La cheville : de la prévention des entorses externes à l
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La cheville : de la prévention des entorses externes à l
Transversales Par Romain Terrier1,3, Nicolas Forestier 1,2, Pierre Bavazzano2 et Pascal Toschi3 3 1 - Laboratoire de Physiologie de l'Exercice (E.A. 4338). Université de Savoie 2 - UFR CISM - Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportives. Université de Savoie 3 - CEVRES Santé, Savoie Technolac La cheville : de la prévention des entorses externes à l'optimisation de la performance sportive Présentation du dispositif MyoluxTM En effet, (cf figure 3) la zone postérieure du talus est moins large que la zone antérieure. Ainsi, la largeur de la pince bi-malléolaire restant égale en toutes circonstances, la congruence* mécanique entre les malléoles et le talus est d’autant moins bonne lorsque le pied est en flexion plantaire. Finalement, les structures passives n’autorisant pas une congruence* convenable, seule une contraction musculaire active permet de stabiliser efficacement l’arrière pied. Figure 1 : Ostéologie du pied Illustration issue de Brizon et Castaing (1965) Figure 2 : Vue dans le plan sagittal d'un pied droit avec matérialisation de l'axe de Henke en rouge 1 - Rappels Anatomiques L’arrière pied, interface directe entre le sol et l’homme en locomotion, est une structure particulièrement instable puisqu’il n’existe aucune insertion tendineuse sur le talus (anciennement astragale, cf. figure 1). Cette instabilité est conditionnée par la configuration de l’articulation entre le talus et le calcaneus (anciennement calcacéum), l’os le plus volumineux du tarse qui se situe sous le talus. Figure 3 : Vue supérieure d’un pied. Le talus est moins large en arrière, ce qui accentue l’instabilité de l’arrière pied en situation de flexion plantaire. Illustration issue de Brizon et Castaing (1965). 32 - AEFA N°202 - Juin 2011 Comme l’illustre la figure 2, cette mécanique sous-talienne est organisée autour de l’axe de Henke (42° par rapport à l’axe sagittal et en suivant une direction de dehors en dedans et d’arrière en avant). L’instabilité de l’arrière pied est encore plus importante lorsque la cheville est en flexion plantaire. La figure 4 (page ci-contre) illustre les tendons des muscles éverseurs (face externe) et des muscles inverseurs (face interne) qui, de par leurs trajets respectifs, permettent d’assurer une bonne stabilité de l’arrière pied. Finalement, il apparaît qu’une activation efficace des éverseurs et inverseurs est nécessaire à la stabilisation de l’arrière pied. L’activation des éverseurs, les muscles fibulaires principalement, est particulièrement intéressante dans le cadre de la prévention des entorses externes de cheville qui peuvent être définies comme des mouvements d’inversion de trop grande amplitude, au delà des limites élastiques d’un ou plusieurs des trois faisceaux du ligament latéral externe (LLE). Plus généralement, cet article consiste à illustrer que la stabilisation musculaire active de l’arrière pied est susceptible de servir à deux objectifs qui ont un intérêt certain dans le domaine sportif, et notamment en athlétisme, à savoir la prévention des entorses et l’optimisation de la performance. * La congruence représente le niveau d'emboîtement de deux surfaces articulaires. miter le risque de récidive. Il convient de rapidement passer en revue l’évolution des réflexions à ce sujet. 