cpu-killer - Comment ça craint, une page d`indexl ! On peut pas
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cpu-killer - Comment ça craint, une page d`indexl ! On peut pas
CPU-KILLER Une histoire de pirates, d'ordinateurs et de puces RFID où Jean-Sebastien Bach jour au moins quarante-et-uns rôles différents. AR C I B O M BER M AN Chapitre IV Hackers Can Turn You Computer Into A Bomb ! L'obscurité, puis un terrible silence. Et l'impression atroce de tout sentir se passer au ralenti, et d'avoir la tête sous une cagoule. Puis, soudain, de la lumière et des étincelles, et une brutale accélération. Et de nouveau, le noir. Quand Between reprit conscience, elle sentit immédiatement le goutte à goutte qui se diluait dans ses veines. C'était un calmant. Elle réalisa ensuite qu'on la ventilait au masque et qu'un chevalier en armure signalait à son camarade qu'elle était en train de partir. Elle écarquilla les yeux pour signaler comme elle pouvait qu'elle était bien là, et réalisa au passage que les vaillants croisés étaient deux pompiers moustachu qui lui évoquèrent deux fameux plombiers. « Ben tiens, tu l'as récupérée, dit Mario. _ Ah ouais, répondit Luigi. Heu... Ca va madame ? » Il ôta le masque et elle essaya de répondre, mais eut l'impression que du plâtre dansait la gigue dans sa trachée. Aussi son « c'est mademoiselle s'il vous plaît » qu'elle avait voulu classieux malgré tout se transforma en un lamentable « Say un zeeeeerg plaaaahhhh » suivi d'une violente quinte de toux. « Heu... L'hôtel a explosé et vous étiez dedans. » Merci Sherlock mon enquête avance à grand pas grâce à cette subtile observation, songea-telle, impuissante, alors qu'ils lui remettaient son masque et la chargeaient dans une ambulance. * Il remarquait maintenant que Pépé Emile faisait tout pour être à son avantage. Il portait des chemises repassées, fermait à double tour les pièces les moins bien rangées, et jetait sans arrêt des regards complices dans les coins. Il cherchait les caméras. Thomas n'avait qu'une hâte : descendre du tracteur de ce cul terreux et prendre le train pour rejoindre la civilisation. Il savait que le seul à pouvoir l'aider était Petilan. Il avait encore un peu plus de vingt-quatre heures pour parvenir jusqu'au lieu du rendez-vous. Sur le coup de quinze heures, le véhicule du vieux paysan le déposa enfin près de la gare de Dijon et abandonna Bomber Man en le serrant théâtralement dans ses bras. Le terroriste s'éloigna le plus rapidement possible et entra dans la gare. Il portait une affreuse chemise à carreaux donnée par le vieil homme, était mal rasé et était en sueur. Après avoir donné cinquante centimes à une damepipi, il passa quelques minutes à regarder son visage émacié. Il se passa alors longuement de l'eau sur le visage. Il fallait absolument qu'il garde son sangfroid. Et surtout, rester naturel. Ne pas attirer l'attention. Il se regarda de nouveau dans la glace, et eut à peine le temps de voir le mastodonte d'ébène derrière lui. Il sentit une main large et dure comme un gant de base-ball sur son visage et fut entraîné dans l'un des W.C. L'homme ferma à clé, et approcha son visage à quelques centimètres du sien. « Surtout, tu ne cries pas. Montre un doigt si tu me promets de ne pas hurler. » Bomber Man leva un pouce en tremblant, imaginant sa dernière heure venue. Il sentit la pression se relâcher autour de sa bouche et tomba sur la lunette des toilettes. « Me tuez pas ! Gémit-il. _ Je ne vais pas te tuer, dit l'autre d'une voix grave. Je suis en train de te sauver la vie. » Bomber Man essaya de reculer, mais percuta le réservoir de la chasse d'eau. « Je suis en danger ? _ Tu es en danger partout et tout le temps tant que tu es en France. Suis-moi, et je peux te sauverais la vie en échange de quelques informations. » Il resta pantois, effrayé par ce colosse. « Je vais m'expliquer mieux que ça. Hier après-midi, tu as fait sauter un Data Center en laissant énormément de preuves derrière toi. Ton nom est déjà dans les journaux, et