La loi consommation
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La loi consommation
n ° 14 Novembre 2014 la lettre d’information de la DIRECCTE Rhône-Alpes Direction Régionale des Entreprises, de la Concurrence, de la Consommation, du Travail et de l’Emploi a l r u s i o l a L consommation E sommaire n rééquilibrant les pouvoirs entre consommateurs et professionnels, la loi n°2014-344 du 17 mars 2014 relative à la consommation, dite aussi Loi Hamon, libère du pouvoir d’achat et améliore la vie quotidienne des Français. Les consommateurs auront désormais, par exemple, la possibilité d’obtenir collectivement réparation par l’action de groupe, de résilier à tout moment leurs contrats d’assurance auto et habitation, de disposer d’une année à compter de la signature d’une offre de prêt immobilier pour changer d’assurance emprunteur. L’accès à des dispositifs médicaux tels que les lunettes et lentilles est amélioré par une plus grande ouverture de la distribution, une sécurisation de la vente par internet et leur inscription dans un parcours de soin, qui renforcera la concurrence avec un effet à la baisse attendu sur les prix. De nombreuses autres mesures de protection du L’action de groupe................................................................ p2 Des pouvoirs renforcés pour protéger davantage les entreprises et les consommateurs..................................... p3-4 - Pour garantir la qualité des produits et la sécurité des consommateurs - Les relations commerciales entre professionnels DIRECCTE Rhône-Alpes Direction Régionale des Entreprises, de la Concurrence, de la Consommation, du Travail et de l’Emploi consommateur profiteront aux Français, telle que la garantie portée à 2 ans, le délai de rétractation pour les achats à distance porté à 14 jours ou encore l’encadrement des délais de remboursement. C’est une loi novatrice qui repose sur deux piliers : - la protection des consommateurs : en renforçant leur confiance dans l’économie, elle est un levier pour leur pouvoir d’achat ; - la protection des entreprises : en améliorant l’effectivité des règles des bonnes pratiques concurrentielles. Conjuguant renforcement de la protection des consommateurs et compétitivité, le rôle de l’Etat comme garant de l’ordre public économique est ainsi fortement réaffirmé. Jean-Claude Roche Directeur régional adjoint, chef du pôle Concurrence et Consommation de la Direccte de Rhône-Alpes L a l o i consomma tion redonne du pouvoir aux consom mateurs avec différentes mesures relatives aux ban ques et assurances, aux achats à distance, aux li tiges, à la lutte contre le dé marchage, aux transports, à la santé, ainsi qu’à la lutte contre le surendettement. Ces mesures mettent en œuvre des avancées qui concernent les Français dans leur quotidien, dans des champs très divers. Elles permettent notamment et d’ores et déjà, pour ceux qui le souhaitent, de résilier l’assurance emprunteur d’un prêt immobilier durant une période d’un an après la signature d’un prêt immobilier (par exemple si on trouve une autre assurance aussi protectrice mais moins chère). Les consommateurs ont 14 jours pour se rétracter pour les achats en ligne, par correspondance ou à la suite d’un démarchage -que ce dernier soit téléphonique ou à domicile-, au lieu de 7 jours auparavant. Par ailleurs, si un consommateur souhaite se rétracter après un achat à distance ou suite à un démarchage, les délais de remboursements ont été divisés par deux, passant de 30 à 14 jours. En cas de changement d’auto-école, plus besoin d’avoir à payer de frais de restitu- tion de dossier et en cas de non utilisation d’un billet d’avion il est possible de demander le remboursement des taxes aériennes. Enfin, l’action de groupe permet aux consommateurs d’obtenir réparation collectivement et de faire valoir leurs droits plus efficacement. L’action de groupe L’action de groupe est la mesure phare de la loi consommation. Elle ouvre une voie de recours collective au consommateur en réponse aux manquements des entreprises au code de la consommation (pratiques frauduleuses, allégations mensongères…) ainsi qu’aux pratiques anticoncurrentielles (entente sur les prix entre professionnels ayant conduit à un renchérissement du coût d’un produit ou d’un service préjudiciable au consommateur…). L’action de groupe est un outil permettant au consommateur d’obtenir réparation des préjudices économiques subis dans les litiges du quotidien. Son objectif est de rééquilibrer les pouvoirs entre professionnels et consommateurs tout en limitant strictement son champ d’application pour ne pas pénaliser les entreprises. La prise en charge et l’organisation de la réparation des préjudices économiques subis par les consommateurs sont confiées aux associations de consommateurs agréées. Ceci permet de soulager les consommateurs des frais et de l’énergie nécessaires dans une procédure de recours contre une entreprise et aussi d’éviter les abus dans l’usage de l’action. 