc Désaubliaux : c’est l’histoire de deux garçons de quinze et treize ans élevés dans un collège catholique, et qui vont se prendre d’une amitié très forte qui va les conduire vers un dénouement tragique. Vous dites que Sébastien est votre double romancé, mais jusqu’où vous ressemble-t-il ? Marc Désaubliaux : oui, il est véritablement mon double sur trois aspects : il est d’une très grande timidité, il est très introverti et replié sur lui-même, et a une relation privilégiée avec sa mère, bien que dans mon cas la relation mère fils n’était pas aussi forte. Il me ressemble aussi sur le fait qu’il rêve beaucoup et s’échappe dans des univers inventés notamment pour la musique. Par contre sur le plan scolaire par exemple, il est un élève médiocre ce que moi je n’étais pas jusqu’à ma rencontre avec un garçon en classe de troisième, qui fut le moment de mon effondrement en terme de résultats scolaires. En effet comme Sébastien j’ai moi-même eu un véritable coup de foudre pour un garçon qui était de mon collège. Comme mon personnage je ne comprenais pas ce qu’il m’arrivait. C’est donc un roman autobiographique ? Marc Désaubliaux : pour partie oui pour partie non. Autobiographique dans la ressemblance que j’ai avec Sébastien en termes de personnalité, et pure fiction mais dans l’intensité de la relation qu’il vit avec Jean-Denis par exemple. Les deux personnages se rencontrent dans un collège catholique pour garçons. Un milieu masculin où la femme est « exclue »? Marc Désaubliaux : oui complètement, c’est un univers purement masculin, les filles sont inexistantes, certains, comme Sébastien, ont un véritable besoin d’exprimer leurs pulsions de toutes les façons, mais finalement la seule qui leur paraitra possible est celle de se tourner vers les garçons. Notons quand-même que si Sébastien s’était trouvé dans un établissement mixte, les choses ne se seraient pas du tout passées comme ça. Il aurait pu tomber amoureux d’une fille, mais en cachette car il penserait que sa mère n’accepterait pas qu’il aime une autre femme On comprend vite que les sentiments d’admiration de Sébastien pour Jean-Denis vont évoluer vers des sentiments amoureux aussi parce que nous sommes dans un collège pour garçons…. Marc Désaubliaux : au début il ne comprend rien et au fil du temps il commence à deviner et à mettre un nom sur les sentiments qu’il éprouve. Pour réaliser finalement qu’il est amoureux de Jean-Denis, même s’il se refuse d’employer ce terme parce qu’il devine bien que ce qu’il fait est mal et reprouver par la morale de sa famille, de son collège, et de toute la société. Il imagine être un monstre, car il croit qu’il est le seul à qui cela arrive. Il faut dire qu’à cette époque ce genre de relation était au mieux très mal vue, et au pire inacceptable. On peut donc parler d’homosexualité entre ces deux jeunes hommes ? Marc Désaubliaux : on parlera plus d’une expérience du moins au début de leur rencontre. Il ne l’identifiera jamais comme ça, ce n’est pas quelque chose de définitif, à cet âge là, rien n’est jamais décidé, acquis. Ce livre est écrit de manière à être le plus abordable possible. Marc Désaubliaux : je l’ai voulu avec un style clair est assez simple. Il faut dire que c’est le résultat d’année travail pour simplifier un style qui à l’origine était assez compliqué. J’aborde donc toujours un style accessible mais en évitant toujours de tomber dans le simpliste. Dans quelle condition a-t-il été écrit ? Marc Désaubliaux : c’est un roma qui a plus de 30 ans. A l’origine, il a fini une première fois à la corbeille. Il a ensuite muri dans un coin de ma tête. Et comme j’ai toujours habité le même quartier, celui où j’ai vécu cette histoire platonique avec ce garçon, cela me rappelait la nécessité d’écrire ou de réécrire cette histoire. Et il y a 4 ans, j’ai pris la décision de le faire définitivement, j’avais pris le recul nécessaire, même si la souffrance de cette expérience malheureuse était toujours là au fond de moi. J’étais près à l’écrire jusqu’au bout cette fois. Pensez-vous que ce livre est aussi un message aux jeunes d’aujourd’hui, à la crise d’adolescence ? Marc Désaubliaux : oui c’est un message pour les jeunes dans la mesure où beaucoup d’entre eux peuvent vivre ce que j’ai vécu. Je pense qu’aujourd’hui encore ce genre d’épreuve nourrit une très grande solitude quand on n’a pas la chance d’avoir un entourage aussi bien familial qu’amical sur lesquels on peut se reposer.