ce n'est qu'une question de temps avant que le gouvernement ou l'URNE ne te mette la main dessus. _ La quoi ? » Il jeta un coup d'oeil aux toilettes en dessous de lui, en se demandant quelle pouvait être la menace. « L'urine ? _ L'URNE. Tu les rencontreras bien assez tôt. Mais ce n'est pas eux que tu dois craindre. _ Les flics ? Ils veulent me tuer ? _ Non, Thomas. Les machines. Les machines vont te tuer. » Le colosse ouvrit brutalement la veste du terroriste et en retira son téléphone portable. Après avoir écarté le jeune homme des toilettes, il l'alluma, l'y jeta tira la chasse d'eau. Ils entendirent un bruit sourd et étouffé quelques secondes plus tard. « Et voilà. _ Mais pourquoi... ? Comment ? _ Tout ce qui est électronique et relié à Internet peut être désactivé à distance. Tout peut aussi être transformé en pétard par un hacker assez malin. » Le noir sourit de toutes ses dents. « Alors ? Tu préfères mourir comment ? En téléphonant ? En achetant un billet de train à un automate ? En envoyant un mail ? En te connectant au Xbox Live Arcade ? En cherchant une offre d'emploi à un guichet ? En regardant la télé par satellite ? _ C'est... C'est Petilan... bredouilla Bomber Man. C'est lui qui veut me tuer ? _ S'il avait voulu te tuer, tu serais mort hier. _ ... _ Il y a un débat chez eux. _ Eux ? _ Petilan veut te garder en vie jusqu'à demain, pour prouver quelque chose. Les deux autres ont peur qu'à cause de toi, leurs plans soient ralentis. Ils ont décidé de te tuer la prochaine fois que tu accéderas à Internet d'une manière ou d'une autre. _ Mais... Ce n'est pas possible... Je ne veux pas mourir, moi. » Le sourire de l'homme s'amplifia. « Hé hé. Ne t'inquiètes pas. Je vais te sauver. Mais pour cela, il va falloir que tu fasses tout ce que je vais te dire. _ Je... Je sais même pas qui vous êtes ! _ 41. » Il lui montra une carte d'identité de la République Démocratique du Congo au nom de « Jésus Sauveur Baptiste Quarante-et-Un ». * « Et comment vous faites vos remboursements de sécurité sociale, en Suisse, hein ? Demanda la femme qui était de garde et qui manifestement n'avait qu'une envie : voire Between partir le plus vite possible du comptoir de son hall d'accueil. _ Pour tout vous dire, chère madame » elle l'avait dit sur le ton exact ou elle aurait dit ''sale grosse vache farcie à la merde'' « Je préférerais directement faire un chèque à votre hôpital. _ Très bien. Alors il me faudra deux pièces d'identités. Vous n'imaginez pas le nombre de mauvais payeurs qui traversent la frontière pour abuser du système. » Between se demandait si les pansements qu'elle avait sur le front amortiraient le choc en cas de collision involontaire entre leurs deux crânes. « En fait, si vous avez mon dossier sous les yeux, vous devez lire en gras et en souligné, juste ici (elle tapota la feuille par dessus le comptoir, ce qui fit tressaillir la standardiste aigrie), que l'hôtel dans lequel je séjournais à explosé. Ma chambre ne faisant pas exception, je ne peux que vous fournir ce que j'avais sur moi, c'est à dire ma carte d'identité et un chèque. Vous souhaitez peut-être vous entretenir plus longuement en ma compagnie ainsi qu'en la compagnie d'un de vos responsables de service du nombre de pièces d'identités que doivent fournir les victimes d'attentats quand ils décident de régler rubis sur l'ongle leurs frais hospitaliers ? » Les autres patients qui faisaient la queue derrière Between dissuadèrent la standardiste de se lancer dans une quelconque joute verbale plus avancée, et la poussa à accepter le chèque. La rousse s'éloigna d'un pas triomphal vers le parking de l'hôpital, mais fut interceptée par un jeune médecin à la mine verdâtre et à la démarche indiquant un sous-emploi manifeste. C'était un interne. « Attendez mademoiselle Faniel. Permettez moi de vous demander encore une fois... » Elle se retourna vers lui, les mains sur les hanches. « Docteur Junior, je vous le répète pour la cinquantième fois : vous êtes le seul à me donner des migraines