2 Le statut et l’objet social de ces associations leur permettent de répondre aux exigences de légitimité quant à la qualité et l’intérêt pour agir au nom d’un groupe de consommateurs. L’agrément dont elles disposent garantit leur indépendance à l’égard de tout intérêt professionnel et permet d’éviter le risque de procédures dilatoires instrumentalisées par un concurrent. L’action de groupe a pour objet de permettre exclusivement la réparation des préjudices matériels subis individuellement par un groupe de consommateurs, à l’occasion de la vente d’un produit ou de la fourniture d’un service. Afin de garantir l’efficacité de cette nouvelle procédure, les dommages corporels et les préjudices moraux sont exclus du champ de l’action de groupe. Plus généralement, le législateur a entendu ne pas faire courir de risques trop importants aux entreprises en cantonnant strictement le champ d’application de l’action de groupe. Les préjudices économiques nés de l’existence de pratiques anticoncurrentielles sont couverts. L’action peut être introduite, dès lors que, s’agissant de la constatation des manquements, une décision devenue définitive de l’autorité de la concurrence ou de la commission européenne est intervenue. À titre d’exemple, une entente entre opérateurs de téléphonie mobile serait susceptible de faire l’objet d’une action de groupe, tendant au remboursement à chaque consommateur ayant payé trop cher son abonnement du fait de ladite entente, de la différence du prix payé avec le prix du marché. Par souci d’efficacité et afin d’éviter la dispersion des saisines, l’action de groupe est introduite devant les tribunaux de grande instance. La procédure devant les tribunaux s’articule en 2 phases : un jugement au fond qui statue sur la responsabilité du professionnel, définit le groupe des consommateurs susceptibles d’être indemnisés, détermine les préjudices subis et fixe le montant de l’indemnisation ou à tout le moins les modalités de calcul de celle-ci, ainsi que la procédure pour permettre aux consommateurs d’obtenir cette indemnisation, après s’être préalablement et expressément déclarés (système d’optin), soit auprès du professionnel, soit auprès de l’association ; la procédure d’indemnisation qui permet aux consommateurs d’obtenir l’indemnisation fixée par le jugement, soit amiablement, soit, en cas de difficulté, en application d’une seconde décision du juge du fond qui sera saisi pour trancher dans un même jugement les demandes d’indemnisation restées insatisfaites. L’association requérante représente les consommateurs non indemnisés aux fins de l’exécution forcée du jugement. Des pouvoirs renforcés pour protéger davantage les entreprises et les consommateurs Pour garantir la qualité des produits et la sécurité des consommateurs Un an après la crise de la viande de cheval et la mise au jour d’une fraude à l’échelle européenne, le législateur a choisi de modifier les moyens de contrôle, parfois insuffisants, pour assurer une surveillance optimale du marché, une meilleure image de marque des filières de production et leur renforcement. Il était nécessaire de moderniser sur certains points les pouvoirs des agents de la Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes, afin de rendre plus simples et plus efficaces les contrôles qu’ils réalisent. Les dispositions de la loi Hamon ont pour but de préciser, uniformiser, clarifier les pouvoirs d’enquête et moyens d’intervention des agents et de renforcer la coopération entre les entités intervenant dans la surveillance du marché. Dans un dossier récent de pratiques de contrefaçons, il a été nécessaire, pour identifier le contrefacteur, que les agents de contrôle d’une DIRECCTE se fassent passer pour des acheteurs potentiels. D’où l’intérêt des nouvelles dispositions permettant de relever l’identité d’une personne contrôlée, d’intervenir sans révéler leur qualité d’enquêteur et, pour les contrôles