edito - Actulligence.com

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VigIE
la lettre d’information
du Master IECS de l’ICOMTEC
Janvier
Novembre
2006
2007
VigIE est disponible sur http://ie-poitiers.net
Contactez VigIE : [email protected]
p.1 p.2 p.3
p.4 p.5 p.6
p.7 p.8
p.9 p.10 p.11
E
Edito Dossier : Les contradictions de l’IE
Etonnant, non ? : Réussir sans l’IE Interview : Jean-Michel Monin Billet d’humeur : De bonnes résolutions pour l’intelligence économique ?
IE à l’international : Le Maroc
Portrait d’ancien : Thierry Hubière
A lire : Le réveil du samouraï, de Pierre Fayard
Site du mois : Bernard Carayon -IE.com
Actu : 2006 : l’année de tous les concours!
Agenda
d i t o
Toute l’équipe VigIE vous souhaite une
très bonne année pour 2007. Que celle-ci soit riche d’intelligence…économique et vous apporte à tous la réussite
professionnelle et personnelle !
Mais que nous réserve véritablement
l’année 2007 ? Cette question est sur
toutes les lèvres et fait la une de tous
nos magazines favoris.
L’équipe VigIE a aussi sa petite idée
sur la question et vous a donc concocté un éditorial spécial horoscope !
Bélier : vous ferez sans nul doute une
rencontre intéressante, par exemple,
Thierry Hubière issu de la P6 du DESS
intelligence économique de l’ICOMTEC,
devenu le Master intelligence économique et communication stratégique.
Taureau : bonne ou mauvaise, vous
n’hésiterez pas cette année à donner
votre humeur et à recueillir les impressions de vos confrères. Des échanges
passionnants en perspectives.
cultures : un voyage au Maroc en prévision ! Tout cela ne pourra être que
bénéfique et vous enrichir !
Lion : la tête dans le PC, le téléphone
greffé à l’oreille, vous êtes submergés
d’informations ! Privilégiez les sources
reconnues ou conseillées par d’autres.
Vierge : Si l’intelligence économique
c’est surtout et avant tout un état
d’esprit, il s’agit aussi d’en connaître
les outils…Vierge, vous découvrirez ce
qu’en pense Jean-Michel Monin, Directeur Général Délégué de Knowings.
Balance : cette année, rien ne vous
fait peur, votre volonté de réussite est
avivée par les challenges ! Une stratégie qui pourrait s’avérer payante et
vous gratifier de nombreux prix et récompenses en tous genres. Alors lan-
cez-vous !
Scorpion : 2007 sera l’année de toutes
les surprises. Des évènements étonnants vont venir pimenter votre vie et
vous n’hésiterez pas à en faire profiter
vos amis. Alors, gardez l’oeil ouvert !
Sagittaire : réveillez le stratège qui
est en vous et pourquoi ne pas prendre
exemple sur les samouraïs !
Capricorne : cette année, vous serez
un professionnel des salons, conférences, rencontres et débats en tous genres…attention, il va falloir tout planifier
et se munir d’un bon agenda.
Verseau : cette année sera placée
sous le signe de la réussite, vous surferez sur la vague du succès, particulièrement pour les natifs du premier décan. Point culminant de cette réussite :
le 6 février.
Poisson :
encore
une
année
exceptionnelle pour vous, décidément,
tout le monde vous envie ! D’autant plus
que dès janvier, vous vous régalerez
(on l’espère) à la lecture de la lettre du
Master IECS de l’ICOMTEC, VigIE.
Gémeaux : une fois de plus, vous
serez en plein paradoxe et ne saurez
éviter les contradictions… sans doute
de l’intelligence économique ! Il vous
faudra trouver rapidement des réponses et des solutions à ces querelles interminables si vous voulez progresser.
Claire Léquipé (P11)
Cancer : une envie de parcourir le
monde, de découvrir de nouvelles
Directeurs de la publication :
Nicolas Moinet, Directeur du Master IECS
Marie Tardieux,Responsable du projet VigIE
Marie Hoffmann, responsable adjointe
Rédactrice en chef : Claire Léquipé
Comité rédactionnel : Sébastien Aufort,
Hatim Benjelloun, Smaël Bouhnaida,
Grégoire Commeau, Gilles de Vivies, Marie
Hoffmann, Claire Léqupé, Xavier Millet,
Nicolas Ragot, Thibault Souchet, Marie
Tardieux, Odile Vincent
Conception graphique : Sébastien Aufort
D
o s s i e r
L’intelligence économique ou l’art de la contradiction…
Depuis quelques semaines,
le microcosme de l’IE est en
ébullition. Les spécialistes se
querellent par billets de blogs
interposés à la suite d’articles
décrivant quelques uns des
paradoxes de l’IE. Le débat
porte sur « renseignement et
espionnage » et sur le « triple
paradoxe de l’intelligence économique » décrit sur Agoravox.
En allant plus loin, l’équipe de
VigIE a voulu à travers ce dossier spécial revenir sur quelques unes des contradictions
de l’intelligence économique.
Et l’on sent rapidement que le
phénomène finalement n’est
pas si neuf, l’analyse tendant
à montrer qu’il s’agit encore d’une certaine recherche
d’identité pour notre spécialité.
Le travail n’est nécessairement pas
exhaustif. Il s’agit de pointer quelques unes de ces incohérences pour
pousser le débat. Nous en avons vu
sept, d’importance inégale, et souvent liées les unes aux autres.
Espionnage ou pas espionnage ?
De fait, impossible de parler IE sans
que les interlocuteurs divers (professionnels, universitaires ou même la
sphère politique, Bernard Carayon
par exemple) se mettent sur leurs
gardes : « attention à ne pas tout
mélanger » ! L’IE est ainsi sujette à
d’importantes guerres de chapelles
opposant farouchement parfois mais
toujours cordialement les défenseurs
de la transparence et de la « respectabilité » aux partisans d’une IE à la
James Bond.
Certes, les acteurs histoiques de l’intelligence économique sont, souvent,
issus du Renseignement ou de l’Armée : Alain Juillet est un ex-patron
de la DGSE ; la FépIE est dirigée
par l’Amiral Pierre Lacoste ; Datops
Consulting est dirigé par le Général
Jean-Bernard Pinatel. Mais nous ne
sommes pas dans un film d’espionnage et la guerre de l’information ne
donne pas droit à tous les coups bas.
Pourtant, la confusion et le paradoxe
entre IE, renseignement et espionnage restent bien présents et difficiles
à évacuer. Tous n’ont pas encore ad-
mis le principe selon lequel l’activité
illégale n’entre pas dans le champ de
l’intelligence économique.