2.2 - Les méthodes de rééducation fonctionnelle Figure 4 : A gauche : Face externe de l'arrière pied. Les tendons des muscles éverseurs (fibulaires) permettent de stabiliser la cheville contre les mouvements d'inversion. A droite : Face interne de l'arrière pied. Les tendons des muscles inverseurs (tibial postérieur et fléchisseurs communs des orteils) permettent de stabiliser la cheville contre les mouvements d'éversion. Illustration issue de Brizon et Castaing (1965) 2 - La prévention des entorses 2.1 - L’entorse externe de cheville L’entorse externe de cheville est la lésion la plus fréquente du système musculo-squelettique (Linford et coll. 2006; Williams et coll. 2007). En effet, elle représente à elle seule 25% de l’ensemble des traumatismes sportifs (O’Loughlin et coll. 2009). Plus problématique, d’après Anandacoomarasamy et Barnsley (2005), 75% de ces traumatismes engendrent un syndrome d’instabilité chronique de la cheville qui conditionne un taux de récurrence traumatique élevé de l’ordre de 28% (Swenson et coll. 2009). Dans le cas précis de l’athlétisme, une étude épidémiologique récente (Edouard et Morel 2010) s’est attachée à caractériser l’ensemble des blessures survenues lors de la saison 2008-2009 dans deux clubs de niveau National. Les données ont révélé que 100% des blessures observées affectaient les membres inférieurs, et que 9% de ces traumatismes représentaient des atteintes de l’articulation de la cheville. L’entorse externe de cheville engendre des conséquences économiques importantes puisque, en France, le montant direct de leur prise en charge est estimé à plus d’un milliard d’euros par an. Figure 5 : Matérialisation de l'axe de Henké, qui conditionne le mouvement d'inversion de l'arrière-pied, au moyen d'un articulateur De plus, les coûts indirects liés à l’absentéisme dans le milieu sportif ou dans le milieu professionnel ainsi que leurs répercutions sociétales ne sont pas négligeables. Dès lors, l’optimisation des méthodes de rééducation fonctionnelle apparaît comme indispensable dans le but de li- Freeman et coll. (1965) ont proposé une hypothèse selon laquelle la stabilité de la cheville serait assurée par une boucle de rétroaction qualifiée de proprioceptive. En d’autres termes, ce sont les retours d’informations fournies par des mécanorécepteurs périphériques de type articulaires, musculaires, tendineux ou encore cutanés en direction du Système Nerveux Central (SNC) qui conditionneraient la mise en jeu de réflexes musculaires protecteurs. L’entorse de cheville étant associée à une altération des mécanorécepteurs périphériques, Freeman et ses collaborateurs argumentèrent en faveur d’une méthode rééducative basée sur une sollicitation des mécanorécepteurs par un travail sur plan instable afin de rétablir la performance de cette boucle rétroactive. C’est ce principe qui, encore à ce jour, fait référence dans le monde de la kinésithérapie. Pourtant, dès 1988, Thonnard démontrait de manière très convaincante que l’optimisation de la boucle de rétroaction ne permet pas de protéger efficacement la cheville contre les risques traumatiques. En effet, alors que le mécanisme lésionnel s’opère en 30 millisecondes environ, de nombreux travaux attestent que le délai de la boucle de rétroaction (i.e. le temps nécessaire pour activer les muscles fibulaires qui contrent le mouvement lésionnel) nécessite de 60 à 80 millisecondes. Ainsi, il semble que seul un mécanisme de pro-activation, c’est à dire une activation des muscles fibulaires anticipée par rapport à la pose du talon au sol, permette de protéger efficacement la cheville de manière à limiter le risque d’entorses ainsi que leurs récidives. C’est dans cet esprit que l’orthèse Myolux Medik™ a été développée par la société CEVRES santé basée sur le technopôle de Savoie Technolac, au Bourget du lac (73). 