Sport-santé sur ordonnance à Strasbourg

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Sport-santé sur ordonnance à Strasbourg
Sport-santé sur ordonnance à Strasbourg
Strasbourg expérimente le dispositif « Sport santé sur ordonnance » depuis le 05 novembre
2012. La prescription d’une activité physique et sportive aux patients qui veulent améliorer leur
état de santé permettrait de lutter contre les maladies cardiovasculaires, l’obésité modérée et le
diabète de type II, selon la ville de Strasbourg.
Encouragée par la volonté du gouvernement de faire de la pratique sportive un outil essentiel de la
stratégie nationale de santé publique, l’Académie de médecine propose que le sport soit prescrit sur
ordonnance médicale et pris en charge par la Sécurité sociale. De nombreuses études ont montré les
effets bénéfiques de l’activité physique et sportive (APS) tant sur la diminution des risques de
nombreuses pathologies comme par exemple les maladies cardio-vasculaires, le cancer, que sur
l’amélioration des capacités intellectuelles ou encore sur la baisse de la mortalité.
L’Académie de Médecine souhaite donc voir l’APS prescrite sur ordonnance médicale comme le sont
déjà les autres traitements (antidépresseurs, antibiotiques, etc.) en tenant compte de l’état et de la
pathologie du patient, selon le rapport « Les activités physiques et sportives : la santé, la société »
publié cette semaine par Jacques Bazex, Danièle Rivière, Pierre Pène et Michel Salvador.
L’Académie de Médecine suggère également de laisser apparaître sur l’ordonnance un certain nombre
d’indications importantes sur l’APS prescrite comme la nature du sport à pratiquer, la durée et la
fréquence des séances, mais aussi son intensité ou encore le suivi et les contrôles médicaux à
effectuer. Les bénéfices liés à la pratique sportives, comme l’amélioration de l’état de santé des
patients concernés devraient permettre que les dépenses engagées par l’Assurance-maladie soient
rapidement compensées par la prescription, affirme-t-elle également.
Et effectivement, les effets positifs du sport sont largement démontrés. Dans une étude parue en juillet
2012 et publiée dans la revue Lancet, les chercheurs estiment que la population mondiale gagnerait
0,68 année d’espérance de vie en cas de généralisation de l’activité physique. Une autre grande étude
européenne nommée « Epic » a pu montrer les effet positifs de la pratique régulière du sport pour lutter
contre certains types de cancers, et particulièrement le cancer du côlon et du sein. Et le nombre de
travaux qui dévoilent que le sport peut réduire le risque cardio-vasculaire, qu’il joue un rôle déterminant
dans la prévention du diabète de type 2, réduit la pression artérielle chez les patients hypertendus sont
tout aussi nombreux. Mais ce n’est pas tout, les bénéfices de l’activité physique sont aussi importants
pour la santé mentale, car elle diminue le stress, l’angoisse ou permet de mieux dormir. Plus
récemment, des recherches ont aussi montré l’impact des exercices physiques sur la protection du
cerveau contre le vieillissement mais aussi sur l’amélioration de l’ efficience intellectuelle. Le cerveau,
mieux oxygéné, en effet serait à même de fournir de meilleures performances au niveau des fonctions
cognitives.
Pourtant, dans ce début de 21ème siècle, avec la sédentarité, les travaux moins physiques, l’apparition
de nombreux loisirs « virtuels » comme internet, les jeux vidéos, la télévision, mais aussi la possibilité
d’utiliser des moyens de transport, les exercices physiques se font plus rares au point que l’OMS soit
tenue de donner des recommandations préconisant 30 minutes de marche rapide cinq jours par
semaine, soit 150 minutes d’activité physique par semaine pour maintenir une forme physique. Au point
aussi que la revue Lancet se soit fait l’écho d’une étude montrant que le manque d’activité physique est
responsable de 10% des décès dans le monde. Au point enfin qu’une étude américaine parue au mois
de juillet 2012 ait dû montrer que le simple fait de rester moins de trois heures assis pouvait augmenter
la durée de vie de 2 ans.
La hausse de l’obésité, avec tous les facteurs de risque qui y sont associés est également présente
pour rappeler ce changement de mode de vie tant dans le domaine des exercices physiques que dans
le domaine de la nutrition qui privilégie les plats préparés trop gras et sucrés au détriment de produit
plus naturel et non transformé.
L’Académie de Médecine tire donc la sonnette d’alarme par rapport à la baisse d’exercice physique des
français et particulièrement des adolescents. Elle juge la situation « alarmante » et appelle à la mise en
place d’un programme d’éducation pour permettre que le sport s’enracine dans les habitudes de vie
dès l’enfance.
C’est la même volonté que Valérie Fourneyron, ministre des sports et de la jeunesse a exprimé lors de
son allocution du 10 octobre en disant : « Pourtant, certains publics restent éloignés de la pratique
physique, ce qui renforce les inégalités en matière de santé. C’est pourquoi, nous voulons conduire en
association avec d’autres départements ministériels et d’autres partenaires, notamment les collectivités
locales et le secteur associatif, une politique publique « Sport – Santé – Bien-être » pour promouvoir
les activités physiques et sportives pour toutes et tous et à tous les âges de la vie ».
La volonté est là, mais le gouvernement suivra-t-il les propositions de l’Académie de Médecine, sera-t-il
prêt à s’engager résolument dans l’action en engageant des moyens financiers pour que le sport soit
prescrit sur ordonnance et remboursé par la Sécurité Sociale ? Rien n’est moins sûr.
Depuis le 05 novembre 2012, Strasbourg expérimente le dispositif « Sport santé sur ordonnance »
dans le cadre du Contrat Local de Santé mis en place en partenariat avec le Régime Local d’Assurance
Maladie d’Alsace Moselle, les hôpitaux universitaires de Strasbourg, l’Agence Régionale de Santé et la
Direction Régionale de la Jeunesse, des Sports et de la Cohésion Sociale.
Référence : http://topactus.com/sante/sport-sante-sur-ordonnance-a-strasbourg/9984/2012/11/06.html