Fret maritime : enjeu individuel ou collectif ? Le sens de l`histoire

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Fret maritime : enjeu individuel ou collectif ? Le sens de l`histoire
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Le sens de l’histoire
En France continentale, la sortie de l’hiver à la réputation d’être souvent chaude sur le plan social, et
2016 ne dément rien ! Manifestations, grèves, rassemblements spontanés éclosent comme des fleurs
La Réunion est au cœur du monde, à la croisée des routes asiatiques, afride printemps. La Réunion est certes à contre saison
caines et européennes. C’est dire que les évolutions de ces marchés impacmais n’est pas en reste, la contestation est forte et notre
tent forcement les variables de notre économie.
responsabilité est de l’entendre, à condition qu’elle soit raisonnable.
Ce climat tendu est certes inquiétant, mais surtout il éclaire le grand absent de
Grand vent et brume sur le transport de containers
notre société : le sens ! En effet, quel sens donner à l’empilement de textes en
Dans le marché mondial du transport de containers, l’année 2015 fut agitée
tous genres, aux décisions qui ne sont pas prises, aux positions qui nous
et 2016 ne semble pas plus calme. Le volume des containers traité dans les
étouffent ? Si nous avons perdu le sens, il nous est impossible de proposer
30 plus grands ports mondiaux au quatrième trimestre 2015 a baissé de
une direction ! Pourtant depuis 1946, il y a 70 ans, un sens a été donné : La
0,9%. Il faut remonter à l’année de crise mondiale 2009 pour trouver de tels
Réunion sera française à part entière.
chiffres. De fait, la croissance annuelle de 2015 pour ces ports affichera timiLa vieille colonie, française depuis toujours, a voulu rentrer dans la répudement +0,8% contre des prévisions initiales de près de +4% ! Malgré un marblique. Cette intégration a été violente, sûrement imparfaite, mais a perché atone, les commandes de navires sont restées importantes (255 commandes
mondiales en 2015) et la capacité de transport de containers a cru de +8,5% la
mis d’impulser le développement dans une logique de rattrapage et
même année avec une prévision de +5,2% pour 2016.
d’égalité avec la métropole.
Si l’on s’attache à la description des progrès apportés sur le plan de
L’engrenage surcapacitaire est lancé et la conséquence est immédiate : 2015 enregistre les plus bas taux de fret jamais observés, notamment sur les marchés spot.
la santé, de l’instruction, de l’habitat et des infrastructures, ce déL’indice de fret conteneurisé de Shanghai (SCFI) a ainsi baissé de plus de 50% entre
veloppement aura été aussi rapide qu’effectif.
octobre 2014 et octobre 2015. La guerre des tarifs fait rage, elle n’épargne personne, et
Mais si à l’époque, la volonté et le sens donné à l’action étaient de
dans ce genre de situations, seuls ceux qui peuvent absorber les baisses ont le droit de
"faire des DOM des départements comme les autres", on ne peut
s’imaginer un avenir. Le phénomène de concentration est en marche, avec rachats ou alque constater la réussite imparfaite du projet.
liances qui modifient de manière substantielle le paysage du transport maritime mondial.
On se borne depuis à colmater et bricoler des mesures qui ne
Le groupe BRS estime ainsi dans son rapport annuel, que les 5 plus gros transporteurs marèglent pas grand-chose et qui, de fil en aiguille ne nous perritimes pourraient contrôler plus de 50% du marché mondial d’ici à la fin de 2016 contre
mettent pas d’être "un département comme les autres"
23% en 1996. Malgré ces grandes manœuvres, le secteur reste entraîné dans une spirale
mais au contraire de présenter une différence marquée.
baissière et il est fort probable que cela continue en 2016.
Dire que le dernier rapport sur l’égalité réelle est une
rustine de plus serait peut-être excessif, mais ce qui est
Garder le cap pour arriver à destination
sûr, c’est que le sujet n’a pas été suffisamment traité
Le secteur du transport maritime traverse une perturbation, il nous faut être vigilant. La Réunion
sous l’angle économique. C’est dommage, cela lui aurait
reste en effet un territoire d’importation de produits finis ou d’intrants productifs et notre éconojustement donné du sens et aurait donné de l’espoir
mie dépend de l’avenir du secteur du transport maritime. Soyons conscients par ailleurs que notre
aux Réunionnais.
position est fragile car nous demeurons un tout petit marché.