ici. Je n'ai vraiment absolument pas de temps à perdre avec tout vos examens. _ Vous avez passé plusieurs heures dans le coma, et vous avez une violente contusion au front. Un scanner... _ Docteur Junior, répéta-t-elle en se plaisant à répéter son nom ridicule. Comme l'a dit l'inspecteur devant vous j'ai eu le réflexe de jeter mon ordinateur avant l'explosion. A part le souffle et la moquette de l'hôpital, je n'ai reçu aucun éclat ni rien d'autre de dangereux. Alors, jeune homme, vous allez me faire le plaisir d'aller dire au quelconque Docteur Senior qui vous supervise que je sors contre avis médical de peur de faire dépenser des radiations non nécessaires à votre petit pays endetté. » Jugeant qu'il avait assez couvert ses arrières, le Docteur Junior haussa les épaules et la laissa partir. Between sourit de toutes ses dents et reprit sa marche. C'est à ce moment précis qu'elle remarqua que le chirurgien qui marchait à quelques pas derrière elle portait un haut de forme. Elle continua à avancer avec un signe de dédain. « Nico le magnifique est de retour ? _ Je serais bien resté à vous attendre dans les ruines de l'hôtel, mais la maréchaussée m'a signalé que vous avez explosé. » Elle le considéra, en soupirant quand il commença à jongler avec deux sacs de sérum physiologique. « Quelqu'un sait que vous êtes là ? _ Si je vous dit que je fais occasionnellement une démonstration clownesque à destination des bambins souffreteux dans cet hôpital précis, me croiriez-vous ? _ Pas particulièrement, mais ça n'a strictement aucun rapport avec notre affaire. _ Vous avez parfaitement raison. Je suis venu en automobile. Voulez vous aller déjeuner en ville ? _ Vous avez une voiture ? Je pensais que vous seriez venu en Grand-bi ou quelque chose comme ça. _ Vous me froissez. » Il se frotta les yeux et pleura un grand jet de larmes comme s'il sortait d'un dessin animé des années cinquante. Il la conduisit jusqu'à une décapotable flambant neuve au design rétro. Between siffla. Elle était cadre supérieur, et l'URNE payait bien, mais elle aurait été bien incapable de se payer un coupé italien rutilant comme celui-ci. « A qui vous l'avez volé ? _ Si je vous dit que je suis l'héritier d'un multimilliardaire sibérien, vous allez encore m'accuser de divaguer. _ Ah, laissez-tomber. » Ils montèrent dans la voiture et quittèrent l'hôpital sur les chapeaux de roue. Nico M. Lester insista pour la conduire jusqu'à un fast-food pour « encanailler un tantinet son image ». Sur le chemin, Between raconta sans entrer dans les détails comment elle avait obtenu le numéro de Bomber Man et comment elle avait eu le réflexe salvateur de jeter son ordinateur quand elle avait entendu un bruit extrêmement suspect et que sa conversation MSN s'était emballée. Nico serra les dents et plissa ses petits yeux bridés. « Oh la la. J'imagine que vos interlocuteurs étaient messieurs Mas, Jannsen, Brisebourg et j'en passe ? _ Oui... Vous m'espionniez encore ou vous faites aussi médium ? _ Je l'ai lu dans le journal. Ce fait divers tient les cinq colonnes à la une. Tous ces gamins n'ont hélas pas eu le réflexe salvateur qui a épargné votre charmant visage. Comment cela a-t-il pu arriver ? _ Ils sont morts ? Marmonna Between. _ Je le crains. _ Nico, nous faisons face à quelqu'un de beaucoup plus impressionnant que je le pensais. _ Seigneur, et dans quelle mesure ? _ Techniquement, il est tout à fait possible de détruire un PC à distance. Il suffit d'un hacker un minimum doué, et d'un ordinateur médiocrement protégé. _ Vous voulez dire, comme ce qui est arrivé à ces jeunes zazous. _ Justement, non. Par « détruire », je veux dire endommager une carte-mère ou un processeur » à son regard, elle crut bon de passer en mode ''pour les nuls'' « Le cerveau du PC. Faire en sorte qu'un programme cause une surchauffe et détruise des composants électroniques. Par contre, faire sauter un PC... _ C'est impossible ? _ Rien n'est impossible. Un court-circuit peut très bien dégénérer si on l'y aide un peu. C'est