APL- 4ème - doc n° 1 - l` image et la fabrication du sens

Transcription

APL- 4ème - doc n° 1 - l` image et la fabrication du sens
Ensemble de repères liés à l’image, sa mise en forme et l’analyse du sens
Qu’est-ce qu’une image ? (revoir le vocabulaire de 5ème : les différents statuts de l’image et le détournement)
Image : On parle souvent d’image face à une représentation imprimée. Plus largement, l’image est une représentation de
quelque chose ou de quelqu’un par un procédé manuel (crayon, peinture, etc.) mécanique (estampe, caméra du cinéma,
certains appareils photographiques) numérique (photo, vidéo, image de synthèse) ou de synthèse (image numérique
totalement créée par des calculs informatiques. Dans le cas du numérique, l’image n’a pas de matérialité, elle est virtuelle,
étant traduite sous forme de numéro (0 et 1) ce qui ne correspond pas à la matière de notre réalité.
L’image peut être fixe (photographie, peinture, dessin, etc.) ou mobile (cinéma, vidéo, film d’animation, etc.).
Statut de l’image : C’est la destination de celle-ci, c’est-à-dire pourquoi l’image a été créée. Une image publicitaire n’a
pas la même destination qu’un panneau de signalisation ou qu’une œuvre d’art. Non seulement les objectifs de leur création
sont différents mais la manière de les concevoir et de les réaliser l’est également. Pour simplifier, on peut les classer en
trois familles : les images informatives (photographie de reportage, illustration, etc.), les images liées à la communication
visuelle (logo, pictogramme, panneaux de signalisation) et celles dont la destination est artistique. A partir du début du
XXe siècle, les artistes vont utiliser des images des deux premières familles dans leurs propres créations artistiques. Une
photographie de reportage ou une image de mode extraite de son contexte et intégrée dans une œuvre n’a plus la même
signification qu’à l’origine (voir la notion de détournement vue en 5ème).
L’image et sa mise en forme
Composition : Il s’agit de la position des différents éléments qui sont représentés dans une œuvre. Le choix de cette
position est très important pour la lecture et donc la signification de l’ensemble.
Transition : C’est ce qui va permettre au spectateur de passer d’une partie à une autre (superposition, couleur, rappel dune
forme, etc.). La transition peut être sonore, visuelle. Elle peut être aussi implicite (le spectateur déduit) ou explicite (le
spectateur voit)
Image unique : Elle s’oppose à l’image multiple. Il n’y a qu’un exemplaire de la réalisation. Léonard de Vinci a réalisé
une seule représentation de La Joconde ; il s’agit d’une peinture qui se trouve uniquement au musée du Louvre à Paris.
Multiple : Œuvre ou objet d’art crée à plusieurs exemplaires. Cette notion s’oppose à celle d’œuvre ou d’objet unique. La
photographie est souvent à tirage multiple. Le sculpteur Rodin a fait parfois plusieurs moulages de ses sculptures.
Photomontage : Assemblage de plusieurs photographies qui peuvent être découpées et collées. L’assemblage de ces
photographies qui est photographié à son tour ne laisse rien paraître du montage. (Cf John Heartfield au XXe siècle)
Série : Suite (1,2,3…) ou groupe d’œuvres ou d’images ayant les mêmes caractéristiques ou le même sujet (cf. Monet au
XIXe et Andy Warhol au XXe siècle)
Séquence : La séquence est un terme largement utilisé dans le cinéma pour désigner une série de plans permettant de
construire un moment narratif. Il s'agit en général d'une unité de temps (et/ou de lieu).Une séquence peut être composée
d'un seul plan quand celui-ci est particulièrement long : c'est ce qu'on appelle un plan-séquence.
Montage : Organisation et réunion des différentes images et séquences filmées pour en faire un ensemble cohérent.
Story-Board : Il facilite le tournage, la capture et le montage des scènes, des plans. En effet, ceux-ci sont dessinés selon le
scénario (texte du film) avec l’ensemble des choix (points de vue, cadrages, décors, lumières, etc.).
Cadre : Il désigne la bordure de bois qui entoure un tableau. Il désigne aussi ce qui limite le champ photographique.
Cadrage : Terme qui désigne l’action de de choisir avec précision une portion de réel, c’est-à-dire ce qui sera ou ne sera
pas présenté au regard du public. On dit que tout ce qui se trouve à l’intérieur du cadre se trouve dans le champ, que tout ce
qui n’est pas dans le cadre est hors-champ.
Champ : Portion d’espace délimité par le cadre de l’image. Le champ peut être perçu avec plus ou moins de profondeur.
Hors-champ : Le hors-champ est quant à lui illimité : il peut être induit par le regard d’un acteur, d’une personne ou d’une
scène représentées, un son, les mouvements de camera, les entrées et sorties du champ, le choix des cadrages etc.
Point de vue ou angle de vision : Le choix du point de vue, c'est-à-dire la place occupée par le peintre, le photographe ou
l'opérateur de cinéma (l'endroit à partir duquel s'exerce la vision) détermine l'angle de vision. Ainsi, un angle "normal" de
vision correspond à un axe du regard horizontal; on dit alors que le point de vue est frontal. Une vue d'en haut et appelée
une vue en plongée et s'oppose à une vue d'en bas, contre-plongée. On parle d’une vue aérienne quand le point de vue
est nettement en hauteur ce qui permet d’avoir une vue très large. Celui-ci est surtout utilisé pour des études de territoire.