La recherche de l’égalité économique réelle relève
Mais malgré tout, les trois plus gros transporteurs maritimes mondiaux touchent régulièrement La
de la simple équité. En effet, les handicaps structuRéunion : Maersk, MSC et CMA-CGM. C’est une chance pour notre territoire et le fait que CMA-CGM choirels auxquels nous devons faire face doivent être
sisse Port Réunion comme hub dans l’Océan Indien est une excellente nouvelle.
compensés en totalité et nous y veillerons. Mais il
On pourrait se réjouir de la baisse des taux de fret, car cela optimise nos résultats tout en bénéficiant au
faut aller plus loin pour que nous soyons réelleconsommateur final. Mais la guerre du prix a ses limites, et si gagner quelques dizaines d’euros par conment attractifs et en mesure de projeter notre
tainer donne le sentiment d’optimiser son compte de résultat, cela peut aussi à terme rendre notre escale
économie dans la zone. Nos voisins ne nous atmoins rentable pour des compagnies qui se battent férocement sur d’autres lignes ou le trafic est plus
tendent pas, et ils ont raison ! La question reste
stratégique. La philosophie défendue depuis 40 ans par l’ADIR est que nous ne devons ni subir les hausses,
posée 70 ans après la départementalisation : que
ni trop accentuer les baisses. En effet, dans un cas comme dans l’autre, ces fluctuations ne sont pas la réveut-on pour La Réunion ? Continuer à être dans
sultante du petit marché réunionnais mais seulement la conséquence de phénomènes mondiaux qui nous dél’éternel rattrapage ou lui permettre d’assumer
passent.
son rôle en devenant réellement un pôle
C’est dans ces moments de gros temps qu’il faut savoir garder son sang-froid et travailler à stabiliser
d’excellence français dans l’océan Indien ?
l’avenir, à inscrire son action dans le long terme. Quand certains services maritimes, exsangues, déserteL’ADIR et l’ensemble des acteurs économiques ont
ront La Réunion, il sera trop tard pour jouer groupés.
choisi et travaillent aux côtés de la FEDOM pour
défendre un projet ambitieux pour La Réunion auprès des futurs candidats à l’élection présidentielle
de 2017.
Adbéali I. GOULAMALY
Jérôme ISAUTIER, Président
Vice-Président et PDG Groupe Océinde
13 avril 2016
Fret maritime :
enjeu individuel ou collectif ?
Portes ouvertes … pour tous !
La 6ème édition de la Semaine de l’Industrie vient de
se terminer. Avec le décalage dû aux calendriers
scolaires, La Réunion a déployé du 4 au 8 avril 2016,
les manifestations de cette semaine nationale qui
s’est déroulée en mars pour nos confrères métropolitains. Initiée en 2011 par le Gouvernement et portée
par les Ministères de l'Économie, de l'Industrie et du
Numérique et de l’Education, cette manifestation a
pour rôle de valoriser le "Made in France" auprès de
nos concitoyens mais surtout de revaloriser les métiers et carrières industriels, peu attractifs pour les
jeunes.
Depuis sa 1ère édition, l’ADIR a accompagné la
DIECCTE, en charge de cette manifestation, pour
donner corps à ce lien institutionnalisé entre les
jeunes en formation, les enseignants et le monde industriel local. Le volet "grand public" de valorisation
de la production locale, plus complexe à orchestrer
dans les entreprises, est assuré depuis 1998 par Les
Nouveaux Défis®, l’émission télévisée produite par
l’ADIR et accessible au plus grand nombre ; elle est
le meilleur outil de promotion de notre "savoir-faire"
comme le démontre le succès d’audience qu’elle
rencontre, et que peuvent nous envier nos homologues métropolitains.
Après une présentation auprès de près de 300 enseignants et chefs d’établissements du panorama industriel local lors de la première édition, l’ADIR s’est
rapidement orientée sur une vision plus "concrète"
et "productive" de l’industrie en fédérant ses adhérents dans une vaste action de portes ouvertes inInformations
Ania VAN DEN CRUYS
Responsable Communication
Tél 0692.666.017
[email protected]
dustrielles à destination des collèges et lycées. Déployée chaque année depuis 2012, cette opération
offre chaque année une centaine de visites permettant à plus de 2.000 jeunes de voir ce qu’est une industrie à La Réunion, de prendre conscience du savoir-faire de nos entreprises et de mieux percevoir
la réalité d’un métier industriel. C’est ce contact
avec les femmes et les hommes de nos entreprises,
passionnés et passionnants lorsqu’ils parlent de leur
métier, et le dialogue qui s’installe ensuite, que nous
voulons privilégier. C’est cette activité, cette effervescence parfois eu égard aux contraintes de sécurité et de qualité, tout autant que la technicité du
processus de production, que nous voulons rendre
concrète. C’est la magie du produit qui "naît" à partir de "rien" ou d’une multitude d’éléments et génie
technique, avec ses caractéristiques et sa "personnalité" que nous voulons rendre réelle. Autant de
sensations et de perceptions difficiles à transmettre
par écran interposé …
Cette année encore, les portes ouvertes de l’ADIR
pour cette Fête de l’Industrie, ont proposé plus de
100 visites dans près de 30 entreprises de 6
secteurs d’activités pour 5 jours placés sous le
signe de nos productions et de nos savoir-faire.