Opacité ou respectabilité ?
Difficile ensuite de défendre la protection de l’information, de n’agir
bien souvent que dans le domaine
du secret et en même temps de s’affranchir d’une certaine méfiance à
l’égard de la profession. L’intelligence
économique a mauvaise presse. Très
peu de rédactions s’intéressent à la
question (même si une certaine évolution est perceptible) et quand les
journalistes décident de s’y attaquer,
ils ne la traitent que sous l’angle de
la barbouzerie ! Loin de nous cependant l’idée de blâmer les journalistes
et d’exacerber des différends déjà
importants.
Si l’IE est considérée comme un nouvel art de la guerre, dans la tradition millénaire des batailles subtiles
menées pour le pouvoir, ce n’est pas
non plus uniquement parce qu’elle
est pratiquée par des professionnels
issus de la sphère militaire comme
nous l’avons déjà évoqué. En effet,
la confusion est également liée à
l’utilisation massive et récurrente de
termes « guerriers » pour aborder la
discipline : war rooms, guerre économique, sécurité économique, marchés stratégiques…
Partage ou sécurité de l’information ?
La troisième contradiction est celle
qui torture les esprits innocents des
nouveaux étudiants de l’IE à qui l’on
évoque avec une importance égale le
partage ou la sécurité de l’information. Certains prétendent que l’avenir
de la société de l’information est dans
le partage de celle-ci, qu’une entreprise est d’autant plus forte qu’elle
est transparente, que c’est du silence
que naît la fragilité tandis que d’autres
font fortune des outils et conseils de
protection de cette information qu’il
faudrait à tout prix cacher. Culture
du partage ? ou culture du secret ?
Ces deux impératifs sont à l’évidence
complémentaires sur le terrain mais
peut-on demander à une même discipline de défendre ces deux cultures,
résolument opposées ?
Compétition / Coopétition / Coopération
Finalement, c’est là, le jeu économique qui est interrogé et sur ce jeu
d’acteurs là encore, le monde de l’IE,
tel qu’il s’est bâti, ne peut pour l’heure, s’en tenir à un seul discours. L’IE
accueille ainsi les défenseurs de la
coopétition, estimant qu’aujourd’hui
il n’est possible de progresser que
par les réseaux, les coalitions ponctuelles, géographiques ou thématiques, le benchmarking, etc. alors
que d’autres, se réclamant toujours
de cette intelligence économique y
voient l’outil d’une compétition plus
forte dans un monde chaque jour
plus concurrentiel et une culture de
méfiance généralisée. Confiance
et concurrence sont là encore deux
cartes à jouer dans les mains du dirigeant d’entreprise. Pas sûr pour
autant qu’il revienne aux mêmes
professionnels de les mettre en musique.
Défensive ou innovation ?
Dès lors, le lien est fait avec une cinquième contradiction. L’entreprise
entend à la fois user de l’intelligence
économique dans la poursuite d’une
stratégie défensive, sans cesse en
réaction à la concurrence, et d’autre
part, comme un soutien à la stratégie d’innovation et à l’esprit d’entreprise reposant sur la maîtrise de la
connaissance. Là aussi, la deuxième
posture suppose de s’affranchir de
la culture de la paranoïa et de la
réaction à l’autre. Ces deux visions
managériales
trouvent
pourtant
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aujourd’hui toutes les deux leurs places dans les formations à l’intelligence
économique.
Amont ou aval ?
Ces dernières contradictions interrogent sur le positionnement de l’intelligence économique. Intervient-elle
en amont ou en aval d’une stratégie ?
S’agit il de se construire en fonction de
l’environnement ? D’évoluer/changer
en fonction de ce même environnement ? Ou encore de vouloir agir sur
l’environnement pour le modeler à son
idée ? Il n’y a pas de réponse apportée aujourd’hui de manière unanime.
C’est le profil de poste, une fois dans
l’entreprise, qui donne le positionnement. A moins que cette conception
linéaire (amont / aval) ne nous égare
sur la route de la stratégie ...
Discpline ou transdisciplinarité ?
La dernière contradiction que nous
ayons relevée n’est pas anecdotique.
Nos enseignants martèlent chaque
jour l’exigence de transdisciplinarité,
l’IE étant au carrefour de nombreuses
fonctions stratégiques dans l’entreprise et les portefeuilles de compétences de ceux qui en ont ou en auront la
charge se devant d’être variés. Dans le
même temps, ces mêmes universitaires défendent leur discipline à corps et
à cris et plaident même pour la création d’une section de recherche académique. Que comprendre ? Le message
est quelque peu brouillé.
Un peu de temps…
Ces quelques contradictions méritent
d’être soulignées.
On nous rétorquera, avec raison, que
les choses ne sont pas toutes noires
ou blanches, que là où nous pointons
une contradiction, il y a souvent complémentarité, co-existence dans l’entreprise. Sans doute. Sauf qu’il nous
semble aussi dommageable que le
discours sur l’intelligence économique
et surtout la formation dans ce domaine ne parviennent pas à se saisir
de ces contradictions pour les corriger
par une clarification ou les assumer
par une différenciation plus marquée
des métiers.
Ces contradictions montrent donc
que la jeune intelligence économique
n’a pas encore clairement défini son
identité, qu’elle accueille en son sein
des personnalités aux parcours et aux
visions différentes. Ces tergiversations n’aident probablement pas à la
reconnaissance de notre domaine de
compétences et à l’identification de
ressources humaines dédiées.
Pour autant, il ne s’agit pas de vouloir se faire des nœuds au cerveau et
maintenir un débat trop peu constructif. C’est sans doute davantage par sa
pratique que l’intelligence économique
doit se construire et trouver la réponse à ses contradictions. Il faut donc
encore un peu de temps …
Claire Léquipé et Sébastien
Aufort (P11)
E
t o n n a n t
Réussir sans l’IE
En cette année 2007, VigIE a
décidé de s’étonner ! Et oui,
chaque jour, nous sommes
confrontés à des situations qui
nous surprennent. Mais aussitôt surpris, aussitôt oublié ! Le
monde est ainsi fait, on passe
d’une situation à une autre à
la vitesse grand V. L’équipe de
VigIE a pris de bonnes résolutions et veut désormais vous
proposer chaque mois un rapport d’étonnement. Document
synthétique où des faits « surprenants », pour l’auteur, sont
exposés.
Ce mois-ci plongeons au cœur
d’une PME Poitevine !
Un professeur, un cours, une rencontre… un rapport d’étonnement !
