Le transport aérien dans sa plus belle expression

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• ENTREPRISE
n Héli-Alps fête 10 ans de succès
Le transport aérien dans sa
plus belle expression
Vivaldi égrène ses Quatre-Saisons dans mon casque. Confortablement installé dans mon siège en cuir couleur
miel, je me laisse bercer par la machine qui danse au-dessus des cimes valaisannes. L’hélicoptère, dans sa
version «executive», c’est un mélange de Rolls, de Ferrari et d’avion de chasse. Bienvenue chez Héli-Alps.
C
ette saga pourrait faire
l’objet d’une série télévisée. Entre quelques
copains qui achètent en 1994
deux hélicoptères Alouette III
issus des surplus de l’armée et
la compagnie actuelle qui exploite une dizaine de machines
sophistiquées, dont un Bell 429
unique en Suisse, une multitude
de petites histoires on alimenté
la Grande Histoire. Vente d’une
machine à un prince cambodgien, transport de Tina Turner, Bono ou Lewis Hamilton,
braquage d’un hélicoptère lors
d’une évasion d’une prison marseillaise: nombreuses sont les
anecdotes qui font d’Héli-Alps
une compagnie à part. Voilà
quelques jours, Héli-Alps célèbrait 10 ans de succès.
Du désir au plaisir
Piloter. Maîtriser une machine
qui ne plane pas. Piloter. Pour
le plaisir de virées dans les châteaux de la Loire, de balades
dans les chalets des copains,
d’embarquer des potes pour
des sorties impromptues. Piloter
pour le simple plaisir de piloter.
Et un jour… on se dit qu’on pourrait en faire son métier. On se
met alors à la recherche d’appareils, puis d’une niche qui nous
permettra de vivre. En Valais, les
domaines agricoles et du sauvetage sont déjà occupés. En
revanche, personne n’a pensé
au marché émergent des personnes qui ont besoin d’économiser leur temps. Verbier n’est
qu’à 1 heure 20 de Monaco, mais
les Monégasques qui souhaitent
venir en Valais exigent un confort
que des Alouettes ou des Lamas
– principaux appareils utilisés en
Valais – ne peuvent leur procurer. En 2001, le petit club des
fondateurs de la «compagnie
des copains» devient Héli-Passion, puis Héli-Alps en 2005,
acteur aujourd’hui pratiquement
sans concurrence sur son créneau dans le ciel valaisan.
Les partenaires, dont notre
interlocuteur Francis Sermier,
président du Conseil d’administration, franchissent le pas. Ils
achètent un Eurocopter Colibri
naufragé dans la mer du Japon,
puis entièrement reconstruit.
Grâce à cette machine, ils commencent réellement l’aventure
d’Héli-Alps: vols de transport, ski
héliporté, films, manifestations
privées, rien ne leur échappe
malgré les sombres prédictions
d’autres acteurs qui voyaient
en cette nouvelle compagnie un
feu de paille destiné à s’éteindre
après quelques mois.
2003, année
charnière
La niche est trouvée. Beaucoup
plus rentable que le travail agricole, le sauvetage ou l’avitaillement des cabanes, le transport
privé se développe. Jean-Luc
Grech, un des associés, est également restaurateur à Verbier. Il
connaît du monde. De plus en
plus de personnes souhaitent
profiter des services exclusifs
d’Héli-Alps qui va chercher les
clients où qu’ils soient dans un
rayon de 600 kilomètres, en
quelques tours de pales et sans
escale. La clientèle augmente,
en même temps que ses exigences. Héli-Alps achète une
deuxième machine et devient
• Une belle histoire.
réellement une entreprise commerciale, avec des pilotes qui
quittent leurs occupations premières pour faire de leur passion leur nouveau métier à plein
temps.
Le monde attire le monde. Des
propriétaires indépendants d’hélicoptères, conquis par le sérieux
de l’entretien des machines
et du potentiel d’exploitation,
confient leurs appareils aux bons
soins opérationnels de la compagnie valaisanne. Ils vendent
des heures de vol gérées par la
société. De formation en formation, les pilotes deviennent aussi
instructeurs au Groupe Hélico-Valais, acquérant ainsi une
dimension supplémentaire en
obtenant un statut d’école autonome, mais reconnue par les
autorités aéronautiques.
Niche, quelle niche?
On pourrait penser que seuls
de fortunés clients empruntent
les hélicoptères d’Héli-Alps. Si,
en valeur absolue, le prix de la
minute de vol paraît élevé, il faut
le mettre face du temps écono-
TOUT L’IMMOBILIER • NO 788 • 9 NOVEMBRE 2015
misé, du nombre de personnes
transportées et de la souplesse
d’horaires qu’aucun avion n’autorise. De plus, la structure
aéroportuaire de Sion permet à
un jet privé de stationner à 10
mètres de l’hélicoptère qui emmènera les passagers vers leur
destination finale. L’immense
majorité des 42 héliports valaisans accueillent les appareils
bleus d’Héli-Alps. Avec l’exception notoire de Zermatt, qui
réserve jalousement sa place
d’atterrissage de la station à
Air-Zermatt, au détriment de la
clientèle internationale qui doit
choisir entre dépose nécessitant
un transbordement ou hélicoptère moins confortable.
Hormis la clientèle alémanique
ou étrangère - 40% du chiffre
d’affaires - deux autres catégories de clients garantissent la
pérennité de la compagnie. Le
ski héliporté pour 20%, le solde
étant procuré par tous ceux qui
veulent, de temps en temps,
s’offrir un morceau de rêve. Et
quel rêve! n
François Berset