Le mariage et le divorce
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Le mariage et le divorce
Le mariage et le divorce (Matt. 19.1-10) Introduction Le couple Tertullien, un responsable d’église du 2e / 3e siècle écrit : Où trouver des paroles pour exprimer toute l'excellence et la félicité d'un mariage chrétien? L'Église en dresse le contrat, l'oblation divine le confirme, la bénédiction pastorale y met le sceau, les anges qui en sont témoins l'enregistrent, et le Père céleste le ratifie. Douce et sainte alliance que celle de deux fidèles portant le même joug, réunis dans une même espérance, dans un même vœu, dans une même discipline, dans une même dépendance ! Tous deux, ils sont frères, tous deux serviteurs du même maître, tous deux confondus dans une même chair, ne forment qu'une seule chair, qu'un seul esprit. Ils prient ensemble, ils se prosternent ensemble, ils jeûnent ensemble, s'enseignant l'un l'autre, s'encourageant l'un l'autre, se supportant l'un l'autre. Vous les rencontrez de compagnie à l'église, de compagnie au banquet divin. Ils partagent également la pauvreté et l'abondance, la fureur des persécutions ou les rafraîchissements de la paix. Nuls secrets à se dérober, ni à se surprendre mutuellement; confiance inviolable, empressements réciproques ; jamais d'ennui, jamais de dégoûts. Ils n'ont pas à se cacher l'un de l'autre pour visiter les malades, pour assister les indigents ; leur aumône est sans disputes, leurs sacrifices sans scrupules, leurs saintes pratiques de tous les jours sans entraves. Chez eux point de signes de croix furtifs, point de timides félicitations, point de muettes actions de grâces. De leurs bouches, libres comme leurs cœurs, s'élancent les hymnes pieux et les saints cantiques. Leur unique rivalité, c'est à qui célébrera le mieux les louanges du Seigneur. Voilà les alliances qui réjouissent les yeux et les oreilles de Jésus-Christ, celles auxquelles il envoie sa paix. « Là où il se trouve deux Chrétiens, il se trouve lui-même ; » là où il se trouve lui-même, l'ennemi de notre salut est absent. Telles sont les instructions que l'Apôtre nous a laissées dans cette courte parole. Compagne bien-aimée, méditez-la, si vous en avez besoin. Qu'elle serve surtout à vous détourner de l'exemple de quelques femmes imprudentes. Il n'est ni permis ni expédient aux fidèles de contracter d'autres mariages. Tertullien, A sa femme, 2.9 [http://www.tertullian.org/french/g3_13_ad_uxorem2.htm] L’image est idyllique. C’est à son épouse qu’il écrivait ces lignes. Hélas ! Le couple n’atteint pas toujours ces sommets. C’est parfois même le contraire qui a lieu : les couples se déchirent, et les divorces sont nombreux. Et puisque le mariage et le divorce sont des préoccupations constantes de tous les temps, Jésus est confronté à cette question… Lecture : Matt 19.1-10 Jésus quitte la Galilée (19.1-2) « 1 Lorsque Jésus eut achevé ces discours il partit de la Galilée, et se rendit aux confins de la Judée, au–delà du Jourdain. 2 De grandes foules le suivirent, et là, il les guérit. » Matthieu a coutume de marquer les changements importants de sujet par des phrases comme celle que l’on a au verset 1. Jésus quitte la Galilée et plonge vers le sud. D’ici cinq à six mois, Jésus entrera dans cette ville pour y être crucifié. Il vient du nord, et passera à l’est de Jéricho avant d’arriver à la ville sainte. l'Évangile de Jean nous apprend que Jésus avait fait plusieurs visites à Jérusalem. Luc consacre 10 chapitres à ce dernier voyage. Matthieu n’évoque que cette ultime visite de Jésus à Jérusalem. Malgré le refroidissement spirituel des foules, Jésus manifeste encore sa compassion. Il faut s’imaginer l’incroyable manifestation de gloire qui accompagne le ministère de Jésus. C’est si spectaculaire que ce sont des foules entières qui sont guéries. On est si loin des pseudo-guérisons contemporaines de guérisseurs charismatiques américains… L’opposition va devenir de plus en plus vive à l’encontre de Jésus. Et de plus en plus, elle va passer par des religieux et par les hommes au pouvoir. Ce n’est donc pas surprenant que Matthieu