juste que cela n'a jamais été fait à ma connaissance. Ailleurs que dans de mauvais films d'actions et dans la tête des envoyeurs de chaînes de Spam. » Nico se gara sur le parking du fast-food. Ils firent bientôt la queue devant une bande d'adolescents venus entretenir leur acné. « Vous allez tenter de joindre Bomber Man ? _ Il faut que je le contacte avant que la police française ne l'arrête. Cependant, je ne peux pas m'empêcher de penser que c'est une mauvaise idée. _ Plaît-il ? _ Quand j'étais à l'hôtel, comme vous vous en souvenez, j'ai été localisée et mise sur écoute. Il se peut que je le sois toujours » Nico tortilla sa moustache. « A vrai dire, j'imagine que vous n'avez pas à vous tracasser pour cela. _ Et pourquoi donc ? » Nico souleva son chapeau, faisant tomber une pluie de petits microphones aux fils arrachés dans les pieds de clients qui le regardèrent avec un air réservé aux plus pitoyables de crétins croisés dans le métro. « En fait, après vous avoir quitté, j'ai fouillé quelques autres chambres. C'est tout cet hôtel qui était sur écoute. Le contrevenant a parfaitement pu espionner tout le monde au hasard, sans savoir qui vous étiez. _ Ca ne tient pas. _ Et pour messieurs-dame ? » Demanda une vendeuse à l'air stressé alors qu'ils arrivaient à hauteur de caisse. Ils commandèrent quelques étages de gras dans du pain séché et du sucre liquéfié dans un gobelet en carton et une salade pour faire carburer la bonne conscience de Between. Une fois qu'ils eurent pris place sur une table inconfortable et posé leurs plateaux frappés de l'image d'un clown d'apocalypse, Between reprit son explication. « Vous avez su mon pseudonyme de Skyblog parce que vous avez entendu la conversation téléphonique non ? Il savait qui j'étais dès le départ. _ Pas nécessairement, Il pouvait très bien espionner au petit bonheur la chance les chambres comme les connexions sortantes des calculateurs. » Elle fronça les sourcils. Vu la taille de l'hôtel, le wifi intégral et le peu de temps passé par chaque client devant son ordinateur, cela aurait demandé une logistique prodigieuse de fouiller les données de tout le monde en aussi peu de temps. « Que quelqu'un fasse sauter des PC à distance, je veux bien. Mais recueillir des informations sur des centaines de clients en quelques minutes, cela implique une capacité d'analyse qui tiendrait de la vraie magie. _ Ou alors ce n'est qu'une illusion et vous vous êtes fait abuser comme un poupon dans un de ces goûters d'anniversaire que vous gaussez tant. _ Je ne vous suis pas, fit-elle après avoir siroté pensivement quelques centilitres de cholestérol. _ Votre méthode d'enquête consiste à recueillir des informations avec célérité sur des témoins pour les forcer à parler. Peut-être que le paltoquet que nous traquons a agi de même. _ Impossible. Il y avait des centaines de clients et un Wifi en accès libre. Il aurait fallu des dizaines d'informaticiens, des heures de travail et un coup de bol monstre pour m'identifier aussi vite. Je ne suis pas du genre à laisser des dossiers du genre « bonjour, je suis Between alias Lauralys, mdr.txt » sur mon disque dur. _ Alors c'est que, comme cela m'est arrivé, le rejeton de fille publique a été prévenu que l'agent de l'URNE séjournerait dans votre chambre, et qu'il s'est concentré sur ce lieu pour mener son acte de vil corsaire. » Between se balança sur sa chaise. Elle n'avait jamais rencontré ce cas de figure. « Vous pensez qu'il y a une taupe dans l'URNE ? _ A moins que vous ne soyez en mesure d'imaginer une autre solution, j'en ai hélas fort peur. » Between regarda autour d'elle. Personne ne faisait attention à eux. Elle s'empara brutalement de la fourchette en plastique de sa salade et la pointa sur le cou de Nico, qui sursauta en laissant s'échapper un as de pique de sa manche. « Mais enfin, que faites-vous ? _ Vous connaissez le fonctionnement de l'URNE. Personne ne connaît personne. S'il y a une taupe, c'est forcément vous ou 41. Les deux seuls à m'avoir approchée dans