2.3 - Le dispositif Myolux Medik™ Comme nous l’avons mentionné auparavant, les caractéristiques du mouvement d’inversion, potentiellement traumatique, sont conditionnées par la configuration de l’articulation sous-talienne organisée autour de l’axe de Henké. Les figures 5A (position neutre) et 5B (inversion) matérialisent cet axe de rotation au moyen d’un articulateur. Juin 2011 - AEFA N°202 - 33 ➟ Transversales • D’autre part des stratégies dites de délestage qui consistent à protéger la cheville lorsqu’une déstabilisation en inversion survient. Le délestage permet de retarder l’instant d’occurrence du pic de force verticale sur le membre déstabilisé (qui correspond à l’instant le plus critique pour le risque traumatique), ce qui laisse le temps de mettre sa cheville en protection au moyen d’une activation des muscles fibulaires. Figure 6 : Le chausson Myolux MedikTM permet de reproduire fidèlement le mouvement d'inversion de l'arrière pied au moyen de son articulateur Le département scientifique de la société CEVRES santé, en collaboration étroite avec le Laboratoire de Physiologie de l’Exercice (E.A. 4338) du département STAPS de l’Université de Savoie ont réalisé un certain nombre de travaux permettant de déterminer si le dispositif Myolux™ favorisait l’émergence de ces mécanismes de défense naturels. 2.4 - Les principales études 2.4.1 - L’activation anticipée des muscles fibulaires Figure 7 : A gauche la condition marche normale, à droite avec Myolux Medik. En haut les profils d'activité du court fibulaire, en bas du long fibulaire. Les traits verticaux rouges représentent l'instant de pose du talon au sol, alors que les traits verticaux en pointillés noirs représentent les occurrences d'activation musculaires. Les zones surlignées en jaune mettent en évidence l'activation anticipée des fibulaires en condition de marche avec l'orthèse Myolux MedikTM Comme l’illustrent les figures 6A (posi- ➟ tion neutre) et 6B (inversion), le Myolux Medik™ est un chausson équipé d'un articulateur d'arrière-pied qui externalise la mécanique sous talienne et autorise la reproduction fidèle du mouvement traumatique. Figure 8 : En bleu, le profil de force verticale sous l’appui déstabilisé, en noir l’activité électrique du long fibulaire. La première inflexion du profil de force verticale objective la stratégie de décharge utilisée par le sujet afin de retarder l’occurrence du pic de force verticale. De ce fait, l’activation des fibulaires (ici, seul le long fibulaire est représenté) peut anticiper cet instant critique pour le risque traumatique 34 - AEFA N°202 - Juin 2011 En reproduisant le mouvement traumatique, l’objectif est en quelque sorte de transposer le principe du vaccin à la problématique de l’entorse de cheville. Il s’agit finalement d’ “agresser“ l’organisme dans des proportions parfaitement contrôlées afin que ce dernier développe deux types de mécanismes de défense naturels. • D’une part une activation anticipée des muscles fibulaires par rapport à la pose du talon, telle qu’évoquée précédemment. Cette stratégie permet de verrouiller la cheville et ainsi d’éviter les déstabilisations en inversion. Cet aspect a fait l’objet d’une étude publiée dans la revue International Journal of Sport Medicine (Forestier et Toschi, 2005). Les auteurs ont comparé les délais entre la pose du talon au sol et l’activation des muscles fibulaires lors de la marche normale (non appareillée) d’une part et de la marche équipée de l’orthèse Myolux Medik™ d’autre part. Dans le cas de la marche normale, les fibulaires s’activaient en moyenne 144 millisecondes après la pose du talon au sol. Au contraire, lors de la marche avec Myolux Medik™ les fibulaires s’activaient en moyenne 77 millisecondes avant la pose du talon au sol. Ce résultat est illustré par des données représentatives sur la figure 7. Ces données suggèrent que la déstabilisation d'une amplitude sub-traumatique de 15° engendrée par l’articulateur du Myolux Medik™ est contrôlée par une réorganisation du contrôle neuromusculaire de la cheville en locomotion. L’automatisation de la stratégie de pro-activation des fibulaires en locomotion offre ainsi de nouvelles perpectives efficaces en terme de rééducation et de lutte contre les récidives. 