commence cette section en rapportant cette question des Pharisiens. C’est évidemment une bonne Évangile selon Matthieu Matthieu 19:1-10 Page 2 question, mais Matthieu nous rapporte que leur volonté n’était pas tant d’apprendre que de piéger le Seigneur. Le droit au divorce ? (19.3) « 3 Les Pharisiens l’abordèrent et dirent pour l’éprouver : Est–il permis (à un homme) de répudier sa femme pour n’importe quel motif ? » Les Pharisiens formaient l’un des groupes religieux les plus strictes et les plus rigides du judaïsme. A l’origine ils s’opposaient à l’influence grecque sur la société juive, et ils tenaient à préserver une société et une religion pures. C’était le plus gros groupe politico-religieux. Ne percevant pas qu’ils avaient en face le Messie promis, ils s’étaient très tôt rangés du côté des ennemis de Jésus, au point qu’ils avaient déjà résolu de le tuer (Matt 12.14). Ils posent cette question pour l’éprouver, c'est-à-dire pour le tenter, pour le faire tomber. Jaloux de l’influence de Jésus, en colère pour son enseignement qui dénonçait leur hypocrisie, ils voulaient vraiment discréditer Jésus. A coup sûr, s’il perdrait toute crédibilité publique, ils pouvaient de nouveau conduire le peuple… Non seulement la motivation des Pharisiens n’est pas correcte, mais en plus, la manière même de poser la question est injurieuse : « Est–il permis (à un homme) de répudier sa femme pour n’importe quel motif ? » • La question est placée sur le terrain du droit : est-il légal, autorisé, possible ou permis de renvoyer sa femme ? • Les pharisiens voudraient que Jésus se prononce aussi sur toutes les causes possibles du divorce : « pour n’importe quel motif » La loi de l’Ancien Testament donne des directives pour un divorce : “1 Lorsqu’un homme aura pris et épousé une femme qui viendrait à ne plus obtenir sa faveur, parce qu’il aura trouvé en elle quelque chose d’inconvenant, il écrira pour elle une lettre de divorce et, après la lui avoir remise en main, il la renverra de sa maison. 2 Elle sortira de chez lui, s’en ira et pourra devenir la femme d’un autre homme. 3 Si ce dernier homme cesse de l’aimer, écrit pour elle une lettre de divorce et, après la lui avoir remise en main, la renvoie de sa maison ; ou bien, si ce dernier homme qui l’a prise pour femme vient à mourir, 4 alors le premier mari qui l’avait renvoyée ne pourra pas la reprendre pour femme après qu’elle a été souillée, car c’est une horreur devant l’Éternel, et tu ne chargeras pas d’un péché le pays que l’Éternel, ton Dieu, te donne pour héritage ” (Deutéronome 24:1-4) L’une des questions les plus chaudes de tous les temps est la question du divorce. Toutes les civilisations ont une forme de mariage, et toutes ont des critères pour le dissoudre. Le judaïsme ne fait pas exception. Ce qui a concentré l’attention des rabbins, c’était de bien comprendre quand le divorce était permis. Vous avez remarqué comment Moïse en parle : « parce qu’il aura trouvé en elle quelque chose d’inconvenant » alors il peut engendrer un processus de divorce. La difficulté, bien sûr, c’est de comprendre ce « quelque chose d’inconvenant »… Voici ce qu’en dit le Dictionnaire Encyclopédique du Judaïsme : La signification précise de « quelque chose de choquant » est interprétée de façon variable par les sages de la Michnah. Selon l’école de Chammaï, la référence concerne l’infidélité. Selon l’école de Hillel la phrase signifie : même si elle lui a déplu en brûlant le repas. Rabbi Aqiva va même plus loin en déclarant qu’un homme peut répudier sa femme s’il en trouve une plus jolie (Git 9,10). Dictionnaire Encyclopédique du Judaïsme, p. 289) Devinez quelle école était la plus populaire ?! La perspective de Hillel était la plus massivement suivie : si une épouse était vue discutant avec un homme, c’était une raison suffisante de divorcer. Si une épouse laissait ses cheveux au vent, c’était une raison suffisante de divorcer. Le « quelque chose d’inconvenant » voulait dire tout ce qui gênait la susceptibilité masculine ! Tout ce qui embarrassait un mari ! © Un poisson dans le net/Florent Varak http://www.unpoissondansle.net/mat