cette affaire. _ Mais enfin pourquoi moi, par tous les saints du paradis ? Et l'autre ? _ 41 n'est pas une taupe. _ Que pouvez-vous en savoir ? _ Je le sais, c'est tout. » Nico prit un air contrarié et presque agressif. « Et comment avoir confiance en vous ? Vous semblez en savoir long, et sauter bien vite aux conclusions quand j'évoque une taupe. _ Alors nous voilà dans l'impossibilité chronique de nous faire mutuellement confiance, ditelle en maintenant la fourchette contre sa gorge. Si ce n'est que je suis celle qui a failli mourir, et que vous êtes celui qui m'espionnait quand je vous ai rencontré. _ Nous nous étions expliqués à ce sujet. _ Je me suis laissée convaincre un poil trop vite. _ Jésus Marie ! Mais laissez-moi au moins vous donner un gage de ma bonne foi ! Je n'ai pas chômé cette nuit, vous savez ? Je peux vous prouver que je travaille dans l'intérêt de l'URNE. _ Vous feriez mieux de faire vite... » Il dégagea quelque chose qui était autour de son cou. Between ne l'avait pas remarqué plus tôt. Cela ressemblait à une clé USB, mais n'avait pas exactement le bon calibre. « J'ai pu mettre la main sur ceci. _ Ne me dites pas qu'il s'agit déjà de la clé de la Polystation I, cela ne ferait que vous rendre plus suspect. _ Non, non. Il s'agit des clés de l'appartement d'un des membres de la fondation TTA. » Between ouvrit la bouche. Absolument rien ne lui vint à l'esprit, et elle trouva cela dommage vu à quel point elle était à la fois surprise et dubitative. « Quoi ? Finit-elle par dire. _ La Fondation possède encore quelques bureaux à Paris. J'ai passé la nuit à me procurer l'adresse et les clés d'un de leurs secrétaires. » Quelqu'un se leva, à une table voisine, un téléphone portable à la main. « heu... Est-ce qu'il y a une Laura Lys je sais pas quoi dans le restaurant ? » Between le regarda, se trouvant décidément tellement à court de répliques qu'elle se demanda si elle n'avait pas subi une répartictomie pendant la nuit. Elle se leva et se désigna. « Ben... C'est pour vous... » Sans rien dire, elle prit le téléphone en se doutant de la voix qu'elle allait entendre. « Bonjour, Agent Between. Content de voir que vous n'avez pas trop souffert de la petite plaisanterie d'hier soir. Je ne contrôle pas toujours les excès engendré par cette navrante affaire. Oh, mais je manque aux plus élémentaires de mes devoirs. Je suis M.Petilan. Je souhaite m'entretenir avec vous du cas douloureux d'ADT Bomber Man. » * 41 faisait avancer Thomas à quelques dizaines de centimètres devant lui et faisait mine de parler dans un téléphone portable, s'adressant en réalité au malheureux terroriste tremblant quelques pas devant lui, un billet pour Paris à la main. « Oui, dis-donc, disait bruyamment 41 avec un accent africain exagéré. J'espère qu'il a compris présentement. » Il constata un léger hochement de tête de la part de Thomas qui compostait son titre de transport. « Oui oui, il va présentement aller à son rendez-vous, mais il risque de rater celui qu'il doit voir. » Hochement de tête. « Il va se faire avoir par la Boîte, oui, et comme c'est la coutume il va rencontrer tous les directeurs. Je le verrais en dernier, il me dira ses impressions, tu comprends ça ? » Hochement de tête. « Ah oui, tu as raison de poser la question, là dis-donc. Bien sûr qu'il fera attention à ne pas dire que je prépare une surprise. Sinon il n'aura jamais le travail ! Ha, ha, ha oui, je dois te laisser, au revoir. » Après avoir acquiescé une dernière fois, Thomas monta dans le train en évitant soigneusement une machine à café, à tout hasard. Il ne se retourna pas pour voir 41 continuer son manège et s'assit en frissonnant à la place qui lui avait été réservée par le colosse. Il n'y avait plus qu'à espérer que 41 tiendrait sa promesse... « Mais comment j'ai pu me fourrer dans un pétrin pareil ? Gémit-t-il. _ Ne m'en parlez pas, lui répondit la femme assise devant lui en se retournant au dessus de son siège. Sale journée ! » Il la regarda : une gamine blonde décolorée aux