le soutien scolaire
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le soutien scolaire
Résumé du Rapport n°8 « Les services à la personne » (2008), sous la présidence de Jacques DELORS, du Conseil de l’Emploi, des Revenus et la Cohésion Sociale (www.cerc.gouv.fr), chapitre « Le soutien scolaire ». LE SOUTIEN SCOLAIRE Dans le champ des services à la personne, le soutien scolaire englobe deux activités de nature différente. La première, la plus répandue, est celle des cours particuliers à domicile, dans des disciplines scolaires. Elle concerne surtout les lycéens et les étudiants. Il s’agit d’équiper les jeunes pour la compétition scolaire. La deuxième activité consiste à accompagner les jeunes enfants de leur sortie de l’école à leur domicile, puis à « superviser » leurs devoirs. Pour les parents, il s’agit de déléguer l’aide quotidienne aux devoirs, sans juger des motivations de cette délégation. Contrairement au Royaume-Uni, la France ne dispose pas encore de données statistiques, relatives aux familles consommatrices de prestations d’accompagnement et de supervision des devoirs. 1 – Le soutien scolaire privé payant Selon la définition de GLASMAN (2004), les cours particuliers sont des cours payants, dispensés en dehors du temps scolaire, dans des disciplines académiques enseignées à l’école. Les prestataires de ces services sont généralement des enseignants et des étudiants, travaillant à titre individuel ou dans le cadre d’un organisme. En France, les cours particuliers concernent surtout les élèves de l’enseignement secondaire. Dans son étude comparative, en 1999, BRAY identifie trois motivations principales : les résultats aux examens, compléter l’enseignement scolaire classique et améliorer le niveau de l’élève, jugé insuffisant. En 2003, les cours particuliers concernent 15% des lycéens des filières générale et technologique, 9% des collégiens, mais 14% des collégiens de troisième. Pour l’école élémentaire, 2%. Pour les disciplines, les mathématiques et la physique sont prédominantes au lycée, et le français au collège. Les profils des élèves prenant des cours particuliers sont différents au lycée et au collège. Au lycée, il s’agit d’accéder à un bon niveau scolaire, requis pour l’orientation (accès à une filière sélective de l’enseignement supérieur), alors qu’au collège, il s’agit d’élèves redoublants ou dont les parents sont peu disponibles. Toutefois, l’effet de cette pratique sur les évaluations scolaires et les examens n’est pas mesuré. Seule la satisfaction parentale est quantifiée (80%). Les cours particuliers ne sont pas limités à l’année scolaire. 40% des élèves sont inscrits à des cours particuliers pendant l’été. L’enquête PISA de l’OCDE, relative aux jeunes de 15 ans, en 2000, permet d’établir que 7% des élèves français étaient inscrits dans des cours particuliers, comme au Royaume-Uni. Par contre, dans les pays scandinaves (Suède, Danemark et Finlande), les cours particuliers sont rares (1%), où des cours de soutien et une aide individualisée sont proposés par l’équipe enseignante. Les outils de l’accompagnement à la scolarité - Octobre 2010 2 - Les différentes formes d’aide au travail scolaire Les cours payants constituent une forme minoritaire des aides aux devoirs reçues par les élèves. L’aide aux devoirs est avant tout le fait des parents, et en premier lieu, de la mère. Ensuite, les aide l’entourage familial, puis les cours de soutien scolaire gratuit dans le cadre scolaire. Les parents accordent en moyenne 19 h par mois (école primaire) et15 h par mois (collège) d’aide à la scolarité de leurs enfants, mais cette aide fléchit avec le niveau de la scolarité. La diminution du soutien parental est compensée par l’accroissement du soutien de l’entourage familial (frères et sœurs) et des amis, au lycée. 