L’Association maintient le cap de l’envergure donnée
dès le début à ces portes ouvertes industrielles,
grâce à l’implication constante de ses adhérents.
Une trentaine d’établissements scolaires a répondu
Photo Tereos
à ce rendez-vous avec nos entreprises pour près de
70 visites : soit environ 1.500 jeunes qui ont été accueillis pendant cette semaine. Il est regrettable que
l’implication de nos industriels ne soit pas accueillie
avec plus d’enthousiasme du côté de l’Académie :
avec 83 collèges et 47 lycées dont 15 professionnels, on pourrait s’attendre à une demande qui dépasse l’offre, d’autant que les enseignants nous font
régulièrement part de leur souhait de rapprocher
les jeunes du monde de l’entreprise.
Cette opération mériterait en effet d’être plus soutenue par toute la société civile, et notamment les
medias, dans une région où le chômage des jeunes
est aussi important. Le financement des transports
des étudiants est par ailleurs déterminant. Nous
mettrons ces deux questions au cœur des prochaines éditions en sollicitant encore plus en amont
les partenaires ad hoc.
Peut-être l’image de l’industrie reste-t-elle encore
peu attractive ou désuète … Pour lui tordre le cou,
outre l’opération Portes Ouvertes, nous initions
cette année un nouveau concept d’échanges avec les
enseignants dans une rencontre Café de l’Industrie
estampillée Semaine de l’Industrie.
L’industrie du futur se construit aujourd’hui !
Sites partenaires des portes ouvertes
Agroalimentaire Brasseries de Bourbon, Ets Chan-Ou-Teung,
Cogedal, Covino, Distillerie De Savanna, Grand Sud Productions, Ovocoop, Petfood Run, Rhums & Punchs Isautier, Royal
Bourbon Industries, Sphb, Tereos usines de Bois-Rouge et
gu Gol - Produits du bâtiment & métallurgie Bourbon Bois
Industrie, CMOI, Métal Reunion, SCPR sites d’Etang-Salé, du
Port et de St-Benoît - Chimie & plastiques Bourbon Plastiques Emballages - Imprimerie & papier-carton Etiq'ocean,
ICP Roto, Empreinte Locale – Equipement PROMOB - Traitement eau & déchets Cyclea, Veolia Eau - Grand Prado
Café de l’industrie
Plus d’une vingtaine d’enseignants et responsables
d’établissements a répondu à l’invitation de l’ADIR et
de ses adhérents pour parler de l’industrie réunionnaise sans tabou ni formalisme. Le lycée Louis Payen
de Saint-Paul, participant des portes ouvertes depuis de nombreuses années, a accepté d’accueillir
ce nouveau concept d’animation, en petit comité et
dans une ambiance conviviale.
Au-delà de brèves présentations du panorama industriel local, de la technicité mais aussi du dynamisme
et des spécificités de nos entreprises, le thème des
métiers et des compétences a ponctué la séance.
Toutes ces interventions ont donné lieu à de nombreuses questions. Près de 3h n’ont pas suffi à aller
au bout des échanges qui n’ont été interrompus que
par la soirée déjà très avancée. Malgré une perception de modernité et de technicité, les participants
sont convenus qu’ils n’imaginaient pas notre industrie insulaire aussi pointue et qualitative et nos contraintes aussi lourdes.
Les participants ont salué l’initiative et appelé à son
renouvellement ainsi qu’à l’intensification des
échanges avec le tissu industriel. La taille restreinte
de groupe souhaitée pour privilégier les échanges a
également laissé quelques enseignants sur leur soif,
l’occasion pour nous d’ouvrir un nouveau Café de
l’Industrie dans une autre région, très bientôt…
Un grand merci à nos industriels qui se sont prêtés
à cette première : Michel Dijoux (Solar Réunion Industrie et administrateur ADIR), Patrick Le Lionnais
(Ovocoop) Philippe Van Damme (ICP Roto) et JeanPhilippe Vandercamer (Covino),
Dir. de la Publication : J. ISAUTIER - Conception & réalisation : ADIR 8 rue Philibert, BP 80327, 97466 Saint-Denis Cedex, Tél 02.62.94.43.00 - Fax 02.62.94.43.09 - [email protected] - w w w . a d i r . i n f o