Dans le cadre du cours de M. Hannequin intitulé Intelligence Economique et Innovation, les étudiants
en deuxième année de Master IECS
(ICOMTEC) ont dû rencontrer des
chefs d’entreprise afin qu’ils retracent l’histoire de leur société et
qu’ils donnent leur vision de l’innovation.
Pour ma part, ce qui m’a le plus
marqué c’est le fait que la PME rencontrée n’est pas à l’écoute de son
environnement et n’envisage pas
les problèmes qui pourraient survenir. Elle réagit au lieu de faire de la
« pro action ».
La PME industrielle rencontrée est
spécialisée dans la sous-traitance
aéronautique. Elle pense être à l’abri
des problèmes, a confiance en l’avenir, ne surveille pas ses concurrents,
attend que les fournisseurs lui fassent part des innovations au niveau
des matières premières… Selon la
,
n o n
?
responsable de la PME, l’aspect relationnel (avec les fournisseurs, les
concurrents, les experts…) est un
atout majeur pour obtenir un marché ou pour, tout simplement, avoir
du travail régulièrement. En effet,
selon la PME Poitevine, seules quatre entreprises sont spécialisées
dans la sous-traitance aéronautique
en France. La devise de cette entreprise serait donc : « Pas d’inquiétude, chacun a ses clients réguliers, il
y a du travail pour tous ».
Cet état d’esprit est en partie contradictoire par rapport au problème
rencontré par l’entreprise suite aux
attentats du 11 septembre 2001.
Une très nette baisse de l’activité
l’a obligé à se diversifier dans la
construction de prototypes pour les
voitures. Malgré cette difficulté (attentats), qui certes ne semble pas
être prévisible a priori, la PME n’a
pas mis en place une politique de
gestion de l’environnement. Cela
s’explique certainement par le fait
que l’entreprise va être vendue d’ici
à trois ans pour cause de départ en
retraite de son dirigeant.
Les faits expliqués ci-dessus n’empêchent pas l’entreprise de se fixer
des objectifs pour les trois ans à
venir (création d’un laboratoire de
tests…).
Selon moi, cette PME doit son succès
à l’extrême qualité de ses produits
et à la bonne relation qu’elle entretient avec les acteurs du marché.
Mais elle n’a pas encore la culture
du traitement de l’information. Un
stagiaire en IE serait peut être un
déclic pour cette entreprise !
Marie Tardieux (P 11)
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Interview
Jean-Michel MONIN, Directeur Général Délégué de Knowings
VigIE : Quel a été votre parcours
professionnel (études, formations, emplois, ..) ?
JMM : Au niveau formation, je suis
diplômé de l’Institut de Sciences Politiques de Grenoble (1989). J’ai complété cette formation par un 3ème
cycle à Euromed Marseille.
VigIE : Pourriez-vous présenter
Knowings?
Jean-Michel MONIN : Knowings est
un éditeur français de solutions de
gestion de contenu et de travail collaboratif. Créé en 1999, Knowings est
aujourd’hui constitué de 23 collaborateurs répartis sur deux sites, à Lyon
(Rhône) et le siège social au Bourget
Du Lac (Haute Savoie).
Nos offres globales combinent des progiciels et des services associés et sont
destinées à :
- Aider les entreprises à gagner en
compétitivité en structurant leurs pratiques de veille et d’intelligence économique, de Knowledge Management et
de travail collaboratif.
- Aider les CCI et les organisations
professionnelles dans l’animation économique de leurs territoires, filières et
secteurs.
L’intelligence
Economique
est une pratique de plus en
plus outillée et méthodique
qui
permet
de
surveiller
les
informations
de
l’environnement
extérieur
d’une entreprise.
VigIE : Quelles sont vos missions
au sein de Knowings?
JMM : Je suis Directeur Général Délégué de Knowings. Je suis plus particulièrement en charge de trois activités :
le développement commercial et marketing de Knowings, les projets d’intégration et le support client.
Au niveau professionnel, j’ai été
consultant en stratégie et organisation pendant une dizaine d’années,
notamment au sein d’un cabinet de
conseil international (Ernst & Young).
J’ai quitté le métier du conseil à la
fin 2000 pour rejoindre Knowings et
m’intéresser à de nouveaux domaines : le Knowledge Management et
l’intelligence économique.
La veille est d’abord une
pratique métier, ancrée dans
un secteur, un marché, avant
d’être une technique.
VigIE : Comment définissez-vous
l’intelligence économique ?
JMM : L’intelligence économique est
une pratique de plus en plus outillée
et méthodique qui permet de surveiller les informations de l’environnement extérieur d’une entreprise.
Ce processus propre à chaque entreprise consiste à définir des objectifs
de veille adaptés à la problématique
de l’entreprise, puis à collecter les
informations utiles, à les exploiter et
les valoriser pour enfin prendre des
décisions et / ou réussir certaines
actions sur le terrain. La veille peut
être gérée en fonction du contexte
de manière offensive ou défensive.
Cette activité est un processus transversal dans l’entreprise, qui mobilise
aussi bien les dirigeants et les collaborateurs que les veilleurs professionnels. Pour qu’un processus de
veille soit efficace, il doit impliquer
tous les acteurs d’une entité.
La cellule de veille doit collecter des
sources très différentes. Le web, bien
sûr, mais également l’information
terrain collectée lors des salons, lors
des contacts clients, etc.). L’objectif
principal étant de capitaliser, de qualifier, de commenter et de distribuer
ces connaissances sur le terrain à
ceux qui en ont besoin.
Pour que la veille soit efficace, elle
doit être fondée sur un travail collaboratif.
VigIE : Donc pour vous quels
sont les 3 mots clés de l’Intelligence Economique ?
JMM :
Collecte
Collaborations
Décision
Pour que la veille soit efficace,
elle doit être fondée sur un
travail collaboratif.
VigIE : Quels conseils donneriezvous aux jeunes diplômés ?
JMM : Combiner une logique métier
et des pratiques de veille afin d’être
rapidement opérationnels et répondre aux attentes du marché. La veille
est d’abord une pratique métier, ancrée dans un secteur, un marché,
avant d’être une technique.
VigIE : Avec quels éléments souhaiteriez-vous conclure cette interview ?
JMM : L’intelligence économique est
une pratique dont on parle beaucoup.
Les réalités terrain doivent encore se
développer et se professionnaliser.
A l’évidence, votre Master participe
à ce mouvement en apportant des
compétences pointues aux entreprises concernées.
Knowings entend également contribuer à ce mouvement en apportant
des outils intégrés combinant toutes les fonctions de veille web et les
fonctions plus avancées de travail
collaboratif. Notre nouvelle offre GlobalFinder V2 en est l’illustration.
