Lexique de Nicole Oresme - Le Trésor de la Langue Française
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Lexique de Nicole Oresme - Le Trésor de la Langue Française
INTRODUCTION Le lexique des oeuvres de Nicole Oresme, tout comme les lexiques précédemment publiés par les soins de l'Institut National de la Langue Française, est destiné à fournir des données aux rédacteurs du Dictionnaire du Moyen Français, en moyen français, en l'occurrence dans le domaine des traductions en moyen français, celles de Nicole Oresme. Il vise aussi à donner aux historiens de la langue une image plus complète du vocabulaire du moyen français dans un domaine qui n'appartient pas aux secteurs de ce qu'il est convenu d'appeler la "grande littérature". Ainsi que les autres lexiques, celui-ci est conforme à un certain nombre de normes, bien connues maintenant. Nicole Oresme est certainement l'humaniste qui a marqué de la manière la plus profonde le milieu du XIVe siècle par sa culture, mais aussi par son ambition. Sa culture est non seulement celle d'un théologien et d'un humaniste qui maîtrise parfaitement les disciplines traditionnelles, mais aussi celle d'un savant qui, dans le domaine des "sciences exactes", a acquis, au contact des oeuvres d'Aristote, des connaissances d'une ampleur et d'une qualité peu communes. Non content de publier un nombre impressionnant d'écrits philosophiques et théologiques en latin, il a mené à bien un projet ambitieux et original : doter la langue française d'un vocabulaire philosophique et scientifique, mais aussi créer une phrase mieux adaptée à des raisonnements qui ne relèvent plus de la thématique proprement littéraire. De fait, Nicole Oresme est le traducteur le plus fécond de ce milieu de siècle. L'intérêt de ses travaux a été reconnu officiellement par Charles V, qui lui a commandé la traduction1 du Livre des Ethiques, des Politiques, des Economiques et du Livre du Ciel et du Monde, et qui l'a récompensé en lui accordant l'évêché de Lisieux2. Autant de raisons pour analyser le vocabulaire d'Oresme et en mettre le résultat à la disposition des philologues, des linguistes et des historiens sous la forme d'un lexique. Les oeuvres d'Oresme retenues pour ce lexique sont les suivantes. Parmi les saisies intégrales3, effectuées par les services de l'INaLF, ont été exploités le Livre du ciel et du monde (c.1377 ; éd. A. D. Menut et A. J. Denomy, 1968 ; sigle C.M.), le Livre de Ethiques d'Aristote4 a) Texte (c.1370 ; éd. A. D. Menut, 1940 ; sigle E.A.) ; b) Commentaires (c.1370 ; éd. A. D. Menut, 1940 ; sigle E.A.C.). Relèvent de la saisie sélective le Livre de divinacions 1 La traduction proprement dite est accompagnée de gloses, et c'est dans ces commentaires qu'Oresme exprime ses idées personnelles sur telle question morale ou politique, générale ou contemporaine. 2 Pour une approche bibliographique, on consultera l'article "Nicole Oresme" du Dictionnaire des Lettres françaises - Le Moyen Âge, Fayard, La Pochothèque, 1992, p. 1072-1075. 3 Il convient de rappeler ici que ce lexique n'aurait pu voir le jour sous sa forme actuelle sans les instruments de travail que constituent les concordances établies par les services de l'INaLF, dirigés par Robert Martin, pour les oeuvres saisies intégralement, mentionnées plus bas. Pour les oeuvres ayant fait l'objet d'une saisie sélective, les auteurs des lexiques ont procédé au relevé des vocables qui leur ont paru intéressants du point de vue de la langue du moyen français, et les services de l'INaLF ont saisi le contexte concerné par chacun des vocables, de façon à en faire bénéficier les auteurs de lexiques. - La thèse de F. Meunier (Essai sur la vie et les ouvrages de Nicole Oresme, Paris, Lahure, 1857) présente quelques vocables que nous n'avons pas relevés dans notre corpus d'éditions modernes. C'est que cet ouvrage ne présente aucune référence. Quelques-uns de ces vocables ont pu être localisés. D'autres, appartenant sans doute à des manuscrits différents de ceux qui font l'objet d'un traitement dans les éditions modernes ou aux éditions de Vérard, ne l'ont pas été. - Les noms propres et les adjectifs dérivés n'ont pas été enregistrés, sauf cas particuliers. 4 En raison de leur ampleur, les commentaires ont fait l'objet d'une saisie particulière. (c.1366 ; éd. Coopland, 1952 ; sigle Divin. C.), le Traictié de la première invention des monnoies (c.1365 ; éd. Wolowski, 1864 ; sigle Monnoies W.), le Livre de Politiques d'Aristote (c.1372-1374 ; éd. A. D. Menut, 1970 ; sigle Pol. Arist. M.), le Livre de Yconomique d'Aristote (1374 ; éd. A. D. Menut, 1957 ; sigle Ycon. Arist. M.). La lemmatisation a été effectuée à partir de la graphie moderne5 du terme ; dans certains cas, notamment lorsque le mot n'existe pas dans la langue moderne, une adaptation, dans le sens d'une graphie actuelle, a été tentée, dans la mesure où le rattachement à un radical du français moderne est possible ; dans d'autres cas, le mot, non attesté, a été laissé tel qu'il figure dans le texte, à cette réserve près que, s'il s'agit d'un verbe à forme conjuguée, il se présentera sous la forme de l'infinitif, forme restituée. D'une façon générale, chaque fois qu'un écart important se manifeste entre la forme retenue et celle des exemples cités, le lemme d'un dictionnaire de référence (Godefroy, Tobler-Lommatzsch, FEW, Huguet, TLF) est mentionné entre crochets. Seuls les lexèmes font l'objet d'articles dans ce lexique. Toutefois, lorsque le besoin s'en est fait sentir, des mots grammaticaux y ont été introduits6. Au cours de la préparation du lexique, une attention particulière a été prêtée aux locutions et aux constructions, notamment en ce qui concerne les verbes7. Par ailleurs, dans le cas des adjectifs qualificatifs, la catégorie animé/inanimé a été indiquée ; la précision sujet animé/sujet inanimé n'est pas mentionnée dans les cas où le sémantisme du verbe ne donne lieu à aucune équivoque. Enfin, le pluriel des substantifs, surtout abstraits, a fait l'objet d'analyses et d'illustrations particulières. Étant des traductions du latin, les oeuvres d'Oresme comportent un nombre relativement important de néologismes et de créations non attestés8 ailleurs. Lorsque ces termes gardent la forme latine ou grecque, avec, éventuellement, les désinences latines ou grecques, ils n'ont pas été inclus dans le lexique. En revanche, s'ils ont fait l'objet d'une francisation, notamment à l'aide d'un procédé de suffixation française, ils y ont été accueillis. 5 Les accents circonflexes sont omis ou remplacés par s antéconsonantique si l'étymon en comporte un (cf. asne) ou par une voyelle en hiatus ayant existé dans l'histoire du mot (cf. aage). 6 Dans ce cas, tous les emplois ne sont pas forcément examinés. 7 Qqc. ou qqn mis entre parenthèses signifie que le complément n'est pas exprimé. 8 Le signe ∅ indique que le terme concerné n'est pas dans les documents lexicographiques consultés. Les domaines ou champs conceptuels sont quelquefois indiqués par des abréviations, en général aisées à lire, et qui ont été empruntées au Trésor de la Langue Française et reprises par le Dictionnaire du Moyen Français.