yeux vairons habillée comme un sac à patate. Elle avait une tête à avoir perdu son skyblog la veille. « Ca peut pas être pire que ma journée, se lamenta Thomas. _ Mon patron arrête pas de me mettre offtrip, trépigna la blonde. _ Off... trip ? » Une expression de geekette. Elle se sentait « hors du coup » et s'était retournée directement vers lui. D'après 41, les agents de l'URNE marchaient toujours... « Je ne sais même pas pourquoi on a du vous intercepter et à peine qui vous êtes ! » ... Par paire. Le train démarra, et Thomas remarqua immédiatement que sur le quai, 41 regardait la voiture s'éloigner avec fureur. * « Premièrement, agent Between, arrêtez d'essayer de déterminer comment je sais ce que je sais, et combien j'en sais. C'est ma condition à la poursuite de cette conversation. » Between réfléchit aussi vite qu'elle le pouvait, et jeta un regard suspicieux vers Nico, qui haussait les épaules. « Bon, heu... D'accord. _ Bien. Parfait. Venons-en au fait. Mes amis et moi-même souhaitions pour une raison que je ne tiens pas à vous dévoiler tenter un sabotage sur Skyblog. Cependant, nous avions un avis divergeant quand à ce que nous devions faire par la suite. Je pense que Thomas Lamical vaut mieux vivant que mort, puisqu'il ne pourra donner que de fausses pistes à toutes les autorités, quelles qu'elles soient. Mes amis le voient plutôt mort, de peur qu'il ne finisse par commettre une bourde nous exposant à la vengeance de quelque policier appliqué. Qu'en pensez-vous ? _ Ce que j'en pense ? Qu'est-ce que ça peut bien vous faire ? _ Votre avis de spécialiste des lois doit être intéressant. » Il disait cela sur un ton parfaitement neutre. Il semblait le penser, sans ironie particulière. Between se rassit à sa table, sous le regard préoccupé du propriétaire du téléphone portable. « Je pense que quoi que vous fassiez, vous finirez en prison tellement longtemps que vous aurez le temps de retaper tous les blogs que vous avez effacé. Alors je ne pense pas qu'il soit utile d'ajouter un meurtre à votre sabotage économique. _ Nous sommes donc partiellement du même avis et vous m'en voyez ravi. Je vais donc vous demander d'arrêter Thomas Lamical et vous donner l'opportunité de le faire. _ Pourquoi feriez-vous ça ? _ Je ne vois pas d'autre manière de lui sauver la vie. Vraiment aucune autre. Toute sa vie numérique est traquée par mes amis, et n'importe quel appareil électronique lui sautera à la tête jusqu'à ce qu'il en meure. _ Et pourquoi ne pas convaincre vos compagnons, plutôt ? _ Ce n'est pas ainsi que cela fonctionne. Arrêtez de me demander pourquoi je vous donne cette chance, disons que cela nous arrange tous deux. Si vous refusez, je peux tout aussi bien passer le même marché avec la police. _ Je pourrais téléphoner à Bomber Man et passer un deal similaire avec lui... _ Quel dommage que son téléphone portable ait explosé ! » Ironisa Petilan. Between se doutait que quelque chose comme cela avait pu se produire. « J'ai pas franchement le choix, grogna Between. Dites-moi tout. _ Demain après midi à quatorze heures à l'Hôtel Hibou du Plessis. Il sera là en pensant me rencontrer, et vous y serez à ma place. _ Et... » Et rien du tout. La tonalité retentit, signalant que Petilan avait dit tout ce qu'il avait à dire. Between soupira et rendit le portable à son propriétaire. Elle en revint à Nico. « Il semblerait que la seule personne à qui nous puissions faire confiance est celui que nous traquons. » Elle lui expliqua la teneur de la conversation. Nico s'entortilla les doigts, faisant ponctuellement apparaître des bouts de chiffons colorés. « Hum... Donc le dénommé Petilan vous a vendu son homme de paille pour lui épargner les tourments du décès ? _ Il semblerait. _ Cela est pour le moins... Suspect et décousu. _ Si vous avez mieux à proposer, je vous en prie, Nico. » Ils se jaugeaient. La paranoïa faisait son oeuvre. La situation fut finalement débloquée quand Between accepta de faire un pas en arrière dans leur joute visuelle. « Bon. Pas la peine