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Groupe ASCOMETAL.
Histoire d’une grenouille qui voulait se faire aussi grosse que le bœuf
Dans le feuilleton DALLAS DE L’ACIER qui se joue entre Arcelor et Mittal Steel,
nous venons de faire une entrée (fracassante) par le biais de notre actionnaire majoritaire :
le russe Severstal qui est présenté aujourd’hui comme « le sauveur » d’Arcelor.
Rappelons les épisodes précédents : (pour les plus jeunes et les anciens qui auraient oublié….)
Il fut un temps où la sidérurgie française après les années de profits gigantesques des
30 glorieuses (1945.1975) se trouva fort dépourvue dès la première bise venue…. En bons
capitaines véreux, les rats quittèrent le navire et laissèrent à l’Etat le soin de redresser la
barre, cela coûta environ 100 Millards de Francs à la Nation et 100 000 emplois au Peuple.
Mais la sidérurgie nationalisée (en 82) recommença à investir, à moderniser…et à refaire du
profit. (toutes choses que n’avaient pas réussi à faire les précédents actionnaires privés)
Bien vite, les nouveaux dirigeants « modernes » (Francis Mer PDG et Guy Dollé
directeur de la stratégie) qui avaient la mémoire courte (et les dents longues) ont réclamé la
privatisation de la sidérurgie, qu’ils ont fini par obtenir de leur copain Chirac en 1995. La
vente d’Usinor a « rapporté » à l’Etat 8 milliards de Frs (faites le calcul) avec un actionnariat
complètement atomisé (petits porteurs, fonds de pensions américains, spéculateurs de tout
poil) aucun « noyau dur » d’actionnaires fiables et intéressés au « développement durable » de
la sidérurgie. Francis Mer et son compère avaient ainsi les mains libres..
Une fois privatisé, la seule chose qui compte c’est le profit : c’est ça être moderne :
fabriquer de l’acier on s’en fout ! Les « grands stratèges » décidèrent un jour que le « cœur du
métier » c’est les produits plats, alors on bazarde les autres (Ascométal est vendu à Lucchini,
Unimétal et Tréfileurope à …..Mittal Steel, à l’époque ils étaient copains).
Puis arrive le « mariage du siècle » avec Arbed (Luxembourg) et Acéralia (Espagne)
pour devenir le N°1 de l’acier au monde : voilà un titre qu’il est bien pour Guy Dollé le
nouveau PDG (Francis Mer étant allé jouer au ministre entre temps). Alors là, c’est Byzance !
On n’arrête plus d’acheter (ou de vendre) en fonction « des opportunités » de manière à être
toujours la plus grosse grenouille de la mare ! Car l’important est de grossir toujours
plus….vu qu’on est le N°1!
Et Patatras ! En janvier 2006, tout s’effondre, l’autre grosse grenouille de la mare,
Mittal annonce qu’elle veut bouffer Arcelor en mettant sur la table 18 puis 22 puis bientôt 25
Milliards d’euros ! Et c’est la panique à bord car le « grand stratège » se rend compte que
84% des actionnaires sont inconnus au bataillon et vont être tentés de vendre leurs actions à
Mittal. (plus values obligent) Alors on décide de les arroser copieusement : un gros dividende
en 2005, puis on leur promet un cadeau de 7 millards d’euros pour 2006 ! L’action Arcelor
s’envole (22 euros en janvier 44 aujourd’hui…) mais entre temps Mittal fait aussi sa pub et
alors… et alors…Hé Hé !
Zorro- Mordachov arrive avec ses (nos) usines et ses (nos) milliards. Un « accord » est
trouvé au terme duquel si les actionnaires d’Arcélor sont d’accord, Mr Mordachov détiendra
32 % de la nouvelle grenouille et Guy Dollé restera PDG (ouf ! c’est surtout ça qui compte !)
Il y a dans cette affaire de gros sous deux grands gagnants et deux grand perdants :
1°) Le GROS gagnant est Mr Mordachov qui n’existait pas dans le paysage sidérurgique il y a
quinze ans et va se retrouver actionnaire majoritaire du plus grand groupe sidérurgique
mondial. ! Avec 1.25 Milliards d’Euros (et ses-nos usines) il acquiert 32% du capital, Mittal
devait en dépenser 25 pour espérer 51% chercher l’erreur. Certes il s’est engagé ( pendant 4
ans) à ne pas augmenter ses parts mais il a 43 ans et dans 4 ans….Guy Dollé prendra sa
retraite…avec un parachute doré comme d’autres braves PDG et des actions plein les
poches.
2°) Les autres gagnants sont les actionnaires qui voient tomber les dollars sans rien faire.
Pour eux l’argent n’a pas d’odeur, peu importe que la sueur soit d’origine européenne,
indienne ou brésilienne, alors ils font monter la pression et ça marche, les milliards tombent et
le moment venu ils vendront de toute façon pour aller chercher ailleurs d’autres profits.
Les grands perdants sont les entreprises et les salariés, car ces opérations boursières
coûtent très cher. Les milliards qui sont versés aux actionnaires (à fonds perdus) engloutissent
toutes les trésoreries d’Arcélor, Mittal et Severstal.
Tous ces milliards dilapidés ne se retrouveront pas dans les investissements nécessaires
dans les entreprises. Au contraire, une fois les caisses vides et l’épisode boursier terminé, la
première consigne des nouveaux dirigeants va être de reconstituer la trésorerie en pompant
dans les usines car c’est là que se crée la richesse.
La CGT vous invite à réfléchir à cette situation : toute l’année on mégote sur la
moindre dépense, on fait des devis (toujours trop chers) pour les moindres travaux et là en
quelques semaines des milliards sont dilapidés pour des questions de pouvoir et les rêves
« d’empires » de quelques mégalomanes qui flambent avec l’argent des autres.
On peut poursuivre le même raisonnement sur le plan social. Pendant la négociation
salariale, la direction d’Ascométal estimait suicidaire de lâcher quelques euros de plus, mais
dans le même temps, elle a fait remonter 65 millions d’Euros à l’actionnaire. (soit plus de 20
000 euros par salarié….)
ET MAINTENANT….
La « bataille boursière » se terminera en juillet, on saura alors qui a « gagné ». Si c’est
Mittal, nous ne serons pas concernés. Dollé sera éjecté avec son parachute doré.
Si c’est l’opération Séverstal, , nous ferons partie d’un nouveau groupe mondial (le
premier mais ça nous fait une belle jambe). Se poseront alors plusieurs questions d’ordre
juridique : Ascométal restera-t-elle une société indépendante (filiale), c’est très probable,
reliée au groupe Lucchini ( ? ? ? ?), c’est vrai qu’on l’a oublié celui-là ? Est-il dans la
combinazione ? ? ?
Y-a-t-il d’autres sociétés proches de notre métier dans ce nouveau conglomérat ?
Il est clair cependant qu’Ascométal sera tout petit (1 Million de Tonnes sur 70…) dans
un groupe très fortement concentré sur les produits plats. Alors, que d’ici ….un certain
temps….pour se reconstituer de la trésorerie…..les grands stratèges décident une nouvelle fois
de nous bazarder……il n’y a pas loin……à Mittal ? Pourquoi pas, puisque l’argent n’a pas
d’odeur….
L’important pour les salariés est de se recentrer sur notre usine, nos conditions de travail et
de vie, nos emplois et les investissements nécessaires à notre avenir. (et celui de Sollac
Florange, et de la Safe. ) Le seul enseignement que doivent retenir les salariés de cette
affaire : c’est que de l’argent il y en a beaucoup et que
LES PATRONS PEUVENT PAYER !

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