A
l’évidence,
nous
sommes
complémentaires.
Alors
mon
mot de la fin sera : à bientôt !
www.km.knowings.com
Propos recueillis par
Smael
Bouhnaida
(P11)
V i g I E - l a l e t tr e d ’ i n f or m a t i on d u M a s t e r I E C S d e l ’ I C O M T E C
BI
L L E T
D ’ H U M E U R
De bonnes résolutions pour l’intelligence économique?
Je ne sais pas si vous êtes comme moi
mais le déferlement d’informations et
d’articles relatifs à l’intelligence économique me semble particulièrement
important depuis quelques semaines. Une petite visite sur Technorati
corrobore d’ailleurs cette impression
(voir ici: www.technorati.com/chart/
intelligence+economique).
Il est vrai que la fin de l’année est
toujours un moment propice au «solde de tout compte », offrant ainsi
la liberté de commencer l’année suivante par de bonnes résolutions.
Je ne sous-entends pas que ces articles sont bâclés, ils seraient même
plutôt intéressants, informés et propices à la réflexion, mais c’est parce que leurs discours me semblent
symptomatiques de l’état de l’IE en
France en cette fin 2006 qu’ils m’apparaissent comme peu enthousiasmants pour 2007.
La lutte des idées est très
présente dans l’IE...
Quelques exemples:
Dans un article paru le 28 novembre sur Agoravox et rebondissant
sur celui de Franck Bulinge daté du
6, Francis Beau, consultant et auteur
d’ouvrages sur l’intelligence économique, pointe de sa plume trois paradoxes qui devraient être éclaircis
pour que celle-ci ne souffre plus de
son assimilation à l’espionnage industriel :
- Le paradoxe de l’information stratégique, ou la nécessité de concilier
culture du partage et culture du secret
- Le paradoxe du renseignement économique, ou comment concilier l’accès à l’information intentionnellement
cachée tout en restant respectable
- Le paradoxe de l’économie concurrentielle, ou comment concilier
confiance et concurrence (la fameuse
« coopétition »)
L’article du Monde daté du 18 décembre 2006 intitulé « Les espions
d’entreprises » attire forcément notre attention. On pourrait se dire
qu’affublé d’un tel titre il n’est logiquement pas en rapport avec l’activité d’intelligence économique telle
que définie depuis plus de 10 ans,
sauf que... dès le second paragraphe
Alain Juillet est cité à juste titre comme « expert en la matière » (à juste
titre). Puis viennent dans l’ordre Philippe Legorjus d’Atlantic Intelligence,
Pierre-Antoine Lorenzi, patron du
cabinet Serenus Conseil, le cabinet
Egideria d’Yves-Michel Marti, O’Foll
Consultant,... Autant de personnages
liés à l’IE francophone qui, s’ils n’appartiennent pas forcément à ce que
le journaliste appelle « la face cachée de l’intelligence économique»,
connaissent le sujet. Attestant, si on
en doutait encore, de sa tangibilité.
Plus factuel, le rapport des renseignements généraux intitulé « Intelligence économique défensive: la physionomie nationale du risque financier » a donné lieu à deux articles :
- Le premier est signé par le journaliste de La Tribune Pascal Junghans.
A l’aune des 1578 vulnérabilités ou
agressions économiques hostiles répertoriées par les RG en 2006 il rappelle que « la guerre économique
n’est pas seulement un thème de
colloque ».
- Le second, à nouveau signé Francis
Beau, répond au premier et dénonce
« in extremis » l’idée d’une guerre
économique menée contre la France
et, partant, la notion de patriotisme
économique.
Ces deux dernières réactions sont le
reflet d’une querelle intellectuelle et
politique déjà ancienne. Elles montrent que la lutte des idées est très
présente dans l’IE, ce qui serait plutôt un bon indicateur de sa vivacité,
à condition de réussir à les dépasser
à un moment ou un autre…
Quant aux premiers articles (factuellement complétés par le troisième) ils
montrent que, 12 ans après le rapport Martre, nous n’avons toujours
pas réussi à faire de l’intelligence
économique un domaine au-dessus
de tout soupçon. C’est étonnant car
les définitions, y compris les plus récentes, sont toutes très claires sur
la question de l’éthique. Etonnant
aussi car, outre les nombreux ouvrages qui en cernent les limites, deux
documents-références
importants
auraient dû faire taire tout soupçon.
Je veux parler du Référentiel de formation en Intelligence Economique
et du Modèle d’Intelligence Economique de l’AFDIE.
Douze ans après le rapport
Martre,
nous
n’avons
toujours pas réussi à faire de
l’intelligence économique un
domaine au-dessus de tout
soupçon.
La question à se poser me semble
alors être la suivante : pourquoi dans
ce contexte doit-on encore subir l’expression « face cachée de l’intelligence économique » à la place de celle
d’espionnage industriel?
Ayons le courage de voir les choses en face en ce début d’année et
risquons nous à lister quelques éléments du problème dans un déroulement navrant de simplisme :
- Les entreprises ont besoin d’informations parfois difficiles à obtenir sur
leur marché (au sens de Porter)
- Des officines privées tiennent un
discours séduisant (car sulfureux)
dans lequel l’espionnage industriel
est affublé des habits de respectabilité de l’IE (car elle a tout de même
réussi à en acquérir un peu).
- Les entreprises de taille moyenne
croient savoir que les grandes sociétés nationales bénéficient depuis toujours d’un appui des services d’Etat,
notamment sur les marchés étrangers, et elles ne voient pas pourquoi cela ne serait réservé qu’aux
« grands ».
J’ai peur qu’il faille [...]
s’habituer à la dualité du
discours
qui
caractérise
l’intelligence économique aux
yeux de la grande majorité …
sans pour autant renoncer à
dire ce qu’elle devrait être.
C’est simpliste donc puisqu’il ne s’agit
ni plus ni moins que de la rencontre
d’un besoin et d’une offre, et donc
de la création d’un marché de plus
au cœur d’une économie de marché.
Un marché certes un peu risqué juridiquement mais où s’applique au
final la règle du « pas vu, pas pris»,
et pour quelques affaires sortant
au grand jour combien de missions
réussies?
Alors j’ai peur qu’en 2007 et tant que
ce marché existera, il faille, à défaut
de prendre de bonnes résolutions
pour l’IE, s’habituer à la dualité du
discours qui la caractérise aux yeux
de la grande majorité … sans pour
autant renoncer à dire ce qu’elle devrait être.