de jouer à Spy VS Spy pendant des heures, si on ne collabore pas, nous ne pourrons jamais résoudre cette affaire. _ Je suis d'accord. _ Bien, laissons-là ces dégoûtants hamburgers et allons visiter ce fameux appartement de la fondation TTA. » Nico fit disparaître son hamburger d'un mouvement ample de sa manche et lui adressa un sourire. « Faisons cela, gente dame. Et excusez ma suspicion passagère, c'est indigne d'un vrai dandy. _ Ouaip. Mais moi je ne m'excuserais pas. Après six ans d'études juridiques, je sais quand je suis en droit d'être une ourse mal léchée. » Après quelques rires feints, ils quittèrent le restaurant, et se rendirent dans un pavillon isolé en bordure d'un village de l'Essonne. C'était une maison de briques rouge terne, avec un jardin particulièrement mal entretenu, et une boîtes aux lettres pleine de prospectus au nom de Yuri Fargovine. « C'est désert, marmonna Between en poussant la clôture qui grinça. Vous êtes certain que ce n'est pas abandonné ? _ Le propriétaire ne vient pas souvent. Mais il se sert de cet appartement pour entreposer du matériel ayant appartenu à TTA. » La rousse eut la surprise de trouver la porte d'entrée de la maison ouverte. Elle jeta un regard en coin à Nico qui jouait avec une de ses souris qui tournait autour de son chapeau. « Vous êtes déjà venu ? _ J'ai vérifié que la clé fonctionnait à plusieurs reprises. » Between entra, et découvrit un intérieur propret, ou seules les surfaces de travail étaient en désordre, remplies de dizaines de piles de documents plastifiés. Elle s'approcha d'un bureau dans le salon, et constata que des dossiers portaient le nom de la fondation TTA. Elle approcha sa main d'une pochette en carton, et sentit un mouchoir s'appliquer contre sa bouche. « Je suis profondément désolé » dit la voix apparemment contrite de Nico en appuyant le mouchoir imbibé de chloroforme de toutes ses forces contre le visage de Between. Une fois qu'elle fut lourdement tombée sur le sol, il alla fermer à double tour la porte de son appartement. Ne manquez pas « Game Genie » le cinquième épisode de CPU-Killer et dernier épisode de l'arc « Bomber Man ». B O N VS B O N P O U R M O N EGO Les plus mieux culturés d'entre vous auront remarqués une allusion à un comics pas franchement connu sous nos latitudes dans les lignes de cet épisode. Je fais bien entendu référence à Spy VS Spy, dont vous avez peut-être déjà vu un visuel sur un des nombreux jeux adaptés de leurs aventures. Par exemple, moi j'avais celui-ci : Eh ouais, la Version NES, j'étais vraiment tout gamin, mais ce jeu m'a énormément marqué. Peut-être bien qu'en fait c'était une daube, allez savoir, tout cela est loin maintenant. Spy VS Spy, comic publié dans le très fameux « Fluide Glacial Américain » Mad Magazine (vous pouvez me troller sur ce parallèle malvenu), était au départ dessiné par Antonio Prohias, un émigré Cubain qui avait fui le régime castriste. Il s'agissait de gags qu'on pourrait résumer ainsi : Coyote contre Coyote. Un espion Noir et un espion Blanc imaginaient des plans tordus pour éliminer l'autre, et tout l'enjeu de chaque épisode était de savoir qui ownerait l'autre à la fin de la planche. Comme nous l'enseigne Wikipedia (saint Wikipedia !) Spy VS Spy a été featuré dans un nombre incalculable de trucs. http://en.wikipedia.org/wiki/Spy_vs._Spy#Other_media On peut trouver sur le net quelques strips sur des fansites, ainsi qu'en cherchant bien, des florilèges de planches sur des moyens qui frisent la légalité. Sachant qu'à ma connaissance, en dehors des jeux vidéo, Spy VS Spy n'a jamais traversé l'Atlantique. Je ne sais pas si Spy VS Spy est très geeky à la base, mais sous nos lattitudes, le péquin moyen ne peut avoir connaissance de cette série que par le biais de jeux distribués quasiment sous le manteau par les éditeurs (la honte de faire de la daube avec cette licence depuis le passage à la 3D, sans doute...), et ne peut avoir été plus loin que par le biais du net. Donc, au final, oui, Spy VS Spy est geeky.