Évangile selon Matthieu Matthieu 19:1-10 Page 3 Et c’est à peu près le raisonnement actuel. Les statistiques sur le divorce sont affligeantes et douloureuses : Le divorce a été rétabli en France en 1884 après 3/4 de siècle de suppression. Le nombre annuel total des divorces était d'environ 20.000 en 1914 Le nombre annuel total des divorces était d'environ 40.000 en 1970 Chaque année, depuis les 15 dernières années, le nombre de divorces en France est d'environ 110.000 à 120.000. Le taux global du divorce semble avoir atteint 45 % en France vers l'an 2001. Il était de 30 % vers 1985, de 10 % vers 1970 et environ 5 % en 1914 C'est en 1970 que le divorce a commencé à "flamber" régulièrement en France, pour tripler en 15 ans. Un divorce n’est pas nécessairement un péché : • Dieu lui-même affirme avoir divorcé d’Israël à un moment (Jér 3.1-8 : « j’ai répudié l’inconstante Israël à cause de tous ses adultères et … je lui aie donné sa lettre de divorce » 3.8) • Esdras et Néhémie ont encouragé le divorce des Israélites qui s’étaient compromis en épousant des femmes étrangères, contrairement aux exigences de la Loi (Esdras 10.2,3 ; Néh 13.23-30) • Comme nous le verrons, un divorce peut même être souhaitable ou nécessaire. Néanmoins, le divorce n’est jamais l’idéal que Dieu souhaite. Et à plusieurs endroits, la Bible est claire pour dire que cela n’est pas le plan de Dieu. • Voilà ce que reproche Malachie au peuple de son temps : “13 Voici en second lieu ce que vous faites : Vous couvrez l’autel de l’Éternel de larmes, De pleurs et de gémissements, En sorte qu’il ne se tourne plus vers l’offrande Et qu’il n’agrée rien de vos mains. 14 Et vous dites : Pourquoi ?… Parce que l’Éternel a été témoin Entre toi et la femme de ta jeunesse Que tu as trahie, Bien qu’elle soit ta compagne Et la femme de ton alliance. 15 Nul n’a fait cela, Avec un reste de bon sens en lui. Un seul l’a fait, et pourquoi ? Parce qu’il cherchait La descendance que Dieu lui avait promise. Prenez donc garde en votre esprit : Que personne ne trahisse la femme de sa jeunesse ! 16 Car haïssable est la répudiation, Dit l’Éternel, le Dieu d’Israël. Ainsi que celui qui couvre de violence son vêtement, Dit l’Éternel des armées. Vous prendrez donc garde en votre esprit : Vous ne serez pas des traîtres.” (Malachie 2:13-16) • Christ met en garde : Marc 10:11-12 : « Quiconque répudie sa femme et en épouse une autre commet un adultère envers la première, et si une femme répudie son mari et en épouse un autre, elle commet un adultère » introduisant par là même une réciproque. En posant ainsi la question, les pharisiens voulaient donc que Jésus se positionne vis-à-vis des écoles de pensée différentes en existence à cette époque. Allait-il s’aligner avec Hillel, ou avec Chammaï ? En posant la question ainsi, les Pharisiens se sont gravement trompés sur le sens de l'Écriture. Car la Bible ne met pas l’accent sur la permission du divorce mais sur la force du mariage. Les conditions du mariage (19.4-5) « 4 Il répondit : N’avez–vous pas lu que le Créateur, au commencement, fit l’homme et la femme 5 et qu’il dit : C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère et s’attachera à sa femme, et les deux deviendront une seule chair. 6 Ainsi ils ne sont plus deux, mais une seule chair. Que l’homme ne sépare donc pas ce que Dieu a uni. » Les pharisiens se croyaient de grands connaisseurs de la Bible. En leur disant « n’avez-vous pas lu », c’est un coup porté à leur arrogance. Et Jésus ne répond pas sous l’angle du droit au divorce, mais sur l’intention de Dieu. Il y a un sérieux problème dans les couples, lorsqu’ils se préoccupent des conditions où ils peuvent se séparer ! Quand on aborde la question du divorce sur l’angle des conditions du divorce, c’est qu’on a oublié quelque chose de central concernant le mariage : • Ce n’est pas comme un contrat avec des clauses de sortie. © Un poisson dans le net/Florent Varak http://www.unpoissondansle.net/mat Évangile selon Matthieu • • Matthieu 19:1-10 Page 4 Ce n’est pas une union où l’on ne continue que si l’autre ne fait pas de sottise. Ce n’est