Christophe
Deschamps
V i g I E - l a l e t tr e d ’ i n f or m a t i on d u M a s t e r I E C S d e l ’ I C O M T E C
IE
A
L ’ INT E RNATIONA L
L’IE au Maroc: une vitrine pour le monde
«Un outil de performance économique, un facteur de compétitivité et de consolidation
du rayonnement du Maroc au
sein du concert des nations
modernes», voilà comment a
été présentée l’ IE par M. Rachid Talbi El Alimi, ministre
des Affaires économiques et
générales, lors des Rencontres
internationales de Tétouan en
2004.
Face aux impératifs d’une mondialisation jugée trop impartiale pour les
pays émergents, le Maroc ne trahit
pas ses valeurs fidèles à la continuité mais flirtant avec les ruptures. Le
royaume veut ainsi battre un déterminisme pessimiste souvent affiché pour
les pays en voie de développement.
La performance que veut afficher le
Maroc sur la scène internationale ne
va pas sans des risques considérables. Au-dessus d’une intelligence des
risques, il convient d’intégrer une démarche IE opérationnelle, en marge
des tentatives de « copier-coller » de
certains pays soucieux de s’aligner
sur une « mode managériale » sans
réels aboutissants.
Il s’agit alors pour le Maroc de s’investir dans un modèle de développement
plus coopératif et durable, valorisant
l’identité et l’histoire culturelle marocaines comme leviers d’influence
et d’avantage compétitif. Mohammed
Mbarki, wali de Tétouan en 2004,
avançait « la nécessité d’une conception marocaine de la démarche IE prenant en compte la richesse du socle
culturel marocain, comme avantage
culturel, coopératif et concurrentiel»
(Regards sur l’Intelligence Ecomonique, 1er juillet 2005, l’Intelligence
Economique au Maroc).
Il importe de réfléchir et d’agir sur
une « gouvernance nouvelle »,
prenant en compte la sécurité des
citoyens, des entreprises, des informations et des institutions
D’une part, les Rencontres de Tétouan
ont souligné la volonté des acteurs
économiques et politiques marocains
de construire une politique et une démarche d’ IE adaptées à la réalité économique et sociale du pays. Il est évident que le jeu et les enjeux que doit
saisir le Royaume ne se décryptent
pas de la même manière que ceux
des pays riches. Il importe de réfléchir
et d’agir sur une « gouvernance nouvelle », prenant en compte la sécurité
des citoyens, des entreprises, des informations et des institutions. Pour
cela, le Maroc travaille pour identifier les savoir-faire, les expertises et
coordonner les actions, organiser les
réseaux de recueil de connaissances
nouvelles pour mieux servir les stratégies innovantes. C’est pourquoi, le
gouvernement a décidé de mettre en
place le Centre de Veille Stratégique
(CVS), dont la sous-traitance a été
accordée au cabinet Spin-Partners.
L’Institut Marocain de l’Information
Scientifique et Technique a effectué ce
qui est peut-être considéré comme la
première enquête sur les besoins en
information scientifique et technique
et la pratique de la veille des entreprises marocaines. Le Centre Marocain
de Promotion des Exportations (www.
mcinet.gov.ma) ainsi que le Ministère
de l’Industrie, du Commerce et de la
Mise à Niveau de l’Economie (www.
mcinet.gov.ma) profitent et participent activement à ces initiatives,
en coopération régulière avec le palais, le gouvernement et les acteurs
privés, conformément au lancement
d’un « avant-projet de normes pour la
veille stratégique en matière d’industrie et de commerce » (Regards sur
l’Intelligence Ecomonique, 1er juillet
2005, l’Intelligence Economique au
Maroc).
Le gouvernement
a décidé
de mettre en place le Centre
de Veille Stratégique (CVS),
dont la sous-traitance a été
accordée au cabinet SpinPartners.
pays où les ressources naturelles sont
faibles. Le Monarque a bien compris
que la principale ressource du Maroc
est son intelligence relationnelle et
qu’une stratégie de réseau est formidablement porteuse de richesses
(et pas seulement financières). Ainsi, l’association R&D Maroc travaille
pour la création de réseaux de clubs
de recherche et de développement,
afin d’accroître la capacité de la société marocaine à créer du progrès
et de la valeur, notamment grâce aux
diasporas. A titre d’exemples, l’association « Savoir et développement »
constitue un réseau d’enseignants et
d’hommes d’affaires de la diaspora
marocaine basée en France. Le Forum
International des Compétences Marocaines à l’Etranger, quant à lui, participe à la stratégie d’IE par la mobilisation des compétences marocaines
résidant à l’étranger.
La volonté des décideurs
marocains de se doter d’une
capacité d’agir « en stratégie
et en influence », devient un
enjeu entre, principalement
l’Europe, plus précisément la
France, et les Etats-Unis
Finalement, au-delà de l’importance stratégique que revêt l’IE pour le
Maroc, le sujet devient
un « enjeu
d’influence ». La volonté des décideurs marocains de se doter d’une
capacité d’agir « en stratégie et en
influence », devient un enjeu entre,
principalement l’Europe, plus précisément la France, et les Etats-Unis :
USaid pourrait bien financer le projet
d’observatoire d’étude de l’intelligence économique, dont l’inspiration est
marroco-française.
Au-delà de l’importance stratégique que revêt l’IE pour le Maroc,
le sujet devient un enjeu d’influence
Toute la performance et l’efficience
du Maroc résident désormais dans sa
capacité à s’interroger, à anticiper et
à mobiliser toutes les ressources intrinsèques à son histoire, sa culture,
sa tradition et surtout à sa volonté
d’être le porte drapeau d’une civilisation arabo-musulmane toujours en
mal d’innovation.
D’autre part, le Royaume a bien saisi
l’importance des réseaux, incontournables pour créer de la valeur dans un
Hatim Benjelloun
(P11)
V i g I E - l a l e t tr e d ’ i n f or m a t i on d u M a s t e r I E C S d e l ’ I C O M T E C
P ORTRAIT
D ’ AN C I E N
Thierry Hubière (P6), Secrétaire général au sein de la Direction des
Opérations Bancaires de La Banque Postale
d’autant qu’à l’époque la formation de
Poitiers avait encore une dimension
« pionnière » (et ce qui est rare est
cher, prétendent les économistes).
VigIE : Quels sont selon vous les
points forts du Master IE (anciennement DESS) à l’Icomtec ?
Secrétaire général au sein de
la Direction des Opérations
Bancaires de La Banque
Postale (LBP), Thierry Hubière
est aussi chef de cabinet du
directeur. Il le représente
et parle en son nom sur les
sujets de sa compétence.