sur internet, de recourir à une fausse identité, dès lors que la preuve de l’infraction ou du manquement le justifie. Il s’agit également d’assurer une meilleure transmission des informations à des entités avec lesquelles une collaboration est nécessaire, par exemple avec la Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés (CNIL), afin de mieux garantir la protection des données personnelles des consommateurs. La loi a également institué une nouvelle sanction administrative qui fait supporter à l’entreprise, responsable de la nonconformité, le coût des prélèvements, du transport, d’analyses ou d’essais des échantillons qui ont permis de constater qu’un produit n’était pas conforme à la réglementation. En effet, il n’apparaît pas équitable de laisser à la charge du budget de l’État, les coûts des contrôles qui ont montré que l’opérateur n’avait pas mis en œuvre les moyens nécessaires pour vérifier la conformité des produits. Recherche de pesticides dans les denrées alimentaires : 297 e Essai sur un casque de moto : 4 554,37 e Essai d’un détecteur de fumées : 4 700 e Moyenne pour les produits industriels (2010) : 1 454,62 e Une amende administrative peut être prononcée pour les dossiers relevant des agents du service de la métrologie légale du pôle C de la DIRECCTE pour ce qui relève du contrôle des instruments de mesure mis sur le marché, la surveillance des organismes agréés et des instruments de mesure en service (exemple : manquements constatés lors des contrôles des pompes des stations-services pour vérifier l’exactitude des quantités de carburants délivrées). À titre d’information, les coûts moyens d’analyses ou d’essais des échantillons prélevés en 2012 sont les suivants : Analyse microbiologique d’une denrée alimentaire : 142 e Les relations commerciales entre professionnels La loi entend renforcer le dispositif de sanctions en cas de non-respect des règles régissant les relations commerciales entre professionnels, en introduisant dans le Code de commerce un régime d’amendes administratives qui se substitue aux sanctions civiles et pénales existantes. 31 JANVIER 3 Les retards de paiement : un des fléaux de l’économie française Au quatrième trimestre 2013, plus du tiers des entreprises françaises a payé ses fac- tures au-delà du terme prévu. Les délais de paiement pèsent lourdement sur les trésoreries en France. En 2011, le crédit interentreprises a représenté 605 milliards d’euros, soit cinq fois le montant des crédits bancaires de court terme. Les entreprises débitrices sont souvent tentées de recourir prioritairement au crédit interentreprises, source de financement gratuite, et de différer, parfois à l’excès, le paiement de leur dette. Ces retards de paiement sont préjudiciables à la compétitivité et à la rentabilité des entreprises créancières parce qu’ils leur imposent d’obtenir des financements de court terme auprès de leur banque. Les délais de paiement constituent donc un enjeu important pour le financement des entreprises. La loi n°2008-776 du 4 août 2008 de modernisation de l’économie (LME) a permis une amélioration conjoncturelle des délais de paiement. Cet effet positif n’a été que temporaire et partiel. En 2011, 30 % des entreprises ne respectaient pas la loi. L’allongement des délais de paiement est l’un des symptômes de la situation économique du pays et des difficultés financières des entreprises françaises. Constat Un fournisseur de produits alimentaires périssables subit systématiquement les retards de règlement de ses gros clients, mais ne porte pas plainte de peur de perdre de tels clients et ne réclame pas non plus les pénalités de retard pourtant exigibles de plein droit. Ce manquement constaté par les agents de l’Etat donne lieu à un procès-verbal d’infraction qui est transmis au Parquet. Devant l’encombrement des tribunaux judiciaires, une solution transactionnelle est adoptée. Cette procédure ne dissuade cependant pas les entreprises de payer en retard leurs fournisseurs. Par ailleurs, la procédure civile pour traiter les retards de paiement hors secteurs alimentaires périssables ne semblait pas toujours la plus adaptée pour faire cesser rapidement ce type de pratiques. Améliorations du système législatif Avec la loi Hamon, les nouveaux pouvoirs conférés à l’autorité chargée de la concurrence et de la consommation lui permettront de prononcer, plus rapidement, des injonctions ou des amendes administratives afin de faire cesser