pas une relation que l’on pourra briser si elle n’est pas facile. Jésus va répondre à la question des pharisiens, mais pas avant de souligner que l’intention de Dieu c’est que l’homme et la femme deviennent une seule chair. Dans les tempêtes, dans les joies, dans les conflits, dans les péchés, dans le dévouement, dans l’amour, la tendresse et l’amitié. Ainsi, la préoccupation n’est pas : « quand puis-je divorcer ? » mais plutôt « comment puis-je devenir une seule chair avec ma femme, ou une seule chair avec mon mari ? » Parce que finalement, c’est cela l’antidote du divorce : créer une union telle qu’une séparation sera une chirurgie à vif que l’on ne peut envisager ! Comment fortifier l’union du mariage ? Qu’est-ce que la Bible en dit ? • Correctement quitter son père et sa mère. Un couple, et particulièrement un jeune couple, ne peut pas permettre à l’un ou l’autre parent de s’immiscer dans leur vie de couple, soit par des remarques, soit par des caprices, soit par une manipulation financière… Il y a rupture, souvent douloureuse pour les parents, mais impérative pour le succès du couple. Quitter, c’est aussi adopter une 3e voie, un 3e modèle de fonctionnement. Un couple ne doit pas vivre selon le modèle reçu des parents : ils créent une tierce culture, qui leur convient, dans l’éducation des enfants, dans la gestion de l’argent, dans leur engagement dans l’église, etc. Quitter ne veut pas dire mépriser, mais simplement partir. Sortir d’une sphère pour en créer une autre. • Correctement s’unir à son conjoint. Il appartient également à ce jeune couple de s’unir l’un à l’autre. L’homme doit développer toutes les stratégies utiles pour se lier à son épouse. L’action est là plutôt laissée aux mains de l’homme, mais cela implique une réponse favorable et encourageante de l’épouse. Il faut être deux pour que ça marche. Un couple doit veiller à communiquer, à se valoriser, à exprimer tout ce qui unit. • Correctement se coller à son conjoint. L’expression vise évidement l’union corporelle ou sexuelle du couple. Dieu veut que l’homme et la femme connaissent une union physique. Quel est le rapport avec la question du divorce ? C’est que plutôt que se préoccuper de savoir quand divorcer, un homme et une femme doivent se demander comment ils peuvent accroître leur union, et comment ils doivent tout faire pour éviter un divorce. • Laisser un père ou une mère envahir le couple, c’est faciliter un divorce ! • Refuser de passer du temps à communiquer, à aimer, c’est faciliter un divorce ! • Voler à son conjoint la sexualité légitime du couple c’est préparer le terrain de sa chute et faciliter le divorce ! • Jésus veut que les couples soient attentifs au bien de l’autre, au bien du couple. Jésus termine son résumé de l’importance du mariage avec ces mots : « Que l’homme ne sépare donc pas ce que Dieu a uni. » Quel qu’il soit, pour quelque raison que ce soit. L’homme ne peut et ne doit pas séparer ce que Dieu a uni. Mais plutôt doit se dévouer pour s’unir davantage à son conjoint. Les clauses du divorce (19.7-10) « 7 Pourquoi donc, lui dirent–ils, Moïse a–t–il commandé de donner (à la femme) un acte de divorce et de (la) répudier. 8 Il leur dit : C’est à cause de la dureté de votre cœur que Moïse vous a permis de répudier vos femmes ; au commencement, il n’en était pas ainsi. 9 Mais je vous dis : Quiconque répudie sa femme, sauf pour infidélité et en épouse une autre, commet un adultère. 10 Ses disciples lui dirent : Si telle est la responsabilité de l’homme à l’égard de la femme, il n’est pas avantageux de se marier. » © Un poisson dans le net/Florent Varak http://www.unpoissondansle.net/mat Évangile selon Matthieu Matthieu 19:1-10 Page 5 Insatisfait de la réponse de Jésus, les Pharisiens passent de nouveau à l’attaque. « Pourquoi Moïse a-t-il commandé de donner à la femme un acte de divorce et de la répudier ? » • Ce n’est pas ce que Deut 24 affirme ! Il n’y a pas en Deut 24 de commandements pour le divorce. • En Deut 24, il y a une régulation du divorce. Si divorce il doit y avoir, voici comment cela doit avoir lieu : tu lui remets une lettre (un