2.4.2 - Les stratégies de délestage Une étude récente (Terrier et Forestier, 2010, rédaction en cours) a cherché à évaluer si une déstabilisation en inversion engendrée lors de la marche au moyen d’un Myolux Medik™ permettait de solliciter les stratégies de délestage du membre déstabilisé, stratégies qui conditionnent la protection musculaire active et efficace de 2 b Une rééducation en locomotion (figure 9), qui permet de travailler dans les conditions réelles où une entorse est susceptible de se produire afin de développer des mécanismes de protection adaptés et réellement efficaces. Figure 9 : Equipé du Myolux MedikTM et au moyen de la pelote d'avant-pied, il est possible de se déplacer en marchant, en courant ou encore de reproduire des situations sportives variées l’automatisation des stratégies de délestage et de pro-activation des éverseurs. Néanmoins, comme l’a souligné Fayolle (2006), l’entorse externe de cheville et l’immobilisation articulaire temporaire subséquente engendrent une perte de force des éverseurs. La restauration du niveau de force de ces muscles est donc un objectif à part entière du processus de rééducation. Cependant, les travaux de Collado et coll. (2010) ont mis en évidence que le déficit de force persiste y comprit chez des sujets ayant suivi une rééducation dite traditionnelle. Figure 10 : Le chausson Myolux SoftTM utilisé pour la prolongation des soins à domicile la cheville au moment du pic de force verticale. La figure 8 illustre clairement le fait que la sollicitation du mécanisme de délestage semble être particulièrement optimisée si la déstabilisation survient lorsqu’un pourcentage élevé du poids du corps est appliqué sur le membre au moment de la déstabilisation (80% en l’occurrence). 2.4.3 - Renforcement musculaire des fibulaires L’utilisation du Myolux Medik™ en locomotion durant la rééducation optimise Par ailleurs, le mémoire de fin d’étude en kinésithérapie de Maréchal (2008) qui s’est attaché à comparer l’effet de trois protocoles de renforcement musculaires (travail analytique contre résistance manuelle, électromyostimulation et avec Myolux Medik™, chacun composé de 8 séances sur 4 semaines) sur la force des éverseurs en concentrique et en excentrique révèle que la force des éverseurs a augmenté de manière significative seulement au sein du groupe entrainé au moyen du Myolux Medik™. Il semble donc que ce dispositif soit effectivement adapté à la restauration et à l’entretien des capacités de force des muscles fibulaires. 2.4.4 - En résumé : les avantages du Myolux Medik™ Les avantages du Myolux Medik™ dans le cadre de la rééducation de l’entorse externe de cheville peuvent être synthétisés comme suit : 1 b Une spécificité de l’axe de déstabilisation. Fidèle au mouvement traumatique ce dernier permet de solliciter de manière optimale l’ensemble des mécanorécepteurs proprioceptifs de la cheville. 3 b Un renforcement musculaire ciblé sur les fibulaires, sur l’amplitude totale de l’articulation (45°), relatif au poids de corps réalisé, de manière excentrique (ralentissement de la “descente“ en inversion) et concentrique (“remontée“ en éversion explosive). Il reste cependant à vérifier si ces avantages se traduisent par une meilleure efficacité vis à vis de la prise en charge thérapeutique. C’est l’objectif des études cliniques. 2.5 - Validations cliniques Un suivi du taux de récurrence d’entorses externes de la cheville chez des patients traités avec le Myolux Medik™ a été réalisé sur quatre ans, en cabinet de kinésithérapie. Une cohorte de 66 individus a pris part à cette étude. Les résultats sont encourageants puisqu’ils attestent que seuls 12% des individus ont récidivé, contre 28% en moyenne dans le cadre d’une prise en charge thérapeutique classique (Swenson et coll. 2009). Une analyse plus fine des données révèle que lorsque les 10 séances initiales sont suivies d'une séance d'entretien mensuelle, le taux de récidive chute à 3%. Ce résultat suggère fortement que la protection articulaire active bien qu’optimisée par une rééducation avec Myolux Medik™ s’estompe avec le temps. Il apparaît donc opportun voire essentiel de proposer des « piqûres de rappel » afin d’entretenir l’efficacité de la