Les différentes échelles de plans :
Elles se mesurent en fonction de la proximité de la caméra ou de l’appareil photo par rapport au sujet.
Plans : Terme cinématographique et photographique qui désigne les dimensions du sujet à l’intérieur du cadre.
Les plans sont aussi les différentes parties de l’espace d’un tableau ou d’une image. Dans le tableau représentant Louis
XIV, l’avant plan (qui chevauche le 1er plan et la plus grande partie est hors champ) est constitué par l’estrade et le rideau,
le 1er plan est louis XIV, le 2ème plan est le trône et le socle avec la couronne, le 3ème plan est le pan du rideau derrière le
roi, le 4ème plan est la colonne. Le plan le plus éloigné est appelé l’arrière plan.
Les échelles de plan :
Source de l’mage : http://collegeaucinema37.free
Source de l’image : www.louvre.fr
Hyacinthe Rigaud, Louis XIV, huile sur toile
205 x152 cm, 1701.
Image artistique – Image unique – Composition
– Polysémie – Plans – Métonymie -
L’image et l’analyse du sens
Référent : Chose, objet ou être, réel ou imaginaire, auquel renvoie un signe ou une représentation.
Dénotation : C’est ce qui est explicite. Ce que l’on voit exactement lors d’une description (couleurs, forme, texte, etc.).
Exemple : si l’on voit la couleur rouge, cela dénote une des trois couleurs primaires.
Connotation : Elle ajoute du sens à l'image. La connotation dépend du contexte, des niveaux de langues, des
références culturelles. Donc la connotation correspond aux sens implicites mis par l’auteur mais aussi lié à un
contexte de réception (à qui s’adresse l’image, quand, etc.). C'est pour cela qu'elle est difficile à cerner. Par
exemple, la couleur Rouge pourra connoter, selon les associations et les contextes l'interdiction, la colère, la
révolution, le sang, la passion...
Image polysémique : Image ayant plusieurs significations.
La mise en abyme (on écrit aussi : mise en abîme) est un procédé consistant à incruster une image en elle-même.
L’exemple le plus connu comme image publicitaire est le dessin de la boîte de fromage en portions La Vache qui rit.
L’Autoportrait de Johannes Gumpp peint au XVIIème siècle est aussi exemplaire comme image artistique. On peut aussi
voir dans Les Ménines de Velasquez ce principe de répétition et dédoublement puisque Velasquez se peint bien en train de
peindre la scène offerte à la vue du spectateur, mais c’est l’envers du tableau qui est représenté.
Image de la boîte de
fromage en portions mettant en
place une mise en abyme que
l’on peut imaginer infinie.
Source de l’image : idem, p.63
Source de l’image : Les peintres
et l’autoportrait, texte de Pascal
Bonafoux, éd. Skira, Paris, p.22,
1984.
1646
Johannes
Gumpp, Autoportrait.
1656-57
Diego
Velasquez, Les Ménines.
Hors champ – Mise en
abyme – Avant plan -
Métamorphose : Changement de forme, de nature ou de structure, si considérable que l’être ou la chose qui en est l’objet
n’est plus reconnaissable. La métamorphose est un thème exploité depuis l’antiquité (Ovide) jusqu’à nos jours.
Métonymie ou synecdoque: Une partie va renvoyer à un ensemble plus vaste. Par exemple, dans le portrait de Louis XIV,
le pan de rideau rouge au 1er plan renvoie au lever de rideau, donc au théâtre, donc à la mise en scène, donc à l’artifice.
Métaphore : Il s’agit d’illustrer une idée. Pour cela, la métaphore va imager cette idée. Par exemple les feux de l’amour.
Allégorie : Il s’agit de donner forme à une idée abstraite (la liberté, la justice, la mort, etc.). Pour cela, on associe souvent
un objet à une personne (exemple la faux pour la mort, la balance pour la justice, etc.)
Anamorphose : L’image est déformée (en général par un miroir courbe ou une perspective décalée). L’image reprend sa
forme si on se déplace pour la voir d’un autre point de vue. L’anamorphose empêche d’utiliser aussi pour le spectateur un
seul point de vue. L’image alors gagne ainsi plusieurs sens.
Point de vue frontal, face au tableau.
Point de vue latéral à 90°, perpendiculaire au plan du tableau
Hans HOLBEIN le Jeune, Les Ambassadeurs français à la cour d'Angleterre, 1533
Référent - Allégorie – Anamorphose – Composition – Connoté – Dénoté - Métonymie - Polysémie -
Source de l’image : http://www.artnet.fr
Daniele Buetti, Nike, photographie imprimée sur aluminium, 70 x 100 cm, 2003
Il s’agit à la base de deux images publicitaires transformées par ordinateur (la transformation n’est pas matérielle mais
virtuelle et numérique). Ces images (logotype et image de presse) perdent leurs fonctions publicitaires en étant
détournées et transformées. L’œuvre (sous forme d’un tirage unique photographique de 120x180cm) ouvre alors sur un
espace critique, proche de la métaphore (femme objet, support de la marchandisation de notre société).