document officiel) et tu ne la reprends plus jamais comme épouse. C’est définitif. • Cette loi permettait à la femme de justifier la légitimité d’un second mariage. Cette loi évitait à un mari de légitimer l’adultère du week-end : divorcer un vendredi, se marier à une autre le samedi, pour divorcer d’elle le dimanche ! Il fallait bien réfléchir, la mesure était définitive. En tout cas, une procédure de divorce existait à cause de la dureté des cœurs. C'est-à-dire à cause de l’incapacité humaine d’aimer Dieu, et d’aimer son prochain – notamment sa femme. En sorte que lorsqu’il y avait quelque chose de choquant, d’ordurier chez son épouse, Deut 24 permettait le divorce. Qu’en est-il aujourd’hui ? La même dureté de cœur existe, c’est certain ! Alors Jésus va donner le sens de Deut 24 pour expliquer ce qu’est ce qqc de choquant : « Quiconque répudie sa femme, sauf pour infidélité et en épouse une autre, commet un adultère. » Il est ici question de « sa femme », Marc introduit la réciproque, et il est évident que cela marche dans les deux sens. • Le « quelque chose de choquant », Jésus dit que c’est une infidélité. Littéralement une porneia. • Le terme biblique soit une relation sexuelle adultère (un homme ou une femme marié s’unit sexuellement à une autre personne) soit une relation homosexuelle, soit une relation bestiale, soit un inceste. Jésus qui parle ici à des Juifs et leur tient ces propos : si dans un couple marié, l’un s'abandonne à une sexualité dévoyée, il y a là une offense grave à l’union conjugale, au point qu’il peut être légitimement rompu. Ce n’est pas nécessairement un droit, car la repentance et la réconciliation peuvent de façon préférable accompagner un tel couple. En m’exprimant ainsi, je voudrais relever un danger, pernicieux, de mal comprendre ce que Jésus dit ici. Imaginez un couple dont l’un des conjoints voudrait vraiment divorcer. Mais parce qu’il se dit chrétien, il a peur de prendre l’initiative d’un divorce. Il voudrait que l’autre s’en occupe. Il décide plus ou moins consciemment de rendre la vie de son conjoint tellement misérable, par des colères répétées, par des refus de communications, par l’ingérence de sa famille, par le refus de l’intimité sexuelle ou de gestes d’affection… au bout de quelque temps, surprise surprise, son conjoint est adultère. C’est alors que ce 1er conjoint va dire aux anciens indignés que sa femme ou son mari est adultère, et qu’il a le droit de divorcer. Et effectivement, il a le droit légal et moral de divorcer. Mais Dieu qui est au ciel et qui voit tout ce qui se passe y compris les motivations profondes de notre être, que dira-t-il de cela ? Même si un tel divorce me semble légitime, il ne faut pas croire que le Seigneur, dans son jugement ultime de la situation, aura le même point de vue. L’épître aux Hébreux affirme ceci : « Il n’y a aucune créature, qui soit invisible devant lui : tout est mis à nu et terrassé aux yeux de Celui à qui nous devons rendre compte » (Hébreux 4:13). En sorte qu’il faut bien se souvenir que l’intention de Dieu, ce n’est pas de sauter sur l’occasion d’un péché de l’autre pour divorcer, mais plutôt de comprendre en quoi je peux contribuer à la sainteté de mon conjoint, pour que jamais ne se pose la question du divorce. © Un poisson dans le net/Florent Varak http://www.unpoissondansle.net/mat Évangile selon Matthieu Matthieu 19:1-10 Page 6 En matière de mariage et de divorce, il y a souvent des situations fort complexes. Mais il arrive aussi que la situation soit beaucoup plus simple. Un mari ou une femme est vraiment indélicat et volage, et souille le lit conjugal de son immoralité. Le conjoint offensé a légitiment et pleinement le droit de divorcer. C’est toujours une souffrance, c’est toujours un échec, c’est toujours un regret. Mais parfois, c’est une nécessité : • Les MST peuvent mettre en danger la vie du conjoint. • L’exemple laissé aux enfants est terrible. • L’honneur du mariage est bafoué. Et l’image de l’union entre Christ et l'Église est bafouée. • L’ébullition des passions et la torture du couple sont si douloureux qu’il faut cesser … Est-ce