vaccination contre les entorses externes de cheville. C’est dans cet esprit que le Myolux Soft™ (figure 10) a été développé. Ce dispositif miniaturisé prescrit par un médecin ou un kinésithérapeute permet la prolongation des soins à domicile. Une étude clinique d’envergure, indépendante et multicentrique, réalisée sur 216 patients, en collaboration avec les Hospices Civils de Lyon, est actuellement en cours dans l’objectif de tester l’efficacité d’un protocole de rééducation en cabinet de kinésithérapie avec Myolux Medik™ suivi par une prolongation des soins à domicile avec Myolux Soft™. Cette étude devrait permettre d’objectiver clairement les apports d’une telle prise en charge. ➟ Juin 2011 - AEFA N°202 - 35 Transversales Figure 11 : Illustration des contraintes sur la cheville, avec des appuis externes et en flexion plantaire particulièrement chargés, lors de différents lancers, tels que le marteau (à gauche), le disque (au centre) ou le javelot (à droite). Photos ASA Aix-les-Bains, championnat de France 2010 ➟ 2.6 - Les utilisations 2.6.1 - En réhabilitation Comme nous avons eu l’occasion de l’évoquer précédemment, le dispositif Myolux™ est utilisé en tant qu’outil de rééducation par les kinésithérapeutes. Une rééducation efficace doit être envisagée comme une démarche de prévention des risques de récidives. Une démarche strictement préventive apparaît d’autant plus pertinente. 2.6.2 - En prévention C’est dans le cadre d’une démarche de prévention pure que le service de santé des armées Françaises s’est intéressé au dispositif Myolux™. En effet, les personnels de l’armée sont particulièrement sujets aux risques d’entorses externes de cheville puisque le port prolongé des rangers contribue à déconditionner la protection articulaire active. Ce type de déconditionnement a clairement été mis en évidence chez les moniteurs qui portent durant la saison hivernale leurs chaussures de ski environ 6 heures par jour. 36 - AEFA N°202 - Juin 2011 L’impact de cette immobilisation temporaire sur les capacités proprioceptives de la cheville ainsi que sur la force des muscles fibulaires a récemment été objectivé (Picot 2010, Picot et coll. 2010). Ainsi, les moniteurs de ski en dehors des pistes en fin de saison comme les personnels de l’armée lors de leurs séances de préparation physique sans rangers sont tout particulièrement exposés au risque traumatique. Dans le monde du sport, certains clubs professionnels tels que le Chambéry Savoie Handball ou le CSBJ Bourgoin-Jallieu utilisent également le Myolux™ dans une démarche préventive. 2.6.3 - Intérêts en athlétisme Comme en témoigne la récente étude d’Edouard et Morel (2010) précédemment citée, les athlètes sont particulièrement confrontés au risque d’entorse externe de la cheville, et ce quelle que soit leur spécialité. Une analyse des appuis et des répartitions des pressions permet néanmoins de mieux cerner les contraintes et les risques associés. En effet, entre la pose d’appui du triple sauteur, du marcheur ou du lanceur de marteau, le projet de réalisation de performance est identique, mais les modalités d’effectuation sont différentes (angles, pressions, durées). 2.6.3.1 - Caractériser l’appui en athlétisme L’appui peut être défini comme « étant un support ou le soutien d’un corps ou d’un système. C’est une zone d’interaction de deux systèmes entre eux » (Bourdon et Renault 2010). En athlétisme, c’est « l’organisation corporelle que l’athlète met en place lorsqu’il est en contact avec le sol ou lorsqu’il entre en contact avec le sol pour, de façon efficace, créer une pression orientée et dosée en fonction de son intention » (Bourdon et Gozzoli 2006). L’intention, en lien avec le but de l’activité et les conditions réglementaires, implique des appuis spécifiques avec des pressions de natures différentes. 