Cette direction pilote, gère
et organise les centres financiers de LBP répartis sur toute la France (environ 17000
agents). Ces centres ont la
charge du back et middle office
de LBP. Ils exercent aussi une
activité de front office avec
la banque à distance. C’est
également là que sont produits les chéquiers et les relevés de comptes des clients,
dans des ateliers industriels.
VigIE : Pourquoi avez-vous choisi la formation de l’Icomtec ?
Thierry Hubière : Après une formation en économie, j’ai cherché
une formation susceptible de me
spécialiser tout en restant ouverte
et donc suffisamment généraliste.
Cette quadrature du cercle a trouvé sa solution à l’Icomtec. J’ai été
séduit tant par le contenu des enseignements (je cherchais une dimension « stratégie ») que par la
diversité des profils des étudiants.
VigIE : Cette formation a-telle répondu à vos attentes ?
TH : Globalement oui. Cette formation fut d’ailleurs un argument parmi
d’autres qui motivèrent le choix de
mon Directeur de s’attacher mes services. A ma volonté de ne pas me spécialiser dans les disciplines que sont la
finance et la comptabilité, l’intelligence économique était une alternative,
TH : Le point fort essentiel du Master IE naît selon moi de la diversité
des étudiants, qui viennent tant du
monde professionnel (journalisme,
conseil, management,…) que de formations initiales scientifiques, économiques, littéraires. C’est de la nécessité de trouver ensemble un langage
et un espace de travail communs que
se développe notre capacité à traiter
avec des informations multiformes
et à communiquer avec la diversité
des interlocuteurs qui croiseront nos
routes de spécialistes / généralistes.
VigIE : Avez-vous gardé des
contacts avec vos anciens camarades ?
TH : Oui. Naturellement on apprend
à conceptualiser son réseau et à en
tirer les richesses, mais ce n’est pas
là une explication suffisante. Les
contacts que j’ai gardé relèvent pour
certains de la naissance d’une véritable amitié. C’est d’ailleurs un ami
« P6 » qui m’orienta vers mon premier poste à La Poste, où je me suis
retrouvé collègue avec une autre P6 !
J’ai également toujours plaisir à rencontrer les anciens, de ma promo et
d’autres, ce qui arrive régulièrement.
VigIE : Vous êtes actuellement
secrétaire général au sein de La
Banque Postale, pouvez vous
nous préciser vos missions ?
TH : Mes missions sont très variées.
Elles sont un peu détaillées dans mon
profil Viadeo (ex-Viaduc). En quelques mots, je suis un point d’entrée
entre les divers services de ma direction, des autres directions de La Banque, de La Poste voire de l’extérieur,
et mon Directeur. Je dois notamment
m’assurer que les propositions sont
conformes aux règles internes, à la
déontologie et à la législation. Je suis
également en charge du pilotage du
budget propre et des moyens logistiques de ma direction (environ 250
personnes sur deux immeubles).
vous le plus dans votre travail ?
TH : Je dois naturellement évoquer
la veille (à la fois attitude d’écoute
à 360° et quêtes d’informations précises), mais aussi l’ « influençage »
(une attitude proactive mettant en
œuvre sa volonté et celle d’autrui
pour arriver à un but éventuellement commun, différente du lobbying où la maîtresse du jeu est
d’essence politique). Mais il s’agit
surtout de conserver la fameuse attitude « IE-Minded » et une bonne
maîtrise du cycle de l’information.
VigIE : Quels sont selon vous les
maîtres mots de l’intelligence
économique ?
TH : Je n’aime pas cette idée qu’il y ait
des maîtres mots, mais pour ne pas
éluder la question je vais quand même
vous proposer ‘mon’ maître mot, celui qui passe partout par la grâce
même de sa définition : l’ouverture.
VigIE : Quels conseils donneriez vous aux jeunes diplômés ?
TH : L’IE n’est pas souvent une fin
en soi. Elle est la plupart du temps
la « cerise sur le gâteau » de votre
formation initiale ou de vos expériences. Choisir un stage en cohérence avec cela, c’est l’assurance
d’apporter une réelle valeur ajoutée à l’entité qui vous fait travailler.
En outre, le choix du stage est stratégique pour préparer le passage
dans le monde professionnel : trop
de stages sont des impasses, et ce
malgré tout l’intérêt que la mission
confiée peut avoir. Voir à long terme
est à cette étape de votre cursus
d’une importance critique. Une mission apparemment moins intéressante mais ouvrant des perspectives
devrait selon moi être préférée à une
mission passionnante mais offrant
de réelles incertitudes sur la suite.
VigIE
:
Le
mot
de
la
fin ?
TH : Accepte ce que tu ne peux
changer ; Change ce que tu ne peux
accepter .
Propos recueillis par Gilles de
Vivies (P12)
VigIE : Quel domaine de l’intelligence économique utilisez-
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A
L IR E
Le réveil du Samouraï - Pierre Fayard
Dans son ouvrage «Le réveil du
Samouraï», culture et stratégies
japonaises dans la société de la
connaissance, Pierre Fayard nous
décrit la réalité des pratiques de
gestion du savoir dans les firmes
japonaises. L’archipel du Japon
détient une culture « unique et
déroutante » qu’il convient de
laisser décanter pour pouvoir en
apprécier pleinement sa valeur.
Pierre Fayard, professeur à l’Université
de Poitiers, nous propose ainsi ses recherches sur l’approche comparée des
différentes cultures de la stratégie.
Son dernier ouvrage permet de comprendre comment le Japon est entré
dans la société de la connaissance.
L’auteur prend en compte deux perspectives : l’explicitation de sa culture
stratégique et des témoignages de
responsables d’entreprises et chercheurs spécialisés dans ce domaine.
Ainsi, trois « clefs » nous sont proposées : le Budo de la connaissance
intuitive, le Ba de la connaissance
collaborative, le Kata de la création
de la connaissance, puis quatre « portes » : Culture, Espace, Communauté
et enfin Technologie.
Tout au long de l’ouvrage, on découvre
ainsi comment la création stratégique
de la connaissance est conçue, structurée et mise en œuvre dans l’univers
japonais. Le titre de l’ouvrage prend
alors tout son sens : le samouraï est
l’emblème de cette culture traditionnelle où le mérite et le dévouement
sont quelques unes des valeurs essentielles qui animent les communautés stratégiques japonaises de la
connaissance.
L’auteur effectue un parallèle avec la
culture stratégique française plus individualiste que celle des japonais. En
effet, la notion de communauté reste
la base de l’état d’esprit du Japon. Cependant, on note toutefois des points
communs entre les deux cultures tels
que les principes de liberté d’action et
d’économie des forces.