ce type de pratiques. Un professionnel qui livre son client plusieurs fois dans le mois et émet une facture récapitulative à la fin du mois devra être réglé au maximum 45 jours après la date d’émission de cette facture. Le Commissaire aux comptes est tenu d’informer l’administration dans le cas où il observe des retards de paiement importants et répétés. Un décret d’application est en cours d’élaboration pour améliorer la qualité des informations publiées sur les délais de paiement, afin que celles-ci soient plus fidèles à la réalité du comportement de l’entreprise tout au long de l’année concernée. Les relations entre les fournisseurs et les distributeurs Le rapport de force est déséquilibré entre les principales enseignes de la grande distribution et les PME qui cherchent à vendre leurs produits dans leurs linéaires. Ce déséquilibre induit dans certains cas des pratiques abusives. En 2014, les modalités de négociations tarifaires ont fait l’objet d’une attention toute particulière ainsi que les conditions de renégociations tarifaires des produits vendus sous des marques de distributeur (MDD). Les pratiques les plus préjudiciables pour les entreprises victimes font l’objet d’enquêtes coordonnées au niveau national. Dans ce cas, un schéma d’enquête commun est retenu pour une action ciblée à visée corrective. Ainsi, une enseigne de la grande distribution avait tenté d’imposer à ses fournisseurs des obligations très rigides, insérées dans son contrat type, pour le retour des invendus et pour les conditions de changements tarifaires. Ces obligations créaient donc un déséquilibre significatif dans les droits et les obligations des parties. L’enseigne a été condamnée en juillet 2013 à verser 600 000 e. Si certains outils juridiques ont donné des résultats, les pratiques observées ont néanmoins perduré. La loi Hamon a donc cherché à améliorer et clarifier le déroulement des négociations commerciales entre fournisseurs et distributeurs afin de limiter les pratiques abusives. Le déséquilibre du rapport de force s’est accentué au cours des dernières années compte tenu de difficultés conjoncturelles liées à la volatilité des cours des matières premières agricoles et des prévisions de croissance revues à la baisse. Afin de pouvoir davantage limiter les abus des entreprises en position de force, plusieurs mesures législatives ont été prises. La loi Hamon rend obligatoire un certain nombre de mentions telles que le barème de prix unitaires du fournisseur, les conditions générales de vente et la mention des réductions de prix. Les précisions apportées au contenu du contrat permettront de prouver plus facilement que le distributeur ne s’est pas conformé à ces obligations. Pour atténuer les effets de la volatilité des cours des matières premières agricoles, le législateur a prévu en cas de fortes variations des cours une procédure de renégociation. Les conditions de renégociation devront être symétriques (qu’il s’agisse d’une hausse ou d’une baisse de prix). La renégociation devra être conduite dans un délai défini par les parties mais inférieur à deux mois et un compte rendu de cette renégociation devra être établi. Si le contrat ne contient pas de clause de renégociation, si cette clause ne prévoit aucune référence à des indices publics des prix des matières premières ou si le compte rendu de la négociation du prix n’a pas été établi, une amende administrative pourra être infligée aux parties. Au sein du Pôle C de la DIRECCTE, les agents de la Brigade dite LME (loi de modernisation de l’économie) constatent les manquements à la réglementation en matière de délais de paiement et de formalisme des négociations commerciales. Chaque année, les enseignes de la grande distribution négocient avec leurs fournisseurs. Cette négociation débute en fin d’année civile et doit être achevée par la signature d’un contrat avant le 1er mars de l’année suivante. Découvrez ces mesures en vidéos et retrouvez toutes les informations sur la loi consommation sur l’espace internet dédié : www.loiconso.gouv.fr Document téléchargeable sur www.rhone-alpes.direccte.gouv.fr 4 En prise DIRECCTE Lettre d’information de la DIRECCTE Rhône-Alpes, novembre 2014. Directeur de la publication : Philippe NICOLAS. Comité éditorial : Jean-Claude ROCHE et Florent JOURDAIN. Crédits photos : Stocklib. Conception graphique : Patrick Relave. DIRECCTE Rhône-Alpes Tour Swisslife, 1 boulevard Vivier Merle 69443 Lyon cedex 03