3 - L’aide publique aux élèves en difficulté scolaire Les élèves qui bénéficient de soutien dans le cadre scolaire (9%), ont le plus souvent redoublé et sont considérés comme faibles ou très faibles dans la matière du cours de soutien. Les parents des élèves qui bénéficient de ces cours de soutien déclarent ne pas aider leurs enfants (surreprésentation des familles monoparentales). A partir de 1990, des dispositifs individuels et collectifs de prévention de l’échec scolaire se sont développés, en complémentarité avec le développement de la politique d’éducation prioritaire, mise en œuvre en 1981. L’éducation prioritaire concernait, en 2002, 1,7 million d’élèves, dont 570 000 collégiens. L’orientation actuelle est de concentrer les moyens sur certains établissements (249 réseaux de collèges et établissements primaires associés dits réseaux « Ambition réussite ». Le soutien scolaire gratuit (accompagnement éducatif), mis en œuvre à partir de novembre 2007 et sa généralisation programmée, devrait modifier l’équilibre actuel entre le soutien scolaire gratuit et les cours particuliers payants. 4 - L’offre de services En 2003, au collège, les enseignants délivrant des cours à titre personnel, étaient plus nombreux que ceux dépendant d’un organisme privé. Depuis 2003, la réduction d’impôt ouverte aux dépenses de soutien scolaire à domicile et le CESU ont certainement modifié cet équilibre, mais cet effet n’a pas encore mesuré. Le soutien scolaire public (gratuit pour les familles) représenterait un volume financier de 100 millions d’€, pour un coût moyen de 6 € par heure et par enfant, en 2006, contre 28 € pour une heure de cours particulier privé (INRP, 2006). Le soutien scolaire privé est une des activités, où les entreprises de services à la personne se sont le plus développées, avec l’assistance informatique et le jardinage et le bricolage. Le marché du soutien scolaire privé se partage entre un marché formel, dont le volume total d’affaires, en 2005, représentait 600 millions d’€ et un marché informel, supposé aujourd’hui, encore plus important. Les outils de l’accompagnement à la scolarité - Octobre 2010 Le marché formel a connu un fort développement. Il est très atomisé, mais il est dominé par quelques grandes entreprises (Acadomia est le leader du marché formel, avec un volume d’affaires de 66 millions d’€, au 1er semestre 2007, grâce à un réseau développé d’agences locales). Acadomia affiche un développement de 50% en 2007 et le suivi de 100 000 élèves. Complétude, le second opérateur, mise sur sa certification qualité (ISO 9001). Le 3ième opérateur, Les cours Legendre, propose des cours par correspondance et totalise 30 000 élèves. De son côté, Domicours, financé par les mutuelles MACIF, MATMUT et Mutuelle Française, fonctionne en mode prestataire. A l’opposé, les cours Sylvan, entreprise nord-américaine, proposent des cours privés collectifs sur site, qui ne donnent pas lieu à réduction d’impôt. 5 – Perspectives En France, le développement du soutien scolaire privé est très faible, comparativement au Japon et à la Corée. Les cours privés représentent des revenus supplémentaires pour les enseignants, pallient les lacunes du système scolaire (les cours privés se développent à l’ombre du système éducatif), arment les élèves dans la course aux diplômes et leur permettent d’accéder à des carrières prestigieuses. Dans ce contexte, le marché ne peut pas s’autoréguler. Ainsi, au Japon où le soutien est très intensif, les cours privés dévalorisent l’enseignement classique et créent un surmenage chez les élèves. De plus, le développement du soutien scolaire privé accentue les inégalités sociales et les disparités spatiales, au détriment des zones rurales. Ainsi, dans son avis du 24 janvier 2007, le Conseil Economique et Social considère que « le niveau intolérable de l’échec scolaire nécessite, d’une part, que l’Education nationale intègre l’aide aux « devoirs prescrits » dans l’activité normale de chaque enseignant et s’investisse, d’autre part, dans un partenariat actif avec les autres ministères, les collectivités territoriales, les associations, les acteurs de terrain, pour développer l’accompagnement scolaire. » La limitation du développement excessif des cours privés pourrait consister dans la transformation du système scolaire moins élitiste, plus ouvert et innovant. » . Les outils de l’accompagnement à la scolarité - Octobre 2010