Se pose alors la question du rôle croissant de la culture dans les défis actuels de la société de la connaissance
mais également
la question de
la création et du
partage de ces
connaissances. Il
est essentiel de
s’intéresser à la
culture des autres
pour mieux apprendre sur soimême et c’est
en observant les
stratégies culturelles de cet archipel
d’Extrême Orient que l’on peut apprendre et ainsi améliorer nos propres
techniques concernant la société de la
connaissance.
Avec cet ouvrage, Pierre Fayard nous
présente des exemples qui peuvent
se révéler utiles pour tous ceux
qui cherchent une alternative aux
méthodes appliquées dans nos sociétés
ou simplement, ceux qui sont curieux
de découvrir d’autres façons de penser
et d’agir au sein de l’entreprise.
Odile Vincent (P12)
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L
e
s i t e
d u
m o i s
Bernard Carayon - IE.com
Ce mois-ci, l’équipe de la rédaction a voulu se pencher sur le
blog de M. Carayon. Il s’agit de
l’interface de communication du
principal rapporteur du gouvernement sur l’Intelligence Economique. Le député du Tarn a pour
but de promouvoir l’Intelligence
Economique par le biais d’Internet et de ses deux rapports.
Cette plateforme nominative est
née de la volonté du rédacteur des
rapports “Intelligence économique,
compétitivité et cohésion sociale” en
2003 et “A armes égales” en 2006
commandés par Matignon. M. Carayon veut prolonger l’action née de
ses préconisations faites au Premier
Ministre à travers son blog. Il s’agit
de promouvoir l’Intelligence Economique à la française et d’appeler les
acteurs du tissu économique français
à être vigilants quant aux menaces
de la concurrence internationale.
Ce blog va très naturellement poser
tous les éléments constitutifs de la
vision de l’I.E. personnelle à Bernard
Carayon. Dans ce sens, la rubrique “Articles” référence l’ensemble
de ses interventions faites dans la
presse, depuis ses débuts, concernant la promotion de l’Intelligence
Economique. Cela permet d’avoir
une vision d’ensemble du discours
de l’un des principaux acteurs de la
sphère de l’Intelligence Economique.
L’infrastructure du blog permet de
publier des commentaires auxquels
Bernard Carayon s’engage à répon-
dre. Il s’agit d’une opportunité pour
confronter ses idées avec l’une des
personnalités qui fait référence sur
ce sujet.
Cependant, ce « blogueur » ne se limite pas à proposer ses seuls avis.
Il fait appel à d’autres intervenants
avec lesquels il est en contact dans
sa quête de développer l’I.E au service de l’emploi.
Au-delà de cette opportunité offerte
par cette plateforme de dialogue, il y
a quelques éléments intéressants en
termes de sources. Ainsi, tout naturellement, les deux rapports publics
dont M. Carayon est l’auteur sont
disponibles. Mais, détail d’importance, les annexes sont également disponibles en ligne. Elles sont très bien
faites, ludiques et non disponibles
sur la version pdf de la Documentation Française. Elles concernent
notamment les structures business
competitive aux USA, au Japon, en
Allemagne, au Canada et au Royaume-Uni, sans oublier la France. Pour
cette dernière, les infrastructures
sur lesquelles appuyer une politique
d’Intelligence Economique publique
ne manquent pas.
Cela
permet d’avoir une vision
d’ensemble du discours de
l’un des principaux acteurs
de la sphère de l’Intelligence
Economique.
L’autre intérêt offert par ce site est
la source d’information qu’il propose
sur le suivi des travaux parlementaires et gouvernementaux, sur les
questions qui concernent l’Intelligence
Economique et les problèmes connexes. En cela, ce site est utile pour une
veille sur l’évolution des politiques
gouvernementales en matière d’Intelligence Economique.
Il
s’agit
de
promouvoir
l’Intelligence Economique à
la française et d’appeler les
acteurs du tissu économique
français à être vigilants quant
aux menaces de la concurrence
internationale.
D’une manière plus classique et très ciblée, Bernard Carayon propose uneune
interprétation de l’actualité en Intelligence Economique. En ce qui concerne
l’actualité lisible dans la presse, elle est
dépoussiérée d’une lecture journalistique, et devient plutôt un billet d’humeur. Celui-ci se veut enclin à mettre
en lumière certaines réalités au travers
du prisme de l’IE.
Pour conclure sur cette présentation,
il est intéressant de noter l’apparition
récente de la rubrique “Logiciel Libre”.
Encore peu fournie, elle montre l’intérêt de l’auteur sur ce sujet. Il s’agit
pour ce dernier d’un véritable cheval de
bataille afin d’imposer en France une
autonomie vis-à-vis des technologies
détenues par des puissances étrangères et de l’utilisation des travaux réalisés par les utilisateurs à leur profit.
Rubrique à suivre...
Ce site s’avère pertinent à la vue du
reste de la blogosphère et plus largement de la toile IE en France.
http://www.bcarayon-ie.com/
Grégoire Commeau (P11)
V i g I E - l a l e t tr e d ’ i n f or m a t i on d u M a s t e r I E C S d e l ’ I C O M T E C
A
c t u
2006: l’année de tous les concours!
Concours, prix, récompenses…
le monde de l’intelligence économique ne déroge pas à la
règle ! Chaque année, des étudiants, des entreprises et des
auteurs présentent leurs travaux sur l’IE, la veille, le lobbying etc. pour devenir les
grands lauréats ! Petit tour
d’horizon pour l’année 2006
de ce milieu où la devise pourrait être « Que le meilleur gagne ! »
Prix de l’intelligence économique
L’édition 2006-2007 du prix de l’intelligence économique est une première.
Le concours lancé par SIGINT (association « sciences de l’ingénieur et intelligence technologique »), parrainé par
le Conseil National des Ingénieurs et
Scientifiques Français (CNISF), permet
de mettre en compétition des écoles
d’ingénieurs françaises. Les équipes,
composées d’élèves-ingénieurs, parrainées par des entreprises, ont pour
objectif de réaliser un projet technique
tout en analysant les enjeux stratégiques dans lesquels ce projet s’insère.
Ces travaux sont une opportunité unique en Europe d’allier innovation technologique et intelligence économique.
Octobre 2006 à avril 2007… sept mois
pour construire les dossiers. Remise
des prix par Alain Juillet en juin 2007 !
fondateur du site Lobbying-Europe.
com et auteur du dictionnaire du lobbying, sont à l’initiative de ce concours
lancé en 2001. Il a pour objectif de
promouvoir la pratique du lobbying en
France comme « outil du dialogue par
lequel l’homme de l’art informe l’homme de loi des conséquences de ses décisions ».