la seule clause où le divorce est possible ? Jésus parlait à un groupe homogène : le peuple Juif, le peuple de l’alliance. Il n’évoque pas les situations que rencontrera Paul avec des couples mixtes où l’un des conjoints serait chrétien et l’autre pas. Lisons ensemble 1 Cor. 7.10-16 : • La 1ère partie rappelle ce que Jésus a énoncé (« non pas moi mais le Seigneur ») • La 2nde partie n’est pas moins inspirée (« c’est moi qui dis »), simplement, c’est un cas que Jésus n’a pas abordé. Et dans ce contexte, il est écrit que le conjoint non chrétien qui « en a marre » de son conjoint chrétien et qui divorce, libère le conjoint chrétien. Et c’est la seconde clause explicite d’un divorce possible. D’ailleurs, il me semble que lorsque dans un couple chrétien, un homme ou une femme se refuse à changer là où il met en danger son couple, et qu’une procédure disciplinaire telle que Jésus l’a évoquée en Matt 18 a lieu, le couple devient légalement comme un couple mixte. Le chrétien discipliné devient comme un païen, de sorte que son départ correspond à un divorce légitime. L’ambiance a changé autour de Jésus. « 10 Ses disciples lui dirent : Si telle est la responsabilité de l’homme à l’égard de la femme, il n’est pas avantageux de se marier. » • Absolument ! Le mariage est un tel défi, une telle sanctification, une telle abnégation, qu’il n’est pas avantageux de se marier ! • Voilà une bonne raison d’apprécier le célibat. Ce dernier engendre des souffrances, de la même manière qu’il engendre des bénédictions. Comme le mariage. • Mais le lien du mariage est si sacré aux yeux de Dieu, qu’il ne vaut mieux pas le contracter à la légère. Conclusion Fortifiez vos mariages. Choyez vos relations. Ayez de la prévenance. Pardonnez. Passez du temps à discuter. Exprimez de l’amour, de l’affection. Parfois un divorce a eu lieu sur des bases bibliques. Le divorce sur des clauses bibliques casse complètement le mariage. Et permet le remariage. Dieu n’a pas changé d’avis depuis Deut 24. Parfois un divorce a lieu sur des bases non bibliques. Ou bien vous sentez bien que vous avez contribué fortement à la défaite de votre couple. Et vous êtes embarrassé(e), coupable, gêné(e). Notre Dieu est un Dieu de grâce. La repentance libère, pour peu qu’elle soit sincère. Comprendre ce qui s’est passé, pour ne pas reproduire les mêmes erreurs… Admettre ses fautes devant Dieu, et laisser la violence de ces moments en arrière… Un dernier mot. Il me semble qu’un chrétien engagé dans un processus de divorce, doit même en cela manifester un esprit des plus pacifiques. Il faut s’imprégner de Rom 14 pour avancer humblement dans cette procédure remplie de pièges pour l’âme. Un site séculier terminait son analyse du divorce avec ces mots : © Un poisson dans le net/Florent Varak http://www.unpoissondansle.net/mat Évangile selon Matthieu Matthieu 19:1-10 Page 7 NOTRE CONSEIL FONDAMENTAL : Lorsque rien ne va plus, mariés ou non, on divorce ou on se sépare ... Les conséquences ne sont pas minces et souvent la séparation s'accompagne de souffrances, de complications administratives et judiciaires, de dépenses importantes, de paupérisation. Le combat judiciaire que connaissent plus de la moitié des couples est destructeur et cause des dégâts importants aux adultes, plus encore aux enfants. Se séparer intelligemment et paisiblement est le meilleur objectif, mais lorsque l'un des deux impose à l'autre la guerre ou que tout le monde, y compris les acteurs socio-judiciaires, "jettent de l'huile sur le feu", il faut aussi apprendre à faire face... Les conjoints qui se séparent devraient pourtant comprendre qu'ils ont intérêt à s'entendre [http://www.divorce-famille.net/default.htm] Cette création est mise à disposition sous un contrat Creative Commons (http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/2.0/fr/). Vous êtes libres de reproduire, distribuer et communiquer cette création au public, de modifier cette création. Selon les conditions suivantes : - Paternité. Vous devez citer le nom de l’auteur original. Pas d’Utilisation Commerciale. 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