2.6.3.2 - L’efficacité des appuis « L’appui peut être considéré comme le principal élément de transmission des forces exercées au sol » (Bourdon et Re- Figure 12 : Compte tenu de l'instabilité de l'arrière-pied (en vert), un gainage musculaire apparaît nécessaire à l'optimisation des forces propulsives produites par les fléchisseurs plantaires (en rouge). Illustration issue de Brizon et Castaing (1965) nault 2010) par l’intermédiaire du pied posé au sol. L’athlète recherche donc une organisation corporelle qui lui permet de produire le meilleur compromis force / conservation de vitesse. Quatre types d’appuis sont investis dans la motricité athlétique de façon intense : « la création d’un déplacement du centre de gravité (CG), le maintien d’un déplacement du CG, la déformation de trajectoire du CG, la réduction du déplacement du CG » (Bourdon et Gozzoli 2006). Ces types d’appuis s’effectuent en utilisant des déplacements linéaires, en rotations, ou encore des enchaînements de sauts. L’efficacité des appuis est donc liée à ce que l’on appelle généralement la technique de l’athlète. Cette technique vise à produire le plus de force possible utilisable (loi d’action - réaction) en relation avec les possibilités musculo-squelettiques de l’athlète. La contradiction que doit donc gérer l’athlète est la recherche de rigidité du pied (donc de la cheville) tout en préservant des mobilités articulaires nécessaires à la réalisation d’appui (le balayage des secteurs d’impulsion dans les sauts par exemple). 2.6.3.3 - Des appuis sous haute pression ! La nécessité de produire des forces au sol importantes, afin d’animer le corps d’une grande vitesse pour construire les trajectoires les plus efficaces (bonds dans les sauts, jets dans les lancers ou foulées en course par exemple), implique des pressions d’appuis importantes. Ces pressions sont liées au déplacement plutôt horizontal de l'athlète devenant plutôt vertical avec une présence des deux composantes. 3 - L’optimisation de la performance sportive : le cas de l’athlétisme Selon la spécialité, on constate des pressions (ou des forces d’impulsion verticale) importantes. Par exemple en saut en longueur les mesures révèlent des valeurs de plus de 12 000 newtons (Klimmer, 1986), soit plus de douze fois le poids de corps de l’athlète alors qu’en sprint, ces valeurs représentent 950 newtons. Ces appuis sont complexes car ils intègrent des mouvements multidimensionnels comme les appuis en rotation dans certains lancers, la résistance à la force centrifuge dans les courses en virage, la nécessité d’attaquer par le talon en marche … D’où la nécessité d’apprendre à l’athlète des mécanismes d’anticipation et de protection de la cheville. Dans certaines disciplines, des préparateurs physiques et entraîneurs émettent actuellement l’hypothèse qu’un travail spécifique au moyen du Myolux Medik™ puisse optimiser le niveau de performance des sportifs en augmentant la capacité de gainage de l’arrière-pied. Comme le rappelle Tropp (2002), l’entorse de cheville résulte de l’application d’une pression excessive sur une cheville en inversion. De plus, l’excès de pression peut lui même induire une inversion et engendrer du même coup le traumatisme. On comprend dès lors que les activités athlétiques associées à des pressions importantes placent de fait l’athlète dans des conditions particulièrement risquées vis à vis du risque d’occurrence d’entorse externe de la cheville. Au sein du processus d’éducation athlétique, l’entraîneur doit intégrer des apprentissages nécessaires à la réalisation de ces appuis sous haute pression afin de limiter le risque traumatique et d’optimiser la performance. Cette éducation doit donc être ciblée sur plusieurs dimensions : multiplicité et variété des appuis, vigilance du maintien des alignements, gestion de l’intensité des appuis. Le travail avec un outil comme Myolux™ peut s’avérer pertinent afin de développer cette fameuse intelligence du pied qui nous est si chère en athlétisme. Au-delà des activités de courses et de saut, et comme nous l’avons