Au départ réservé aux étudiants de
Sciences Po Paris, le concours du lobbying s’est ouvert depuis 2004 à cinq
écoles BAC + 5 : Sciences po, EDHEC,
EGE, Léonard de Vinci et ESSEC.
L’édition 2006 du concours de lobbying
s’est déroulée sous le parrainage de Jaques Floch, Député de Loire-Atlantique
et auteur du rapport sur « la présence
et l’influence de la France dans les institutions européennes ». L’EGE a remporté le premier prix de cette année. Le
sujet traité par le groupe de cette école
était celui proposé par l’UNIFA (Union
des industries de la fertilisation) : dialoguer avec les parlementaires français
et européens sensibles à la protection
de l’environnement au sujet de la fertilisation ainsi qu’avec les responsables
environnement des partis politiques.
Les lobbyistes en herbe ont réussi à
convaincre !
Le Prix du Pire Lobbying de l’UE
Un tout autre genre de concours, peu
habituel, celui du pire du lobbying de
l’UE ! Organisé par quatre ONG : Corporate Europe Observatory, Friends
of the Earth Europe, Lobby Control
et Spinwatch, le prix sera attribué au
lobbyiste ou au lobby qui aura utilisé
les tactiques les plus mensongères, les
plus trompeuses, les plus hypocrites et
les plus irresponsables. En cette année
2006, le gagnant est ExonnMobil, pour
continuer de financer les sceptiques du
réchauffement climatique.
Un autre titre est en jeu : le prix de
l’accès le plus complaisant attribué à
une institution ou à un fonctionnaire
n’ayant pris en compte qu’une version
des faits sur un sujet. C’est DG Internal Market qui est le grand vainqueur
2006 de cette catégorie, pour manipulation d’une consultation sur les politiques de brevet de l’UE.
Mais attention, derrière les quatre ONG
organisatrices de ce classement se cachent des sites web écrans notamment
opposés à la brevetabilité du logiciel et
soutenant la cause du logiciel libre…
La prédétermination idéologique et la
méthodologie obscure doivent nous
faire prendre conscience que le Prix
du Pire Lobbying n’est pas une vérité
absolue !
Concours, prix, récompenses… les
exemples ci-dessus ne sont qu’un panel de ce que l’on peut trouver en IE !
Les étudiants de l’ICOMTEC seront
peut-être bientôt en compétition pour
l’un de ces concours !
Marie Tardieux
(P11)
Concours du blog de la veille
L’augmentation du nombre de blogs
consacrés à l’IE et leur spécialisation
de plus en plus fine a donné une idée
à Jdey Aref, auteur du blog Vtech. Ce
dernier propose de lancer un concours
pour choisir le blog de la veille et de
l’intelligence économique de l’année
2006. Avant de se lancer dans ce projet
Monsieur Aref a mis en place sur Vtech
un sondage pour savoir si les internautes sont d’accord avec l’idée de ce
concours. Au 15 décembre 2006, 83,6
% des votants étaient pour. Affaire à
suivre…
Concours du lobbying
Nicolas Dahan, maître de conférence à
Sciences Po Paris, et Bruno Gosselin,
Le prix du pire lobbying 2005
Faites connaître VigIE autour de vous. Diffusez ce numéro.
Adressez nous les adresses mels de vos collègues
ou connaissances intéressés.
10
V i g I E - l a l e t tr e d ’ i n f or m a t i on d u M a s t e r I E C S d e l ’ I C O M T E C
A
G E NDA
Janvier 2007
Internet:
outil
de
veille et de recherche
d’informations
Veille/observation
économique et intelligence
économique
Partager les connaissances
pour accélérer et valoriser
l’innovation Le 16 janvier 2007 à Vichy
ou Moulins
Mardi 23 janvier 2007
de 9h30 à 13h00
dans les locaux du CNER
Le 30 janvier 2007 à la Salle
de l’horticulture - Paris 7ème
Séance d’information avec atelier
pratique autour d’Internet et de son
intérêt pour la veille organisée par
l’atelier des T.I.C.
Ce séminaire, organisé par le CNER,
a pour objectif d’examiner les réalisations des agences et des comités en
matière de veille et de rechercher les
connexions avec les fonctions d’intelligence économique.
Les intervenants seront :
- Arnaud Laloum, Senior Director, au
sein de KROLL, société internationale
spécialisée en intelligence économique
- Fabrice Gouze, Responsable du Service Etudes et veille économiques, à
Midi-Pyrénées Expansion ;
- Dominique Fonvielle et Patricia
Auroy, respectivement Secrétaire général et Membre du bureau national
de la Fédération des Professionnels de
l’Intelligence Economique – FÉPIE.
Le séminaire sera suivi, comme à
l’accoutumée, d’un déjeuner en commun.
Cette conférence, organisée par
Knowings, éditeur de logiciels
de veille et d’IE est le moyen
d’échanger sur la problématique du
partage des connaissances et de
son utilité au sein d’une entreprise,
avec la présence notamment d’Alain
Quinqueneau - Chef du Pôle Industrie
de la Direction de la Recherche de
Gaz de France.
Renseignements : http://www.
atelier-tic.net/agenda/age_
liste.asp
Renseignements:
Tél. 01 42 22 35 29 - Fax. 01 45
49 91 49
cner@cner-france. com
www.cner-france. com
Renseignements:
http://
www.knowings.com/
knowings/news.nsf/
VigIE - Novembre
2006
Janvier 2007
Salon des entrepreneurs Le 31 janvier et les 1er et 2
février 2007 au Palais des
Congrès de Paris
Rassemblant des chefs d’entreprises,
cadres,
experts
et
conseils
d’entreprises, ce salon regroupe
un bon nombre de personnes à
même d’échanger sur le monde de
l’entreprise. Avec des conférences
ayant trait à des sujets liés à la
veille et à l’IE, il est le moyen de
sensibiliser les dirigeants d’entreprise
à la stratégie et à l’IE.
Renseignements : http://www.
salondesentrepreneurs.com/
evenements/
N’hésitez pas à nous
envoyer vos rapports
d’étonnement.
VigIE
se fera un plaisir de
les publier dans les
prochains numéros !
Contact : Nicolas Moinet
ICOMTEC - Université de Poitiers
Master IECS Téléport 5, BP 30064
86 132 Jaunay-Clan cedex
Tel : 05 49 49 46 50
Fax : 05 49 52 22 31
Mail : [email protected]
Site de l’ICOMTEC
http://icomtec.univ-poitiers.fr
Site du Master
http://www.ie-poitiers.net
VigIE : [email protected]
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