déjà évoqué, les activités de lancers ne sont pas en reste vis à vis des contraintes appliquées sur la cheville. En effet, comme l’illustre la figure 11, les chevilles des lanceurs sont soumises à des contraintes importantes, en appui externe et parfois en flexion plantaire, situation particulièrement pathogène du fait de la moindre congruence du talus dans la pince bi-malléolaire (cf. paragraphe sur les rappels anatomiques). C’est notamment le cas de la Fédération Française de Gymnastique qui a engagé récemment une étude visant à évaluer l’effet d’un protocole de gainage de l’arrière pied (i.e. renforcement des éverseurs et inverseurs) au moyen du Myolux Medik™ sur la capacité de restitution de l’énergie élastique emmagasinée par le revêtement de sol et donc, par conséquent, sur la performance. En ce qui concerne l’athlétisme, Alain Troncal (2002) a insisté sur la nécessité d’ “apprendre à stabiliser le pied avant la propulsion pour offrir un appui solide aux muscles propulseurs“ et de “travailler le pied en renforçant les muscles qui ne sont pas propulseurs“. Ces conseils avisés doivent encore une fois être analysés au regard de l’instabilité “passive“ (i.e. mécanique) de l’arrière pied. Comme l’illustre la figure 12, les muscles propulseurs fléchisseurs plantaires sont insérés sur le calcaneus, l’os du talon. La faible congruence mécanique de l’arrière pied, également illustrée sur la figure 12, n’autorise pas une transmission efficace des forces propulsives. C’est pourquoi un gainage musculaire efficace de l’arrière pied semble théoriquement représenter un facteur de performance non négligeable, notamment pour les disciplines de course et de saut. Cette hypothèse nécessite néanmoins d’être étoffée de données objectives. Dans cet objectif, une collaboration entre la société CEVRES santé et le Laboratoire de Physiologie de l’Exercice d’une part et l’ASA Aix-les-bains d’autre part est actuellement en construction. Affaire à suivre… ■ ➟ Juin 2011 - AEFA N°202 - 37 Transversales ➟ REFERENCES • Anandacoomarasamy A., Barnsley L. 2005. Long term outcomes of inversion ankle injuries. Br. J. Sports Med. 39(3), 1-4. • O'Loughlin P. F., Murawski C. D., Egan C., Kennedy J.G., 2009. Ankle instability in sports. Phys. Sports Med. 37(2), 93-103. • Bourdon J.-P., Gozzoli C., 2006. L’athlétisme éducatif. Savoir Gagner. • Picot B., Caillat-Miousse J.L., Toschi P., ForestierN., 2010. Quel est l’impact de la chaussure de ski sur la proprioception de la cheville ? Kines. Sci. 506, 5-9. • Bourdon S., Renault J. 2010. Lexique athlé. Dictionnaire scientifique de l’athlétisme. AEFA, 200, 15-16. • Collado H., Coudreuse J.M., Graziani F., Bensoussan L., Viton J.M., Delarque, A. 2010. 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Marque le passage (pas pour le relayeur). 8. - Me rendrai. - Chemise grossière. 9. - A montré la voie olympique en 84 à Los Angeles. - Inoui mais fort désordonné ! 10. - Vieille habitude. - A l’entrée du stade. - Pronom. 11. - Nouveaux critères de classement en finale des Interclubs. 12. - Autonomiste voire dissident. VERTICALEMENT : 1. - Robes de chambre. 2. - Mauvaise soupe. - Malformation mal gênante pour la course à pied. 3. - Faisais le vide. - Le mois des Interclubs. - Phonétiquement : arme blanche. 4. - La tête de NAPOLEON le ventre de BONAPARTE. - Projectiles divers qui piquent, qui planent ou font des gros trous. 5. - Déplacera. - C’est trop mal foutu ! 6. - Note. - Le seul lanceur ayant dépassé l’hectomètre. - Donne le ton. 7. - A potron-minet. Vas-y ! - C’est pas brillant ! 8. - Avec Pierrot CARRAZ c’est le coach dans le vent ! - Ici. 9. - Erzatzs alimentaires. 10. - Vert et noir pour Arthur Rimbaud. - Savoyard voisin de Christophe LEMAITRE a même fait mieux que lui à BERCY. - A l’entrée du stade. 11. - Huile d’Orient. - Au bout du sautoir. - Note. 12. - Il est bondissant s’agissant du ballon chez certains collègues profs de gym ! Solution page 47